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28 novembre 2024
Femmes
AVEC LES PLUS BELLES FILLES DU SÉNÉGAL
Regroupées dans une villa à Diamniadio, les quatorze Miss régionales candidates au concours de Miss Sénégal 2021, vivent une expérience de téléréalité en plus des séances de formation et l’expérience de vivre ensemble. Immersion dans leur quotidien
Il est 10h30 dans une villa témoin de la cité Senegindia à Diamniadio. Pendant que la chaleur gagne les corps au dehors, la villa des Miss présente une atmosphère plutôt rafraichissante. Une bonne dose de musique s’empare de toute âme, dès l’entrée dans cette somptueuse habitation à l’allure de ses occupantes.
Les beautés à nulle autre pareille se dévoilent sous leur meilleure forme naturelle. La musique endiablée pousse quelques une à remuer leur frêle corps caché dans des tenues de sport.
Les cheveux, longs ou courts attachés au milieu de la tête, quatorze belles demoiselles, les plus belles du pays selon le concours Miss Sénégal, se déhanchent sur une musique très à la mode. La grande taille des filles pousserait à émettre des soupçons de port de chaussures à talons. Il n’en est rien, elles sont juste élancées, comme il faut pour une Miss.
Les tenues de sport dont le bas leur arrive au nombril trace parfaitement les courbes extra fines de ces demoiselles au bon air, teint frais. Ces beautés à la noirceur d’ébène pour la plupart, contrastent avec la décoration.
Les visages éblouis et gagnés par la gaieté de la musique reflètent un air naturel. A peine, que la musique diminue, les 14 Miss du Sénégal rejoignent le salon du bas pour entamer un cours de coaching sur la beauté devant les caméras de la villa. En effet, l’édition 2021 est faite sous forme de télé-réalité.
Le coach, une Sénégalaise venue de France entame le cours avec un exercice qui s’annonce simple mais en réalité, elle est très éprouvante pour ces filles aussi belles que sensibles. Dès le début du cours, les vieilles habitudes de non initiées tapent à l’œil du directeur artistique. « Les filles il faut rester des Miss », lance-t-il. Elles relèvent brusquement leur buste et étalent leurs épaules avant de croiser machinalement leurs longues jambes.
Des Miss, des histoires, des larmes…
Le premier exercice consiste à fermer lentement les yeux et à se remémorer un évènement marquant. Le coach les pousse à revivre ces moments de leur vie où elles se sont senties très fières d’elle. « C’est une première étape vers la confiance en soi », leur dit-elle.
A peine 5 minutes de méditation, Miss Thiès ouvre brusquement les yeux et émet une grimace indéchiffrable. Elle porte ses deux mains à son visage ressorti, sous l’effet de son crâne rasé à moitié. L’émotion finit par avoir raison d’elle, la jeune Thiessoise étouffe ses premières larmes avec le creux de sa main droite. L’intensité de son ressenti se dégage et elle éclate en sanglots. La caméra se rapproche d’elle.
Le coach lui donne un mouchoir et de l’eau avant de lui demander de partager son évènement.
La jeune fille, teint noir étincelant et à la taille fine, narre sa bouleversante histoire. « Deux jours avant la présélection, mon père est décédé », commence-t-elle, ses larmes se transforment en sanglots. Cette phrase a eu comme un effet détonateur de l’émotion de ses congénères. D’aucunes laissent pointer les larmes de compassion dans leurs yeux, d’autres, gagnées par cette douleur se réfugient dans les épaules de leurs camarades pour pleurer de chaudes larmes. La narratrice continue : « j’y suis quand même allée car mon père me poussait à réussir dans mes projets », dit-elle avant de se fondre en larmes.
L’émotion gagne toute la salle, elles pleurent toutes. Les Miss semblent solidaires même dans ces moments de remémoration de leurs souvenirs douloureux. Il leur est accordé une pause de cinq minutes pour évacuer cette vague de tristesse qui s’est emparée de leurs âmes alors qu’elles étaient toutes joyeuses.
Les Miss rejoignent la salle pour continuer le cours. Au tour de Miss Dakar de livrer son évènement marquant. Les sacrifices de sa mère, sa réussite au Bac la font perdre toute assurance. Elle pleure de chaudes larmes jusqu’à suffoquer. Les autres la suivent également émues…
Pour Miss Fatick, amplement atteinte par cet exercice, sa conversion à l’Islam par le Khalife général des Mourides lui-même la replonge dans une grande émotion qu’elle partage difficilement. Elle narre son histoire, la main portée au cœur, les yeux, rougis par les larmes, levés vers le ciel.
Miss Tambacounda, très affectée par son histoire décide de partager son expérience d’étudiante à Dakar vivant sans sa famille. Miss Math en 2013, cette Miss fait état de la difficile existence d’une fille seule dans la capitale avec toute sorte de « proposition indécente ».
Les membres du comité leur distribuent de l’eau et de la boisson afin qu’elles se rafraichissent. Des larmes sont provoquées par la similitude dans les histoires. Elles regagnent leurs appartements afin de retrouver leurs esprits.
LE FILS DE CHEIKH YÉRIM SECK PLACÉ SOUS MANDAT DE DÉPÔT
Souleymane Sidy Seck vient d'être placé sous mandat dépôt pour viol, détournement de mineure et collecte illicite de données.
Souleymane Sidy Seck vient d'être placé sous mandat dépôt pour viol, détournement de mineure et collecte illicite de données.
Selon Libération online, le fils de Cheikh Yérim Seck avait été arrêté hier avant de bénéficier d'un retour de parquet.
Pour le disculper, ses avocats avaient versé dans le dossier un audio qui serait un échange entre lui et sa présumée victime.
KHADIDIATOU KÉNÉMÉ, UNE BATTANTE À L'ÉPREUVE DE LA VIE
Elle s’active dans le business du foin à Pikine. Portrait d’une femme à qui la vie a « toujours donné des coups », mais qui s’est toujours battue pour rester debout
« La plus grande gloire n’est pas de ne jamais tomber, mais de se relever à chaque chute ». Cette citation qu’on attribue à Confucius s’applique parfaitement à Khadidiatou Kénémé. À 35 ans, cette femme forte a dû surmonter de difficiles épreuves, notamment deux divorces, pour affronter la vie avec courage. Aujourd’hui, elle s’active dans le business du foin à Pikine. Portrait d’une femme à qui la vie a « toujours donné des coups », mais qui s’est toujours battue pour rester debout.
Lundi 31 mai. Il est environ 11 heures. Une fille d’environ quatre ans arrive. « Vends-moi du mil », baragouine-t-elle. Elle tient une pièce de 100 FCfa à la main. Khadidiatou Kénémé, la propriétaire du magasin, se lève, sourit à cette môme qu’elle a l’habitude de voir, avant d’effectuer la pesée et lui remettre un sachet rempli de grains de mil.
Taille élancée et de teint clair, elle est vêtue modestement. Une robe rouge et noire ample qui lui laisse une liberté de mouvement. Des tresses, quelques bijoux au cou et aux doigts et des boucles d’oreilles sans grande valeur complètent sa mise. Point de maquillage, mais le destin semble avoir déposé une couronne de beauté sur sa figure. Khadidiatou a retrouvé le sourire. Lors de notre second passage, mardi 1er juin, elle avait troqué ce look contre des cheveux artificiels et une taille-basse… Telle une fleur fanée qui rajeunit au printemps, elle a repris goût à la vie. Comme toutes les personnes qui gardent une souffrance enfouie en elles, elle hésite avant de se livrer. Prenant confiance au fil de la discussion, Khadidiatou accepte, enfin, d’évoquer son histoire. « La vie m’a toujours donné des coups, mais je me suis toujours battue pour me relever », commence-t-elle.
Dans son magasin situé à Pikine Ouest, en face de la Cité Sotiba, des sacs de foin sont empilés les uns sur les autres, à côté d’autres de mil et d’aliment de bétail. « Je m’active dans le business du foin depuis deux ans », informe-t-elle.
« Fullay jaay dakhaar »
Avant de se lancer dans ce créneau, elle a essayé plusieurs métiers comme la restauration ou la vente d’habits. Mais, « aucun de ces petits boulots ne me rapportait autant que ce que gagne actuellement », dit-elle sans dévoiler son chiffre d’affaires mensuel. « Mangi sant Yalla (Je rends grâce à Dieu) », se contente-t-elle de dire. C’est par l’intermédiaire de son « meilleur et unique ami » de 10 ans, Cheikh Ndiaye, rencontré lorsqu’elle travaillait dans un fast-food à Pikine rue 10, qu’elle a décidé de se lancer dans le business du foin. Ce dernier lui avait fourni 26 sacs pour commencer. Et son frère lui a prêté le magasin… Aujourd’hui, elle maitrise parfaitement le circuit d’approvisionnement, faisant jeu égal avec les hommes. Pourtant les débuts furent difficiles. « Je suis restée une semaine sans vendre un seul sac. J’ai failli même fermer le magasin », se souvient-elle.
Elle passait même pour une curiosité pour les passants. La grande majorité essayait de la décourager avec des remarques désobligeantes : « Une femme qui vend du foin ! » ; « Tu n’as pas autre chose à faire ? » ou bien « Pourquoi tu ne te (re)maries pas ? » Femme forte, Khadidiatou ne se laisse pas déstabiliser. « Fullay jaay dakhaar », aime-t-elle à répéter. Et puis, elle a toujours gardé cette parole de son défunt père en mémoire : « Le travail anoblit ». Armé de ce viatique, elle refuse donc de lâcher prise parce qu’elle préfère avoir une autonomie financière plutôt que de dépendre de ses parents ou de ses frères.
Si certains trouvaient bizarre qu’une femme s’adonne à la vente de foin, d’autres l’encourageaient, trouvant admirable son courage. C’est ainsi qu’un riche client lui a remis, un jour, une forte somme d’argent (elle ne précise pas le montant) pour l’encourager. « Il m’a remis l’argent en me disant : « Je te le prête » ; c’est bien plus tard qu’il m’avoue qu’il me l’a offert », narre-t-elle, reconnaissante. De cette anecdote, elle tire une leçon : « S’il ne m’avait pas trouvé en train de me battre toute seule, il n’allait pas faire ce geste ».
Progressivement, Khadidiatou Kénémé élargit sa gamme de marchandises, ajoutant d’abord deux sacs de mil, puis du sorgho, ensuite du niébé et de l’aliment de bétail. Avec le sac de foin qui s’échange actuellement à 4500 FCfa, voire 5000 FCfa, elle peut gagner jusqu’à 1000 FCfa le sac, contrairement à ses débuts dans le métier où le sac ne lui rapportait que 300 FCfa. Khadidiatou est un bourreau du travail. « J’ouvre tous les jours de 8h à 23h, même le dimanche, sauf cas de force majeure », confie-t-elle.
Divorcée deux fois, mère de deux enfants
À 35 ans, elle a dû se relever de deux divorces. Le dernier a été particulièrement douloureux. Sa déception est à la hauteur de ses espoirs. L’ex époux est un Sénégalais établi au Gabon. L’union fût scellée à la va-vite, en l’espace d’une semaine. « Parce qu’il voulait m’amener vivre avec lui au Gabon ; je pensais que ce serait la belle vie », raconte-t-elle d’une voix où se lit l’émotion. Une fois au Gabon, elle ne tarda pas à déchanter. « J’étais tellement triste que mes yeux avaient changé. Je prenais des somnifères pour pouvoir dormir. Au bout d’un an, j’ai mis la pression pour obtenir le divorce et rentrer au Sénégal ». Elle n’en dira pas plus pour ne pas dévoiler la vie privée de son ex. Sur les raisons de ce second « échec » de vie conjugale, Khadidiatou pense, rétrospectivement, qu’elle n’avait « pas pris le temps de bien réfléchir et de connaître sa vraie personnalité ». De retour au Sénégal, en 2015, il lui a fallu juste une semaine pour reprendre son destin en main. « Je me sentais libérée ; je ne voulais surtout pas dépendre de mes frères ou m’apitoyer sur mon sort », dit-elle. C’est ainsi qu’elle s’adonne à plusieurs petits boulots avant la vente de foin. Khadidiatou a beaucoup de projets pour l’avenir. Elle souhaite notamment obtenir un financement de la Délégation générale à l’entreprenariat rapide des femmes et des jeunes (Der/Fj) pour élargir son activité. « Je souhaite, dans un premier temps, faire du « bay seddo » (c’est-à-dire donner les intrants à des agriculteurs qui lui revendront le foin à moindre coût) », explique-t-elle.
Se remarier ? Elle ne l’exclut pas totalement, « mais ce n’est plus une priorité, encore moins une fixation », répond-elle sans ambages. Aujourd’hui, Khadidiatou Kénémé parvient à subvenir à ses propres besoins et à entretenir sa mère, restée au village, ainsi que ses deux garçons (nés de son premier mariage), dont l’un vit avec elle, l’autre étant avec son père. Elle espère surtout que ces derniers auront plus de chance pour percer dans les études, contrairement à elle qui a dû arrêter l’école avant l’entrée en 6ème à cause de conditions sociales difficiles. « Pourtant je faisais partie des meilleurs élèves de ma classe », se souvient-elle. Elle veut aussi inculquer à ses enfants les valeurs de courage, de dignité et d’abnégation. « J’essaie de leur montrer qu’il faut toujours se battre, de ne jamais baisser les bras parce que tant qu’il y a la vie, il y a de l’espoir. Et la meilleure façon de leur inculquer cela, c’est de l’incarner », explique Khadidiatou. C’est ce qu’on appelle prêcher par l’exemple. Une leçon de vie.
LU BEES AVEC ANTA FALL ET AIDA NIANG
VIDEO
LE FÉMINISME ET LES PESANTEURS SOCIOCULTURELLES
EXCLUSIF SENEPLUS - Quelle incidence aura la mort annoncée du leader de Boko Haram dans la lutte anti-djihadiste en Afrique ? Retour les conclusions de la récente rencontre entre des générations de féministes au Sénégal
Dans ce nouveau numéro de Lu Bees, Anta Fall s'interroge depuis Paris sur les implications dans le combat contre le djihadisme en Afrique après la mort d'Abubakar Shekau, ancien chef de Boko Haram.
Aida Niang à Dakar revient sur les conclusions issues de la récente rencontre entre trois générations de féministes sénégalaises. Un rendez-vous quia permis de lever sur le voile sur les défis que font naître le combat pour une digne représentativité de la femme dans une société aussi conservatrice que celle du Sénégal.
Lu Bees est un talk hebdomadaire de SenePlus, réalisé et monté par Boubacar Badji.
VERS LE RECRUTEMENT D’ATHLÈTES SÉNÉGALAIS À LA SETER
Cette nouvelle convention a pour objectif de permettre à des athlètes sénégalais de haut niveaux, d’intégrer d’ici aux prochains jeux olympiques de la jeunesse d’été 2026 l’équipe de la SERTER à travers un travail stable et décent
Dakar, 31 mai (APS) – Le président du Comité national olympique et sportif du Sénégal (CNOSS), Mamadou Diagna Ndiaye, et le président directeur général de la Société d’exploitation-maintenance du Train Express Régional (SETER), Stéphane Volant, ont procédé, lundi, à la signature d’une convention de partenariat ouvrant la voie au recrutement d’athlètes sénégalais de haut niveau au sein de cette société.
Les documents ont été paraphés à la gare du TER à Dakar lors d’une cérémonie sobre à laquelle ont pris part, entre autres officiels, le directeur de cabinet du ministre des sports, Ibrahima Ndao, ainsi que le ministre délégué en charge du Commerce extérieur et de l’Attractivité auprès du Ministre de l’Europe et des Affaires étrangères, Franck Riester, en visite de deux jours au Sénégal, depuis ce matin.
’’Cette nouvelle convention, une première du genre, jamais jusqu’ici signée par le CNOSS avec une entreprise quelconque, a pour objectif de permettre à des athlètes sénégalais de haut niveaux, d’intégrer d’ici aux prochains jeux olympiques de la jeunesse d’été 2026 qui auront lieu au Sénégal, à Dakar, Diamniadio et Saly, l’équipe de la SERTER à travers un travail stable et décent’’, a fait savoir le président directeur général de la SETER, Stéphane Volant.
Selon lui, cinq athlètes seront d’office recrutés, dès le 15 juin, début de l’opérationnalisation de cette convention, précisant que ces derniers seront soumis au même processus de recrutement que les autres travailleurs déjà en activité, avec une petite modération basée sur l’exigence de certains diplômes.
Pour sa part Mamadou Diagna Ndiaye a soutenu que ’’cette rencontre entre le sport et le monde l’entreprise, ne fait que conforter les deux projets majeurs de l’Etat du Sénégal que sont les JO 2026 et le TER.
Ces athlètes, a-t-il dit, ’’habitués à la compétition et au dépassement de soi, vont à coup sûr, apporter une plus-value à travers le culte de l’excellence en permanence’’.
Se réjouissant de l’initiative, le directeur de cabinet du ministère des Sports a invité les autres entreprises, à suivre ’’ce bel exemple de coopération gagnant-gagnant afin de faire du sport, un facteur de promotion économique’’.
’’Le message sera passé aux entreprises françaises établies au Sénégal, et nous serons à vos côtés, auprès de l’ambition olympique, sportive, économiques, et dans tous les domaines’’, a ainsi réagi le ministre délégué français, Franck Riester, chargé du Commerce extérieur et de l’Attractivité.
LE PS AURA BEAUCOUP DE MAL À SE RELEVER
Ndioro Ndiaye revient sur une partie de son enfance à Rufisque, son parcours à la Faculté de médecine, de pharmacie et d’odontostomatologie, ainsi que son entrée dans le gouvernement
Habillée de manière simple mais avec goût, Ndioro Ndiaye dégage une certaine classe naturelle. Son nom est imposant, tout autant que son parcours, mais cette dame, ministre du Développement social d’abord sous le magistère de Diouf, puis ministre chargée de la Femme et de l’Enfant, reste d’abord facile. La mémoire encore assez vivace, elle a mille et un souvenirs qu’elle partage volontiers. Avec EnQuête, elle est revenue sur une partie de son enfance à Rufisque, son parcours à la Faculté de médecine, de pharmacie et d’odontostomatologie, ainsi que son entrée dans le Gouvernement. Des souvenirs que l’on retrouve dans son livre intitulé ‘’Mon combat pour le Sénégal : de l’université au cœur des politiques publiques’’. Pleine d’humour, elle semble aimer les choses simples, contrairement à l’idée qu’on peut se faire en la voyant à la télévision. Ces quelques lignes vous permettront peut-être de percevoir ce côté de cette dame qui n’a pas peur de dire ses vérités, comme elle le fait ici, en analysant le phénomène ‘’Barsa-Barsax’’.
Vous venez de publier un livre autobiographique. Qu’est-ce qui vous a poussé à écrire un tel ouvrage ?
Je pense que c’est dans l’ordre normal des choses. Quand on a vécu un certain nombre de choses dans sa vie, quand on a été confronté à un certain nombre de défis qu’on a réussi à surpasser, on en tire toujours des leçons de vie qu’on a envie de partager. Moi, je n’ai jamais été une jeune fille paresseuse. J’ai toujours été une jeune fille, comme n’importe quelle jeune fille, très moderne, très ouverte par rapport à tout ce qui est culture, connaissance… Je l’ai été, d’autant plus que notre père était instituteur. Et comme tout éducateur qui se respecte, c’est la culture, c’est la connaissance, c’est les idées, c’est des partages d’opinions. Voilà le cadre dans lequel on a grandi ! C’est aussi des mondes différents qui se brassent, parce que nous habitions dans une ville, sans que nos parents ne soient forcément des urbains. Ma mère étant de Saint-Louis ; les parents de mon père étaient, eux, du Sine Saloum… Je suis donc issue de ce métissage. Ce qui a fait de moi ce que je suis et qu’on a forcément envie de partager avec les autres.
Dans le livre, vous relatez comment le père Babacar Ndiaye Ndioro a, pendant longtemps, éclipsé un peu la maman Hélène Diop qui n’en était quand même pas moins méritante et issue d’une bonne famille. Est-ce là une forme de manifestation du caractère patriarcal de la société sénégalaise ou vous pensez que c’est tout à fait normal ?
A l’époque, je ne le percevais pas comme une discrimination envers la femme, bien que j’en aie souffert. Je me suis toujours demandé pourquoi les parents de ma mère ne sont pas aussi mis en valeur que ceux de mon père. On ne les connaissait pas trop. On n’entendait pas parler de nos aïeux, nos arrières grands-parents maternels. Il m’a fallu faire des recherches pour me rendre compte que ma mère vient de la lignée de Cheikh Oumar Foutyou Tall. Et je l’ai partagé avec toute la fratrie quand je l’ai découvert. Mais, maman était déjà partie. Je me suis dit que papa aurait pu lui laisser plus de place. Comme il était quelqu’un de très présent dans la politique, c’est lui que les gens voyaient. C’est comme ça que je le percevais, mais, vous savez, les griots parfois ne chantent non plus que ceux qui peuvent leur apporter quelque chose.
Ça aussi je l’ai observé et déploré. Maman a toujours été en retrait. Et pourtant, elle avait une force de caractère extraordinaire. Moi, j’aurais été incapable de supporter tout ce qu’elle a vécu. Elle a pu le faire pour le bonheur de ses enfants. Et pour en revenir à la question, je dirai que ce retrait des femmes, s’il est fait volontairement, je l’apprécie. Mais si c’est fait obligatoirement, je ne suis pas d’accord. Dans le cas de mon père, je crois qu’il s’en est rendu compte vers la fin de sa vie. Il lui fallut qu’il hurle presque, qu’il dise sur tous les toits qu’il a une femme fabuleuse, qu’il a une femme merveilleuse qui l’a accompagné pendant 50 ans voir 60 ans.
Ndioro Ndiaye est un peu le prototype de la femme moderne. Mais là, vous vous mettez à beaucoup parler de vos origines que vous avez été parfois obligée d’aller chercher. Que voulez-vous montrer par-là ?
J’ai voulu montrer qu’à un moment de sa vie, il n’est pas très confortable de ne pas savoir d’où l’on vient, qui on est. On n’est pas très confortable de ne pas discerner la population autour de nous. Moi cela m’est arrivé, après que j’ai eu à connaitre les grandes foules. Et on m’a toujours identifié par rapport aux actions que je faisais. Jamais par rapport à ce que je suis et d’où je viens. Dans ce livre, j’ai voulu alors montrer d’où je viens, parce que c’est quelque chose de très important pour moi. Dans le livre, j’en ai parlé très rapidement, parce que mes sœurs et mes frères ont enlevé une énorme partie de ce retour aux origines. Ils m’ont dit : ‘’on n’a pas besoin de savoir qui tu es’’. Pour moi, c’était très important. Cela n’expliquerait pas tout mon statut, mais cela permettrait de comprendre une bonne partie de mon caractère.
Pouvez-vous revenir sur votre parcours académique ?
Après l’école primaire à Rufisque, j’ai fait le lycée Van Vo, avant de rejoindre Kennedy où j’ai terminé mon cycle secondaire avec un bac en Sciences expérimentales. Après le Baccalauréat, j’ai rejoint la faculté de médecine, de pharmacie et d’odontostomatologie, où j’ai été orientée en Dentaire à partir de la deuxième année, avant d’aller en France accompagner mon mari qui devait terminer son troisième cycle. Je dois juste préciser que je suis arrivée à Kennedy à partir de la Seconde. De la Sixième au BEPC, j’ai été en Suisse où mon père a été affecté comme Ambassadeur. A mon retour de Bordeaux et de la France, j’ai continué mon parcours universitaire, jusqu’à l’agrégation.
Y avait-il quelque chose qui vous prédestinait pour des études en Dentaire ou c’est un choix qui s’est fait par hasard ?
On vient de perdre le Professeur Abdourahim Ndiaye, un enseignant émérite qui avait une femme française qui était la directrice de Kennedy, au moment où je passais mon bac. Comme il connaissait mes parents, il avait un regard particulier, je crois, sur moi. Quand il s’est agi de faire le bac, moi j’avais effectivement pensé à faire médecine. Mais Abdourahim Ndiaye a dit un jour à papa qu’il y a une profession qu’on ne connait pas encore trop au Sénégal ; où nous n’avons pas encore d’experts, de cadres, alors que c’est une profession importante. C’est le métier de chirurgien-dentiste. Il lui a expliqué que c’était Iba Diop Mar qui était le doyen de la faculté. En ce moment, les autorités étaient en train de réfléchir sur les nouveaux métiers. Quand mon père en a parlé à ma mère, elle lui a dit : ‘’Jamais de la vie. Ce sont les bijoutiers qui s’occupent des dents’’. Parce qu’à l’époque, ce qui était en vogue c’était les dents en or… Et c’était l’œuvre de ces catégories sociales. Elle s’est opposée, mais mon père a fini par la convaincre.
Quand vous avez été cheffe du département, vous aviez beaucoup œuvré pour la spécialisation des infirmiers en Odontologie. Que sont devenues ces initiatives et quel a été l’apport de ces spécialités dans la prise en charge de la santé publique ?
Cela eut un impact très important. C’était dans le cadre d’un projet de l’Organisation mondiale de la Santé, géré par mon patron, celle qui m’a formée en santé Publique et qui était une femme argentine. Elle avait été affectée ici par l’OMS pour accompagner le gouvernement dans la formation d’une masse critique de personnes en odontostomatologie. Mamadou Diop était, en ce moment, le ministre de la Santé. Elle a proposé que l’on transpose et que l’on adapte au Sénégal la formation des auxiliaires de santé publique dentaire qui sont les techniciens supérieurs en odontologie, les agents de santé communautaire…. C’est dans ce cadre que l’ENDSS où on forme les techniciens supérieurs, non seulement en odonto, mais aussi, dans les autres métiers de la santé, a vu le jour.
Nous avons eu à former beaucoup de techniciens supérieurs en odontologie, qui accompagnaient les chirurgiens dans le privé comme dans le public. Cela favorisait le travail en équipe…. Les infirmiers étaient capables d’accomplir bien de prestations que faisaient les chirurgiens. Les agents de santé communautaire faisaient beaucoup de sensibilisation, par rapport à la santé buccodentaire. Je ne sais plus ce que tout cela est devenu et comment c’est géré. Mais, c’était très important comme programme. Et pour faciliter la connexion entre ce qui se fait au niveau de la formation qui dépendait de l’Enseignement supérieur et l’utilisation des personnels formés qui revenaient au département de la Santé, on avait créé un Bureau de santé buccodentaire au niveau du ministère de la Santé. Je pense que c’était une magnifique architecture que nous avions.
La question de la responsabilité pénale des médecins se pose avec acuité. Le Sames en est venu à aller en grève pour contester l’ouverture d’une information judiciaire contre un collègue dans le cadre de l’incendie de l’hôpital Maguette Lo de Louga. Cela ne conforte-t-il pas ceux qui estiment que les personnels de santé bénéficient d’une certaine impunité ?
C’est malheureux qu’on en soit arrivé là. On aurait tous aimé ne pas avoir à vivre cette situation. Je pense qu’il y a un relâchement dans la rigueur avec laquelle certaines prestations sont exécutées dans ce pays. Il faut redresser cela. Il a fallu que ce drame arrive pour que les gens se secouent et se rendent compte que les choses ne marchent pas correctement dans les différents services. Dans un service, il y a un organigramme, un cahier de services. Il y a des responsabilités assignées aux uns et aux autres. Je pense que le fait que le médecin dise qu’il était absent ne l’absout pas de la responsabilité de la marche de son service. Si normalement les précautions apprises étaient accomplies correctement, si les ordres étaient donnés correctement, on n’en serait pas là. Pour moi, il y a une question de déontologie qui se pose à ce niveau. Tout le monde doit être soumis à la loi et quand il y a des manquements, il faut situer les responsabilités. C’est valable dans le domaine de la santé, mais aussi ailleurs.
Est-ce que l’Etat aussi n’est pas responsable, lui qui doit mettre à la disposition des structures des personnels suffisants ?
Je pense que l’Etat aussi trouvera sa responsabilité et l’assumera. Mais, ce n’est pas parce qu’on a perdu des bébés qu’on va nous invoquer un problème de personnels. Le span of control, comme on l’appelle, c’est quelque chose que l’on doit observer à tout moment. Ce n’est pas en ce moment qu’il faut en parler. Les responsabilités, il faut les situer à tous les niveaux. Il nous faut être beaucoup plus rigoureux. Tout le monde est interpellé ; l’Etat est interpellé.
On ne peut parler de Ndioro Ndiaye sans parler de la femme, des migrants. D’où vous vient cet engagement ? D’abord pour la femme ?
Pour la Femme, c’était tout naturel. Nous sommes une fratrie de neuf. Il y avait quatre filles et cinq garçons. Et les filles ont toujours été très solidaires. En plus, on a eu les mêmes chances que les garçons. Je dois dire que les conditions dans lesquelles on a vécu ont également compté : la vie en Europe, dans la diplomatie avec un père ambassadeur… Moi, j’ai toujours voulu être la meilleure partout où je suis passée. Et partout, j’ai eu un regard un peu particulier sur la condition de la femme. Ce qui s’est déteint sur la conduite des affaires, quand on m’a confié des charges publiques.
Parlez-nous justement de votre passage au ministère du Développement social ?
C’était un ministère énorme. Il n’y avait pas que les femmes, il y avait les jeunes, le troisième âge, la communauté, la santé, la culture, l’éducation, la pêche l’élevage... C’était un département multisectoriel, pluridisciplinaire. Je me souviens que j’avais 1700 personnes dans mon organigramme, du sommet jusqu’au bas de la pyramide. Ce ministère était la boussole du gouvernement sénégalais. C’est avec nos agents qu’on remontait toutes les informations. Même s’il se passe quelque chose à Fongolémy, à la fin de la journée, je suis au courant. Et on envisage ensemble les actions. Parfois, on réfère aux autres départements ministériels concernés.
N’était-ce pas là beaucoup de responsabilités pour un seul ministère ?
Ce n’est pas trop d’avoir des responsabilités. L’essentiel, c’est d’avoir une bonne équipe, dynamique, qui en veut et qui est compétent. Tous les matins, nous faisions un brainstorming. Quand je suis arrivée, les gens venaient au travail souvent en retard. Les ministres qui étaient très politiques n’étaient pas tellement regardants sur la ponctualité. Moi, comme je suis souvent disciplinée, pas toujours (rires), j’ai demandé à tout le monde d’être au travail aux heures de travail. La première et la deuxième semaine a été un peu difficile. Je me mettais même à vérifier qui vient à 8 heures et qui ne vient pas à 8 heures. Après, je me suis dit que ce ne sont pas des enfants. On a fait une note de services pour informer tout le monde. Je devais me réunir avec les directeurs, tous les jours à 8H. La réunion durait une à une heure et demi. Après 15mn, on ferme la porte. Pour les retards de plus de 15mn, j’ai demandé au secrétaire de les inviter à attendre le lendemain.
Est-ce que les conseils de Jean Collin y étaient pour quelque chose ?
Certainement ! Ce Monsieur-là, je l’ai beaucoup admiré, il faut le dire, parce que c’était un travailleur, un grand bosseur. Ce Monsieur-là, il connaissait toute l’administration, il savait ce qui marchait et ce qui ne marchait pas. Il avait aussi le Bom, avec André Sonko, mon frère Pathé Ndiaye…. Mais, c’était surtout parce que c’est quelqu’un qui sait aiguillonner son équipe, qui sait intégrer les résultats de nos actions dans les actions de planification. Quand il m’a reçue, il n’avait pas été du tout prolixe. Il avait juste sa pipe comme je l’ai écrit. Il est tellement impressionnant et imposant… C’est quelqu’un qui savait de quoi il parlait. Il me dit : je vous félicite ; je sais que vous allez prendre un département difficile, mais, on veut des résultats, on veut des impacts. Il me disait que c’est un ministère où on a beaucoup investi et il nous faut des résultats.
Ensuite, il m’a dit que le premier dossier c’est celui-là et il me l’a montré avec sa pipe, en me disant qu’à telle page, il y a telle chose. C’était un rapport de l’IGE, donc je n’en dirai pas plus. Ce qui m’a aussi marqué, c’est son attitude, quand on faisait les conseils interministériels. Par exemple, sur la politique de population, on se demandait si c’est pour le Développement social ou la Santé. Chacun faisait son argumentaire et moi le mien reposait essentiellement sur le caractère multidimensionnel de la politique de population. Ce n’est pas seulement une politique de naissance, c’est aussi des gens qui grandissent, qui ont des besoins, qui tombent malades… Et c’est ce qui a été retenu. En ces moments, même quand les gens hésitaient, lui disait la page qui réglait le problème. C’est fabuleux cette connaissance des choses, de l’Etat et du gouvernement. On n’était pas amis ; on ne fréquentait pas les mêmes endroits ; il était plutôt proche de mon frère Pathé qui était au Bom. Mais, il a joué un grand rôle dans la formation de mon équipe.
Quels sont ces conseils qui vous ont servi en tant que ministre et qui pourraient être utiles aux dirigeants actuels ?
Peut-être qu’ils n’en ont pas besoin ; ils en ont d’autres beaucoup plus pertinents (rires). Ce que je peux dire c’est comment il (Jean Collin) a influencé le choix de mon cabinet, particulièrement mon directeur de cabinet que j’ai gardé jusqu’au bout, pendant neuf ans. C’est lui qui me l’a envoyé, en me disant : je veux que vous ayez un entretien avec lui. Dites-moi ce que vous pensez de lui, par rapport à la manière dont vous voulez manager ce département, parce que le Président m’a dit que ce département n’a jamais été managé, qu’il faut y mettre de l’ordre et il faut mettre en œuvre les réformes qu’il faut. Il faut que les impacts de ce ministère soient davantage visibles et lisibles. Et pour cela, le choix des hommes est central. Pour les CT 1 et 2, je les ai choisis et il a donné son accord. Il m’a dit que voici le noyau avec lequel tu dois diriger ton département. Tout le reste, c’est des maillons.
Jusque-là, on ne parlait pas de ministère de la Femme. Comment est-on passé de l’ancienne à la formule actuelle ?
On a eu un certain nombre de déboires au niveau de ce département. Il y a eu beaucoup d’enjeux, beaucoup de rivalités, de choses difficiles à accepter. A un moment donné, on m’a enlevé du ministère du Développement social pour me confier un ministère délégué en charge de l’Enfance et de la Femme. On m’a enlevé tout ce qui est développement communautaire, alors que c’était mon assise territoriale. J’avais donc un ministère délégué avec juste mon cabinet. C’est comme si on m’avait enlevé mes bras et mes jambes. On ne me laisse que ma tête.
C’était donc une sanction ?
Certainement ! Mais vous prenez une sanction comme telle, quand vous savez quelle est l’erreur ou la faute que vous avez commise. Moi, je ne le savais pas. Je n’ai aucune idée des raisons pour lesquelles on m’a rétrogradée. Mais, je me suis dit, qu’à cela ne tienne, vous allez voir ce que nous sommes capables de faire de ces deux cibles (la Femme et l’Enfant) et combien elles sont importantes dans votre vie même. La femme et l’enfance, ce sont vos piliers et on s’est mis alors à la réflexion. On a eu beaucoup d’ateliers de réflexions, d’analyses, de documents stratégiques pour le développement de la femme. Des réunions très importantes ont été tenues. Des réunions qui ont amené beaucoup de ressources dans le pays. C’est dans ce cadre que s’est tenu le sommet de l’enfance avec l’Unicef à New York, la Femme rurale et beaucoup d’autres. En plus des financements, il y avait également un impact non négligeable sur le plan humain.
Nos jeunes qui étaient dans nos différents cabinets se sont frottés à d’autres jeunes des autres pays sur les mêmes problématiques de la Femme et de l’Enfant, dans des domaines importants comme la nutrition, le développement communautaire, l’éducation…. Ce sont des choses qu’on ne peut pas toujours quantifier. Les agents de nos différents ministères en ont profité. Les programmes enfants par exemple n’attirent pas souvent. Mais avec l’Unicef, on est parvenu à mettre l’enfant au centre des préoccupations. Grâce au travail accompli, nous avons pu, avec l’aide du ministre de l’Economie de l’époque, négocier le rachat de la dette du Sénégal par un pays développé. C’était une valeur de 15 milliards FCFA.
Pouvez-vous revenir sur les conditions de ce rachat et comment l’Enfant a pu en bénéficier ?
Nous nous étions redevables à l’Argentine et c’est le pays Bas qui a racheté la dette. Mais, ils donnent comme condition que l’argent soit investi uniquement sur les programmes enfants. C’est ainsi qu’on a pu rénover Albert Royer, le Centre verbo-tonal… Dans les régions, des maternités ont été équipées. Au niveau scolaire, il y a eu la mise en place des gouvernements scolaires. Tout ça c’est nous. Un commissaire européen était même venu à Dakar pour cette initiative. Il y a eu beaucoup de réalisations.
Pour en revenir à votre rétrogradation. En étiez-vous frustrée ?
Quand on vous enlève d’un poste, ça ne fait jamais plaisir. Ce n’est peut-être pas raisonnable de ma part, mais c’est humain. Quand on vous enlève d’un poste, surtout qu’on ne vous dise même pas pourquoi, cela ne fait pas plaisir. Je n’ai jamais su pourquoi. Je pense que c’est là un problème des politiques. Il faut qu’ils apprennent à respecter un peu plus les gens. C’est le minimum. Quand on veut sanctionner quelqu’un, le minimum est de l’appeler et de le lui dire. Moi, je n’avais pas demandé à être ministre. On m’a choisie et on m’a confié des tâches. Mais, quand on veut se séparer de vous, vous ne le voyez même pas. Je pense qu’il faut policer les rapports. On ne peut pas avoir des personnes de grande qualité, des experts qui savent ce que c’est que la vie, les honneurs, et qui se battent pour les mériter. Si on doit les remercier, la moindre des choses est de leur dire pourquoi. Où est le problème ! Moi j’aurais bien aimé que le Président m’appelle ou me fasse venir pour me dire : j’ai des soucis à régler que vous ne pouvez pas, je vous remercie. J’aurai apprécié. Il y a un minimum de correction vis-à-vis des gens. Je trouve cette manière de faire incorrecte.
Pouvez-vous revenir sur votre nomination ?
Le Président Diouf m’a appelée, après que j’ai eu à gérer une grosse grève. C’était en 1987, je crois. Et notre service a été relativement épargné. Quand on a commencé la campagne électorale, Mme Fatoumata Tall m’avait demandé de rejoindre l’équipe de campagne du président de la République. Mais, comme mon service marchait, je ne pouvais pas m’absenter longtemps de Dakar. J’étais dans le GER (Groupe d’études et de recherches du parti socialiste). C’était une mission exaltante. A la fin de chaque journée, il y avait un groupe de travail pour évaluer la situation de la région où nous étions ; on lui faisait le feed-back et on le préparait pour l’étape qui suit. Pour aller ailleurs, on fait un mapping de la situation géographique. Qu’est-ce qu’il y a ? Qui y vivent ? Quels sont leurs besoins ? etc. C’est peut-être pendant ce moment qu’il m’a le plus écouté. Et quand il s’est agi de former son gouvernement, il m’a appelée.
Plongez-nous un peu dans l’ambiance des consultations. Comment ça s’est passé ?
On m’a envoyé un Motard, comme ça se passe en général. Le Gendarme m’a alors demandé d’aller répondre à la Présidence. Quand j’ai reçu mon papier, je n’avais même pas conscience qu’on était en train de former le gouvernement. D’ailleurs, quand j’ai vu le Gendarme, je lui ai demandé si on a cassé mon institut ? Le monsieur me demande alors : quel institut ? Il m’a que Madame Ndoye voulait que passe à la présidence, le lendemain à telle heure. C’était le jour même de la prestation de serment du Président. Cela n’avait eu aucun effet particulier. C’est environ deux heures plus tard que j’ai appelé mon père pour l’informer.
C’est d’ailleurs lui qui me fait savoir que Mme Ndoye était la secrétaire de Diouf. Ce n’est que le lendemain que j’ai pensé à Pathé qui travaillait à la Présidence. Quand je lui ai dit que je suis invitée au Palais, il m’a demandé de ne surtout pas être en retard et de m’habiller bien. Il m’a suggéré de venir une demi-heure avant et de passer à son bureau. Le lendemain, je les ai trouvés dans leur bureau avec une énorme carte, entrer de travailler sur le nouvel attelage gouvernemental. On s’est beaucoup taquiné… Et c’est Pathé qui m’a accompagnée et m’a fait un bref training sur la procédure. Je devais juste attendre la personne dans la salle d’attente et la suivre jusqu’au bureau du Président. C’était tellement drôle. A l’heure exacte, quelqu’un est venu me chercher et je l’ai suivi…. Quand la deuxième porte s’est ouverte, j’ai constaté que c’est une immensité, entre la porte et son bureau. Et il me dit : avant que tu n’ouvres cette porte, je pensais te confier le ministère de la Santé. Mais, je change d’avis pour te donner le ministère du Développement social, parce que tu es un manager. Et ce ministère n’a jamais été managé. C’est un département extrêmement important pour moi et pour le ministre d’Etat Jean Collin. Il va t’en parler après.
Aujourd’hui, quand on parle de ministère de la Femme, les gens pensent immédiatement à la politique, au folklore. A vous entendre, cela n’a pas toujours été le cas. Qu’est-ce qui a changé et quelle est la part de responsabilité des dirigeants ?
Il y a toujours eu les deux. Un moment, la politique prend le dessus. Après, quelqu’un vient et remet les pendules à l’heure. Tout dépend du chef du département et du président de la République. Il y a eu des moments où la politique prime sur tout, parce que le chef de l’Etat en avait besoin. Ce ministère est ce que le président de la République veut qu’il soit, il ne faut pas se tromper. Par exemple, il y a eu un moment où Tata Caroline était là. Il y avait, derrière, une volonté d’amener les femmes en politique. Elle a joué ce rôle à merveille. Après, Abdou Diouf est venu et a amené Maimouna Kane qui a été une très grande ministre. C’est d’elle que je tiens toutes ces théories autour du développement de la Femme. Ensuite, Mantoulaye Diène est venue dans un contexte où le PS commençait à être bousculé par le PDS. Elle aussi, je l’ai beaucoup admirée. C’est un animal politique. Des femmes comme elle, je n’en ai pas vu deux. Ensuite, je suis arrivée. Et mon objectif était surtout d’allier les deux à la fois. J’ai pris le choix de mettre en avant la République. Quand il y avait des choses à distribuer, je faisais tout pour être le plus républicain possible. Cela m’a valu beaucoup de déboires, c’est certain.
Pensez-vous que la manière dont on choisit les membres du Gouvernement aujourd’hui est moins rigoureuse qu’avant ?
Je sais que de notre temps, c’était très rigoureux. Quelqu’un m’a dit, bien plus tard après ma nomination, quelqu’un qui était au courant de mon dossier m’a dit quej’ai été suivie pendant assez longtemps, avant que l’on ne me choisisse. Il est normal que quand on nomme un ministre qu’on fasse des enquêtes sur la personne. Maintenant, je ne sais pas comment cela se passe.
Après vos missions dans des Gouvernements d’Abdou Diouf, vous êtes allée à l’OIM, comment est-ce arrivé ?
C’est un pur hasard. J’avais déjà une idée de ce que c’était, avec la crise sénégalo-mauritanienne. C’était quand même une chance. Il y a eu une opportunité à Genève qui s’est présentée pour que le Sénégal compétisse à l’élection d’un directeur général adjoint à l’OIM. Une de mes amies qui était à Genève et à qui on avait proposé le poste leur a dit qu’elle voulait rentrer au pays et leur a suggéré mon nom. Elle m’a contactée et je lui ai envoyé mon CV. J’ai aussi informé le Chef de l’Etat et il a donné son accord. Le ministre des Affaires étrangères de l’époque, Jean Baudin a pu piloter l’ensemble de la procédure. Il y avait une politique à mettre en place, une campagne à construire avec les différents ambassadeurs. J’ai été soutenue par l’Afrique du Nord. Et j’ai pu avoir le poste.
Comment analysez-vous le phénomène Barsa-Barsax ?
On me dit que je suis très sévère. Je pense que ces jeunes ne bravent pas la mer juste par besoin. Je pense que c’est juste parce qu’ils veulent défier le monde. Je ne comprends pas pourquoi ils veulent se suicider. Je ne comprends pas pourquoi, ils rechignent à avoir les papiers qu’il faut pour voyager. Ils cherchent des échappatoires pour ne pas faire les choses correctement. Mais, quand on voyage, on a besoin d’un passeport, d’un visa. Il ne faut pas me dire que c’est parce qu’ils ne sont pas instruits qu’ils ne savent pas cela. Ce n’est pas possible. On le leur dit et pourtant, ils continuent à se jeter en mer. Ce que je ne supporte pas maintenant, c’est qu’ils mettent cela sur le dos de l’Etat. Ce n’est pas juste.
Les voies légales leur sont souvent fermées quand même.
Si les voies légales leur sont fermées, ils négocient ou bien ils restent chez eux. S’il leur faut aller vendre des parapluies dans les rues de New-York quand il pleut ou faire autre chose à Paris, ils peuvent le faire ici. Pourquoi, veulent-ils forcément enfoncer des portes qui sont fermées ? L’Europe a sa politique, ses exigences ; elle a mis en place sa stratégie de communication entre elle et le reste du monde. Mais, ce n’est pas parce que les Sénégalais ne veulent pas entendre cela qu’ils vont changer de plan. Moi, je ne les encourage pas à le faire. Par contre, ce que je veux est que mon pays s’organise, ait les structures qu’il faut et qui soient capables de parler aux gens qui sont dans les zones à fond dans la migration. Qu’on aille dans les zones d’où ces gosses-là partent et leur proposer des programmes. On sait où c’est. Le ministère de l’Intérieur a toutes les informations. On me dira que ces programmes existent, mais c’est pour ceux qui ont eu un aller avorté. On les finances pour les réinsérer dans les tissus sociaux. Je ne suis pas d’accord avec le Barça-Barsax. C’est du suicide et je pense que c’est tant pis pour eux, parce que ce n’est pas normal que les gens veuillent aller chez des personnes qui ne les invitent pas, qui n’ont pas besoin d’eux.
Mais certains invoquent la pauvreté pour justifier leur départ. La responsabilité de l’Etat n’est-elle pas engagée vu sous cet angle ?
Moi, je trouve que l’Etat fait ce qu’il peut dans les conditions extrêmes que nous avons. Il faut que les gens ouvrent les yeux. Je suis à la télévision, ce qui se fait pour l’emploi des jeunes. Mais pour que cela soit efficace et visible, il faut un temps. On travaille sur de la ressource humaine, la personne. On ne travaille pas sur des billes qu’on déplace. Il faut laisser le temps au Gouvernement. Je ne dis pas qu’il a fait les choix de personnes qu’il faut et de programmes. Mais une fois que le programme est choisi, il faut laisser du temps à ceux qui doivent le piloter. Je sais qu’ils ont un grand problème de communication et ne disent pas exactement ce qu’ils font, pour que les autres sachent où ils veulent en venir. Ils annoncent des milliards et des milliards, à longueur de journée. Il serait bien qu’ils disent ce à quoi ils vont servir. Nous, nous n’avons jamais eu autant d’argent.
Quels sont vos rapports avec les gens du Parti socialiste ?
Je suis PS et je reste PS, seulement je ne milite pas. Je ne crois pas en ce qu’ils font. Ils sont bien gentils, mais j’avoue que cela ne marche pas. Aujourd’hui, c’est le socialisme lui-même qui est malade. Regardez ce qui se passe en France quand les grandes figures ont disparu. Regardez la présidence insipide qu’a eue Hollande. Ici, le PS a été très mal préparé à la relève. Cette dernière a été brutale. Abdou Diouf a perdu des élections, alors qu’il ne s’y attendait pas, parce qu’on ne lui avait pas dit qu’il y avait des risques d’échecs. Ils lui ont caché la vérité. Mais, c’était sa faute aussi, sa manière de gouverner, il était coupé de tout le monde. Il n’avait plus d’informations venant de l’extérieur. Ousmane Tanor Dieng était un novice face à ce que Jean Colin pouvait être.
Vous voyez l’avenir avec le PS ‘’authentique’’ ou avec le front dirigé par Khalifa Sall ?
Khalifa a beaucoup perdu. Pourtant, c’est quelqu’un de très bien. Le meilleur d’entre eux était feu Babacar Mbaye. Khalifa venait après lui. ‘’Kasso baxul, dafay ray goor’’. Khalifa n’a plus d’élan. Cela me pose beaucoup de soucis. Khalifa ne mérite pas cela. Des jeunes formés sous Senghor et Diouf comme Khalifa, on n’en fera plus. Khalifa sait ce qu’est le socialisme. Tous ceux que vous voyez s’agiter à ne savent pas ce qu’est le socialisme. Ils ont beaucoup de bagout, c’est tout. Le PS aura beaucoup de mal à se relever. Ils ont raison d’aller s’engouffrer dans l’APR, parce que seuls, ils ne feront rien que cela soit avec Aminata Mbengue ou Serigne Mbaye Thiam. Ils n’ont pas l’envergure de gérer un Parti socialiste pur et dur, qui en vaut la peine.
Un mouvement de la Gauche pourrait le faire ?
Peut-être cela. J’ai beaucoup fréquenté, à la fin de sa vie, Amath Dansokho et les gens du PIT. J’aime beaucoup leur manière de travailler. Ils sont de la Gauche, des communistes, mais ce sont des gens avec qui un PS, tel qu’Abdou Diouf l’a fait d’ailleurs, pourrait travailler. Comment le PS va évoluer, je ne sais pas. Il faut que le PS sache évaluer ses forces et faiblesses ; qu’il sache nouer des alliances en attendant qu’une lame de fond remonte.
Quels rapports entretenez-vous avec le Président Diouf ?
Nous avons des rapports cordiaux. Je les ai vus avant la pandémie. Je suis allée les saluer. Je pars de l’esprit qu’on a passé une vingtaine d’années ensemble et cela marque. Il est bon que, de temps en temps, ils sachent qu’il y avait des gens qui étaient avec eux, qui ont travaillé avec eux pour le Sénégal. Ç’aurait été bien qu’on garde nos rapports cordiaux. Qu’est ce qui les empêche de se promener et de venir rendre visite aux gens. C’est possible. Nous, nous le faisons volontiers, mais ce serait bien qu’eux également rendent visite, de temps à temps, à ceux avec qui ils avaient travaillé. Moi, j’aurais bien aimé qu’ils le fassent.
Parlez-nous de ce voyage à Podor qui a failli virer au pire…
J’ai pris ici un avion qui n’était pas en panne pour aller inaugurer les groupes électrogènes d’un village qui n’avait pas d’électricité, depuis l’indépendance. Je devais rentrer vite le lendemain, parce que j’avais une émission à la RTS. Je devais parler du rachat de la dette du Sénégal. A peine a-t-on décollé j’ai vu une lumière rouge sur le tableau de bord. J’ai attiré l’attention du pilote et il m’a dit qu’il y avait un problème, que l’avion ne répondait plus. Il m’a dit qu’on était à 2000 mille, je pense, d’altitude et que l’avion risquait de tomber. Je lui ai demandé de faire des cercles concentriques, de tourner en rond pour diminuer l’altitude. Quand le pilote a atteint la limite, on a brusquement atterri. L’avion a continué sa vitesse. Il roulait très rapidement. Mon seul problème, c’était qu’on rencontre un arbre. Heureusement, l’avion s’est brusquement arrêté au pied d’un arbre. Je suis descendue pieds nus et on courait tous dans la brousse, parce que j’avais peur que l’avion explose.
Quand je suis rentrée, pendant un mois, je ne portais pas de chaussures, parce que j’avais des épines enfoncées dans la plante du pied. Le pilote avait pu parler dans son poste et avertir le gouverneur. Djibo Kâ était le ministre de l’Intérieur et quand il a été informé, il a dit aux agents de sécurité, c’est qui le ministre du Développement social. On lui a dit Ndioro Ndiaye. Il leur a dit : c’est vous qui allez le dire à Abdou Diouf et Habib Thiam. Il les a quand même avertis et ils m’ont envoyé l’avion de l’Armée française. Mais, ma maman qui a été informée, entre temps, ne voulait pas que je revienne par avion. Vous savez la compagnie TransAir là, leur premier accident n’est pas celui survenu de retour du Burkina. Leur premier accident, c’est avec le monomoteur qu’il nous avait loué. Habib Thiam m’a envoyé lui un avion de Sénégal Air, alors que j’étais déjà partie, en prenant la route. L’avion a trouvé de jeunes enseignants de l’UGB et cet avion a fait un crash, ici à Yoff. Ils sont tous morts. Jusqu’à présent, quand j’en parle, j’ai des frissons.
Cette histoire ne vous a pas paru trop bizarre pour être naturelle, n’avez-vous pas pensé à des faits mystiques ?
Non, c’était tellement extraordinaire. Non, ce n’est pas possible. C’est Dieu qui en avait décidé ainsi. On ne peut pas faire çà avec du mystique.
Pour quelqu’un qui a grandi à Rufisque, que pensez-vous du ndeup ?
Il est bon. Moi, je donne un bœuf chaque année, quand la famille de Yaye Fatou Seck organise un ndeup. Lors de leur procession, ils passent devant chez nous. Je n’assiste pas au ndeup, je n’en fais pas, mais je me souviens que, quand on avait des soucis de santé ou autre, ma mère nous amenait prendre un bain dans les ‘’xamb’’ logés chez Yaye Fatou Seck.
Vous ne pensez pas que ce sont les génies du Xamb qui vous ont peut être sauvée de cet accident d’avion ?
Peut-être bien, parce que personne ne sait comment je m’en suis sortie. Personne ne peut comprendre.
CES TURBULENTES PIONNIÈRES AFRICAINES OUBLIÉES DE L'HISTOIRE
Dès les années 1930, des Africaines en avance sur leur temps se sont imposées dans des bastions farouchement masculins. Géraldine Faladé Touadé ranime le souvenir de ces pionnières injustement méconnues dans un essai remarquable
Jeune Afrique |
Clarisse Juompan-Yakam |
Publication 23/05/2021
Madeleine Ly, Marie Madoé Sivomey, Jeanne Martin Cissé, Sita Bella… Ces noms de femmes n’évoquent rien pour certains d’entre vous ? Ils devraient pourtant. Médecin, maire, institutrice ou journaliste, elles ont été des pionnières dans leur domaine dès les années 1930, dans des bastions jusque-là réservés aux hommes. L’ancienne journaliste Géraldine Faladé Touadé leur rend hommage dans un essai paru en septembre dernier aux éditions Présence africaine : Turbulentes ! Des Africaines en avance sur leur temps.
À 86 ans, celle qui se présente comme une « passeuse de mémoire » dresse le portrait de dix-sept « combattantes » déterminées, anticonformistes, qui ont fait bouger les lignes malgré les obstacles et parfois au péril de leur vie. À défaut d’en faire leurs modèles, Géraldine Faladé aimerait que les jeunes générations découvrent ces femmes injustement méconnues, et sachent ce qu’elles ont enduré pour leur ouvrir la voie.
Précurseuse du mouvement nappy
Première de ces guerrières placées sous les projecteurs, une « simple esthéticienne » : Josepha Jouffret, dite Josepha. « Dans les années 1960, les Parisiennes noires qui ne défrisent pas leurs cheveux dissimulent leurs tresses sous un foulard. Inconsciemment – ou peut-être pas –, elles s’ingénient à renier leur africanité. Josepha leur a appris à l’aimer et à l’assumer. Elle nous a donné envie d’être nous-mêmes », explique Géraldine Faladé Touadé.
Elle déroule ensuite la success story de cette femme née à la Martinique, mais qui se présentait toujours comme Guinéo-Sénégalaise : l’ouverture, audacieuse, au cœur du Quartier latin, du premier espace de beauté entièrement consacré à la femme noire ; la ruée du tout-Paris de la mode vers la rue Gay-Lussac, contribuant à la notoriété d’une adresse qui devient vite mythique ; la concurrence des géants de la cosmétique qui fleurent le bon filon…
À la puissance financière de ces derniers, Josepha oppose sa culture, son assurance et sa créativité. Sur les bâtons à lèvres, elle convoque le bleu et l’ambre en lieu et place du rouge écarlate, qui devient criard sur les peaux mates et alourdit les traits. Aux fonds de teint, elle attribue des noms évocateurs de peuples d’Afrique : bambara, peul… « Elle nous apportait glamour et style et nous cessions d’être des Africaines en peine. » Pour Géraldine Faladé Toundé, Josepha a ouvert la voie à la reconnaissance de la grâce particulière des femmes noires, et son mode de pensée est précurseur de mouvements d’aujourd’hui, tel le nappy.
Une des premières sage-femme d’Afrique francophone
Autre portrait marquant, celui d’Aoua Kéita, femme aux talents multiples et au caractère de feu. Son carburant ? D’abord son père, qui l’a toujours soutenue. Puis son mari, qui l’éveille à la politique avant leur séparation – la pression familiale aura raison de leur couple sans enfants. Et sans doute aussi, les déboires qu’elle rencontre sur son chemin. Née dans le Bamako colonial de 1912, Aoua Kéita est destinée à être mère au foyer. Son père l’inscrit en secret à l’école, contre l’avis de son épouse, qui tente de freiner l’enthousiasme de la gamine.
La Gambienne, Fatou Bensouda, procureure sortante de la Cour pénale internationale, a estimé, samedi à Dakar, avoir fait un mandat ‘’assez positif’’ de neuf ans au sein de cette judiriction internationale.
Dakar, 22 mai (APS) – La Gambienne, Fatou Bensouda, procureure sortante de la Cour pénale internationale, a estimé, samedi à Dakar, avoir fait un mandat ‘’assez positif’’ de neuf ans au sein de cette judiriction internationale.
‘’Je suis à la fin de mon mandat, un procureur est élu pour un mandat de neuf ans, j’ai été élue en 2012 et, dans quelques jours, ce sera fini. Je pense que j’ai fait un bilan assez positif au regard de tout le travail accompli. Il y a eu vraiment des succès, des défis et des challenges’’, a dit la procureure.
Bensouda élevée, vendredi, au rang de Commandeur dans l’ordre nationale du lion par le chef de l’Etat sénégalais Macky Sall, a assuré avoir élevé le niveau de la CPI.
‘’Je pense que le niveau où j’ai trouvé la CPI est aujourd’hui beaucoup plus élevé et je remercie tout le monde, les Etats-parties, l’Afrique et surtout le Sénégal pour le soutien pendant mon mandat’’, a-t-elle souligné au cours d’une conférence de presse.
Il fallait beaucoup de dévouement et de motivation pour mener à bien un travail pas facile de procureure à la CPI, a fait remarquer la magistrate gambienne, en rappelant que la coopération est importante dans cette mission, en plus d’avoir la posture d’un diplomate pour mener à bien les enquêtes dans les différents pays.
‘’Dans les défis, le plus dur est relatif aux témoins parce que nous avons la responsabilité de sécuriser les témoins. On a vu dans l’exemple du Kenya que des témoins ont été retrouvés et détournés contre la Cour, ce qui a entrainé l’abandon de ce dossier en faveur du président Uhuru Kenyatta accusé de crimes contre l’humanité après l’élection présidentielle de 2007 qui avait fait 1300 morts’’, a -t-elle regretté.
‘’Tout est fait dans la négociation, car on n’a pas de pouvoir d’oppression. On négocie toujours avec le pays pour les mandats. Si on ouvre une enquête, on va voir avec qui travailler dans le pays concerné. (…) parfois on n’a point besoin d’assistance, on vient mener nos enquêtes normalement. Le travail est très difficile’’, a-t-elle reconnu.
La magistrate gambienne dit avoir été guidée par ‘’la transparence’’ durant tout son mandat qui prend fin le 14 juin prochain.
Au sujet du dossier relatif à la crise ivoirienne, la procureure sortante de la CPI a déclaré ne pas avoir de regret, après l’acquittement de Laurent Gbagbo et de Blé Goudé son co-détenu à la CPI.
‘’Je ne faisais que mon travail en tant que procureure dans l’affaire Laurent Gbagbo et Blé Goudé. Il n’y avait rien de personnel. Il s’agissait de mon travail, un sacerdoce à remplir. On a eu beaucoup de difficultés à présenter les preuves et quand on a terminé, les juges les ont jugés insuffisantes’’, fait valoir Mme Bensouda.
Elle estime n’avoir attaqué personne sur cette affaire. ‘’Je faisais mon travail, je suis procureur, si je juge que la loi n’a pas été bien dite, je saisis la chambre la plus élevée sur la base des aspects juridiques’’, a-t-elle dit soulignant qu’elle avait une ‘’responsabilité en tant que la procureure de laisser une jurisprudence".
Elle a ajouté que les choses ont été très ‘’complexes’’ sur cette affaire car trois juges sur deux n’étaient pas d’accord sur les preuves présentées. ‘’Je respecte leur décision, j’ai fait mon travail, je n’ai rien contre Gbagbo et je n’ai pas de regret’’, a-t-elle insisté.
La magistrate est également revenue sur les sanctions infligées contre sa personne par l’administration de l’ancien président américain Donald Trump.
‘’C’était très dur, on a confisqué mon visa. On avait beaucoup de soucis, mais cela n’a pas empêché de faire mon travail. Aujourd’hui, Dieu merci, la nouvelle administration estime que ces sanctions n’avaient pas de sens", a-t-elle fait observer.
‘’Certains propagent l’information selon laquelle la CPI n’instruit qu’en Afrique, je précise que d’autres pays comme la Colombie, la Palestine, le Venezuela, les Philippines, la Tunisie, l’Afghanistan, Georgi, Ukraine, sont concernés’’, s’est-elle défendue.
Elle a rappelé que la première responsabilité de la résolution des crimes contre l’humanité revenait aux Etats en premier lieu avant l’intervention de la CPI.
LES FEMMES ET LE FONCIER, UNE INJUSTICE QUI PERSISTE
Les femmes détiennent moins de 13% des terres au Sénégal alors qu’elle constitue 70% de la population agricole. C’est le constat alarmant qui est ressorti de l’étude de l’IPAR qui ajoute que ce taux tourne autour de 1% s’il s’agit du delta
Manifestement, le Sénégal a toujours un défi à relever en matière d’accès et de contrôle par les femmes des ressources foncières. C’est ce qui ressort d’une étude de l’Initiative Prospective Agricole rurale (IPAr) présentée hier au siège du HCCT, en présence de la présidente de ladite institution Aminata Mbengue Ndiaye.
Les femmes détiennent moins de 13% des terres au Sénégal alors qu’elle constitue 70% de la population agricole. C’est le constat alarmant qui est ressorti de l’étude de l’IPAR qui ajoute que ce taux tourne autour de 1% s’il s’agit du delta. Montrant ainsi que la gouvernance foncière au Sénégal reste marquée par la complexité des normes et leur sensibilité liée au statut de la terre dans nos différentes sociétés, la coordonnatrice du projet Dr Oumou Khairy Coulibaly ajoute aussi qu’il y a seulement 2% des femmes qui détiennent des titres individuels et ce, d’après elle, malgré les avancées remarquables notées sur l’amélioration des cadres juridiques et institutionnels avec l’introduction des règles d’accès à la terre par la loi 64-46 du 17 juin 1964 relative au domaine national qui a été une étape importante vers la promotion des droits de la femmes.
Ainsi, d’après Dr Coulibaly, le Sénégal ne peut pas atteindre les objectifs de Développement Durable sans l’accès des femmes à la Terre. Mettant toutefois en exergue quelques bonnes pratiques dans ce domaine, elle a rappelé le renforcement de capacités des femmes sur le plan foncier au niveau des collectivités territoriales.
Abondant dans le même sens que sa collègue, le directeur exécutif d’IPAR trouve qu’il faut rechercher le problème ailleurs. Devant les membres du HCCT, Cheikh Omar Ba pense en effet que la difficulté pour les femmes d’accéder à la terre n’est pas un problème juridique mais plutôt socioculturel. Et pourtant, fait savoir l’expert, chaque femme qui accède à la terre aide sa famille dans la résilience.
AMINATA MBENGUE NDIAYE : «SUR LE PLAN FONCIER, LES FEMMES ONT ETE TOUJOURS LESEES»
De son avis, accompagner une femme à accéder à la terre, c’est accompagner la société. Faisant la même plaidoirie que les experts de l’IPAR, la présidente de HCCT Aminata Mbengue Ndiaye pense que les femmes doivent prendre leur place par rapport à l’accès à la terre. ‘’Elles doivent accéder à la terre‘’, soutient-elle avec véhémence. Et la socialiste d’ajouter sans ambages : ‘’Sur le plan foncier, les femmes ont toujours été lésées.‘’ Rappelons que ce principe d’égalité de ‘’droit d’accéder à la possession et à la propriété de la terre‘’ entre l’homme et la femme est consacré formellement par la constitution, érigeant ainsi cet acquis en règle fondamentale. Toutefois, les membres de l’IPAR soulignent que ce projet de recherche-action, ‘’Promotion d’une gouvernance foncière et inclusive par l’amélioration des droits fonciers des femmes au Sénégal‘’, s’inscrit dans le contexte sénégalais où les femmes sont confrontées à une insécurité persistante.
RECOMMANDATIONS
Par ailleurs, l’étude recommande le renforcement des connaissances et du pouvoir économique des femmes et instaure une gouvernance foncière incluse. Les experts de l’IPAR prônent aussi le renforcement de la diffusion des lois et règlements fonciers auprès des femmes, des leaders coutumiers et des autorités locales ainsi qu’un plaidoyer pour sensibiliser sur la résistance des coutumes préjudiciables aux femmes. L’appui et l’accompagnement des femmes dans le processus d’obtention de titre d’occupation sont fortement encouragés par l’étude.
UN DÉTENU RÉCEMMENT GRÂCIÉ PRÉSUMÉ AUTEUR D'UN MEURTRE
Peintre de fonction, Cabi Diatta est un ressortissant Bissau-guinéen âgé de 21 ans, habitant au quartier Arafat de la commune de Grand-Yoff a avoué être l'auteur du meurtre de Lotaly Molllet
Le meurtrier de Loyalty Mollet âgée de 27 ans, l’étudiante congolaise tuée dans la nuit du mercredi aux Hlm Grand-Yoff, a été gracié pendant la Korité. Selon le journal Libération qui donne cette information, Séwu Cabi Diatta est pourtant un multirécidiviste.
"Elle descendait d’un taxi pour rentrer chez elle, près du collège Hyacinte Thiadoum lorsqu’elle a été agressée par Sewu Cabi Diatta. Lotaly Mollet à refuser de céder son sac à son agresseur qui en colère lui assène plusieurs coups au visage puis au cœur. Poursuivi par le taximan, avec l’aide des policiers qui menait une patrouille dans la zone Sewu Cabi Diatta a été finalement maîtrisé et conduit au commissariat de Grand-Yoff. Ressortissant bissau-guinéen, le présumé meurtrier de Lotaly Mollet est âgé de 21 ans vivant à Dakar avec sa mère et sa sœur. Connu pour être un « vrai caïd », il a été déféré à trois reprises pour vol, coups et blessures volontaires ainsi que pour détention d’arme blanche. Son dernier déferrement remonte en février 2020.", lit-on dans le journal qui retrace le film de ce crime odieux. Le journal précise également que S. C. Diatta est bien connu des archives du commissariat de Grand-Yoff où il avait déjà fait l'objet de trois déferrements pour, respectivement, détention d'une arme blanche, coups et blessures volontaires ayant entraîné une incapacité temporaire de travail de dix jours et vol en réunion commis la nuit.
D'après Libération, "le présumé meurtrier de l'étudiante congolaise Lotaly Mollet est plutôt âgé de 21 ans et est d'origine bissau-guinéenne".