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7 mars 2025
International
par Abdoul Aziz Diop
LE TESTAMENT POLITIQUE DE MAMADOU DIA
Le désarroi d'Ousmane Camara face aux insuffisances du Sénégal contemporain le pousse à une relecture radicale de l'indépendance. Mais les témoignages historiques, notamment ceux de Mamadou Dia, révèlent une réalité plus nuancée
Prenant la parole à l’occasion de la cérémonie de présentation du rapport significatif d’étape – « Introspection, rétrospection et prospection : 50 ans d’indépendance en Afrique de l’Ouest » –, initié et réalisé par la Rencontre africaine pour la défense des droits de l’homme (RADDHO), l’ancien juge Ousmane Camara dit être « effrayé par ce qui est arrivé » au Sénégal pendant et après les événements de décembre 1962. L’ancien ministre dans les gouvernements des présidents Senghor et Diouf considère alors que « jusqu’à présent nous vivons la même chose ». Et Ousmane Camara d’ajouter qu’« en réalité, nous n’étions pas indépendants. Cette indépendance était un leurre. Tous nos problèmes découlent de cela ». C’est qu’à ses yeux, « Senghor et Dia n’étaient que des pions ». Cette sentence est d’un grand intérêt quoique confusément sévère et polémique. Son intérêt est tel qu’elle pousse son auteur à proposer au pays « la tenue d’états généraux de l’histoire du Sénégal ». Mais c’est là que tout se complique puisque « l’histoire, avertit le grand romancier Argentin Enesto Sabato, est faite d’oublis et de sophismes ».
Ce n’est qu’en 1979, cinq ans après sa libération de prison et trois ans après son amnistie, que l’instituteur Mamadou Dia - qui fut, pendant treize ans, le secrétaire général du Bloc démocratique sénégalais (BDS), sénateur, député à l’Assemblée nationale française, député du Sénégal, maire de Diourbel et président du Conseil du gouvernement du Sénégal –, céda à la pression d’amis et de jeunes pour apporter son témoignage sur l’histoire politique du Sénégal.
Déjà victime d’une « mesure de rétrogradation » dans sa carrière d’enseignant du fait de son hostilité manifeste aux autorités coloniales et de son refus des mots d’ordre du régime de Vichy, Dia donna à la création du BDS « le sens d’une protestation contre la politique de la SFIO, qui se traduisait par l’inféodation à un parti politique européen ». Pour, comme disait Senghor, « tuer le vieil homme sénégalais » plutôt tenté par le « parti de clients » et le « remaniement de l’idéal de jadis », Dia, animé d’une conviction profonde et d’un désintéressement absolu, suscita une véritable « autonomie de pensée et d’action » en récusant, dès la Libération, tout arrimage aux partis européens. Très tôt, Mamadou Dia cria son indignation contre les « effets regrettables des compromissions » qui firent de Dakar et de Thiès des villes d’occupation par suite de la mutation des bases de la Communauté en bases militaires punitives et d’agressions contre les peuples qui se révoltent. « Dès 1961, écrit Mamadou Dia dans ses Lettres d’un vieux militant (Compte d’auteur, 1991), il y a eu des négociations avec le gouvernement français pour l’évacuation totale des bases françaises ». « Dans le domaine monétaire, ajoute-t-il, nos négociations avaient prévu la création d’une zone monétaire dans la région, zone monétaire indépendante de la zone franc. » D’ores et déjà, il nous paraît impossible de ne pas nous interroger sur ce qui s’est passé par la suite au détour d’« états généraux de l’histoire du Sénégal ».
A la différence d’autres témoins de l’histoire, Dia accusa Senghor de son vivant, lui offrant ainsi la possibilité de répondre. « C’est bien aux mutations subies par l’homme Senghor que l’on doit les avatars du Sénégal de l’après indépendance », tranche Mamadou Dia dans les colonnes du mensuel d’expression et de combat Andë Sopi. Mais Dia ne se contente pas d’une accusation. Les témoignages de Senghor dans une interview accordée à Bara Diouf, fin 1978, lui font justice quand on lui jeta à la face l’action de son gouvernement contre la classe ouvrière, le Parti africain de l’indépendance (PAI), le pluralisme et la démocratie entre 1959 et 1960. Quid du « pion » ? Dia répond lui-même : « Oui, j’ai été toujours ami de la France, mais jamais son agent. » En 1959, Mamadou Dia adressa à De Gaulle « une vigoureuse lettre de protestation » - ce sont ses mots – et fit arrêter deux Français impliqués dans un complot contre la Guinée. Dia réagissait ainsi à un communiqué diffusé à l’époque par Radio-Conakry et dans lequel le président Ahmed Sékou Touré accusait le Sénégal preuves à l’appui. Dia agissait en ami de la France tout en se défendant d’en être l’agent ou le « pion ». C’est que « nulle part dans le bréviaire du politique, il n’est écrit l’incompatibilité entre le nationalisme en actes et l’amitié pour les autres peuples dont les dirigeants respectent votre personnalité et ne piétinent pas vos droits ». Dia s’efforça d’élargir le champ de la coopération du Sénégal avec le reste du monde. Il prôna aussi « une solidarité de condition avec le Tiers-monde » contre « la coopération extravertie », facteur de « servitude économique », perceptible à travers, entre autres, « le Programme général d’importation (PGI) selon lequel, sous prétexte d’économies des devises, les importations du Sénégal hors CEE sont soumises à licences ». L’élargissement des relations avec l’Afrique au sud du Sahara achoppa, lui, sur « le renversement de tendance ou l’ère de l’auto-colonisation ».
On connaît la suite qui révulse Ousmane Camara, le poussant à se demander : « pourquoi en 2011 nous n’avons ni eau ni électricité ? » Dia déplora aussi l’état d’arriération d’un pays qui fut « le fer de lance du développement de l’Afrique, à l’aube des indépendances nationales ». Nous devons commencer par le dire si nous voulons des « états généraux de l’histoire » pour l’action. Mamadou Dia y contribue à travers son œuvre « que l’on n’aura pas tort de lire comme un testament politique à l’adresse de la jeunesse d’Afrique ».
En image, au recto de la page vierge de mon recueil de chroniques (octobre, 2003), les mots du président Dia écrits par son épouse sous sa dictée et qu’il signa lui-même de sa main de patriarche des bonnes causes sénégalaises, africaines et mondiales.
LE TCHAD AUTORISE UNE MARCHE CONTRE LA BASE FRANÇAISE À N’DJAMENA
Le gouvernement tchadien a autorisé une marche contre la dernière base française à N’Djamena, exigeant le retrait des forces françaises avant le 31 janvier 2025, après avoir dénoncé les accords militaires avec la France.
Le gouvernement tchadien a autorisé une marche contre la dernière base française à N’Djamena, exigeant le retrait des forces françaises avant le 31 janvier 2025, après avoir dénoncé les accords militaires avec la France.
Organisée par la Plateforme Tchad, la marche citoyenne autorisée par les autorités administratives, vise à protester contre la dernière base militaire française présente à N’Djamena. Cette autorisation, signée par le ministre de la Sécurité publique et de l’Immigration, Ali Ahmat Aghabach, fait suite à une demande déposée le 23 janvier 2025.
L’arrêté ministériel précise que la manifestation de ce samedi 25 janvier devra se dérouler dans le strict respect des dispositions légales. Les autorités de sécurité, notamment la police nationale, la gendarmerie nationale et la garde nationale superviseront l’événement, chacune dans son domaine de compétence.
La mobilisation intervient dans un contexte de tension entre le Tchad et la France. N’Djamena exigeant le départ complet des forces françaises avant le 31 janvier 2025, conformément à la dénonciation des accords militaires intervenue en novembre 2024. Cette décision s’aligne sur la position d’autres pays de la région, notamment les membres de la Confédération des États du Sahel.
La base de N’Djamena représente désormais la dernière emprise militaire française au Tchad, les bases de Faya et d’Abéché ayant déjà été restituées aux autorités tchadiennes. La manifestation symbolise la volonté du pays de réaffirmer sa pleine souveraineté et de mettre fin à la présence militaire française sur son territoire.
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L'ÉLITE SILENCIEUSE DE LA POLICE SÉNÉGALAISE
La Brigade d'Intervention Polyvalente, fleuron des forces spéciales, forme ses agents à l'excellence opérationnelle dans le secret. Entre entraînements intensifs et missions sensibles, plongée dans le quotidien de ces gardiens méconnus de la paix
La Brigade d'Intervention Polyvalente (BIP), unité d'élite de la police sénégalaise, opère depuis 1975 dans l'ombre de la sécurité nationale. Cette force spéciale, directement rattachée à la présidence de la République et à la Direction Générale de la Police Nationale, constitue le fer de lance de la lutte antiterroriste et du combat contre le grand banditisme au Sénégal.
Dans leurs installations ultramodernes à Dakar, les agents de la BIP suivent un programme d'entraînement intensif quotidien. Leur journée commence invariablement par des exercices physiques rigoureux, suivis de séances tactiques comprenant tir de précision, simulation d'interventions et neutralisation d'engins explosifs. Le centre dispose notamment d'un simulateur de tir laser unique en Afrique de l'Ouest, permettant un entraînement réaliste tout en économisant les munitions.
La formation des agents couvre un large spectre de compétences. Les arts martiaux occupent une place prépondérante, avec la pratique du taekwondo, de l'aïkido, de la boxe et de la lutte. Ces disciplines s'avèrent cruciales lors d'interventions où l'usage d'armes à feu n'est pas approprié. L'unité excelle également dans la détection et la neutralisation de colis piégés, démontrant une expertise technique de haut niveau.
Rompant avec les stéréotypes, la BIP intègre des femmes dans ses rangs. Ces agentes suivent la même formation exigeante que leurs homologues masculins et participent à l'ensemble des missions, prouvant que la compétence prime sur le genre dans cette unité d'élite.
La BIP maintient une disponibilité permanente, ses membres restant mobilisables 24 heures sur 24. L'unité cultive une culture du secret, symbolisée par le port systématique de cagoules lors des interventions, préservant l'anonymat nécessaire à l'efficacité de leurs missions sensibles.
Entre protection rapprochée des hautes personnalités nationales et internationales, interventions antiterroristes et assistance aux autres services de police, la BIP incarne l'excellence opérationnelle de la police sénégalaise. Son professionnalisme et sa discrétion en font un maillon essentiel de la sécurité nationale.
LA MONUSCO RENFORCE SON SOUTIEN CONTRE L’EXPANSION DU M23 AU NORD-KIVU
Des tirs d’artillerie lourde, des patrouilles conjointes et des soutiens logistiques ont permis de sécuriser des zones stratégiques et de protéger les civils, tout en appelant à une cessation immédiate des hostilités.
La Mission de l’Organisation des Nations Unies pour la Stabilisation en République démocratique du Congo (MONUSCO) a déclaré vendredi qu’elle va continuer de soutenir les Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC) dans leurs efforts pour stopper l’expansion territoriale du groupe armé ‘’Mouvement du 23 Mars’’ (M23) dans la province du Nord-Kivu.
Cette décision émane d’un communiqué du Bureau du porte-parole et des relations avec les médias, publié sur le site officiel de cette mission de maintien de la paix du Conseil des Nations Unies.
La MONUSCO dit avoir déployé l’artillerie lourde pour mener des missions de tir contre les positions du M23 à Saké (province du Nord-Kivu) permettant de repositionner ses forces dans des lieux stratégiques afin de renforcer les positions défensives dans et autour de Goma.
Dans ce même sillage, la Mission a effectué des patrouilles conjointes avec les FARDC et soutenu le déploiement de l’artillerie lourde et des hélicoptères d’attaque des forces congolaises, détruisant des équipements du M23.
Selon le communiqué, ces opérations permettent de sécuriser des zones vitales et protéger les civils face à l’avancée du groupe armé.
‘’Lors de ces affrontements à Saké, cinq casques bleus ont été blessés ce vendredi, tandis que quatre autres ont subi des blessures mineures hier jeudi. Les neuf casques bleus blessés reçoivent actuellement des soins médicaux’’, rapporte le document.
La MONUSCO soutient également la Mission de la Communauté de Développement de l’Afrique Australe en RDC (SAMIDRC, Southern African Development Community (SADC) Mission in the Democratic Republic of Congo) en fournissant des soins médicaux et un appui logistique, conformément à la Résolution 2746 (2024).
Elle réitère l’appel du Secrétaire général au M23 pour une cessation immédiate de son offensive et son retrait dans toutes les zones occupées, conformément à l’accord de cessez-le-feu du 31 juillet 2024.
La Mission exhorte par ailleurs les parties prenantes à reprendre rapidement un dialogue franc afin de trouver une solution durable et définitive au conflit, qui a entraîné des déplacements massifs, des besoins humanitaires urgents et des souffrances humaines.
VERS LA CRÉATION D’UNE UNION DES COLLECTIVITÉS DE L’AES
ne délégation interrégionale malienne et burkinabè a été reçue ce vendredi par le Premier ministre malien, le Général Abdoulaye Maïga, dans le cadre d’un projet ambitieux de création de l’Union des Collectivités de l’AES
Un projet d’union transfrontalière inédit entre le Mali et le Burkina Faso pourrait redessiner la carte de la coopération régionale dans l’espace sahélien.
Une délégation interrégionale malienne et burkinabè a été reçue ce vendredi par le Premier ministre malien, le Général Abdoulaye Maïga, dans le cadre d’un projet ambitieux de création de l’Union des Collectivités de l’AES, a appris APA de sources officielles.
Conduite par Abdoulaye Garba Maïga, Président du Conseil régional de Mopti, la délégation comprenait également les présidents des conseils régionaux de Ségou et du Centre du Burkina Faso, ainsi que les représentants des associations régionales des deux pays.
L’objectif principal de cette rencontre était de solliciter le soutien gouvernemental pour la création d’une nouvelle entité destinée à renforcer la coordination et la coopération entre les collectivités territoriales transfrontalières.
Dans son discours, le Premier ministre malien a souligné l’importance stratégique de l’intégration des collectivités, insistant sur les enjeux de développement, de sécurité et de défense commune. Il a également appelé à la vigilance contre toute menace susceptible de perturber la quiétude des populations.
Cette initiative s’inscrit dans une dynamique de collaboration renforcée entre les territoires de la région sahélienne, témoignant de la volonté des acteurs locaux de mutualiser leurs efforts face aux défis communs.
La veille de cette rencontre, le président de l’AES, le général Assimi Goïta, a annoncé la mise en circulation des nouveaux passeports confédéraux à compter du 29 janvier 2025, s’inscrivant dans la même dynamique de renforcement de l’intégration régionale.
Cette double annonce – création de l’Union des collectivités et lancement des nouveaux passeports – marque symboliquement la volonté de l’AES de tracer une voie autonome et collaborative, en dehors des cadres institutionnels traditionnels.
Les trois pays qui constituent ce nouveau bloc ont annoncé leur retrait de la Cédéao depuis janvier 2024.
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FARBA NGOM PERD SON IMMUNITÉ
Malgré le retrait spectaculaire des députés de l'APR et de Takku Wallu, le vote pour la levée de l'immunité parlementaire du député s'est tenu. Le résultat est sans appel : 130 voix pour, contre seulement 3 oppositions et 3 abstentions
Ce vendredi 24 janvier 2024, l'Assemblée nationale a procédé à la levée de l'immunité parlementaire du député Mouhamadou dit Farba Ngom, lors d'une séance marquée par des tensions et des départs.
La session a été particulièrement mouvementée avec le retrait des députés de l'Alliance pour la République (APR), qui ont quitté l'assemblée sur instruction de leur collègue Abdou Mbow. Ce dernier a qualifié l'initiative d'« escroquerie politique » visant à écarter Farba Ngom. De même, les députés de Takku Wallu ont également choisi de ne pas participer aux délibérations en quittant l'hémicycle.
Malgré ces absences notables, le vote s'est tenu avec 136 participants, dont 10 par délégation. Les résultats sont sans appel : 130 pour la levée de l'immunité, 3 voix contre et 3 abstentions.
Cette décision intervient dans un contexte politique particulièrement tendu. La séance s'est conclue avec le renvoi à la Conférence des présidents pour la fixation du calendrier des prochains travaux parlementaires.
La levée de l'immunité parlementaire de Farba Ngom ouvre désormais la voie à d'éventuelles poursuites judiciaires contre le député dans le cadre d'une affaire portant sur une somme de 125 milliards de FCFA.
LE PROJET POUR FREINER L’EMIGRATION IRREGULIERE
Dans le cadre du programme-pilote de « migration circulaire », l’Espagne cherche des travailleurs agricoles pour des missions de cueillette et de conditionnement de fruits.
Dans le cadre du programme-pilote de «migration circulaire», l’Espagne cherche des travailleurs agricoles pour des missions de cueillette et de conditionnement de fruits. L’Action pour les droits humains et l’amitié (Adha), qui encourage cet appel à candidatures lancé par le ministère de l’Intégration africaine et des affaires étrangères du Sénégal, à travers le Secrétariat d’Etat aux Sénégalais de l’extérieur, interpelle l’Etat du Sénégal sur l’impératif de transparence dans le processus de sélection.
L’Etat du Sénégal et le Royaume d’Espagne ont réactivé un vieux programme : recrutement d’ouvriers agricoles saisonniers. Le Secrétariat d’Etat aux Sénégalais de l’extérieur a lancé un appel à candidatures dans le cadre de ce programme de migration circulaire pour le travail de cueillette et de stockage de fruits et d’entassement de collectes. Ce programme est ouvert aux candidats sur toute l’étendue du territoire national, sans exigence de niveau scolaire, mais avec une tranche d’âge comprise entre 25 et 55 ans. Les candidats retenus seront engagés sous Contrat à durée déterminée (Cdd) de trois mois renouvelables.
Une stratégie pour stopper la vague de migrants irréguliers qui continuent d’envahir les iles espagnoles débordées par cet afflux inédit ?
Le Bureau exécutif de l’Action pour les droits humains et l’amitié (Adha) se demande pourquoi favoriser le travail agricole à l’étranger alors que les terres locales manquent de bras pour contribuer à une autonomie alimentaire. «Un peu comme les esclaves dans les champs de coton en Amérique. Des souverainistes qui délaissent nos terres pour aller servir dans les champs des anciens colons. Pourquoi pas un appel à candidatures pour cultiver nos terres et arriver rapidement à la souveraineté alimentaire tant souhaitée ?»
Et le ministère de l’Intégration africaine et des affaires étrangères du Sénégal, censé offrir des opportunités économiques à sa jeunesse en quête d’emploi, lance un appel à candidatures pour aller cueillir des fruits en Espagne dans le cadre du Programme de migration circulaire. Président de l’Action pour les droits humains et l’amitié (Adha), Adama Mbengue salue le lancement de l’appel à candidatures pour aller cueillir des fruits en Espagne… pendant 3 mois, tout en exhortant les jeunes à déposer leurs dossiers dans les Bureaux d’accueil, d’orientation et de suivi (Baos) du 27 au 29 janvier 2025. Mais dans le communiqué, il ne mâche pas ses mots concernant les failles du processus. «Adha interpelle l’Etat du Sénégal sur l’impératif de transparence dans le processus de sélection. Adha dénonce le manque de communication récurrent sur des projets touchant directement les jeunes et la migration circulaire», précise son président Adama Mbengue.
Selon Adha, le Programme de migration circulaire Espagne-Sénégal s’inscrit dans une série d’initiatives dont les contours financiers demeurent flous. «Depuis plusieurs années, des initiatives majeures telles que l’aide publique au développement de 128 millions d’euros (environ 85 milliards de F Cfa) dédiée à la migration circulaire entre le Sénégal et l’Espagne (2019-2023), restent opaques, sans aucun rapport public accessible à ce jour», dénonce Adama Mbengue. Mais ce n’est pas tout, il exige également des clarifications sur ces fonds et rappelle que les contrats saisonniers, gérés notamment par les Bureaux d’accueil, d’orientation et de suivi (Baos) et l’Agence nationale pour la promotion de l’emploi des jeunes (Anpj) dans le cadre d’autres projets comme celui relatif à l’immigration au Canada, méritent une communication «proactive et inclusive pour garantir l’égalité des chances et le respect des droits fondamentaux».
Toutefois, au-delà de ces critiques, Adha prône également un changement de paradigme. «Adha appelle à un changement de paradigme, prônant une gouvernance transparente et une gestion équitable des initiatives migratoires, dans le strict respect des droits humains et des principes d’inclusion», conclut le document.
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LA FACTURE CACHÉE D'AIR SÉNÉGAL
Les dettes atteindraient 500 milliards de francs CFA, soit cinq fois plus que le montant officiel. Une gouvernance défaillante et des choix stratégiques contestables ont poussé la compagnie nationale dans l'abîme
Invité à l'émission Soir d'Info de la TFM ce jeudi 23 janvier 2025, le Commandant Malick Tall, ancien pilote d'Air Afrique et ex-directeur des opérations d'Air Sénégal International, a dressé un tableau alarmant de la situation financière d'Air Sénégal.
Selon cet expert qui cumule plus de 20.000 heures de vol, la dette réelle de la compagnie nationale avoisinerait les 500 milliards de francs CFA, soit cinq fois plus que les 100 milliards officiellement déclarés. Cette situation critique trouve ses racines dans des décisions stratégiques contestables prises depuis 2018, notamment l'abandon d'un business plan initial qui avait été validé dès par la RAME.
Le Commandant Tall pointe particulièrement du doigt le contrat avec la société américaine Carline, dont les avions âgés de 20 à 25 ans grèvent lourdement le budget de la compagnie en frais de maintenance et de carburant. Il préconise leur retrait immédiat de la flotte.
Malgré ce constat sévère, l'ancien directeur des opérations insiste sur la nécessité de maintenir une compagnie aérienne nationale, élément crucial pour le développement du tourisme et de la logistique au Sénégal. Il propose une série de mesures d'urgence : audit des anciennes directions, établissement de comptes d'exploitation certifiés, et recrutement de professionnels compétents aux postes clés.
Ces révélations interviennent alors que le gouvernement sénégalais a annoncé lors du dernier Conseil des ministres, une restructuration globale de la compagnie, avec deux réunions interministérielles prévues en février.
SOUS LE SIGNE DU NATIONALISME, UN MESSAGE D’ESPOIR AUX OUBLIES DE L’AMERIQUE
Le 20 janvier 2017, Donald J. Trump a prononcé son discours d’investiture, marquant le début de son second mandat en tant que 45 président des États-Unis. Cependant, pour ce qui est de l’Afrique, ce continent a été absent de ses priorités exprimées.
Le 20 janvier 2017, Donald J. Trump a prononcé son discours d’investiture, marquant le début de son second mandat en tant que 45 président des États-Unis. Ce discours, très attendu tant par ses partisans que par ses adversaires, a été un condensé des thèmes qui ont structuré sa campagne : nationalisme économique, protectionnisme, et rejet des élites politiques traditionnelles. Cependant, pour ce qui est de l’Afrique, ce continent a été absent de ses priorités exprimées.
L’afrique, grande absente du discours
Dans ce discours très orienté vers les problèmes internes des États-Unis, et contrairement à ses prédécesseurs (Bush et Obama notamment), Trump n’a pas mentionné le continent, signalant un désintérêt pour les enjeux globaux au profit d’une approche transactionnelle centrale sur les bénéfices immédiats pour les Américains. L’Afrique n’a pas été mentionnée, même implicitement. Ce silence n’est pas anodin. Alors que ses prédécesseurs immédiats, comme Barack Obama ou George W. Bush, avaient évoqué le rôle des États-Unis dans le développement mondial, y compris sur le continent africain, Trump a choisi d’ignorer ce volet de la politique étrangère
Cette omission reflète une priorité délibérée : sous son premier mandat, les relations avec l’Afrique se sont limitées à des enjeux économiques ou stratégiques précis, comme la lutte contre le terrorisme dans le Sahel ou la concurrence avec la Chine sur le continent. Cependant, ces thèmes ne faisaient pas partie du discours de cette investiture, soulignant que le continent africain était, aux yeux de Trump, loin des priorités immédiates de sa politique
Ce silence n’est pas seulement symbolique, mais porteur d’un message diplomatique. Sous Trump, les États-Unis ont réduit plusieurs programmes d’aide internationale, notamment ceux touchant l’Afrique, et adopté une posture plus transactionnelle dans leurs relations internationales. Les partenariats traditionnels, souvent motivés par une vision de long terme du développement mondial, ont cédé la place à une logique immédiate de rapport coût-bénéfice
Cette approche s’est traduite par une politique africaine réduite au minimum nécessaire. Les initiatives comme le plan Émergence de l’Afrique subsaharienne, soutenues par l’administration Obama, n’ont pas été renouvelées sous Trump. En revanche, l’administration s’est concentrée sur des enjeux géopolitiques clés, comme la présence militaire américaine dans les zones de conflit ou la protection des intérêts économiques stratégique
Comme lors de son premier mandat, Donald Trump confirme la rupture dans la façon dont les États-Unis envisagent leur rôle mondial. Si l’Afrique est absente, c’est parce que le président des Etats-Unis souhaite (ré)oriente sa politique extérieure vers des engagements qui, selon lui, apportent un retour direct et immédiat aux les Américains
Cette posture laisse les pays africains face à une réalité : celle d’un partenaire américain moins impliqué dans leurs problèmes structurels et plus concentré sur ses propres intérêts. Pour le continent, cette (ré)orientation ne signifie-t-elle pas une plus grande dépendance envers d’autres puissances mondiales, comme la Chine ou l’Union européenne, pour les questions de développement et d’investissement.
Une rhétorique à l’image de sa campagne
Dès les premières phrases de son discours, Donald Trump a donné le ton : « Nous ne transférons pas seulement le pouvoir d’une administration à une autre ou d’un parti à un autre, mais nous rendons ce pouvoir au peuple. » Ce populisme assumé s’accompagnait d’une critique virulente des politiques établies. Son discours a peint un tableau sombre des États-Unis, qu’il a décrit comme affaiblis par la corruption, les délocalisations industrielles et une gouvernance qu’il a jugé inefficace
En décrivant son projet de « Make America Great Again », Trump a promis de réorienter les ressources américaines vers les problèmes domestiques : lutte contre le chômage, développement des infrastructures, et priorité donnée à la classe moyenne américaine. Son leitmotiv « America First » a résonné comme un appel à la réduction de l’engagement international des États-Unis, au profit d’un repli sur les problèmes nationaux. Il a déclaré l’instauration d’un « âge d’or pour l’Amérique » tout en annonçant des mesures fermes contre l’immigration clandestine
Parmi les initiatives immédiates, le président Trump a décrété l’état d’urgence à la frontière sud avec le Mexique, autorisant le déploiement de l’armée pour renforcer la sécurité et prévenir les entrées illégales. Cette décision s’accompagne de l’envoi de 1 500 soldats supplémentaires à la frontière, s’ajoutant aux forces déjà présentes, afin de renforcer les mesures de surveillance et de contrôle.
Donald Trump a également promis l’expulsion de « millions et de millions » d’immigrés en situation irrégulière, réaffirmant une position centrale de sa campagne électorale. Il a souligné la nécessité de protéger les citoyens américains en durcissant les politiques migratoires et en renforçant les contrôles aux frontières.
S’agissant des immigrés, le président fraîchement investi a adopté une rhétorique ferme, voire alarmiste. Il a lié immigration illégale et criminalité, affirmant que l’afflux de personnes sans papiers mettait en danger les communautés et la classe ouvrière américaine. Cette représentation de l’immigration comme une menace, plutôt que comme une opportunité, s’inscrit dans la continuité de ses discours de campagne. Par ailleurs, le président a annoncé la suspension de l’application CBP One, utilisée auparavant pour faciliter les demandes d’asile et les inspections de cargaisons, laissant de nombreux migrants dans l’incertitude.
Il faut signaler qu’en réponse et dans la foulée, le gouvernement mexicain a lancé le programme « México te abraza » pour soutenir les Mexicains expulsés, offrant une aide financière et des services sociaux pour faciliter leur réintégration.
Le président Donald Trump a exprimé sa volonté de reprendre le contrôle du canal de Panama, qualifiant sa cession en 1999 d’« erreur stratégique ». Il a également annoncé son intention de rebaptiser le golfe du Mexique en « golfe d’Amérique », affirmant que ces mesures renforceraient la souveraineté et la sécurité des États-Unis.
Ces déclarations ont suscité des réactions immédiates de la part des autorités panaméennes. Le président José Raúl Mulino a fermement rejeté les propos de Trump, affirmant que « le canal appartient et continuera d’appartenir au Panama ». Il a souligné que son pays s’appuierait sur le droit international pour défendre sa souveraineté.
Pour la petite histoire, le canal de Panama, achevé en 1914 sous la direction des États-Unis, est une voie navigable stratégique reliant les océans Atlantique et Pacifique. En 1977, les traités Torrijos-Carter ont été signés, prévoyant le transfert progressif du contrôle du canal au Panama, effectif depuis le 31 décembre 1999. Depuis lors, le canal est administré par l’Autorité du canal de Panama, qui assure son fonctionnement et son entretien.
Les intentions de Donald Trump ont également suscité des préoccupations internationales. Le secrétaire d’État américain, Marco Rubio, a prévu une visite en Amérique latine, incluant le Panama, pour discuter de cette question et d’autres enjeux régionaux.
Toutefois, les experts estiment que toute tentative de reprise de contrôle du canal par les États-Unis serait complexe et risquerait de détériorer les relations diplomatiques avec le Panama et d’autres nations latino-américaines. Le canal de Panama demeure un symbole de la souveraineté panaméenne et joue un rôle crucial dans le commerce maritime international.
En somme, le discours d’investiture de Donald Trump a été marqué par un recentrage nationaliste qui ne laisse aucune place à l’Afrique dans la vision du président. Cette absence est le reflet d’une priorité politique tournée vers l’intérieur, où les relations internationales, en particulier avec le continent africain, sont reléguées à un rang secondaire. Pour l’Afrique, ce discours est encore une fois, le présage d’une période de relations diplomatiques plus distantes et pragmatiques avec les États-Unis.
NOTE OUVERTE SUR LES PÊCHES ET LES MIGRATIONS
La mer comme horizon politique du Sénégal : tel est le fil conducteur du nouvel essai d'Abdoul Aziz Diop. S'inspirant de Machiavel, l'auteur livre une analyse novatrice des enjeux de pêche et de migration qui attendent Bassirou Diomaye Faye
Vingt-deux ans après son recueil "Nous avons choisi la République...", Abdoul Aziz Diop revient avec un essai politique ambitieux. Mêlant philosophie machiavélienne et enjeux contemporains, il propose une lecture nouvelle des défis maritimes du Sénégal. Son livre « Migrer comme le poisson… » (L’Harmattan Sénégal, janvier 2025), adressé au président Faye, dessine les contours d'un patriotisme ancré dans la mer. Une réflexion profonde sur l'avenir d'un pays dont le destin est intimement lié à ses espaces maritimes. Ci-après la préface :
Ce livre - au lieu d’une longue lettre ouverte - est une note ouverte bénévole adressée d’abord au président du Sénégal élu le 24 mars 2024 dès le premier tour de scrutin avec 54,28 % des suffrages valablement exprimés. Notre conviction est que le sens de notre démarche sera mieux compris à la suite du rappel de quelques préceptes clés tirés du Le Prince de Nicolas Machiavel (1469-1527). Avec lesdits préceptes doit commencer tout dialogue à distance ou en tête-à-tête avec, en tout temps et en tout lieu, le héros universel du philosophe italien. Bref, les lectrices et les lecteurs comprendront enfin pourquoi conseiller Diomaye sans qu’il l’ait demandé - c’est le cas dans cette note - sur les pêches et les migrations avec lesquelles elles peuvent être positivement corrélées.
Né en 1469 à Florence (Italie), Machiavel rédige, à partir de 1513, Le Prince, qui assure au nom du philosophe sa célébrité universelle. « Le livre, [qui ne fut imprimé qu’en 1532, cinq ans après la mort de Nicolas Machiavel], a été admiré par Napoléon, Lénine, de Gaulle, mais aussi Mussolini. » Le romancier et essayiste Jean Anglade - agrégé d’italien -, soutient que « le scandale a été que ce petit livre ait osé étudier, étaler au grand jour, noir sur blanc, une façon d’être toujours soigneusement enveloppée jusque-là de voiles hypocrites ».
Oscar Morgenstern, cité par Raymond Aron dans une préface au Prince, « déplore que les spécialistes modernes de la science politique n’aient pas soumis les préceptes de Machiavel à une analyse rigoureuse afin de dégager ceux qui, [aujourd’hui encore], gardent (...) une valeur opérationnelle ».
Le trait commun aux princes « machiavéliques » est plutôt le manque de vertu machiavélienne. Celle-ci recouvre « les divers talents physiques et spirituels, que la nature peut donner à un homme ». Elle « correspond alternativement ou tout ensemble à l’intelligence, l’habileté, l’énergie, l’héroïsme ». C’est sans doute cette vertu-là qui détermine, plus que toute autre chose, la manière dont un prince « doit se comporter pour acquérir de l’estime ». Premièrement, un prince vertueux doit « accomplir de grandes entreprises et donner de soi des exemples rares et mémorables ». Deuxièmement, il doit « donner d’insignes exemples de savoir-faire dans les problèmes intérieurs ». Troisièmement, le prince vertueux doit avoir « soin (...) de préserver la majesté de son rang, qui en aucune occasion ne doit être ternie ». Quatrièmement, enfin, il « doit (...) montrer qu’il apprécie les divers talents accordant travail et honneurs à ceux qui s’illustrent le plus en tel ou tel art ».
« (…) On peut juger de la cervelle d’un seigneur rien qu’à voir les gens dont il s’entoure », écrit Nicolas Machiavel. « Quand [les ministres du prince], écrit-il, sont compétents et fidèles, on peut croire à sa sagesse (...) mais s’ils sont le contraire, on peut douter de ce qu’il vaut lui-même (...) » D’aucuns disent qu’un président en exercice est moins fidèle en amitié que l’opposant qu’il fut. C’est que « (...) celui qui cause l’ascension d’un autre se ruine lui-même ; il a pu pour ce faire employer l’habileté ou la force ; mais l’un et l’autre seront ensuite insupportables à celui qui a gagné en puissance ». « Si les hommes qui paraissaient suspects au début du règne d’un prince ont besoin pour se maintenir de l’appui du prince, il pourra très facilement les gagner à sa cause. Ils le serviront alors avec d’autant plus de zèle qu’ils se sentiront plus en devoir d’effacer la mauvaise opinion qu’il avait d’eux en son début. » Ce dernier précepte explique peut-être mieux la façon dont on s’accommode de la transhumance - recrutement d’anciens adversaires -, pour massifier un parti. Mais les transhumants - les nouvelles recrues - se garderaient d’entretenir le président d’autre chose que du pays si ce dernier savait « fuir les flatteurs » qu’ils sont tous devenus. Machiavel exhorte le « prince avisé [à choisir] dans le pays un certain nombre d’hommes sages à qui (...) il permettra de s’exprimer librement, (...) sur les matières de son choix ». « Le prince qui agit autrement est perdu par les flatteurs, on change souvent d’avis, selon le dernier qui a parlé, ce qui ne peut guère lui valoir d’estime. » « Un prince qui manque de sagesse ne sera jamais sagement conseillé », soutient Machiavel. « Les bons conseils, d’où qu’ils viennent, procèdent toujours de la sagesse du prince, et non la sagesse du prince de ces bons conseils », écrit l’auteur de l’« opuscule sur les gouvernements », titre originel du Prince. « Un prince, écrit Machiavel, doit (...) se soucier peu qu’on le traite de ladre, pour n’être point porté à piller ses sujets, pour pouvoir se défendre, pour éviter la pauvreté et le mépris, pour n’être point réduit aux stratagèmes. »
« Une République défendue par ses propres citoyens tombe plus difficilement sous la tyrannie d’un des siens (...) » Pour ne l’avoir pas compris, l’aile radicale du Sopi - changement en ouolof -, déliquescent aurait fait entrer des mercenaires dans le pays sous l’ancien président Abdoulaye Wade. Mais, « les mercenaires, avertit Machiavel, (...) sont inutiles et dangereux, car si [le prince] fonde [son] État sur l’appui de troupes mercenaires, [son] trône restera toujours branlant ». Hier comme aujourd’hui, les mercenaires « acceptent d’appartenir au prince tant que dure la paix, mais sitôt que vient la guerre, ils ne songent qu’à jouer des jambes ».
« Le nombre des "machiavéliques" qui n’ont pas lu un traître mot de Nicolas Machiavel dépasse assurément (...) celui des "marxistes" qui n’ont point lu Karl Marx », commente Jean Anglade. Pour avoir lu Machiavel, l’essayiste camerounais Blaise Alfred Ngando publie l’ouvrage Le Prince Mandela : Essai d’introduction politique à la Renaissance africaine (Maisonneuve & Larose, 2005) « Pour Ngando, le "Prince Mandela" et le "Prince" de Machiavel seraient mus par la même "valeur essentielle" : le patriotisme. » Mais pas n’importe quel patriotisme ! Celui de Ngando ne se résume pas en un « projet » que l’on dit « systémique », « holistique » ou que sais-je encore. Le patriotisme dont il est question ici trouve dans nos 198 000 km² d’espaces maritimes, la continuité territoriale des 196 720 km² sur lesquels sont tracées les voies, encore insuffisantes, voire même insignifiantes, de notre plein épanouissement collectif, le seul susceptible de nous affranchir définitivement de notre déshumanisante dépendance de l’autre à la fois si lointain et si méprisant. Le patriotisme dont il est enfin question ici trouve dans l’incoercible appel de la mer nos raisons objectives de nous accommoder de la belligérance de l’autre dans le débat gagnable du monde avec l’irrépressible opinion - la nôtre -, constitutive de notre double identité sénégalaise et africaine.
Comme le montre son sous-titre, cet opuscule est la note perpétuelle destinée au président en exercice de tous les Sénégalais. Le président Bassirou Diomaye Diakhar Faye est le premier à l’avoir entre les mains pour en tirer le parti que l’auteur bénévole est en droit d’en attendre. Perpétuelle est la note dès lors que la mer s’invitera jusqu’à la fin des temps dans le débat sénégalo-sénégalais, nécessitant du coup les mises à jour irrévocables à chaque alternance démocratique.