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22 novembre 2024
International
LA CPI PASSE À L'OFFENSIVE CONTRE NETANYAHU
La Cour pénale internationale a émis jeudi des mandats d'arrêt contre le Premier ministre israélien et son ancien ministre de la Défense Yoav Gallant pour crimes contre l'humanité et crimes de guerre à Gaza
(SenePlus) - D'après le New York Times (NYT), la Cour pénale internationale (CPI) a émis jeudi des mandats d'arrêt à l'encontre du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et de l'ancien ministre de la Défense Yoav Gallant pour "crimes contre l'humanité et crimes de guerre dans la bande de Gaza".
Selon le quotidien américain, le procureur en chef Karim Khan avait sollicité ces mandats en mai dernier, visant simultanément les dirigeants israéliens et trois hauts responsables du Hamas. La CPI accuse notamment Israël d'avoir utilisé "la famine comme arme de guerre" et d'avoir "intentionnellement dirigé des attaques contre la population civile".
Le journal rapporte également qu'un mandat d'arrêt a été émis contre Muhammad Deif, chef militaire du Hamas, pour "crimes contre l'humanité, incluant meurtres, prises d'otages et violences sexuelles". Le New York Times précise qu'Israël avait annoncé en août avoir tué Deif, tout comme Yahya Sinwar et Ismail Haniyeh, deux autres dirigeants du Hamas initialement visés par la requête du procureur.
Ces mandats interviennent dans un contexte de pression internationale croissante sur Israël. Comme le souligne le NYT, bien qu'Israël maintienne conduire ses opérations "conformément au droit international de la guerre", sa légitimité sur la scène mondiale s'érode face aux critiques concernant sa gestion du conflit à Gaza.
Le quotidien américain rapporte la réaction virulente de Benny Gantz, leader de l'opposition israélienne, qui a qualifié ces mandats de "disgrâce historique qui ne sera jamais oubliée". Il note que pour beaucoup en Israël, la guerre à Gaza - déclenchée en réponse à l'attaque du Hamas - reste fondamentalement légitime.
Le New York Times précise qu'Israël n'étant pas membre de la CPI et ne reconnaissant pas sa juridiction, Netanyahu et Gallant ne risquent pas d'être arrêtés sur leur territoire. Cependant, ils pourraient l'être s'ils voyagent dans l'un des 124 pays membres de la Cour, incluant la plupart des pays européens, mais pas les États-Unis.
MALI, LE PREMIER MINISTRE CHOGUEL MAÏGA DÉMIS DE SES FONCTIONS
Son limogeage a été acté par un décret présidentiel lu à la télévision publique, ORTM, par le secrétaire général du gouvernement. Le désormais ex-Premier ministre avait déploré le fait “de ne pas être impliqué aux décisions concernant la transition”.
Dakar, 20 nov (APS) – La junte militaire au pouvoir au Mali a annoncé mercredi le limogeage du Premier ministre Choguel Maïga, cinq jours après ses interrogations publiques sur la durée de la transition militaire dans le pays, a-t-on appris de source médiatique.
Le limogeage de M. Maïga a été acté par un décret présidentiel lu à la télévision publique, ORTM, par le secrétaire général du gouvernement, Alfousseini Diawara.
Choguel Kokalla Maiga , 66 ans, à la tête du gouvernement de transition depuis le 7 juin 2021, a, le 16 novembre dernier, exprimé publiquement son désaccord avec les militaires au pouvoir au sujet de la durée de la transition.
Le Premier ministre avait déploré le fait, disait-il, “de ne pas être impliqué aux décisions concernant la transition”.
LA JUNTE MALIENNE ÉCARTE SON PREMIER MINISTRE
Cette décision intervient suite aux critiques acerbes formulées par Choguel Maïga le 16 novembre à l'encontre des militaires. Il avait notamment dénoncé son exclusion du processus décisionnel et contesté le report unilatéral des élections
(SenePlus) - Le Premier ministre malien Choguel Maïga a été démis de ses fonctions par décret présidentiel. L'annonce a été faite à la télévision nationale ORTM par le secrétaire général de la présidence ce mercredi 20 novembre, marquant également la fin des fonctions de l'ensemble du gouvernement.
Cette décision intervient dans un contexte tendu, suite aux critiques acerbes formulées par Choguel Maïga le 16 novembre à l'encontre des autorités militaires. L'ancien Premier ministre avait notamment dénoncé son exclusion du processus décisionnel et contesté le report unilatéral des élections censées marquer le retour à l'ordre constitutionnel.
Arrivé à la primature en juin 2021 après le second coup d'État militaire, Maïga avait auparavant qualifié le régime de "régime militaire déguisé", comme le rappelle RFI. Il s'était fait remarquer par ses déclarations fracassantes, notamment lorsqu'il avait accusé la France d'"abandon en plein vol" à la tribune des Nations unies.
Ses relations avec les colonels, désormais promus généraux, n'ont cessé de se détériorer. Un proche collaborateur qui avait dénoncé son éviction du pouvoir en mai dernier s'est retrouvé emprisonné et condamné pour "atteinte au crédit de l'État".
L'avenir s'annonce incertain pour l'ancien Premier ministre. D'après RFI, il pourrait faire face à des poursuites judiciaires, les organisations pro-junte l'accusant de "haute trahison" et de "déstabilisation". Une détention préventive n'est pas à exclure, ce qui pourrait entraver ses activités politiques, à l'instar d'autres figures politiques maliennes actuellement détenues.
Dans le sillage de ce limogeage, Maïga pourrait tenter de se positionner comme opposant en vue d'éventuelles élections futures. Cependant, comme le souligne RFI, sa crédibilité risque d'être compromise après "trois ans et demi au service du régime".
UNE NOUVELLE ÈRE POUR LES ACCORDS DE PÊCHE UE-AFRIQUE ?
La situation sénégalaise pourrait faire école dans un contexte de raréfaction des ressources halieutiques. Actuellement, huit accords de pêche restent en vigueur entre Bruxelles et des pays africains, avec des montants variables
(SenePlus) - La décision du Sénégal de mettre fin à ses accords de pêche avec l'Union européenne marque un tournant potentiel dans les relations halieutiques euro-africaines. Cette rupture, effective depuis le 17 novembre, contraint les navires européens à quitter les eaux sénégalaises, privant le pays d'une allocation annuelle de 8,5 millions d'euros.
Cette décision s'inscrit dans la vision politique des nouvelles autorités sénégalaises. Lors d'un meeting préélectoral le 29 octobre, Ousmane Sonko, aujourd'hui Premier ministre, affirmait clairement que "ces accords ne sont pas favorables au Sénégal". Le président Bassirou Diomaye Faye avait prévenu l'UE de "sa volonté de réviser ces accords, afin d'assurer qu'au moins 80% des ressources de pêche profitent au Sénégal".
L'enjeu est crucial pour ce pays ouest-africain où, selon les Nations unies citées par Jeune Afrique (JA), la pêche fait vivre 600 000 personnes sur une population de 18 millions d'habitants.
La situation sénégalaise pourrait faire école. Selon JA, Actuellement, huit accords de pêche restent en vigueur entre l'UE et des pays africains, avec des montants variables. La Mauritanie, par exemple, reçoit 60 millions d'euros annuellement pour un accord "mixte", tandis que la Guinée-Bissau perçoit 17 millions d'euros.
La Côte d'Ivoire se trouve dans une position particulière. Son accord, qualifié de "dormant" depuis juillet dernier, est en cours de renégociation. Il lui rapportait jusqu'alors 682 000 euros annuels, permettant à 36 navires européens d'opérer dans ses eaux.
L'exemple sénégalais n'est pas isolé. Jeune Afrique rappelle que les Comores ont déjà connu une rupture similaire en 2018, perdant 300 000 euros de subventions européennes. Plus récemment, le Maroc a vu son accord définitivement annulé par la Cour de Justice de l'UE en octobre 2024.
Cette évolution pourrait préfigurer une redéfinition plus large des relations halieutiques entre l'Europe et l'Afrique, avec une tendance croissante à la préservation des ressources locales et à la défense des pêcheurs traditionnels.
UNE ASSEMBLÉE DE RUPTURE
Lutte contre la corruption, réforme des institutions, transformation de l'économie... Amadou Ba dévoile l'agenda chargé de la nouvelle majorité parlementaire. La reddition des comptes est promise, mais sans précipitation ni esprit de revanche
(SenePlus) - Le Pastef, parti du président Bassirou Diomaye Faye, sort largement victorieux des élections législatives anticipées du 17 novembre, remportant "au minimum 40 départements" selon Amadou Ba, tête de liste à Thiès aux législatives, interrogé mardi sur TFM.
Dans un long entretien, M. Ba a détaillé les priorités de la nouvelle majorité parlementaire, plaçant l'économie au cœur des préoccupations. "L'urgence, ce sont les questions économiques, la prospérité, le bien-être des Sénégalais", a-t-il souligné, rappelant que le pays fait face à un taux de chômage de 22% et que 34,4% des jeunes sont sans activité.
Concernant la stratégie économique, le représentant du Pastef a mis l'accent sur plusieurs leviers : "Il y a beaucoup de niches fiscales qui peuvent alimenter le budget, beaucoup d'amnisties fiscales injustifiées à supprimer." Il a également évoqué la mobilisation de l'épargne nationale et de la diaspora comme sources de financement.
Sur la question sensible de la loi d'amnistie, M. Ba a apporté d'importantes précisions : "Il n'y a pas d'amnistie possible pour les crimes et délits qualifiés de crimes contre l'humanité selon le statut de la Cour pénale internationale." Il a rappelé que "le Sénégal a des procédures en cours contre les anciennes autorités auprès de la CPI."
Concernant la reddition des comptes, autre promesse phare du Pastef, le responsable politique assure qu'elle sera effective "avant la fin du mandat" mais précise qu'elle se fera "dans le strict respect du code de procédure pénale."
Le premier grand chantier de cette nouvelle assemblée sera le vote du budget avant la fin de l'année. M. Ba s'est dit confiant quant à son adoption rapide, appelant l'opposition à comprendre "l'urgence et la nécessité" de ce vote.
S'agissant des réformes institutionnelles, il a insisté sur la nécessité de "diminuer les prérogatives du président de la République" tout en soulignant que ce n'était pas la priorité immédiate face aux défis économiques.
Pour le fonctionnement de l'Assemblée nationale, M. Ba promet une rupture avec les pratiques passées : "L'Assemblée nationale n'a jamais pu jouer son rôle, en dépit des compétences qui lui sont dévolues par la Constitution. C'était quasiment une annexe politique du pouvoir."
Cette large victoire donne au président Faye "toutes les cartes en main pour appliquer la transformation systémique du pays", selon M. Ba, qui voit dans ce résultat un signal fort de la population en faveur de la stabilité politique, "premier critère pour le développement économique."
LA GRANDE BASCULE DES RÉSEAUX SOCIAUX
L'élection présidentielle américaine de 2024 a révélé une domination écrasante de la droite sur les réseaux sociaux, notamment via Truth Social et X. Les démocrates, autrefois maîtres du jeu en ligne, se retrouvent dépassés dans la bataille numérique
(SenePlus) - L’élection présidentielle américaine de novembre 2024 a mis en lumière un déséquilibre croissant sur les réseaux sociaux : les plateformes de droite, comme Truth Social ou X (anciennement Twitter), dominent désormais largement les débats politiques en ligne, laissant les démocrates en position de faiblesse.
Alors que les partisans de Donald Trump célébraient sa victoire sur des sites comme Truth Social, Gab et Parler, les démocrates peinaient à trouver des espaces comparables pour promouvoir leurs idées. Même les plateformes traditionnelles comme Facebook, Instagram et Threads de Meta, qui avaient autrefois joué un rôle central dans les discussions politiques, ont réduit leur visibilité des contenus politiques ces dernières années.
Un changement après le 6 janvier 2021
Cette situation découle de décisions prises par les géants technologiques après l’attaque du Capitole en janvier 2021. Facebook et Twitter avaient à l’époque suspendu les comptes de Donald Trump et d’autres figures d’extrême droite, ce qui avait poussé ces derniers à créer ou rejoindre des plateformes conservatrices. Ces nouveaux espaces, comme Truth Social lancé en 2022 par l’ancien président, ont permis à la droite de renforcer son audience et son influence en ligne.
Pendant ce temps, Meta s’est éloigné de la politique, en supprimant des outils de suivi de la désinformation et en dissolvant son équipe dédiée à l’intégrité des élections. Elon Musk, après avoir racheté Twitter et l’avoir rebaptisé X, a transformé la plateforme en un puissant outil de communication pour Donald Trump, notamment grâce à son propre compte très suivi.
Un impact visible sur l’élection
Le jour du vote, les publications de Donald Trump sur X et Facebook ont généré beaucoup plus d’engagement que celles de la vice-présidente Kamala Harris. Sur Facebook, le message le plus populaire de Trump a recueilli 160 000 “likes” contre seulement 18 000 pour celui de Harris. Sur Instagram, les écarts étaient encore plus marqués, avec 2,1 millions de “likes” pour Trump contre 569 000 pour Harris.
Ce décalage illustre l’ascendance des plateformes de droite et l’incapacité des démocrates à construire une infrastructure numérique équivalente. “Personne ne crée d’espace pour les partisans démocrates qui pourrait rivaliser avec ce que les plateformes actuelles font pour les causes républicaines”, a déclaré Phillip Walzak, consultant politique à New York.
Des alternatives émergent, mais trop tard
Certaines alternatives, comme Bluesky et Mastodon, ont tenté d’attirer les utilisateurs de gauche. Bluesky, lancé en février 2023, a vu son nombre d’utilisateurs atteindre 15 millions depuis l’élection. Cependant, ces plateformes n’ont pas encore la portée nécessaire pour compenser le désavantage démocrate sur les grandes plateformes.
Pour Joan Donovan, professeure à l’Université de Boston, la domination des réseaux sociaux par la droite est le résultat d’une stratégie délibérée et efficace visant à fusionner les idées conservatrices avec des espaces médiatiques spécifiques.
Alors que la droite consolide son emprise sur le débat numérique, les démocrates doivent repenser leur stratégie en ligne s’ils veulent réduire cet écart et mobiliser efficacement leurs partisans.
Pour en savoir plus, lisez l’article original de Sheera Frenkel dans le New York Times (17 novembre 2024).
L’ASSOCIATED PRESS ANNONCE UNE RÉDUCTION DE PERSONNEL DE 8 %
La baisse des revenus serait à l’origine de ces coupes, qui concerneraient potentiellement 121 salariés éligibles à un plan de départ volontaire. L’objectif affiché est d’éviter des licenciements secs
(SenePlus) - L’Associated Press (AP), l’une des principales agences de presse mondiale, a annoncé lundi une réduction de son personnel de 8 %. Ces coupes, qui passeront par des départs volontaires, s’inscrivent dans une stratégie visant à répondre aux mutations rapides de l’industrie des médias. Cette décision intervient seulement deux semaines après les élections de mi-mandat aux États-Unis, où l’agence a joué un rôle clé en annonçant les résultats électoraux dans tout le pays.
Dans un communiqué, AP a justifié ces mesures par la nécessité de répondre aux « besoins évolutifs de [ses] clients » tout en maintenant son statut d’agence de presse indépendante à grande échelle dans un contexte de transformation du secteur. Ces réductions affecteront aussi bien les équipes éditoriales que les services administratifs.
Selon une note adressée aux employés par le syndicat AP News Guild, la baisse des revenus serait à l’origine de ces coupes, qui concerneraient potentiellement 121 salariés éligibles à un plan de départ volontaire. L’objectif affiché est d’éviter des licenciements secs.
L’agence, une coopérative qui vend ses contenus à des organisations membres, fait face à une pression financière croissante. Plusieurs clients majeurs, comme Gannett (éditeur de USA Today) et McClatchy (The Sacramento Bee), ont abandonné les services d’AP cette année, ce qui a exacerbé ses difficultés économiques.
Malgré ces défis, l’Associated Press reste l’un des rares médias à maintenir une couverture véritablement mondiale, bien que des compressions successives aient réduit ses effectifs de correspondants internationaux. Ce contexte est d’autant plus complexe que les libertés de la presse sont de plus en plus menacées dans certaines régions du globe.
Ces ajustements interviennent après une augmentation temporaire des effectifs de l’agence pour couvrir les élections américaines, grâce à l’embauche de milliers de contractuels dédiés à l’analyse des résultats.
LES VÉRITÉS D'ALMAMY WANE
Le mérite de Pastef, c’est d’avoir réussi à convaincre les Sénégalais sur la possibilité d'un autre Sénégal. Le fait d’avoir réduit l’ancien, « Tout-Puissant » Macky Sall à une tête de liste en campagne sur son téléphone relève de l’exploit - ENTRETIEN
Alors que Donald Trump vient de retourner à la Maison Blanche et que les BRICSs’affirment de plus en plus comme une force alternative du sud global face à l’hégémonie occidentale, le Sénégal vote ce week-end pour les élections législatives déclenchées par le président de la République BassirouDiomaye Faye. Occasion de questionner un écrivain qui s’exprime peu. Il a arpenté les méandres de la Françafrique en compagnie de l’ancien Président de Survie François Xavier Verschave, plongé sa plumedans les convulsions politiques du Sénégal, Almamy Mamadou Wane s’est retiré un peu du monde médiatique après la parution de sa dernière poésie sociale : le secret des nuages paru en 2018. Roundup à tire d’aile d’une actualité dans un monde où comme l’effet papillon, tout est lié.
Kirinapost :Vous vous faites discret depuis un certain temps. Parfois les poètes gardent le silence ?
Almamy Mamadou Wane : J’ai observé avec joie, l’évolution de notre pays où l’humain, revient de plus en plus au centre du jeu politique malgré les soubresauts et les complots de toutes sortes. La poésie, est une « arme » contre les certitudes établies et elle permet de ramener le goût pour l’Homme c’est-à-dire un peu de lucidité dans un monde de la terreur. Nous avons connu la terreur au Sénégal sous Macky Sall.
Les cris de la jeunesse ont enfin été entendus. Une jeunesse, dont le courage et la détermination, ont permis le triomphe sur l’imposture et la servilité du dernier françafricain. Ce n’était pas un exploit intellectuel, mais un combat historique, avec ses martyrs, porté par une jeunesse décidée à changer son destin bridé, depuis les indépendances.
Kirinapost : Comment voyez-vous l’arrivée de Pastef au pouvoir justement ?
Almamy Mamadou Wane: C’est une chance pour le pays tant les hommes politiques qui se sont succédés au sommet de l’État, ont montré leurs limites dans la gestion des affaires du pays. En réalité, depuis l’alternance en 2000, des politiciens professionnels se sont illustrés par leur capacité à organiser la captation des ressources de l’État. On entre en politique pour s’enrichir et de façon plus pernicieuse pour rationaliser la pauvreté, sans oublier au passage d’enrichir toutes sortes d’investisseurs étrangers au mépris de nos lois et règlements, en toute impunité. Le duo Sonko-Diomaye, porte cette aspiration populaire pour plus de justice et surtout pour une autre façon de faire de la politique. Le mérite de Pastef et de ses dirigeants, c’est d’avoir réussi à convaincre les Sénégalais sur la possibilité de construire un autre Sénégal souverain et prospère où la bonne gestion des affaires publiques, ne serait pas une sorte de mirage électoraliste.
Kirinapost : Le parcours d’Ousmane Sonko mérite bien une cuisine non ?
Almamy Mamadou Wane : C’est un parcours hors-norme qui mérite une analyse profonde, car son ascension politique, coïncide avec l’éveil du peuple sénégalais et les fulgurantes mutations d’un monde devenu dangereux, à tout point de vue. De par sa posture politique, il rompt avec l’entre soi politique sénégalais, avec ses usages et ses fausses ambitions pour un Sénégal pour tous. On perçoit chez lui, un amour pour le pays et pour le peuple sénégalais.
Le fait d’avoir réduit l’ancien, « Tout-Puissant », président Macky Sall à une tête de liste qui fait campagne sur son téléphone, relève de l’exploit. La reddition des comptes a fait son effet. Sa stratégie pour permettre la victoire de Bassirou Diomaye Faye à l’élection présidentielle dont il était exclu, est un fait politique inédit. Le Premier ministre Ousmane Sonko, est aussi l’un des rares hommes politiques sénégalais à dénoncer ouvertement les relations asymétriques qui nous lient à l’Europe. Ce pan important, de notre longue errance économique et politique, était laissé jusqu’ici à des spécialistes et à quelques rares journalistes.
Kirinapost : Nous allons vers une recomposition politique. Comment la voyez-vous ?
Almamy Mamadou Wane : C’est une recomposition inexorable à ce stade. Elle tétanise les partisans de l’ancien régime et ses alliés. La violence qui en découle, constitue l’argument de certains politiciens professionnels qui occupent l’espace politique depuis longtemps sans changer le quotidien des Sénégalais. Les partis dans leur version classique, sont devenus au fil du temps les réservoirs d’un immobilisme qui se réfugie souvent dans la péroraison politicienne et qui accorde peu d’intérêt à l’électeur. Les élections législatives du 17 novembre, consacreront la fin de la recomposition politique qui a commencé en 2019. Deux camps distincts s’affrontent désormais, celui de la rupture systémique prônée par le duo Faye-Sonko et celui de l’immobilisme concussionnaire le plus rétrograde. L’avenir de la relation Sonko-Diomaye est intrinsèquement lié à la gestion bonne ou mauvaise des « victimes » de la recomposition politique. À mon sens, l’unité nationale dépendra aussi de la viabilité de la relation Sonko-Diomaye, car nous sommes dans une période difficile pour le pays. Les défaits de la recomposition politique ne manqueront pas de jouer la carte du « double guichet ». La rupture avec l’ancien système de prédation doit être totale. Il faut espérer, que la révolution citoyenne du 24 mars, avec l’élection du President Faye, soit complétée au soir du 17 novembre par une large victoire du camp des Patriotes.
Kirinapost :Avec feu François Xavier Verschave, vous avez écrit il y a près de 30 ans sur la gouvernance, la souveraineté et la Françafrique. Qu’est-ce qui fait que tout ça n’est audible que maintenant ?
AlmamyMamadouWane: Je pense qu’il fallait un temps de maturation, aussi, il n’y avait pas assez d’hommes politiques et d’intellectuels pour porter le combat. Certains ont considéré qu’il y avait plus de coups à prendre que de promotions.
Il est vrai que nous avions débattu longtemps de ces choses-là devant les tribunaux, car cela perturbait le « confort » de certains hommes politiques en France et en Afrique. C’était un discours révolutionnaire longtemps criminalisé. Nous avions semé des graines et le résultat est pour le moins intéressant et ce n’est qu’un début…
Kirinapost : L’avenir du Sénégal est dans la CEDEAO ou dans l’AES ?
Almamy Mamadou Wane : C’est une question à laquelle il est difficile de répondre. L’avenir du Sénégal est dans une Afrique unie et solidaire. Une Afrique qui regarde le monde avec lucidité, sans angélisme, sans complexe aucun et en toute connaissance de cause. Le Sénégal ne peut échapper à ses obligations historiques et géographiques. Il ne peut survivre artificiellement en feignant d’ignorer, les mutations en cours dans son environnement immédiat. Aujourd’hui, les relations internationales, se fondent sur des rapports de force de plus en plus aiguisés, avec une lourde tendance pour la guerre qui est redevenue, l’argument le plus usité. La diplomatie, semble figée au moment où les institutions internationales semblent disqualifiées. C’est un moment inquiétant et détonnant. Il faut souhaiter la réhabilitation du courage en politique au détriment du pessimisme largement partagé et entretenu par la terreur.
Kirinapost :Assiste-t-on à la fin de la francafrique ?
Almamy Mamadou Wane : Au fil du temps, elle a accumulé les défaites et cela va continuer.
Tout ce qui sera mis en oeuvre pour conduire les pays africains vers la bonne gouvernance, qui implique une gestion rationnelle des ressources naturelles et l’État de droit, contribuera de facto à l’empêcher de nuire. La françafrique, émanation du néocolonialisme, préfère toujours avoir à faire à une « élite » servile, souvent médiocre et non patriote qui montre sa capacité à organiser la mise en coupe réglée du continent. Le destin de la françafrique est, paradoxalement, entre les mains des Africains. Il appartient aux Africains, d’y mettre un terme. Ma conviction est que nous allons dans le bon sens et qu’il n’y aura pas plus de mise à jour du système d’exploitation …
Kirinpost : La victoire et le retour de Trump au pouvoir ? Cela vous inspire quoi ?
Almamy Mamadou Wane : Étrange monde dans lequel nous vivons. L’homme « décrié » a fini par l’emporter contre toute attente. À vrai dire, ce sont les citoyens américains qui ont choisi de le porter à la maison blanche par rapport à un programme bien déterminé. Il aura beaucoup de mal à recoller les morceaux dans un pays divisé et peut-être que cette mission difficile l’empêchera de faire la guerre ici ou là. Plus sérieusement, les fractures au sein de la société américaine, sont préoccupantes et les charmes d’un souverainisme étriqué, pourront, à moyen terme, avoir des conséquences économiques désastreuses dans le monde.
Kirinapost : Quid des BRICS qui s’affirment de plus en plus ?
Almamy Mamadou Wane : L’arrivée des BRICS, avec ses conséquences géopolitiques et géostratégiques, marque la fin d’un monde unipolaire. Cette période que nous vivons est aussi importante et décisive que celle qui a précédée la chute du mur de Berlin. C’est un moment aussi qui correspond à une volonté partagée d’émancipation sur le continent africain. Malgré tout cela, l’avenir semble incertain alors que nous vivons les conséquences désastreuses du passé.
Kirinapost : Nous sommes en pleine biennale. La culture est essentielle pour le renouveau africain
Almamy Mamadou Wane : La culture doit revenir au centre de nos politiques publiques. Le Sénégal a la particularité et la chance d’être à un niveau international qui ne correspond pas à sa capacité de production et d’échange. C’est par la culture, cette autre richesse naturelle, que l’Afrique pourra retrouver son chemin afin de contribuer à ré-humaniser le monde. C’est à sa portée car malgré les multiples agressions anciennes et contemporaines, l’Afrique a su faire preuve de résilience et de courage en arborant une arrogante jeunesse…
UN ENJEU CRUCIAL POUR LA PAIX DU MONDE
La paisible cité de Cadenabbia, aux pieds des collines et lacs verdoyants, dans le Nord de Milan, en Italie, abrite depuis hier, lundi 18 novembre 2024, la conférence internationale des experts sur la Résolution de la crise dans les pays du Sahel.
La paisible cité de Cadenabbia, aux pieds des collines et lacs verdoyants, dans le Nord de Milan, en Italie, abrite depuis hier, lundi 18 novembre 2024, la conférence internationale des experts sur la Résolution de la crise dans les pays du Sahel. C’est une initiative du Bureau de Berlin, en Allemagne, de la fondation Konrad Adenauer, dans la perspective de créer un carrefour d’échanges des experts sur les axes majeurs de sortie de crise. Les enjeux et défis sont immenses et l’urgence d’une synergie des interventions est requise pour bâtir durablement la paix et la stabilité dans cette région située entre l’Afrique au Sud, le Sahara et le Maghreb.
Cette conférence, ouverte hier lundi et ce pour trois jours, à Cadenabbia dans le Nord de Milan, en Italie, regroupe les experts de différents rangs sur la recherche de solution à la crise qui secoue avec fracas les pays du Sahel. L’initiative porte les empreintes du Bureau de Berlin de la fondation Konrad Adenauer et vise à créer un carrefour d’échange sur les problématiques majeures qui affectent cette région du Nord de l’Afrique. Il s’agit entre autres de l’insécurité quasi permanente sur fond d’attaques djihadistes, des questions de gouvernance, de l’impact des changements climatiques, de l’aide humanitaire aux populations de plus en plus vulnérables, de la politique migratoire et de la paix dans un contexte géopolitique mondiale en constante mutation.
Et malgré les efforts des Nations Unies (ONU), de l’Union européenne (UE), de la Communauté des Etant de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) et d’autres instances notamment le G5 Sahel (Burkina Faso, Mauritanie, Niger, Mali et le Tchad, à l’origine), la situation reste préoccupante sur le terrain. L’approche de cette conférence est de porter le regard sur les besoins fonctionnels des populations de cette communauté des Etats du Sahel, en termes d’investissements structurants, de bonne gouvernance politique, sociale et économique, de la valorisation du potentiel local pour freiner la migration irrégulière et de stabilité sous régionale.
Au cours des échanges, il est plusieurs fois apparu l’influence des puissances étrangères sur fond de repositionnement notamment la Russie et la Chine, face au coup de froid qui caractérise les relations France/Afrique.
Les conclusions de cette conférence aideront sans doute les décideurs à mutualiser leurs efforts dans le sillage de la reconstruction de ces Etats du Sahel, aussi bien leurs institutions de gouvernance que les infrastructures. Ce qui, assurément, accompagnera ces communautés à retrouver l’espoir, celui d’une vie meilleure sur une terre qui les a vus naître mais, aujourd’hui, sous le contrôle des groupes armés, dans des Etats fragilisés par des coups de force (avec des régimes militaires) et sans perspective immédiate de retour à l’ordre constitutionnel.
EXCLUSIF SENEPLUS - La Biennale transforme l'école ARUBA en un écrin où dialoguent les œuvres des maîtres disparus et contemporains. Les designers sénégalais y démontrent que l'art peut sublimer l'architecture
Ce samedi 16 novembre 2024, la Biennale de Dakar a connu un de ses plus forts moments et offert aux Dakarois et étrangers de passage, une de ses plus belles expositions dans un endroit qui a le mérite poser la problématique entre architecture, urbanisme et beaux-arts, dans toute son acuité, à savoir, l’école Supérieure d’architecture, d’urbanisme et des beaux-arts de Dakar, ARUBA.
Il s’est agi dans ce lieu d’une rare beauté d’exposer des grands maîtres de notre peinture, parfois disparus comme Félicité Kodjo, Amadou Sow, Ibrahima Kébé ou Souleymane Keïta, ou d’une grande actualité créatrice comme Abdoulaye Konaté, Soly Cissé, Serge Corréa, Moussa Traoré, Chalys Lèye, Birame Ndiaye ou d’accueillir un collectif de designers sénégalais dont les créations valorisent l’architecture, et posent avec talent l’idée d’urbanité, étincelle vivante de l’urbanisme s’il en est.
Les invités furent saisis de cette présence d’architectes et d’urbanistes de renom qui à l’instar de Sawalo Cissé, illustrent ce que fut cette célèbre école de Dakar d’architecture et des beaux-arts de l’époque Lods, symbole esthétique d’une certaine idée de Dakar, ville qui par la poétique de son nom et de son architecture inspira le titre d’un de ses plus beaux albums à John Coltrane.
L'art de l'architecte et celui de l'urbaniste sont ici étroitement liés ; aucun architecte ne peut ignorer tes contraintes urbanistiques de l'implantation du logement ; aucun urbaniste ne peut ignorer les contraintes spécifiques du logement qui permettent soit leurs groupements, soit leurs dispersions.
Cette exposition est vivante et vivace d’élégance et de poésie, et exprime par le choix même des exposants, ce que les concepteurs de ARUBA, amenés par Emile Diouf, Abib Diène, Chérif Diattara, Saabibou Diop ou Coly Faye, souhaitent inculquer à leurs étudiants : Une ville se pense. Tandis que la nôtre est à panser.
Faites un tour à ARUBA, vous en serez émerveillés par le talent de nos artistes exposés, et aussi part la collection privée des œuvres de Abib Diène et Emile Diouf entre autres, et vous serez conquis par cet environnement propice à la création et au travail d’urbanisme nécessaire au développement de nos villes, pour que la pensée qui y est diffusée nous éloigne de l’idée que nos architectes aujourd’hui soient rémunérés au kilo de béton.
ARUBA nouveau concept est le lieu où l'art et l'architecture entretiennent un lien étroit et complexe, tissant un dialogue continu au fil des époques. L'architecture, bien que souvent considérée comme une discipline scientifique pour sa part technique, est indéniablement un art dans sa dimension créative.
En visitant cette exposition, vous découvrirez que le programme d'architecture d’ARuBA-Sup est conçu pour former les futurs leaders du domaine, en leur offrant une solide base théorique et pratique, tout en mettant l’accent sur l’innovation, la durabilité, et l’expertise technique. Vous comprendrez alors qu’en mettant l'accent sur les concepts de durabilité, d'inclusion sociale et d'innovation, ARUBA offre une formation complète aux futurs urbanistes à la gestion des espaces urbains, au développement durable, et aux pratiques d’aménagement du territoire.
Parce que l'accent est mis sur la créativité, l'innovation et le façonnage des matériaux, il s‘agit de permettre aux étudiants de développer des compétences artistiques, techniques et pratiques appliquées à la conception architecturale et urbaine.
Vous qui rêvez encore de toutes les beautés de nos espaces urbains traversés par les talents de nos artistes et architectes urbanistes, faites un tour au Point E, Rue A angle Avenue Cheikh Anta Diop, vous serez réconciliés avec vos désirs d’urbanités et de civilités urbaines.