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22 novembre 2024
International
LE GOUVERNEMENT CONTREDIT L’UE AU SUJET DES ACCORDS DE PÊCHE
Vingt-quatre heures après les déclarations de l'UE justifiant la fin de la coopération par des manquements du Sénégal, l'État a livré sa version : c'est lui qui a renoncé à ce protocole dans le cadre d'une politique de réappropriation de ses ressources
(SenePlus) - En marge d'une sortie intervenue ce mercredi 13 novembre, le gouvernement a formellement démenti la version présentée la veille par l'Union européenne concernant la fin des accords de pêche entre les deux parties.
Alors que Jean-Marc Pisani, ambassadeur de l'UE au Sénégal, avait justifié mardi la non-reconduction du protocole par des "défaillances" du Sénégal dans la lutte contre la pêche illicite, le gouvernement affirme que c'est lui qui a choisi de ne pas renouveler ces accords.
"L'État du Sénégal n'était pas dans la logique de renégocier cet accord", a déclaré sans ambiguïté Dr Fatou Diouf, ministre de la Pêche, des Infrastructures maritimes et portuaires. Elle a précisé qu'une évaluation était en cours et qu'il serait "incohérent de penser à un nouvel accord de pêche avant d'avoir les résultats de cette évaluation".
Cette position a été renforcée par Abdourahmane Diouf, ministre de l'Enseignement supérieur, qui a rappelé que le gouvernement avait déjà signalé son intention de ne pas renouveler ces accords de pêche, dans une volonté de protéger les pêcheurs locaux.
Le ministre de l'Industrie et du Commerce, Serigne Gueye Diop, a apporté un éclairage supplémentaire sur la RTS1, expliquant que cette décision s'inscrivait dans une refonte globale de la politique de gestion des ressources naturelles du pays. "Des dizaines de contrats, y compris celui avec l'Union européenne, sont désormais sous la loupe de l'État", a-t-il précisé, soulignant la volonté gouvernementale de privilégier le développement du tissu industriel local.
Cette position tranche nettement avec les déclarations faites la veille par l'UE. Jean-Marc Pisani avait en effet affirmé que c'était l'Union européenne qui ne souhaitait pas renouveler le protocole, citant une "politique de tolérance zéro" vis-à-vis des États présentant des faiblesses dans la lutte contre la pêche illicite.
Ce protocole, qui expire le 17 novembre 2024, représentait une contribution européenne de 8,5 millions d'euros sur cinq ans, soit plus de 5,5 milliards de francs CFA, sans compter les redevances des armateurs européens.
Le gouvernement sénégalais a indiqué que plus de détails seraient communiqués après les élections législatives du 17 novembre 2024, date qui coïncide avec l'expiration du protocole actuel.
par Penda Mbow
DES FONDEMENTS D’UN DIALOGUE INTER-RELIGIEUX EN ISLAM
L'histoire islamique, de la Constitution de Médine aux empires omeyyade et abbasside, démontre la possibilité d'une coexistence fructueuse. Cette tradition de dialogue et d'échange constitue un héritage précieux pour notre époque
À partir de l’herméneutique du texte coranique, de faits historiques, nous allons proposer ce qu’on peut considérer comme les bases d’un dialogue inter-religieux.
La profession de foi comme certains versets définissent la vision de l’Islam sur les autres religions révélées. Par exemple dans le texte sacré, le Prophète Mu’sâ (MoÏse) est le plus cité. L’histoire de Isa’, Jésus et Maryam se trouve consacrée parmi les Sourates les plus importantes. L’Islam endosse pratiquement les récits de toutes les autres religions révélées.
Les fondements du dialogue inter-religieux à partir du Coran
La profession de foi est explicite sur les croyances profondes mais nous voudrions, avant toute chose, nous arrêter sur un verset extrêmement important à nos yeux pour déterminer les bases d’un dialogue inter-religieux ; il s’agit d’Amana Rasûl (Sourate 2, Al Baqara, V 285).
« Le Messager a cru en ce qu’on a fait descendre vers lui venant de son Seigneur, et aussi des croyants tous ont cru en Allah, en ses Anges, à Ses Livres et en Ses Messagers ; (en disant) : « Nous ne faisons aucune distinction entre ses Messagers ». Et ils ont dit : « Nous avons entendu et obéi. Seigneur, nous implorons Ton pardon. C’est à toi que sera le retour ».
On peut saisir la quintessence de ce verset, fondement des religions d’essence abrahamique en analysant la présence de trois grands personnages du Coran : Mu’sâ Kalamullah, Isa’ Ibn Maryam, Maryam- elle-même.
Mu’sâ ou Moise, le plus cité dans le Coran
En Islam Moise est aimé et respecté à la fois comme Prophète et comme messager. Il appela les enfants d’Israël à n’adorer que Dieu et fixa pour eux les Lois prescrites dans la Torah.
En ce qui concerne le Judaïsme comme le Christianisme, Moise est un personnage central. C’est l’homme de l’Ancien Testament le plus souvent mentionné dans le nouveau te Nouveau Testament ; il a réussi à mener son peuple hors d’Égypte, a communiqué avec Dieu et reçu les Dix Commandements. Ainsi Mu’sâ est connu à la fois comme prophète et comme législateur.
« Certes, nous avons révélé la Torah, dans laquelle il y a guide et Lumière. C’est sur sa base que les prophètes qui se sont soumis à Dieu ont jugé des affaires des Juifs sur la base de cette écriture de Dieu comme il leur avait commandé ; et ils en sont témoins (S 5, V44/ Al Mada’ia, la table servie).
En Islam, Moïse sous le nom de Mus’a est le Prophète le plus présent dans le Coran, cité à cent trente-six reprises. Il fait partie des « grands prophètes, comme l’un des messagers envoyés par Allah. Selon le Coran, Mu’sâ fut envoyé par Dieu pour affronter le Pharaon de l’Egypte antique et pour guider les Israélites qu’il avait asservis. L’histoire de Mus’â détaillée se trouve dans la Sourate 26, intitulé « Les Poètes » ou al Shu’ara.
La vie de Mu’sâ est remplie de leçons. Dieu lui fait vivre des expériences qui lui seront utiles dans sa mission future. Il avait été élevé dans maison du Pharaon, d’Egypte. Il était donc bien au fait des intrigues politiques du gouvernement égyptien. Il avait aussi une expérience bien personnelle de la corruption de Pharaon Sourate 49 (Hujurât) les Appartements, V 13
« O hommes ! Nous vous avons créés d’un mâle et d’une femelle, et Nous avons fait de vous des nations et des tribus, afin que vous fassiez connaissance entre vous. »
Toujours est-il que là débute un désir ardent de liberté et l’autre, le rêve d’un roi tyrannique.
Les musulmans considèrent la Torah comme un livre divin. Le Coran ne fait que confirmer et corriger l’histoire de Mu’sâ. Allah a continué à bénir les Israélites en leur accordant de nombreuses faveurs et en leur infligeant des punitions pour leur désobéissance. Ces deux éléments sont largement détaillés dans la deuxième Sourate du Coran, Al Baqara, la Vache.
En fin de compte, les nombreuses similitudes entre les récits de Moise dans la Torah et dans le Coran signifient les liens ancestraux communs des deux religions-, car elles sont d’essence abrahamique
I’sa Ibn Maryam
Isa’ Ibn Maryam ou le Jésus du Coran est le Messager d’Allah. Jésus est un des grands Prophètes de l’Islam.Tout au long du Coran, Jésus est appelé Isa’ Ibn Mariama, Jésus fils de Marie. Le Coran insiste beaucoup sur l’humanité de Jésus qui s’y présente comme le message corrigé de la Torah et du Nouveau Testament, donc il cite de nombreux personnages bibliques, dont Marie à qui est dédiée la Sourate 19, Sourate Maryam. Déjà la Sourate 3 Ali Al Imran évoque la famille de Maryam.
Imran est supposé être le nom du père de Moise, bien qu’il ne soit jamais cité dans le Coran autrement que par l’expression « famille d’Imran » et « femme d’Imran ». Imran est considéré par les musulmans comme l’un des hommes vertueux de Jérusalem.
La femme d’Imran, la mère de Maryam, porte le nom de Hannah (l’équivalent arabe d’Anne), fille de Fanqudh. Elle est également honorée par les musulmans comme femme très vertueuse, à l’instar de sa fille.
Pour revenir à Is’â, il est parmi les Prophètes majeurs cités par le Coran ; Noé, Abraham, Moise. Certains versets lui accordent une place éminente, où il est présenté comme Le Verbe ou l’Esprit de Dieu. Il est le seul Prophète dont la naissance est contée, et qui parle et fait des miracles dès le berceau.
Le retour de Isâ’ évoqué dans le Coran (Sourate 43, Az Zukhruf ou l’ornement, verset 61), mais les éléments eschatologiques et apocalyptiques sont très présents dans les hadiths. Il faut interpréter de manière allégorique les passages où il évoque sa mort ; dans les passages où il est question de la crucifixion ; ce qui est nié ce n’est pas sa mort, c’est l’affirmation des Juifs qui disent avoir eu le contrôle des évènements ayant conduit à sa mort. La mort sur la croix correspond à la réalisation du plan divin, sur le modèle du discours de Pierre dans les actes des apôtres (Sourate Baqara 2, V 23).
Le Coran, les accuse aussi d’avoir revendiqué la responsabilité de sa crucifixion, comme le rappellent les versets 155-159 de la sourate 4 (An Nissa’, les femmes). Le Coran soutient le principe de la virginité de Marie, Isa’ apparait comme une figure de convergence.
Les éléments sur la naissance de Jésus, viennent de traditions chrétiennes palestiniennes. La sourate 19, Maryam qui raconte sa conception et sa naissance, est ainsi très liée à des traditions attachées à un lieu précis : l’Eglise de Katishma, mais aussi à l’Evangile de Luc et au Protévangile de Jacques. Le Coran mêle deux récits indépendants, celui du repos de Marie lors de la Nativité et le miracle du Palmier cité pendant la fuite en Égypte que combinaient déjà les traditions de l’Eglise du Kathisma.
La piété musulmane fondamentale est plus orientée vers le Prophète, sa famille et ses compagnons. Le prénom Is’â qui est le nom coranique de Jésus continue à être donné. Jésus est un modèle d’ascétisme très important dans le soufisme classique. Marie, objet d’une sourate est la seule figure féminine nommée dans le Coran ; son nom y est cité plus souvent que dans le Nouveau Testament dit-on.
Le Coran est né dans un espace politique, culturel et religieux où vivaient depuis des siècles, des Juifs mais également des Chrétiens. Ces derniers, syro-araméniens, coptes et aussi romano-byzantins, formaient des Églises structurées avec leurs hiérarchies et leurs théologiens.
Chrétien ; Nasara fait référence à deux termes grecs : Nazareens et Nazaréen qui figurent dans plusieurs passages du Nouveau Testament. Cependant malgré cette ambiguité terminologique, le Coran sait distinguer entre Chrétiens et Juifs, et entre Zoroastriens et Manichéens.
Isâ’ fils de Myriam (Al Masîh Isa Ibn Maryam). Marie est indissociable de Isa’ dans le texte coranique. Ils sont des modèles à suivre tant leurs vies sont exemplaires.Dès sa naissance, Isa’ ou le Jésus coranique fait objet d’un miracle voulu par la puissance divine, puisqu’il s’agit d’une naissance virginale. Il est un puissant thaumaturge qui accomplit miracles et guérisons.
Isa, déformation du nom arameen Esaü, le nom biblique le plus proche de la forme coranique de Isâ’.
Quels sont les signes et messages ?
Aya, signe, s’agissant de l’action de Dieu dans la nature ou dans l’histoire, concerne aussi Jésus et sa mère Maryam. Sans doute, faut-il penser à sa naissance miraculeuse. S’agit-il d’une réminiscence de l’Evangile selon Mathieu (Mt II, 5) où, répondant à la question que lui fait poser depuis sa prison Jean Le Baptiste (Yahya), Jésus répond par un résume de ses miracles ?
En définitive, les données coraniques relatives à Isâ’, au Christ sont nombreuses : les unes concernent son entourage proche ; les autres plus particulièrement, se rapportent à sa personne même. Dans plusieurs passages, il est présenté comme annonciateur de bayan (vérité). Ses disciples sont considérés comme des messagers (Al Hawâriyyûn), Jésus s’adresse à eux, dans le Coran, par deux fois comme une sorte de refrain., dans une situation critique où il est confronté à l’incrédulité de Sanhédrin. En tant que croyants, ils se révèlent ses auxiliaires (Ansar Allah).
D’autres passages coraniques se rapportent à des faits évangéliques ; l’un parle d’une Table Servie venant du ciel, alors que l’autre évoque le destin de Jésus. A la fin de la Sourate 5, la Table servie on raconte l’histoire qui correspond à ce titre comme une histoire des disciples..le lien est fort clair avec les Évangiles apocryphes; les disciples (ou les Apôtres ) demandent à Jésus de faire venir du ciel une Table servie, pour ainsi dire comme signe divin.
Ainsi certains grands Orientalistes ont donné à croire qu’il s’agit d’une reproduction coranique de l’Eucharistie. Pour le Coran, la croix et la résurrection de Jésus n’ont pas de signification…D’après la Sourate 19 (verset 33), il meurt de mort naturelle, et selon la sourate 5 (V 117), il a été rappelé. S’il doit revenir à la vie, cela se fera lors du jugement dernier, lorsque tous les morts seront ressuscités (Coran 19, 33). Devient-il ainsi le rôle d’un Imam caché qui peut réa-paraître à n’importe quel moment ?
Le Coran accepte de le considérer comme l’Esprit de Dieu (Rûh Allah).
Quelques faits historiques
Dans cette partie seront évoqués le Pacte de Hudaybiyya, la cohabition des différents croyants à Médine mais aussi le rôle des Juifs et Chrétiens dans le débat théologique et leur présence au sein de l’administration des grands empires ommeyyade et abbasside VIIIe-XIes.
La « Constitution » de Médine
Elle fut élaborée pour poser les bases d’un vivre-ensemble. Cette Constitution a eu pour objectif d’établir les lois d’une nouvelle société. Elle a fixé les liens entre les musulmans et les non-musulmans pour vivre en harmonie. Le document est un « kitâb » du Prophète (après l’hégire, une fois à Yathrib ou futur Médine); il s’agit de règles entre les croyants (mu’uminûn) et les musulmans de la tribu des Quraysh et de Yathrîb et ceux qui sont sous leur autorité,Ils sont liés par ce pacte pour se défendre si nécessaire. On parle d’établir une « communauté ou ummah »
On l’a longuement évoqué avec les textes. Les relations entre les musulmans et les « minorités protégées », juifs ou chrétiens avaient posé problème dès l’époque de l’hégire (à partir de 622). On vient de le voir, le Coran présente la révélation faite à Muhammad comme réitérant et confirmant les révélations précédentes, notamment la Torah des Juifs ou ancien Testament, ‘Injil’, évangile ou nouveau testament des chrétiens. Muhammed s’attendait par conséquent à ce que les Juifs et les Chrétiens reconnussent en lui, l’envoyé de Dieu. Il apparut bientôt que les Juifs de Médine n’étaient pas prêts à le faire. Quant aux chrétiens, Muhammad eut avec eux si peu de contacts pendant ses premières années à Médine.
Les juifs de Médire conclurent dès le début, un traité avec Muhammad.
Lorsqu’éclatèrent des affrontements avec des juifs extérieurs à Médine, ceux de Khaïbar, on accepta de les faire entrer dans la « pax islamica » après leur défaite et leur reddition, mais en échange de cette protection, ils devaient remettre aux musulmans, une partie de leurs récoltes de dattes. Sont également mentionnés des traités conclus avec les chrétiens d’Ayla (l’Elath biblique et Aqaba actuel), avec les juifs de Maqna non loin de là et avec d’autres petits groupes rencontrés lors de l’expédition de Tabruk en 630. On promettait en général à ces petits groupes, « la protection (jiwâr ; dhimma) de Dieu et de son envoyé ». Ils conservaient leur structure gouvernementale interne et en retour effectuaient un paiement, généralement en nature.
On a émis que le système islamique des minorités « des minorités » protégées sous sa forme évoluée s’inspirait des pratiques byzantines et sassanides. Le principe général s’apparente à la pratique des Arabes nomades.
Dans les grands empires musulmans (ommeyade et abbasside), il y avait les groupes qui se soumettaient de plein gré sans se battre et ceux qui le faisaient contraints par une défaite militaire. Tous les groupes non musulmans étaient soumis à l’empire islamique par un accord de ce type ; les trois éléments que l’on trouvait du temps de Muhammad demeurèrent en vigueur, à savoir la protection contre les ennemis de l’extérieur, l’autonomie interne et le paiement d’une certaine somme au Trésor ou bayt al mâl Plus tard, on fera la distinction entre impôt foncier (kharâj et taxe de capitation (jizya). Les minorités protégées étaient connues sous le nom collectif d’ahl al dhimma « les gens dont on assurait la sécurité » ou les « tributaires ». En général, ce sont des groupes homogènes d’un point de vue religieux. Cela faisait partie de la conception coranique, selon laquelle un messager était toujours envoyé par Dieu à une tribu ou une communauté. Il s’agit surtout des Ahl al Kitab, gens du livre ou gens de l’Écriture.
Le système de millet de l’Empire ottoman présentait beaucoup d’avantages bien qu’il se soit effondré aujourd’hui au proche Orient.
Le rôle des Ahl al Kitâb dans l’élaboration d’une nouvelle culture
La fondation d’un empire arabe-islamique s’est accompagnée comme le montre Claude Cahen de l’élaboration d’une culture nouvelle qui s’est révélée complexe au cours de l’histoire. La culture islamique a bénéficié de plusieurs héritages dont celui des Juifs et des Chrétiens. Même si les Chrétiens et les Juifs gardent leurs particularismes dans le domaine proprement confessionnel, c’est autour des musulmans que s’organise de plus en plus la culture commune autour de laquelle tous contribuent. Arabisation et islamisation ne vont pas de pair exactement, il y a eu arabisation linguistique assez rapide de populations syriennes ou égyptiennes restées chrétiennes et il y’ a eu islamisation de populations iraniennes dont les élites ont appris l’Arabe, mais dont les masses sont restées suffisamment fidèles à la langue des aïeux.
Un autre point intéressant est l’influence de la sagesse antique, surtout sous les Abbasides (VIIIe-XIe siècles). Le plus grand théologien byzantin du VIIIe siècle, St Jean de Damascène ne quitta jamais le territoire musulman (on peut dire la même chose de Maimonideen Egypte). Parmi les sources importantes de l’histoire du Moyen âge musulman, on peut citer la Geniza du Caire, un dépôt d’environ 200 000 manuscrits juifs datant de 870 à 1880. Il s’agit de Guenizah, dépôt d’archives sacrées de la synagogue ben Ezra. Les historiens ont identifié plus de 7000 documents dont la moitié ont été conservés dans leur intégralité. Leur importance dans l’enrichissement de l’histo<riographie est considérable. Dans le travail de traduction, les chrétiens se distinguent, surtout les Nestoriens.et les monophysites se joignent à eux.
Conclusion, Nous n’avons pas évoqué tous les aspects et les informations à notre disposition car cela dépasserait le cadre d’une communication de colloque. Pa exemple, on pouvait souligner le rôle des chrétiens et juifs dans l’administration des grands empires musulmans où ils étaient des ministres ; formaient des dynasties de premiers ministres. Ils ont hérité d’une certaine sophistication tirée des expériences byzantines et sassanides.
Les interpellations des juifs et chrétiens ont contribué à enrichir le débat théologique et l’élaboration religieuse, surtout sous les Abbassides.
par Modou Dia
LA PROMESSE D’UNE RUPTURE SYSTÉMIQUE EST-ELLE TENABLE ?
EXCLUSIF SENEPLUS - Pastef, comme toute entité, n’est pas homogène. Il est traversé par un courant libéral et un courant de gauche avec des nuances. La lecture, les interprétations, les arrière-pensées par rapport au Projet varient
En mars 2024 au Sénégal, l’élection présidentielle a consacré la victoire de Bassirou Diomaye Faye, un candidat d’un parti d’opposition prônant une « rupture systémique ». Pour pouvoir opérer cette dernière, son parti doit gagner les élections législatives anticipées du 17 novembre 2024 pour disposer d’une majorité suffisante au Parlement pour faire voter ses réformes. Ce contexte offre l’opportunité d’analyser les tenants et les aboutissants de cette « rupture systémique ».
Une élection historique
L’élection présidentielle au Sénégal aurait dû se tenir constitutionnellement le troisième dimanche du mois de février, c’est-à-dire le 25 février pour celle de 2024. À la veille du début de la campagne électorale prévue le 4 février, le président Macky Sall a pris un décret de report-annulation de l’élection. Il a fallu une grande mobilisation populaire et une intervention du Conseil constitutionnel pour mettre fin à cette mesure inconstitutionnelle, abroger une loi anticonstitutionnelle de prolongation du mandat du président en exercice votée par un parlement-godillot et fixer une nouvelle date pour les élections. C’est ainsi que le 24 mars 2024, Bassirou Diomaye Faye est élu à 54% des voix exprimées président du Sénégal au premier tour. C’est la première fois qu’un candidat de l’opposition remporte l’élection présidentielle au premier tour. C’est une élection historique à plus d’un titre, eu égard au contexte et à la singularité du parti politique ou plutôt de la vague politique ayant porté Diomaye Faye au pouvoir. Il a nommé dès son investiture Ousmane Sonko au poste de Premier ministre.
Le contexte est on ne peut plus particulier, car 10 jours avant le premier tour du scrutin, Diomaye Faye était en prison avec son mentor politique Ousmane Sonko. En effet, Ousmane Sonko, président du parti Patriotes africains du Sénégal pour le Travail, l'Éthique et la Fraternité (Pastef), est arrêté et emprisonné en juillet 2023 pour différents chefs d’inculpation criminels, dont celui d’atteinte à la sûreté de l’État. Ainsi, il a rejoint en prison Diomaye Faye, secrétaire général de Pastef, déjà emprisonné plusieurs mois auparavant. Dans la même foulée en juillet 2023, le régime de Macky Sall prononce la dissolution pure et simple de Pastef.
Cette interdiction de Pastef est la suite d’une spirale de harcèlement, de persécution de l’opposition, en particulier des militant-e-s et des sympathisant-e-s de Pastef. Plus de 80 morts. Plusieurs milliers de membres de Pastef sont mis derrière les verrous. Cette vague répressive a été tous azimuts, s’abattant sur la direction centrale de Pastef jusqu’aux structures de base qui n’ont pas été épargnées dans les communes et dans les plus petites localités. Les libertés démocratiques sont bâillonnées avec l’interdiction de manifestations, de rassemblements, de réunions ou d’activités politiques de l’opposition, etc. Plusieurs journalistes sont arrêté-e-s, des signaux de télévision ou des connexions-Internet ont été souvent coupés. Ce fut une période infernale de plomb de 2021 à juste avant les élections de mars 2024 ponctuées par des insurrections populaires en mars 2021 et juin 2023 pour s’opposer à l’arrestation d’Ousmane Sonko et à un verdict prononcé contre lui dans le cadre d’un procès pour l’écarter des élections présidentielles, mais aussi pour obliger le président Macky Sall à finalement renoncer à ses ambitions de postuler à un troisième mandat inconstitutionnel. N’ayant pu trouver des prétextes sur le plan professionnel pour l’éliminer politiquement, le régime de Macky Sall n’a eu d’autre choix que de recourir à deux « affaires » : une « affaire de viol » et une « affaire de diffamation » envers un ministre épinglé par un rapport d’un corps de contrôle. Ousmane Sonko a été finalement empêché d’être candidat aux élections à la suite de différentes machinations du pouvoir basées sur la 2e affaire. Néanmoins, la longue résistance grâce à un soutien populaire massif a permis à Pastef de gagner du temps et de s’être ménagé des plans B, C, D en son sein et à l’extérieur, dont celui de Diomaye Faye avec la suite que l’on sait.
Derrière tout contexte singulier, en l’occurrence ce contexte pré-électoral, il y a un acteur singulier qui est le parti Pastef.
Pastef est né en 2014, à peine 10 ans, avec comme principaux dirigeants des inspecteurs des impôts et domaines dont le leader est Ousmane Sonko. Ce dernier n’a pas cessé de dénoncer des scandales fonciers, financiers, fiscaux commis par le régime avant d’être radié de la fonction publique en 2016.
Ses critiques argumentées et documentées contre le pouvoir à travers différents canaux et aussi sa réputation d’intégrité confèrent à Ousmane Sonko et à Pastef une rapide et croissante popularité. Dans un pays où, au niveau des présumées élites, le vol des deniers publics est un sport national bien avant la lutte et le football, être inspecteur principal d’impôts non suspect, de même pas un centime de corruption ou de détournements, a fait mouche, surtout parmi la jeunesse. Cette jeunesse que ces pratiques prédatrices poussent à l’exil dont le terminus est parfois les fonds de la Méditerranée et de l’Océan atlantique. Tandis qu’il est un secret de polichinelle que même les plantons ou les gardiens sont millionnaires aux Impôts et Domaine.
Une autre particularité du Pastef n’est pas seulement d’être créé après l’indépendance par des individus nés bien après l’indépendance politique en 1960, mais surtout de n’avoir jamais été mêlé de près ou de loin à la « mangerie » et à la Françafrique, au moins concernant son ossature originelle.
Or, depuis 1960, le Sénégal est dirigé par deux partis ainsi que leurs démembrements consécutifs à des scissions : grosso modo, le Parti socialiste (PS) de 1960 à 2000, le Parti démocratique sénégalais (PDS) et ses clones de 2000 à 2024. Il y eut deux alternances en 2000, puis en 2012, qui ne se sont pas traduites par un renouvellement radical du personnel politique. Dans un pays dit sous-développé où les positions de « survie économique » sont réduites à l’appareil d’État pour cette gent, une grande partie de la coalition battue opère une transhumance pour continuer à picorer à la « mangerie » dans le cadre d’un deal : soutien politique contre enterrement des dossiers du régime sortant.
Plus qu’une alternance, l’élection de Diomaye Faye est non seulement une alternative, mais se voudrait par ailleurs une rupture avec plus de 60 ans de règne de partis du système néocolonial depuis l’accession du pays à l’indépendance politique en 1960. C’est sans doute aussi un renouvellement générationnel qui envoie à la retraite de larges pans de la classe politique composée en partie de dinosaures en place depuis des décennies.
Un héritage cataclysmique et … des attentes abyssales
Après l’accession du Sénégal à l’indépendance en 1960, la corruption s’est installée progressivement dans les mœurs politiques. De 1960 à 2000, le régime PS y mettait les formes en faisant preuve de scrupules. A leur époque, un marché supérieur à 300 millions de Francs CFA[i] était passible d’un appel d’offres. Une grande partie des dignitaires du régime PS ont fini leur vie avec un train de vie modeste, dans la précarité ou même dans la pauvreté.
Le niveau de concussion, de gabegie et de népotisme a atteint un autre palier avec la première alternance de l’année 2000 avec l’accession au pouvoir du PDS dirigé par Abdoulaye Wade. Dans sa sagesse et son humour comme arme de résistance, la population a appelé ce changement non pas une alternance, mais une alterNoce, « Noce » signifiant « Bamboula » aussi en wolof, la langue majoritairement parlée dans le pays.
Mais c’est à partir de la deuxième alternance en 2012 que les phénomènes de prévarication ont atteint un niveau stratosphérique inégalé avec le régime de Macky Sall. Rappelons que ce dernier a eu le temps de faire ses classes sous le régime de son ex-mentor Abdoulaye Wade avant de tomber en disgrâce à la suite d’une brouille en 2008.
En 2012, le régime de Macky Sall prétendait avoir l’ambition d’un Sénégal émergent ou bien à la rigueur en voie d’émergence à la fin de son magistère. A son départ, loin de connaître l’émergence, le Sénégal « a reculé de la 154e à la 169e place (sur 193 pays) dans le classement IDH [Indice de Développement Humain du Programme des Nations Unies pour le Développement][iii] ». Par contre, il y a l’émergence de nombreux ou de nombreuses milliardaires. Dans son entourage, de nombreuses personnes se sont enrichies d’une manière ahurissante à une vitesse stupéfiante. Il ne manque pas de personnes simples locataires ou ayant emprunté uniquement les transports en commun de se retrouver, quelques années plus tard, propriétaires d’immeubles et/ou roulant avec des voitures 4*4 ou 8*8 rutilantes hors de prix. Les marchés de plusieurs milliards ont été négociés gré à gré et accordés à des copains, copines et coquin-e-s.
Sous réserve de validation par la cour des comptes, l’audit financier présenté par le gouvernement en septembre 2024 donne une idée de la nature vertigineuse du carnage financier à l’actif du régime de Macky Sall, sans compter le maquillage des indicateurs économiques, en particulier le taux d’endettement extérieur et le déficit budgétaire[iv] :
Entre 2019 et 2024, 5400 milliards de Francs CFA sur des contrats par entente directe[v] ;
605 milliards de Francs CFA de sur-financement ont été accordés par le FMI pour 2024 en prévision de l’année électorale, ils ont été totalement dépensés en 2023 dont la moitié sans traces jusqu’à présent ;
1892 milliards de Francs CFA de dettes ont été contractées à l’extérieur sans être comptabilisés par les organismes techniques habilités qui n’ont reçu aucune notification, l’Assemblée nationale non plus ;
Depuis 2019, plus de 2500 milliards de Francs CFA de dépenses ont été effectuées sous couvert du secret-défense, même par exemple pour des équipements scolaires ou du système hospitalier dans le domaine public civil ;
Un endettement passé de 2700 milliards de Francs CFA en 2011 CFA à 16200 milliards de Francs CFA en 2024 et maquillé à 14 400 milliards de Francs CFA [vi];
Une ribambelle de projets aussi inutiles que coûteux comme source de surfacturations, de commissions et de rétro-commissions ;
Etc.
Quant au cannibalisme foncier, il n’a pas épargné le bâti de l’État, le foncier urbain, le littoral et le domaine maritime protégés ainsi que les terres cultivables ou le foncier à l’intérieur après le pillage-partage entre la bourgeoisie bureaucratique, compradore et la féodalité maraboutique de la région de la capitale Dakar.
De nombreux scandales se chiffrant à des dizaines ou des centaines de milliards de Francs CFA ont émaillé la gouvernance du régime de Macky Sall entre 2012 et 2024 :
Petro-Tim : l’implication dans des transferts d’actifs pétroliers d’Aliou Sall, frère du président Macky Sall ;
CovidGate : gestion opaque des 1000 milliards destinés à contrer l’impact de l’épidémie ;
Arcelor Mittal : renégociation au rabais d’une indemnité pour rupture abusive de contrat que devait verser la multinationale ;
PRODAC : Environ 29 à 26 milliards de Francs CFA pour des domaines agricoles communautaires pour l’emploi des jeunes et pour contribuer à l’autosuffisance alimentaire qui n’ont jamais vu le jour ;
Building Administratif : réfection ruineuse à fonds perdus de ce bâtiment ;
« Fondation Servir le Sénégal » : fondation de l’épouse de l’ex-président gérée une décennie sans bilan ni audit tout en brassant des milliards en violation de la règlementation en vigueur ;
Armement : contrat controversé d’achat d’armes de 45 milliards de Francs CFA par le ministère de l’environnement ;
Une multitude de surfacturations dans des confections à l’étranger de passeports, de cartes d’identité biométriques ;
Les éventuelles auteur-e-s de ces scandales n’ont eu rien à craindre, car l’impunité a été érigée en seconde nature de la gouvernance du régime de « Maquis très Sale ». Le président Macky Sall a avoué lui-même avoir mis son coude sur des dossiers de prédation des corps de contrôle qui devraient être transférés à la justice. Principalement, parmi cette sinistre horde, seuls deux individus ont été inculpés et condamnés, car ils ont été plutôt des obstacles politiques au président Macky Sall en s’évertuant à se présenter contre lui aux élections présidentielles de 2019. Après sa réélection, ils ont été libérés et graciés. En voilà une autre facette de ce régime : une instrumentalisation de la justice comme outil de chantage aux adversaires ou aux ennemis politiques !
Quant aux attentes du peuple sénégalais, en particulier sa jeunesse qui s’est mobilisée, voire qui s’est sacrifiée au prix du sang pour la victoire de Pastef, elles sont abyssales :
Le revers des milliardaires générés par la prédation est une pauvreté galopante impactant une majorité de la population. Dans la plupart des ménages, les « 3 repas quotidiens » furent depuis longtemps un vieux souvenir. Actuellement, avec le système dit « Gobar Diaci », c’est tout au plus un repas à midi dans lequel on prélève une partie pour les enfants le soir, chaque adulte devant se débrouiller pour le dîner et le petit-déjeuner.
Le désert du Sahara, l’océan Atlantique, la Méditerranée continuent à être le cimetière de centaines ou de milliers de jeunes à la recherche de moyens d’un bien-être, surtout pour leurs familles, quitte à prendre tous les risques possibles ;
Un système de santé et un système scolaire à plusieurs vitesses marginalisant ou excluant les couches populaires. Dans de nombreuses localités, des abris dits provisoires font office de salles de classe où les cours sont impossibles à la moindre intempérie.
Malgré plusieurs centaines de milliards de Francs CFA présumés investis dans l’assainissement et l’aménagement, des inondations provoquent toujours le calvaire dans les quartiers populaires urbains qui souffrent paradoxalement d’une pénurie d’eau potable. Il en est de même des crues des cours d’eau pour les populations riveraines.
Pour résumer, la situation est grave ou sinon catastrophique dans tous les autres secteurs pour l’immense majorité du peuple.
Avec un tel héritage et des attentes aux antipodes, il va de soi qu’il sera difficile quelles que soient les meilleures intentions du nouveau gouvernement de faire des miracles.
Les premiers actes posés
Le Pastef accède au pouvoir sans disposer de toutes les prérogatives constitutionnelles pour légiférer face à une Assemblée nationale toujours dominée par la coalition du pouvoir sortant. Et cette dernière ne peut être dissoute qu’au moins deux ans après son installation, c’est-à-dire au plus tôt en septembre 2024 suite au début d’une nouvelle législature en septembre 2022. Sur ce,le parlement a été dissout en septembre 2024 pour être renouvelé par des élections législatives le 17 novembre 2024 qui seront abordées ci-après. Par conséquent, durant cette période transitoire d’environ 6 mois, en dehors d’une entente hypothétique avec la majorité du pouvoir, le nouveau régime ne dispose que des décrets, des ordonnances de son président Diomaye Faye, dans l’impossibilité de voter une loi ordinaire, a fortiori une loi de nature organique ou constitutionnelle requérant plus que la majorité absolue.
En plus de ces handicaps, le pouvoir sortant a semé plusieurs pièges :
Des approvisionnements pour les raffinages et les centrales électriques n’ont pas été sécurisés dans l’intention de provoquer des coupures d’électricité ou un black out quelques semaines après l’avènement de Pastef à la tête de l’État ;
Des milliers de nominations, de recrutements à durée indéterminée, de décorations, d’augmentations de salaire, de signatures de contrats, de ventes d’actifs publics ont été décidés dans les derniers jours ou même les dernières avant la passation du pouvoir le 2 avril 2024 ;
Des ardoises de dettes ont été laissées presque dans tous les démembrements de l’État. Par exemple, pour le financement de la campagne agricole en mai-juin 2024, le gouvernement de Pastef a été obligé d’éponger un passif de 41 milliards de Francs CFA aux fournisseurs pour les années 2021, 2022, 2023.
Il ne faudrait pas oublier le défi toujours actuel face à une opposition riche de ses rapines et de ses razzias dans des caches ou dans des paradis fiscaux, avec une presse privée majoritairement à ses ordres. Sous le défunt régime, cette dernière a vécu grâce à un étrange modèle économique fondé sur des amnisties fiscales à répétition, sur des contrats avec l’État et/ou avec des sociétés publiques, mais aussi sur une escroquerie pure et simple par le vol de la TVA collectée et par le vol des cotisations sociales et des impôts prélevés sur le personnel.
Toutes ces mines posées ont eu comme dessein manifeste de planter le nouveau pouvoir, de créer le chaos pour « prouver » l’incompétence de nouvelles autorités de manière à rendre le pays ingouvernable et espérer revenir au pouvoir au plus tard aux échéances présidentielles de 2029, voire même imposer une cohabitation à l’occasion des élections législatives anticipées du 17 novembre 2024. Cependant, Pastef a réussi à déjouer ces pièges, non sans avoir posé certains actes.
Dans la formation du gouvernement, pour éviter les suspicions ou les allégations de vengeance, des personnalités mises au banc par l’ancien régime pour leur « indépendance » ou autrement pour le refus de contribuer à l’embastillement de l’opposition (en particulier de Pastef) ont été nommées à des fonctions ministérielles régaliennes. Ainsi, un ex-magistrat a été nommé ministre de la Justice, un ancien officier de gendarmerie au poste de ministre de l’Intérieur, un ancien officier de l’armée au portefeuille de la Défense.
Pour donner des gages sur la priorité à la compétence, le ministère de l’Agriculture a été confié à un ex-banquier d’affaires enrichi à l’extérieur avant de rentrer et de créer des fermes agricoles performantes, tandis que le ministère de l’industrie a été confié à un ancien de Nestlé ayant déposé plusieurs brevets.
En termes de rupture, le gouvernement de Diomaye Faye–Ousmane Sonko a posé des actes indéniables :
Organisation d’états généraux de la justice à l’issue desquels les magistrats exécutants de basses œuvres du régime déchu ont été mis au placard, des juridictions ont été mises en place pour la reddition des comptes avec le début de l’arrestation et l’inculpation de dignitaires du régime de Macky Sall ;
La chasse et l’annulation de privilèges fiscaux indus, entre autres concernant une presse aux ordres de l’ancien pouvoir ;
Le retrait de toutes les voitures de fonction, de logements de fonction, de passeports diplomatiques indus après la fin de l’exercice des fonctions y relatif ;
Un audit et le cas échéant une renégociation de contrats dans le domaine des hydrocarbures, de la pêche, des ressources minérales et naturelles en général ;
Le gel de toutes les opérations foncières litigieuses ;
Le début de la suppression de tous les organismes superflus et budgétaires pour recaser une mafia de politiChiens ou de politiChiennes, d’affairistes et d’une féodalité maraboutique ;
Au niveau de la politique étrangère, le Sénégal n’est plus un pion de la Françafrique sur la vassalité de laquelle l’État français pourrait miser, en voici quelques séquences :
Dans son discours à la 79ème assemblée générale de l’ONU, le président Diomaye Faye a dénoncé toutes les puissances étrangères qui tirent les ficelles dans les conflits en Afrique, surtout au Sahel[viii] ;
Le Sénégal a explicitement condamné les « opérations » de l’armée israélienne à Gaza comme un génocide, a exigé un cessez-le-feu et réitéré sa position pour « la solution à deux États » par la création d’un État palestinien à côté de celui d’Israël conformément aux résolutions de l’ONU ;
L’absence pour la première fois d’un chef d’État sénégalais en 2024 en France au sommet de la francophonie et aux cérémonies d’une célébration du débarquement de Provence, en l’occurrence le 80ème anniversaire ;
Sans complicité et sans connivence avec l’État français, la prise en main de la célébration par l’État sénégalais du 80ème anniversaire du massacre de centaines de tirailleurs réclamant leurs soldes de captivité par l’armée française le 1er décembre 1944 ;
Etc.
La reddition des comptes est entravée dans une certaine mesure par une loi d’amnistie ou plutôt une loi d’autoamnistie votée à la 25e heure par le défunt régime pour la période mars 2021–mars 2024 où environ 85 personnes ont été tuées, des centaines de personnes blessées ou handicapées à vie, des milliers de personnes emprisonnées, avec des banqueroutes de nombreuses activités ou entreprises, des naufrages de plusieurs couples ou ménages, etc. Pour abroger cette loi, il faudra au gouvernement de Diomaye-Sonko une majorité parlementaire aux élections législatives du 17 novembre 2024. D’où, entre autres, un enjeu de ces élections.
Par ailleurs, la reddition des comptes pourrait être contrariée par ce qui semble être un reniement d’un engagement de Pastef à ne point favoriser la transhumance des membres de l’ancien pouvoir dont certains ont été reçus en personne par le premier Ousmane Sonko. Ces membres vont-ils bénéficier d’une impunité au cas où ils seraient soupçonnés dans des détournements de fonds publics. En tout cas, c’est une pratique réprouvée et rejetée fortement par la base de Pastef au point d’avoir engendré un début de crise ou de brouille au sein de la galaxie de Pastef, y compris au sein du « duo inséparable » entre le président et le premier ministre. C’est toute la crédibilité du crédo « Jub, Jubal, Jubbanti », traduisible en français par « Droiture, Probité, Exemplarité[ix] », qui est dès lors questionnable.
Leurres et lueurs de la « rupture systémique »
Après leur victoire électorale en 1970 au Chili, les forces de l’Unité populaire (UP) sous la direction de Salvador Allende se sont fixé de construire un socialisme tout en restant dans le cadre de la légalité constitutionnelle inscrite dans les gènes d’une démocratie au demeurant bourgeoise. L’UP a été tout sauf un ramassis de bolchéviks avec des couteaux entre les dents. Tout au contraire, ils ont fait preuve de modération, par exemple en nationalisant des secteurs de l’économie moyennant une indemnisation. Pour sa survie politique face à un parlement hostile, l’UP a essayé de faire preuve d’esprit de compromis avec le résultat que l’on sait : le 11 septembre 1973, le régime démocratiquement élu de l’UP fut renversé par un coup d’État sanglant dirigé par Augusto Pinochet (ancien commandant en chef de l’armée chilienne nommé par Allende !) qui a instauré durant environ deux décennies un régime de terreur au Chili, avec le soutien des USA et du capital national. C’est un autre « 11 septembre » que l’on claironne moins dans le « monde libre, civilisé et démocratique ».
En 2024 au Sénégal, Pastef fait la promesse d’une « rupture systémique » tout en respectant la légalité constitutionnelle. Par cette rupture, Pastef n’entend pas instaurer un socialisme comme l’UP au Chili : ah, on vit une autre époque, le socialisme est mort ou plutôt sa perversion ou dégénérescence politico-bureaucratique sous la forme d’un capitalisme d’État en ex-URSS ou en Chine, etc. ! Le mantra de Pastef est le souverainisme, le panafricanisme dans ses tendances dominantes et dans une certaine mesure l’anti-impérialisme. Car Pastef, comme toute entité, n’est pas homogène. Il est grosso modo traversé d’une part par un courant libéral, et d’autre part par un courant de gauche avec des nuances. Le courant libéral, largement dominant, sinon hégémonique, se subdivise en un sous-courant libéral sur les questions de société et en sous-courant conservateur, voire réactionnaire sur les questions de mœurs et de morale.
La lecture, les interprétations, les arrière-pensées par rapport au « Projet » du Pastef varient évidemment selon les tendances politiques en son sein. Avant la prise du pouvoir, ce « Projet » comme leitmotiv à la bouche de l’ensemble des militant-e-s de Pastef a été opérationnalisé après la prise du pouvoir et présenté comme un plan à long terme « Sénégal vision 2050 nouveau référentiel[x] ». Cette vision est tout d’abord échelonnée en plan d’action de cinq ans comparable à un plan quinquennal intitulé « Stratégie Nationale de Développement 2025-2029[xi] », ensuite découpée aussi en master plan comparable à un plan décennal. La vision 2050 appelée aussi « Sénégal 2050- Agenda National de Transformation » se décline en quatre axes :
« Axe 1 : Economie Compétitive ;
Axe 2 : Capital humain de qualité et Equité sociale ;
Axe 3 : Aménagement et Développement durables ;
Axe 4 : Bonne Gouvernance et Engagement africain ».
Concrètement pour la ligne libérale dominante au niveau de Pastef, cela consiste à moderniser et développer le secteur primaire (agriculture, pêche, élevage, minerais, etc.) pour viser non seulement une autosuffisance alimentaire, mais aussi en même temps fournir des inputs pour l’incubation ou l’éclosion d’une industrie de transformation pour créer les chaines de valeurs les plus complètes de la matière première à la consommation locale du produit ou son exportation. L’État va créer l’environnement en termes d’infrastructures et de réglementation pour inciter les capitalistes nationaux et les entreprises transnationales, oh pardon les « opérateurs économiques nationaux ou le secteur privé » et les « partenaires étrangers », à investir. A l’image de plusieurs pays asiatiques qui se sont économiquement développés comme la Corée du Sud, Singapour et des pays africains en phase de décollage économique comme le Botswana et le Rwanda, la vision 2050 s’assigne comme but l’édification d’un capitalisme national « assaini » des turpitudes et des aspects les plus odieux du capitalisme. Implicitement avec l’objectif d’une autosuffisance alimentaire et une amorce d’une industrialisation alimentée par des inputs ou surplus agricoles, le modèle envisagé est celui d’une substitution aux importations. Alors que la Corée du Sud s’est économiquement envolée sur la base des exportations en remontant progressivement les filières du textile au numérique et au nucléaire en passant par les industries mécaniques et les chantiers navals sous une dictature sanguinaire qui s’est muée beaucoup plus tard en régime démocratique libéral comme à Taïwan entre autres. Il serait important de rappeler qu’en 1960 que le PIB par tête de la Corée du Sud était inférieur à celui du Sénégal et de la Côte d’Ivoire. Par ailleurs, avec le soutien populaire et surtout exigeant de la part de la jeunesse, tout porte à croire que Pastef aura le souci de créer une paix sociale à travers un consensus par des prestations d’un service public à travers un large réseau d’infrastructures éducatives, de formation, de santé, d’accès aux services de base (eau, électricité, connectivité, mobilité) couvrant l’ensemble du territoire et profitant à une grande partie de la population. Pour user d’une boutade pour résumer, le credo du courant libéral hégémonique dans Pastef pourrait être à l’endroit des capitalistes nationaux et étrangers "partenaires" : « enrichissez-vous en innovant, en créant des emplois, en générant des valeurs ajoutées, autrement dit enfin développez l’agriculture et industrialisez le pays ! ». Et ce à l’apposé des défunts régimes d’Abdoulaye Wade et de Macky Sall où les milliardaires se fabriquaient sur la base d’octrois à la tribu de situations de rente par l’octroi de marchés parfois non ou partiellement exécutés, de monopoles d’importation ou d’exportation, si ce n’est de leur verser directement le pactole sans autre forme de procès !
Si, au niveau des rapports sociaux internes, on peut ne pas être préoccupé par la perspective de revirements ou de volte-face, en ce sens que Pastef n’a jamais brillé par un penchant transgressif sur les questions comme celles du patriarcat et de la féodalité maraboutique, comme on le verra plus tard, il n’en est pas de même quant à la volonté proclamée de rupture système avec l’impérialisme.
Mais sur le plan de la rupture vis-à-vis de l’extérieur, il y a un signe qui ne trompe pas, à savoir la sollicitude avec laquelle le gouvernement Pastef a tenu à informer le FMI du trucage de tous les comptes financiers par le régime de Macky Sall. Le gouvernement sénégalais a un devoir de transparence et de vérité par rapport au peuple sénégalais, mais nullement envers l’impérialisme international et ses institutions financières. C’est comme si Pastef voulait donner des gages en jouant le rôle de bon élève et/ou de balance. En outre, ce serait faire preuve de naïveté de penser que le FMI n’ait pas été au courant des subterfuges du régime défunt, au vu de tous les moyens de renseignement dont disposent les pays occidentaux principaux actionnaires du FMI. Ce serait oublier aussi que le régime de Macky Sall a entretenu des relations étroites avec les services secrets français et israéliens, pour ne pas dire qu’il a été même chapeauté par ces derniers. En général, les puissances impérialistes occidentales ou autres sont plus informées dans de nombreux domaines que les pays dits sous-développés sur leurs territoires de par leurs outils d’interception et d’observation satellitaire, sans compter leurs agents infiltrés.
Un autre signe qui ne trompe pas, ce sont les nuances ou les inflexions progressivement introduites dans les éléments de langage quant aux rapports avec les pays impérialistes. En vedette, les mots « partenaires » ou « partenariats » sont usités et prisés. Ainsi, le FMI, la Banque Mondiale, les puissances impérialistes sont affublées du nom de « partenaires ». A mille lieues d’être des poètes, enfants de chœur ou philanthropes, les puissances impérialistes ne connaissent pas le langage du « partenariat », mais celui des rapports de force, du profit, du froid calcul de l’intérêt au sens propre et au sens figuré.
Quid des autres chantiers présumés de « rupture systémique » ? En tout, il peut être noté un silence ou un amollissement vis-à-vis de certains axes de rupture :
La dénonciation et la divulgation des dits accords de coopération avec la France depuis 1960 comportant des clauses secrètes au moins dans ses aspects militaires pour rompre le cordon ombilical néocolonial ;
Le retrait total de la base militaire française au Sénégal (il parait que ce sera acté, mais avec un bémol qui serait le maintien d’une « coopération » militaire) ;
Le retrait de la Zone Franc ;
La nationalisation sans indemnisation de toutes les entreprises multinationales française comme compensation au vol et au pillage subis durant des siècles.
A la décharge de la ligne dominante de Pastef, ce serait problématique ou voire suicidaire ou « mission impossible » d’affronter frontalement l’impérialisme seul en tant que pays dominé. Mais le mérite aurait été de le poser et de travailler avec d’autres forces à la révolution dans un cadre sous-régional ou dans un cadre régional en Afrique. Or l’ambition de cette ligne dominante n’est pas de remettre en cause le califat, mais d’essayer de jouer une partition « gagnant-gagnant » sur toute la planète en s’émancipant du statut d’ex-larbin cloué dans un pré-carré français. Par ailleurs, il serait bien indiqué de nuancer le statut de valet vis-à-vis de l’impérialisme français. Depuis le régime d’Abdoulaye Wade (2000-2012), la France n’est plus hégémonique au niveau des échanges du Sénégal avec l’extérieur, sa position dominante a été bousculée et remise en cause avec l’ouverture envers la Chine, la Turquie, mais aussi grâce à un sursaut des échanges avec des pays comme les USA, l’Allemagne, etc. Cependant, sous le régime de Macky Sall (2012-2024), l’État français et les multinationales françaises sont parvenus à (re)contrôler un grand nombre de secteurs de l’économie (eau, autoroute, télécommunications, grande distribution, etc.) et à rafler les plus importants contrats étatiques (Train Express Régional, autoroutes, etc.). Il s’ensuit que le recul ou la marginalisation de l’impérialisme dans les échanges économiques avec le Sénégal n’est pas seulement le fait de puissances impérialistes dites émergentes, mais aussi celui de puissances impérialistes occidentales politiquement alliées avec la France.
Avec le sabotage, le boycott, l’embargo, le chantage et autres actions sordides dans l’arsenal de l’hégémonie des puissances impérialistes et des institutions financières internationales, il y a des leviers qui pourraient être actionnés. Bien avant ladite aide publique au développement, le premier poste de la balance des paiements du Sénégal est constitué par les plus de 1500 milliards de Francs CFA envoyés annuellement par la diaspora, soit plus de 10% du PIB[xii]. Cet argent est souvent consommé improductivement, par exemple pour acheter un poisson au lieu de contribuer à savoir pêcher. Imaginons un instant non seulement en termes de potentiel qu’une partie de ce montant soit investie, mais aussi que l’épargne de la diaspora soit mobilisée et que l’épargne locale soit boostée et rationalisée. Une grande partie de l’investissement de la diaspora est captée par l’immobilier et le foncier pour plus de sécurité, en partie à cause de structures étatiques mafieuses. Même dans ces sphères, la diaspora n’est pas à l’abri de nombreuses arnaques.
Sur la rubrique des rapports sociaux internes, une fois n’est pas coutume, il faut reconnaître le mérite de Pastef d’avoir porté la lutte contre la discrimination de certaines catégories comme les handicapés physiques, les aveugles. Ce sera probablement une première au Sénégal, il y aura des handicapé-e-s physiques au Parlement car figurant sur des places éligibles sur les listes de Pastef aux élections législatives. Une fois au Parlement, ils ou elles pourront amplifier le combat contre les préjugés, les stigmatisations, la mobilité par l’imposition de nouvelles normes inclusives de construction, l’aménagement des trottoirs et des édifices publics. Ce serait aussi le moment d’intégrer d’autres catégories comme les albinos dans cette dynamique de lutte contre les stéréotypes et les préjugés.
Quant au régime patriarcal sous lequel ploie une grande partie de la gent féminine, ce n’est pas dans un environnement où le président Diomaye Faye et le Premier ministre Ousmane Sonko sont tous les deux polygames avec des références fréquentes à Dieu et à l’islam dans leurs discours qu’on peut s’attendre à une ardeur frénétique ou éruptive pour l’émancipation de la femme. Le Code de la famille et une idéologie dominante s’adossant à la religion et aux traditions rétrogrades font perdurer un lot d’oppression ou de discrimination sur les femmes :
Le régime de la polygamie ;
Le pouvoir de répudiation du mari ;
Une part d’héritage moitié moindre par rapport aux mâles ;
Des mariages précoces ou forcés des filles, avec une déscolarisation surtout en milieu rural ;
Un accès à la terre impossible ou restreint, surtout en milieu rural ;
Une lutte ferme et financée contre les pratiques d’excision.
L’aile libérale réactionnaire de Pastef a dans son agenda une criminalisation de l’homosexualité qui est toujours un délit au Sénégal depuis une loi héritée de la période coloniale. Par contre, la criminalisation de la corruption « ici et maintenant » ainsi que son imprescriptibilité ne feraient pas partie de ses chevaux de bataille.
Enfin, des rapports étroits ou de complaisance continuent à être entretenus avec la féodalité maraboutique. Le Premier ministre Ousmane Sonko a un marabout. Serait-ce pour des raisons tactiques dans un pays à 95% musulman avec un engouement religieux où il fut dépeint par le pouvoir déchu et une certaine opposition comme un salafiste. Cette féodalité maraboutique fut l’alliée de tous les régimes néocoloniaux depuis l’indépendance politique en 1960. Et elle n’a pas bougé le petit doigt quand Pastef subissait la répression cruelle du régime de Macky Sall. En outre, les confréries religieuses n’ont plus le pouvoir réel de « grands électeurs » qu’on leur attribuait. Les fidèles se sont autonomisés et ont appris à faire la part des choses entre le sacré et le profane, entre le spirituel et le temporel. En effet, Bassirou Diomaye Faye a remporté le scrutin présidentiel de mars 2024 quasiment dans tous les foyers confrériques sans y avoir mis les pieds (Touba, Tivaouane, Medina Baye, Yoff, etc.). Il a raflé 13 des 14 régions du Sénégal ainsi que la Diaspora. A cette aune, le peuple est en avance sur ses présumées élites. Et le principe de réalité recommanderait d’appliquer strictement la laïcité en tant que séparation totale entre la religion et l’État dans le cadre d’une liberté de conscience où on peut être agnostique, libre-penseur, athée, juif, musulman, hindouiste, chrétien, bouddhiste, etc.
Le défi des élections législatives du 17 novembre 2024
Ces élections anticipées mettent en compétition 41 coalitions électorales dont les plus grandes sont a priori :
Pastef sous sa propre bannière ;
Takku Wallu Sénégal (TWS) qui est une coalition de l’ex-parti au pouvoir Alliance Pour la République (APR) de Macky Sall avec alliés libéraux du PDS et de ses démembrements dans le temps ;
Jam Ak Jariñ (JAJ) qui est une coalition formée d’une scission de l’APR, fondée par l’ex-premier ministre et ex-candidat battu aux présidentielles de mars 2024 de l’ex-coalition au pouvoir, Amadou Bâ, avec d’autres partis de cette ex-coalition comme le PS et ses démembrements dans le temps ;
Samm Sa Kaadu (SSK) est une coalition composée de plusieurs partis ex-alliés de Pastef, de partis qui sont des scissions du PS ou du PDS et de partis n’ayant jamais été associés à un pouvoir.
165 sièges de député-e-s sont en jeu dont 53 sont disputés au scrutin proportionnel au niveau des listes nationales et 112 sièges au scrutin départemental majoritaire au niveau des 46 départements du Sénégal et des 8 circonscriptions de la diaspora sénégalaise dans le monde, soit un total de 54 circonscriptions.
La particularité de cette élection est l’union dans une inter-coalition de toutes les trois autres grandes coalitions (TWS, JAJ, SSK) contre Pastef dans tous les scrutins majoritaires départementaux. De facto, tous les partis du système néocolonial et leurs démembrements depuis 1960 se sont ligués contre Pastef, parmi lesquels plusieurs ex-alliés de Pastef ne sont pas les moins virulents. Deux facteurs pourraient expliquer une union subite contre-nature de partis en guerre dans un passé récent :
Le rouleau compresseur de Pastef durant les élections présidentielles remportées à 54% avec une victoire dans la diaspora et dans les 13 régions du Sénégal sur 14. Il y a environ seulement 7 mois. Après 7 mois de pouvoir limité, la dynamique devrait être préservée aux élections législatives, voire dopée avec l’effet amplificateur du scrutin majoritaire ;
Au vu de ce reflexe et la furie anti-Pastef de cette inter-coalition dans son ensemble, on pourrait subodorer qu’elle a quelque chose à se reprocher ou a bénéficié du système de prédation décrite comme « Tok, Teudd, Nélaw, Mouy dokh », autrement dit en français « assis, être couché-e, en sommeil, mais en tout cas, les sous tombent toujours ».
L’enjeu pour Pastef pour réaliser toutes ses réformes de « rupture » n’est pas de remporter une victoire absolue de 83 sièges, mais au moins une majorité de trois cinquièmes (3/5) avec 99 sièges pour pouvoir modifier la Constitution ou adopter des lois organiques. Selon des projections des résultats de l’élection présidentielle de mars 2024 sur ces législatives anticipées suivant une méthodologie statistique rigoureuse, le Pastef disposerait au moins de 105 à 115 sièges[xiii]. Malgré peut-être un éventuel effet d’usure et le fait que l’élection présidentielle a été plus mobilisatrice du fait de sa nature d’un référendum pour ou contre le régime de Macky Sall, il n’est pas exclu que Pastef rafle 120 à 130 sièges sur les 165 sièges pour les considérations que voici :
Les partis de la coalition sortante ont subi de nombreuses scissions, démissions et défections ;
Ces partis ne disposent plus des moyens de l’État au niveau financier, au niveau régalien pour influer négativement illégalement en amont ou en aval sur l’issue du scrutin ;
L’effet amplificateur du scrutin majoritaire départemental pour les 112 sièges sur un total de 165 sièges.
Pour les communistes internationalistes, l’enjeu est l’élection du maximum de députés de la gauche révolutionnaire au sein de Pastef en tant que semence d’une révolution socialiste pour l’émancipation sociale pour extirper toute forme d’exploitation de l’homme par l’homme dans une génération sur la base des avancées ou de la réussite du projet de la « rupture systémique » ou d’un capitalisme national de Pastef.
[i] 1 Euro = 655,957 Francs CFA ou bien 1 Franc CFA = 0,00152449 Euro
Sylvain Sankalé raconte un artiste rayonnant, dont les oeuvres ont transformé son quartier en une fête de couleurs. Le critique d'art reconstitue l'univers d'un créateur qui n'a jamais arrêté de le surprendre
La Galerie nationale d'art de Dakar accueille une exposition hommage à Mouhamadou N'doye, dit N'doye Douts, figure majeure de l'art contemporain sénégalais disparu prématurément en juin 2023 à l'âge de 50 ans. Sous le commissariat de Sylvain Sankalé, membre de la section sénégalaise de l'association internationale des critiques d'arts, cette rétrospective célèbre l' œuvre d'un artiste qui a su porter le regard de l'Afrique dans les plus grandes institutions culturelles mondiales.
Major de sa promotion à l'École Nationale des Arts de Dakar en 1999, N'doye Douts s'est rapidement imposé sur la scène internationale. Son court-métrage "Train-Train Medina" et sa participation à "Africa Remix" au Centre Pompidou en 2005 ont marqué les esprits, ouvrant la voie à une carrière internationale qui l'a menée des États-Unis à la Corée.
"Je ne l'ai jamais vu fâché", témoigne Sylvain Sankalé, qui suivait l'artiste depuis ses débuts. "Il avait une immense gentillesse, une immense grandeur d'âme". Cette joie de vivre se reflétait dans son art : ses œuvres capturaient l'essence vibrante de la Médina, son quartier natal, à travers une palette éclatante et des scènes de vie quotidienne animées de taxis, de cars rapides et de linges séchés sur les murs, à en croire Sylvain Sankalé. Ce dernier ajoute que N'doye Douts "est le seul à avoir traité cette thémtatique de cette manière, aussi sympathique, aussi agréable".
Derrière cette notoriété internationale, N'doye Douts est restée profondément attachée à ses racines. En toute discrétion, il a ainsi investi dans son village natal, finançant la construction d'infrastructures scolaires et médicales. Un engagement social qui témoigne de sa volonté de partager les fruits de sa réussite avec sa communauté.
AU MALI, UN OPPOSANT ARRÊTÉ APRÈS AVOIR CRITIQUÉ LE POUVOIR BURKINABÈ
Selon l'autorité de régulation des médias du Burkina Faso, Issa Kaou N'Djim a tenu des propos visant à discréditer les autorités, affirmant sans preuve que la tentative de déstabilisation du pays n'était qu'un montage.
L'opposant malien Issa Kaou N'Djim a été arrêté mercredi à Bamako après avoir critiqué les autorités du Burkina Faso, qui l'accusent d'avoir tenu "des propos jugés gravissimes" contre les militaires au pouvoir dans ce pays voisin au cours d'une émission télévisée.
Le Mali et le Burkina Faso, tous deux dirigés par des régimes militaires à la suite de putschs entre 2020 et 2022, ont fondé avec le Niger une confédération, l'Alliance des États du Sahel (AES).
Issa Kaou N'Djim, figure politique malienne connue pour avoir soutenu le colonel Assimi Goïta avant de prendre ses distances, a tenu dimanche lors d'une émission sur la télévision locale Joliba TV News des propos tendant "à jeter un discrédit sur nos autorités, prétextant sans aucune preuve que l'affaire de la énième tentative de déstabilisation du Burkina Faso n'est qu'un montage", selon l'autorité de régulation des médias du Burkina Faso. Cette dernière a prié la Haute autorité de la communication (HAC) malienne "de réserver toute suite qu'elle jugera appropriée à la diffusion de cette émission".
Mercredi, M. N'Djim a été arrêté et est "actuellement dans une unité d'enquêtes pour une affaire le concernant", a indiqué à l'AFP une source judiciaire. "Issa Kaou N'Djim a été interpellé ce matin [mercredi] à 09h45 [locale et GMT] à son domicile à Bamako par des agents en civils qui ont dit qu'ils avaient besoin de lui pour une affaire. Kaou N'Djim les a suivis pour répondre", a confirmé un membre de sa famille.
Issa Kaou N'Djim a été l'un des vice-présidents du Conseil national de transition (CNT), l'organe législatif des militaires au pouvoir au Mali, avant de se prononcer en faveur d'une fin rapide de la période dite de transition censée rétablir un régime dirigé par des civils. En décembre 2021, il a été condamné à six mois de prison avec sursis pour "atteinte au crédit de l’État", après des propos jugés subversifs sur les réseaux sociaux. Il a été révoqué du CNT et empêché à plusieurs reprises de quitter le territoire.
lettre d'amérique, par rama yade
DONALD TRUMP ET L’AFRIQUE : QU’EN ATTENDRE ?
Face à un continent qui revendique sa souveraineté et multiplie les partenariats internationaux, la politique du 'America First' devra composer avec un nouveau paradigme
C’est officiel : Donald J. Trump est de retour à la Maison Blanche avec pour objectif clair de placer «l’Amérique d’abord» («America first !») au cœur de sa politique. Quel impact sur l’Afrique ?
Cela reste à voir, mais le mieux serait peut-être de ne rien attendre. De prendre les devants. Et privilégier «Africa first». De toutes les façons, l’Afrique a été complètement absente de la campagne présidentielle américaine, y compris côté démocrate.
On peut néanmoins anticiper quelques changements à partir des sources disponibles, à savoir le premier mandat de Donald Trump d’une part et, le projet 2025 d’autre part.
Le premier mandat de Trump
Si ‘on remonte à son premier mandat, la stratégie isolationniste du Président Trump l’avait conduit à plaider auprès du Congrès pour la réduction des programmes de développement dont beaucoup sont en Afrique. Seuls Mike Pompeo, son secrétaire d’Etat entre 2018 et 2021, s’est rendu au Sénégal et en Ethiopie, et son épouse Melania au Kenya. En quatre ans à la Maison Blanche, seuls deux chefs d’Etat africains ont été reçus : Muhammadu Buhari du Nigeria et Uhuru Kenyatta du Kenya. Washington n’avait pas non plus accueilli de Sommet Etats-Unis Afrique, quand Vladimir Poutine relançait spectaculairement les sommets Russie-Afrique à Sotchi en 2019.
Toutefois, on se souvient que le Président Trump a reconnu la souveraineté du Maroc sur le territoire du Sahara occidental en 2020, faisant de ce pays du Maghreb un acteur décisif des Accords d’Abraham.
L’Afrique vue sous l’angle de la compétition avec la Chine
Toutefois, l’influence croissante de la Chine en Afrique et le recul des positions américaines en Afrique avaient amené l’Administration Trump à s’inquiéter, expliquant la création d’une nouvelle agence de développement, Development Finance Corporation, mieux dotée financièrement que ses prédécesseurs. Prosper Africa a aussi été lancé avec pour objectif, selon John Bolton, alors conseiller à la Sécurité nationale, qui en avait fait l’annonce fin 2018, de «favoriser les investissements américains, stimuler la classe moyenne africaine et améliorer le climat des affaires dans la région». Que l’annonce ait été faite par le conseiller à la Sécurité nationale démontrait clairement que c’est la concurrence des Etats «prédateurs», Russie et Chine en tête, qui motivait la nouvelle initiative.
Depuis, la Russie a confirmé son statut de premier vendeur d’armes en Afrique et la Chine celui de premier partenaire commercial de l’Afrique, investissant cinq fois plus que les Etats-Unis sur le continent.
La survenue d’évènements majeurs depuis le départ de Trump de la Maison Blanche laisse également à penser que l’Afrique qu’il retrouvera n’est pas celle qu’il avait quittée en 2020. L’impact de la pandémie, la crise énergétique dans la foulée de la guerre en Ukraine, la série de coups d’Etat au Sahel et le retrait forcé de la France, la guerre civile au Soudan, la montée en puissance des pays du Golfe en Afrique, les initiatives sud-africaines dans la guerre à Gaza, comme le renforcement des Brics, ont profondément bouleversé le paysage africain.
Le Projet 2025
De fait, avec un tel contexte, il faut sans doute se tourner vers le Projet 2025 pour tenter d’imaginer comment une politique africaine sous un second mandat Trump pourrait évoluer. Conçu par Heritage, un cercle de réflexion très conservateur de Washington, le Projet 2025, document d’un millier de pages, prévoit de remplacer 4000 fonctionnaires dès l’entrée en fonction de Donald Trump, par des alliés susceptibles de mettre en œuvre rapidement une transformation conservatrice de la société américaine. Bien que, durant la campagne, Donald Trump s’en soit distancé, bon nombre des inspirateurs de ce plan sont des proches, notamment Tom Homan à qui il vient de confier la mise en œuvre de sa politique migratoire.
Dans la courte section du Projet 2025 consacrée à l’Afrique, on trouve l’affirmation de deux principes. D’abord, la volonté de privilégier le commerce plutôt que l’assistance ; ensuite, le refus d’intégrer les «valeurs culturelles», notamment les droits des Lgbtq+ (homosexuels, trans…) dans la politique étrangère américaine. Il est indéniable que ces deux principes resonneront positivement en Afrique.
Le business d’abord ?
Concernant le premier, il est de nature à favoriser une approche transactionnelle. S’il a lieu, le renouvellement de l’accord commercial Usa-Afrique (Agoa) et Dfc en 2025, puis d’Exim Bank en 2026, permettra de donner un aperçu de l’orientation que Donald Trump souhaite donner à sa stratégie commerciale vis-à-vis de l’Afrique. Le sort réservé à certains projets d’ampleur comme le Lobito Corridor - héritage majeur de Joe Biden en Afrique - devra aussi être surveillé, tout comme la réforme des institutions de Bretton Woods dont on ignore si elle va être confirmée par la nouvelle équipe. A cet égard, l’Afrique, qui paie pour un réchauffement climatique dont elle n’est pas responsable, a besoin de financements : il faudra voir comment cet impératif se conjugue avec l’approche climato-sceptique du nouveau pouvoir américain, que d’aucuns soupçonnent de vouloir sortir des engagements de Paris.
Aux côtés de Donald Trump, la présence de Elon Musk, désireux de conquérir les marchés africains, notamment avec Starlink, peut cependant offrir des perspectives nouvelles pour réduire la fracture énergétique. On l’avait aperçu à New York, en marge de l’Assemblée générale des Nations unies de septembre dernier, rencontrer le Président sud-africain, Cyril Ramaphosa, le président namibien, Nangolo Mbumba, et le Premier ministre du Lesotho, Sam Matekane.
Des gagnants et des perdants ?
Concernant le second, des pays comme l’Ouganda -précédemment exclus de l’Agoa en raison de préoccupations concernant les droits des homosexuels- pourraient retrouver une oreille plus bienveillante de la part des Etats-Unis de Donald Trump.
A l’inverse, des pays comme l’Afrique du Sud, qui entretiennent des relations désormais complexes avec les Etats-Unis, pourraient perdre cet accès. Le Maroc devrait rester un partenaire-clé au regard du grand jeu moyen-oriental qui s’ouvre.
Enfin, ces dernières années, quelques républicains ont déployé des efforts pour la reconnaissance du Somaliland, afin de renforcer l’influence des Etats-Unis sur la très disputée Mer Rouge.
Africa first
Au-delà du président Trump, c’est du côté de son équipe - secrétaire d’Etat, secrétaire en charge du Commerce, secrétaire en charge de l’Afrique, directeur Afrique de la Maison Blanche, dirigeants des agences de développement, nouveaux ambassadeurs dont celui des Nations unies - qu’il faudra regarder : les profils choisis diront beaucoup des intentions du nouveau locataire de la Maison Blanche. De Marco Rubio à Elise Stefanik, les premières désignations laissent entrevoir une diplomatie offensive face à la Chine et l’Iran.
En attendant, de l’Egypte à l’Ethiopie, en passant par le Sénégal et la Côte d’Ivoire, de nombreux présidents africains l’ont félicité pour sa «victoire» et ont espéré, à l’instar de Bola Tinubu au Nigeria, de pouvoir renforcer leur «coopération économique» avec les Etats-Unis. Si les dirigeants du Moyen-Orient ont bien accueilli le retour de Donald Trump, à l’inverse des dirigeants européens inquiets des droits de douane et du sort réservé à l’Ukraine, l’Afrique pourrait se montrer plus attentiste, entre la méconnaissance du fonctionnement de Washington par ses dirigeants et la pression de son opinion de plus en plus afro-souverainiste et plus vocale que jamais. Les nations africaines ont un atout dans leur manche : une centralité retrouvée qui en fait des partenaires très courtisés par le monde entier. L’Afrique a désormais des options. La balle est donc du côté de Washington. Sinon, à l’Amérique d’abord, de nombreux Africains seraient tentés d’opposer «l’Afrique d’abord».
Rama Yade est Directrice Afrique Atlantic Council.
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DABA, L'ANGE DU CHAOS
Gacha élève Daba. La plasticienne camerounaise rend un hommage mérité à la musicienne sénégalaise, l’une des rares femmes à moto, à Dakar, en toute sérénité, avec une « liberté sans concession » et un caractère qui émerveillent les petites filles.
Deux ans après sa participation dans l’exposition internationale, l’artiste franco-camerounaise Beya Gille Gacha est de retour cette année à la 15è édition de la Biennale de l’art africain contemporain de Dakar, Dak’Art 2024. Toujours avec la même finesse dans ses créations, Beya Gille Gacha a cette année proposé deux installations parmi lesquelles celle intitulée L’Amazone. Œuvre à travers laquelle elle rend un bel hommage à une autre artiste, la musicienne sénégalaise Daba Makhouredia, une des rares femmes motorisées à Dakar et dont la Camerounaise est prise d’admiration.
Ainsi, Gacha, la Camerounaise, a décidé de rendre plutôt un « femmeage » à Daba la Sénégalaise parce qu’inspirante, impressionnante. Pour Gacha, Daba s’affirme à travers sa personnalité, son caractère, « sa liberté sans concession » en se mettant souvent à moto sans se préoccuper du qu’en dira-t-on. Tant que sa manière d’être parle aux petites filles, et même aux petits garçons, ce n’est que du bien.
Pour Beya, Daba fait partie de ces personnes qui changent le monde en y apportant du « chaos » dans un sens mélioratif du terme. Elle parle de « l’ange du chaos ». A travers sa « liberté sans concession » Daba donne au monde une certaine « grandeur, de l’avis de la plasticienne.
Dans sa deuxième installation, l’artiste franco-camerounaise a proposé d’une création particulière, un objet en rapport avec la Seconde Guerre mondiale qui nous plonge dans la problématique de la préservation de l’environnement, du rapport de l’humain à la nature. Pour Beya Gille Gacha que l’Homme se résolve à protéger la nature ou pas, cela ne semble pas très grave parce que la nature « finira toujours par prendre ses droits. »
DABA, L’ANGE DU CHAOS
DIOMAYE DÉNONCE L’INACTION DU CONSEIL DE SÉCURITÉ FACE AUX CRISES AU LIBAN ET EN PALESTINE
Selon le chef de l’État sénégalais, ce silence compromet les efforts de paix et fragilise la crédibilité de l'institution, appelant la communauté islamique à se mobiliser pour mettre fin aux souffrances du peuple palestinien.
Le chef de l’Etat sénégalais, Bassirou Diomaye Faye s’est élevé lundi à Riyad contre l’inaction du Conseil de sécurité des Nations Unies face aux violations répétées au Liban et en Palestine, estimant qu’elle compromettait l’espoir d’un cessez-le-feu tout en affaiblissant la crédibilité de l’organisation onusienne.
‘’Il est consternant de constater l’inaction du Conseil de sécurité des Nations-Unies devant ces violations répétées. Ce manque de réaction ne compromet pas seulement l’espoir d’un cessez-le-feu mais affaiblit la crédibilité même de cette institution censée garantir la paix et la sécurité mondiale’’ a-t-il déclaré.
Le président de la République intervenait à l’ouverture d’un sommet de l’Organisation de la coopération islamique (OCI) auquel prennent part une vingtaine de pays de la Ligue Arabe et une cinquantaine d’Etats membres.
Cette rencontre à l’initiative de la diplomatie saoudienne est entre autres consacrée aux perspectives de résolution des crises en Palestine et au Liban, des Etats membres de l’organisation cibles d’attaques aériennes et de raids meurtriers de l’armée israélienne.
Il urge d’exiger un cessez-le-feu immédiat, une réponse ferme pour mettre un terme à cette spirale de violence qui étend ses tentacules au Liban, a tenu à faire savoir Bassirou Diomaye Faye.
Regrettant ce qu’il considère comme un ‘’cuisant échec moral’’ du Conseil de sécurité des Nations Unies, le chef de l’Etat sénégalais a appelé à une mobilisation plus conséquente de la Ummah islamique à travers par exemple des actes concrets.
‘’Permettre cette perpétration de l’injustice, c’est miner les fondations du multilatéralisme et compromettre l’intégrité du système qui doit protéger la vie humaine et défendre la dignité’’, a insisté le président Faye.
Il a déclaré que le Sénégal qui préside le Comité pour l’exercice des droits inaliénables du peuple palestinien, créé en novembre 1975, fustige les menaces proférées par Israël à l’encontre du secrétaire général des Nations-Unies.
Il en appelle à ‘’l’esprit de solidarité et de fraternité islamique pour que cessent les souffrances du peuple palestinien’’ en prélude de la célébration le 26 novembre de la Journée internationale de solidarité avec le peuple palestinien.
Bassirou Diomaye Faye n’a pas manqué de proposer à l’OCI ”de demander la révocation immédiate des lois israéliennes illégales”.
L’Organisation pour Ia Coopération Islamique a été créée en septembre 1969 à la suite à de l’incendie criminel de la troisième mosquée de l’Islam (après celles de La Mecque et de Médine), Masdjid Al Aqsa à Jérusalem.
PAR Aoua Bocar LY-Tall
HOMMAGE À CHEIKH IBRAHIMA NIANG
EXCLUSIF SENEPLUS - Héritier spirituel de Cheikh Anta Diop, il a consacré sa vie à la recherche et à l'enseignement, tout en gardant une humilité exemplaire. J’ai eu le privilège de le connaître et le don de Dieu de faire partie de ses proches et ami-e-s
Un éminent Cheikh Anta'iste, Professeur Cheikh Ibrahima Niang a pris son envol pour l'éternité en ce 9 novembre 2024.
Connaître certaines personnes est un privilège.
Faire partie de leurs ami-e-s, de leurs proches est un don de Dieu (mayyu Yallah ou Dokke Allaah). Al hamdoulilahi ! Ce fut mon cas avec Cheikh Niang (comme l'appelaient les ami-e-s). J’ai eu le privilège de le connaître et le don de Dieu de faire partie de ses proches et ami-e-s. Quand affichant un large sourire, les yeux pétillants d’affection, Cheikh me disait : ‟HAoua”, appuyant sur le H, j'avais l'impression qu'il chantait mon nom. En fait, comme à l'égard de beaucoup de gens pour ne pas dire de tout un chacun, il transmettait ainsi sa bonté.
C'est dire que Cheikh Ibrahima Niang fut un frère, un grand ami, un camarade de classe et un compagnon de lutte politique dans le RND. Nous avons étudié ensemble au Département de Philosophie de l’Université Cheikh Anta Diop (Ch.A.D), puis, à l'Institut des Sciences de l'Environnement (ISE) créé par la Belgique au Sénégal et basé à la Faculté des Sciences de l’Université Ch.A.D.
Cheikh Niang et moi avions tellement évoqué le nom de Cheikh Anta Diop dans nos cours que tout le corps professoral de l'ISE décida de nous suivre pour aller le rencontrer. Il nous fit une présentation détaillée du Laboratoire Carbone 14. Tout un cours multidisciplinaire !
Les professeurs belges furent épatés par l’étendue de son savoir et aussi, étonnés de découvrir un scientifique de sa stature tout prêt de leur Institut sans avoir jamais avoir entendu parler de lui. Quand nous sortîmes de l’ISE, l'un d'eux me serra dans ses bras en me disant : "Merci Aoua et toi aussi Cheikh de nous avoir fait découvrir ce savant hors pair. Nous n'aurions jamais pu imaginer son existence au Sénégal et celui d’un Laboratoire Carbone 14."
Cheikh Niang fut un militant engagé du Mouvement étudiant au Rassemblement National (RND), parti fondé par le Professeur Cheikh Anta Diop en 1976. C’est un éminent Cheikh Anta'iste.
Même s'il n'avait pas pu y assister pour des raisons de santé, il avait donné son accord pour participer au Symposium de la célébration citoyenne du CENTENAIRE de Cheikh Anta Diop.
Il était membre du Comité scientifique. Aussi, il était prêt à produire un texte pour les Actes du Symposium. Dieu en a décidé autrement, mais l'intention vaut l'action.
Cheikh Niang était un homme pétri de valeurs humaines (humilité, bonté, gentillesse, générosité, etc.). D'une subtile gentillesse et d'une grande générosité matérielle et scientifique, à l'image de notre maître à penser, Cheikh Anta Diop, Cheikh Ibrahima Niang, c'était "l'Humilité dans la Grandeur". Malgré sa simplicité, il imposait la respectabilité.
Il fascinait aussi par son savoir et par sa capacité de le transmettre. Socio-anthropologue, il fut un brillant intellectuel, un enseignant-chercheur hors pair. Par ses recherches et leur diffusion, il a entre autres contribué à la compréhension des impacts sociaux et culturels de l’épidémie du VIH/SIDA et de la pandémie de la Covid-19 ainsi que de leur prévention en Afrique surtout de l’Ouest. Il fut aussi un expert conseil pour des organisations internationales telles l’OMS, l’ONU SIDA, la Banque mondiale, le PNUD et le BIT.
En ce 9 novembre 2024, de Dakar Cheikh a pris le chemin de retour à son Kolda natal sur la terre du Fouladou qu’il a tant aimée. Il rejoint ainsi au sein du ventre de la Terre-Mère sa mère Seynabou Carvalho et son père Cheikh Sidiya Niang, des parents qui ont fait de lui un homme ouvert aux autres, un Sénégalais de marque plurielle. C'est certainement celle-ci qui l'a fait passer de la philosophie à l'environnement, science par essence multidisciplinaire.
Cheikh Niang laisse en deuil sa famille, surtout sa sœur, Fatou, le monde scientifique et universitaire, ses étudiant-e-s ainsi que ses camarades du Mouvement étudiant et du RND.
Sa mémoire restera gravée dans le cœur de tous ceux qui l’ont connu ou rencontré simplement.
SVP, priez pour Cheikh Ibrahima Niang afin que sa belle Âme repose éternellement en paix.
De ta sœur, amie et camarade de toujours,
Dre Aoua Bocar LY-Tall, Sociologue/Environnementaliste.
DIOMAYE APPELLE À LA SOLIDARITÉ ISLAMIQUE ET À L’ACTION
«La situation en Palestine et au Liban constitue une tragédie humanitaire d’une ampleur sans précédent». Bassirou Diomaye Diakhar Faye interpelle ainsi à nouveau la communauté internationale sur le désastre humanitaire qui continue à Gaza et au Liban
L’Arabie Saoudite a réuni les 22 pays de la Ligue arabe et les 57 États membres de l’Organisation de la coopération islamique (OCI), dans le cadre d’un Sommet extraordinaire sur la situation en Palestine et au Liban. Lors de son discours à l’ouverture de cette rencontre, à Riyad, la capitale du royaume, hier, lundi 11 novembre 2024, le président de la République, Bassirou Diomaye Diakhar Faye, a appelé à une solidarité islamique et à une action internationale urgente pour restaurer la paix en Palestine et au Liban. Aussi a-t-il dénoncé les violences «intolérables» infligées aux civils ; non sans engager le Conseil de sécurité des Nations Unies (ONU) à imposer un cessez-le-feu immédiat.
«La situation en Palestine et au Liban constitue une tragédie humanitaire d’une ampleur sans précédent». C’est le président de la République du Sénégal, Bassirou Diomaye Diakhar Faye, qui interpelle ainsi à nouveau la communauté internationale sur le désastre humanitaire qui continue à Gaza (en Palestine) et au Liban. Lors de son discours hier, lundi 11 novembre 2024, à l’ouverture d’un Sommet extraordinaire sur la situation en Palestine et au Liban, à Riyad, auquel l’Arabie Saoudite a convié les 22 pays de la Ligue arabe et les 57 États membres de l’Organisation de la coopération islamique (OCI), le chef de l’Etat sénégalais a appelé, à une solidarité islamique et à une action internationale urgente pour faire face à l’escalade des violences en Palestine et au Liban. «Nous ne pouvons plus rester silencieux face à la souffrance quotidienne du peuple palestinien et aux violations répétées des droits fondamentaux», a déclaré le président Faye dans Apanews (APA), insistant sur la nécessité d’une réaction internationale coordonnée. Selon lui, la violence perpétrée contre les Palestiniens dépasse largement le conflit régional, et appelle à une mobilisation globale en faveur de la dignité humaine et de la justice.
APPEL AU RASSEMBLEMENT DE LA COMMUNAUTE INTERNATIONALE «POUR FAIRE CESSER LES VIOLENCES ET RESTAURER LA PAIX DANS LA REGION»
Revenant sur le rôle central que le Sénégal entend jouer dans la défense des droits des Palestiniens, Bassirou Diomaye Faye a invité le Conseil de sécurité des Nations Unies à faire preuve de détermination dans la mise en place d’un cessez-le-feu immédiat et d’un arrêt des hostilités dans la région. «Nous exhortons la communauté internationale à se rassembler pour faire cesser les violences et restaurer la paix dans la région», a-t-il insisté. Aussi le président Bassirou Diomaye Diakhar Faye a-t-il dénoncé les souffrances infligées aux civils dans la bande de Gaza, évoquant un «déchirement de l’humanité tout entière», rapporte le site d’informations Apanews. Et de rappeler que les familles palestiniennes sont confrontées à des attaques quotidiennes, des déplacements forcés et à des conditions de vie marquées par une extrême précarité. Cette crise, a-t-il souligné, exige une réponse proportionnée et des actions concrètes pour protéger les vies innocentes menacées. «Ce que vit aujourd’hui le peuple palestinien et les civils libanais sous nos yeux ne peut pas être ignoré. Le Sénégal réaffirme son soutien sans faille à une solution politique juste, basée sur une paix durable et le respect des droits internationaux», a réitéré le président Diomaye Faye, avant d’appeler l’OCI à intensifier ses efforts pour un soutien multilatéral à la Palestine et au Liban.
«RENFORCER LE SOUTIEN ET LA SOLIDARITE DE LA OUMMA ISLAMIQUE» ENVERS LA PALESTINE ET LE LIBAN ET «PROMOUVOIR UNE PAIX DURABLE DANS LA REGION»
D’ailleurs, ce sommet de Riyad vise à «renforcer le soutien et la solidarité de la Oumma islamique envers ces deux pays et à promouvoir une paix durable dans la région». Déjà, lors du Sommet de l’OCI, au mois de mai, à Banjul, le président Bassirou Diomaye Faye avait déclaré que le Sénégal était «particulièrement préoccupé par la situation catastrophique à Gaza», dénonçant «le regard indifférent de la communauté internationale», «l’inertie du Conseil de Sécurité» et le «mépris des règles humanitaires les plus élémentaires». Soutien de longue date des Palestiniens, le Sénégal préside le Comité pour l’exercice des droits inaliénables du peuple palestinien, créé en novembre 1975 par les Nations Unies (ONU). Et, «en tant que président nouvellement élu du Sénégal», un membre fondateur de l’OCI, créée en septembre 1969 suite à l’incendie criminel de la troisième mosquée de l’Islam (après celles de La Mecque et de Médine), Masjdi Al Aqsa à Jérusalem, le président Diomaye Faye avait renouvelé «le soutien indéfectible du Sénégal aux revendications légitimes de nos frères et sœurs palestiniens, pour un Etat viable et souverain, avec Jérusalem Est comme capitale, conformément aux résolutions pertinentes des Nations Unies». Alors avait-il également appelé à «une mobilisation plus conséquente de la Oummah islamique pour un cessez le feu immédiat à Gaza et la solution à deux Etats, seul gage d’une paix durable dans la région».