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28 novembre 2024
Femmes
SCOLARISATION DES FILLES, LES RAISONS D'UNE PERFORMANCE
Sur la période 2016-2020, le taux d’achèvement chez les filles a cumulé à 69,5% contre 55,0%, à la même période, chez les garçons. Au baccalauréat 2020, le taux d’admission chez les filles était de 52% toutes séries confondues contre 37% en 2019
Sur la période 2016-2020, le taux d’achèvement global chez les filles a progressé de 65,0% à 69,5% contre 54,6% à 55,0%, à la même période, chez les garçons. À l’examen du baccalauréat 2020, le taux d’admission chez les filles était de 52% toutes séries confondues contre 37% en 2019. Des chiffres qui ont fini de confirmer les performances du Sénégal concernant la scolarisation des filles, leur maintien et leur réussite à l’école.
Les données statistiques sont assez parlantes concernant la scolarisation des filles au Sénégal, leur maintien à l’école ainsi que les performances qu’elles réalisent lors des examens scolaires. Recueillis au niveau du ministère de l’Education nationale, les chiffres montrent que notre pays a réalisé des performances considérables dans le secteur conformément aux recommandations de la 4ème Conférence mondiale sur les femmes tenue en Thaïlande, en 1995, et de certaines initiatives entreprises par l’Unesco sur l’éducation des filles.
Au Sénégal, le gouvernement a très tôt compris l’enjeu de la scolarisation massive des filles et s’est résolument engagé dans la promotion de leur éducation à travers une politique d’accès, de maintien et de promotion. Pour preuve : le ministère de l’Education nationale a créé en 1994, une structure dénommée Scofi (Scolarisation des filles) pour booster les statistiques dans le secteur. Elle avait comme objectif principal de mener la sensibilisation et de porter le plaidoyer sur le terrain auprès de toutes les couches sociales pour encourager la scolarisation des filles. La structure a aussi lutté pour le maintien de celles-ci le plus longtemps possible à l’école.
Grâce à l’accompagnement des partenaires au développement, la Scofi a eu un impact réel en termes de résultats sur le terrain, comme le soutient Marie Siby, la Coordonnatrice de la Cellule genre au ministère de l’Education nationale. On se souvient encore de l’apparition de slogans qui ont eu un impact sur le plan de la sensibilisation et de la communication concernant l’éducation des filles au Sénégal. On peut citer, entre autres : «Je veux aller à l’école et y rester» ou encore «L’école pour tous». Ce qui a entraîné une baisse des inégalités, selon Mme Siby. En termes de données, déjà en 2000, selon les statistiques, les filles représentaient environ 48% des effectifs dans le système éducatif.
Un indice de parité favorable aux filles
Au préscolaire, en 2019, le taux brut de préscolarisation était de 16,1% pour les garçons contre 18,5% pour les filles. Aussi, dans l’élémentaire, sur la période 2016-2020, le taux d’achèvement chez les garçons a évolué entre 54,6% et 55,0%. Par contre, chez les filles, on a noté une nette progression de ce taux. Il est passé de 65,0% en 2016 à 69,5% en 2020, selon les statistiques du ministère de l’Education nationale.
Au niveau national de manière globale, le taux brut de scolarisation est de 93,0% chez les filles et 79,2% chez les garçons. Soit un indice de parité largement favorable aux filles, s’est réjouie Mme Siby.
À l’élémentaire, de 2016 à 2020, le taux d’achèvement global a évolué en dents de scie. Chez les garçons, selon les statistiques, il est passé de 54,6% à 55,0%. Par contre, chez les filles, on note une nette progression de 65,0% en 2016 à 69,5% en 2020, a relevé la Coordonnatrice de la Cellule genre au ministère de l’Education nationale.
Au niveau de l’enseignement moyen général, en 2020, le Taux d’achèvement est de 36,6%. Selon le sexe, les proportions montrent que l’achèvement est plus effectif chez les filles (40,8%) que chez les garçons (32,6%). Cette situation montre un indice de parité de 1,25 en faveur des filles, a renseigné Marie Siby.
Concernant le taux brut de scolarisation au moyen général, il est de 50,7% avec une participation des filles beaucoup plus importante que celle des garçons, selon les données. Cela se traduit par un indice de parité de 1,21 en faveur des filles, a-t-elle indiqué.
En 2020, le taux brut de scolarisation au niveau du secondaire général était estimé à 30,8% pour les garçons et 35,1%pour les filles.
EXAMENS SCOLAIRES
Une prédominance soutenue par l’excellence
Au Sénégal, depuis quelques années, selon les statistiques, les filles réalisent de meilleures performances que les garçons aux examens scolaires. En 2020, par exemple, le taux de réussite au Brevet de fin d’études moyennes (Bfem) était relativement plus élevé chez les filles (74,57%) que chez les garçons (74,43%). Au Baccalauréat, la même année, les filles ont réalisé un taux d’admission de 52, toutes séries confondues contre 37,8% pour les garçons, selon les chiffres de l’Office du Baccalauréat. La Coordonnatrice de la Cellule genre au ministère de l’Education nationale, Marie Siby, s’est félicitée de cette performance qui, selon elle, est liée à l’indice de parité qui bascule en faveur des filles et à l’encadrement dont elles bénéficient. «Si les filles sortent du lot, c’est parce qu’elles bénéficient d’une discrimination positive. On a assisté à une synergie d’actions de tous les acteurs de la communauté éducative dans le combat pour la scolarisation des filles», a-t-elle affirmé, convaincue que «la prise en charge de l’éducation des filles appelle une forte mobilisation communautaire et un engagement fort de tous les acteurs et de toutes les actrices». Le Sénégal, a estimé Mme Siby, a «très tôt compris cette vision et s’est résolument engagé dans la promotion de l’éducation des filles par une politique d’accès, de maintien et de promotion». Elle a cité, entre autres mesures étatiques fortes, «la Loi d’Orientation 91/22 modifiée en 2004, substrat de la politique éducative dans la définition de ses finalités et principes directeurs qui, en son article 3 bis, garantit l’accès à l’éducation aux enfants des deux sexes». Ainsi, selon Mme Siby, «notre pays, en adoptant le Programme d’amélioration de la qualité, de l’équité et de la transparence (Paquet), réitère son engagement à la lutte contre toutes formes de disparités dans le secteur de l’Education». Cette volonté politique, a-t-elle souligné, «est confirmée par la décision présidentielle n°7 issue du Conseil présidentiel sur les Assises de l’éducation et de la formation portant sur l’inclusion des filles et des enfants à besoins éducatifs spéciaux». Pour accompagner tout cela, un dispositif de promotion de l’éducation des filles est mis en place au niveau du ministère et intègre deux aspects majeurs : d’une part, des actions centrées exclusivement sur les filles et, de l’autre, l’accès des femmes aux postes de responsabilités tous liés à l’idée de donner plus de pouvoir aux femmes, s’est réjouie Marie Siby. «En 2020, il y a eu plus de filles inscrites au Ci (Cours d’initiation) que de garçons : 234 584 filles contre 214 824 garçons», a-t-elle rappelé.
ACCÈS AUX FILIÈRES SCIENTIFIQUES, RÉINSERTION DES MÈRES ADOLESCENTES…
Ces défis à relever
L’accès des filles aux filières scientifiques, la réinsertion des mères adolescentes dans les écoles sont, entre autres, les défis à relever pour nombre d’acteurs du système éducatif sénégalais. Comme le soutient le Forum des éducatrices africaines (Fawe) dans un rapport publié récemment, malgré un taux brut de scolarisation favorable aux filles (54%), la prise en charge des mères adolescentes dans l’éducation reste une préoccupation dans le système éducatif. Selon le Fawe, les grossesses non désirées et les mariages précoces ont beaucoup contribué au décrochage des adolescentes. Anta Fall Bass, la Présidente de Fawe, a déploré le fait que bon nombre de filles en état de grossesse sont exclues de leur établissement scolaire. Des mesures qu’elle dit ne pas comprendre, car il existe des textes permettant aux filles-mères de pouvoir continuer leurs études après l’accouchement. Elle a cité notamment la circulaire n°004379 relative à la gestion des mariages et des grossesses des élèves en milieu scolaire. «L’accès des filles aux filières scientifiques est encore un défi pour le ministère de l’Education nationale quand on sait que moins de 30% des filles inscrites en 2nde font les séries scientifiques», a déclaré Mme Siby. «D’où la pertinence de l’organisation du Concours Miss/Math-Miss/Sciences et des stratégies développées au niveau de l’Enseignement moyen secondaire notamment, en termes de construction et de réhabilitation des Blocs scientifiques et techniques (Bst)», a soutenu la Coordonnatrice de la Cellule genre du ministère de l’Education nationale.
UNE SI LONGUE LETTRE, UN RÉCIT MANIFESTE SUR LA CONDITION FÉMININE AU SÉNÉGAL
Dans la missive qu’une veuve lettrée et idéaliste adresse à sa meilleure amie, l’écrivaine Mariama Bâ questionne la société sénégalaise des années 1970. Un texte toujours d’actualité
Le Monde Afrique |
Kidi Bebey |
Publication 01/08/2021
« Aïssatou, j’ai reçu ton mot. En guise de réponse j’ouvre ce cahier, point d’appui dans mon désarroi : notre longue pratique m’a enseigné que la confidence noie la douleur. » C’est par ces mots, tels un murmure, que débute le premier roman de l’écrivaine sénégalaise Mariama Bâ. Une si longue lettre, paru en 1979 à Dakar aux Nouvelles Editions Africaines est devenu, plus de quarante ans plus tard, le roman épistolaire le plus célèbre du continent africain.
Plusieurs fois réédité en France (éd. Le Serpent à Plumes), traduit dans de nombreux pays, l’ouvrage a acquis un statut de « classique », parachevé par son inscription sur la liste des 100 meilleurs livres africains du XXe siècle.
La simplicité apparente de sa trame narrative est sans doute l’une des clés de son succès. Ramatoulaye, une femme obligée d’observer le deuil de son mari, met à profit sa quarantaine pour faire le bilan de sa vie en s’adressant dans une lettre à Aïssatou, son amie de cœur. Au fil de son récit, les souvenirs de ses années conjugales succèdent à ceux de sa jeunesse, avant le temps de la solitude, quand son époux se détourne d’elle pour prendre une seconde femme. D’emblée le ton posé, la justesse des mots, captivent.
En nous plongeant dans l’intimité de la narratrice, ses joies, ses souffrances et ses frustrations, la romancière questionne la condition féminine : les codes régissant les relations avec les hommes, l’importance des castes et, surtout, la polygamie. La lettre de Ramatoulaye se déploie comme le témoignage douloureux d’une femme lettrée et idéaliste, prise à revers par la société dans laquelle elle a pourtant grandi.
Ainsi va-t-elle découvrir, incrédule, le remariage de son mari, comme son amie avant elle : « Je savais. Modou savait. La ville savait. Toi Aïssatou tu ne soupçonnais rien et rayonnais toujours. » écrit-elle. Si Aïssatou divorce alors que Ramatoulaye préfère s’effacer, l’une comme l’autre vont payer leur humiliation au prix fort : une solitude choisie, mais que l’entourage rend difficile à assumer.
En évoquant ainsi la société sénégalaise, c’est plus largement à l’émancipation féminine que Mariama Bâ fait écho, en cette fin des années 1970 où les revendications des femmes se font plus que jamais entendre à travers le monde.
« Toutes les voix étranglées »
Si l’écrivaine en est à son premier roman, Une si longue lettre n’est pas pour autant son premier texte. Elle s’est déjà maintes fois distinguée par la plume et ce, dès ses années de formation. Née en 1929 à Dakar, elle est confiée très jeune à ses grands-parents qui lui transmettent des valeurs traditionnelles et l’élèvent dans la foi musulmane. Son père, un fonctionnaire passé par l’école coloniale, insiste pour que sa fille soit scolarisée.
Mariama poursuit ses études en intégrant par concours la fameuse Ecole normale de Rufisque, établissement fondé en 1938, où des jeunes filles de toute l’Afrique occidentale française (AOF) se forment au métier d’enseignante. Dans le cadre rigoureux de l’internat, la jeune fille lit et se met à écrire avec passion.
Elle a 18 ans en 1947, lorsque l’une de ses compositions relatant son enfance, remarquée, paraît dans la revue française Esprit. Le texte, cité par Maurice Genevoix, lui vaut un début de célébrité. Devenue professeure, Mariama Bâ milite parallèlement à son enseignement. Venue au monde dans un Sénégal sous emprise coloniale, elle veut profiter de l’espoir des années de l’indépendance. Mais dans ce contexte de libération et de construction de nouvelles sociétés, les femmes se retrouvent au second plan, à l’arrière des hommes et des pères fondateurs. Mariama Bâ refuse cette marginalisation.
Elle a été la première député-ministre du Sénégal, portant avec succès la cause des femmes sous les magistères des présidents Senghor et Diouf. Pour l’immortaliser, Mbour a donné son nom à son prestigieux stade de football
Elle nous a quittés le 29 juillet 1992, à Dakar, après une retraite administrative et politique bien méritée. Elle, c’est Mme Caroline Diop née Faye, veuve de l’ancien ministre Demba Diop, dont le premier stade dit de l’Amitié porte le nom, juste après son assassinat dans la ville de Thiès, en 1967, au cours d’une rencontre entre militants socialistes. Née le 11 juillet 1923, à Foundiougne, dans la région de Fatick, Caroline Diop a eu un parcours digne d’éloges et indissociable du nom de son époux. Elle fut la première femme sénégalaise à siéger en Conseil des ministres sous Senghor puis sous Abdou Diouf, mais aussi à entrer à l’Hémicycle. Elle avait gagné sa place au sein de la République pour devenir une véritable femme d’État.
Origines familiales et études
Toute jeune, elle fréquenta l’école Albert Sarraut, dans sa ville natale, avant de fourbir ses armes intellectuelles dans la capitale de l’ex-Aof, Dakar. «Caro» pour les intimes, est l’une des premières institutrices du Sénégal après son passage à l’École normale des jeunes filles de Rufisque qui fut à l’époque le creuset de l’élite féminine de l’Afrique occidentale française. Elle conduisit les destinées de cet établissement de 1951 à 1962 et s’engagea en politique dans le parti de Senghor. Très vite, elle y gravit les échelons sans brûler les étapes.
Membre du Bloc démocratique sénégalais (Bds), l’enfant de Foundiougne fut la seule femme membre du Bureau politique. Imprimant sa touche personnelle, elle fut la première femme député à l’Assemblée nationale pendant trois législatures (1963 à 1978). Avec cette solide expérience parlementaire, Mme Diop fit son entrée dans le Gouvernement, après les élections de 1978, pour occuper le département de l’Action sociale.
En 1980, à la suite d’un léger remaniement, elle fut nommée Ministre déléguée auprès du Premier ministre d’alors, Abdou Diouf. Ce qui ressemblait à une sanction politique. Présidente du Mouvement national des femmes socialistes, elle avait intégré l’Internationale socialiste en 1976 en tant que Vice-présidente aux côtés de Senghor et Willy Brandt. Son credo était uniquement de faire avancer la cause de la femme sénégalaise. Elle fut ainsi l’initiatrice de l’organisation annuelle de la Quinzaine dédiée à la femme à travers des manifestations sur toute l’étendue du territoire. Elle a porté sur les fonts baptismaux le Code de la famille donnant plus de droits aux femmes et à l’enfant.
Présidente des femmes socialistes, Secrétaire générale adjointe de la Panafricaine des femmes et Vice-présidente du Conseil national des femmes du Sénégal, son combat n’a jamais été d’opposer les femmes aux hommes. C’est elle qui déclarait : «Je suis pour le féminisme. Mais pas le féminisme outrancier. Je suis pour l’égalité entre l’homme et la femme. Mais pas l’égalité mathématique, plutôt celle qui se résout dans la complémentarité. Je ne suis pas partisane d’une promotion au rabais». Au cours du congrès de son parti à Thiès, elle avait osé protester auprès de son leader, le Président Senghor, pour le fait qu’aucune femme de la ville de Mbour ne soit de la délégation.
Originaire de Foundiougne, Caroline Faye était la fille de Louis Diène Faye, un expert-comptable, militant de la Section française de l’internationale ouvrière (Sfio) où militait Me Lamine Guèye, un des fondateurs du Bloc démocratique sénégalais et de Fatim Diop, descendante de Magne Diop Mbathio du Walo. À l’école des institutrices, elle obtint son diplôme en 1945 en se classant 3ème de sa promotion. Parmi ses condisciples, il y avait Mme Annette Mbaye d’Erneville, 1ère de la promotion, Mme Ndèye Coumba Mbengue Diakhaté (ancien écrivain), 2ème de la promotion, Mme le député Anne Marie Sohaï Sambou de la Casamance, mais aussi Jeanne Martin Cissé de la Guinée, pour ne citer que celles-là.
Une riche carrière d’enseignante
Grâce à son diplôme, en 1945, elle devint respectivement institutrice à Louga sous les ordres de son mentor, Abdoulaye Sadji de Rufisque, à Thiès, à Matam puis à Mbour où elle dirigea l’Ecole des filles de 1951 à 1962.
Celle que l’on surnommait «La voix des femmes» s’était éteinte à Dakar après son retrait politique. Pour l’immortaliser, la ville de Mbour a donné le nom de son prestigieux stade de football, à l’entrée, à Caroline Faye, l’unique infrastructure sportive dédiée à une femme au Sénégal.
L’ASPT SALUE LA DISTINCTION DE GERMAINE ACOGNY À LA BIENNALE DE VENISE
Dakar, 28 juil (APS) - L’Agence Sénégalaise de Promotion Touristique (ASPT) exprime ses "vives félicitations" à son ambassadrice, Germaine Acogny qui a reçu le "Lion d’or" lors de la 15 ème édition du festival international de danse contemporaine de la Biennale de Venise.
"L’ASPT exprime ses vives félicitations à son ambassadrice, Germaine Acogny, figure historique de la danse africaine qui a reçu le Lion d’or, récompensant ainsi l’ensemble de sa carrière", indique un communiqué transmis à l’APS.
Selon le texte, ce prix lui a été décerné lors de la "Biennale de Venise", reconnue comme l’une des institutions culturelles les plus prestigieuses au monde.
Germaine Acogny a reçu cette distinction lors de la 15ème Edition du Festival International de danse contemporaine (23 juillet au 1er août), précise le communiqué.
Le texte ajoute que cette cérémonie qui se déroule de façon particulière à la suite de la pandémie à Covid-19, enregistre la participation de quelques personnalités, notamment celle du directeur général de l’ASPT et d’un comité restreint de l’agence.
’’Cette récompense est synonyme de la consécration d’une carrière exceptionnelle que Germaine Acogny, considérée comme la mère de la danse contemporaine africaine, a dédié au Sénégal", indique la même source.
Elle rappelle que sa contribution à la formation des jeunes, à la performance, à la chorégraphie et la large diffusion de son travail, a attiré des milliers de touristes au pays de la Téranga.
Cela, souligne le texte, a fait d’elle une force individuelle majeure dans le développement de la culture et du tourisme.
"De 1977 à 1982, Germaine Acogny dirige Mudra Afrique, une école de danse fondée par le président-poète sénégalais Léopold Sédar Senghor et Maurice Béjart, une icône de la danse moderne", rappelle le communiqué, en précisant que cette école de danse a servi de modèle à tout le continent.
C’est à cette époque que Germaine Acogny a développé sa propre technique originale, devenant ainsi un protagoniste de la chorégraphie africaine contemporaine, note le texte.
"Elle dirige aujourd’hui l’école des Sables qui attire des danseurs et chorégraphes de toute l’Afrique et du reste du monde à Toubab Dialaw, un village de pêcheurs, situé sur la petite côte, au sud de Dakar", relève la même source.
Elle rappelle que l’ambassadrice de la destination Sénégal est également Chevalier de l’ordre national du lion et officier et commandeur des arts et lettres de la république.
"En 1999, Germaine Acogny est décorée Femme pionnière par le ministère sénégalais de la Famille et de la Solidarité nationale", lit-on dans le communiqué.
Il ajoute qu’en janvier 2019, Germaine Acogny a reçu aussi, le Prix d’excellence de la Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), dans la catégorie Arts et Lettres.
b
L’ASSOCIATION BALAFON ENVOIE 400 FEMMES A L’ECOLE DE LA TRANSFORMATION
L’objectif est la valorisation des produits locaux qui moisissent en zone de production et dans le même temps, combattre la précarité ambiante qui asphyxie les populations du Diassing
Cette session de formation de 12 jours ouverte hier, mardi 27 juillet à Marsassoum, concerne 400 femmes de la commune de Marsassoum, de Ziguinchor et de Dakar sur les techniques de transformation des fruits et légumes, en savonnerie et en gestion financière. L’objectif est la valorisation des produits locaux qui moisissent en zone de production et dans le même temps, combattre la précarité ambiante qui asphyxie les populations du Diassing. La formation est à l’initiative de la Directrice générale de la Pharmacie nationale d’approvisionnement (PNA) qui dirige l’association Balafon de Marsassoum, avec l’accompagnement de l’office national de la formation professionnelle (ONFP).
A l’initiative de Dr Annette Seck Ndiaye, la présidente de l’association Balafon de Marsassoum et directrice générale de la Pharmacie nationale d’approvisionnement du Sénégal, 400 femmes des groupements de cette contrée du Diassing subissent une session de formation en techniques de transformation des fruits et légumes et autres produits locaux. Cette session a démarré ce mardi avec l’accompagnement technique de l’ONFP (Office national de la formation professionnelle). Mamadou Doudou Ndaw, le secrétaire général de l’association Balafon de Marsassoum fait savoir que « c’est une cohorte de 40 femmes qui seront formées en 12 jours sur les techniques de transformation des fruits et légumes, en savonnerie, en gestion financière et autres.
Cette formation doit concerner 400 femmes des localités de Marsassoum, Ziguinchor et de Dakar. Les objectifs, c’est surtout de les former afin qu’elles s’impliquent davantage dans le développement local à la base à travers leur autonomisation progressive. Il faut dire que cela a été rendu possible grâce à la fructueuse collaboration avec l’Office national de formation professionnelle ». En sa qualité d’ancien maire de Marsassoum et agent de la Chambre de commerce, d’industrie et d’agriculture de Ziguinchor, Alassane Ndiaye s’engage à les accompagner vers la formalisation : « je tiens dans un premier temps à remercier l’initiatrice Dr Annette Seck Ndiaye. Nous irons incessamment nous rapprocher de la Chambre de commerce de Sédhiou, leur faire part de l’engagement et de la formation de ces femmes afin qu’elles disposent de documents formels. Elles se battront pour trouver place au niveau des différentes foires et faire connaitre le label de Marsassoum », promet-il.
DES LIGNES DE FINANCEMENT DEJA DISPONIBLES
Outre cette session de formation, Mamadou Doudou Ndaw le secrétaire général de l’association Balafon de Marsassoum précise que des lignes de financement seront mises à la disposition de ces femmes pour une pratique directe des modules appris : « nous avons signé des conventions avec des structures financières en y injectant un capital qui leur permettra de financer leurs projets », assure-t-il à la fin de cette première journée. Les bénéficiaires ne s’en portent que mieux, l’une d’elles Mme Kébé Fatoumata Gassama explique que « les femmes de Marsassoum étaient utilisées dans des campagnes de mobilisation politique mais ce n’est qu’avec des actions de soutien et d’accompagnement de Dr Annette Seck Ndiaye que nous avons commencé à nous insérer dans des créneaux porteurs de revenus ». Et le formateur Mamadou Keïta de rassurer qu’«une fois ces modules appris, ces femmes pourront valoriser les produits qui, jusqu’ici, continuent de pourrir dans les zones de production ». Cette formation en transformation des fruits et légumes s’offre donc comme une alternative crédible à la valorisation du potentiel local qui pourrit en zone de production. Ce qui permettra de créer des parts de marché jusque dans la sous-région de l’Afrique et même au-delà.
PAR SEYDOU KA
FEMINISME PAR LE BAS
Au lendemain de la Tabaski, beaucoup de femmes, particulièrement celles qui sont émancipées et qui avaient perdu le goût des travaux domestiques, ont eu toutes les peines du monde. Pour cause, les femmes de ménage sont rentrées au village
Au lendemain de la Tabaski, beaucoup de femmes, particulièrement celles qui sont émancipées et qui avaient perdu le goût des travaux domestiques, ont eu toutes les peines du monde. Pour cause, les femmes de ménage, qu’on appelle de façon honteuse «bonnes», sont rentrées au village pour passer la fête avec leurs familles. Du coup, subitement, on se rend compte de l’utilité de ces bonnes dames dont on remarque à peine la présence dans les maisons. Tellement elles se font discrètes. J’allais dire qu’elles sont sommées par les «patronnes» de s’effacer quand un invité arrive.
Certes, le phénomène n’est pas nouveau, et il serait inutile de revenir ici sur les sévices qu’elles subissent dans les maisons. Ce qui est étonnant, c’est que malgré les victoires engrangées par les femmes au niveau politique ces dernières années – loi sur la parité, prise en compte de la dimension genre dans toutes les politiques publiques –, rien ne semble bouger pour les «bonnes». L’écrasante majorité d’entre elles ne perçoivent même pas le smic. Ce qui est encore plus dramatique, c’est que ce sont des femmes qui maltraitent d’autres femmes dont le seul tort est d’être nées pauvres. J’avais toujours pensé, de façon naïve peut-être, qu’une femme était mieux en mesure de «comprendre» une femme. J’ai déchanté en apprenant, par exemple, que les femmes qui accouchent dans nos structures sanitaires publiques subissent toutes sortes d’insultes de la part de certaines sages-femmes qui y travaillent. Avec des quolibets du genre «quand tu le faisais au lit, c’était agréable, tu n’as qu’à assumer». Comment une femme qui a connu les douleurs de la maternité peut parler à une femme de cette manière ? Où est passée la sensibilité féminine qu’aiment vanter nos féministes ? J’avoue qu’il y a quelques choses qui m’échappent. Et je ne suis pas le seul. Un ami me confiait le malaise qu’il éprouve quand il voit comment son épouse traite ses «bonnes» et qu’il était souvent obligé de prendre leur défense.
De tout cela, je tire cette conviction : de la même manière qu’il n’y a d’écologie que celle des pauvres, il n’y a de féminisme que celui des pauvres ! S’il est normal que tout mouvement social, dans sa théorisation, dans sa conceptualisation soit toujours porté par l’élite, il est indispensable de faire un travail de conscientisation et de sensibilisation à la base. Et c’est là que le bât blesse.
Certes, en plus de la recommandation R201 de l’Organisation internationale du travail (Oit), différents arrêtés ministériels régissent, depuis 1968, le travail des domestiques et gens de maison et prévoyant un contrat, un barème salarial, des cotisations sociales, les heures de travail, un congé payé…, mais ces droits ne sont jamais respectés. On peut comprendre que la société, de façon générale, ferme les yeux, compte tenu d’un certain nombre de paramètres (faiblesse des revenus de la classe moyenne, solidarité familiale…), mais, raison de plus, cela doit s’accompagner d’avec un minimum d’humanisme dans la façon dont ces travailleuses précaires sont traitées.
Bref, on peut se demander ce qu’ont fait la moitié des députées de l’Assemblée nationale depuis l’instauration de la loi sur la parité pour leurs consœurs du monde rural, des banlieues ou, de façon globale, la société ? En effet, le principal argument des féministes, c’est de dire qu’un mieux-être de la femme se traduit par un mieux-être de la famille. La récente loi criminalisant le viol aurait pu être considérée comme une grande victoire mais, même au sein du mouvement féministe, on a le sentiment d’un malaise.
Tout ceci donne le sentiment qu’après avoir engrangé les fruits de la lutte des aînées (notamment dans le cadre du mouvement ‘’Yeewu yeewi’’ créé dans les années 1980), le mouvement féministe sénégalais s’est essoufflé, voire s’est perdu dans ses combats. L’une des pionnières, Marie Angélique Savané, dénonçait, à juste titre, dans un entretien qu’elle nous avait accordé en mars 2014, le fait qu’actuellement on ne fait que du «féminisme alimentaire». Ensuite, au-delà du problème générationnel, les féministes sénégalaises et africaines de façon générale semblent avoir été entrainées par leurs consœurs occidentales dans des combats qui parfois ne sont pas les leurs. La récente sortie de la sociologue Fatou Sarr Sow qui, dans un article, procédait à une déconstruction de la notion de genre, sonne ainsi comme une sorte d’aggiornamento.
PAR MALICK SY
LA VOIX DE LA SAGESSE ?
Moustapha Diakhaté, Mame Mbaye Niang et Adama Faye sont les missi dominici anti-troisième mandat au service de Marième Faye Sall. C'est un énorme dos-d’âne sur la route des thuriféraires du président qui roulent pour une candidature de Macky
L'essenteil.sn |
Malick Sy |
Publication 22/07/2021
Marième Faye Sall, Première dame de l’opposition au troisième mandat
Moustapha Diakhaté, Mame Mbaye Niang et Adama Faye sont les missi dominici anti-troisième mandat au service de Marième Faye Sall. C'est un énorme dos-d’âne sur la route des thuriféraires du président qui roulent pour une candidature de Macky
Marième Faye Sall, Première dame de l’opposition au troisième mandat
C’est qu’elle est comme ça Marième Faye Sall. Femme au sommet, mais plus madame tout le monde que Première dame. Du moins jusqu'ici. Et les Sénégalais, dans leur immense majorité, le lui rendent bien. Tant les opinions sont laudatives dès qu’il est question de l’épouse du président. Une beauté et un charme bien sénégalais qui n’ont d’égales que les surenchères hagiographiques qu’elle génère rien qu’à l’évocation de son nom. De quoi rendre envieux son président de mari, empêtré depuis quelques mois, dans un persistant et large mouvement de défiance populaire.
Mais, qu'elle n’est pas que ça non plus la Première dame du Sénégal. Bâtisseuse en taille basse de la carrière politique de son époux avec une simplicité, une élégance et une empathie faites de communication, elle a été le cerveau opérationnel de la machine qui a forgé l’ascension de Macky Sall à la plus haute fonction de l’État. Ce qui fait encore dire que sans elle, lui ne serait peut-être pas président de la République. Discrète, imprévisible, mais très impliquée, la voilà propulsée au cœur du pouvoir après la victoire de son mari en 2012. Marième irradie le Palais. Le Sénégal est sous le charme.
Le collège des « anti troisième mandat » de madame
Empreinte intellectuelle minimale, mais influence politique maximale. L'épouse du président suscite toutes sortes de conjectures quant à son influence sur la marche du pays et sur son président de mari. Chacune de ses rarissimes déclarations est guettée et disséquée, sa moindrissime confidence, analysée et commentée.
Il fallait donc bien s’attendre aux torrents de commentaires suite à la déclaration surprise de Moustapha Diakhaté, proche parmi les proches de Marième Faye Sall, annonçant que « la Première dame n’est pas dans une logique de troisième mandat. » Même si l'auteur de ces propos s’est mis depuis en mode rétropédalage, son brusque revirement n’aura pas suffit à tarir le flot de supputations quant à une possible fracture du couple présidentiel sur la question du troisième mandat.
Les analystes n’avaient pas fini d’épiloguer sur cette spectaculaire annonce que Mame Mbaye Niang, autre membre étoile du tout premier cercle de la Première dame y allait lui aussi de sa vulgate anti-troisième mandat avertissant « qu’il ne soutiendra pas le président dans sa quête d’un autre mandat. » Venant du chef de cabinet du chef de l’État, cela fait quand même un peu désordre. Mais il fallait quand même oser.
Seulement voilà, la quasi-concomitance de ces deux annonces, faites dans deux émissions phares d’un même groupe de presse laissent peu de place à la simple coïncidence. Comme en miroir à la surprise provoquée par les déclarations de ces deux piliers de la galaxie autour de la Première dame, il y eut la tribune au ton pamphlétaire dans laquelle Adama Faye, frère de Marième Faye Sall, étrille le chef de l’État. Un réquisitoire impitoyable contre son beau frère qu’il soupçonne entre les lignes de vouloir briguer un troisième mandat. Un discours d’une rare violence où chaque mot siffle comme une balle. Peu habituel lorsque l’on s’adresse à l’époux de sa sœur dont Adama Faye dénonce « l'excès de pouvoir et le comportement de dictateur ou de monarque qui inquiètent plus d’un. » N’en jetez plus. Le déversoir est plein.
Désordre à tous les étages et suspense étouffant à tous les niveaux
Difficile de croire que ces hommes à tout faire du clan de la Première dame ne parlent pas sur commande. Tout laisse à penser que Moustapha Diakhaté, Mame Mbaye Niang et Adama Faye sont les missi dominici anti-troisième mandat au service de Marième Faye Sall dont il se susurre de plus en plus qu’elle veut mettre son mari en quarantaine de la présidentielle de 2024. Nul doute que les fantassins marron-beige du président ne tarderont pas à ajuster les snipers de la Première dame dans cette guerre des tranchées tout au sommet de l’intimité du Palais.
Une chose est sûre, toute cette saga des « anti-troisième mandat » dont les partisans de la Première dame orchestrent la médiatisation est un énorme dos-d’âne placé sur la route des thuriféraires du président qui roulent plein phare et klaxon bloqué pour une candidature de Macky Sall.
Le Sénégal semble se diriger inexorablement vers un vaste arc de crise qui risque de provoquer un désordre à tous les étages du pays. La question du mandat est en train de crisper le climat politique et d'empester l’ensemble de la sphère publique. Mais jusque là, aucun signe tangible n’est venu du Palais pour en dissiper définitivement l’odeur persistante. C’est un suspense étouffant et anxiogène qui est en train de gagner le pays au fur et à mesure que l’on s’approche de la prochaine échéance présidentielle. Le Sénégal est assis sur un volcan dont les cendres de la dernière éruption explosive de mars dernier n’ont pas encore fini de se dissiper.
En se mettant hors « logique d’un troisième mandat » présenté comme celui du chaos par l’opposition sénégalaise, la Première dame tenterait-elle d’éteindre la mèche qui pourrait déclencher une déflagration dont il est difficile de prédire l’échelle et l’ampleur ? « L’affaire Ousmane Sonko » et les émeutes meurtrières qui s’en sont suivies ont failli emporter le pouvoir de son mari. Le régime de Macky Sall s’était dangereusement approché du précipice. L’obsession d’un mandat additionnel risque-t-elle de le faire tomber dedans ?
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BEAUTÉ ET COSMÉTIQUE : UN VEAU GRAS SNOBÉ PAR LES GOUVERNANTS ET LE PRIVÉ AFRICAIN
L’industrie de la Beauté et de la Cosmétique est une niche à fort potentiel et vivier à emplois. Mais malheureusement le secteur privé africain et les États n’en n’ont pas conscience. La journaliste Aminata Thior nous révèle tous les secrets du secteur
Elle a osé s’attaquer, avec ses propres moyens, à une industrie à haut potentiel économique, mais fortement méconnu par différents acteurs. Il s’agit de l’industrie de la Beauté et la Cosmétique en Afrique francophone. Directrice et fondatrice du magazine spécialisé en ligne Setalmaa, désormais ce secteur n’a plus aucun secret pour Aminata Thior, chroniqueuse de Rfi.
Du potentiel aux profils des consommateurs/trice, en passant par les chiffres-clés, les investisseurs, les défis, elle y a tout découvert après s’être lancée dans une longue enquête avec son équipe. Récemment, Aminata Thior a publié un rapport très documenté de cette enquête, le tout premier sur cette industrie en Afrique francophone. Dans cette entrevue exclusive avec AfricaGlobe tv et AfricaGlobe.net, l’ingénieure télécom, reconvertie en journaliste, nous fait une synthèse de ce riche et dense rapport, consultable sur son site web setalmaa.com.
Après 4 ans d’enquête rigoureuse Aminata Thior est persuadée que si les Etats et les privées investissent dans le secteur de la beauté et de la cosmétique et que les universitaires mettent la main à la pâte en termes de recherche en vue de la transformation, le secteur va générer de millions d’emplois et par conséquent, une bonne solution au chômage sera toute trouvée pour la plupart des pays africains.
Ce rapport se veut être un outil de prise de décision aussi bien pour les investisseurs que les politique. Ce qu’elle a découvert pendant son enquête la pousse à inviter le monde universitaire à s’intéresser aussi à ce secteur.
KEN DERRICK OTIENO
UN MILLION DE FILLES AFRICAINES « POURRAIENT NE JAMAIS RETOURNER A L’ECOLE»
scidev |
Ken Derrick Otieno |
Publication 16/07/2021
Avant la COVID-19, les filles africaines étaient plus susceptibles que les garçons d'abandonner l'école
Mais la pandémie a en outre poussé plus d'un million de filles à abandonner l'école
L'Afrique peut perdre une décennie de progrès en matière de développement si le problème n'est pas résolu
[NAIROBI] D’après un récent rapport, environ un million de filles en Afrique subsaharienne pourraient ne jamais retourner à l’école après être tombées enceintes en raison des fermetures d’écoles liées à la COVID-19. Une situation qui pourrait compromettre la croissance du continent.
Le rapport du Forum Ibrahim met en évidence les défis liés à la COVID-19 auxquels l’Afrique est confrontée, notamment une augmentation de la violence sexuelle et sexiste, une pression sur des services de santé déjà faibles, une instabilité croissante et des difficultés économiques.
Le rapport publié ce mois de juillet souligne que les fermetures d’écoles ont un impact négatif sur la socialisation des filles, l’accès aux services de santé sexuelle et reproductive et aux espaces sûrs.
Il indique que les filles deviennent vulnérables à la violence et à l’exploitation sexuelles, aux mutilations génitales féminines (MGF), au mariage forcé et aux grossesses précoces.
“Le rapport du Forum Ibrahim montre comment les fermetures d’écoles risquent d’élargir les inégalités d’apprentissage existantes”
Camilla Rocca, Fondation Mo Ibrahim
« Le rapport du Forum Ibrahim montre comment les fermetures d’écoles risquent d’élargir les inégalités d’apprentissage existantes », explique Camilla Rocca, responsable de la recherche à la Fondation Mo Ibrahim.
« Déjà en 2019, il y avait un écart de 3,9 points de pourcentage entre le taux de filles et celui de garçons non scolarisés en Afrique subsaharienne », ajoute-t-elle.
Cette analyse, explique Camilla Rocca, est basée sur des données telles que la scolarisation et les taux de grossesse chez les adolescentes.
Les appels à rester à la maison pendant la pandémie ont déclenché une augmentation de la violence contre les femmes et les filles à travers le monde, note la chercheure.
Ajoutant que « cela se produit à un moment où l’accès au soutien et aux services d’urgence pour lutter contre les violences basées sur le genre et le sexe ont diminué en raison de la pandémie et des restrictions qui y sont liées. »Camilla Rocca indique à SciDev.Net que dans une enquête menée auprès de 1 056 femmes au Burkina Faso, au Tchad, au Mali, en Mauritanie, au Niger et au Sénégal, près de 41% des personnes interrogées ont signalé des incidents de violence domestique avant la pandémie, alors que ce chiffre est passé à plus de 52% pendant la COVID-19.
Le rapport présente une feuille de route pour se remettre durablement de la COVID-19 en Afrique, notamment le renforcement de la collaboration, la priorisation des jeunes et la défense de la bonne gouvernance.
Tijani Salami, un médecin défenseur de la santé et des droits sexuels et reproductifs au Nigeria, affirme que les femmes subissent de plein fouet les conséquences socio-économiques de la COVID-19.
« Le mariage des enfants est répandu en Afrique subsaharienne », explique ce dernier qui est un bénéficiaire de la bourse Aspen New Voices.
« Environ 43% des filles au Nigeria se marient avant l’âge de 18 ans. Les impacts de la COVID-19 pourraient aggraver cette pratique avec des conséquences sur leur santé, dit-il.
La bourse New Voices de l’Aspen Institute est un programme non résidentiel d’un an qui offre une formation intensive aux médias et au plaidoyer pour les experts en développement de première ligne.Tammary Esho, directrice du Centre d’excellence d’Amref Health Africa pour mettre fin aux mutilations génitales féminines, affirme que la pandémie a exacerbé les pratiques néfastes consistant à couper ou à blesser délibérément les organes génitaux féminins dans des pays comme l’Éthiopie, le Kenya, le Sénégal et l’Ouganda.
« Les femmes et les filles constituent un énorme capital humain et cela aura un impact négatif sur l’Afrique qui pourrait perdre jusqu’à une décennie de progrès en matière de développement si la question des violences basées sur le genre ne sont pas traitées », dit-elle.
La pandémie appelle à des approches innovantes pour renforcer et soutenir les systèmes sociaux, économiques, de santé et de justice pour la prévention des urgences publiques et la préparation aux interventions, ajoute Tammary Esho.
Elizabeth Anne Bukusi, scientifique principale en recherche clinique à l’Institut de recherche médicale du Kenya, déclare pour sa part que la COVID-19 a démontré le manque d’attention aux services de santé promotionnels et préventifs qui sont essentiels pour atténuer la pandémie.
La reprise nécessitera un accès aux vaccins anti-COVID-19 pour lesquels l’Afrique est en queue de peloton, et un cadre pour aider à augmenter la capacité de la région à faire face aux crises futures, selon cette dernière.
« L’Afrique doit également repenser les priorités et les investissements dans les soins de santé de ses citoyens [et] dans la recherche afin de parvenir à la santé et au bien-être de ses citoyens », ajoute Elizabeth Anne Bukusi.
La version originale de cet article a été produite par l’édition anglophone de SciDev.Net pour l’Afrique subsaharienne.
JE SUIS UNE BELLE SYNTHÈSE DU SÉNÉGAL
Référence dans le monde universitaire et du droit, la ‘’Peule-Léboue’’, Amsatou Sow Sidibé, célébrée samedi par la faculté des Sciences juridiques et politiques de l’Ucad, revient sur son parcours, ainsi que sur certains sujets brûlants de l’actualité
Pouvez-vous nous parler un peu plus de vous, de vos origines, de votre parcours… ?
Amsatou Sow Sidibé est une Sénégalaise née à Dakar. Son père, Aladji Pape Sow, lui-même est né à Dakar. Son grand-père, Djibril Sow, a quitté le Macina et est venu à l’école des fils de chefs de Saint-Louis. Il est descendu à Dakar et fait partie de ceux qui ont créé la Médina jusqu’à l’avenue Faidherbe. Par contre, la mère de mon père, Fatou Hann, est originaire de Pété, dans le Fouta.
Amsatou Sow Sidibé est donc une femme peule-léboue. C’est comme ça qu’on nous appelait. D’ailleurs, mon père porte le nom d’un Lébou de la Médina, en l’occurrence le père de l’honorable députée Adjaratou Arame Diène. Je suis donc une pure Dakaroise. Mon père est né là où se trouve la Société générale, sur l’avenue Faidherbe et était fonctionnaire des chemins de fer.
Ma mère, elle, est née à Thiès ; mais son père est de Guidakhar, dans le Walo, à une trentaine de kilomètres de Richard-Toll. Sa mère est de Ndiagne, dans le Ndiambour. Enfant, nous habitions là où se trouve aujourd’hui le Grand Théâtre. Bien évidemment, ce Dakar n’avait rien à voir avec celui que vous avez connu (rires). C’était un Dakar si calme, si charmant et si accueillant. Aujourd’hui, la ville est agressée, elle est mise sens dessus-dessous…
C’est le moment pour moi de lancer un appel pour une réconciliation de l’humain, de l’homo senegalensis avec son terroir, avec son environnement… Ainsi, je peux dire que je suis du Fouta, du Ndiambour, du Macina, du Cayor, j’ai également des parents à Foundiougne. Mais je suis née à Dakar dans le Cap-Vert. Bref, je suis une belle synthèse du Sénégal (elle sourit).
Qu’en est-il de votre parcours scolaire et universitaire ? Etes-vous de ceux qui se réclament ‘’pur produit de l’école sénégalaise’’ ?
C’est une mission périlleuse, mais puisque vous m’y invitez, je vais essayer. Je peux le revendiquer parce que j’ai fait l’essentiel de mon parcours ici. J’ai fait Berthe Maubert jusqu’à l’entrée en 6e ; ensuite, j’ai débuté le secondaire au petit lycée qui était à côté d’Air France, avant de rejoindre l’alors nouveau lycée John Fitzgerald Kennedy, où j’ai obtenu mon baccalauréat. Ensuite, j’ai rejoint, en 1974, l’université Cheikh Anta Diop, à l’époque université de Dakar. Après la Licence, le professeur Ibrahima Fall (ancien candidat à la Présidentielle) que je salue, à qui j’adresse un témoignage déférent, m’a donné une bourse pour aller poursuivre mon troisième cycle en France.
J’ai alors intégré l’université de Paris II-Sorbonne, où j’ai commencé le troisième cycle en prenant un sujet de thèse, tout en fréquentant la Sorbonne pour préparer le Certificat de droit et économie d’Afrique. J’avais commencé la rédaction de la thèse, mais je suis vite rentrée au Sénégal, parce que j’ai été recrutée à l’université de Dakar. J’ai soutenu ma thèse en 1987, à l’université Paris II Panthéon-Sorbonne sur le pluralisme juridique en Afrique. C’est-à-dire le fait qu’il y ait plusieurs systèmes de droit en Afrique avec les droits moderne, musulman, coutumier… Et j’ai eu la chance d’avoir le prix de thèse de l’université de Paris II. Elle a donc été publiée par la Librairie générale de droit et de jurisprudence (LGDJ) Paris en 1991.
Pour l’Agrégation, c’était en 1991 ou 1992. Je suis devenue par la suite professeure titulaire et enfin professeure titulaire de classe exceptionnelle. J’ai donc essayé de faire le maximum pour être là où je suis.
Depuis 1974, vous n’avez pas quitté cette université qui vous rend aujourd’hui hommage. Qu’avez-vous ressentie quand vous avez été choisie comme marraine de la promotion sortante de la FSJP ?
Cela m’a fait beaucoup plaisir. Je suis très contente de cette marque de reconnaissance. Je remercie infiniment les étudiants et les autorités de l’université. Vous savez, j’ai fait presque 40 ans dans cette université et je resterai toujours disponible pour les étudiants, pour mon pays. Comme vous le savez, j’ai toujours eu une relation assez particulière avec les étudiants. J’avais choisi de m’investir dans ce grand amphi qu’on appelait l’amphi B, où il y avait des milliers d’étudiants. Non seulement, il y avait ceux qui étaient inscrits à la Fac Droit, mais aussi d’autres qui venaient d’autres facultés pour suivre mon cours. J’ai toujours essayé de dispenser ce cours avec générosité, avec cette passion que j’ai pour le droit et l’envie de le faire aimer aux autres. Et je sentais que cette passion, cet amour était bien transmis aux étudiants, pour qui j’étais la maman, la ‘’badiene’’. J’étais sans complaisance, mais je défendais leurs intérêts de façon très juste. C’est peut-être ce qu’ils ont apprécié.
Aujourd’hui, cet espace auquel vous avez consacré 40 ans de votre vie est émaillé de violence. L’actualité est même marquée par ces sanctions infligées à certains étudiants par l’Assemblée de l’université. Votre commentaire sur ces sanctions ?
Moi, je n’aime pas la violence. Je me veux apôtre de la non-violence. J’ai été dans beaucoup d’espaces, aussi bien au Sénégal qu’à l’étranger, pour essayer de régler des conflits. Alors, quand la violence se passe chez moi, surtout dans l’espace universitaire, spécialement celui de Dakar dont la devise est ‘’Lux Mea Lex’’, je suis peinée. Assesseure à la faculté de Droit, ancienne directrice de l’Institut des Droits de l’homme et de la paix, j’ai beaucoup réfléchi avec mes collègues pour voir comment mettre un terme à ces cycles de violence. Des séminaires ont été organisés, des propositions faites, mais on y voit toujours de la violence. Et les causes sont toujours les mêmes, à l’occasion des renouvellements des bureaux des amicales. C’est incompréhensible, c’est inadmissible.
Moi qui vous parle, j’ai eu à me mettre entre des étudiants qui se battaient pour les séparer. C’était risqué, mais je ne pouvais les laisser s’entretuer. Mais malgré tout ce qu’on a fait, les conflits sont toujours là. Quel est le problème ? Je pense qu’il faut davantage impliquer les jeunes dans la prise en charge de cette problématique. Qu’on leur fasse comprendre que la violence ne règle rien du tout. C’est la pire des choses et cela ne fait que les retarder. L’université doit être un espace de réflexion et non un espace où ce sont les biceps et les armes qui règnent. Nous ne sommes pas dans une jungle.
Pensez-vous donc que l’université a bien fait de sanctionner certains étudiants qui sont allés trop loin ?
J’ai été choquée de voir ce niveau de violence. Quand on parle de franchise universitaire, cela veut dire que ce sont les enseignants, les enseignés, le personnel qui doivent évoluer en harmonie pour produire. Ce n’est pas un endroit où on doit être en permanence en inquiétude. Sur la nature des sanctions, c’est l’Assemblée de l’université qui est habilitée et elle a pris sa décision.
Les politiques sont souvent accusés d’être les instigateurs de cette violence. Que pensez-vous d’une telle accusation ?
Allez à l’Assemblée nationale où on se donne maintenant des coups de poing ! C’est tellement vilain. Et c’est ce qui est donné en exemple à notre jeunesse. Si les représentants du peuple se comportent de cette manière, le peuple les regarde et les imite. La violence doit être bannie de notre société et je pense qu’il faut, ensemble, œuvrer pour cela. Dans une société civilisée, la tolérance, la discipline, le respect de l’autre doivent primer. Mais, malheureusement, nous constatons de plus en plus de dérives.
Êtes-vous de ceux qui pensent que la politique doit être bannie de l’espace universitaire ou simplement encadrée ?
Quand on dit ‘’Lux Mea Lex’’, il y a des attitudes à bannir, des activités à encadrer scrupuleusement. L’universitaire a certes le droit d’avoir des positions, d’intervenir dans la politique, qui n’est rien d’autre que l’art de gérer la cité. C’est un droit fondamental. Mais c’est une certaine manière de faire la politique qui n’a pas sa place dans l’espace universitaire.
En tant que juriste qui a travaillé sur le foncier et le pluralisme juridique en Afrique, quelle lecture faites-vous des multiples litiges fonciers au Sénégal ?
Le problème du Sénégal, c’est la boulimie foncière. Les gens s’arrachent les terres comme ils s’arrachent des petits pains ou bien un bol de riz. C’est incroyable. Or, si la loi sur le domaine national avait été bien appliquée, nous n’en serions jamais là. Avec cette loi, le président Léopold Sédar Senghor avait décidé que 99 % des terres du Sénégal appartiennent à la nation. C’est-à-dire que toute personne qui a besoin de la terre peut avoir son lopin pour le travailler. C’était ça la finalité. Aujourd’hui, on a tellement grignoté qu’une grande partie de ces terres n’appartiennent plus à la nation. L’Etat s’en est approprié ; et plus grave, les particuliers s’en sont aussi appropriés. Et cela continue de plus belle. Mieux, on se permet même de dégager des familles qui occupent des terres depuis des siècles pour en faire une appropriation privative. C’est ce qui est à la base de la plupart de ces conflits. Et il faut faire très attention. Partout où il y a des problèmes dans le monde, c’est parce que des groupes ont senti qu’on les a privés de leur droit à la terre, alors que d’autres y ont droit.
Est-ce à dire que vous êtes pour le maintien de la loi sur le domaine national, décriée, jugée parfois ‘’rétrograde’’ et contraire aux exigences du développement dans un monde de plus en plus libéralisé ?
Moi, je suis pour le respect de l’esprit de la loi sur le domaine national tel que cela a été fait par le président Senghor. Malheureusement, dans la pratique, cet esprit a toujours été dévoyé. Pourquoi (elle hausse le ton) est-ce que des personnes doivent devenir des ouvriers agricoles, alors que d’autres peuvent se taper des hectares et des hectares ? C’est injuste. C’est scandaleux dans un Etat démocratique. Chacun a droit à la terre, pour se loger, pour travailler.
Si on veut maintenant privatiser, on doit le faire en tremblant. Ce n’est pas une décision simple qu’on fait aveuglément. Si on le fait, un groupuscule va s’accaparer de toutes les terres au détriment du plus grand nombre. C’est ce qui crée des histoires. Je répète : il faut faire très attention avec la gestion de la terre. Il faut une gestion responsable. Faire en sorte que tout le monde puisse en jouir.
Universitaire reconnue, respectée par tout le monde, pourquoi avez-vous décidé, à un moment, d’entrer en politique ? Qu’est-ce qui a sonné le déclic ?
Justement, c’est pour changer cette façon de faire la politique dans notre pays. Et pour cela, il faut des hommes et des femmes de qualité dans cet espace politique marqué par la politique politicienne. J’ai donc voulu apporter ma touche, cette touche nouvelle, pour qu’enfin on ait une façon civilisée de faire la politique. Notre engagement ne doit être guidé que par la volonté d’être au service de notre peuple, d’être utile à notre pays. Malheureusement, ce n’est pas toujours le cas. Voilà pourquoi est née Car (Convergence des acteurs pour la défense des valeurs républicaines) Lenen qui n’est rien d’autre que la rupture. Ce que nous voyons dans ce pays n’augure rien de bon. Il faut y remédier et c’est la raison pour laquelle on s’est engagé.
Vous êtes entrée dans le champ politique depuis 2010, mais on ne sent pas trop Car Lenen dans l’espace. Est-ce à dire que votre message n’est pas suffisamment entendu ? Vous arrive-t-il d’avoir des regrets ou de vous décourager ?
Je ne me décourage pas ; je n’ai aucun regret par rapport à cet engagement. Bien au contraire ! Moi, j’observe et je tire des conclusions. Globalement, je pense que nous avons un parcours positif. Au moins, nous ne faisons pas de dégâts et nous posons des actes positifs et utiles pour notre pays, des actes qui inspirent.
Par exemple, en 2012, alors que nous venions juste de créer notre manifeste, avant même le récépissé, on s’est présenté à la présidentielle…
Cela avait fait long feu… ?
Mais c’était très important. A travers cette candidature, nous avons voulu montrer la voie, inviter les femmes à prendre conscience qu’elles doivent participer et qu’elles en ont les moyens et les capacités. Et je pense que sur ce plan, on a réussi. L’initiative a fait des émules et les femmes se sentent de plus en plus concernées.
En 2019, nous avons voulu encore participer, mais on nous a dénié ce droit, sous le prétexte du parrainage, dont on ne maitrise pas les tenants et les aboutissants. Et les juridictions africaines l’ont d’ailleurs sanctionné.
Aujourd’hui, vous vous opposez au régime du président Macky Sall, après avoir cheminé avec lui pendant un moment. En regardant dans le rétroviseur, quel est votre sentiment ?
Je n’ai aucun regret. C’était une bonne occasion pour mettre mes compétences au service de mon pays, dans le domaine des droits humains et de la paix dont j’étais chargée en tant que ministre-conseiller. A ce titre, nous avons beaucoup contribué à l’accalmie du conflit en Casamance, en rencontrant notamment beaucoup de communautés dans cette région sud du pays. Nous avons eu à leur parler avec l’EDVR (Espace, dialogue, vérité et réconciliation) pour la paix définitive en Casamance. Nous discutions, dans ce cadre, avec les communautés, autour des questions qui pouvaient nous mener vers la paix. Nous avons non seulement apporter notre modeste contribution, mais mieux, nous avons laissé des documents de stratégie pour arriver à la paix définitive.
Pouvez-vous rappeler les circonstances de votre départ ? Vous aviez semblé un peu en colère ?
Je n’étais pas en colère, mais un peu désolée, je l’avoue. Par exemple, quand on refusait de me verser un salaire de la présidence ou un salaire de l’université, alors que je travaillais comme tout le monde. Je pense que c’était le minimum. Je suis restée pendant six mois sans aucun salaire et je n’ai pas compris le pourquoi. Mais comme je ne fais pas beaucoup de bruit autour de ces choses, certains en ont profité peut-être. Je profite de l’occasion pour rappeler que le salaire est fondamental et on ne doit pas jouer avec. On doit le respecter, le protéger pour tous les travailleurs.
Le Dialogue politique a aujourd’hui livré ses conclusions, sanctionnées par le vote prochain du projet de loi portant Code électoral. Etes-vous satisfaite des résultats ?
Le dialogue politique est important, mais il y a d’autres aspects du dialogue qui sont déterminants pour tous, surtout pour les jeunes. Et cela me tient à cœur. Maintenant, pour le dialogue politique, puisque vous me le demandez, j’ai essayé de chercher les consensus, mais je dois dire que je n’ai pas vu de résultats significatifs du dialogue politique. Pour la caution qui est importante, je n’ai pas vu de solution. Pour le parrainage, c’est réglé pour les élections territoriales, mais on ne sait pas encore pour les Législatives et la Présidentielle… On constate que cela n’a pas été enlevé dans la loi électorale. Pour moi, ce machin est une catastrophe. Le Sénégal n’est pas prêt pour le parrainage. Il faut d’autres formes de filtre.
Diriez-vous donc que le dialogue n’a pas servi à grand-chose ?
Vous voulez me demander si la montagne a accouché d’une souris ? (Elle éclate de rire) En tout cas, sur ce machin du parrainage, je pense qu’il faut le régler avant d’aller aux Législatives. C’est fondamental pour les Législatives et la Présidentielle. Encore une fois, j’ai beaucoup œuvré pour qu’il y ait un dialogue. Mais dans mon entendement, le dialogue devait être non seulement politique, mais aussi social, économique, éducationnel… Le dialogue politique, seulement, ce n’est pas ce qui fait vivre le pays. C’est pourquoi j’avais fait un document que j’avais envoyé au président de la République pour qu’il s’en inspire. Et je crois qu’il avait tenu compte de mes suggestions. Moi, la conception que j’ai du dialogue, c’est qu’il doit permettre aux Sénégalais de vivre mieux. Sans cela, ce n’est pas la peine. Ne l’ayant pas senti, je n’ai pas voulu déranger. C’est pourquoi je me suis gardée à l’époque de faire du bruit. Je n’ai eu à parler à aucun journaliste. J’ai quitté le dialogue sur la pointe des pieds.
Les élections territoriales arrivent à grands pas. Comment comptez-vous y aller ? Amsatou Sow Sidibé est-elle candidate à la succession de Barthélémy Dias à la mairie de Mermoz-Sacré-Cœur ?
Vous savez, les élections territoriales, c’est une question de proximité. Chaque militant, en fonction des réalités de sa localité, va apprécier et agir en conséquence. Pour ma part, je préfère parler des militantes et militants ; des sympathisantes et sympathisants de Car Lenen. Ce n’est pas ma personne qui importe. Nous allons vers des élections de proximité et nous allons voir le meilleur moyen d’y participer.
Parlons du troisième mandat. Quel est votre commentaire sur ce débat ?
Moi, je ne comprends pas. Il y a tellement de problèmes urgents dans ce pays. Les questions éducatives, de la santé avec la Covid, la jeunesse qui a fait un cri du cœur terrible au mois de mars… C’est pourquoi je ne comprends pas que le président de la République ne mette pas un point final, je dis bien un point final à cette question du mandat. Il sait comment mettre un terme à ce débat. Il est temps qu’on passe à autre chose. Cette question du mandat est devenue ennuyeuse, c’est une question qui m’ennuie. Nous devrions nous concentrer sur les questions brûlantes de l’actualité. C’est pourquoi j’ai vraiment du mal à mêler mon nom à ce débat.
Mais parfois, certains citoyens se sentent abusés à cause des multiples interprétations des spécialistes du droit. Est-ce la discipline qui est aussi aléatoire ou ce sont les hommes et femmes de droit qui posent problème ?
Ce que je peux dire, c’est que le droit est un phénomène social, humain. Mais la règle de droit est une base. Il faut, aujourd’hui, que nous retournions à la règle de droit, sans laquelle il n’y a ni développement ni vie possible en société. En tant que phénomène social et humain, cette règle peut être susceptible d’interprétation, mais cela doit se faire en toute objectivité. Pour ce faire, il y a la volonté du législateur qu’il faut prendre en compte. Que voulait le législateur, celui qui a fait la loi ? Quand on ne tient pas compte de cette volonté, interpréter devient effectivement difficile. Il est donc utile, parfois, de retourner aux travaux préparatoires pour comprendre ce que le législateur a voulu dire.
Par rapport à la question de l’emploi des jeunes, particulièrement ceux issus de votre département, la faculté de Droit. Ne pensez-vous pas qu’il faut davantage ouvrir les professions libérales pour accroitre leurs chances ?
Le problème de l’emploi des jeunes est une question de fond, une question globale. Il faut aider les jeunes à se remettre sur les rails, les accompagner dans le renforcement de leurs capacités. La question de l’école et de la formation est fondamentale. Je pense que ce qu’il faut aux jeunes pour leur insertion, c’est les accompagner dans leur savoir, c’est-à-dire dans leurs connaissances qui doivent être renforcées ; ensuite dans leur savoir-faire, c’est-à-dire en termes d’efficacité dans leurs recherches de la qualité, dans leurs compétences... Il faut aussi les accompagner dans l’exercice de leur savoir-être ; c’est-à-dire qu’ils aient plus conscience de leurs valeurs intrinsèques, qu’ils aient aussi confiance en eux, pour ne pas céder au découragement et à certains phénomènes comme le ‘’barsa wala barsax’’. Notre jeunesse doit certes avoir des emplois, mais elle doit aussi rompre avec la violence dont on parlait tout à l’heure. Elle doit faire partie de la crème de la jeunesse du monde. Elle en est capable et en a les capacités intellectuelles. Il leur manque juste les fondamentaux.
Mais n’y a-t-il pas lieu d’ouvrir également les quelques opportunités qui existent, notamment les professions libérales ?
Il faut ouvrir toutes les opportunités. Mais il y a des préalables qui sont nécessaires à l’épanouissement de cette jeunesse.