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7 mars 2025
Femmes
ADJI SARR ESPÈRE UNE RÉACTION DE L'ÉTAT DANS L'AFFAIRE MISS SÉNÉGAL
Dans une vidéo d’une minute diffusée sur les réseaux sociaux, Adji Sarr sort de son silence et apporte son soutien à la lauréate du concours Miss Sénégal 2020
Les propos de la présidente du Comité Miss Sénégal suite aux accusations lancées par la famille de Ndèye Fatima Dione, sacrée Miss Sénégal 2020, ont provoqué de nouvelles réactions du gouvernement. Mais aussi d’Adji Sarr, la jeune femme qui avait porté plainte contre l’opposant Ousmane Sonko.
« Je compatis. J’espère que cette fois-ci, l’État va prendre ses responsabilités pour protéger ses filles. » Dans une vidéo d’une minute diffusée sur les réseaux sociaux, Adji Sarr sort de son silence et apporte son soutien à la lauréate du concours Miss Sénégal 2020. Adji Sarr, employée d’un salon de massage, a porté plainte contre Ousmane Sonko pour viol. La procédure judiciaire contre l’opposant avait été un déclencheur des violentes émeutes du mois de mars, rappelle notre correspondant à Dakar, Charlotte Idrac.
De son côté, le ministère de la Femme a réagi dans un communiqué publié samedi. « J’encourage fortement les victimes de violences (…) à dénoncer en vue d’obtenir réparation », écrit la ministre Ndèye Saly Diop, qui appelle à « élucider » les récentes déclarations et accusations, « afin que justice soit faite ». Elle s’engage à poursuivre la sensibilisation autour de la loi criminalisant le viol.
Il faut légitimement s'interroger sur ce qui serait advenu des réalités sur le comité Miss Sénégal, si Fatima Dionne avait tout eu au lendemain de son sacre : voiture, voyages, bijoux et j'en passe...
Meurtrie par un puissant sentiment d'humiliation, submergée par l'auto-culpabilisation, l'impuissance et la colère, Miss Sénégal 2020, Ndèye Fatima Dionne, a fini par ouvrir les égouts de l'univers Miss Sénégal, dont elle fut, le temps d'une soirée mondaine, la tête couronnée, révélant, au passage, l'information d'une grossesse dont elle ignore la paternité. Ce qui veut tout dire ou presque, de la fange dont elle se fait la contemptrice soudaine et dans laquelle elle a dû baigner un instant, volontairement ou involontairement, attirée par les lumières d'un monde qui lui promettait célébrité et richesses.
Captive désormais libre, mais captive brisée et désabusée d'un miroir aux alouettes qui lui a emprunté sa beauté le temps d'un weekend, pour sublimer les lustres et les strass d'une salle de festivités et qui l'a, depuis, laissée les mains vides.
A ce niveau, il faut légitimement s'interroger sur ce qui serait advenu des réalités sur le comité Miss Sénégal, si Fatima Dionne avait tout eu au lendemain de son sacre : voiture, voyages, bijoux et j'en passe... Aurait-on jamais su ? Aurait-on jamais su l'humiliation des fins de sacre quand les lumières s'éteignent et que s'allument celles, tamisées, des chambres de luxure où hurle la chair avide ? Aurait-on jamais su la traite des filles transformées en serveuses de plaisir pour des hommes fortunés, déréglés par leurs fantasmes et par ce sentiment de toute-puissance et d'invulnérabilité que seul sait inoculer l'argent ? Aurait-on su le machiavélisme d'Aminata Badiane, grande prêtresse du proxénétisme de luxe, esclavagiste de la chair de femme pour qui le viol est banal et le sexe une marchandise... comme une autre ?
Non, on n'aurait pas su. Privation bienheureuse ? En tout cas, sa frustration indigérée aura permis d'ouvrir les yeux sur l'univers glauque de la mondanité dakaroise qui célèbre les miss et intronise leurs reines, qui chante la beauté et qui détruit celles qui la portent, qui sacre la chair et saccage l'âme. La déception de Fatima Dionne aura surtout permis de libérer la parole de toutes les autres exploitées de ces nuits de lucre et de stupre que l'on a bafouées, violées et que la peur a murées dans le silence, menottées dans les murs d'une omerta que pilotait Madame Badiane avec ses logiciels déshumanisants ; de ceux qui produisent cette surréaliste assertion : " Si on te viole, c'est que tu es consentante !" L'offense de trop.
L'Association des juristes du Sénégal crie au scandale, dans la fusion des émotions et en profite pour dénoncer la violence plus globale faite aux femmes par le viol, sujet presque tabou dans ce pays, mais réalité quotidienne de centaines de femmes et d'enfants au pays des Serignes... La plateforme Ladies club Sénégal a lancé une pétition pour exiger la dissolution du comité Miss Sénégal ou qu’Aminata Badiane s'en écarte. L'indignation légitime qui a suivi les propos de Mme Badiane et la découverte des marécages au-dessus desquels elle commande à la citadelle miss, semblent être générales. Elle renseigne sur la réprobation d'une opinion à juste titre révoltée et pose la question de la pertinence et de l'opportunité de l'organisation de cet événement annuel que celui de Miss Sénégal.
Certes, arrimé à un événement planétaire de même nature et dont il dépend, l'on ne saurait le proscrire. Mais il est urgent de l'assainir. Aussi est-il tout urgent que le procureur de la République s'autosaisisse de ce dossier de viol, y fasse la lumière, situe les responsabilités et inflige, par l'exercice de la justice, des peines. La crédibilité de ce qui est devenue, au fil du temps, l'institution par excellence de la beauté sénégalaise, dépend de ce minimum ; de la transparence dans cette affaire dont le spectre de délitement sociétal s'etend peut-être bien plus loin qu'on ne l'imagine et toucherait des sommets que l'on aurait pu croire inaccessibles aux faiblesses d'ici-bas...
Mais tous les procès du monde, toutes les pétitions en cours, le retrait de tous les sponsors de Miss Sénégal ne remplaceront pas, pour l'exemple et pour la morale publique, ce qu'Aminata Badiane aurait dû faire dès le début de cette affaire et la publication de sa sinistre bourde : démissionner. Et il est loin d'être tard pour qu'elle le fasse pour les nécessités de la transparence et les besoins de la vérité.
A moins qu'elle soit si à l'aise dans la nécrose de ses propres plaies, qu’elle s'en fiche que ce soit autrui qui décide de son amputation !
par Felwine Sarr
ÉCRIRE AU MILIEU DES CRIS
EXCLUSIF SENEPLUS ET SUD QUOTIDIEN - La parole nécessaire de Mbougar Sarr face à ceux qui ferment les yeux sur la maltraitance des enfants, sur les violences conjugales et qui se piquent quand quelqu’un ose affirmer l’inaltérable dignité des humains
Il fallait attendre que la clameur s’apaise quelque peu et que les cris stridents qui avaient irrité nos oreilles s’estompent, pour que nous prenions la parole.
De quoi s’agit-il ? Un jeune écrivain sénégalais de 31 ans qui écrit un roman majestueux, La Plus Secrète Mémoire des Hommes, qui est son quatrième opus, qui reçoit le plus prestigieux prix littéraire en langue française, le prix Goncourt, un siècle après le Guyanais René Maran en 1921. Après une première salve de félicitations unanimes, mâtinées de fierté nationale, les cris d’orfraie d’une frange de nos concitoyens qui l’accusent de tous les maux de Nubie, retirent leurs félicitations, le vouent aux gémonies en ressortant des placards son précèdent roman, De purs hommes, qui n’avait pourtant pas fait débat à sa parution en 2018, ainsi qu’une satire de jeunesse qu’il avait écrite, et prétendent qu’il a obtenu ce prix pour s’être fait le chantre de l’homosexualité, de l’aliénation culturelle et je ne sais quelle autre supposée plaie d’Égypte…, bref le charivari habituel. Ces derniers entretiennent savamment une confusion sur le livre primé, par des collages de textes destinés à nourrir les amalgames, mais surtout, par un procédé désormais connu, évacuent son travail littéraire et le sens de celui-ci, pour ramener leurs obsessions complotistes et leurs complexes victimaires au cœur de ce que l’on ne pourrait qualifier de débat tellement la parole qui la porte est indigente, fausse, mensongère et superficielle.
Une éthique dégradée de la parole semble hélas être le signe de nos temps. Les nouveaux lieux d’une expression censée être ouverte, libre et démocratique, que sont les réseaux dits sociaux, sont devenus dans leur versant obscur, des dépotoirs de la haine ordinaire, des espaces de procès sans appels et des lieux d’exécutions sommaires. Une cohorte de bourreaux en mal d’emploi y organise la vindicte populaire et la lapidation jouissive ; souvent y règle leurs comptes avec la société ou avec le vacuum de leur propre existence.
Faut-il répondre sur le fond, expliquer que le Goncourt ne prime pas une œuvre littéraire ni un parcours, mais un livre, que les jurés dudit prix pour la plupart ignoraient les précédents romans de Mbougar, que leur géopolitique était surtout littéraire. Allons-nous primer un roman classique ? Un texte complexe aux récits enchevêtrés ? Quels imaginaires nouveaux ces textes finalistes véhiculent-ils, sont-ils écrits dans une langue singulière, que disent-ils aux temps qui sont les nôtres ? Tels étaient leurs questionnements.
Faut-il expliquer tout ceci aux oreilles qui n’entendent pas et opposer des arguments rationnels et des faits à ceux dont les motivations profondes se logent hors de la raison et de la réalité nue ?
Il se joue au sein de notre société une bataille culturelle, menée par ceux qui estiment détenir la clef d’une authenticité sénégalaise sinon africaine ; chantres d’un récit, d’une eschatologie, d’un costume, d’une langue, d’un oratorio, d’une vision monochrome et souvent dichotomique du monde avec d’un côté les bons, et les méchants de l’autre. Ceux-là sont rejoints par une horde de nativistes identitaires qui refusent aux autres les inculturations qu’ils ont pourtant eux-mêmes opérées avec les éléments d’une culture venue d’ailleurs. S’y ajoutent, agglutinés et hallucinés, une foule de poujadistes qui réduisent le réel à la surface de leur propre dimension et demandent à tous d’habiter ce monde étriqué qu’ils proposent.
Les peuples du monde pratiquent pourtant depuis l’aube de l’humanité l’assimilation créatrice d’éléments venus d’ailleurs tout en restant eux-mêmes, en se métamorphosant et en se réinventant. Et les gardiens d’un temple longtemps défraîchi voudraient nous empêcher de faire notre miel de tous nos héritages, y compris parfois par une étrange haine de soi, de notre part négro-africaine. Cette même haine de soi rend suspecte toute reconnaissance de l’un des nôtres, venue d’ailleurs. Celle-ci ne peut-être le fait simple du talent du récipiendaire, celui-ci aurait forcement vendu son âme au diable.
Voici une société qui ferme les yeux sur la maltraitance de sa petite enfance, sur ses violences conjugales, ses incestes, sur l’exploitation et le piétinement du plus faible, sa fureur et sa violence quotidienne, et qui se pique quand quelqu’un ose affirmer l’inaltérable dignité des humains.
De tous ces maux, nous avons notre part de responsabilité. Pour avoir laissé pendant des années le champ libre à la propagande furieuse, à la réduction du réel et à la non-pensée. Pour avoir assisté sans rien faire à la dégradation de la parole, notamment plurielle. Pour avoir laissé dépérir les lieux d’éducation, d’édification et de culture de l’âme et de l’esprit. Pour n’avoir rien dit lorsque des censeurs autoproclamés se sont permis de nous dicter que voir, que lire, que comprendre, …. Pour avoir passivement assisté au désarmement moral de la société.
Depuis quelque temps, sous nos cieux, des censeurs prétendent indiquer le partage du visible, du sensible, de l’intelligible, de ce qui de nos vies est montrable ou pas. Du haut de leur monticule, ils tentent d’ériger leurs frayeurs en normes pour le grand nombre. C’est toujours ainsi que les fascismes commencent. Quelques individus terrorisent la foule et on les laisse faire. Sidérés, paresseux, trop occupés, on retarde le moment d’affronter la bête qui deviendra immonde un jour si on ne l’arrête pas à temps. Le désastre qui nous guette et qui déjà projette son ombre, est celui de la démission de la pensée et de la créativité, lorsque celle-ci, intimidée par la violence verbale et symbolique, déserte nos espaces quotidiens. C’est à cette nuit-là qu’il ne faudra pas consentir.
La littérature n’est pas la littéralité ; elle est écart. C’est une cérémonie qui initie les lecteurs aux secrets de l’existence. Un écrivain est quelqu’un qui décide de prendre la parole pour révéler ses mondes intérieurs, la réalité telle qu’elle est et non telle que certains aimeraient qu’elle soit. S’adresser à ses semblables dans l’intimité de leur solitude, révéler les mondes que portent les individus dans leurs contrastes, leurs tensions existentielles, leur casuistique intime, et dire ce qui fait de nous des humains ; ni anges ni démons, mais oscillant entre lucidité et ferveur. Un écrivain n’est pas là pour conforter l’ordre établi ou la moraline dominante, il révèle les infinis possibles de la vie et de l’existence, qu’il fait advenir à notre conscience et ainsi, élargit notre réalité et nous fais habiter un monde plus vaste.
Qu’un écrivain de 31 ans ait eu le courage et la lucidité, dans l’un de ses ouvrages, de tendre un miroir à une société qui se dit pieuse et pétrie de valeurs, mais qui déterre les corps d’individus accusés ou suspectés d’homosexualité, les profane, violente leurs cadavres, les traîne dans la rue et refuse l’ultime dignité d’une sépulture à un être désormais défunt, oubliant qu’enterrer nos morts, c’est ce qui fait de nous des humains, est salutaire pour nous tous. Écrire c’est rendre proche nos semblables, en reconnaissant leur humanité. Écrire, c’est parfois rappeler aux humains leur part lumineuse.
Que répondre aux cris, aux éructations d’individus qui n’ont pas lu, ne savent lire, ne veulent lire et n’ont pas besoin de lire pour clouer au pilori, et qui craignent de se laisser habiter par l’inquiétude de la pensée et le tremblement (vacillement) de leurs certitudes. Que répondre à ceux qui ne savent pas passer du cri à la parole ?
Répondre serait reconnaître la légitimité de leur tribunal auto-institué d’inquisiteurs aux passions tristes. Ne peuvent réellement converser que ceux qui ont creusé dans la solitude de leur antre et y ont trouvé quelques lueurs à partager. Autrement le dialogue est sans poids. Comment alors parler sans affaiblir la parole ?
Nous écrivons pour éviter que par saturation de l’espace, la mauvaise parole ne finisse par définitivement chasser la bonne. Il y a dans ce pays et ce continent des jeunes gens qui rêvent d’écrire, de créer, de penser la vie et le monde, d’en explorer les richesses infinies. C’est à eux que s’adresse ce texte. Que nul n’effraie leur esprit et n’inhibe leur génie créateur.
On ne préserve pas les valeurs d’une société. Il n’y a que les valeurs fragiles (pas assez ancrées en nous) qui réclament qu’on les défende. Les valeurs justes se vivent, s’incarnent, silencieusement se donnent en exemple ; elles inspirent. Et là les humains les imitent et tentent de se les incorporer, éclairés et éblouis par leur sillage lumineux. Parce qu’au fond, si ces thuriféraires étaient assez ancrés dans la part lumineuse de leurs héritages, ils ne craindraient pas les autres cultures, y compris leur part ombrageuse. Leur lumière serait dévoreuse d’ombre. On ne défend que les valeurs que l’on a déjà perdues. Celles-ci ne hurlent pas au cœur de la nuit. Elles parlent délicatement à nos oreilles.
Ici, que l’on ne s’y trompe pas, la vertu se trouve du côté de Mbougar Sarr. Heureusement pour ce pays que demeurent des foyers ardents de production d’éthique et d’excellence. Les valeurs de jom, de fulla et de dëggu du pays profond et l’excellence et la rigueur du Prytanée militaire de Saint-Louis, ont trouvé à s’incarner chez ce jeune homme de 31 ans, droit dans ses bottes, lucide, talentueux et courageux. Il nous rappelle à nos honneurs perdus et à nos rêves longtemps désertés. Il s’agit pour nous de nous déterminer en toute conscience et de choisir le versant de l’humanité que l’on souhaite habiter. Nous n’avons pas besoin d’être nombreux pour cela, il nous faut juste être résolus et peut-être sauverons-nous ce pays de l’obscurité qui le guette. Il s’agit de tenir ferme le front de la liberté de créer, d’imaginer, de penser et de dire.
Qu’il est important pour une jeunesse d’avoir des figures de l’excellence ! Lorsque nous étions adolescents et que nous rêvions de l’esprit, nous avions comme modèles des ainé(e)s qui réussissaient brillamment dans les humanités et les sciences dures partout dans le monde. La rumeur nous faisait parvenir leurs noms et leurs cursus, nous savions qu’untel était major de sa classe préparatoire, un autre de Polytechnique ou de l’EPT de Thiès, d’autres excellaient au MIT, au Japon, à L’École militaire de santé, untel encore avait raflé tous les prix au concours général, un autre était champion de Génies en herbes. Ils venaient de nos villes, de nos campagnes et de nos quartiers, et avaient humé les mêmes saisons que nous et, par analogie et métonymie, nous pouvions donc faire comme eux et rien ne nous était interdit.
Dans la circulation des représentations du monde, l’Afrique a souvent eu la part congrue. Ce roman contribue à la dissémination de nos imaginaires et de nos élans existentiels aux quatre coins du monde. La Plus Secrète Mémoire des Hommes sera traduit en une quarantaine de langues. Aujourd’hui, il est en tête des ventes dans tout l’espace francophone. Pour les lettres sénégalaises et africaines, pour la circulation de nos imaginaires et leur capacité à affecter le monde (pas seulement à être affecté par lui), c’est une bonne nouvelle, qui en augure d’autres.
Dans La Plus Secrète Mémoire des Hommes, TC Élimane après avoir longtemps erré et cherché sa vérité dans l’écriture et dans le monde, revient en pays sérère à la fin de sa vie et y trouve la paix, en y reprenant sa place et y jouant son rôle d’ancien et de Yaal Mbin. Cet épilogue dit tout sur la matrice de sens et de sérénité existentielle que constitue ce lieu pour l’auteur et la place qu’il accorde au pays natal dans le commerce des imaginaires, et comme lieu d’élection. Il faudrait pour cela avoir lu et compris (ou deviné) les 460 pages du roman.
Mbougar n’a ni à se justifier ni à clarifier quoi que ce soit. L’élevé ne défère pas à la barre de l’inférieur. Écrire est une aristocratie de l’esprit et une forge incessante de notre humanité, et ce pays en a grandement besoin.
320 MILLIONS DEJA INJECTES DES PROJETS DES FEMMES A KAFFRINE
La ministre de la Femme, de la Famille, du Genre et de la Protection des enfants, Ndèye Saly Diop Dieng, a déclaré, samedi, à Kaffrine (centre), avoir alloué un financement de 320 millions de francs CFA à des projets mis en œuvre par les femmes
Kaffrine, 21 nov (APS) - La ministre de la Femme, de la Famille, du Genre et de la Protection des enfants, Ndèye Saly Diop Dieng, a déclaré, samedi, à Kaffrine (centre), avoir alloué un financement de 320 millions de francs CFA à des projets mis en œuvre par les femmes de cette région.
‘’Pour la région de Kaffrine, 320 millions de francs CFA ont été mobilisés pour financer les projets des femmes’’, a-t-elle dit à la fin d’une tournée économique de trois jours dans les quatre départements de la région.
Elle ajoute qu’‘’un lot important d’équipements’’ (moulins à mil, machines à coudre, etc.) a été mis à la disposition des femmes de la même région par son ministère.
La tournée de Ndèye Saly Diop Dieng fait partie des activités du ‘’programme d’animation socioéconomique’’ exécuté par son département ministériel pour ‘’promouvoir l’inclusion et l’autonomisation des femmes et des filles’’.
‘’Mon ambition est d’accélérer et d’amplifier les transformations qualitatives favorables à une (…) participation des femmes et des filles (…) au développement de la nation’’, a-t-elle dit à Malem Hodar, l’une des étapes de sa tournée.
Dans cette commune, Mme Dieng a visité les stands d’une exposition de produits alimentaires, une initiative des femmes locales.
Elle a lancé les travaux de deux cases des tout-petits, dans les départements de Birkelane et Kaffrine, deux infrastructures qui vont coûter chacune 50 millions de francs CFA, selon la ministre.
VIDEO
MISS SÉNÉGAL DANS UN DÉFILÉ DE POLÉMIQUES
Fatima Dione, la lauréate du concours de beauté en 2020, accuse, le comité d’avoir détourné l’argent dû à son couronnement. Elle reproche aussi aux organisateurs d’avoir joué un rôle dans le viol qu’elle aurait subi
C’est une affaire dont se serait volontiers passé le comité d’organisation de Miss Sénégal. Fatima Dione, la lauréate du concours de beauté en 2020, accuse, en effet, le comité d’avoir détourné l’argent que Matar Bâ, le ministre des Sports, lui aurait offert, suite à son couronnement. La Miss Sénégal 2020 reproche aussi au comité d’avoir sacrifié ses études, et surtout d’avoir joué un rôle dans le viol qu’elle aurait subi. Le comité a apporté sa part de vérité.
A peine la nouvelle miss Sénégal intronisée, le comité d’organisation retrousse ses manches et se jette dans une opération de communication, pour se laver à grande eau des accusations de l’ancienne détentrice du titre. En conférence de presse hier, l’équipe dirigée par Amina Badiane a voulu rétablir la vérité des faits. Accusés par Fatima Dione, la miss Sénégal 2020, d’avoir sacrifié ses études, détourné ses gains, mais surtout d’avoir joué un rôle dans le viol qu’elle aurait subi, Amina Badiane et le coordonnateur du comité, Seydina Camara, se sont lavés à grande eau. «Je dois rappeler qu’on signe un contrat avec toutes les miss. Les termes sont clairs. Il n’a jamais été dit que la miss va gagner une voiture. Le contrat est là. On avait dit qu’on va mettre à sa disposition une voiture, pour permettre à la lauréate de se rendre dans les cérémonies où elle a l’obligation de se présenter», dit-elle, pour camper le décor de la conférence de presse hier au Grand Théâtre.
La présidente du comité d’organisation est venue avec toute sa paperasse pour prouver ses dires. Concernant les études de Fatima Dione, Amina Badiane explique que la miss est restée longtemps sans répondre aux appels téléphoniques du comité. «On a essayé, par tous les moyens, d’entrer en contact avec elle. On nous a expliqué qu’elle est malade et que d’ailleurs, elle était au village de son grand père pour des bains mystiques. En réalité, elle était enceinte, c’est pourquoi elle ne s’est pas rendue à l’école. C’est faux de dire qu’on a sacrifié ses études», a informé la présidente du comité d’organisation de Miss Sénégal. Amina Badiane a même affirmé que Fatima Dione a perdu la bourse d’études supérieures promise, car ses moyennes, depuis la classe de seconde, «sont catastrophiques». «Elle n’a pas rempli les critères pour l’obtenir. Elle n’a jamais eu la moyenne.»
Revenant sur l’argent que le comité d’organisation aurait détourné, le coordonnateur, Seydina Camara, a expliqué ceci : «Toute Miss a un parrain. Souvent, les autorités accompagnent financièrement les candidates de leurs localités. Elle a reçu de l’argent de la part de Matar Bâ. Le ministre des Sports nous a remis aussi 1 million de francs Cfa avant la compétition. Je ne vois pas comment le comité pourrait détourner son argent, sachant que nous avons été reçus à des dates séparées.»
En guise d’éclaircissements, Amina Badiane est revenue sur le viol que Fatima Dione aurait subi. «Elle a dit qu’on avait arrangé une rencontre avec des partenaires. C’est faux. Miss Sénégal est toujours accompagnée par le comité. Elle dit qu’on l’aurait droguée et que c’est à son réveil qu’elle s’est rendu compte qu’on l’avait violée. Il faut préciser que quand les filles sont au vert, aucune visite, même des proches, n’est autorisée. En plus, on met deux candidates par chambre, pour éviter ce genre de situation. Je dois aussi préciser que les miss sont toujours dans des hôtels. Jamais, on n’a amené quelqu’un dans une maison. Pourquoi ne porte-t-elle pas plainte dans ce cas ? Elle ne dit pas la vérité. Pourquoi, quand elle s’est rendu compte du viol, elle ne nous a pas saisis ?», s’est-elle interrogée.
CES FREINS... AUX DROITS DES FEMMES «DROIT-DE-L’HOMMISTES» !
Contraintes économiques, extrémismes religieux et pesanteurs socio-culturelles
Hier, jeudi 18 novembre, Amnesty International/Sénégal et le Réseau Ouest Africain des Défenseurs des Droits Humains (ROADDH), ont organisé une conférence de presse conjointe dans le but de présenter une étude réalisée sur la situation des femmes défenseurs et autres défenseurs des droits humains les plus vulnérables (FDDH et DDHV). Les deux entités non gouvernementales, ont également listés des recommandations afin de lutter contre les contraintes économique et socioculturelle qui freinent le respect des droits fondamentaux de ces femmes.
Les femmes défenseurs des droits de l’homme sont souvent confrontées à la pression des djihadistes, des extrémistes religieux et des pesanteurs socio-culturelles dans la sous-région ouest africaine. En effet, à l’exception du Sénégal et de la Sierra Leone, tous les autres pays de l’Afrique de l’Ouest connaissent plus ou moins une poussée du terrorisme «qui accroît les menaces auxquelles font face ces défenseurs de droits humains». C’est ce que révèle le chargé des projets à Amnesty International Sénégal, Oumy Sya Sadio, citant une étude sur la situation des femmes défenseurs et autres défenseurs des droits humains les plus vulnérables (FDDH et DDHV).
Déjà en 2014, dans un rapport publié sur la situation des femmes défenseurs des droits de l’homme en Afrique, la Commission Africaine des Droits de l’- Homme et des Peuples avait documenté, pour la première fois, les multiples violations dont sont victimes les femmes défenseurs de droits humains dans la sous-région ouest africaine. Ce rapport recommande, entre autres, que la société civile soit en charges de sa vulgarisation et initie des programmes visant sa mise en œuvre.
C’est dans ce contexte et pour faire face à cette situation que Amnesty International/Sénégal et le Réseau Ouest Africain des Défenseurs des Droits Humains (ROADDH), dont le siège est à Lomé (Togo), ont tenu à Dakar hier, jeudi 18 novembre 2021, une conférence de presse conjointe dans le but de renforcer les droits des femmes défenseurs des droits de l’homme. «L’objectif de l’étude est d’identifier les obstacles juridiques et sociaux empêchant les femmes des défenseurs humains en Afrique de l’Ouest de jouir de leurs droits en tant que défenseurs, afin de contribuer à l’amélioration des conditions de vie et de travail», a déclaré le chargé des projets à Amnesty International Sénégal.
Selon le document transmis à la presse, seuls 6 pays sur les 16 que compte l’Afrique de l’Ouest ont été choisis pour l’étude. Il s’agit du Togo, de la Sierra Leone, de la Mauritanie, du Mali, du Sénégal et du Niger. «Ce choix se justifie par les ressources limitées dont disposés le ROADDH pour couvrir les 16 pays, mais aussi par la particularité des menaces qui pèsent sur les FDDH et DDHV dans ces pays», a expliqué Oumy Sya Sadio.
CONTRAINTES ECONOMIQUES LIEES AUX RESSOURCES FINANCIERES
A en croire le chargé des programmes Promotion et Levée de fonds au Secrétariat du ROADDH, Pierre Clavet Dek, il existe également d’autres contraintes qui limitent et empêchent ces femmes à accéder à certaines ressources ou opportunités du fait de leur sexe. Il ajoute, à ce titre, des contraintes économiques liées aux ressources financières des associations de femmes défenseurs des droits humains.
Pour faire face à cette situation que les deux entités jugent de «non droit» sur la situation des femmes défenseurs, il serait nécessaire, de l’avis de Pierre Clavet Dek, d’orienter et renforcer les efforts dans les autres zones plus vulnérables face aux menaces. «L’objectif était de s’enquérir de leur situation et des cas de violations. Les conclusions de ces différentes sessions ont permis de relever les défis afin d’identifier les obstacles juridiques et socioculturels empêchant les femmes de jouir de leurs droits fondamentaux mais également pour contribuer à l’amélioration de leurs conditions de vie et de travail. Notre mission est la promotion et la protection des droits humains dans l’espace de la CEDEAO et en Mauritanie», ajoute-t-il.
LES RECOMMANDATIONS POUR REPONDRE AUX DEFIS
Par ailleurs, l’étude réalisée par le ROADDH et Amnesty Internationale, à travers les six pays choisis dans la zone ouest africaine, dresse un état des lieux sur les défis auxquels sont confrontés par les femmes défenseurs des droits humains. La liste des recommandations pour surmonter ces défis est longue. Mais l’on peut retenir essentiellement «l’instauration de la paix, de la dignité et du développement durable des femmes défenseurs des droits humains en passant par une promotion de la justice, de la liberté et de l’égalité pour tous les êtres humains».
A ce propos, la chargée des projets à Amnesty International liste, par exemple, des stratégies permettant à : «élaborer, renforcer et mettre en œuvre les lois de promotion et de protection des DDH ; mettre en place un système de plainte adapté aux FDDH ; renforcer la loi sur l’accès et l’utilisation d’Internet ; mettre en place des programmes de promotion auprès des autorités gouvernementales et judiciaires pour une large diffusion des informations sur la protection et la promotion des droits humains ; créer un cadre de dialogue et de concertation, entre autres».
Et Pierre Clavet d’inviter les gouvernements et mouvements citoyens à se joindre au combat et surtout en matière de lobbying et plaidoyer afin que cette promotion et la protection puissent être effective. «Il s’agira de faire en quelques sorte qu’on suive les choses afin que ces recommandations soient pleinement mises en œuvre surtout dans les pays où rien n’a été fait. Et dans ces pays, nous encourageons l’Etat et les partenaires pour que des appuis soient donnés et que ces recommandations soient mises en œuvre», a-t-il conclu.
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DIARY SOW SUSCITE LE TOLLÉ
L'étudiante et autrice dont la disparition a tenu le Sénégal en haleine début 2021, a cette fois provoqué l'indignation en expliquant en termes crus le sens de son roman tout juste publié autour du thème du départ
L'étudiante et autrice sénégalaise Diary Sow, dont la disparition a tenu son pays en haleine début 2021, a cette fois causé un tollé en expliquant en termes crus le sens de son roman tout juste publié autour du thème du départ.
L'étudiante de 20 ans inscrite dans un prestigieux établissement français vient de publier "Je pars", un roman inspiré de son histoire. Dans un entretien accordé à l'AFP, elle a expliqué avoir "écrit ce bouquin pour régler quelques comptes", avec ceux qui lui avaient reproché sa disparition et l'avaient, pour certains, durement attaquée, lui déniant selon elle le droit de vivre sa vie.
"Le livre au complet est une façon de dire: +je vous emmerde+", a-t-elle dit.
Ces propos ont déclenché un torrent de réactions défavorables. Le mot-dièse Diary Sow est devenu viral au Sénégal, la vidéo a été abondamment partagée sur les réseaux sociaux en français et en ouolof, et ses mots ont fait la une de certains journaux.
Les mots choisis passent très mal au Sénégal, où de telles paroles sont considérées comme beaucoup plus offensantes qu'en France et susceptibles de dégénérer en violences. Ils y sont encore plus difficiles à accepter de la part d'une jeune femme.
Mais c'est aussi la teneur du message qui a choqué, valant à Diary Sow les reproches d'ingratitude et d'insolence.
"Quel culot!", s'est étranglée Aminata Banel sur Twitter, "dans quelle société est-il normal de disparaître sans prévenir et laisser les gens te chercher des jours durant, ensuite revenir au pays sans les remercier de leurs efforts, et pour finir sortir un livre pour leur dire: +je vous emmerde+?".
"Les gens se sont mobilisés, se sont inquiétés, ont cru au pire, ont prié pour un +je vous emmerde+", s'est indigné Yang, un autre internaute.
Alioune Tine, ancien professeur de français à l'Université de Dakar et éminent défenseur des droits, a été l'un des rares à prendre le parti de la jeune femme.
"Elle a un sacré culot, cette femme qui s'affirme et s'émancipe en toute tranquillité", a-t-il réagi sur Twitter. Il a noté sa "précocité intellectuelle dans une société très conservatrice et patriarcale où l'on infantilise la femme".
Diary Sow a assuré dimanche sur Twitter que ses mots s'adressaient à "tous ceux qui m'ont injuriée dans la lâcheté de l'anonymat, allant jusqu'à me traiter de +pute+", et qu'aux autres elle vouait "remerciements et reconnaissance".
Etudiante en classe préparatoire au lycée parisien Louis-le-Grand, Diary Sow, connue dans son pays pour y avoir été distinguée deux fois meilleure élève, avait provoqué un vif émoi en ne se présentant pas à la reprise des cours en janvier. Une enquête ouverte pour "disparition inquiétante" avait finalement été refermée quand la jeune femme était réapparue au Sénégal en février, après plus d'un mois de mystère et de spéculations.
CHALLENGE AND INNOVATION FORUM, NDÈYE FATOU MBOUP MÉDAILLÉE DE BRONZE AU QATAR
"Chaleureuses félicitations à notre jeune compatriote Ndèye Fatou Mboup, de Initiative Prospective Agricole et Rurale (IPAR), pour sa médaille de bronze au Challenge Innovation Forum du Qatar.
"Chaleureuses félicitations à notre jeune compatriote Ndèye Fatou Mboup, de Initiative Prospective Agricole et Rurale (IPAR), pour sa médaille de bronze au Challenge Innovation Forum du Qatar. Je félicite aussi l’Institut supérieur de Management (ISM) dont la lauréate est une diplômée", exulte le chef de l’État, Macky Sall, sur twitter.
Diplômée en Big Data au Digital Campus de ISM, Ndeye Fatou Mboup, qui représentait le Sénégal, s’est d’abord classée dans le Top 5, dans la catégorie Smart Agriculture, avant de remporter, au finish, la médaille de bronze, 3ème prix du concours, derrière la Malaisie et la Suède.
À 23 ans, Ndèye Fatou Mboup est chef de projet/programme - Responsable innovation et TiC à l’IPAR. Elle est également une entrepreneure en série spécialisée dans la création de solutions numériques pour la résolution de problèmes mondiaux (basés sur les ODD).
Elle a déjà été lauréate du Challenge des 1000 entrepreneurs d’Afrique, lors du sommet Afrique-France / Ville Durable en 2020. Elle a aussi remporté le concours national pour le Sommet mondial sur la société de l’information (SMSI), organisé par le ministère des télécommunications et de l’économie numérique - finaliste SMSI mondiale organisé par l’IUT (WSIS Prizes)
Le Challenge and Innovation Forum (CIF) Qatar 2021 a réuni, du 7 au 11 novembre 2021, les 100 meilleures inventions sélectionnées sur plus de 6 mille candidatures venues des quatre coins du globe. Parmi les participants figuraient seulement deux africains.
LES SIGNARES OU LA MÉMOIRE MALMENÉE DES MÉTISSES QUI ONT RÉUSSI
Rencontre avec Aminata Sall qui, grâce à son musée, lutte pour que ces illustres femmes ne soient pas réduites à des élégantes tropicales dont de lointaines et séduisantes doublures agrémenteraient les visites de ministre
Aminata Sall ne s'en cache pas: elle demande "pour quoi faire" à quiconque approche son musée dans le nord du Sénégal pour piocher dans la spectaculaire collection de robes traditionnelles qu'il recèle.
Un professeur lui avait répondu que ces tenues renvoyant à l'histoire unique des femmes métisses de Saint-Louis serviraient lors d'une remise de diplômes.Elle lui a dit: "Si c'est juste pour le décor, je ne vous les loue pas", relate-t-elle dans son bureau aux fenêtres ouvrant sur le fleuve Sénégal, non loin des réserves sombres dans lesquelles une centaine de toilettes théâtrales or, grenat ou vert d'eau attendent l'occasion de sortir de leurs cartons.
Aminata Sall est la conservatrice d'un musée dédié à l'histoire et aux traditions.Elle fait aussi partie d'une association qui préserve la mémoire de Saint-Louis et de certaines de ses filles illustres, les signares.
Elles sont un certain nombre comme elle à faire en sorte que, malgré les siècles, les signares soient reconnues comme des femmes entreprenantes et souvent puissantes, et non pas réduites à des élégantes tropicales dont de lointaines et séduisantes doublures agrémenteraient les visites de ministre.
Il y a une "perte de sens", déplore la conservatrice.
L'ascension des signares épouse l'histoire de Saint-Louis, poste créé par des Français au XVIIème siècle, devenu un important comptoir du commerce de la gomme arabique, de l'or, de l'ivoire et des esclaves, et la capitale de l'ensemble colonial français en Afrique de l'Ouest.
A Saint-Louis ou plus au sud, sur l'île de Gorée, émerge alors un groupe à la croisée des cultures européennes et africaines, métissage longtemps distinctif de Saint-Louis, "laboratoire d'une nouvelle société différentielle" selon l'Unesco qui a inscrit la ville au patrimoine mondial.
A l'époque, les arrivants européens se mettent en ménage avec des autochtones.Certaines sont des esclaves que leur maître affranchit.Ils ont des enfants métis.Le "mariage à la mode du pays" s'institutionnalise, bien que réprouvé par l'Eglise, et sert d'ascenseur social.
- Un rituel sorti de l'oubli -
Des fortunes métisses se constituent, par le truchement de l'héritage, et grâce à l'opportunisme de ces femmes que les maris avaient associées à leurs affaires.
Apparaît un "nouveau mode de vie qui n'a rien à voir avec la tradition sénégalaise", selon les mots de la chercheuse Aissata Kane Lo.Les témoignages locaux et les récits de voyageurs dépeignent une bourgeoisie féminine agissante.A heures fixes, les signares sortent faire étalage d'un raffinement synthétisant traits européens et africains.
A partir du milieu du XIXème, l'empreinte des signares s'estompe sous l'effet de l'abolition de la traite, de la colonisation qui défavorise le commerce local, et des transformations sociales.
Marie-Madeleine Valfroy Diallo, 73 ans, journaliste, actrice, entretient la flamme.A la tête d'une société de production, elle a tiré de l'oubli en 1999 le fanal, fête populaire saint-louisienne qui aurait pour origine la procession des signares à la lumière des lanternes.
Depuis, "tout le monde vient et nous dit: +ah!on a une grande fête, on a des hôtes de marque, est-ce que Marie-Madeleine peut nous envoyer des signares+", revendique-t-elle.
Lors du fanal, les signares chatoient parmi les figurants en costume, robes cintrées au-dessus de la taille, bouffantes en dessous, parées de fronces, de voiles et de dentelles, avec la coiffe et le châle assortis.
Cet engouement fait travailler les artisans de la place.
Ndéye Diop Guissé, 42 ans, deux fois vainqueure du concours national des couturiers, confectionne des robes de signares sur commande, en plus de ses activités de styliste.Elle recrute comme mannequins les jeunes femmes qu'elle forme par ailleurs à la couture dans son modeste atelier d'un quartier populaire.
- "Un patrimoine" -
"Nous sommes vraiment fières de mettre ces tenues", dit l'une d'elles, Awa Marie Sy, après avoir consacré beaucoup de minutie et d'excitation à s'apprêter pour une démonstration sur les anciens quais de Saint-Louis.
"Ces tenues étaient portées par nos aïeules, qui étaient comme des reines, aimables, accueillantes, toujours le sourire au visage", dit-elle.
Des mots propres à piquer la conservatrice Aminata Sall."Les gens oublient ou font semblant d'oublier.Il faut qu'ils comprennent qu'elles ont joué un grand rôle, comme les colonisateurs.On ne peut pas l'effacer, c'est l'histoire", s'enflamme-t-elle.
Les signares ont inspiré Léopold Sédar Senghor, le musicien Youssou Ndour et des stylistes contemporaines.
Mais "seuls quelques notables s’en réclament encore.A Saint-Louis, mis à part le costume folklorisé à l’occasion d’événements culturels ou politiques, la mémoire des signares a disparu", dit l'universitaire Aissata Kane Lo.
"Il reste quelques noms (de signares), d'autres ont disparu parce qu'il y avait beaucoup de filles", relate Ariane Réaux, une hôtelière qui propose des conférences sur les signares et des mariages à la mode du pays dans son établissement au bout d'une étroite langue de sable entre océan et fleuve.
"Il y a beaucoup de choses que les gens ne comprennent pas trop", concède-t-elle.Mais elle rapporte une fascination répandue pour la rencontre impossible de deux mondes il y a des siècles de cela.
"C'est pas du spectacle, c'est un patrimoine, les signares.Cela fait partie d'une histoire entre la France et le Sénégal.Rien de tel ne s'est produit ailleurs", dit-elle.
KOLDA-SÉDHIOU, PLUS DE 68 % DES FILLES MARIEES TROP TOT
Le Réseau des jeunes pour la promotion de l’abandon des mutilations génitales féminines et des mariages d’enfants est en tournée de sensibilisation dans les régions de Sédhiou et de Kolda
Le Réseau des jeunes pour la promotion de l’abandon des mutilations génitales féminines et des mariages d’enfants est en tournée de sensibilisation dans les régions de Sédhiou et de Kolda. Ses membres comptent sur les leaders coutumiers, culturels, etc., pour que l’âge de mariage des filles soit revu.
A travers son programme de sensibilisation pour la santé et droits des femmes, adolescents et enfants : ‘’saam xalei -yi, dolell ji guen-yi’’, le Réseau des jeunes pour la promotion de l’abandon des mutilations génitales féminines et des mariages d’enfants (RJPA-MGF/ME) organise, depuis avant-hier, des rencontres de plaidoyer avec les parlementaires, les leaders politiques, religieux et coutumiers, des régions de Kolda et Sédhiou pour le relèvement de l’âge du mariage. L’objectif est de les informer des dispositions des conventions et textes réglementaires sur les mariages d’enfants, le cadre légal et réglementaire. Les organisateurs souhaitent également échanger avec les participants sur l’importance de promouvoir l’abandon des mariages d’enfants dans ces deux régions.
Dans ce sens, il est important que les leaders politiques de ces deux régions soutiennent leurs actions pour mettre fin aux mariages d’enfants.
Lors de cette activité, la coordinatrice de la boutique de droit de Sédhiou a rappelé qu’au Sénégal, les avancées notées dans le cadre de la protection des femmes et des filles contre toutes formes de violence, l’abandon des violences basées sur le genre (VBG) demeure une question importante dans les politiques de l’Etat et des collectivités locales. Les mariages d’enfants, selon Joséphine Ndao, constituent une forme de VBG très répandue au sein des communautés. En effet, selon elle, l'enquête démographique sénégalaise (EDS) de 2017 a révélé que les mariages d'enfants continuent de menacer l'avenir de cette couche, avec une prévalence nationale de 33 %. Il est démontré que plus de 8,5 % des filles sont mariées avant l’âge de 15 ans et 26,4 % de filles moins de 18 ans ont contracté des grossesses.
Par ailleurs, il est également noté que la prévalence du phénomène des mariages d’enfants varie selon les localités. Les régions les plus touchées sont Kolda (68 %), Tambacounda (57 %), Diourbel (46 %) et Kaolack (39 %). L’enquête révèle, en outre, que le phénomène est plus accentué en milieu rural (49,3 %) qu’en milieu urbain (16,9 %) et est plus courant dans les ménages pauvres, renseigne Mme Ndao.
‘’Il faut aussi souligner qu’au Sénégal, ce sont les filles qui sont plus affectées que les garçons par ce fléau. Ce dernier provoque des effets néfastes sur la santé reproductive et psychologique des victimes. Bien que le Sénégal ait ratifié le protocole de la Charte africaine des Droits de l’homme et des peuples relatifs aux droits des femmes en Afrique, communément appelée le Protocole de Maputo qui stipule que l’âge du mariage pour les filles est de 18 ans, la loi nationale ne l’a pas encore prise en compte. Au vu de tout cela, il est essentiel de mettre en œuvre des stratégies de lutte afin de protéger les femmes et les filles contre ces faits qui freinent leur développement. Ainsi, pour amener les parlementaires et les leaders politiques à booster le processus visant à abandonner les mariages d’enfants, il est nécessaire, voire primordial de s’appuyer sur le plaidoyer qui est une forme de communication d’influence. En effet, faire des activités de plaidoyer auprès de ces décideurs constitue une stratégie pour apporter un changement durable pour l’élimination des mariages d’enfants’’, a soutenu la juriste.
‘’Pour les défis, il faut s’assurer que le gouvernement…’’
‘’La Constitution qui garantit l’égalité et la liberté de tous les hommes dit que les hommes et femmes sont égaux en droit. La Loi 99-05 du 29 janvier 1999 portant modification de certaines dispositions du Code pénal, réprime l’excision, le harcèlement sexuel et les violences conjugales. La loi n°2005-18 du 5 août 2005, relative à la santé de la reproduction, stipule que la santé de la reproduction est définie comme le bien-être général, tant physique, mental que social de la personne humaine, pour tout ce qui concerne l’appareil génital, ses fonctions et son fonctionnement. Une réforme de la législation est en cours, l’AJS (Association des juristes sénégalaises) a été associée à la réflexion au cours d’un récent atelier sur la question, organisé par l’Etat du Sénégal qui envisage d’accorder aux associations le droit de se porter partie civile. Une association qui correspond aux critères qui seront retenus pourra déclencher une procédure en justice en cas de violation des droits des femmes, ou des enfants (droit à l’intégrité physique, à la santé…)’’, a indiqué la juriste.
Elle est d’avis qu’il faut contraindre la communauté à se mobiliser pour empêcher des pratiques condamnées par la loi et favoriser leur répression. C’est ainsi seulement, selon elle, que ‘’le silence ou l’indifférence n’aura plus droit de cité’’, car la loi ne suffit pas. ‘’Il faut que les populations comprennent les enjeux, pour adhérer à la justesse des arguments et abandonner l’excision par exemple. Pour les défis, il faut s’assurer que le gouvernement (ministères de la Justice, de l’Education, de la Famille et de la Santé) maintienne sa volonté de lutter contre l’excision, que les parlementaires comprennent les enjeux et fassent le plaidoyer pour l’abandon de l’excision auprès des habitants de leur circonscription ou base électorale. Il sera aussi question de veiller au maintien des acquis des lois de 1999 et de 2005, de vulgariser les lois et en utilisant l’approche droits humains’’, a souhaité Joséphine Ndao, hier à Sédhiou.