iGFM (Dakar) Le gouvernement de Sierra Leone parle désormais d’une tentative de coup d’État après les violences qui ont éclaté dimanche à Freetown. Des inconnus armés ont attaqué des baraquements militaires, une armurerie, des centres de détention. Ce mardi, les autorités ont reconnu qu’il s’agissait d’une tentative de putsch perpétrée par des soldats actifs ou à la retraite.
C'est officiel. L’attaque de dimanche était bien une tentative de putsch. Il s'agissait d'une opération pour « subvertir illégalement et renverser le gouvernement démocratiquement élu », a déclaré le ministre de l’Information. Selon Chernor Bah, la plupart des meneurs de ce coup de force sont maintenant soit en détention, soit en fuite. Les autorités ont diffusé une liste d’une trentaine de personnes à la fois civils et militaires, actuellement recherchées.
Ce mardi après-midi, des renseignements ont permis l’arrestation de plusieurs suspects. L’un d’eux a résisté et a tiré sur une patrouille avant d’être interpelé.
Le chef d’état-major Patrick Lavahun a révélé que des poursuites étaient engagées à Freetown, notamment dans le quartier résidentiel Allen Town, où deux véhicules contenant des armes ont été récupérés lundi. La traque s’étend même à l’extérieur de la ville, jusqu’à Koya, à environ 40 km.
Plus de détails sur les affrontements
Le lieutenant-général a aussi donné plus de détails sur les affrontements de dimanche. Les désormais putschistes auraient d’abord pénétré vers 3h du matin dans l’armurerie au rond-point Congo Cross. Des combats se sont engagés. Un assaillant a été tué sur place, les autres sont partis avant de prendre d’assaut les baraquements militaires de Wilberforce. Ils ont été repoussés et s’en sont pris à une unité militaire logistique. L’un d’eux a alors été mortellement blessé. Le dernier bilan s’élève à 21 morts dont 14 soldats et trois assaillants.
Des centres de détention ont aussi été attaqués, notamment la prison centrale. Au total, 2 213 détenus ont pu s’évader. Quelques dizaines sont revenus volontairement. Les autorités ont promis une récompense pour arrêter les prisonniers dans la nature et les assaillants.
SAYTUSEN2024, POUR UNE PRÉSIDENTIELLE FIABLE
Face aux risques croissants de fausses informations autour du scrutin de février 2024, des ONG et médias prennent les devants en s'unissant dans une alliance citoyenne de vérification des faits destinée à préserver la sincérité du processus démocratique
Brice Folarinwa de SenePlus |
Publication 28/11/2023
Alors que l'élection présidentielle de 2024 approche à grands pas au Sénégal, les risques de propagation de fausses informations sont de plus en plus grands. Pour y faire face, des acteurs des médias et de la société civile ont décidé de s'unir au sein de l'alliance SaytuSEN2024. Objectif : lutter activement contre la désinformation qui pourrait entacher le scrutin.
"Depuis des mois, les récits sans fondement se multiplient sur les réseaux sociaux et dans la presse, dans le but de faire la promotion ou la critique de tel ou tel candidat", déplore Africa Check, à l'origine de cette initiative dans un communiqué publié ce mardi 28 novembre 2023. Selon cette ONG de vérification des faits, "ces allégations sans preuve peuvent nuire à la paix sociale et à la sincérité du vote".
Pour endiguer ce fléau, le collectif réunissant entre autres La Maison des Journalistes, Sétanal Média ou Divan Citoyen va produire et relayer activement des contenus de fact-checking, en respect du Code de la presse sénégalaise et des principes de véracité de l'International Fact-Checking Network. "Notre objectif est de déconstruire les rumeurs et informations trompeuses qui circulent", explique le texte.
À l'approche du scrutin, l'alliance SaytuSEN2024 sera plus que jamais en alerte. Ses membres s'engagent à "scruter l'actualité" (#Saytu signifiant "vérifier" en wolof) et à publier régulièrement leurs vérifications sur leurs différents supports. Ils feront aussi paraître un rapport final rendant compte des principales tendances en matière de désinformation constatées pendant la campagne électorale.
Une initiative salutaire pour garantir aux Sénégalais une information fiable et ainsi préserver la sincérité du processus démocratique.
BURKINA FASO, UNE ATTAQUE TERRORISTE D'AMPLEUR VISE LA VILLE DE DJIBO
La ville de Djibo a fait l’objet d’une attaque terroriste. Des assaillants, arrivés à moto et en voiture, ont pris d’assaut le camp du groupement des forces antiterroristes et plusieurs sites stratégiques de la ville.
iGFM (Dakar) La ville de Djibo, située dans la région du Sahel, a fait l’objet d’une attaque terroriste dans l’après-midi de dimanche. De très nombreux assaillants, arrivés à moto et en voiture, ont pris d’assaut le camp du groupement des forces antiterroristes et plusieurs sites stratégiques de la ville. Pendant plus de deux heures, ils ont tiré sur les populations, incendié et pillé tout ce qu’ils pouvaient. Pour le moment, il n'y a pas de communication officielle sur le bilan de cette attaque.
Selon l’agence d’information du Burkina, ce sont « près de 3 000 terroristes » qui ont attaqué la ville de Djibo. Des témoins sur place expliquent que les assaillants sont venus en très grand nombre et se sont attaqués aux points stratégiques de la ville, dont le camp du détachement militaire.
« Les combats ont été particulièrement violents au niveau du camp militaire », souligne l’agence d’information du Burkina. Pendant plusieurs heures, les assaillants l'ont occupé tout comme le reste de la ville. Une source sécuritaire révèle que « des soldats sont tombés, toutes les armes collectives, toutes les munitions et les véhicules blindés emportés. ».
Une contre-offensive a été menée et « plus de 400 terroristes » tués, affirme l’agence d’information du Burkina. Un chiffre qui ne peut pas être vérifié de manière indépendante. Par ailleurs, l'agence ne mentionne pas d’éventuelles pertes et dégâts matériels du côté des forces burkinabè.
Depuis plus de deux ans, la ville de Djibo est sous le blocus de groupes armés terroristes. Les habitants sont ravitaillés grâce à un pont aérien du Programme alimentaire mondial (PAM) ou par les rares convois escortés par l’armée du Burkina Faso. Ces convois font régulièrement l’objet d’attaques des groupes armés terroristes.
LES LOUANGES DU CORPS DIPLOMATIQUE À MACKY SALL
Dans une motion lue lundi 27 novembre en marge du Forum de Dakar, pour la paix les diplomates louent "l'élogieux bilan" international du président, relevant son rôle moteur au sein d'organisations ouest-africaines et sa contribution aux médiations
Les membres du Corps diplomatique sénégalais réunis à l'occasion de l'ouverture du Forum de Dakar sur la Paix et la Sécurité en Afrique ont salué lundi 27 novembre 2023, "l'élogieux bilan diplomatique et consulaire" du président Macky Sall, selon une motion de remerciements lue par Cheikh Niang, Ambassadeur, représentant permanent du Sénégal auprès des Nations unies à New-York.
Citant les propos des diplomates sénégalais, cette motion souligne tout particulièrement "la priorité élevée" qu'accorde le président Macky Sall "à la consolidation des liens d'amitié, de coopération et de co-développement avec les pays amis et frères frontaliers", ce qui s'est traduit par des réalisations comme la construction du pont de la Sénégambie ou celle en cours du pont de Rosso, ainsi que l'exploitation commune du gisement gazier Grand Tortue Ahmeyim entre le Sénégal et la Mauritanie.
Selon la même source, les diplomates saluent également "le rôle de premier plan" du chef de l'Etat "dans la dynamisation accrue d’organisations sous-régionales" à l'image de l'UEMOA, l'OMVS ou la CEDEAO. Ils mettent par ailleurs en avant "les nombreuses initiatives de paix en Afrique et hors du continent" entreprises par Macky Sall, citant notamment sa récente visite à Sotchi dans le cadre de la crise alimentaire liée à la guerre en Ukraine.
Enfin, la motion souligne "le succès de la présidence par le Sénégal d’organes importants de l’Organisation des Nations Unies" ainsi que "l’élection ou la nomination de plusieurs cadres de notre pays à des postes élevés au sein de diverses institutions internationales et l’élargissement significatif de la carte diplomatique du Sénégal".
PATROL SALUE LA TRANSITION DÉMOCRATIQUE AU LIBÉRIA
L'Alliance panafricaine pour la transparence et l'État de droit fondée par Adama Dieng encense la victoire démocratique de Joseph Nyumah Boakai et la grandeur d'esprit de George Weah, dans un contexte de tension persistante en Afrique
Brice Folarinwa de SenePlus |
Publication 28/11/2023
L'Alliance Panafricaine pour la Transparence et l'État de Droit (PATROL) s'est félicitée de l'élection de Joseph Nyumah Boakai à la présidence du Libéria, considérant qu'il s'agit d'une grande réussite pour la démocratie dans le pays.
Dans un communiqué parvenu à notre rédaction lundi 27 novembre 2023, le président fondateur de PATROL, Adama Dieng, a adressé ses "plus sincères félicitations" au nouveau président libérien. "La victoire du président Boakai est une grande réussite et un honneur pour son pays, le Libéria, pour le continent africain et pour la bonne gouvernance", a-t-il déclaré.
PATROL a également salué le comportement du président sortant George Weah, qui a reconnu sa défaite et a félicité son adversaire. "C'est un exemple de civisme et de respect des valeurs démocratiques", a affirmé M. Dieng.
Comme l'a souligné le patron de PATROL, "à l’heure où des fortes tensions mondiales monopolisent l’attention de la communauté internationale, la transition pacifique au Libéria doit être appréciée et célébrée". En effet, selon lui, "la victoire du peuple libérien restera dans les annales de la démocratie".
M. Dieng a également tenu à féliciter "le peuple libérien et ses dirigeants politiques pour leur engagement, leur courage et leur détermination à défendre la démocratie". PATROL est convaincue que le président Boakai saura mener à bien la mission qui lui a été confiée, a-t-il assuré.
L'organisation ouest-africaine s'est dit prête à "travailler avec les institutions libériennes pour améliorer davantage la transparence, l'état de droit, la bonne gouvernance et le respect des droits de l'homme". PATROL entend promouvoir des réformes "compatibles et adaptées aux systèmes et cultures judiciaires nationaux", a conclu M. Dieng.
Liberia's congratulations: PATROL welcomes the democratic transition
The Pan-African Alliance for Transparency and Rule of Law (PATROL) welcomed the election of Joseph Nyumah Boakai as President of Liberia, considering it a great success for democracy in the country.
In a statement, PATROL's founding president Adama Dieng addressed his "sincerest congratulations" to the new Liberian president. "President Boakai's victory is a great achievement and an honor for his country Liberia, for the African continent and for good governance," he declared.
PATROL also hailed the behavior of outgoing President George Weah, who acknowledged his defeat and congratulated his opponent. "This is an example of civic spirit and respect for democratic values," said Mr. Dieng.
As the PATROL leader pointed out, "at a time when strong global tensions are monopolizing international attention, the peaceful transition in Liberia must be appreciated and celebrated." Indeed, according to him, "the Liberian people's victory will go down in the history of democracy."
Mr. Dieng also paid tribute to "the Liberian people and their political leaders for their commitment, courage and determination to defend democracy." PATROL is convinced that President Boakai will carry out the mission entrusted to him, he assured.
The West African organization said it is ready to "work with Liberian institutions to further improve transparency, rule of law, good governance and human rights." PATROL intends to promote reforms "compatible and adapted to national judicial systems and cultures," concluded Mr. Dieng.
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LE COMMERCE OBSCUR DE L'OR AU SAHEL
L'or, souvent sous-estimé, se révèle être bien plus qu'une simple marchandise. Facile à extraire, à transporter et à vendre, il devient l'instrument parfait pour les groupes terroristes. Décryptage avec Armedou Abdallah, ancien ministre mauritanien
Au cœur du Sahel, la précieuse ressource aurifère est devenue une arme à double tranchant, alimentant non seulement les économies locales mais aussi le terrorisme. L'émission Mon Heure d’Afrique "MHA 5 L'or du Sahel finance-t-il le djihadisme ?" met en lumière cette réalité alarmante.
L'or, souvent sous-estimé, se révèle être bien plus qu'une simple marchandise. Facile à extraire, à transporter et à vendre, il devient l'instrument parfait pour les groupes terroristes. Le Centre 4S tire la sonnette d'alarme sur cette exploitation illicite, intéressante que l'or, contrairement à d'autres minéraux, permet des détournements plus aisés.
La publication récente du Centre 4S n'a pas pour seul objectif de révéler l'étendue de l'exploitation illégale de l'or, mais aussi de souligner son lien insidieux avec le financement du terrorisme. Des multinationales aux réseaux informels, toutes participent à cette toile complexe qui échappe souvent aux radars internationaux.
Armedou Abdallah, ancien ministre et figure tutélaire en Mauritanie, insiste sur l'importance de ne pas sous-traiter cette problématique. Il exhorte à l'autoresponsabilité en Afrique, mettant en avant des modèles de transparence politique dans des pays dépourvus de ressources naturelles.
LES TENUES TRADITIONNELLES MARTINIQUAISES À L'HONNEUR A FORT-DE-FRANCE
Plus de 300 personnes ont défilé lors d'une grande parade organisée par le Collectif du Patrimoine Vestimentaire Martiniquais. Robes, chapeaux et accessoires typiques ont été exhibés fièrement
Samedi 25 novembre, plus de 300 personnes ont défilé dans les rues de Fort-de-France, capitale de la Martinique, à l'occasion de la parade organisée par le Collectif du Patrimoine Vestimentaire Martiniquais. Cet événement s'inscrivait dans le cadre des journées de la tenue traditionnelle martiniquaise, qui se sont déroulées du 23 au 26 novembre.
Selon Francetvinfo, la joie était visible sur tous les visages au départ de la parade, donné dans le jardin du théâtre Aimé Césaire. "Avec entre autres, l'appui des réseaux sociaux et surtout en raison de la pertinence de l'initiative des membres du Collectif du Patrimoine Vestimentaire Martiniquais, plus de 300 personnes ont donné à Fort-de-France des allures 'an tan lontan' (jadis)", rapporte le média en ligne.
Lors du défilé dans les rues animées de la ville, en présence également de nombreux touristes, les participantes ont arboré avec fierté les tenues traditionnelles martiniquaises, comme la robe matador, la robe de lavandière ou encore la tête à deux ou trois bouts. Certains hommes portaient quant à eux des tenues blanches et le chapeau bakoua typique.
Pour clore cet événement visant à mettre en valeur le patrimoine vestimentaire local, le cortège s'est reformé dans le jardin du théâtre municipal, offrant ainsi l'opportunité d'immortaliser ce moment. À en croire Francetvinfo, les membres du Collectif du Patrimoine Vestimentaire Martiniquais ont également recommandé de continuer à arborer les tenues traditionnelles le dimanche, lors des cérémonies religieuses. Leur objectif est ainsi de promouvoir ce patrimoine culturel martiniquais au-delà du seul cadre du carnaval.
par Bosse Ndoye
LÂCHER POUR MIEUX TENIR, UNE STRATÉGIE NÉOCOLONIALE BIEN FRANÇAISE
La France n’accepte presque jamais de perdre totalement les avantages qu’elle tire de la plupart de ses anciennes colonies africaines, qu’elle peut consentir à lâcher du lest, mais jamais à lâcher prise
"Je le répète: le colonialisme n'est pas mort. Il excelle, pour se survivre, à renouveler ses formes; après les temps brutaux de la politique de domination, on a vu les temps plus hypocrites, mais non moins néfastes, de la politique dite d'Association ou d'Union. Maintenant, nous assistons à la politique dite d'intégration (...) Mais de quelque masque que s'affuble le colonialisme, il reste nocif…[1]."
Dans les rapports de domination néocoloniale qu’elle a entretenus et qu’elle continue d’entretenir avec quelques-unes de ses anciennes colonies d’Afrique en général, et d’Afrique subsaharienne en particulier, la France a souvent adopté la stratégie dite du lâcher pour mieux tenir. Celle-ci consiste à faire certaines « concessions » et/ou à apporter des réformes mineures à sa politique mise en œuvre dans ces pays pour éviter de s’attaquer aux questions essentielles et souvent controversées, afin de garder intacts les avantages et privilèges qu’elle tire de leurs relations asymétriques. Cette manœuvre, aussi efficace que dilatoire, constitue en outre une façon de calmer les ardeurs des nombreux militants souverainistes qui, de plus en plus sur le continent, exigent des relations équilibrées, empreintes de respect et dénuées de toute arrogance, entre leurs pays et l’ancienne puissance coloniale. L’histoire regorge d’exemples de lâcher pour mieux tenir pouvant étayer ces propos.
Avec la Constitution de la IVe République, promulguée le 27 octobre 1946, l’Union française, qui remplaça l’empire colonial, peut être considérée comme l’une des premières sinon la première mise en œuvre de la stratégie du lâcher pour mieux tenir. Sentant des velléités d’indépendance naissantes chez les colonisés de retour de front de la Seconde Guerre mondiale, la France jugea nécessaire de procéder à quelques réformes pour anticiper d’éventuelles surprises désagréables pouvant survenir dans ses colonies, qu’elle tenait d’autant plus à préserver qu’elle traversait des moments de fragilité, et qu’elle avait surtout besoin de forces et de richesses pour se reconstruire. Aussi décida-t-elle d’entreprendre quelques grands changements: suppression de l’indigénat et du travail forcé; octroi de la citoyenneté française à tous les ressortissants d’outre-mer; accord de plus d’autonomie dans la gestion des affaires locales; garantie de liberté de presse, de syndicat, d’association, de réunion, etc.
Craignant que la lutte armée, qui faisait rage en Algérie, ne fît des émules dans ses colonies de l’Afrique noire par effet de contagion, la France - après avoir accordé l’indépendance aux voisins marocain et tunisien en mars 1956 -, prit les devants en y desserrant un peu l’étau par l’adoption, la même année, de la Loi-cadre Defferre. Celle-ci, avec la création de Conseils de gouvernement élus au suffrage universel, élargit les pouvoirs locaux. Paris avait vite compris qu’il valait mieux lâcher un peu de lest, en octroyant quelques libertés pour toujours tenir les colonies, que de faire face à de multiples soulèvements populaires déstabilisateurs pouvant être engendrés par les désirs d’autonomie, qui devenaient de plus en plus grands après la Seconde Guerre mondiale et aussi avec l’accession à l’indépendance d’autres pays africains.
Après son retour au pouvoir en 1958, le général de Gaulle, avec la mise sur pied de la Communauté franco-africaine, abonda dans le sens des réformes de la Loi-cadre Deferre. Toutefois, bien que plus d’autonomie fût accordée aux colonies, les véritables manettes du pouvoir étaient restées entre les mains de la France, qui fit du mieux qu’elle put pour préserver les colonies tout en évitant d’aborder sincèrement la question d’indépendance. Ce qui expliqua la posture paradoxale qu’elle adopta en menaçant directement ou indirectement ceux qui seraient tentés de la réclamer tout en leur proposant de se prononcer sur la question par référendum. La Guinée de Sékou Touré en fit les frais à la suite de la victoire du Non en septembre 1958, même si le choix lui en avait été donné. Donc, l’Union française de 1946, la Loi-cadre de 1956 et la Communauté franco-africaine de 1958 ne constituaient pas une réelle volonté de rupture, mais elles étaient juste différentes formes de mise en application de la stratégie du lâcher pour mieux tenir, lesquelles avaient permis à la France de s’adapter aux réalités sociales, économiques et politiques des temps changeants.
Lorsque les indépendances devinrent inévitables au début des années 60, la France accepta enfin de les accorder à la plupart des territoires sous sa domination, mais non sans les avoir corsetées par différents accords politiques, monétaires, économiques et de défense… qui jetèrent les bases des relations néocoloniales entre elle et ses futures ex-colonies. Ces mots de Michel Debré, tirés de sa lettre adressée à Léon Mba, futur président du Gabon, constituent une parfaite illustration de la stratégie de Paris du lâcher pour mieux tenir : « On donne l'indépendance à condition que l'État s'engage une fois indépendant à respecter les accords de coopération signés antérieurement : il y a deux systèmes qui entrent en vigueur en même temps : l’indépendance et les accords de coopération. L’un ne va pas sans l’autre[2].» Le premier président gabonais, qui avait poussé sa francophilie jusqu’au ridicule, avait souhaité, à défaut de demeurer un département français, avoir le drapeau de l’Hexagone dans un angle de celui de son pays[3]. Dès lors, il ne fut guère étonnant de l’entendre dire que: « Le Gabon est indépendant, mais entre la France et le Gabon rien n’est changé, tout continue comme avant. »[4]. Ces accords avec le Gabon étaient presque les mêmes signés avec la plupart des anciennes colonies françaises nouvellement indépendantes. Ce qui a fait dire, à juste titre, à François-Xavier Verschave que : « Les pays francophones au sud du Sahara ont été, à leur indépendance, emmaillotés dans un ensemble d’accords de coopération politique, militaire et financière qui les ont placés sous tutelle[5].»
Dans l’Archipel des Comores – Anjouan, Grande Comores, Mohéli, Mayotte –, alors que le référendum d’autodétermination du 22 décembre 1974 a vu massivement triompher le oui en faveur de l’indépendance (94,5%), l’État français décida unilatéralement de prendre en compte les résultats île par île et non pour l’ensemble de l’archipel. Cette décision était en porte-à-faux avec la position de l’ONU, et était surtout en contradiction avec la loi française du 23 novembre 1974, qui énonce en son article 5 que : « Si le classement des résultats se fera île par île, la proclamation en sera globale[6].» C’est ainsi que l’île de Mayotte, où le non l’avait emporté à 63.22%, est restée dans l’escarcelle française à la suite d’une « élection à la Naegelen», qui y avait été organisée plus tard. C’est dire que la France n’accepte presque jamais de perdre totalement les avantages qu’elle tire de la plupart de ses anciennes colonies africaines, qu’elle peut consentir à lâcher du lest, mais jamais à lâcher prise.
Cette vieille recette du lâcher pour mieux tenir, qui pourrait être l’autre nom du refus viscéral de Paris de décoloniser, est en droite ligne avec l’adoption par la France du projet de loi entérinant la fin du franc CFA le 20 mai 2020. Lorsqu’on commença à dénoncer le franc CFA lors de manifestations dans plusieurs villes africaines comme étant une monnaie coloniale, la France, fidèle à son habitude, prit les devants et entreprit de faire quelques ravalements de façade : changement de l’appellation CFA par Eco, fermeture des comptes d’opérations et le retrait des représentants français du Conseil d’administration de la BCEAO. Mais elle reste garante de la monnaie, et la parité fixe avec l’Euro est maintenue. De plus, selon le Financial Times (01/01/2020), elle continuera à désigner un représentant « indépendant » auprès de la banque centrale régionale dont le rôle sera de surveiller quotidiennement les réserves ; et, cerise sur le gâteau, elle « se réserve le droit de revenir dans une instance de décision, en l’occurrence par le Conseil de politique monétaire[7].» Ce comité est l’organe central de décision concernant la politique monétaire, notamment à ce qui a trait à la création de monnaie et le niveau des crédits autorisés dans la zone monétaire[8]. Autant dire que beaucoup de bruit a été fait pour rien, que des changements ont été effectués pour que rien ne change. Donc, par un énième tour de passe-passe, la France est parvenue à retomber sur ses pattes après avoir été acculée par les pourfendeurs du franc CFA. La stratégie néocoloniale du lâcher pour mieux tenir est bien décrite par cet extrait du bien nommé L'Empire qui ne veut pas mourir: « (…) Le dispositif françafricain, qui a permis au colonialisme de survivre à la "décolonisation », a su s'adapter aux évolutions internationales des décennies suivantes et se réformer chaque fois que les failles mettaient son existence en péril. Il en va de la françafrique comme de l'informatique: le système d'exploitation, pour se prémunir contre les dysfonctionnements et les potentielles agressions, est régulièrement mis à jour[9]."
Lors des récents débats à l'Assemblée nationale et au Sénat sur la politique française en Afrique, il n'a jamais été question de vote pour s’attaquer sincèrement aux piliers les plus solides de la Françafrique, à savoir le franc CFA, les bases militaires, la Francophonie, mais juste de propositions de réformes cosmétiques. Pourtant, après les revers essuyés au Mali, au Burkina Faso, et tout dernièrement au Niger, l'occasion semblait être propice pour aborder profondément ces sujets qui fâchent et de proposer de véritables changements. Mais il est plus facile de pointer du doigt les puissances concurrentes, comme la Russie et la Chine, accusées de susciter et d'alimenter les sentiments dits antifrançais sur le continent et d'ignorer les demandes de changements de plus en plus réclamés par des Africains, que de faire une autocritique sans complaisance et d’affronter la réalité.
En définitive, la France est restée cohérente avec elle-même depuis l’aube de sa longue odyssée coloniale. Son refus obstiné de décoloniser ne fait que confirmer les propos de Frantz Fanon : « (…) Mais elle [la décolonisation] ne peut être le résultat d’une opération magique, d’une secousse naturelle ou d’une entente à l’amiable[10]. Par conséquent, il appartient aux populations sous domination néocoloniale de se battre, de trouver leurs propres moyens pour mettre fin à cette situation. D’autant que, comme les humains, les États ne renoncent jamais volontairement à certains privilèges qu’ils peuvent tirer d’autres sans y être contraints. Mais cela demande un véritable travail, qui doit passer tout d'abord par des élections transparentes et démocratiques, qui portent à la tête de ces pays des patriotes responsables, épris de justice et qui travaillent pour les intérêts de leurs populations. Car, il faut le reconnaître, si la Françafrique perdure, prospère et réussit à faire sa mue chaque fois qu'elle est acculée, c'est souvent grâce à la complicité d'une élite locale, animée par l’esprit de lucre, jalouse de ses intérêts particuliers, qui travaille de mèche avec une certaine élite française. De plus, l'initiative de rupture ou de réforme doit venir des pays africains eux-mêmes au lieu de laisser la France toujours prendre les devants et de réagir ensuite sous certaines pressions nationales. Les relations internationales devenant de plus en plus ouvertes, avec le monde multilatéral qui se dessine, il serait aussi bénéfique de miser sur des alliances opportunistes entre les différentes puissances concurrentes pour faire avancer certains projets. Mais, ce sera un travail de longue haleine. Le chemin peut être long et semé d’embûches. Donc, pour parler comme Amilcar Cabral, il ne faut pas faire croire à des victoires faciles[11]. Toutefois, l’émancipation, pour se défaire de toute domination, est à portée de main. Il faudra juste mener des combats solidaires et avoir de bonnes stratégies.
[1] Aimé Césaire, cité par Saïd Bouamama, "Planter du blanc" Chroniques du (néo)colonialisme français, p.7
[2] Michel Debré, lettre adressée à Léon Mba, datée du 15 juillet 1960… cité par Said Bouamama, Planter du blanc, Chronique du (néo)colonialisme français, p.14
[3][3] Foccart parle, entretiens avec Philippe Gaillard (1), p.194
[5]François-Xavier Verschave, cité par Saïd Bouamama, Planter du blanc, Chronique du (néo)colonialisme français, p.15
[6]André Oraison, Quelques réflexions critiques sur la conception française du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes à la lumière du différent franco-comorien sur l’île de Mayotte, Cité par Saïd Bouamama, Ibid p.113
[11]Amilcar Cabral, Ne faites pas croires à des victoires faciles, p.25
LE FORUM DE DAKAR TRADUIT L’ENGAGEMENT D’UN CONTINENT DÉCIDÉ À SE PRENDRE EN CHARGE
Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani, a salué lundi l’actualité et la pertinence du thème du neuvième Forum international de Dakar sur la paix et la sécurité en Afrique.
Le président de la République islamique de Mauritanie, Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani, a salué lundi l’actualité et la pertinence du thème du neuvième Forum international de Dakar sur la paix et la sécurité en Afrique, estimant qu’elles traduisent l’engagement d’un continent résolument décidé à se prendre en charge.
« C’est une thématique pertinente et d’une brûlante actualité », a notamment déclaré le chef de l’Etat mauritanien lors de son adresse aux participants.
Cette rencontre de deux jours (27 et 28 novembre), ouverte à Diamniadio, est axée sur le thème ‘’L’Afrique des potentiels et des solutions face aux défis sécuritaires et à l’instabilité institutionnelle’’.
La cérémonie d’ouverture a vu la présence du président de la République islamique de Mauritanie, du Premier ministre de la République de Guinée-Bissau, Gerarldo Martins, du ministre délégué aux Affaires étrangères du Japon, Horri Iwao.
Des autorités militaires et universitaires, des diplomates et experts des questions de paix et de sécurité participent également au Forum.
Saluant la pertinence et l’actualité du thème de cette année, Mohamed Ould El-Ghazaouaia a relevé qu’il traduit « l’engagement d’une Afrique résolument décidée à se prendre en charge ».
Il s’agit selon lui, d’une Afrique qui n’attend plus les solutions conçues ailleurs.
Le chef de l’Etat mauritanien a aussi affirmé que la lutte contre l’insécurité et l’instabilité en Afrique devrait » s’accompagner d’une amélioration de la gouvernance politique et sociale ».
« L’investissement dans la formation des jeunes et l’emploi décent devrait permettre d’éviter aux jeunes de devenir des proies faciles pour des mouvements prônant un extrémisme violent », a-t-il estimé.
Insistant sur la nécessité d’un « apaisement de la vie politique », Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani pense que l’amélioration de la gouvernance politique et sociale devrait également permettre d’éviter le corollaire immédiat de l’insécurité, l’instabilité institutionnelle.
Le ministre délégué aux Affaires étrangères du Japon, Horii Iwao, a réaffirmé l’engagement et le souhait de son pays d’être un « partenaire pour réfléchir avec l’Afrique en vue de co-créér des solutions aux défis africains et mondiaux ».
Se félicitant de la coopération du Japon avec les pays d’Afrique de l’Ouest pour contribuer à la stabilité régionale, le diplomate nippon a aussi fait part du souhait de son pays d’aller vers une « représentation africaine plus accrue dans diverses instances internationales ».
A cet égard, il a indiqué que son pays salue la décision formalisant l’adhésion de l’Union africaine au G20 comme membre permanent.
‘’Le Conseil de sécurité des Nations unies devrait refléter les réalités mondiales actuelles et le Japon soutient la position africaine commune et travaillera ensemble pour réformer le Conseil de sécurité’’, a-t-il poursuivi.
Le président Macky Sall a réaffirmé son plaidoyer pour une « gouvernance mondiale plus juste et plus équitable ».
En cela, il s’est attardé sur la nécessité de réformer le Conseil de sécurité de l’ONU et l’architecture financière des institutions comme le Fonds monétaire international (FMI) et la Banque mondiale, pour ‘’une grande représentativité de l’Afrique dans les réalités de notre temps’’.
Il s’agira également selon le président sénégalais d’aller vers une ‘’réforme de la fiscalité mondiale’’, devant permettre que ‘’l’impôt soit payé là où la richesse est créée’.
‘’Tout cela contribuera à faire émerger l’Afrique des solutions’’, a martelé Macky Sall.
QUATRE PAYS DU MONDE ARABE S’OPPOSENT À L’EMBARGO PÉTROLIER CONTRE ISRAËL
Quatre pays se sont opposés à l’imposition de l’embargo pétrolier à Israël, comme le relate le journal Hürriyet. Une intention qui a été évoquée lors des sommets de la Ligue arabe et de l’Organisation de la coopération islamique
Les Émirats arabes unis, l’Arabie saoudite, le Maroc et Bahreïn se sont opposés à l’imposition de l’embargo pétrolier à Israël, comme le relate le journal Hürriyet. Une intention qui a été évoquée lors des sommets de la Ligue arabe et de l’Organisation de la coopération islamique (OCI) sur Gaza qui ont eu lieu à Riyad les 11 et 12 novembre.
“La proposition contenant des éléments tels qu’un embargo pétrolier, l’impossibilité pour les avions israéliens d’entrer dans l’espace aérien arabe et le gel de toutes les relations a été rejetée par les Émirats arabes unis, l’Arabie saoudite, le Maroc et Bahreïn. Les dirigeants, qui ne voulaient pas perdre leur “pouvoir” et leurs “intérêts” personnels, ont préféré garder le silence au sens littéral, sans faire un seul pas contre le génocide à Gaza”, note le journal Hürriyet.
D’après le média turc, ils ont exprimé ces intentions lors des sommets de la Ligue arabe et de l’Organisation de la coopération islamique (OCI) sur Gaza qui se sont tenus à Riyad les 11 et 12 novembre.