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5 avril 2025
International
LE FMI MÈNE SA CONTRE-EXPERTISE
Une délégation du Fonds s'est rendue à Dakar ce mardi pour évoquer la préparation du misreporting. Alors que les autorités sénégalaises sont en quête de liquidités, l'institution pourrait décider d'une dérogation pour valider un nouveau programme en avril
(SenePlus) - Une délégation du Fonds Monétaire International (FMI) s'est rendue à Dakar ce mardi 18 mars pour analyser en profondeur les résultats de l'audit des finances publiques réalisé sous la présidence de Macky Sall. Cette visite, qui intervient quelques semaines après la publication du rapport de la Cour des comptes, pourrait avoir des conséquences majeures sur l'avenir économique du pays.
Comme le rapporte Jeune Afrique, la délégation était dirigée par Eddy Gemayel, chef de division du FMI, accompagné de Majdi Debbich, représentant du FMI pour le Sénégal. Les deux responsables ont rencontré le ministre de l'Économie, Abdourahmane Sarr, et son homologue des Finances et du Budget, Cheikh Diba.
"L'audit a été examiné par le département juridique et fiscal du FMI", expliquait un porte-parole du Fonds à Jeune Afrique à la veille de cette visite. "Il s'agit de discuter du contenu de ce rapport, et nous allons adresser nos commentaires et observations au ministre des Finances."
Selon les informations communiquées par le ministère de l'Économie, l'entretien portait sur "la préparation du misreporting [le rapport initial sur les finances publiques du Sénégal, objet de l'audit], perspective d'un nouveau programme économique et financier avec le Sénégal". Une source sénégalaise proche du dossier a confié à JA qu'"une nouvelle mission devrait être dépêchée au Sénégal avant le conseil d'administration du FMI en juin".
Le rapport de la Cour des comptes, publié le 12 février dernier, a révélé des divergences alarmantes concernant la dette publique sénégalaise. Les comptes initialement arrêtés à fin décembre 2023 avaient évalué cette dette à seulement 25% du PIB, soit environ 4 700 milliards de francs CFA. Or, l'audit établit que la dette réelle avoisine les 100% du PIB, alors qu'elle s'élevait à 54,71% en 2018.
Cette différence majeure avait déjà été signalée en septembre dernier par le Premier ministre Ousmane Sonko, qui avait publiquement accusé son prédécesseur Macky Sall d'avoir "menti" aux Sénégalais et aux partenaires financiers du pays concernant l'état économique réel du Sénégal.
Le FMI porte une attention particulière à ce dossier, d'autant plus que l'institution a suspendu le précédent programme signé en juin 2023 sous la présidence de Macky Sall. D'après les informations du magazine panafricain, sur un montant total d'1,8 milliard de dollars, le FMI avait déjà versé 770,5 millions de dollars avant d'interrompre le programme.
"Nous n'en sommes pas à l'étape de remettre en doute l'audit de la Cour des comptes. Le processus d'examen dans lequel nous sommes engagés s'applique à tous les pays surtout lorsqu'il s'agit de dossiers sensibles comme celui du Sénégal", a précisé un porte-parole du FMI à Jeune Afrique.
Le taux d'endettement du Sénégal constitue une préoccupation majeure pour l'institution financière internationale. Selon JA, avant même la publication de l'audit, le FMI avait interrogé la Banque centrale des États de l'Afrique de l'Ouest (BCEAO) pour obtenir des assurances concernant l'état des finances publiques du pays.
Les autorités sénégalaises, en quête de liquidités, attendent avec impatience les conclusions du FMI. "Une fois que nous aurons terminé l'examen du dossier, nous ferons un retour à notre conseil d'administration qui statuera. Il décidera si les conclusions de l'équipe pays et les arguments du directeur exécutif représentant le Sénégal permettent d'ouvrir un nouveau programme", a expliqué un porte-parole du FMI au site d'information.
Une solution pourrait toutefois se dessiner rapidement. Comme le note Jeune Afrique, le Fonds pourrait décider d'accorder une dérogation pour valider le programme de 2025 dans les meilleurs délais. Cette option est soutenue par les partenaires diplomatiques du Sénégal, qui espèrent une décision de décaissement d'ici fin avril.
LE DOGE DE MUSK JUGÉ ANTICONSTITUTIONNEL
Dans une décision rendue ce mardi, le juge fédéral Theodore D. Chuang a estimé que la structure supervisée par le milliardaire avait probablement agi illégalement en orchestrant la fermeture de l'USAID sans nomination officielle au gouvernement
(SenePlus) - Selon des informations rapportées par le New York Times, un juge fédéral américain a déterminé mardi que les efforts d'Elon Musk et de son équipe pour fermer définitivement l'Agence des États-Unis pour le développement international (USAID) ont "probablement violé la Constitution de multiples façons" et privé le Congrès de son autorité de superviser la dissolution d'une agence qu'il avait créée.
La décision du juge Theodore D. Chuang, du tribunal de district des États-Unis pour le district du Maryland, semble être la première fois qu'un juge agit pour limiter directement les pouvoirs d'Elon Musk et de son Département de l'efficacité gouvernementale (DOGE). Cette décision repose sur le constat que "M. Musk a agi en tant qu'officier des États-Unis sans être correctement nommé à ce rôle par le président Trump", comme l'indique le jugement.
Le juge Chuang a écrit qu'un groupe d'employés anonymes de l'aide internationale qui avaient intenté une action en justice pour arrêter la démolition de l'USAID et de ses programmes "étaient susceptibles d'obtenir gain de cause dans le procès". Il a reconnu leur argument selon lequel "la prise de pouvoir rapide de M. Musk sur les agences exécutives violait probablement la clause de nomination de la Constitution".
Dans cette décision qui représente un revers significatif pour le milliardaire devenu conseiller présidentiel, le magistrat a également ordonné que les opérations de l'agence soient partiellement restaurées, bien que ce répit soit "probablement temporaire". Il a notamment enjoint l'équipe de Musk à "rétablir l'accès aux courriels pour tous les employés actuels de l'USAID, y compris ceux en congé payé". Le juge a également ordonné qu'ils "soumettent un plan permettant aux employés de réoccuper un bureau fédéral dont ils ont été expulsés le mois dernier", et il a interdit à l'équipe de Musk "d'entreprendre tout autre travail lié à la fermeture de l'USAID".
Le New York Times souligne toutefois que "étant donné qu'une grande partie du personnel et des contrats de l'agence ont déjà été résiliés, l'effet immédiat de la décision du juge n'est pas clair". Seule "une équipe squelettique de travailleurs est encore employée par l'agence".
Si l'ordonnance interdit à Elon Musk d'interférer personnellement avec l'agence, elle suggère néanmoins que lui ou d'autres pourraient continuer à le faire après avoir reçu "l'autorisation expresse d'un responsable de l'USAID ayant l'autorité légale de prendre ou d'approuver l'action". Dès le 3 février, le secrétaire d'État Marco Rubio avait déclaré avoir "pris le contrôle de l'agence et ordonné diverses coupes de sa propre autorité". Le juge a noté que M. Rubio pourrait déclarer son intention de fermer définitivement le siège de l'agence dans les 14 jours suivant son ordonnance, et les bureaux resteraient fermés.
Cependant, la conclusion que M. Musk avait personnellement et illégalement supervisé le démantèlement de l'agence constitue "un rejet ferme de l'autorité de son opération". Dans cette ordonnance au libellé sévère, le juge Chuang a averti que "toute violation de ses exigences pourrait entraîner une condamnation pour outrage à l'encontre de M. Musk ou des membres de son équipe".
D'après le quotidien new-yorkais, les avocats représentant le gouvernement avaient précédemment soutenu que "le Département de l'efficacité gouvernementale, ou le U.S. DOGE Service, n'était en fait pas dirigé par M. Musk et servait uniquement à titre consultatif". Ils affirmaient que "M. Musk n'avait aucune autorité pour prendre des décisions de son propre chef".
Le juge Chuang semble avoir "totalement rejeté ces affirmations", notant que M. Musk avait "ciblé et célébré des actions visant à réduire drastiquement l'USAID, y compris le licenciement d'une grande majorité de ses travailleurs et l'annulation d'environ 90% de ses contrats et subventions".
"Le DOGE a pris de nombreuses mesures sans aucune approbation préalable apparente par la direction de l'agence", a écrit le juge, énumérant une liste d'autres exemples au ministère de l'Éducation, aux Instituts nationaux de la santé et au ministère de l'Énergie, où les associés de M. Musk ont apparemment recommandé des coupes de leur propre chef.
"Pris ensemble, ces faits soutiennent la conclusion que l'USAID a été effectivement éliminée", a conclu le magistrat dans sa décision, qui représente le premier frein judiciaire imposé aux activités controversées d'Elon Musk dans l'administration Trump.
L'HUMANITÉ FACE À L'IMMINENCE DE L'IA SUPÉRIEURE
Les modèles actuels, qui triomphent déjà aux Olympiades de mathématiques et rédigent l'essentiel du code de nombreuses startups, ne sont que les précurseurs d'une vague bien plus puissante
(SenePlus) - À l'heure où les systèmes d'intelligence artificielle battent déjà les humains dans plusieurs domaines, un journaliste du New York Times tire la sonnette d'alarme : nous ne sommes pas prêts pour l'avènement imminent de l'Intelligence Artificielle Générale (IAG). Cette technologie révolutionnaire, capable d'effectuer "presque toutes les tâches cognitives humaines", pourrait apparaître dès cette année ou d'ici 2027.
Le constat le plus troublant que dresse le journaliste du New York Times est que "les personnes les plus proches de la technologie - les employés et dirigeants des principaux laboratoires d'IA - ont tendance à être les plus préoccupés par la rapidité de son amélioration." Une situation qu'il qualifie d'inhabituelle par rapport à l'émergence d'autres technologies.
"Sam Altman, PDG d'OpenAI, a écrit que 'les systèmes qui commencent à pointer vers l'IAG se profilent à l'horizon'," rapporte l'article. Dans la même veine, "Demis Hassabis, PDG de Google DeepMind, a déclaré que l'IAG est probablement 'à trois à cinq ans'."
Plus frappant encore, Dario Amodei, dirigeant d'Anthropic, a confié au journaliste qu'il croyait que "dans un an ou deux, nous aurions 'un très grand nombre de systèmes d'IA beaucoup plus intelligents que les humains dans presque tous les domaines'."
Ces prédictions ne viennent pas seulement des entreprises qui pourraient avoir intérêt à alimenter l'engouement. L'article mentionne également que "de nombreux experts indépendants - dont Geoffrey Hinton et Yoshua Bengio, deux des chercheurs en IA les plus influents au monde, et Ben Buchanan, qui était le principal expert en IA de l'administration Biden - disent des choses similaires."
L'auteur s'appuie également sur les progrès techniques récents pour justifier ses préoccupations. "En 2022, lorsqu'OpenAI a lancé ChatGPT, les principaux modèles d'IA avaient du mal avec l'arithmétique de base, échouaient fréquemment à résoudre des problèmes de raisonnement complexes et 'hallucinaient' souvent," rappelle-t-il.
La situation a radicalement changé. "Aujourd'hui, les modèles d'IA sont bien meilleurs. Désormais, des modèles spécialisés obtiennent des scores de niveau médaille aux Olympiades internationales de mathématiques, et les modèles à usage général sont devenus si bons pour résoudre des problèmes complexes que nous avons dû créer de nouveaux tests plus difficiles pour mesurer leurs capacités."
Ces avancées sont particulièrement visibles dans le domaine de la programmation informatique. Jared Friedman, partenaire de l'accélérateur de startups Y Combinator, a récemment affirmé qu'"un quart de la cohorte actuelle de startups de l'accélérateur utilisait l'IA pour écrire presque tout leur code." Il précise : "Il y a un an, ils auraient construit leur produit à partir de zéro - mais maintenant, 95 % est construit par une IA."
Face à ces développements rapides, le journaliste du New York Times plaide pour une préparation anticipée, même si les délais prévus devaient s'allonger. "Même si l'IAG arrive une décennie plus tard que je ne l'attends - en 2036, plutôt qu'en 2026 - je crois que nous devrions commencer à nous y préparer maintenant," écrit-il.
Il évoque plusieurs mesures préventives : "moderniser notre infrastructure énergétique, renforcer nos défenses de cybersécurité, accélérer le processus d'approbation des médicaments conçus par l'IA, rédiger des réglementations pour prévenir les préjudices les plus graves causés par l'IA, enseigner la littératie en IA dans les écoles et donner la priorité au développement social et émotionnel plutôt qu'aux compétences techniques bientôt obsolètes."
Le risque majeur, selon l'auteur, n'est pas la surréaction, mais bien l'inaction : "Un risque plus important, je pense, est que la plupart des gens ne réaliseront pas que l'IA puissante est là jusqu'à ce qu'elle les regarde en face - éliminant leur emploi, les piégeant dans une arnaque, leur nuisant ou nuisant à quelqu'un qu'ils aiment."
L'article conclut sur une note d'urgence : "Si nous sommes dans le déni - ou si nous ne faisons tout simplement pas attention - nous pourrions perdre la chance de façonner cette technologie au moment où cela compte le plus." Un avertissement qui résonne d'autant plus fort que les sommes investies dans ce domaine se chiffrent en "centaines de milliards de dollars", rendant peu probable un ralentissement volontaire de la part des entreprises leaders du secteur.
par Madieye Mbodj
REDDITION DES COMPTES, ABROGATION DE LA LOI D’AMNISTIE ET SYNDROME DE L’IMPOSTEUR
Les bourreaux de naguère cherchent désespérément à se faire passer aujourd’hui pour les victimes. Victimes en toute vérité de leurs propres turpitudes et manigances, jusqu’ici couvertes d’un épais manteau marron d’impunité
‘’Règlement de comptes’’, ‘’chasse aux sorcières’’ et aux sorciers, les bourreaux de naguère cherchent désespérément à se faire passer aujourd’hui pour les victimes. Victimes en toute vérité de leurs propres turpitudes et manigances, jusqu’ici couvertes d’un épais manteau marron d’impunité à tout-va. Le psychologue clinicien Mamadou Mbodj a su trouver les mots justes pour caractériser cette faune-là : « Nous avons affaire à des profils dont les trajectoires ont été largement conditionnées par une logique de prédation institutionnalisée, où l’accès aux ressources publiques tenait lieu d’identité sociale et de preuve de réussite. Pour nombre d’entre eux, la perte de cet accès a généré un vide existentiel profond, doublé d’un sentiment insupportable. Ce vide est aujourd’hui comblé par une agitation permanente, un activisme bruyant, une surenchère rhétorique destinée autant à l’opinion publique qu’à eux-mêmes, dans une tentative désespérée de restaurer une légitimité perdue. Ce n’est donc pas tant l’avenir du pays qui les préoccupe que la restauration de leur propre place dans un système dont ils ont intériorisé les codes et les réflexes. Cette fébrilité nourrie par une incapacité à se réinventer hors des cercles de pouvoir, se traduit par une volonté obsessionnelle de discréditer les nouvelles autorités » (In Journal 24h du 8 mars 2025, Rubrique Opinions, page 9).
Syndrome de l’imposteur
‘’Le syndrome de l’imposteur ‘’ traduit essentiellement chez une personne une incapacité à évaluer de façon réaliste ses aptitudes et compétences, et en même temps un décalage conflictuel entre la perception déformée qu’elle se fait des autres et sa perception biaisée de soi-même. Surtout quand il s’agit, comme dans le cas de notre pays, de ces grossiers personnages prédateurs devant l’Eternel, qui s’étaient imaginé avoir signé un bail à vie avec un pouvoir autocratique aux privilèges indus et infinis ! Les voici subitement paniqués par le déclenchement de cet exercice démocratique et républicain que constitue la reddition des comptes, à travers une ‘’opération mains propres’’ transparente qui, au demeurant, ne fait que commencer. Ils n’ont encore rien vu en effet, le défilé devant la barre sera aussi long et pénible pour eux que les malversations et autres supplices inhumains infligés à notre peuple tout au long de ces décennies.
Reddition des comptes
Quand un certain Farba Ngom, un Moustapha Diop et tutti quanti voient leur immunité parlementaire levée ou menacée de l’être, quand un Mansour Faye se fait notifier une interdiction d’embarquement à l’aéroport international de Dakar, cela leur suffit pour ameuter les médias et crier « au scandale, à l’acharnement et à la dictature de l’Etat-Sonko » (sic) ! Et l’ex- « Première Dame » de jeter des cris d’orfraie pour s’indigner du traitement réservé à son ex-ministre de frère ! Ca dëgg-dëgg, ñii ñoo ñàkk jom ! Ont-ils seulement pensé aux milliers de Sénégalais emprisonnés, torturés ou tués entre 2021 e 2024 ? Ont-ils oublié « les 55 jours de la Cité Keur Gorgui », cette séquestration arbitraire de Sonko & famille, avec interdiction d’aller prier à la mosquée, d’aller en classe à l’école, de se rendre à la boutique du quartier ou ailleurs ? Imposture, quand tu nous tiens, et la transition est vite trouvée ! Il est bien question pour nous de bannir à jamais l’impunité de nos mœurs politiques. Mais puisque chez nos adeptes de la servitude volontaire, de l’autocratie et de la prédation le ridicule ne tue point, les voici se livrant volontiers à l’amalgame et à la manipulation : Pastef, s’écrient-ils à tue-tête, cherche à imposer une abrogation partielle et non totale de la loi d’amnistie n°2024-09 du 13 mars 2024 du président Macky Sall, aux seules fins, selon eux, de couvrir « les crimes et délits commis par les Pastéfiens » ! Le seul fait que ce soient les porte-étendards de l’APR/BBY qui s‘égosillent à présent pour exiger sous tous les toits ‘’l’abrogation totale" d’une loi dont ils sont les seuls initiateurs et responsables de l‘ adoption, suffit à rendre suspecte et non crédible leur posture du moment.
Abrogation de la loi d’amnistie
Mais puisqu’il est établi que « c’est la chronologie qui confond les faussaires », soulignons tout de suite que, en ce mois de mars de l’année passée, Pastef et APR/BBY n'avaient déjà pas le même point de vue sur cette loi, aujourd’hui encore moins. En Commission à l’époque, les députés Pastef s’étaient abstenus, en attendant d’être clairement édifiés sur le champ d’application de la loi. Ensuite en plénière, ils ont conséquemment voté contre la loi d’amnistie, dès l’instant que celle-ci, sans aucun doute possible, incluait les crimes de sang dans son champ d’application. Aujourd‘hui encore, cette position de principe de Pastef n’a pas varié d’un iota. Mais comme il n’y a pas pire sourd que celui qui ne veut pas entendre, le député Guy Marius Mouhamed Sagna, après avoir exprimé son accord avec l’initiative parlementaire de son camarade de Pastef Amadou Ba, a annoncé son intention de déposer un amendement à l’Article Premier de la proposition de loi, explicitant que « les crimes de sang, les cas de torture, les traitements et autres peines cruels et dégradants sont exclus du champ d'application de la loi d'amnistie ».
La proposition de loi interprétative du député Amadou Ba ne vise à soustraire aucun criminel politique de son champ d’application, mais consiste plutôt à proposer une rédaction ne laissant pas place à une interprétation ambigüe ou dévoyée : des crimes de sang clairement établis, avec leurs auteurs, complices ou donneurs d’ordre identifiés et à punir sévèrement devant la justice, quels qu’ils soient, cela n’a rien à voir avec des actes citoyens de résistance et de légitime défense, qui sont des droits et des devoirs imprescriptibles consacrés par la loi et toutes les Constitutions démocratiques à travers le monde. N’en déplaise à cette grande avocate, ci-devant présidente de groupe parlementaire qui prédisait à ces jeunots inexpérimentés de Pastef une impasse inextricable en cas de vote d’un projet ou d’une proposition de loi d‘abrogation de la loi d’amnistie de Macky Sall, l’expertise des cadres de Pastef et de leurs députés, leurs capacités multiples à déjouer, encore une fois, les sinistres traquenards du clan APR/BBY, devraient la persuader de cesser de sous-estimer et de regarder son monde de haut !
Pastef, les démocrates sincères et les patriotes authentiques de notre pays prêtent une oreille sereine et vigilante aux rodomontades brandies, urbi et orbi, par leur « Front pour la Défense de la Démocratie et de la République ». Ils sont les premiers d’ailleurs à ne pas croire à ce machin !
Nous célébrons dans quelques jours l’an un de la victoire historique du 24 mars 2024. Ce jour-là, le peuple africain du Sénégal, sa jeunesse en tête, arrachait au prix de sacrifices énormes et prolongés, une victoire d’étape inédite et exemplaire, sur le long chemin escarpé de la révolution démocratique, sociale, citoyenne et populaire en marche, sonnant l’ère du Jub, Jubal, Jubbanr pour un Sénégal souverain, juste et prospère dans une Afrique unie, libre et de progrès. En fidélité à cette voie, nous relèverons ensemble tous les défis, malgré les embûches et autres difficultés passagères, afin de répondre efficacement aux immenses attentes populaires, donnant ainsi corps à l’espoir gigantesque insufflé aux générations jeunes et moins jeunes, par Pastef et le tandem Diomaye-Sonko.
Madieye Mbodj est vice-président de Pastef-Les Patriotes, chargé de la vie politique nationale.
LE NIGER ANNONCE SON RETRAIT DE L'OIF
La décision annoncée par le Niger de son retrait de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF) s’inscrit dans la continuité de la politique de rupture engagée par les autorités de Niamey avec les institutions occidentales depuis le coup d’État
La décision annoncée par le Niger de son retrait de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF) s’inscrit dans la continuité de la politique de rupture engagée par les autorités de Niamey avec les institutions occidentales depuis le coup d’État de juillet 2023.
Le gouvernement nigérien a officialisé son départ de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF), selon une note diplomatique signée par le Secrétaire général du ministère des Affaires étrangères, Laouali Labo parvenue à APA, lundi. Cette décision s’inscrit dans la continuité de la politique de rupture engagée par les autorités de Niamey avec les institutions occidentales depuis le coup d’État de juillet 2023.
Le document, daté du 17 mars, indique que le retrait a été acté par une note verbale du 7 mars.
Depuis son arrivée au pouvoir, le Comité national pour la sauvegarde de la patrie (CNSP), dirigé par le général Abdourahamane Tiani, a multiplié les mesures pour redéfinir la politique étrangère du Niger. En août 2023, les autorités nigériennes avaient dénoncé plusieurs accords de coopération militaire avec la France. En mars 2024, elles ont également mis fin à l’accord militaire avec les États-Unis, entraînant le retrait des forces américaines de la base d’Agadez.
Un repositionnement régional
Cette décision s’inscrit dans une dynamique plus large d’alignement avec les partenaires sahéliens. En janvier 2024, le Niger, le Mali et le Burkina Faso ont annoncé leur départ de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao), après avoir créé l’Alliance des États du Sahel (AES) en septembre 2023. Cette coopération a été renforcée en juillet 2024 par l’établissement de la Confédération des États du Sahel.
Le retrait de l’OIF confirme la volonté des autorités nigériennes de s’éloigner des institutions perçues comme sous influence occidentale et de privilégier de nouveaux partenariats, notamment avec la Russie.
LES DEUX VIES DE MACKY SALL
Entre ses nouvelles fonctions au sein du prestigieux think tank Atlantic Council et les ambitions qu'on lui prête pour le secrétariat général des Nations Unies, l'ancien chef d'État semble vouloir tourner la page de la politique sénégalaise
(SenePlus) - L'ancien président Macky Sall semble avoir entamé une nouvelle étape de sa vie, partagée entre ses activités de consultant au Maroc et les remous politiques qui agitent son pays natal. Selon un récent article de Jeune Afrique, l'ancien chef d'État cherche à prendre ses distances avec la scène politique sénégalaise, tout en conservant son influence sur son parti, l'Alliance pour la République (APR).
Depuis son départ du pouvoir après l'élection présidentielle de mars 2024, Macky Sall a choisi de s'installer à Marrakech, au Maroc. Il y a lancé en novembre 2024 son cabinet de conseil, Semo Holding. Parallèlement, il a rejoint le conseil consultatif de l'Atlantic Council, un think tank américain spécialisé dans les relations internationales. D'après Jeune Afrique, "certains de ses proches le verraient bien, à terme, décrocher le poste de secrétaire général des Nations unies", bien que sa décision controversée de reporter l'élection présidentielle en février 2024 ait pu ternir son image internationale.
Pour ses activités, Macky Sall continue de s'appuyer sur son ancien premier conseiller diplomatique, Oumar Demba Ba, qui l'accompagne lors de ses déplacements et coordonne les activités de sa fondation dédiée aux questions de paix et de développement.
Le séjour prolongé de l'ancien président au Maroc alimente les spéculations au Sénégal. Selon Jeune Afrique, la publication en février d'un rapport de la Cour des comptes mettant en cause sa gestion des finances publiques a ravivé les tensions. Le document affirme que "Macky Sall et son administration auraient minimisé l'ampleur de la dette et du déficit à travers une série de pratiques opaques".
Les déclarations du porte-parole du gouvernement, Moustapha Ndjekk Sarré, ont particulièrement attisé la polémique. Jeune Afrique rapporte qu'il a déclaré le 28 février qu'il était "inévitable" que Macky Sall finisse par faire "face à la justice", allant jusqu'à le qualifier de "chef de gang qui a commis des actes criminels", avant de revenir sur ses propos face à l'ampleur de la controverse.
Face à ces accusations, l'ancien président s'est défendu lors d'un entretien avec Jeune Afrique à Johannesburg, qualifiant de "ridicules" les accusations portées contre lui. "Je n'ai peur de rien. Rien ne m'empêche d'aller au Sénégal et je n'exclus pas d'y retourner", a-t-il affirmé.
En l'absence physique de son leader, l'Alliance pour la République traverse une période difficile. "Macky Sall veut s'éloigner de toutes ces affaires. Mais il demeure à la tête d'un parti qui traverse une crise de leadership", confie à JA l'un de ses intimes.
Le magazine panafricain révèle que la formation politique peine à se remettre de sa défaite électorale. Plusieurs cadres ont quitté le pays après la présidentielle, et certains font face à des poursuites judiciaires. C'est notamment le cas de l'homme d'affaires Farba Ngom, "proche de Macky Sall qui a été placé sous mandat de dépôt début mars", ou encore de l'ancien ministre Lat Diop, "qui se trouve lui aussi derrière les barreaux".
Plus récemment, Mansour Faye, ancien ministre et beau-frère de l'ex-président, a été empêché de quitter le territoire, suscitant l'indignation de l'ancienne première dame. "Ce qu'il s'est passé est un abus de pouvoir. Mon grand frère n'a rien fait. Depuis neuf mois, ils le traquent, mais ils n'ont rien trouvé. Nous allons faire face", a réagi Marième Faye Sall sur les ondes de la radio RFM, selon Jeune Afrique.
Comment fonctionne l'APR en l'absence de son fondateur ? "Le parti se gère de manière collégiale. Les réunions sont présidées à tour de rôle par les ténors de la formation politique", explique à Jeune Afrique le député Abdou Mbow. D'après le magazine, c'est d'abord l'ancien président de l'Assemblée nationale, Amadou Mame Diop, qui s'en est chargé, avant de céder sa place à Sidiki Kaba, dernier Premier ministre de l'ère Macky Sall.
Ce dernier présenterait "l'avantage d'être moins clivant que Mahmoud Saleh", un ancien directeur de cabinet politique que Macky Sall avait initialement envisagé pour réorganiser le parti.
Malgré cette distance géographique, l'ancien président continuerait à exercer son autorité sur son parti. "Macky Sall reste le chef, et pilote de loin. C'est lui qui donne les grandes lignes et les orientations de ces réunions", affirme à Jeune Afrique un responsable de l'APR.
L'un des objectifs principaux du parti est désormais de "resserrer les rangs et trouver de nouvelles recrues", notamment en s'ouvrant aux voix critiques envers le régime actuel. "Nous sommes très attentifs à ce qui se passe sur la scène politique et aux voix qui émergent contre Pastef", conclut Pape Malick Ndour, ancien ministre de Macky Sall, dans les colonnes de Jeune Afrique.
LE RWANDA ANNONCE LA RUPTURE DE SES RELATIONS DIPLOMATIQUES AVEC LA BELGIQUE
Kigali accuse Bruxelles d’ingérence et d’adopter une posture néocoloniale dans la région, dénonçant notamment son soutien à des acteurs impliqués dans le conflit en RDC ainsi que l’hébergement de groupes diffusant des discours négationnistes.
Le gouvernement rwandais a annoncé ce lundi la rupture immédiate de ses relations diplomatiques avec la Belgique. Cette décision, officiellement communiquée à Bruxelles, résulte, selon Kigali, d’une « réflexion approfondie » sur le rôle jugé nuisible de la Belgique dans la région.
Dans son communiqué, le ministère rwandais des Affaires étrangères accuse la Belgique de maintenir une posture néocoloniale et de prendre parti dans le conflit en République démocratique du Congo (RDC) au détriment du Rwanda. Selon Kigali, Bruxelles mène une campagne diplomatique visant à ternir l’image du Rwanda et à déstabiliser la région.
Le gouvernement rwandais va plus loin en évoquant le rôle historique de la Belgique dans la région, l’accusant d’avoir contribué à l’exacerbation des tensions ethniques, notamment celles qui ont conduit au génocide des Tutsi en 1994. Il reproche également à Bruxelles d’héberger sur son sol des groupes diffusant des discours de négationnisme.
Cette rupture diplomatique s’accompagne d’une mesure immédiate : les diplomates belges présents au Rwanda ont 48 heures pour quitter le pays. Kigali assure toutefois qu’il respectera la Convention de Vienne en protégeant les locaux et archives de la mission diplomatique belge.
Cette annonce marque une nouvelle escalade dans les relations entre les deux pays, historiquement marquées par des tensions. Pour l’instant, Bruxelles n’a pas encore officiellement réagi à cette décision.
LE CONSUL DU SENEGAL À NOUAKCHOTT SE LIVRE
Les récentes opérations d'expulsion de migrants irréguliers menées par Nouakchott reflètent l'ampleur d'une crise qui dépasse largement les capacités d'accueil du pays
Depuis plusieurs semaines, la Mauritanie a entrepris des opérations d’expulsion de migrants dits irréguliers. Si cette mesure choque les pays concernés, Nouakchott tente de casser le point de transit que les candidats à l’émigration irrégulière en Europe tentent d’en faire. Sans oublier, les risques sécuritaires provoqués par cet afflux de migrants évalués à 1million 200 mille dans un pays peuplé à peine de 4,5 millions.
Consul honoraire du Sénégal à Nouadhibou, Boughourbal Moulaye Abasse vit au rythme des migrants sénégalais. Entre prise en charge, assistance et conseils, le diplomate tente de voler au secours à ces jeunes, qui rêvent d’un ailleurs meilleur en prenant une voie souvent sans issue. Dans cet entretien, il commente les opérations en cours en Mauritanie, les actions à mener pour convaincre les jeunes à rester chez eux. Sans oublier d’évoquer les relations entre le Sénégal et la Mauritanie, qui sont «complémentaires» dans tous les domaines. Attendue ce lundi dans la capitale mauritanienne, Yacine Fall va tenter de solidifier cet existant et balayer les nuages noirs.
Comment se porte la communauté sénégalaise établie en Mauritanie ?
Elle se porte bien et mal. Ceux qui ont des cartes de séjour, leur travail n’ont pas de problèmes actuellement. Les gens qui ont de petits papiers qu’on leur donne à l’arrivée et qui ont une validité de trois mois pour régulariser leur situation avec une carte (de séjour) gratuite n’ont pas aussi de problèmes. Aujourd’hui, les gens qui n’ont aucun papier sur eux-on ne sait pas s’ils sont sénégalais, maliens ou burkinabé-, ont des problèmes. Quand ils sont arrêtés, on les renvoie à la frontière.
Pourquoi ?
Parce qu’il y a entre 1 million et 1 million 200 mille étrangers africains, de Pakistanais et d’Indiens qui veulent aussi migrer en Europe. La Mauritanie est devenue le point de départ vers l’Europe. D’une façon inattendue, il y a eu une montée de la criminalité. Il y a des cas de violence qui se répètent avec des exemples poignants. Il s’est développé un réseau de trafic de migrants un peu partout. 80 Mauritaniens, qui géraient des réseaux de trafic de migrants ont été arrêtés et l’un d’eux a été envoyé en Espagne pour être jugé. Il y a une pirogue avec 20 Pakistanais qui ont coulé aussi, et le Pakistan a dû ouvrir une enquête sur cette tragédie. Il y a beaucoup de morts et on a enterré lors d’une nuit 200 corps. IL n’y a aucun survivant dans cette embarcation. En vérité, les autorités mauritaniennes n’ont pas les moyens de contrôler tout cela : les Européens sont venus en renfort avec la Police espagnole qui patrouille à Nouakchott et en donnant de l’argent aussi pour financer la lutte. Malgré tous ces moyens, cela continue. Parce que le Sénégal a fermé ses côtes en serrant la vis et le Maroc aussi. Et tout le monde s’est retourné vers la Mauritanie.
C’est cette montée de l’insécurité qui explique ces opérations d’expulsion en cours en Mauritanie depuis quelques jours ?
Evidemment ! Et en même temps, on assure la sécurité de ces migrants qu’on embarque dans des pirogues qui ne sont pas assurées, parfois sans carburants, sans assez de gilets. Quand un pays a une population totale de 4 millions 500 mille habitants et qu’il se retrouve avec 1million 200 mille migrants irréguliers, cela pose problème. On n’a jamais eu autant de violences dans ce pays. C’est un sérieux problème.
Quels actes concrets, posez-vous au quotidien pour protéger les ressortissants sénégalais ?
D’abord, on a recensé nos gens. On intervient tous les jours pour accompagner les Sénégalais qui veulent rentrer. Ils sont escortés par la Police. A Nouadhibou, nous avons 15 mille Sénégalais recensés. A Nouakchott, il y a environ 300 mille Sénégalais, qui vivent en famille, qui travaillent, qui ont leurs propres maisons.
Aujourd’hui, les Maliens représentent la plus forte communauté de migrants en Mauritanie parce qu’ils fuient la guerre. La Mauritanie est devenue vraiment un pays de transit avec l’Algérie.
Que faut-il faire pour arrêter cette vague migratoire ?
C’est impossible de l’arrêter.
Il faut donner du travail aux enfants, les occuper.
Actuellement, c’est impossible. On espère qu’avec le gaz, le Sénégal et la Mauritanie auront plus de moyens. Ces deux pays sont complémentaires dans le travail et dans leurs relations. Il ne faut pas que des incidents isolés viennent gâter ses relations. Economiquement, les deux Etats sont plus que complémentaires.
Et la situation des migrants sénégalais doit vous stresser tous les jours ?
Et comment… Nous gérons aussi les rapatriements qui viennent aussi du Maroc. On n’a pas de budget pour prendre ça en charge. Je paie de ma poche en louant des bus, payant la nourriture et tout surveiller à la minute près. Et le Secrétaire du consul les accompagne.
Il y a beaucoup de travail à faire. Si les gens disent qu’ils sont parqués, la Mauritanie n’est pas équipée pour prendre en charge cela. On apporte toute notre assistance à tous les Sénégalais qui sont à Nouadhibou et ailleurs. Dès fois, il y a qui reviennent complétement démunis du Maroc, on doit les assister. J’ai demandé au Premier ministre Ousmane Sonko de revenir à Nouadhibou pour mesurer la situation. Et il a promis de revenir surtout qu’il y était bien accueilli. Et il y a que le Président Wade qui a eu un tel accueil à Nouadhibou.
Aujourd’hui, il faut une coopération inter-Etats avec un budget pour prendre cela en charge. En plus du budget, il faut des conditionnalités sur le rapatriement des migrants. L’Europe est saturée, à Las Palmas, il y a 30 mille migrants. Je voyais des gens assis dans la rue qui ne portaient même pas de chaussures à Las Palmas.
On dépensait pour le rapatriement de migrants 40 millions F Cfa, des opérations médicales très coûteuses. Il faut un travail de communication et de sensibilisation à faire auprès des jeunes pour leur dire que vous n’avez rien à faire en Europe.
PAR Mamadou Lamine Sow
RESTRUCTURER AIR SENEGAL, UN CHOIX CORNÉLIEN
EXCLUSIF SENEPLUS - Entre dette croissante, gouvernance contestée et modèle économique fragile, l'heure est venue de trancher: faut-il transformer radicalement la structure existante ou opter pour une dissolution suivie d'une nouvelle création ?
Se positionner comme l’une des destinations d’Afrique de l’Ouest qui comptent en matière de tourisme, s’affirmer comme un hub aérien régional et logistique majeur, s’investir comme le leader dans le secteur des exportations et autant de moteurs de croissance, restent des motivations stratégiques qui ont conduit le Sénégal à miser sur son pavillon national Air Sénégal SA.
Air Sénégal SA est un acteur capital pour l’économie nationale. Son activité s’inscrit dans l’agenda Sénégal 2050 Transformation structurelle de l’économie et croissance, articulée aux orientations sectorielles de l’objectif “ Hub aérien régional”.
Du fait que l’aérien est considéré comme un secteur stratégique, il comporte un enjeu de souveraineté qui fait que l’omniprésence de l’État dans le processus décisionnel de la compagnie nationale demeure une réalité.
Créée en 2016 pour devenir un acteur majeur dans le transport aérien en Afrique de l’Ouest, Air Sénégal SA fait face à des difficultés multiples et multiformes.
Pour une compagnie aérienne, on considère en général qu’il faut quatre à cinq ans avant d’arriver à l’équilibre.
Cependant, voilà huit (8) ans qu’Air Sénégal SA n’a pas réussi à établir une réputation solide sur les marchés. Lourdement endetté et soumis à une image amochée, le pavillon national a du mal à rentabiliser ses investissements et à remplir sa mission. Un réaménagement pour s’adapter à certaines contraintes devient une nécessité : fusion, scission ? fusion-absorption, fusion-réunion avec dissolution sans liquidation ou encore transmission universelle de patrimoine … ?
En tout état de cause, Air Sénégal SA est à la croisée des chemins. Faudrait-il envisager de déposer le bilan et créer une nouvelle société plutôt que de continuer à opérer avec ses dettes abyssales ? Un choix cornélien se pose aux autorités et décideurs nationaux.
Si la création d’une nouvelle société permet en effet, de repartir sur des bases saines, éviter certaines charges comme le coût de la dette, mieux structurer la nouvelle entreprise en changeant son modèle commercial pour une meilleure flexibilité opérationnelle, avec la possibilité d’attirer de nouveaux investisseurs et négocier de nouveaux accords avec ses partenaires sociaux, profiter des incitations gouvernementales et mieux s'adapter aux conditions changeantes pour saisir de nouvelles opportunités en fonction des perspectives du marché, en revanche, la transformation reste une exigence pour assurer la viabilité à long terme, solidifier sa position sur le marché, améliorer ses performances opérationnelles et financières et se préparer pour l’avenir avec un historique certain.
Il ne faudrait pas se tromper ! Aujourd’hui, Air Sénégal SA se caractérise par des contre-performances. Ses plans sont contrariés par des difficultés financières, des actifs vieillissants et des capacités réduites pour soutenir la croissance du trafic, alors que les conditions essentielles de sa viabilité sont claires :
se doter d’une capitalisation suffisante et des moyens financiers robustes, d’un modèle économique viable et durable, d’une gouvernance exemplaire, exempte d’ingérence politique et fondée sur les meilleures pratiques managériales, d’une flotte de génération récente d’au moins vingt (20) appareils pour garantir une taille critique gage de rentabilité, d’une maitrise de la chaîne d’approvisionnement de certains facteurs de production (notamment, la production de kérosène et du carburant d’aviation SAF par la SAR, pour faire face à la transition énergétique) et enfin de l'établissement de partenariats stratégiques avec des acteurs influents, comme ceux des États du Golfe et du Moyen-Orient.
Le gouvernement, dans le cadre des politiques de rupture et d’assainissement des secteurs de croissance, retient la nécessité d’entreprendre la transformation du transporteur national : un choix cornélien.
En effet, l’absence de restructuration peut avoir plusieurs conséquences potentielles, notamment, l’incapacité à résoudre les problèmes financiers et opérationnels au sein d’Air Sénégal SA, ce qui peut affecter durablement la rentabilité de ses opérations, dissuader les potentiels clients et partenaires commerciaux et surtout, accroitre sa dépendance aux aides extérieures.
Air Sénégal devra compter dans ces conditions, sur des soutiens financiers externes, ce qui ne saurait être durable à long terme.
L’accumulation continue des pertes financières fait exercer une pression sur les ressources de l’État. Elle conduit à une perte de compétitivité avec un risque de perte de parts de marché face à des concurrents mieux structurés, avec des contraintes budgétaires qui pourraient conduire à une réduction de la qualité du service (entretien des avions, respect des horaires, service client …), à des suppressions de postes et d’emplois et nuire à la réputation et à l’image de marque.
La question est alors de savoir pour combien de temps encore l’État, frappé par des contraintes budgétaires sans précédents, va pouvoir soutenir sa compagnie structurellement déficitaire ?
Sachant qu’avant de générer des bénéfices, une compagnie aérienne nécessite beaucoup de temps et d’investissements donc, jusqu’où l’État du Sénégal va vouloir et pouvoir intervenir pour sauver son pavillon ?
Aujourd’hui, aucun pays singulièrement, ouest-africain n’a les moyens de porter une compagnie aérienne rentable. On le voit bien, si les États tiennent autant à leurs pavillons, c’est parce qu’ils représentent des instruments politiques.
En attendant et malgré les ambitions affichées, Air Sénégal SA fait face à des enjeux majeurs, devant d’une part, prouver sa crédibilité pour attirer des partenaires stratégiques après des tentatives infructueuses et d’autre part, en tant que corps d’un secteur stratégique soumis à des considérations de souveraineté nationale, où l’ingérence politique peut parfois prévaloir sur les impératifs économiques du fait que c’est l’État qui vient à la rescousse et met la main à la poche en cas de coup dur.
Faut-il pour autant, que l’État se désengage de sa compagnie nationale ? Entre l’État et la compagnie publique soumise aux choix des politiques économiques et sociales du gouvernement, chacun doit trouver sa place et l’implication de l’État devra se concevoir par moins d’influence dans la gestion opérationnelle de la compagnie.
Mamadou Lamine Sow est pilote de ligne, ancien DG de l’agence nationale de l’aviation civile (anacim), ancien DG Air Sénégal SA.
Le royaume saoudien est devenu le cimetière des rêves de milliers d'Africaines, victimes d'exploitation qui enrichit les élites des deux continents. Le New York Times lève le voile sur ce système qui traite les femmes africaines comme des marchandises
(SenePlus) - Un système cynique de trafic humain prospère entre l'Afrique de l'Est et l'Arabie saoudite, entraînant la mort de centaines de femmes parties travailler comme domestiques. Une récente enquête du New York Times révèle que ce commerce lucratif et mortel est soutenu par des personnalités influentes des deux côtés.
À l'aéroport international de Nairobi, chaque jour, des dizaines de Kényanes s'apprêtent à s'envoler vers l'Arabie saoudite. Pleines d'espoir, elles se prennent en selfie, discutant de la façon dont elles dépenseront l'argent gagné dans leur nouveau travail. Comme le rapporte le NYT, ces femmes sont attirées par une promesse alléchante : "Passez deux ans en Arabie saoudite comme femme de ménage ou nounou, et vous pourrez gagner assez pour construire une maison, éduquer vos enfants et économiser pour l'avenir."
Mais cette promesse se heurte souvent à une réalité brutale. "Tandis que le terminal de départ bourdonne d'anticipation, la zone des arrivées est l'endroit où l'espoir rencontre la dure réalité," écrit le quotidien américain. "Des femmes aux joues creuses reviennent, souvent écrasées par des salaires impayés, des coups, la famine et des agressions sexuelles. Certaines sont ruinées. D'autres sont dans des cercueils."
Les chiffres sont alarmants : au moins 274 travailleurs kényans, principalement des femmes, sont morts en Arabie saoudite au cours des cinq dernières années. "Un chiffre extraordinaire pour une main-d'œuvre jeune effectuant des emplois qui, dans la plupart des pays, sont considérés comme extrêmement sûrs," souligne le New York Times. Rien que l'année dernière, au moins 55 travailleurs kényans sont décédés, soit deux fois plus que l'année précédente.
Des autopsies douteuses et des politiciens impliqués
Les rapports d'autopsie sont souvent vagues et contradictoires. Le New York Times indique qu'ils "décrivent des femmes présentant des signes de traumatismes, y compris des brûlures et des chocs électriques, tous étiquetés comme morts naturelles." Pour une femme, la cause du décès était simplement indiquée comme "mort cérébrale".
L'enquête du journal américain révèle un système profondément corrompu où les personnes censées protéger ces femmes sont souvent celles qui profitent de leur exploitation. Fabian Kyule Muli, vice-président du comité du travail à l'Assemblée nationale du Kenya, est aussi propriétaire d'une agence de recrutement qui envoie des femmes en Arabie saoudite.
Une de ces femmes, Margaret Mutheu Mueni, a raconté au quotidien new-yorkais que son patron saoudien avait saisi son passeport, déclaré qu'il l'avait "achetée" et lui refusait fréquemment de la nourriture. Lorsqu'elle a appelé l'agence pour demander de l'aide, un représentant de l'entreprise lui a répondu : "Vous pouvez traverser la mer Rouge à la nage et retourner au Kenya par vous-même."
Le mois dernier, quatre Ougandaises en uniforme de domestique ont envoyé une vidéo d'appel à l'aide à une organisation humanitaire, affirmant qu'elles étaient détenues depuis six mois en Arabie saoudite. "Nous sommes épuisées d'être retenues contre notre volonté," a déclaré l'une des femmes. L'entreprise qui l'a envoyée à l'étranger appartient à Sedrack Nzaire, un responsable du parti au pouvoir en Ouganda, identifié dans les médias ougandais comme le frère du président Yoweri Museveni.
Un réseau d'influence des deux côtés de la mer Rouge
Au Kenya et en Ouganda, les propriétaires d'agences de recrutement comprennent des politiciens influents et leurs proches. Le président kényan William Ruto affirme vouloir envoyer jusqu'à un demi-million de travailleurs en Arabie saoudite dans les années à venir. L'un de ses principaux conseillers, Moses Kuria, a possédé une agence de recrutement, et son frère, un politicien au niveau du comté, en possède toujours une.
Le porte-parole de M. Ruto, Hussein Mohamed, a déclaré que "la migration de main-d'œuvre profitait à l'économie" et que le gouvernement prenait des mesures pour protéger les travailleurs, notamment en éliminant les sociétés de recrutement non autorisées.
En Ouganda, les propriétaires d'entreprises de recrutement incluent un haut responsable de la police récemment retraité et le général de division Leopold Kyanda, ancien attaché militaire aux États-Unis.
Côté saoudien, les agences de recrutement sont également bien connectées. "Des descendants du roi Fayçal figurent parmi les principaux actionnaires de deux des plus grandes agences," rapporte le New York Times. Un directeur d'un conseil gouvernemental saoudien des droits de l'homme occupe le poste de vice-président d'une importante agence de recrutement, tout comme un ancien ministre de l'Intérieur, un responsable du ministère de l'Investissement et plusieurs conseillers gouvernementaux.
Des récits glaçants de violences et d'abus
Les témoignages recueillis par le New York Times dressent un tableau effroyable. Une employée de maison kényane, Eunice Achieng, a appelé chez elle en panique en 2022, disant que son patron avait menacé de la tuer et de la jeter dans un réservoir d'eau. "Elle criait 'S'il vous plaît, venez me sauver !'" se souvient sa mère. Peu après, Mme Achieng a été retrouvée morte dans un réservoir d'eau sur un toit. Les autorités sanitaires saoudiennes ont déclaré que son corps était trop décomposé pour déterminer comment elle était morte, et la police saoudienne a qualifié son décès de "mort naturelle".
Une jeune mère a sauté d'un toit au troisième étage pour échapper à un employeur abusif, se brisant le dos. Une autre a raconté que son patron l'avait violée puis renvoyée chez elle enceinte et sans le sou.
En Ouganda, Isiko Moses Waiswa a raconté que lorsqu'il a appris que sa femme était morte en Arabie saoudite, son employeur lui a donné le choix : son corps ou ses 2 800 dollars de salaire. "Je lui ai dit que, que vous m'envoyiez l'argent ou non, moi, je veux le corps de ma femme," a déclaré M. Waiswa. L'autopsie saoudienne a révélé que sa femme, Aisha Meeme, était émaciée, présentait de nombreuses contusions, trois côtes cassées et ce qui semblait être de graves brûlures d'électrocution à l'oreille, à la main et aux pieds. Les autorités saoudiennes ont déclaré qu'elle était morte de causes naturelles.
Environ un demi-million de travailleurs kényans et ougandais se trouvent aujourd'hui en Arabie saoudite, selon le gouvernement saoudien. La plupart sont des femmes qui cuisinent, nettoient ou s'occupent d'enfants.
Le New York Times a interviewé plus de 90 travailleurs et membres de familles de personnes décédées, découvrant que ce système traite les femmes comme des biens ménagers — achetées, vendues et jetées. "Certains sites web d'entreprises ont un bouton 'ajouter au panier' à côté des photos des travailleuses. L'un d'eux fait la publicité de 'bonnes kényanes à vendre'," rapporte le journal.
Un porte-parole du ministère saoudien des Ressources humaines a déclaré que des mesures avaient été prises pour protéger les travailleurs. "Toute forme d'exploitation ou d'abus de travailleurs domestiques est totalement inacceptable, et les allégations de tels comportements font l'objet d'enquêtes approfondies," a écrit le porte-parole, Mike Goldstein.
Cependant, Milton Turyasiima, commissaire adjoint au ministère ougandais du Genre, du Travail et du Développement social, a déclaré que les abus restaient omniprésents. "Nous recevons des plaintes quotidiennement," a-t-il affirmé.
Des accords bilatéraux insuffisants
L'enquête révèle que les gouvernements kényan et ougandais ont ignoré les avertissements concernant les abus et ont signé des accords avec l'Arabie saoudite qui manquaient de protections que d'autres pays avaient exigées.
L'accord des Philippines en 2012, par exemple, garantissait un salaire minimum mensuel de 400 dollars, l'accès à des comptes bancaires et la promesse que les passeports des travailleurs ne seraient pas confisqués. Le Kenya a initialement demandé des salaires similaires, selon un rapport gouvernemental, mais lorsque l'Arabie saoudite a refusé, le pays a accepté en 2015 un accord sans aucun salaire minimum.
Le traité ne contenait guère plus qu'une promesse d'établir un comité pour surveiller les questions de travail. "La commission n'a jamais été formée," indique un rapport gouvernemental.
Quand l'Ouganda a conclu son accord avec le gouvernement saoudien, aucune mention n'a été faite d'un salaire minimum, malgré les discussions sur les mauvais traitements infligés aux travailleurs.
En 2021, un comité du Sénat kényan a constaté des "conditions qui se détériorent" en Arabie saoudite et une "augmentation des appels de détresse de ceux qui allèguent torture et mauvais traitements." Le comité a recommandé de suspendre les transferts de travailleurs. Pourtant, lorsque William Ruto a été élu président en 2022, la campagne pour envoyer des travailleurs à l'étranger s'est intensifiée.
"C'est un cycle d'abus que personne ne traite," a déclaré Stephanie Marigu, une avocate kényane qui représente des travailleurs.
Maintenant, quelques fois par mois, des Kényans des zones rurales se rendent à Nairobi pour récupérer un cercueil à l'aéroport. Comme celui de Millicent Moraa Obwocha, 24 ans, dont les funérailles ont rassemblé des centaines de personnes en septembre dernier. Elle avait laissé derrière elle son mari et son jeune fils quelques mois plus tôt. Selon son mari, son employeur l'avait harcelée et agressée sexuellement. La situation était devenue si grave l'été dernier qu'elle avait demandé à son recruteur saoudien de la secourir. Quelques jours plus tard, son mari a appris qu'elle était morte. Le gouvernement kényan a attribué son décès à des "problèmes nerveux".
À ses funérailles, le corps de Mme Obwocha reposait dans un cercueil ouvert, vêtu d'une robe et d'un voile blancs. À côté d'elle se trouvait une photo de deux mètres de haut. On la voit sourire, les doigts levés en V, devant l'aéroport, débordante d'optimisme.