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2 avril 2025
Femmes
L’ANC S’ERIGE EN BOUCLIER
L’Alliance pour une nouvelle citoyenneté (ANC) se positionne en bouclier, pour la défense des droits humains en général, et, en particulier, les droits des femmes.
L’Alliance pour une nouvelle citoyenneté (ANC) se positionne en bouclier, pour la défense des droits humains en général, et, en particulier, les droits des femmes. En effet, face à cette situation de «dominées» dont les femmes font l’objet, ces militantes pour la défense des droits de la femme, par la voix de Mme Awa Thiam, exhortent leurs sœurs à se battre pour recouvrer tous leurs droits. Elle a lancé cet appel en marge de son assemblée générale tenue hier, lundi 6 février 2023, à Dakar.
Mme Awa Thiam, philosophe de formation, par ailleurs chercheuse en anthropologie culturelle à la retraite et écrivaine, est d’avis que le poids de la crise au plan mondial comme ici au plan local, pose beaucoup plus de problèmes du côté des femmes. «Vous savez, en ce moment, que le monde est en crise. Et cette crise se répercute partout. Et dans les pays d’Afrique, tels que le Sénégal, la crise se ressent essentiellement du côté des femmes. Les hommes, bien sûr, en souffrent, mais j’ai l’impression que le poids de la crise, au plan mondial comme ici au plan local, pose problème du côté des femmes», a déclaré Mme Awa Thiam, porte-parole de l’Alliance pour une nouvelle citoyenneté (ANC).
Évoquant, par ailleurs, les objectifs de l’ANC dans cette lutte, la chercheuse en anthropologue culturelle à la retraite indique : «ce sont des objectifs qui datent d’il y a très longtemps. Comme vous le savez, les femmes sont dans une situation de dominées. Elles sont dominées dans un système patriarcal et cette domination est encore là. C’est une domination millénaire que les femmes vivent encore aujourd’hui. Et ça se traduit de façons différentes. On s’est beaucoup battu, par exemple, au niveau du Sénégal, pour la parité pendant des décennies. C’était une façon aussi de se battre contre la domination masculine. On se retrouve aujourd’hui avec une loi qui est piétinée.» Elle en veut pour preuve les cas des bureaux de l'Assemblée nationale et des Conseils municipaux. «Prenez le cas de l'Assemblée nationale, il y a une loi qui a été votée. Et qui est-ce qui a violé en premier cette loi ?
C’est l’Etat sénégalais. Si vous prenez en considération la manière dont le bureau de l’assemblée a été mis sur pied, il y a eu un président. En principe, le poste de (premier) vice-président devrait revenir à une dame. On a eu un président, ensuite on a un autre homme (premier) vice-président. Vous prenez tout ce qui concerne les mairies. Sur plus de cinq cents, il n’y a même pas eu trente femmes maires.»
C’est pourquoi l’ANC exhorte les femmes à sa battre pour arracher leur droits. «Il faut simplement que les femmes se battent pour recouvrer tous leurs droits. En fait, elles n’ont pas à recouvrer uniquement des droits, il faut que ces droits-là soient étendus. Qu’elles n’aient pas seulement des postes relativement aux élections, mais qu’on les retrouve au gouvernement, cinquante pour cent, cinquante pour cent», a-telle recommandé.
L’écrivaine s’est aussi prononcée sur le cas de la député Aminata Touré, dite Mimi, déchue de son mandat par le bureau de l’Assemblée nationale. Selon elle, «on se sert de certaines femmes et on les jette après. C’est le sentiment qu’on a eu. Tout le monde a vu qu’elle s’est investie pour ce parti-là ; donc, la moindre des choses, c’était quand-même de lui donner quelque chose de conséquent et non pas de l’humilier comme elle l’a été. Beaucoup de femmes se sont senties humiliées à travers ça».
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LE FÉMINISME COMME PRATIQUE D'ACTION
Retour sur la cérémonie de lancement du réseau des féministes du Sénégal, le 28 janvier 2023, marquée par plusieurs interventions de figures actives dans la lutte pour les droits des femmes au pays et ailleurs
Retour sur la cérémonie de lancement du réseau des féministes du Sénégal, le 28 janvier 2023, marquée par plusieurs interventions de figures actives dans la lutte pour les droits des femmes au pays et ailleurs.
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MUJERES POR AFRICA OU LE BOOSTER DES FEMMES D'AFRIQUE
Fondée en 2012 par l’ancienne vice-présidente Maria Teresa Fernandez de la Vega, cette Fondation espagnole apporte un coup de pouce aux femmes d’Afrique dans divers domaines : éducation, sciences, développement durable, cinéma, etc.
Sur bien des aspects, les femmes sont souvent victimes d’injustices diverses qui remontent à des siècles, voire des millénaires. Toutes choses qui freinent leur ascension et les empêchent leur pleine participation au développement de leur société.
Mais quelques initiatives permettent d’épauler les femmes à remonter la pente et réparer peu ou prou quelques injustices, notamment les femmes africaines. C’est le cas de la Fondation Mujeres por Africa.
Fondée en 2012 par l’ancienne vice-présidente Maria Teresa Fernandez de la Vega, cette Fondation espagnole apporte un coup de pouce aux femmes d’Afrique dans divers domaines : éducation, sciences, développement durable, cinéma, etc.
Juriste spécialiste en contentieux d'affaires, Ndèye Fatou Ndiaye est une ancienne boursière de la Fondation Mujeres por Africa. Ses études terminées en Espagne, elle a été nommée coordonnatrice de la Fondation au Sénégal.
En marge d’une conférence organisée récemment à Dakar et animée par la directrice générale de l’égalité Rita Bosaho, au centre culturel espagnol, Instituto Cervantes de Dakar, nous avons interrogé Ndèye Fatou Ndiaye sur cette association dont elle coordonne les activités.
QUAND LES REGLES ENTACHENT LA SCOLARITE DES FILLES
Dans certaines localités , elle ratent des cours pendant les périodes de menstrues à cause d’une précarité qui les prive d’une hygiène intime adéquate.
Le constat est unanime. Les règles entachent la scolarité des adolescentes. Au Sénégal, comme dans plusieurs pays, les menstrues constituent un frein à l’éducation des filles. Certaines d’entre elles, laissées à leur propre sort, sont emportées hors des salles de cours par le flux sanguin de la précarité.
« Quand j’ai mes règles et que je n’ai pas de serviettes hygiéniques, je suis obligée de rentrer chez moi ». Avec une voix assez timide, elle ajoute : « Cela perturbe mes études, car c’est difficile de se rattraper avec les explications de cours ». Ces propos sont de A. Diallo, élève en classe de 3e au Collège d’enseignement moyen de Kénia (CEM Kénia).
Nous sommes à Ziguinchor, région méridionale du Sénégal. Ici, certaines filles n’ont pas les moyens de se payer des serviettes hygiéniques. Elles sont alors confrontées à une situation des plus désagréables et inconfortables. Au Collège d’Enseignement Moyen (CEM) de Kénia, des jeunes filles le vivent depuis plusieurs années maintenant.
La santé et l’éducation sont des droits pour tous. Là où certains luttent pour la scolarisation des filles, d’autres se démènent pour leur maintien à l’école. A côté, il y a un tout autre phénomène qui prend de l’ampleur ; l’accès des filles à l’éducation est quelquefois limité ou menacé. Dans certaines zones, elles ratent des cours pendant un peu plus de trois jours. Cela est la conséquence d’une précarité dans laquelle elles vivent au point de ne pas pouvoir bénéficier d’une hygiène intime adéquate. Notons que les règles, c’est l’écoulement de sang qui apparait une fois par mois, chez la femme. C’est la définition qui est attribuée aux menstruations, qui d’ailleurs est une autre appellation des règles.
Des morceaux de tissu utilisés en période de menstrues
Elles sont nombreuses les filles qui font face à cette situation. A Saint-Louis du Sénégal, plus précisément à Sor, pour la plupart d’entre elles, l’étoffe est leur kit le plus accessible. Et entre les règles douloureuses et la précarité, la solution est toute trouvée afin de « se protéger ». Pour Salimata, c’est simple. « J’utilise des morceaux de tissu quand je suis en période de menstrues ». La première fois qu’elle est allée chercher de l’aide au niveau de l’administration de l’école, les surveillantes lui ont fait comprendre qu’elles n’ont malheureusement pas de serviettes à lui donner. Depuis ce jour, elle s’est rabattue sur les morceaux de tissu pour ses menstrues. Pour elle, c’est le moyen le plus adéquat pour se protéger. Elle s’y est habituée malgré les nombreux risques qui peuvent en découler.
Dr Seck, gynécologue : « Le tissu synthétique ou en polyester peut créer une réaction inflammatoire, allergique. »
Selon le Docteur Seck, gynécologue-accoucheur, ce n’est pas approprié́ d’utiliser n’importe quelle matière de tissu dans ce genre de situations. « Le tissu synthétique ou en polyester peut créer une réaction inflammatoire, allergique. Si vous avez une réaction due à l’intolérance de fibres synthétiques, ça peut créer des démangeaisons, des réactions inflammatoires avec possibilité de créer des lésions, de petites plaies qui peuvent être le nid de microbes ».
Le 28 mai est la Journée mondiale de l’hygiène menstruelle, mais elle n’est pas connue de tous. Cette date dédiée à cette question semble ne figurer que dans l’agenda de certains particuliers, car nombre des filles interrogées n’ont pas connaissance de cette journée.
L’ONG Action Contre La Faim estime à 500 millions les femmes et filles qui n’auraient pas les moyens de se procurer régulièrement des protections hygiéniques, aujourd’hui dans le monde. Selon Plan International, « 2 adolescentes et femmes sur 5 dans le monde ne vont pas à l’école ou au travail parce qu’elles ont leurs règles ». Pourtant, les stratégies ne manquent pas pour réduire le taux de précarité menstruelle. Ce défi s’annonce à la fois vaste et compliqué en plus des préjugés et des tabous. Pour rappel, en septembre 2019, une jeune fille s’est suicidée au Kenya à la suite de l’humiliation qu’elle a subie de la part d’un enseignant. Elle avait ses règles et sans moyen de se protéger, elle a taché ses vêtements. C’était alors l’occasion pour l’enseignant de la traiter de « sale » avant de la renvoyer de la classe.
Toutefois, les actions menées dans plusieurs pays du monde ont donné naissance à beaucoup d’initiatives allant dans ce sens. Au Cameroun par exemple, KujaEcoPads fabrique des serviettes hygiéniques biodégradables à des prix réduits. Dans plusieurs autres pays, des plaidoyers sont faits afin de faciliter l’accès des kits hygiéniques à toutes les femmes.
Les jeunes filles du CEM de Kénia à Ziguinchor, après avoir vécu cette situation pendant plusieurs années, ont pu bénéficier de l’aide de certaines structures. Il s’agit entre autres, du Village d’enfants SOS de Ziguinchor qui, après une formation, a fourni à plusieurs filles des serviettes hygiéniques lavables. Une aubaine pour ces jeunes qui voient enfin une chance de pouvoir étudier convenablement sans rater des cours. D’ailleurs, l’une d’elles soutient que les serviettes lavables sont plus pratiques et plus sûres même si leur durée d’utilisation ne dépasse pas trois ans.
Ces jeunes filles évoluent toutes dans différents clubs mis en place par le corps professoral de leur collège. Du club Education à la Vie Familiale (EVF), en passant par le club des Jeunes Filles Leaders, elles organisent des causeries, assistent à des formations ou des sensibilisations visant à les conseiller, les guider, leur montrer comment faire face à cette situation. Toutefois, elles ne bénéficient pas d’aides venant de la mairie encore moins des autorités sanitaires ou de l’éducation nationale.
Heureusement pour elles, elles peuvent au moins compter sur Mme Bodian, surveillante au CEM Kénia, encadreuse des filles du club des Jeunes Filles Leaders. Elle est celle vers qui elles se tournent quand elles en ont besoin. Cette femme est celle qui les forme ou encore celle qui les a pris sous son aile afin de leur apporter toute l’aide et tout le soutien dont elles ont besoin. Très touchée par la cause de ces filles qui vivent dans la précarité, elle achète elle-même des serviettes hygiéniques pour elles. Parfois, avec la participation de quelques-uns de ses collègues, ils payent également des médicaments pouvant atténuer les règles douloureuses afin de leur permettre de suivre les cours sans problème.
L’administration de l’école essaie de mettre la main à la pâte. « L’école (le Principal) avait proposé à ce que l’on mette un stock de serviettes hygiéniques à la disposition des filles juste au cas où̀ elles en auraient besoin, mais jusqu’à présent rien n’a été fait ». Ces propos de Mme Bodian traduisent toute la peine qu’elle ressent en voyant la situation qui va de mal en pis sans solution concrète.
La santé de la reproduction constitue un sujet sensible et également un tabou dans certaines zones du pays. Alors, la question des menstrues, qui est parfois liée à la culture, constitue une barrière pour certaines choses. Difficile pour ces filles de s’exprimer librement sur le sujet avec n’importe qui. Aujourd’hui, la situation s’améliore même si elle n’a pas totalement changé. Avec cette condition, une meilleure implication des autorités est souhaitée par les élèves et le corps professoral afin de changer la donne.
Sur le marché, les prix des serviettes hygiéniques varient entre 500 francs CFA et 4.000 francs CFA. Elles sont ainsi un luxe pour certains parents qui préfèrent « s’occuper de choses plus importantes ». C’est ce que Mère Diaité nous fait comprendre. Cette maman de 5 enfants, dont 3 filles, est une ménagère. Le peu qu’elle gagne, elle l’investit dans l’éducation de ses enfants. Pour elle, il est impossible d’ajouter à ses dépenses d’autres frais. « Leur trouver de quoi manger et payer leurs frais de scolarité, c’est ma mission. C’est déjà dur de gérer cela donc si je dois y ajouter l’achat de serviettes hygiéniques, c’est clair qu’ils ne mangeront pas ». Ses filles se voient malheureusement se contenter des vieux t-shirts dont les voisins n’ont plus besoin.
Impact Social 221 à la rescousse des couches vulnérables
Magor Dia est un sociologue de formation, également coach en parentalité. Il a mis en place, avec d’autres collègues, une association nommée Impact Social 221 dont il est le coordinateur. En réalité, Impact social 221 est une organisation à but non lucratif, créée par des travailleurs sociaux, sociologues et psychologues pour promouvoir le développement social à travers des actions qui impactent directement la vie des personnes, des familles et des communautés. L’organisation déroule tous les deux mois une activité sociale pour apporter son soutien à la couche vulnérable. D’ailleurs, « une collecte de serviettes hygiéniques a été lancée en 2022 pour lutter contre la précarité menstruelle. Le choix de cette collecte s'est fait suite au constat que nous avons fait concernant des filles qui sont en situation de précarité menstruelle très avancée ».
Tout comme ces jeunes filles du CEM de Kénia, cette situation est vécue par plusieurs autres femmes, que cela soit à la maison, dans les prisons, mais également dans la rue, c’est partout dans le Sénégal que ce constat est fait. Cette organisation, mise en place par des jeunes à la fois dynamiques et engagés pour la bonne cause, a réussi à collecter un certain lot de serviettes hygiéniques. « Nous avons ajouté à cette collecte (de serviettes hygiéniques) une de vêtements pour toujours permettre à ces filles, en situation de vulnérabilité, de ne pas se sentir seules ».
Œuvrant pour toucher positivement le maximum de personnes vulnérables, Impact Social 221 appelle « tous les Sénégalais à faire un geste pour impacter le social ». Pour eux, « il y a des personnes qui se soucient de leurs (les personnes vulnérables) conditions de vie et qui feront tout pour les accompagner à vivre dans la dignité ».
Plus qu’un plaidoyer, c’est une question d’intérêt général, de santé publique, d’égalité et de dignité, car il s’agit de la vie des jeunes filles qui plus est une question de droit humain fondamental. Et à ce niveau, le cerveau n’a pas de genre.
LES MIGRANTES, HÉROÏNES NÉGLIGÉES DU DÉVELOPPEMENT ÉCONOMIQUE
Les femmes peuvent être, de moins en moins, considérées comme de simples figurantes du projet migratoire des familles dont elles constituent un moteur important de l’ambition de réussite, au Sénégal comme dans bien d’autres pays d’accueil
Les femmes peuvent être, de moins en moins, considérées comme de simples figurantes du projet migratoire des familles dont elles constituent un moteur important de l’ambition de réussite, au Sénégal comme dans bien d’autres pays d’accueil dans lesquels la contribution des migrantes à la création de richesse est une donnée essentielle de ce phénomène, à rebours de tous les clichés sur ce sujet.
La migration, régulière ou non, concerne toutes les catégories de population, dont les femmes, actrices importantes d’un phénomène qui a toujours contribué à la prospérité des pays, à travers les âges et les siècles, malgré la force des préjugés et des idées reçues.
Des migrantes de nationalité sénégalaise ou des étrangères vivant au Sénégal, témoignent pour l’APS des bienfaits de la migration qui leur a permis de prendre leur destin en main en s’ouvrant au monde et en se confrontant à d’autres réalités et cultures.
Aïda Sock, une Sénégalaise d’une trentaine d’années, en est un bon exemple. Cette artiste chanteuse et entrepreneure, a un point de vue plutôt tranché sur la question, en parlant de la migration en termes d’opportunités.
Il est important de partir, sous-entendu chacun doit avoir la possibilité d’aller voir d’autres horizons, chaque fois que le besoin de découvrir des cultures différentes et des choses nouvelles se fait ressentir, dit cette diplômée en administration des affaires et en commerce international du Miami Dade College et de l’université internationale de Floride, aux Etats-Unis.
Aïda Sock considère que son séjour aux Etats-Unis lui a apporté plus de savoir-faire et d’ouverture d’esprit sur le monde, malgré la perception négative que l’opinion a du migrant dans certains pays et sociétés.
Au pays de l’Oncle Sam, elle dit avoir ressenti de la curiosité plus qu’autre chose dans le regard que les autres posaient sur lui, surtout pas de mépris.
‘’Il y avait beaucoup de curiosité vis-à-vis de quelqu’un venu d’Afrique dans les normes, qui travaille et gagne sa vie. Il y a eu plus d’ouverture de portes qu’autre chose’’, confie-t-elle en riant.
‘’Je suis partie aux Etats-Unis pour étudier, avoir plus d’expérience mais également pour travailler. Et lorsque j’ai fini mes études, j’ai décidé volontairement de rentrer pour apporter à mon pays ce que j’ai reçu à l’étranger’’, explique Aïda.
A son retour au bercail, la jeune artiste qui compte notamment une participation à ‘’The Voice Afrique francophone’’, version africaine francophone de l'émission de télécrochet The Voice, se sent suffisamment armée pour lancer son entreprise et s’engager dans les affaires. Ce qui constitue à ses yeux la meilleure manière de participer à la création de richesse au profit de son pays.
Aïda a porté cette entreprise sur les fonts baptismaux avec l’aide de sa sœur et en se servant des différentes expériences professionnelles qu’elle a acquises à l’université mais aussi dans le domaine du mannequinat.
Cette entreprise spécialisée dans l’art, la mode et la nourriture, a contribué à créer des emplois mais a surtout ‘’apporté une nouvelle approche dans ce domaine, un traitement salarial différent, de l’embauche, la formation des employés et plus d’opportunités avec des partenaires’’, se félicite la jeune entrepreneure.
L’appétit venant en mangeant, Aïda lance une autre entreprise dans le domaine de l’art sous son propre label ‘’Mandarga Music’’, histoire de se tester et de voler de ses propres ailes.
La jeune femme, pas dupe, laisse entendre que les risques encourus par cette entreprise individuelle sont bien calculés. ‘’En tant que femme, dit-elle, je sais qu’il y a une question de sécurité qui se pose. C’est plus une question de s’assurer juste de ne pas partir sur un coup de tête, mais de faire attention sur sa destination et d’avoir un objectif à atteindre’’.
L’artiste musicienne convient que parfois il est important de partir de son pays pour mieux apprendre de la vie et s’imprégner d’autre chose, avoir plus de bagages pour apporter un plus à son pays d’accueil et d’origine.
Mais il demeure que la migration, surtout dans le cas des femmes, doit se faire ‘’dans les règles’’, de manière régulière, pour que personne ne soit amenée à risquer sa vie, observe-t-elle.
Partir pour apprendre, se confronter à d’autres horizons
De nationalité ivoirienne, Nathalie Nguessan est établie au Sénégal depuis 20 ans et ne manque jamais de louer l’importance de la formation qu’elle a reçue dans ce pays d’accueil où elle se sent épanouie.
Désormais mariée et mère de 3 enfants, cette employée de l’ONG Enda Energie dont elle est la responsable de la communication, n’était venu au Sénégal que pour renforcer sa formation et acquérir plus de connaissances.
Nathalie se dit plus que jamais décidée à rester dans son pays d’accueil, devenu, par la force des choses, sa seconde patrie.
‘’Je ne voyais pas l’opportunité de rester [en Côte d’Ivoire] dans un contexte de crise politique à l’époque, et je m’étais dit pourquoi pas chercher quelque chose au Sénégal, vu que j’ai fait ma formation ici’’, se justifie cette experte en communication, qui insiste sur la solidité de son cursus de formation ayant facilité son insertion professionnelle au Sénégal.
‘’Plusieurs personnes dans mon cas ont tenté de trouver du boulot ici, sans succès, et ont décidé de rentrer au pays, mais moi par contre, j’ai eu de la chance. Ce pays a été un terrain d’apprentissage pour moi, surtout dans le domaine du développement durable’’, indique Nathalie.
Mme Nguessan reconnait, par contre, avoir dû s’adapter à la culture sénégalaise, ce qui lui a permis de facilement faire valoir ses compétences professionnelles.
‘’Ma présence au Sénégal m’a permis d’aller au-delà de mon travail, pour entreprendre dans le domaine des cosmétiques en valorisant nos matières comme le cacao et le karité’’, renseigne Nathalie Nguessan, qui s’adonne au business à ses heures perdues.
Tout comme Aïda Sock, Nathalie soutient que la migration reste une bonne chose, en ce qu’elle permet aux femmes surtout de prendre leur destin en main, à condition qu’elle soit régulière.
‘’C’est possible de réussir en Afrique aussi, moi j’en suis la preuve. Il n’y a pas que l’Occident qui offre cette opportunité. Même ici, on peut créer des activités génératrices des revenus, mais tout dépend du domaine dans lequel vous vous engagez’’, poursuit-elle.
Nathalie va plus loin. La migration Sud-Sud reste plus bénéfique que celle Nord-Sud, affirme la native de Côte d’Ivoire, qui invite à se tourner vers les pays du continent, plutôt que de tenter l’aventure en mer pour un hypothétique Eldorado européen.
‘’L’Afrique est un terrain vierge’’, constate Nathalie d’un air plutôt sérieux pour le coup, avant d’ajouter : ‘’Les Occidentaux eux-mêmes viennent travailler ici. Si on a la formation et l’accompagnement nécessaire, on peut faire plus dans le continent’’.
Toujours est-il que Mme Nguessan dit se réjouir de voir de plus en plus de femmes profiter des opportunités offertes par la migration pour prendre leur destin en main et devenir de réels soutiens pour leurs familles.
Halima Saker Ahmed Damoh, une jeune entrepreneure d’origine tchadienne, parle à ce sujet d’une véritable prise de conscience féminine, se disant fière à titre personnel de se découvrir des capacités à franchir les obstacles de la vie pour aller toujours de l’avant.
A l’entendre, le Sénégal et la gentillesse dont les Sénégalais ont fait preuve à son égard n’y sont pas étrangers, la vie dans ‘’le pays de la Téranga’’ lui ayant permis de d’ouvrir les yeux sur beaucoup de choses et de devenir plus autonome.
‘’Je me suis fait une autre famille ici au Sénégal, avec des voisins et des personnes qui m’ont accompagnée depuis mon arrivée, en 2006’’, relève Halima, trouvée dans son bureau à Keur Ndiaye Lô, à une trentaine de kilomètres de Dakar, dans le département de Rufisque.
Cette femme battante aux multiples casquettes, entrepreneure dans le domaine de la menuiserie moderne, se félicite surtout de la tolérance dont les Sénégalais font preuve à l’égard des migrants.
Mme Damoh, conquise par ce trait de caractère des Sénégalais, demeure sous le charme de son pays d’accueil, qu’elle considère comme le sien.
Femme battante aux multiples casquettes
Dans sa petite entreprise de menuiserie moderne, elle emploie quelques Sénégalais avec lesquels la Tchadienne d’origine entretient des rapports empreints de cordialité et de respect mutuel, comme souligné par l’entrepreneure elle-même.
‘’Mon entreprise vient à peine de naitre mais j’ai pu créer de l’emploi ici au Sénégal grâce à ce que j’ai appris à l’école. Mon ambition est de faire plus que ce que je fais aujourd’hui’’, indique cette diplômée en ingénierie financière.
D’après Mme Damoh, le Sénégal demeure un pays de paix et de justice pour tous. ‘’Peu importe tes origines, dit-elle, lorsque tu as raison, la justice sera toujours en ta faveur’’.
L’analyse de la socio-anthropologue Oumoul Khaïry Coulibaly, spécialiste de la migration, donne toute la mesure de la place des femmes migrantes dans les pays d’origine et de destination.
‘’Certaines créent des emplois, même si elles sont moins nombreuses. Elles contribuent aussi à l’économie, à travers les transferts de fonds et de matériels, payent des taxes quand elles créent des activités, mais tout cela reste invisible’’, pour des raisons liées à la perception que la société a des migrations féminines, souligne-t-elle.
Il résulte de ce constat que les migrantes ont ‘’un rôle social très important’’, selon cette socio-anthropologue, enseignante-chercheuse à l’Ecole supérieure d’économique appliquée (ESEA) de l’université Cheikh Anta Diop de Dakar (UCAD).
‘’Elles contribuent à l’économie de leur famille, voire prennent entièrement en charge les besoins de leurs proches, mais on a tendance à l’oublier, parfois’’, dit Oumoul Khaïry Coulibaly.
‘’Si on parle peu de la réussite des migrantes, cela est due à l’image que l’on a d’elles. Étant perçues comme des accompagnatrices passives, elles sont rarement considérées comme une catégorie sociale à part entière et ayant un projet migratoire’’, analyse-t-elle.
‘’Et pourtant, avance-t-elle, même celles qui partent dans le cadre familial sont souvent animées d’une ambition de réussite socioéconomique. Il en est de même pour les migrantes de retour et de leurs activités dont on parle peu’’.
La faute aux représentations sociales négatives qui empêchent une bonne perception de l’importance du rôle de la femme, observe la socio-anthropologue.
‘’Dans nos sociétés africaines, le rôle de l’homme comme pourvoyeur économique est tellement ancré que les migrations liées au travail sont avant tout perçues comme un phénomène masculin, passant ainsi sous silence les migrations féminines, alors que les débuts de la féminisation des migrations sénégalaises en Europe, par exemple, remontent, au moins, à la fin des années 70, et surtout au début des années 80, notamment suite à la fermeture des frontières françaises à la migration de travail’’, explique la chercheuse.
L’apport des femmes migrantes compte autant que celui des hommes
Pas de doute donc que les femmes migrantes contribuent plus que ce que l’on pense à l’économie de leurs pays d’origine et d’accueil grâce à leur travail et leurs activités.
Il faut déjà partir de ce que de manière générale, la contribution de la diaspora et des migrants de retour au PIB national ne souffre plus d’aucune contestation.
Selon Abdoul Karim Cissé, conseil technique à la Direction des Sénégalais de l’extérieur, la diaspora, hommes, femmes et jeunes réunis, contribuent à hauteur de 10% au PIB national.
La contribution des migrants dans le développement socio-économique est surtout visible dans le domaine des infrastructures sociales de base, note M. Cissé.
S’agissant de l’aide apportée aux migrantes, il indique qu’un fonds d’appui existe au niveau de la Direction des Sénégalais de l’extérieur pour appuyer leurs différents projets dans les pays d’accueil comme dans les pays de départ.
Il cite notamment le Fonds d’investissement des sénégalais de l’extérieur (FAISE) et son volet destiné au financement des femmes de la diaspora (FFD), lequel prend en compte, dit-elle, les migrantes de retour au bercail comme celles vivant à l’étranger.
Selon Abdou Karim Cissé, ce fonds permet aux femmes de fiancer leurs projets sans taux d’intérêt, avec une durée de paiement de 3 mois et de remboursement allant de 12 à 18 mois.
Malgré la relative méconnaissance de ce fonds par certaines migrantes de retour, M. Cissé soutient que beaucoup de femmes ayant bénéficié de cet appui ont réussi dans leurs activités.
‘’C’est vrai que ce fonds n’est pas vraiment connu, mais il y a des femmes qui en ont bénéficié’’, certaines trajectoires relevant même d’une véritable ‘’success story’’, même si ‘’d’autres ne s’en sortent pas parfois’’, précise M. Cissé.
Le hic c’est qu’il existe des migrantes revenues au bercail avec des différents projets nécessitant un appui, ‘’mais elles ne connaissent l’existence de ce dispositif (FDD)’’, déplore-t-il, avant de préconiser que ces dernières puissent se rapprocher du ministère de tutelle à travers le Bureau d’accueil d’orientation et de suivi (BAOS) dans les 14 régions, pour corriger cet impair.
‘’Dans les 46 départements, nous avons de points focaux [à travers les antennes de Sénégal Service]’’, Plateforme de gestion des démarches administratives du Sénégal. Il s’agit de corriger l’accès à l’information et d’animer sur le territoire la partie migratoire, car les réalités diffèrent pour chaque région’’, conclut-t-il.
À KOLDA, DES FEMMES DEMANDENT LE RELÈVELENT DE L'ÂGE DU MARIAGE CHEZ LES FILLES
La section de Kolda de l’union des associations des femmes catholiques du Sénégal, a appelé samedi, les divers acteurs à œuvrer pour le relèvement de l’âge de mariage des filles dans une démarche de lutte contre les mariages précoces dans cette région
La section de Kolda de l’union des associations des femmes catholiques du Sénégal, a appelé samedi, les divers acteurs notamment les parents à œuvrer pour le relèvement de l’âge de mariage des filles dans une démarche de lutte contre les mariages précoces dans cette région sud du Sénégal.
‘’Il faut que les parents tiennent en compte les intérêts des adolescentes afin d’éviter d’éventuelles complications à ces jeunes mises en couples très tôt. Nous disons non aux mariages d’enfants. Il faut que les parents donnent leurs filles en mariage à partir de 18 ans’’, a déclaré Antoinette Nzally.
Elle s’exprimait lors d’une marche de sensibilisation contre les violences basées sur le genre particulièrement les mariages précoces des filles, organisée dans la ville de Kolda.
‘’La fille mariée à 16 ans qui n’est encore qu’une adolescente ne peut être consentante et souvent elle est obligée par des parents à contracter un mariage forcé. Et marier son enfant à cet âge, c’est de la priver de l’éducation si elle était à l’école et de l’exposer aux risques de connaitre des complications dans sa maternité’’, a expliqué Antoinette Nzally.
‘’Cette pratique (mariage précoce des filles) reste d’actualité à Kolda où, le taux de prévalence est très élevé avec 68 % par rapport à la moyenne nationale qui est de 33%’’, a indiqué Marième Diarra, venue représenter lors de cette marche, la Boutique de Droits de Kolda.
Les organisatrices de la marche de sensibilisation contre les violences basées sur le genre ont aussi plaidé pour l’harmonisation du Code de la famille avec les textes internationaux ratifiés et signés par l’Etat du Sénégal, afin de protéger les adolescentes contre les mariages précoces.
par Assiétou Penda DIOP K.
MOI, NOIRE, MUSULMANE, FÉMINISTE
Le mauvais procès fait à la cause féministe, proviendrait alors de l’interprétation arbitraire faite par des hommes de certains textes religieux, et d’un legs colonial inadapté à nos réalités culturelles
WanaData |
Assiétou Penda Diop K. |
Publication 21/01/2023
« Je suis féministe » Aussi longtemps que je me souvienne, cette assertion a revêtu une connotation péjorative, pas seulement au Sénégal, mais dans le monde entier. Être féministe, est assimilé à une revendication insensée menée par des femmes pour la plupart jugées acariâtres, hystériques et « anticonformistes », dans le but d’acquérir des droits longtemps bafoués et/ou profondément annihilés par une solide puissance masculine dominatrice ne souffrant d’aucune équivoque. Être féministe dans mon pays c’est revêtir la toge d’un avocat du diable. Bien entendu, la métaphore n’est pas difficile à saisir : le diable est la femme, le sexe faible comme la société a choisi, sans grand effort, de la caractériser. Aujourd’hui encore, les sénégalais aiment comparer les féministes à des personnes frustrées, n’ayant ni la délicatesse, ni le tact requis pour séduire et retenir un homme dans le but strict et « glorieux » du mariage. Dans l’imaginaire commun des sénégalais, les féministes sont donc cette élite de « vieilles filles », célibataires, qui ont pour la plupart une très bonne condition sociale et qui refusent, (pour une raison évidente qu’est le déni de la subordination légendaire que chaque individu de sexe féminin doit vouer à un homme) de se « conformer » à la norme sociétale. En réalité, revendiquer les droits des femmes et réclamer une égalité parfaite entre les genres humains ne sauraient être le fondement du féminisme, selon eux, il y a sans nul doute une influence occidentale accrue qui chercherait à « pervertir » la société sénégalaise en bouleversant les « us et coutumes de nos ancêtres » bien ancrées dans les « entrailles du patriarcat ».
« Nous ne sommes pas des occidentaux »est certainement la phrase la plus courante qu’un homme ou une femme sénégalaise, sort lors d’une polémique sur la pensée féministe.
Beaucoup de femmes ignorent que des acquis politiques et administratifs (droit de vote, droit de déclarer son enfant né hors mariage, droit d’aller à l’école, droit de s’autodéterminer pour le mariage civil, loi sur la parité, criminalisation du viol …) qui leur semblent aujourd’hui naturels, sont le fruit de longues luttes menées par des féministes noires africaines, souvent au prix du sang. Et au-delà de la revendication exclusive des droits des femmes, ces dernières ont brillamment pris part à des évènements majeurs en y apportant un appui considérable ; on peut citer à cet effet la lutte pour les indépendances, la grève des cheminots de 1947 etc.
On fait souvent recours à la tradition pour demander aux femmes « de rester à leur place ». Le présent a la mémoire courte car notre histoire nous apprend à quel point la tradition accordait une place d’égale dignité aux hommes et aux femmes. Dans la société lébou les « ndey ji rew », figures féminines, dirigeaient l’organe de décision et régulaient la communauté afin d’y maintenir l’ordre. Aussi, la société wolof fut foncièrement matriarcale avec la transmission, par le biais de la mère de l’héritage familial, autant par le nom que par les biens matériels. Nous magnifions aujourd’hui encore la légendaire bravoure des femmes de Nder. C’est certainement grâce à cette « légitimité sociétale » des femmes, que la Reine du Walo Ndatté Yalla MBODJ en 1855 a pu mener la première résistance face aux colonisateurs français. La prégnance de sa lutte trouve un écho dans le sud du pays avec Aline Sitoe Diatta qui s’opposa fermement à l’invasion étrangère, jusqu’à notre histoire politique contemporaine avec Soukeyna Konaré connue pour ses passes d’armes avec Lamine Gueye, tout puissant premier président de l’assemblée nationale sénégalaise. Ces éléments factuels démontrent l’importante place accordée à la femme dans la société sénégalaise d’antan mais sont surtout la preuve que les femmes ont toujours semé des germes de changement solides.
C’est fort de cet héritage socio historique, que plusieurs mouvements féministes et organisations féminines ont fait leur apparition vers les années 70 et 80 (l’Association des juristes sénégalaises (AJS) (1974),la Fédération des associations féminines du Sénégal (FAFS) (1977), l’Association des femmes pour la recherche et le développement (AFARD) (1977), le mouvement Yewu Yewi (1984) etc). Grace à ce bouillonnement associatif et intellectuel, le Sénégal procèdera à la ratification de l’ensemble des Conventions relatives aux droits des femmes et jettera les bases politiques et juridiques pour l’égalité femme-homme (SNEEG). Force est donc de reconnaitre que les transformations sociales et politiques apparues au Sénégal, impulsées par les combats féministes, ont permis une meilleure représentation des femmes dans les institutions dirigeantes, l’intégration du genre dans les politiques de développement, et la mise en place de mécanismes de promotion féminine.
Cependant, malgré ces avancées considérables sur le plan institutionnel, l’absence d’une rupture dans la question de la subordination dans les rapports de genre est palpable. La marginalisation des femmes demeure un fait social indéniable. Ce hiatus entre une base culturelle favorable à la femme et une réalité contemporaine qui l’oppresse s’expliquerait par quelques tournants historiques marquants qui ont quelque peu « déstructuré » le système social sénégalais. Il s’agit de l’arrivée de religions étrangères et de la colonisation française. En effet, le leadership reconnu aux figures féminines citées plus haut (Ndatté Yalla, Aline Sitoé Diatta…) ainsi que la pratique du matriarcat dans la société wolof, s’effriteront au contact de ces apports culturels et cultuels venus de l’extérieur. Le mauvais procès fait à la cause féministe, proviendrait alors de l’interprétation arbitraire faite par des hommes de certains textes religieux, et d’un legs colonial inadapté à nos réalités culturelles.
… La transposition de modèles culturels prônant l’exclusion des femmes du système politique et donc de la sphère décisionnelle, ainsi que la négation de l’accès à la terre opposée à ces dernières (Loi salique XIVe siècle) (F.S.SARR — 2018), dilueront le « pouvoir » des femmes. Cet état de fait se poursuivra jusqu’après les indépendances et s’insurgera dans l’espace socio culturel. Les femmes sont de plus en plus confrontées à des obstacles d’ordre structurel causés par des lois et des institutions discriminatoires (code de la famille-1972) qui réduisent leurs possibilités d’entrer pleinement dans l’exercice de leurs droits humains. A titre illustratif, plusieurs dispositions du code de la famille qui confèrent un total pouvoir à l’homme au sein du foyer au détriment de la femme, sont aujourd’hui encore sujets à une forte polémique (voir référence en bas de page). À noter que ces dispositions ne tiennent pas seulement compte de l’univers socio culturel sénégalais, mais sont fortement inspirées de références juridiques occidentales et arabo musulmanes qui, loin de s’opposer totalement à notre réalité coutumière, s’insurgent pour la plupart, contre une bonne partie de nos valeurs et pratiques socio culturelles habituelles.
L’arrivée de religions étrangères bouleverse le cadre socio culturel sénégalais. En effet, l’interprétation faite des textes religieux, prône une classification sociale foncièrement orientée vers le patriarcat. À croire que « la réaction est humaine de se donner une large portion quand on partage le gâteau », c’est sans grande surprise que les hommes ont conféré aux hommes les pleins pouvoirs sur le plan politique, social, financier, en « s’appuyant », selon eux, «sur des recommandations religieuses». Une multitude de règles restrictives à l’égard de la liberté d’expression, de l’exercice du pouvoir, de la participation à la vie politique, est désormais appliquée aux femmes, « au nom de la religion ». Elles se voient ainsi retirer des espaces de décision communautaires et familiaux. L’imaginaire sénégalais voudrait donc que les femmes soient dûment habilitées à se conformer à une interprétation plus ou moins « erronée » de nos références religieuses. Cette posture devant implicitement impliquer une annihilation d’un mouvement revendicatif de droits des femmes et donc d’une pensée féministe. Le contexte socio historico politique est une preuve concrète du retrait des femmes de l’espace politique, du refus opposé à leur désir de parole.
Le Pr Saliou NGOM révèle à cet effet, que la plupart des recherches faites sur la participation politique des femmes distinguent une période d’exclusion symbolisée par l’absence des femmes dans les instances de décisions dans les années 70 et une période d’inclusion impulsée par les mouvements féministes et les politiques d’empowerment.
« Au nom de la religion », qu’elles se taisent, et qu’elles n’aient droit à la parole que lorsque qu’elles y sont autorisées!
Plusieurs chercheurs dont Zahra Ali, s’interrogent. Cette dernière dans son ouvrage intitulé « Je suis musulmane et féministe, ne soyez pas surpris ! » pose cette problématique : « En tant que musulmane pratiquante et féministe convaincue, j’aimerais que tous ceux qui nient la possibilité de mon existence commencent tout d’abord par se demander pourquoi penser que « l’islam est une religion patriarcale » leur paraît si évident ? D’où leur vient cette certitude selon laquelle l’islam — plus que toute autre religion — serait par définition inégalitaire et oppressif à l’égard des femmes ? »
Tant de questions qui méritent des réponses plausibles, concrètes et réalistes dans une société comme la nôtre qui continue d’alimenter une polémique anti féministe mue par une ignorance totale des fondements de la dite pensée.
En réalité le féminisme est, et demeurera une lutte acharnée d’une poignée de femmes et d’un soupçon d’hommes pour l’atteinte d’abord : des droits humains des femmes, de leur dignité humaine, de leurs libertés individuelles, du respect de leur condition de femme avec tout ce que cela comporte comme singularité caractérielle, particularité et spécificité des besoins. Le féminisme représente aussi, ce mouvement féminin, capable de mettre à nu les failles d’une communauté humaine, qui en lieu et place d’une promotion de l’équité et de l’égalité des genres, creuse les écarts entre ces derniers en magnifiant des pratiques juridico institutionnelles néfastes, en s’auto glorifiant d’un patriarcat funeste, au détriment d’une égale dignité entre les femmes et les hommes.
Aujourd’hui, après plusieurs siècles de combats, avec en poche la consécration de l’égalité des droits entre les sexes en politique et dans la vie publique par l’article 7 de la Convention internationale sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes de 1979, les inégalités salariales persistent, la non effectivité ou l’application partielle de plusieurs acquis juridiques (droit à l’avortement, criminalisation du viol, parité etc) sont encore d’actualité et la démocratie telle que pratiquée au Sénégal et le système politique en général, sont de loin favorables à l’exercice des droits des femmes. Les écarts entre les genres sont davantage creusés par des pratiques institutionnelles, auxquelles s’ajoutent des facteurs socio-culturels qui ne favorisent pas la représentation des femmes dans les hautes instances. L’engagement politique des femmes a toujours été prégnant, mais tarde toujours à se traduire par une occupation réelle de postes politiques.
« On ne nait pas femme, on le devient » disait Simone De Beauvoir en faisant référence au processus de structuration des rôles et rapports de genre dans les sociétés. Cette assertion trouve un sens profond dans la modélisation des rôles au Sénégal où la « coutume » voudrait qu’on naisse fille, qu’on grandisse prédisposée à être une femme mariée, qu’on vive une vie d’épouse modèle et qu’on meurt mère. Aucune marge n’est laissée à la possibilité de faire éclore un potentiel leadership féminin propice au développement économique, à la réinvention des savoirs. Au contraire, l’exercice d’acquisitions de savoir-faire, de savoir être, de comportements, d’habitus, tourne autour d’une volonté marquée de façonner « une femme vertueuse » exempte de tout désir allant à l’encontre de la recherche d’« un bon mari » capable de subvenir à ses besoins, à qui elle vouera sa vie terrestre et duquel dépend son « bonheur dans l’autre monde ».
Cette « règle sociale » doit cesser à tout prix. Nous ne devons plus souscrire à une annihilation des droits de la plus grande moitié de la population humaine. Et parce qu’ « en tant que femme, nous devons montrer notre taux d’utilité nationale», j’emprunte l’expression à Mme Nafissatou Wade, je reste formellement persuadée que les luttes féministes ont leur place dans la marche continue de notre pays. Il est temps de mettre fin à des siècles de perpétuation de pratiques discriminatoires, de violences physiques, morales et psychologiques basées sur le genre, d’inégalités sociales grevant l’économie.
Ceci passe par une réappropriation de nos valeurs culturelles pré coloniales, par la revivification de « notre histoire », l’histoire de l’Afrique, du Sénégal, racontée par nous-mêmes, par nos voix autorisées, par nos écrits consacrés (aussi peut soit il).
En réalité, l’histoire, en tout cas la bonne version, est indispensable dans la lutte contre les discriminations faites aux femmes et aux filles au Sénégal. Elle est importante en cela qu’elle reste le seul moyen d’édifier le peuple sur la véritable structure de son système social. En effet, l’occident n’a rien à nous apprendre et nous « n’avons personne à rattraper » en termes de leadership social inclusif et représentatif. Avec le matriarcat longtemps appliqué par la société wolof, avec l’existence des ndey ji rew, le rôle légendaire qu’ont joué nos reines et résistantes d’avant l’avènement des colons, nous avons toujours eu des femmes et des hommes valeureux. Notre histoire, qui débute bien avant l’avènement des religions venues d’ailleurs, nous prouve à plus d’un titre que notre système social était loin d’être inégalitaire.
Ce qui nous amène à dire que le fondement de la pensée féministe des africaines de l’Ouest et particulièrement des sénégalaises ne devraient pas se focaliser sur une acquisition de droits mais plutôt une réappropriation de ceux-ci.
Loin de moi l’idée de « diviser » les féministes et féminismes, mais il se trouve que chaque lutte détient intrinsèquement une origine légitime, un fondement historique. Ceux du féminisme ouest africain devraient résider dans le rétablissement du statut des femmes lors de la période précoloniale, la réappropriation des droits jadis détenus par celles-ci, leur réinsertion dans le système politique, avec comme seule référence, le système socio culturel sénégalais voire africain. Ce féminisme se veut revendicatif des droits des femmes sans aller à l’encontre du culte religieux, sans « déshabiller » les femmes, sans leur ôter les multiples fonctions sociales que la tradition Africaine — Sénégalaise leur assigne, tout en leur reconnaissant une réelle capacité à formuler une pensée, une pensée libre, déconstructrice de préjugés inégalitaires et constructive d’un monde meilleur. Ce féminisme s’identifie partiellement à Simone de Beauvoir — il magnifie sa bravoure, son innovation, il loue la noblesse de son combat mais réfute l’appel à la « dépravation » ainsi que le rejet de l’institution qu’est le mariage. Il en est de même pour la forme de revendication des Femens qui ne saurait être conforme aux valeurs traditionnelles africaines.
Des féminismes, il en existe ! Leurs formes de revendications peuvent diverger ainsi que les fondements théoriques, mais le socle de la dite pensée reste le même, celui de l’établissement d’une société où les femmes et les hommes sont égaux devant les institutions, la grille rémunératrice, la structure juridique, « l’œil socio communautaire ».
25 ans après Beijing 95, des disparités existent toujours au sein de nos communautés. Des avancées sont certes notées mais il persiste un large éventail de gaps à résorber.
Cependant, une nouvelle génération de féministes est née. Une génération qui s’attèle à l’écriture, à la pensée, aux actions et au changement ! Une génération qui s’identifie à une référence féminine africaine, noire, contemporaine, qui s’inspire de Mariama Bâ, Anette Mbaye Derneville, Ndeye Arame Diene, Marie Angélique Savané, Ndioro Ndiaye, Chimamanda Ngozie Adiche etc. Une brand new generation of feminists qui a compris qu’il est possible d’allier ses convictions religieuses avec celles politiques, qui n’hésitent pas à interroger les textes religieux, l’histoire, la realpolitik afin de souscrire à l’exercice de restructuration des sociétés africaines modernes, afin que les générations futures ne souffrent d’aucune discrimination et que l’égalité prime sur tout.
L'ÉCRITURE-FEMME, UN GENRE QUI S'AFFIRME
Sur le concept de l’écriture féminine, les avis divergent. Si pour certaines personnes il marque l’entrée des femmes dans le paysage littéraire longtemps dominé par les hommes, pour d’autres, il apporte une sensibilité nouvelle, plus empathique
Sur le concept de l’écriture féminine, les avis divergent. Si pour certaines personnes il marque l’entrée fracassante des femmes dans le paysage littéraire longtemps dominé par les hommes, pour d’autres, il apporte une sensibilité nouvelle, plus empathique. On peut dire que la littérature féminine au Sénégal a définitivement trouvé sa place.
Le genre a-t-il sa place dans la littérature ? Écriture féminine ou écriture masculine, où se situe la différence ? Pour l’artiste et réalisatrice Laure Malécot, « qualifier une écriture de féminine revient à dire que les femmes écrivaines mettent l’accent sur des problèmes qui touchent leur genre. » L’écriture est donc féminine parce que les écrivaines traitent de sujets qui ont trait à leur corps, leur statut de femme dans la société ou encore leur rôle de mère. Rahmatou Seck Samb, auteure du livre « Fergo, tu traceras ta route » publié aux Editions Abis, disait à ce propos, dans un court article paru dans le site Dakar-Echo.com : « Notre littérature de femme porte toujours la part de notre sensibilité. Le destin de nos œuvres portera les stigmates de notre condition ». Cette pensée fait écho à Mamadou Samb, l’auteur du roman « L’écharpe des jumelles », publié par Teham Editions. Cet ancien conseiller technique au ministère de la Femme, de la Famille et de l’Enfance perçoit « l’écriture féminine comme une écriture de l’intérieur ». Il justifie son opinion en expliquant que cette écriture se saisit des thèmes en rapport direct avec la vie des femmes au quotidien, notamment sa vie de couple, sa relation avec sa belle-famille, l’éducation de ses enfants, sa conception de la famille, des violences conjugales subies. « Ceci s’explique par le fait que les femmes ont longtemps été confinées dans une vie d’épouse et de femmes au foyer. Pendant ce temps, les hommes affrontaient le monde extérieur », complète Mamadou Samb.
Toutefois, la réalisatrice Laure Malécot veut éviter d’enfermer la littérature dans un genre. « Le propre d’un écrivain est de savoir se mettre à la place d’autrui, quel que soit son genre », soutient-elle. Elle croit que le plus important dans la littérature, c’est que la personne qui écrit arrive à refléter une part de sa société à travers les émotions qui la traversent. Malgré tout, Laure Malécot reconnaît qu’une sensibilité particulière se dégage à la lecture d’un roman écrit par une femme. Cela étant, la plume féminine est pleine d’empathie et d’émotions. Prenons l’exemple de l’œuvre de Aminata Sow Fall, « La grève des bàttu », publiée aux éditions Présence Africaine. Dans ce célèbre roman, Aminata Sow Fall raconte la dimension sociale et religieuse de l’aumône et la place des mendiants au Sénégal. Ces mendiants souvent méprisés et ignorés sont utiles à une partie de la population sénégalaise puisqu’ils leur donnent la possibilité d’accomplir leur devoir social et religieux.
SENSIBILITÉ FÉMININE
Aminata Sow Fall montre la place de ces « petits », de ces « invisibles » quand il s’agit d’éloigner un éventuel malheur à travers l’aumône. Sous la plume de cette romancière, une empathie s’exprime. Cette sensibilité féminine se retrouve également chez Mariama Bâ, l’auteure de « Une si longue lettre » publié aux Neas (Nouvelles éditions africaines du Sénégal). Ce roman aborde avec lucidité le statut des femmes au Sénégal. À travers un échange épistolaire entre Ramatoulaye et Aïssatou, deux amies de longue date, défile tout un pan de la société sénégalaise : le poids des traditions, la vie de couple, la polygamie, le divorce, le veuvage, l’autonomie de la femme. « Une si longue lettre » est un roman dur et émouvant à la fois où se mêlent chagrin et espoir. L’espoir d’une société sénégalaise où la femme sera plus libre, plus autonome et capable de prendre son destin en main. C’est le sentiment d’Amina Seck, l’écrivaine du roman « Mauvaise pente » : « Il n’y a qu’une femme pour écrire un livre aussi poignant sur la condition de la femme. Mariama Bâ a été précurseur. Elle a ouvert la voie à une nouvelle génération d’écrivaines à laquelle j’appartiens. » Dans tous les cas, ces écrivaines ont une sensibilité sociale plus affirmée. Quant à Laure Malécot, elle ne croit pas à une écriture féminine, mais penche plutôt pour une écriture féministe et féminisante. C’est-à-dire une écriture qui milite pour les droits des femmes et pour l’amélioration de leurs conditions dans la société. Car, selon elle, tout le monde peut s’y retrouver : « Il y a beaucoup d’hommes qui écrivent en faveur des femmes. » Les hommes et les femmes sont similaires. Ce sont les clichés qui les séparent. Elle ajoute : « Parfois, le regard du genre opposé est important pour se construire. L’avis des hommes sur les femmes est tout aussi utile que l’avis d’une femme sur un homme ou d’un homme sur une femme. »
Dans le même ordre d’idées, Ghaël Samb Sall, éditrice à la maison d’édition « Vives voix », croit qu’il n’y a pas lieu de parler d’écriture féminine ou masculine. « Il n’y a que des auteurs et des styles. C’est cela le plus important », observe-t-elle. Fatou Warkha Sambe, écrivaine et réalisatrice, pense l’écriture comme une particularité individuelle : « Une écrivaine est différente d’un écrivain du fait qu’elle écrit depuis une position sociale bien donnée, depuis un vécu ». Aboubacar Demba Cissokho, journaliste culturel à l’Agence de presse sénégalaise (Aps) croit qu’il y a « une différence de sensibilité selon qu’on soit homme ou femme. »
De l’utilité d’une écriture féminine
Andrée Marie Diagne-Bonané, auteure de « La fileuse d’amour » édité par L’Harmattan Sénégal, va plus loin dans le concept. L’écriture féminine est, pour elle, « un moyen pacifique de dénoncer les violences sexuelles et sexistes ou de parler des traumatismes des femmes comme l’excision ». « Une femme qui écrit sort du silence. Car elle parle en son nom et au nom de celles qui ne peuvent pas écrire », poursuit-elle.
La littérature sénégalaise fut longtemps masculine. Il faut attendre les années 70 pour assister à une irruption de femmes écrivaines sénégalaises dans le milieu littéraire. Mariama Bâ et Aminata Sow Fall ont été les modèles. Mariama Bâ, à travers son roman épistolaire « Une si longue lettre » et Aminata Sow Fall avec « Le revenant », tous deux publiés par les Neas. Ces deux femmes de lettres ont non seulement fait souffler un vent nouveau sur les lettres sénégalaises, mais elles ont également ouvert une brèche dans laquelle s’est engouffrée une nouvelle génération de romancières. On peut citer Nafissatou Diallo, Ken Bugul, Sokhna Benga, Fatou Diome, Nafissatou Dia Diouf. La particularité de cette génération, c’est d’avoir apporté un regard nouveau sur la littérature sénégalaise. De l’autobiographie à la fiction, chacune d’elles a marqué de son empreinte un style nouveau, une subtilité nouvelle, en un mot une empreinte féminine. Grâce à leurs œuvres, la littérature féminine a définitivement trouvé sa place dans le paysage littéraire sénégalais.
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OBJECTION AVEC PENDA MBOW
L'historienne et ancienne ministre de la Culture décortique l'actualité sociopolitique nationale, marquée entre autres par le débat du troisième mandat et l'insécurité routière, dans l'émission dominicale de Sud FM
L'historienne et ancienne ministre de la Culture décortique l'actualité sociopolitique nationale, marquée entre autres par le débat du troisième mandat et l'insécurité routière, dans l'émission dominicale de Sud FM.
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LE RECIT D'UNE VIE
La première femme procureure au Sénégal, Dior Fall Sow, retrace dans un ouvrage ‘’Mon Livre Blanc : en mon âme et conscience’’ son cursus scolaire et universitaire et sa carrière de magistrat.
La première femme procureure au Sénégal, Dior Fall Sow, retrace dans un ouvrage ‘’Mon Livre Blanc : en mon âme et conscience’’ son cursus scolaire et universitaire et sa carrière de magistrat.
‘’En racontant certains épisodes de ma vie avec des anecdotes, on me disait tout le temps qu’il fallait que j’écrive. C’est une manière de laisser un message à la jeunesse’’, a souligné l’auteure, samedi, lors de la cérémonie de dédicace de l’ouvrage au musée de la femme, Henriette Bathily.
Partant de son ‘’expérience’’, son ‘’vécu’’ et sa ‘’trajectoire, Dior Fall Sow affirme avoir ‘’écrit en deux ans pour montrer l’exemple à toutes ces femmes qui ne savent pas qu'elles ont leurs capacités, leurs possibilités d’accéder à certains degrés de responsabilités’’.
Dior Fall Sow, magistrate et première procureure de la République du Sénégal, ardente défenseure de la cause des femmes et des enfants, des droits humains, a débuté sa carrière à Saint-Louis en 1971.
Dans la préface intitulée "J'ai vu Dior à l'œuvre", Adama Dieng, ancien Secrétaire général adjoint des Nations-Unies, Conseiller spécial du Secrétaire général de l’ONU pour la prévention du génocide écrit que ‘’si toutes les vies méritent d'être racontées, au regard des singularités dont Dieu a doté chacune de ses créatures, il est de ces vies dont le récit impose le partage’’.
L'autobiographie de Dior Fall, a encore noté M. Dieng, président de séance lors de cette cérémonie de dédicace, ‘’est une offrande à la jeunesse, particulièrement à ces jeunes sénégalaises et africaines en quête de repère ; un cadeau précieux dans un monde incertain qui semble hoqueter à chaque tournant de sa trajectoire incertaine dans la consécration des droits des femmes’’.
Présentant l’ouvrage, la Sociologue Maréma Touré a indiqué que ‘’le livre blanc appartient à la littérature grise en général destinée à une institution mais en parcourant l’ouvrage on se rend compte qu’elle est une institution’’.
‘’C’est un esprit libre, en partant de ses propres expériences, elle pose des questions et apporte des réponses afin de permettre au lecteur de se faire sa propre opinion’’, a expliqué la sociologue.
En plus d’être procureure, Juge d’instruction, Directrice des ressources humaines de la Sonatel et avocate générale au Tribunal pénal international pour le Rwanda à Arusha, Dior Fall Sow, selon, Mme Touré, ‘’est une combattante de l’équité et de l’égalité de genre’’.
‘’Elle termine ce livre avec un appel à la solidarité entre les Africains. Elle n’a pas manqué d’évoquer les valeurs qui fondent notre continent et auxquelles les jeunes doivent se référer’’, a lancé la sociologue.
Dans cette autobiographie, Dior Fall Sow ‘’retrace les chemins de son cursus scolaire et universitaire, nous narre sa carrière qua pas manqué de piment’’, selon le préfacier.
‘’Un témoignage qui relate avec quelque nostalgie une lointaine époque, bien différente de celle que nous vivons. Son parcours force le respect. Un modèle qui devrait inspirer les générations actuelles et futures’’, ajoute t-il.
Cet ouvrage de 456 pages se veut aussi ‘’’un plaidoyer en faveur des valeurs humanistes’’