Que ce soit sa mère, son épouse, les femmes qui l’ont accompagné dans son combat et la femme tout simplement, Macky Sall a chanté la femme hier. « Je sais ce que je dois à ma mère, à mon épouse, à toutes les femmes qui m’ont accompagné, à la femme tout court » a exalté Macky Sall dans une cour du Grand Théâtre remplie de femmes venues participer aux Assises nationales de l’entrepreneuriat féminin et de l’autonomisation. Le chef de l’Etat a révélé à cette occasion que 80 % de femmes ont bénéficié de financements de la DER/FJ, parmi lesquelles 90% en nano-crédit, selon Macky Sall.
Un hymne à la femme sénégalaise. Le président de la République n’a pas raté hier ce grand moment de rassemblement des femmes en prélude à la Journée internationale qui leur est dédiée ce mercredi 08 mars. Le chef de l’Etat, accompagné de son épouse, sous le regard du Gouvernement conduit par le Premier ministre Amadou Ba a voulu tout simplement rendre « un hommage appuyé à la femme sénégalaise qui a été au cœur de tous les combats inlassables dans la marche du Sénégal ». « Je sais ce que je dois à ma mère, à mon épouse, à toutes les femmes qui m’ont accompagné dans ma carrière politique » a souligné le président de la République devant les caméras de la RTS.
Macky Sall, entouré par une marée humaine toute blanche composée de membres de groupements féminins venus des 14 régions du pays, des autorités administratives, de la ministre de la Femme, de la Famille et de la Protection des enfants s’est dit déterminé à travailler davantage pour l’autonomisation des femmes. « Toutes les opportunités du pays sont à votre portée. Si le Sénégal a avancé, c’est parce que vous êtes là, vous les femmes. Je renouvelle, en cette date symbolique pour toutes les nations éprises de paix et de progrès durable, mes chaleureuses félicitations à l’ensemble des femmes avec une mention particulière aux femmes militantes des causes nobles dont l’engagement et le plaidoyer constants constituent des stimulants dans le processus d’amélioration de la condition des femmes » a indiqué Macky Sall.
Le président de la République a expliqué qu’il veut, à travers cette célébration, « rendre un hommage appuyé à la femme sénégalaise dont le rôle pour la cohésion sociale et la consolidation des valeurs qui fondent notre nation, ainsi que son développement, n’est plus à démontrer. C’est aussi l’occasion de vous témoigner que l’Etat est à vos côtés, le restera et que son action en faveur des femmes et des filles ne fera que se renforcer » s’est-il engagé.
D’après lui, cette date est fortement symbolique pour toutes les nations éprises de paix et de progrès durable. Il a souhaité renouveler ses chaleureuses félicitations à la communauté féminine avec une mention particulière aux femmes militantes dont l’engagement et le plaidoyer constituent de puissants stimulants dans le processus d’amélioration de la condition féminine. « Comme nous y invite le thème international de la journée de cette année « Pour un monde digital inclusif : l’innovation et la technologie pour l’égalité des sexes », nous devons porter la réflexion et l’action sur les moyens innovants permettant de donner un nouveau souffle au processus d’autonomisation des femmes et de faire progresser nos sociétés » dira Macky Sall.
80 % DE FEMMES ONT BENEFICIE DES FINANCEMENTS DE LA DER/FJ ET 90 % EN NANO-CREDIT
Evoquant le thème de la journée notamment l’Entreprenariat féminin et l’autonomisation des femmes, le chef de l’Etat a révélé que 80 % de femmes ont bénéficié des financements de la DER/FJ et 90% en nano crédit.
Le président de la République Macky Sall a salué les efforts faits par l’Etat pour soutenir les femmes afin qu’elles soient autonomes. Il a cité les différents financements octroyés par les structures chargées de fiancer les femmes. ‘’A ce jour, 80 % des bénéficiaires des financements de la DER/FJ sont des femmes, soit 180.284 sur un total de 225 879. Afin de renforcer l’autonomisation socio-économique des femmes, la DER/FJ a accompagné 178 555 initiatives entrepreneuriales féminines pour un volume total de 43 milliards de FCFA. S’agissant du nano-crédit, les femmes sont largement majoritaires avec 90 % des bénéficiaires (soit 120 137 femmes bénéficiaires) et 87 % des financements soit 27 milliards de FCFA octroyés’’, a ajouté le chef de l’Etat.
Macky Sall a également cité les crédits alloués aux femmes par le Fongip à hauteur de 5.650.0874.941 FCFA et de 2.068.867.066 FCFA pour 4116 bénéficiaires avec 7002 emplois créés. Il ajoute qu’en perspective, une enveloppe de 13.500.000.000 FCFA est mobilisée par le FONGIP dans le cadre des programmes ETER et PAAICE pour accompagner l’autonomisation économique des femmes. Concernant le 3FPT (Fonds de formation professionnelle et technique), 10 milliards FCFA ont été alloués pour 111.493 travailleurs des entreprises et organisations professionnelles formés en 2022 dont 61 218 femmes, selon lui.
Quant au volet Financement pré emploi des jeunes, il a mobilisé en 2022 6 316 420 068 FCFA pour 27 120 jeunes formés dont 41 % de femmes. ‘’L’enjeu reste la constitution d’un fichier national unique des bénéficiaires des formations et des financements afin d’optimiser les interventions et asseoir leur efficacité’’, a dit Sall.
Pour lui, favoriser l’autonomisation économique des femmes et des jeunes filles passe aussi par une formation professionnelle adaptée et l’émergence d’un entreprenariat actif, inclusif, durable et porteur de croissance.
Selon le président de la République, c’est ce qui a motivé la mise en place de la Délégation générale à l’Entreprenariat Rapide des femmes et des jeunes (DER/FJ), du Fonds de Garantie des Investissements Prioritaires (FONGIP) et du Fonds de Financement de la Formation Professionnelle et Technique (3FPT). A l’en croire, la DER/FJ a, dès sa création, affirmé une stratégie volontariste envers l’entrepreneuriat féminin en supprimant la contrainte d’âge pour les projets portés par des femmes.
Par Fatou SOW
LES ENJEUX DU FÉMINISME AU SÉNÉGAL
Le fondamentalisme culturel et religieux est rampant. Les femmes sont prises au piège. Trois domaines doivent être examinés pour leur pertinence : le corps féminin, le système juridique et l’organisation politique
Nous ne pouvons pas nous prétendre féministe, si nous n’en connaissons pas les principes et les règles, si nous les comprenons pas, si nous ne les déconstruisons pas, si nous ne les adaptons pas pour capter nos réalités et nos préoccupations qui peuvent être lointaines ou proches des celles du reste du monde. Nous devons lire, apprendre, discuter, réfléchir, échanger, participer aux débats (féministes ou veiller à les rendre féministes) de notre propre société et de notre continent (l’Afrique des femmes pense et bouge plus qu’on ne le croit), des femmes du Sud (des Caraïbes à l’Asie, de l’Amérique latine au Moyen-Orient dont nous partageons des expériences dont celles de la colonialité). Oui, comme Africaines et femmes du Sud global, nous avons nos débats particuliers. Nous devons faire le même exercice avec les femmes d’Occident (le terme est vague, car les différences peuvent être vertigineuses). Nous partageons le même espace humain ; ne leur laissons pas le pouvoir de dominer la réflexion et organiser l’agenda des femmes en leurs termes.
Préoccupations majeures
Parmi les inégalités inhérentes à la société sénégalaise, celle entre les sexes représente un défi primordial : les abolir est un enjeu capital de nos luttes. Ces inégalités sont évidentes et connues. Le sociologue Abdoulaye Bara Diop ne dénonçait-il pas, dans ses travaux scientifiques, « les systèmes d’inégalité et de domination » (1981) de la société wolof ? Le féminisme a fondamentalement pointé du doigt la construction sociale des rapports sociaux entre les sexes, comme rapports de pouvoir, leur construction politique dans les cultures africaines : hiérarchie des âges, des sexes, des ethnies, des castes, des classes, des formations sociales, etc. On a tendance à penser que l’égalité est une requête des féministes occidentales, qu’elle est une utopie. Mais cela nous empêche-t-il de mesurer ce que nous avons longtemps qualifié de pesanteurs de toute sorte, puis de discriminations et enfin d’inégalités imposées comme normes sociales, culturelles et religieuses. On a du mal à dénoncer ces dernières, de peur de déranger un ordre social et sacré, d’être inconvenante, de pécher, d’offenser, de blasphémer; il est des pays où l’on peut passer en justice pour blasphème, comme en Mauritanie ou au Soudan. Le fondamentalisme culturel et religieux est rampant. Ce que j’appelle fondamentalisme, c’est le supposé retour à la culture et à la religion dites authentiques et en appliquer les règles, alors que le monde change (Sow 2018).
Il est plus qu’urgent de rechercher à quel moment la culture devient source et lieu d’expression des fondamentalismes et se laisse happer parles dérives fondamentalistes qu’elles soient sociales, morales ou religieuses. Pour discuter des inégalités de genre et de l’influence des fondamentalismes, trois domaines doivent être examinés pour leur pertinence : le corps féminin (santé, sexualité, fécondité), le système juridique (code de la famille et autres lois et règlementations) et l’organisation politique (positionnement dans la prise de décision, parité dans les institutions).
Nous avons besoin de connaître notre histoire et nos valeurs sociales, tout en cessant « d’essentialiser », c’est-à-dire nous réduire à notre condition féminine qui est d’être enfant, épouse, mère et grand-mère/ancêtre qualifiée de Grande Royale, merveilleusement décrite par Cheikh Hamidou Kane (1961). Nous «essentialiser », c’est nous figer dans une identité figée d’un passé africain ; ceci nous empêche de contester les privilèges réels de la masculinité face à des sociétés qui « culturalisent » les inégalités entre les sexes, à des religions patriarcales (islam, christianisme) qui les « fondamentalisent » ou encore à des États qui se disent musulmans et chrétiens, qui les « légalisent », alors que leur constitution est laïque. Il faut toujours interroger le « avant, c’était mieux » et faire le tri entre nos différents héritages sociétaux d’avant la colonisation (période qui a ses défis), durant la colonisation et de la post indépendance, de nos conversions à diverses confessions religieuses et spirituelles.
Le patriarcat, comme donnée anthropologique universelle, a été largement décrié par la recherche africaine, alors que le mouvement féminin avance son impact, donc son existence, dans l’analyse des situations contemporaines des femmes. Auteur de L’Unité culturelle de l’Afrique noire (1982, 2° édition), Cheikh Anta Diop, théoricien du matriarcat africain, en fait la base de nos sociétés. « « Le matriarcat n’est pas le triomphe absolu et cynique de la femme sur l’homme; c’est un dualisme harmonieux, une association acceptée par les deux sexes pour mieux bâtir une société sédentaire où chacun s’épanouit pleinement en se livrant à l’activité qui est la plus conforme à sa nature physiologique. Un régime matriarcal, loin d’être imposé à l’homme par des circonstances indépendantes de sa volonté est accepté et défendu par lui » (p.114). Les principes fondamentaux ont été l’assurance de la filiation par les femmes, l’hérédité par la lignée utérine, transmission des droits politiques, etc. D’où un statut éminent des femmes. Diop montre que « le régime matriarcal est général en Afrique, aussi bien dans l’Antiquité qu’à nos jours et ce trait culturel ne résulte pas d’une ignorance du rôle du père dans la conception de l’enfant » (p. 69). C’est ce qui fait noter une certaine dualité mettant en parallèle lignages matrilinéaires et patrilinéaires et la place d’un patriarcat africain. Enfin les femmes occupent une place importante dans les représentations et pratiques religieuses, différente de celle des hommes. Ce sont l’introduction de religions nouvelles (ici, islam et christianisme) et l’intervention coloniale européenne qui ont imposé le patriarcat et ses hiérarchies.
Centrales mais pas égales
L’une des lignes importantes de fracture dans les analyses des femmes est à ce niveau. Tout un pan de la recherche des Africaines récuse la division sexuelle bio-logique des sociétés africaines, arguant du fait que l’idéologie du genre occidentale ne correspondait pas à leurs réalités. Les femmes pouvaient tenir un rôle masculin et diriger, de même que les hommes pouvaient endosser un rôle féminin, rôles masculin et féminin n’étant pas aussi rigides pour être sources de transgression. C’est la démonstration de l’ouvrage de Ifi Amadiume, Male Daughters, Female Husbands (1987), qui s’interrogeait sur les notions de sexe et genre dans la société africaine. Nombre d’Africaines, à partir de leurs histoires, reconnaissent cette base sociale illustrée par la place de la maternité dans la vie des femmes comme valeur sociale et obligation divine. Elles reconnaissent aussi l’importance de la transmission matrilinéaire de la filiation (naissance) et de liens spécifiques bâtis entre enfants sur cette relation utérine (doomu ndey). Il reste encore des indices de dévolution du pouvoir politique (appartenance requise à une famille maternelle pour qu’un homme accède au pouvoir), de transmission de certains biens matériels, culturels et spirituels, etc. Mais, nous posons cette question : ce rôle si essentiel donnait-t-il pour autant du pouvoir aux femmes, en dehors des Lingeer, femmes de l’aristocratie, et des personnalités féminines de l’élite politique ? Quelle sorte d’autorité et à quel niveau ? Si des tâches de gestion et de contrôle leur ont été attribuées, dans l’espace sénégalais, ce sont des hommes qui ont été au faîte du pouvoir. Ces souverains ou autorités ont porté des titres masculins : Dammel, Buur, Brak, Maad, Teeñ, Almaami, Lamaan, Jaraaf, etc. Le débat s’engage difficilement dans le féminisme sénégalais (et africain), alors qu’il est indispensable, car la place « exceptionnelle » du féminin, dans les sociétés précoloniales, est toujours agitée, avec plus ou moins de bonheur, face à ses revendications. Ne peut-on s’atteler une relecture du matriarcat, de la matrilinéarité, des faits et des valeurs en découlant, pour en comprendre l’impact sur nos sociétés d’alors et d’aujourd’hui ? Car, quel que soit le système, la masculinité y porte sa marque : rôles importants des frères et oncles, dans tous les cas de figure.
L’espace de cet article ne permet pas de développer la question. Je pense, personnellement, que la base matriarcale a laissé ses indice ; on est frappé de la centralité des femmes dans l’organisation sociale. Leurs contributions à la reproduction des familles, à leur entretien domestique, à l’éducation et à la transmission des valeurs culturelles, l’utilisation de leurs connaissances et compétences indispensables au développement économique des sociétés et leurs charges sociales et morales (leurs xew de toute nature organisent la société) ont occupé une telle place dans les structures précoloniales que celles-ci n’ont pu les marginaliser dans la gestion des affaires et du politique. D’où la présence de toutes ces femmes « fortes » et la valeur de notre « matrimoine », malgré leur invisibilisation dans les mémoires, la rivalité dans les précessions masculines. Les femmes ont été centrales, mais n’ont jamais été égales. Elles ont rarement accédé au niveau suprême du pouvoir. Mais, y-étaient-elles attendues ? La colonisation, avec sa logique patriarcale, les a marginalisées en instaurant de nouvelles institutions d’éducation et de gestion du politique, tout en utilisant leur force de travail pour nourrir et entretenir la colonie. Les pouvoirs indépendants, en maintenant les modalités coloniales de gouvernance, ont continué d’utiliser cette force, sans leur redonner plus de pouvoir. Les obstacles à cette conquête du pouvoir sont massifs.
Nous avons encore besoin, au Sénégal, de cerner et de déconstruire la domination masculine et toutes les autres formes de domination que forge le patriarcat qui en est la source ou en découle. Ces forces de domination peuvent être locales et/ou mondiales, comme en témoignent les interventions de la mondialisation sur tous nos systèmes socioculturels, économiques et politiques. Il est important de reconnaître que la domination masculine explique de très nombreuses situations d’oppression actuelles. On n’élargit pas les espaces de pouvoir des femmes, en niant ceux de l’oppression.
Nous avons besoin de reconsidérer, voire remettre en question, les rapports de pouvoir dans la famille, dans le monde politique (quelle parité ?), dans la société globale (lutte contre les inégalités et les discriminations). Les combats contre les inégalités dans le code de la famille ont été significatifs à ce niveau. Je n’en exposerai pas le débat, sauf pour dire que la lutte a été longue et que chaque point gagné est une victoire à préserver, car c’est un défi contre les abus des forces conservatrices.
Notre corps est politique. Il est l’objet de tant de normes, de règles, de règlementations, de tabous et de préjugés. Il est l’objet à la fois de contrôle et de violence que tout le monde trouve normales. Écoutez ou lisez ce qui se dit dans la société, à travers les media, les réseaux sociaux, les autres moyens de communication. Je prendrai quelques exemples d’enjeu, un peu en vrac.
Scolariser les filles est, reconnaissons-le, une ambition des familles et du politique. Leur scolarisation est en progression, selon les chiffres officiels. La SCOFI et les politiques d’éducation ont fait leur chemin. Mais cette scolarisation bute encore sur bien des obstacles, si ce n’est des discriminations. Scolariser une personne, c’est développer ses capacités intellectuelle et morale vers la connaissance, mais pour les femmes, c’est aussi leur apprendre le chemin vers la liberté sous tous ses aspects et l’égalité. Scolariser, ce n’est pas seulement créer l’autonomie des femmes (comme le veut un certain lexique du genre), mais c’est développer leur pouvoir (empowerment), les former à le gérer, à le renforcer pour leur position dans la famille, en société. Diverses contraintes continuent de peser sur elles. Les premières sont liées à des attitudes culturelles affectant leurs statuts et rôles des femmes dans la famille qui les empêchent d’accéder à l’éducation, à l’achever dans les meilleures conditions. Ce sont les difficultés de leur maintien à l’école, les mariages et les grossesses précoces, même si les derniers recensements montrent le recul progressif de l’âge d’entrée en nuptialité et en fécondité. Les conditions matérielles et financières (pauvreté des familles, insuffisance des infrastructures éducatives et précarité des niveaux d’enseignement), les maigres débouchés vers l’emploi, la préférence masculine à certains emplois et positions, la complexité des tendances de l’économie informelle qui est pourtant la plus grande pourvoyeuse d’emplois et d’activités rémunérées et regroupe la majorité des activités féminines), autant que les diverses crises climatiques, politiques et sanitaires sont sources de multiples contraintes et discriminations.
Requalification
Nous sommes dans des sociétés où le développement des femmes, bien que ces dernières constituent plus de la moitié de la population, crée une sorte de panique, sinon de gêne morale dans la société. Il leur est demandé de se développer, de grandir par la formation, sans pour autant changer et surtout ne pas déranger leur positionnement en société. Malgré leurs diplômes et formations, quel qu’en soient les niveaux, il leur est toujours exigé de prouver leur capacité en faisant plus d’efforts, de restreindre leurs ambitions audessous de leurs capacités et performances, de subir toutes sortes de préjugés sexistes dévalorisantes et d’actes de violences sexuelles qui visent soit à punir leurs ambitions soit à casser leur progression, droit de cuissage toujours en vigueur dans les facultés sénégalaises de toutes disciplines, harcèlement sexuel, viol, refus du congé maternité aux jeunes femmes médecins en spécialisation, etc. La liste n’est pas close.
Le féminisme force à revisiter les liens entre rapports familiaux et rapports économiques. Qui entretient les familles et quel pouvoir en retire-t’on ? S’agit-il de l’entretien domestique, de l’entretien économique ? Comment jauger les tâches domestiques des femmes ? Ligeey, dit-on en wolof ; c’est du « travail gratuit des femmes », renforcent les féministes. Le code la famille a fini par le reconnaître dans cette qualification et le compte dans la contribution des femmes au ménage. Comment gère-t-on les ressources naturelles dans les familles rurales : qui est responsable de l’allocation des terres ? Qui a accès à la terre ? Les tâches sont réparties dans les économies de la pêche, selon une répartition sexuelle du travail. Qu’en-est-il aujourd’hui ? L’approche habituelle de la femme lebu en fait une femme forte. En quels termes ? Comment devons-nous repenser ce rôle. En quoi devoir être « une femme forte » vulnérabilise les femmes? Nous avons tellement à faire à cause des débats incroyables sur la fécondité et l’exigence de maternité (valeur morale et religieuse sublimée de la femme). La maternité, par-delà le besoin d’enfant, est une obligation, à la fois sociale et religieuse. On attend des femmes qu’elles en assurent la fonction jugée « naturelle » et divine. Le non-désir d'enfant est vécu comme un sacrilège et un égoïsme féminin. Seules les femmes sont poursuivies en cas de néonaticide. N’oublions pas que la recherche en paternité est interdite par l’islam. La loi interdit dans la déclaration de naissance d'un enfant la référence au père incestueux. La femme stérile est incriminée pour ne pas avoir contribué à la « fabrication » de cette descendance (nombreuse) qui permet à l’homme d’assurer sa masculinité et d’asseoir son pouvoir social. Ce prestige, d’abord masculin, passe par le corps des femmes, dont la sexualité et la fécondité sont contrôlées par des règles sociales définies dans chaque groupe : virginité, circoncision, surveillance, dot, mariage, soumission au désir du conjoint, capacité de fécondité, gestion de la fertilité, durée et rituels contraignants du veuvage (coupe des cheveux, habillement spécifique, interdiction de se regarder dans le miroir, réclusion et absence de relations sexuelles), lévirat/sororat, etc…
Ce devoir de reproduction (devoir conjugal) peut renforcer la subordination des femmes, conditionnées socialement, idéologiquement, religieusement à assurer la reproduction physique du groupe, au prix de leur santé. Ce défaut de reproduction, qu’il s’agisse d’infécondité ou de stérilité, est d’abord imputée aux femmes. Ce sont elles qui s'inquiètent de la stérilité ou de la non-survenue de la grossesse socialement requise. Elles sont critiquées soit directement, soit par des allusions ou des conduites relationnelles spécifiques : angoisse, nervosité, mauvaise humeur, etc. Elles endossent la responsabilité de l'échec et, après le recours à diverses thérapeutiques laissent un membre de l'entourage ou le médecin aborder le problème avec le mari, alors que lui-même est impliqué dans cette infertilité. Les médecins le diront mieux que moi.
L’accès contrôlé à la contraception, ce qui est en parfaite contradiction avec la loi sénégalaise et le Protocole de Maputo et autres conventions signées par le Sénégal, ainsi que la criminalisation du droit à l’avortement rendent souvent problématique la santé des femmes. Que fait-on des femmes qui subissent descente d'organes et fistules à cause des grossesses répétées? Quel est le sort des enfants qui perdent leur mère morte de fatigue d'enfanter. Cette santé qui n’est pas seulement maternelle. On devrait plus s’interroger sur ce qui arrive à la femme, hors de cette période de fécondité. Quel est le vrai statut de la ménopause ? Quel est chemin pavé de lourdes conditions et d’embûches qui mène au statut de grande royale?
Il a fallu requalifier les actes de violences physiques, morales, symboliques et sexuelles autant qu’obstétrico-gynécologiques, etc. Se souvient-on encore du cas Doki Niasse, qui a fait marcher des centaines de femmes dans les rues de Kaolack et Dakar ? À cette occasion, les femmes et leurs mouvements (féministes ou non) ont été accusées de remettre en question le droit du mari à battre sa femme que l’on disait autorisé par la tradition et l’islam. N’est-il pas temps de penser les femmes en termes de droits sur la base d’un contrat social qui ne dépende pas de textes religieux, mais d’un contrat négocié, arraché sur la base de principes contemporains de justice et de liberté ? Le code de la famille se débat encore dans ses principes religieux. On a échappé, au début des années 2000, à un retour légal de la Sharia proposé par le CIRCOFS, délaissant le code actuel aux non-musulmans.
En conclusion
Les femmes sont prises au piège entre les préjugés ordinaires des communautés à leur égard, les argumentaires religieux de soumission, les décisions et attitudes paradoxales du politique, légitimés au nom de la culture et de la religion. Elles doivent faire face à leurs défis. Des droits à plus d’égalité et de justice sociale acquis de haute lutte au niveau local, national et international par le mouvement des femmes sont comme des espèces en danger, car subvertis par la remontée des fondamentalismes d’ordres divers. Aucune révolution culturelle, aucun retour aux sources ou à l’authenticité ethnique, religieuse ou nationale revendiqués par les groupes qui s’en réclament ne sauraient légitimer la persistance, imprégnée d’idéalisation, de valeurs dites traditionnelles ou ancestrales, porteuses de graves discriminations et d’inégalités. C’est un immense défi pour les femmes qui ont entériné culturellement et religieusement le discours patriarcal ou celui de la domination masculine, de les remettre en question. C’est une tâche immense pour les féministes de les en sortir pour transformer notre monde d’inégalités et de transformer le regard et le discours masculin qui dominent la scène politique, pour comprendre et porter les mutations nécessaires en cours au Sénégal, en Afrique et dans le monde.
* De la conférence prononcée en janvier 2023, au Musée Henriette Bathily, par Mme Fatou Sow, Sociologue CNRS, à l’occasion du lancement du Réseau des féministes du Sénégal, nous proposons une synthèse à nos lectrices, à nos lecteurs, en ce 8mars, Journée internationale de la femme.
1. SCOFI est le programme de scolarisation des filles, créé au Sénégal en 1994
2. CIRCOFS : Comité islamique pour la réforme du Code de la famille au Sénégal, créé en 1996 qui a voulu supprimer le code de la famille pour mettre la Sharia. M° Mbaye Niang, avocat, en était le président.
«C’EST LE SIGNE D’UNE PRISE DE CONSCIENCE DU SECTEUR DANS LA RESORPTION DU CHOMAGE ET DE LA PAUVRETE»
Le président de la République, Macky Sall, a présidé hier, mardi 7 mars, la Journée internationale de la Femme et Assises nationales de l’entreprenariat féminin et de l’autonomisation des femmes.
Le président de la République, Macky Sall, a présidé hier, mardi 7 mars, la Journée internationale de la Femme et Assises nationales de l’entreprenariat féminin et de l’autonomisation des femmes.
«J ’ai tenu à présider personnellement la cérémonie de restitution des conclusions de ces assises, pour rendre un hommage appuyé à la femme sénégalaise dont le rôle pour la cohésion sociale et la consolidation des valeurs qui fondent notre nation, ainsi que son développement, n’est plus à démontrer», a déclaré le Chef de l’Etat, devant un public venu nombreux. A l’en croire, la tenue des premières Assises nationales de l’entreprenariat féminin et de l’autonomisation des femmes est le «signe d’une prise de conscience des énormes atouts du secteur dans la résorption du chômage et de la pauvreté».
«Les conclusions et recommandations issues de ces assises, depuis les larges consultations régionales sous l’égide des Gouverneurs, démontrent la volonté d’engager les ruptures nécessaires et de mettre en place des réformes consensuelles et des projets susceptibles de renforcer la marche du Sénégal vers l’émergence. J’ai pris bonne note des mesures phares issues de vos assises et vous assure qu’elles feront l’objet d’un examen attentionné de la part de mon Gouvernement», a dit Macky Sall. Et d’ajouter : «Qu’il s’agisse de l’accompagnement des femmes dans l’entreprenariat agricole ; de la généralisation des maisons de la Femme dans chaque département ; de l’élargissement de la base de données des bénéficiaires des bourses de sécurité familiale ; et de la motivation des Badjiénou Gox, entre autres».
Selon Macky Sall, «favoriser l’autonomisation économique des femmes et des jeunes filles passe aussi par une formation professionnelle adaptée et l’émergence d’un entreprenariat actif, inclusif, durable et porteur de croissance». C’est ce qui a motivé, dira-t-il, «la mise en place de la Délégation générale à l’Entreprenariat Rapide des femmes et des jeunes (DER/FJ), du Fonds de Garantie des Investissements Prioritaires (FONGIP) et du Fonds de Financement de la Formation Professionnelle et Technique (3FPT). « L’enjeu reste la constitution d’un fichier national unique des bénéficiaires des formations et des financements afin d’optimiser les interventions et asseoir leur efficacité», a fait savoir le Chef de l’Etat.
Revenant sur la célébration de la Journée internationale de la Femme, le Chef de l’Etat dira : «Comme nous y invite le thème international de la journée de cette année, «Pour un monde digital inclusif : l’innovation et la technologie pour l’égalité des sexes», nous devons porter la réflexion et l’action sur les moyens innovants permettant de donner un nouveau souffle au processus d’autonomisation des femmes et de faire progresser nos sociétés».
Poursuivant son propos, il ajoute : «Cette exigence de changement de rythme s’impose pour l’avènement d’une Planète 50-50 et l’atteinte des Objectifs de Développement Durable. La transformation qualitative vers des sociétés suffisamment inclusives, passe nécessairement par une vision globale et une démarche holistique».
SUR 244 DETENUES, 54 SONT POURSUIVIES POUR INFANTICIDE ET 5 POUR AVORTEMENT CLANDESTIN
D’après une étude commanditée par la task-force pour l’avortement médicalisé en cas de viol ou d’inceste, avec l’appui de l’Ong Pp global, 244 femmes croupissent actuellement en prison
D’après une étude commanditée par la task-force pour l’avortement médicalisé en cas de viol ou d’inceste, avec l’appui de l’Ong Pp global, 244 femmes croupissent actuellement en prison. Parmi elles, les 54 sont poursuivies pour infanticide et 5 pour avortement clandestin.
La non-application du protocole de Maputo sur l’avortement médicalisé en cas de viol ou d’inceste est à l’origine de beaucoup de drames chez les femmes mais aussi au niveau de la société. En attestent les résultats de l’étude initiée par la taskforce pour l’avortement médicalisé en cas de viol ou d’inceste pour savoir la situation des femmes incarcérées. Il ressort de l’étude réalisée entre octobre et septembre 2022 qu’il y a une présence effective de femmes dans les prisons sénégalaises pour avortement clandestin et infanticide. «Sur les 37 établissements pénitentiaires que compte le pays, seuls 14 établissements pénitentiaires abritaient des femmes incarcérées pour infanticide ou avortement clandestin au moment de l’étude», a révélé Julien Ngagne Ndour, le consultant qui présentait les résultats de l’étude. Sur les 244 femmes détenues dans l’ensemble de ces établissements pénitentiaires, souligne t-il, «59 (soit 24,18%) ont été concernées par l’objet de l’étude ; 54, soit 22,13%, sont poursuivies pour infanticide et 5, soit 2%, pour avortement clandestin. Sur le nombre total de celles poursuivies pour les faits, il y en a 54, soit 91,5%, pour infanticide et 5, soit 8,5%, pour avortement clandestin». Selon le consultant, le nombre de femmes incarcérées pour ces deux faits ne représente que 18,51% de la population féminine en milieu carcéral.
27,1% DES DETENUES SONT ISSUES DE LA BANLIEUE
«La majorité des femmes concernées, soit 61%, est issue des autres régions du Sénégal, 6,8% de Dakar périphérie et 27,1% de Dakar banlieue», renseigne Julien Ngagne Ndour. Pour ce qui est de leur nationalité, il y a 04 étrangères dont 02 Guinéennes, 01 Malienne, 01 Nigériane et 55 Sénégalaises. A en croire le sieur Ndour, 66,1% des détenues ont un âge supérieur à 22 ans, avec une fille de 16 ans (la plus jeune ; la plus âgée a plus de 30 ans. «47,5% des femmes sont issues de familles polygames, le groupe compte 22 femmes célibataires, 22 femmes mariées et 15 divorcées. Parmi elles, 46 ont au moins un enfant en charge et 13 n’en ont pas», relève l’étude qui démontre que la plupart des femmes détenues pour infanticide ont un niveau d’étude faible. Quant à la situation professionnelle de ces femmes, 28 d’entre elles exerçaient une activité professionnelle avant leur détention, 30 étaient restées sans emploi. Interrogées lors de l’étude sur les causes de leurs actes, 30,5% des femmes détenues soutiennent ne pas savoir pourquoi elles ont commis l’acte d’avortement ou d’infanticide. «27,1% déclarent avoir commis ces actes par peur ; 11,9% affirment avoir été victimes de viol ; 10,2% déclarent que c’est à cause de l’adultère et 15,3% pour d’autres considérations telles que l’ivresse, la mort naturelle de l'enfant».
83,3% DES FEMMES DETENUES POUR INFANTICIDE OU AVORTEMENT LE SONT PAR IGNORANCE
Les principaux facteurs à l’origine de ces actes (infanticide et avortement) arrivent dans l’ordre suivant : 83,3% à cause de l’ignorance ; 75% pour manque de morale ; 58,3% pour manque de valeur ; 41,7% en raison de la pauvreté ou de conditions sociales précaires. Il urge de souligner que les détenues pour infanticide ou d’avortement font face à de nombreuses conséquences qui vont de l’abandon des études, de la perte de leur emploi à l’exclusion sociale en passant par la stigmatisation au sein de la famille et de la société. Venu assister à la restitution de l’étude, l’ancien député Moustapha Diakhaté a indiqué que la principale cause de l’avortement, c’est l’Etat qui tarde à appliquer le protocole de Maputo qu’il a pourtant ratifié. «C’est un combat difficile, mais qu’on peut gagner. Les politiciens ont peur de perdre l’électorat maraboutique, c’est pourquoi ils n’adhèrent pas à l’application de l’avortement en cas de viol ou d’inceste», a déclaré Moustapha Daikhaté.
A l’issue de l’étude, des recommandations ont été formulées pour que les décideurs puissent développer des actions de prévention, mais aussi assurer la conformité de la législation sénégalaise en matière d’avortement avec les engagements pris au niveau international. Il y a aussi la mise en place des mesures nécessaires pour l’application sévère des peines envers les agresseurs.
LYCÉE JOHN F. KENNEDY, UN GRENIER DE L'EXCELLENCE AU FÉMININ
Le lycée John F. Kennedy occupe une place importante dans le système éducatif national, formant depuis des décennies, une partie de l’élite féminine, comme Mame Bassine Niang, première femme avocate du pays ou encore Me Aïssata Tall Sall
Construit en 1961 et ouvert en 1963, le lycée Kennedy se trouve en face de la place de la Nation de Dakar. Il compte à ce jour 62 classes pédagogiques et 28.000 élèves.
Le lycée porte le nom de l'ancien président des Etats-Unis John Fitzgerald Kennedy assassiné le 22 novembre 1963 à Dallas. Il se distingue du paysage scalaire sénégalais par le fait qu’il ne compte que des filles.
‘’C’est un lycée qu’on peut qualifier de mythique. Mame Bassine Niang, Me Aïssata Tall Sall, Ndeye Coumba Kane, l’actuelle recteur de l’Université Sine Saloum, Ramatoulaye Diagne Mbengue, l’actuelle recteur de l’université de Thiès y ont toutes fait leurs humanités’’, a déclaré Fatima Sow Sarr, Proviseure du lycée dans un entretien avec l'APS.
Professeure de russe de formation, elle a exercé pendant 16 ans au Lycée Valdiodio Ndiaye de Kaolack avant d'occuper la fonction de censeur d’études au Lycée Khar Kane de Gossas. Elle est Proviseure de Kennedy depuis octobre 2012.
C'est sur orientation par l'Académie de Dakar que les élèves entrent au collège de Kennedy à partir de la sixième ou à partir de la seconde pour intégrer le lycée sur le même site.
75% de réussite au baccalauréat
Concernant les enseignements, elle explique que les approches ont connu plusieurs évolutions et innovations au regard de l’avancée du numérique et de l’importance de la science et de la technologie.
‘’Nous innovons car l’enseignement a évolué, nous incitons aussi les filles à embrasser les filières scientifiques. Nous sommes toujours dans le sillage d’excellence, la discipline de nos élèves est une tradition chez nous’’ s’est-elle félicité.
Dans le cadre cette évolution, l’enseignement- apprentissage du numérique est l’un des axes prioritaires du lycée.
‘’Nous sommes en train d’équiper la salle informatique et d’inciter les enseignants à insérer le numérique dans l’enseignement-apprentissage’’ a-t-elle-poursuivi.
Pour booster le développement personnel des filles, le lycée accueille des projets, des associations et des ONG comme l’ONG ‘’paix et biodiversité’’ et le Forum des éducatrices africaine.
Les responsables de l’école travaillent aussi avec la cellule genre du ministère de l’Education national pour renforcer leadership des filles dans tous les domaines.
Selon la Proviseure, le lycée a fait 75% de réussite au baccalauréat l’année dernière avec plus 36 mentions, soit plus de 350 admis.
Pour maintenir cette excellence et se positionner comme leader sur l’échiquier scolaire des jeunes filles, le lycée a formé un club de miss math, miss sciences, du concours général et un club de l’excellence.
‘’Nos élèves sont encadrées les mercredis et les samedis de façon bénévole par des professeurs du lycée pour hausser le niveau et leur permettre d'être performants lors des compétions nationales’’ a-t-elle-expliqué.
Retour du lycée au concours général
L’ancien censeur d’études du lycée Khar Kane de Gossas a salué le retour du lycée John Kennedy au concours général après plusieurs années d’absence.
‘’Je suis très heureuse du retour du lycée au concours général. Nous sommes revenus l’année dernière. C’était vraiment un challenge’’, a-t-elle magnifié, visiblement ravie.
Elle explique ce retour par la tradition de rigueur et d'excellence qui a toujours caractérisé le lycée, ajoutant que cette tradition est inculquée à toutes les générations de filles ayant fréquenté ce ‘’grenier du savoir''.
‘’Nos filles sont bien encadrées par une équipe de très bons professeurs. Ce qui fait notre particularité, c’est que quand un professeur entre à Kennedy, en général il n’y sort plus. Cela facilite l’encadrement pour nous’’ a-t-elle-expliqué.
"Le lycée Kennedy, c'est aussi le défilé de ses majorettes à la fête nationale''
Le lycée Kennedy se fait remarquer par la prestation de ses majorettes lors de la fête de l’indépendance, formée avec feu avec Doudou Ndiaye Rose.
‘’Le lycée Kennedy c’est aussi le défilé de nos majorettes lors de la fête de l’indépendance. Cette troupe formée par Doudou Ndiaye Rose marque les esprits à chaque 4 avril, c’est une troupe très connue’’, souligne Mme Sarr.
C’est avec enthousiasme que Fatima Sow Sarr revient sur les beaux jours de cette troupe éblouissante qui fait ‘’la fierté de toute l’école et de toutes ceux qui sont passées par le lycée Kennedy''.
‘’Quand on parle du lycée, tout le monde pense à la troupe des majorettes, cette troupe très populaire. A l’heure où je vous parle, elles sont en train de préparer la prochaine fête de l’indépendance’’ a-t-elle-affirmé.
Un engagement pour la cause féminine
Mme Sarr souligne que l’élite féminine formé au lycée Kennedy a joué un rôle important et historique dans la défense des causes féminines notamment en ce qui concerne la scolarisation des jeunes filles au Sénégal.
‘’L’élite féminine formé au lycée intègre les associations féminines. Elles militent pour l’éducation des filles, des femmes et les autres causes féminines’’ a-t-elle martelé.
Fatima Sow Sarr souligne que la vocation du lycée n’est pas seulement de former les filles sur volet pédagogique mais de leur inculquer également des valeurs, de préparer leur épanouissement professionnel.
‘’Nous avons cette tradition ‘de bien encadrer nos filles sur le plan pédagogique. Nous les éduquons parce que elles sont des filles et serons appelés à être des mères de familles dans l’avenir’’, a-t-elle-dit.
Un club de développement durable
Les filles du lycée du Kennedy se distinguent aussi par leurs activités en rapport avec l’environnement et le développement durable avec l’émergence des activités économiques vertes.
A travers un club de développement, les élèves ont mis en place un projet de maraîchage biologique.
‘’Nous avons un club de développement durable parce que on parle de changement climatique, sauver la terre. Ce club leur permet de comprendre l’importance de la protection de l’environnement et des écosystèmes’’ a-t-elle fait-savoir.
Elle a dans le même temps rappelé que le lycée disposait d'un périmètre maraîcher et d'un jardin de potager où les élèves cultivent des produits bio et organisent des séances de récoltes et de ventes.
DÉCÈS DE LA CINÉASTE SAFY FAYE
L'une des femmes pionnières du cinéma africain, est morte mercredi à Paris, à l'âge de 80 ans. Elle sera inhumée à Fadial, son village natal, situé dans la région de Fatick
La cinéaste Safy Faye, l'une des femmes pionnières du cinéma africain, est décédée mercredi à Paris, à l'âge de 80 ans, a appris l'APS de son ancien distributeur en Afrique de l'Ouest, Johnny Spencer Diop.
Elle sera inhumée à Fadial, son village natal, situé dans la région de Fatick (centre), selon Diop.
"Notre grande sœur était malade depuis un certain moment et était hospitalisée en France. Elle fait partie de femmes cinéastes qui ont balisé la voie pour les plus jeunes", a dit à l'APS son ancien collaborateur.
Safy Faye avait abandonné son poste d'enseignant pour s'adonner au cinéma, à la suite du Festival mondial des arts nègres de 1966 à Dakar, rappelle le site d'information du journal sénégalais Le Quotidien.
A ce festival, elle avait rencontré le cinéaste français Jean Rouch (1917-2004), qui lui avait confié un rôle à jouer dans son film "Petit à petit", ajoute le même média dans une interview de la cinéaste publiée en 2017.
Entrée au cinéma, Safy Faye est allée poursuivre des études d'ethnologie à la Sorbonne (France). Elle était devenue une figure emblématique du cinéma africain, car étant l'une des premières femmes du continent à exercer le métier de réalisateur.
"Mossane", l'un de ses derniers films - sa filmographie est essentiellement consacrée à la paysannerie et à la vie des femmes -, a été présenté dans la section "Un certain regard" de l'édition 1996 du Festival de Cannes.
LES ORGANISATIONS DE DEFENSE DES DROITS DES FEMMES DEMANDENT LE RENFORCEMENT DE L'ARSENAL JURIDIQUE
La mutilation génitale est pratiquée sur des femmes d’âges divers, le plus souvent jusqu’à l’âge de 15 ans et parfois même sur des femmes adultes, selon la communauté ou le groupe ethnique
La mutilation des parties génitales chez la femme est une pratique culturelle et sociologique au Sénégal. Malgré son interdiction, l’excision est toujours pratiquée par une partie importante de la population. Afin de corser les sanctions et accentuer la sensibilisation, il s’est tenu, à Saly, un atelier sous régional de trois jours, pour l’évaluation des engagements politiques et stratégiques du Sénégal pour l’abandon des mutilations génitales féminines (MGF).
La mutilation génitale est pratiquée sur des femmes d’âges divers, le plus souvent jusqu’à l’âge de 15 ans et parfois même sur des femmes adultes, selon la communauté ou le groupe ethnique. Ces pratiques sont considérées comme une violation des droits des femmes et des filles, comme l’indiquent beaucoup d'instruments internationaux et régionaux relatifs aux droits de l’Homme. C’est ainsi qu’il y a eu un engagement mondial pour l’abandon de la pratique des MGF ;
Depuis 2005, le Sénégal a mis en place un cadre juridique et réglementaire contre la pratique. A la suite de cela, il a été fortement recommandé de mettre en place une stratégie nationale pour l’abandon de la mutilation génitale féminine. Selon Zakaria Sambakhé, directeur de l'Ong Action Aid, des efforts ont été notés ces dernières années sur le plan législatif et opérationnel au Sénégal. «La législation autour des questions d’excision ne déroge pas à cet engagement de l’Etat. Depuis plus de 20 ans, le Sénégal dispose d’une loi (loi 99 -05) interdisant les mutilations génitales féminines. Malgré cela, plus d’une fillette sur 10 subit cette violence au Sénégal. Près du tiers des femmes sont excisées au Sénégal», renseigne-t-il.
Relevant des disparités en fonction des zones géographiques, M Sambakhé indique que les parties Est, Sud-Est et Sud sont les zones où l’excision est la plus pratiquée. «Dans certaines régions du sud, elles le sont quasiment toutes. En milieu rural, les parents continuent cette pratique en cachette et les associations peinent à changer les mentalités. Si l’on peut se réjouir de voir la pratique reculer, il est cependant inquiétant de noter la stabilité du taux de pratique de l’excision au Sénégal.
En effet, le taux national stagne autour de 25% depuis presque une décennie ; 34% dans le milieu rural, 22% dans le milieu urbain. En tant que norme sociale, il est acquis que son abandon ne sera pas chose aisée parce qu’elle comporte des questions identitaires, culturelles voire métaphysiques qu’il est difficile de résoudre par des analyses et des approches cartésiennes», a soutenu le directeur de Action Aid.
Selon le directeur de cabinet du ministre de la Femme, Mouhamed Ndiaye, les mutilations génitales féminines sont une pratique traditionnelle profondément ancrée qui a de graves répercussions sur la santé des jeunes filles et des femmes, ainsi que sur la dignité humaine. «C’est pourquoi, le gouvernement du Sénégal s’est engagé depuis des décennies à protéger les femmes et les filles de cette pratique. Cette volonté politique s’est manifestée à travers l’adoption en 1999 de la loi N° 99-05 du 29 janvier 1999, qui interdit l’excision, la mise en œuvre de trois plans d’action nationaux 2000-2005 et 2010–2015 et d’une stratégie nationale 2022-2030», indique Mouhamed Ndiaye.
RADIOSCOPIE DE LA DEPRESSION DES FEMMES APRES L’ENFANTEMENT
Derrière le bonheur de l’enfantement se cachent des pathologies qui portent atteinte à la santé de la femme. des complications durant et après la grossesse pouvant aller jusqu’à la dépression.
Derrière le bonheur de l’enfantement se cachent des pathologies qui portent atteinte à la santé de la femme. des complications durant et après la grossesse pouvant aller jusqu’à la dépression. Beaucoup de femmes en souffrent sans le savoir. la dépression post-partum est un fléau méconnu au Sénégal. Pourtant, beaucoup de femmes sont touchées par cette maladie. il s’agit d’un trouble de l’humeur marqué par une tristesse intense permanente, évoluant au moins deux semaines après un accouchement.
Une grossesse programmée ou attendue est souvent synonyme d’allégresse. Elle apporte de l’espoir dans la famille qui va s’agrandir, mais surtout chez la femme. Celle-ci porte pendant neuf mois une grossesse, endure les difficultés, animée par la force de tenir son enfant après neuf mois de peine. Hélas ! L’accouchement ne rime pas toujours avec le bonheur. Il s’agit de complications nommées dépression post-partum. Beaucoup de femmes en souffrent sans le savoir. Dès que l’enfant est né, certaines femmes tombent dans la dépression. Cette situation entraîne parfois des tentatives de suicide. Cette maladie est beaucoup plus fréquente dans les pays développés. Au Sénégal, les femmes qui en souffrent ne font pas le link de leur pathologie avec la grossesse. Elles pensent plutôt à la sorcellerie et autres effets surnaturels. Psychiatre à l’hôpital de Fann, Dr Sokhna Seck se rappelle l’histoire d’une dame de 30 ans, qui aussitôt après l’accouchement, ne supportait pas les cris de son nouveauné. «Les cris du bébé l’agaçaient au point qu’elle a tenté de s’en débarrasser. D’ailleurs, c’est sa famille qui s’occupait de l’enfant», raconte la psychiatre.
«J’AVAIS L’IMPRESSION D’ETRE DANS UN AUTRE MONDE ET JE NE VOULAIS PAS TOUCHER A MON BEBE»
Amina Guèye, 48 ans, se souvient de la dépression post-partum qu’elle a vécue, il y a 12 ans. «En 2010, j’ai accouché, mais ma fille ne voulait pas téter. C’est ainsi qu’on lui a mis une sonde au niveau des narines. Je pleurais tout le temps. Pour un rien, je fondais en larmes. Je ne parvenais pas à répondre aux questions de mon mari. Comme un enfant, je ne voulais regarder que les dessins animés à la télévision», raconte Amina Guèye qui ne voulait plus habiter chez elle. «J’avais l’impression d’être dans un autre monde. Je ne pensais qu’à la mort. J’avais peur de donner à ma fille son bain. A notre sortie de l’hôpital, elle a commencé à téter et prenait du poids. En revanche, moi je souffrais mentalement. Ma dépression a duré trois semaines. Au début, ma mère pensait que je faisais des caprices en tant que nouvelle maman. Mais lorsqu’elle a vu que cela durait et que je n’arrêtais pas de pleurer, elle a commencé à s’inquiéter. Moi-même, je ne savais pas que je souffrais de dépression post-partum. C’est après que je l’ai su. Ma grossesse s’est bien déroulée, mais la césarienne n’était pas programmée. J’étais dans une clinique de la place, c’est par la suite que l’on m’a transférée dans un hôpital», indique Amina Guèye.
«MA SŒUR A FINI PAR SUCCOMBER AA LA DEPRESSION POST-PARTUM»
Si nos deux premières interlocutrices ont fini par vaincre la dépression post-partum, ce n’est malheureusement pas le cas d’Adama Faye qui est décédée après son accouchement. Sa sœur, qui travaille dans la santé, raconte comment elle a été emportée par la dépression post-partum. «Elle souffrait d’une terrible dépression post-partum. Elle ne voulait pas du tout voir son enfant, alors qu’elle était très impatiente de l’avoir. Elle avait acheté des habits et des chaussures pour son fils. A sa naissance, le bébé présentait une malformation. C’est ce choc qui lui a causé la dépression. Elle a vécu des moments difficiles et a fini par succomber à la dépression un mois après son accouchement», révèle la sœur d’Adama Faye.
DR SOKHNA SECK, PSYCHIATRE AU SERVICE DE PSYCHIATRIE DE L’HOPITAL DE FANN «25% DES FEMMES SOUFFRENT DE DEPRESSION POST-PARTUM AU SENEGAL»
Psychiatre de son état, Dr Sokhna Seck fait la radioscopie d’un phénomène particulièrement méconnu qui, pourtant, touche beaucoup de femmes après l’accouchement. Dans cet entretien, la spécialiste renseigne que 25%des femmes souffrent de cette maladie au Sénégal.
C'EST QUOI LA DEPRESSION POST-PARTUM ?
La dépression du post-partum se définit comme un trouble de l’humeur marqué par une tristesse intense permanente, évoluant depuis au moins deux semaines, survenant à la suite d’un accouchement. C’est une maladie qui entraîne une rupture avec l’état antérieur de l’individu. Elle survient généralement deux à six semaines après l’accouchement, mais elle peut apparaître jusqu’à une année après la naissance.
QUELLES SONT LES CAUSES DE CETTE MALADIE ?
Les causes sont multifactorielles comme toutes les maladies psychiatriques. C'est l'intégration de plusieurs facteurs qui va expliquer la survenue de la maladie. Parmi ces facteurs, il y a ceux qui sont biologiques. Pendantla grossesse ou après l'accouchement, on assiste à des remaniements sur le plan biologique, notamment un bouleversement des hormones. Il y a aussi des facteurs psychologiques, parce que la grossesse et l'accouchement s'accompagnent d'un remaniement sur le plan psychologique. C’est le cas des conflits inconscients antérieurs comme par exemple des traumatismes vécus durant l’enfance. C'est un processus normal qui peut aboutir à certaines perturbations. Pendant la grossesse ou après l'accouchement, des conflits antérieurs peuvent refaire surface. Par exemple quand vous avez subi un traumatisme durant l'enfance, des conflits avec des parents, ceux-ci peuvent refaire surface. Pendant la grossesse, la femme imagine son enfant ; c'est ce qu'on appelle l'enfant imaginaire et elle va fantasmer. Elle va penser que son enfant sera beau, de teint clair, de sexe masculin. Et ceci peut avoir un fort décalage avec la réalité après la naissance. Lorsqu’il y a ce fort décalage entre l'enfant imaginé et l'enfant de la réalité, cela peut être source de perturbation sur le plan psychologique qui peut aboutir à une dépression post-partum. Il y a aussi les facteurs socio-environnementaux qui sont plus faciles à détecter. On peut avoir la primiparité, c'est-à-dire : quand il s'agit d'un premier accouchement, cela peut être quelque chose d'assez angoissant et stressant pour la femme. Les antécédents psychiatriques constituent aussi un facteur de risque. Autre facteur également, c’estlorsque la femme est confrontée à des conflits conjugaux persistants. Quand la femme est confrontée à une certaine précarité, c'est une source de stress. Idem lorsque la grossesse est compliquée ou que la femme est porteuse d'un enfant malformé. Il y a aussi tout ce qui tourne autour de l'organisation de cérémonie, notamment le baptême qui peut être un facteur de stress, car pendant la grossesse la femme nourrit le devoir de faire des cadeaux à sa belle-famille. Malheureusement, lorsque les moyens financiers ne suivent pas, cela peut aboutir à une dépression post-partum.
COMMENT SE MANIFESTE LA MALADIE ?
Elle se manifeste comme toute dépression classique. C'est la tristesse permanente. Le sujet ne ressent plus du plaisir pour les activités qui lui procuraient du bonheur auparavant. Ceci va s'accompagner d’idées négatives qui vont tourner autour de la relation avec son enfant. La femme va penser qu'elle n'est pas une bonne mère. Il y a la fatigue. Au moindre effort, elle se sent très fatiguée et n'arrive pas à l'expliquer. Il y a de l'épuisement sur le plan physique et psychique. Elle ne va pas dormir la nuit, car elle rumine en se demandant pourquoi elle est dans cet état. Sur le plan alimentaire, il y a une perte d'appétit, mais aussi une prise de poids. La maladie se manifeste aussi par la baisse de la libido. L’envie sexuelle n'est plus là. Jusqu'à six (6) mois après l'accouchement, la femme n'aura pas envie d'avoir des relations sexuelles avec son conjoint.
COMMENT SE DEROULE LA PRISE EN CHARGE ?
La prise en charge passe par la psychothérapie. On écoute la femme parler de son ressenti. Si cela ne suffit pas, on peut avoir recours à des médicaments. On leur donne des anti-dépresseurs qui peuvent aider les femmes à sortir de cette dépression. Nous les aidons à ne pas sentir cette tristesse pour qu'elles puissent s'occuper de leur enfant. Toute dépression doit être prise au sérieux pour éviter qu'il y ait des complications comme le suicide. Chez les femmes souffrant de dépression post-partum, c'est l'infanticide.
QU’EN EST-IL DES CONSEQUENCES ?
Tout médecin psychiatre qui fait face à une personne souffrant de dépression, a cette hantise par rapport au suicide. Durant tout le traitement, on guette ce suicide pour que le sujet ne passe pas à l'acte. Quand une mère ne va pas bien psychiquement, elle ne s'occupe pas de son enfant et la relation ne va pas se porter au mieux. En cas d’altération de la relation, il peut y avoir le risque sur le développement de l'enfant tant sur le plan psycho-affectif que sur le plan cognitif mais aussi des troubles de langage ou de la marche. Il peut y voir aussi des conséquences sur la vie de couple parce que l'entourage ne comprend pas comment une maman ne peut pas être heureuse avec son enfant. Quand l'entourage ou le conjoint ne comprend pas, il y a des tensions.
QUEL EST L'ETAT DES LIEUX DE LA MALADIE AU SENEGAL ?
Au Sénégal, nous n'avons malheureusement pas encore de données. Une étudiante a fait sa thèse sur cette maladie. Elle a parcouru les structures sanitaires et la prévalence que nous avons tourne autour de 25% au Sénégal. Au niveau mondial, les chiffres tournent autour de 10 à 15%. C'est un problème de santé publique. Parfois, nous les hospitalisons et les prenons en charge ici dans le service. Il faut les détecter de façon beaucoup plus précoce, les prendre en charge avant qu'il n'y ait toutes ces conséquences. Quand les femmes éprouvent ces signes de tristesse, elles n'en parlent pas, parce qu'il y a la honte, car elles vont se dire comment les gens vont les regarder lorsqu’elles disent qu’elles ne sont pas heureuses. Elles taisent tout leur ressenti. Maintenant dans les médias, les femmes osent dire qu'elles en souffrent.
QUELS CONSEILS AUX FEMMES POUR PREVENIR CETTE MALADIE ?
En tant que personnel de santé, nous préconisons que l'on puisse détecter les facteurs de risques notamment les facteurs socio-environnementaux. On devrait plus être regardant envers ces femmes-là pour qu'elles ne tombent pas dans la dépression. Nous espérons qu'un jour, cela va être intégré dans la consultation prénatale. Il faut sensibiliser la population sur le fait que cela existe. Il faut aussi faire des enquêtes pour voir cette pathologie dans notre contexte de travail. Il n'y a pas que la dépression post-partum après l'accouchement, il y a d'autres troubles psychiques tels que la psychose puerpérale. Quand on parle de psychose, la personne n'est pas toujours dans la réalité. Elle va tenir des propos délirants. Elle va être persuadée que l'on est en train de la persécuter, qu'on lui en veut et que l'on veut la tuer. Ce sont ces facteurs que la personne va développer après l'accouchement. Ce sont ces cas que nous voyons plus en hospitalisation.
NB : les noms ont été changés
L’ANC S’ERIGE EN BOUCLIER
L’Alliance pour une nouvelle citoyenneté (ANC) se positionne en bouclier, pour la défense des droits humains en général, et, en particulier, les droits des femmes.
L’Alliance pour une nouvelle citoyenneté (ANC) se positionne en bouclier, pour la défense des droits humains en général, et, en particulier, les droits des femmes. En effet, face à cette situation de «dominées» dont les femmes font l’objet, ces militantes pour la défense des droits de la femme, par la voix de Mme Awa Thiam, exhortent leurs sœurs à se battre pour recouvrer tous leurs droits. Elle a lancé cet appel en marge de son assemblée générale tenue hier, lundi 6 février 2023, à Dakar.
Mme Awa Thiam, philosophe de formation, par ailleurs chercheuse en anthropologie culturelle à la retraite et écrivaine, est d’avis que le poids de la crise au plan mondial comme ici au plan local, pose beaucoup plus de problèmes du côté des femmes. «Vous savez, en ce moment, que le monde est en crise. Et cette crise se répercute partout. Et dans les pays d’Afrique, tels que le Sénégal, la crise se ressent essentiellement du côté des femmes. Les hommes, bien sûr, en souffrent, mais j’ai l’impression que le poids de la crise, au plan mondial comme ici au plan local, pose problème du côté des femmes», a déclaré Mme Awa Thiam, porte-parole de l’Alliance pour une nouvelle citoyenneté (ANC).
Évoquant, par ailleurs, les objectifs de l’ANC dans cette lutte, la chercheuse en anthropologue culturelle à la retraite indique : «ce sont des objectifs qui datent d’il y a très longtemps. Comme vous le savez, les femmes sont dans une situation de dominées. Elles sont dominées dans un système patriarcal et cette domination est encore là. C’est une domination millénaire que les femmes vivent encore aujourd’hui. Et ça se traduit de façons différentes. On s’est beaucoup battu, par exemple, au niveau du Sénégal, pour la parité pendant des décennies. C’était une façon aussi de se battre contre la domination masculine. On se retrouve aujourd’hui avec une loi qui est piétinée.» Elle en veut pour preuve les cas des bureaux de l'Assemblée nationale et des Conseils municipaux. «Prenez le cas de l'Assemblée nationale, il y a une loi qui a été votée. Et qui est-ce qui a violé en premier cette loi ?
C’est l’Etat sénégalais. Si vous prenez en considération la manière dont le bureau de l’assemblée a été mis sur pied, il y a eu un président. En principe, le poste de (premier) vice-président devrait revenir à une dame. On a eu un président, ensuite on a un autre homme (premier) vice-président. Vous prenez tout ce qui concerne les mairies. Sur plus de cinq cents, il n’y a même pas eu trente femmes maires.»
C’est pourquoi l’ANC exhorte les femmes à sa battre pour arracher leur droits. «Il faut simplement que les femmes se battent pour recouvrer tous leurs droits. En fait, elles n’ont pas à recouvrer uniquement des droits, il faut que ces droits-là soient étendus. Qu’elles n’aient pas seulement des postes relativement aux élections, mais qu’on les retrouve au gouvernement, cinquante pour cent, cinquante pour cent», a-telle recommandé.
L’écrivaine s’est aussi prononcée sur le cas de la député Aminata Touré, dite Mimi, déchue de son mandat par le bureau de l’Assemblée nationale. Selon elle, «on se sert de certaines femmes et on les jette après. C’est le sentiment qu’on a eu. Tout le monde a vu qu’elle s’est investie pour ce parti-là ; donc, la moindre des choses, c’était quand-même de lui donner quelque chose de conséquent et non pas de l’humilier comme elle l’a été. Beaucoup de femmes se sont senties humiliées à travers ça».
VIDEO
LE FÉMINISME COMME PRATIQUE D'ACTION
Retour sur la cérémonie de lancement du réseau des féministes du Sénégal, le 28 janvier 2023, marquée par plusieurs interventions de figures actives dans la lutte pour les droits des femmes au pays et ailleurs
Retour sur la cérémonie de lancement du réseau des féministes du Sénégal, le 28 janvier 2023, marquée par plusieurs interventions de figures actives dans la lutte pour les droits des femmes au pays et ailleurs.