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24 avril 2025
International
LE SÉNÉGAL RÉCLAME LA DISQUALIFICATION DE LA FRANCE DU MONDIAL U17
La Fédération sénégalaise de foot saisit la FIFA concernant l'éligibilité d'un joueur aligné par l'équipe de France. Il aurait déjà participé à une compétition officielle avec le Niger, ce qui le rend inéligible à jouer pour un autre pays
Brice Folarinwa de SenePlus |
Publication 23/11/2023
La Fédération sénégalaise de football (FSF) a saisi la FIFA au sujet de l'éligibilité d'un joueur aligné par l'équipe de France dans sa composition pour la Coupe du Monde U-17 qui se déroule actuellement en Indonésie.
Dans une lettre datée du 22 novembre 2023, adressée au Directeur de la Compétition de la Coupe du Monde, le Secrétaire Général de la FSF, Victor Seh Cissé, dénonce l'inéligibilité du joueur Yanis Ali Issoufou Abdoulkadre, qui figure dans la sélection française pour cette compétition internationale.
Selon la FSF, "le même joueur avait été aligné pour jouer pour l'équipe nationale du Niger comme attestent les feuilles de match jointes" lors du dernier tournoi de la zone UFOA B, qualificatif pour la CAN U-17 et la Coupe du Monde U-17.
Or, cite la lettre, "l'article 8, b des Statuts et transfert des joueurs stipule clairement qu'il n'est pas autorisé à jouer pour sa nouvelle association dans toute compétition à laquelle il a déjà participé pour son ancienne association". Le joueur Yanis, ayant joué pour le Niger, ne pouvait donc plus jouer pour la France par la suite.
Plus loin, la FSF s'appuie sur l'article 24 du Règlement de la Coupe du monde U-17 qui précise que "tous les joueurs doivent être éligibles en équipe représentative conformément aux statuts de la FIFA" et que "les associations membres participantes ne doivent aligner que des joueurs éligibles".
Aussi, la FSF "prie le Directeur de bien vouloir disqualifier la France [...] pour alignement d'un joueur inéligible", au regard du non-respect des règlements de la FIFA.
Affaire à suivre du côté de l'instance mondiale du football, qui devra trancher sur cette contestation de la part des autorités sénégalaises quant à l'éligibilité du joueur français Yanis Ali Issoufou Abdoulkadre.
DE NOUVELLES POURSUITES CONTRE ALPHA CONDÉ
L’ex président Alpha Condé est une nouvelle fois dans le collimateur de la justice guinéenne. Le Garde des Sceaux a instruit le Procureur Général d’engager des poursuites judiciaires contre lui pour des faits présumés "de trahison..."
CONAKRY- L’ex président Alpha Condé est une nouvelle fois dans le collimateur de la justice guinéenne. Le Garde des Sceaux a instruit le Procureur Général d’engager des poursuites judiciaires contre lui pour des faits présumés « de trahison, d’association de malfaiteurs et complicité, de détention illicite d’armes et munitions ».
L’enclenchement de cette nouvelle procédure fait suite à une opération d’infiltration initiée par le Parquet Général près la Cour d’Appel de Conakry. Il en ressort de cette infiltration, selon Charles Wright, que l’ex président Alpha CONDÉ, en lien avec Monsieur Fodé Moussa MARA dit Général EI SISI, a mis les moyens en vue de se procurer des armes, munitions et de matériels connexes.
Comment réagit l’ancien président qui est mis en cause dans cette entreprise de déstabilisation ? Pour Alpha Condé, il s’agit d’un non évènement. D’après lui, l’actuel ministre de la Justice cherche des poux sur un crâne rasé, parce qu’étant dans une impasse, suite à l’évasion de Claude Pivi depuis le 4 novembre 2023.
« Charles Wright a simplement peur, il est embrouillé par l’évasion de Claude Pivi qu’il sait très dangereux. Il perd la boussole et s’attaque arbitrairement à de paisibles citoyens », réagit l’ancien dirigeant guinéen dans une note transmise à Africaguinee.com.
C’est la troisième procédure ouverte en Guinée contre l’ex dirigeant guinéen. Un mandat d’arrêt a même été annoncé contre lui, sans que celui-ci ne prospère.
Alpha Condé parle de parodies d’injonctions orchestrées par le CNRD (Comité National pour le Rassemblement le Développement) qui, pour cacher son « incompétence », se voile derrière une chasse aux sorcières contre de simples blogueurs pacifiques.
LE PRÉSIDENT SUD-AFRICAIN ACCUSE ISRAËL DE « GÉNOCIDE » A GAZA
Le président sud-africain Cyril Ramaphosa a accusé Israël de « crimes de guerre » et de « génocide » à Gaza et réclamé un « cessez-le-feu immédiat et complet »
Le président sud-africain Cyril Ramaphosa a accusé Israël de « crimes de guerre » et de « génocide » à Gaza et réclamé un « cessez-le-feu immédiat et complet », ont rapporté des médias français.
Cyril Ramaphosa s’exprimait, mardi, à l’ouverture d’un sommet extraordinaire virtuel des pays émergents des BRICS consacré à Gaza, précise le quotidien français « Le monde ».
« La punition collective des civils palestiniens par l’usage illégal de la force par Israël est un crime de guerre », a-t-il déclaré ajoutant que « le refus délibéré de fournir des médicaments, du carburant, de la nourriture et de l’eau aux habitants de Gaza équivaut à un génocide ».
« Nous demandons instamment à la communauté internationale de convenir d’actions urgentes et concrètes pour mettre fin aux souffrances à Gaza et ouvrir la voie à une résolution juste et pacifique de ce conflit », a-t-il plaidé cité par le même média.
Outre un cessez-le-feu « immédiat et complet », il a demandé le déploiement d’une force rapide des Nations unies pour « surveiller la cessation des hostilités » et « protéger les civils ». Il a aussi plaidé pour que « tous les pays » fassent « preuve de retenue et cessent d’alimenter ce conflit, notamment en cessant de fournir des armes aux parties », rapporte encore “Le monde”.
Ramaphosa avait demandé vendredi avec quatre autres Etats une enquête à la Cour pénale internationale (CPI) sur la guerre à Gaza, rappelle le média français ajoutant que Pretoria a aussi annoncé au début du mois avoir rappelé ses diplomates en poste en Israël pour des consultations.
UNESCO, LE SÉNÉGAL ÉLU AU COMITÉ DU PATRIMOINE MONDIAL
ce mercredi, la Délégation permanente du Sénégal auprès de l’Unesco informe que notre pays a été élu ce ce jour au Comité du Patrimoine mondial de ladite instance inusienne, au premier tour de scrutin.
A travers un communiqué de presse signé, ce mercredi, la Délégation permanente du Sénégal auprès de l’Unesco informe que notre pays a été élu ce ce jour au Comité du Patrimoine mondial de ladite instance inusienne, au premier tour de scrutin.
« Il s’agit d’un succès diplomatique, qui s’ajoute à la récente élection de notre pays à la Présidence de la Convention mondiale antidopage », ont commenté Souleye Jules Diop et ses services.
La note rappelle que le Comité du patrimoine mondial est l’instance mondiale chargée de l’inscription et de la gestion des sites inscrits au Patrimoine mondial, de valoriser le rôle des Communautés dans la mise en œuvre de la Convention du patrimoine mondial, d’assurer la conservation efficace des biens inscrits au Patrimoine mondial.
La même source de renseigner que le Sénégal a été élu en même temps que le Kenya, au sein du Groupe Afrique, qui compte 54 membres.
GOUVERNANCE MALMENÉE
Après douze ans au pouvoir, le bilan contrasté de Macky Sall questionne sérieusement son attachement à l'Etat de droit et au respect des engagements, avec des violations répétées de la Constitution et des décisions de justice
Après environ douze ans d’exercice du pouvoir, le bilan de l’actuel chef de l’Etat, Macky Sall, dans le domaine de la gouvernance politique et démocratique se distingue de loin, par rapport à celui de ses trois prédécesseurs (Senghor, Diouf et Wade), par des entorses à la loi, le non-respect des décisions de justice défavorables au pouvoir. Nonobstant ses multiples réalisations dans le domaine des infrastructures (routières, maritimes, aériennes, sanitaires, scolaires… ), le magistère de l’actuel chef de l’Etat a été fortement marqué par une difficile cohabitation avec l’Etat de droit.
Arrivé au pouvoir au terme du second tour de l’élection présidentielle de 2012, le président Macky Sall, comme ses trois prédécesseurs, a juré, «devant Dieu et devant la Nation sénégalaise, de remplir fidèlement la charge de Président de la République du Sénégal, d’observer comme de faire observer scrupuleusement les dispositions de la Constitution et des lois, de consacrer toutes mes forces à défendre les institutions constitutionnelles...» Aujourd’hui, après environ douze ans d’exercice du pouvoir, le bilan de l’actuel chef de l’Etat notamment dans le domaine la gouvernance politique et démocratique semble remettre fortement en question ces engagements constitutionnels. En effet, nonobstant ses multiples réalisations dans le domaine des infrastructures (routières, maritimes, aériennes, sanitaires, scolaires…), l’actuel chef de l’Etat ne cesse de poser des actes «autoritaires» de nature en remettre fortement en question la réputation du Sénégal, longtemps présenté comme une «vitrine de la démocratie» dans la sous-région ouest africaine. Et ce, en ne se fixant aucune limite dans sa traque aux opposants, qu’il s’est justement promis de réduire à leur «strict expression», contrairement à ces prédécesseurs.
La preuve, dans le cadre des batailles politico-juridiques avec ses opposants, l’actuel chef de l’Etat, malgré ses déclarations du genre «force restera à la loi», s’est toujours opposé à se plier aux dispositions de la loi ou des décisions de justice favorable à ces derniers (opposants), au détriment de l’Etat de droit. L’on peut ainsi citer, entre autres, les décisions rendues par la Cour de justice de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao), le 31 mars 2022, ordonnant à l’Etat du Sénégal d’abroger «l’arrêté Ousmane Ngom», adopté en 2011 par le régime libéral du président Abdoulaye Wade et qui interdit des manifestations au centre-ville Dakar.
Toujours concernant les décisions de la Cour de justice de la Cedeao rangées dans les placards, par le régime du président Macky Sall, nous pouvons également citer l’injonction à «supprimer le système du parrainages électoral» dans six mois, donnée par la Cour en avril 2021, suite à sa saisine par le parti Union sociale libérale (USL) de l’avocat Me Abdoulaye Tine. Mais il y a aussi la décision rendue par cette même Cour de justice de la Cedeao, en 2017, dans l’affaire Khalifa Ababacar Sall-Etat du Sénégal.
Cas d’école au niveau national, endehors des decisions de la Cour de justice de la CEDEAO
Durant environ douze ans d’exercice du pouvoir, l’actuel chef de l’Etat et son régime ne se sont pas seulement illustrés dans leur refus d’appliquer les décisions de justice rendues par ces institutions juridiques internationales dont le Sénégal fait partie. Au niveau national, le magistère de l’actuel président de la République a été également fortement marqué par des actes de défaillance à l’égard des dispositions constitutionnelles mais aussi des décisions de justice. Pami les cas, nous pouvons citer la violation manifeste de l’immunité parlementaire de Khalifa Ababacar Sall, en 2017. Aujourd’hui, c’est le leader de l’ex-Pastef et maire de Ziguinchor, Ousmane Sonko, qui paie les frais de ce refus «d’observer comme de faire observer scrupuleusement les dispositions de la Constitution et des lois, de consacrer toutes mes forces à défendre les institutions constitutionnelles...».
Radié des listes électorales après sa condamnation par contumace dans l’affaire de «viol répété et menace de mort», Ousmane Sonko qui a contesté cette radiation auprès du Tribunal d’instance de Ziguinchor, son lieu de vote, a finalement obtenu gain de cause. Seulement, pour une première fois au Sénégal, le Directeur général des élections refuse, depuis lors, d’appliquer cette décision. Outre le domaine de la gouvernance politique et démocratique, les douze ans de règne de l’actuel chef de l’Etat ont été également marqués par une politique de reddition des comptes et de transparence dans la gestion des deniers publics à géométrie variable. La preuve, depuis son accession au pouvoir, aucun rapport d’un Corps de contrôle public concernant les malversations orchestrées par des ministres et autres directeurs généraux n’a fait l’objet de traitement judiciaire.
En attestent les affaires liées au Programme des Domaines agricoles communautaires (Prodac), au Centre des œuvres universitaires de Dakar (Coud), aux 94 milliards…, pour ne citer que ces scandales là. Sans parler du dernier rapport de la Cour des comptes sur la gestion du Fonds «Force Covid-19» du Programme de Résilience économique et sociale (PRES) mis en place dans le cadre de résilience à la pandémie du Coronavirus, présume-t-on. Dans l’actuelle équipe gouvernementale du Premier ministre, Amadou Ba, plusieurs ministres dont la gestion des deniers publics a été fortement mise en cause par des organes de contrôle de l’Etat se pavanent librement. Et certains vont même jusqu’à mener des campagnes de dénigrement à l’encontre de ces organes de contrôle, en essayant de jeter le discrédit sur leurs membres, dans les médias. Le comble !
ZAHRA IYANE THIAM FAIT LE BILAN D’ÉTAPE DE LA PARTICIPATION DU SÉNÉGAL À DOHA
En perspective de la tenue de la semaine sénégalaise à l’exposition internationale horticole Doha 2023, Mme Zahra Iyane Thiam, Commissaire général Section Sénégal a animé une conférence de presse, ce mardi, pour faire un bilan d’étape de la participation.
En perspective de la tenue de la semaine sénégalaise à l’exposition internationale horticole Doha 2023, Mme Zahra Iyane Thiam, Commissaire général Section Sénégal a animé une conférence de presse, ce mardi, pour faire un bilan d’étape de la participation du Sénégal à cette exposition internationale. « Le Sénégal, par l’entremise de l’ASEPEX a placé sa participation dans le cadre du PSE vert avec comme thème « Senegal Going Green », déclinaison du thème général « Green desert, better environment : Desert vert, meilleur environnement ». (…) Cette orientation des pouvoirs publics a été réaffirmée dans le PSE qui ambitionne de multiplier par 2,5 les exportations à l’horizon 2035 en développant de 10 %, par an, les exportations sénégalaises.
C’est dans cette optique que, depuis le démarrage du processus relatif à l’expo de Doha 2023, l’ASEPEX a travaillé d’arrache-pied avec toutes les composantes qui gravitent autour de la question », a-t-elle dit en marge de la conférence de presse.
Selon elle, depuis l’ouverture de l’exposition, il a été noté une bonne affluence et un intérêt certain pour les présentations de notre pays. En 18 jours, le Sénégal a enregistré 20 261 visiteurs, soit 1125 visiteurs par jour en moyenne avec une augmentation de plus en plus croissante. « En outre, pour présenter et faire la promotion de l’offre exportable du Sénégal, une première cohorte de vingt artisans Sénégalais venus des 14 régions exposent des articles de souvenirs « Made in Sénégal » nous avons noté avec fierté la qualité des produits exposés. Cet engouement pour le stand du Sénégal n’a rien de surprenant car notre une participation a permis : de répondre au thème et de montrer les merveilles et les innovations du pays, d’une part ; de faire apprécier notre culture et découvrir notre potentiel économique, d’autre part », a soutenu Zahra Iyane Thiam. Avant de poursuivre : « c’est pourquoi nous préparons activement notre journée nationale, moment phare dans le calendrier des expositions. La nôtre, prévue le 10 décembre, sous la présidence effective de Son Excellence Monsieur Macky SALL, se déroulera en deux temps : un moment officiel et le forum économique ».
par Amadou Sarr Diop
LE MBEUKMI OU L’ILLUSION D’UN AILLEURS SUBLIME
EXCLUSIF SENEPLUS - Même si les facteurs économiques peuvent être considérés comme prépondérants, ils ne sauraient expliquer à eux seuls la dynamique migratoire ambiante avec ses milliers de morts sur la route de l’aventure
Le flux migratoire en Afrique a connu une ampleur inédite pour deux raisons essentielles. D’une part, les pays du continent noir, en particulier ceux du Sud du Sahara, se trouvent être confrontés à des crises économiques structurelles et à de multiples problèmes sociaux et politiques qui favorisent, au niveau de la variable jeune, une tendance généralisée à la mobilité. D’autre part, nous assistons, sous l’effet de la mondialisation et des nouvelles technologies de l’information, à une compression du temps et de l’espace dans le système international, de nature à rendre plus faciles les mouvements de population. Ce flux migratoire est diversement interprété. La singularité des contextes, la pluralité des variables mises en évidence et la complexité des mécanismes qui sous-tendent les prises de décision de l’acte migratoire, au niveau individuel comme au niveau communautaire, expliquent les différences d’approche dans l’analyse des déterminants.
De toutes les postures, celle axée sur la pauvreté et l’absence d’activités génératrices de revenus ou encore sur l’échec des politiques de développement, est la plus privilégiée dans l’approche du phénomène migratoire. Une telle grille d’analyse peut être pertinente si elle se démarque de la rhétorique populiste politicienne qui donne une fausse lecture du phénomène pour des raisons de manipulation politique. Même si les facteurs économiques peuvent être considérés comme prépondérants, ils ne sauraient expliquer à eux seuls la dynamique migratoire ambiante avec ses milliers de morts sur la route de l’aventure. S’en tenir à ces variables économiques ou se focaliser sur le caractère aventurier des dynamiques migratoires relève d’une méconnaissance de la complexité des mécanismes qui sous-tendent la prise de décision de l’acte migratoire et de l’environnement socioculturel dans lequel la décision de migrer est prise. Il y a un ensemble de dynamiques culturelles complexes à l’œuvre dans cet univers de mobilité permanente au niveau des jeunes.
L’objet de notre propos est une invite à approcher le phénomène migratoire au Sénégal par une grille de lecture qui recadre les arguments de passion pour une prise en compte des déterminations multiples qui poussent les jeunes à risquer leur vie. La situation est très préoccupante pour exiger des réflexions sérieuses sur un phénomène devenu dramatique. Il faut éviter de se limitera à l’analyse du facteur économique et partir d’un faisceau convergent de déterminants multi variés afin de mieux saisir, au prisme de la causalité multifactorielle, le phénomène migratoire.
Le choix d’un tel modèle d’approche vise à montrer comment à partir des constructions identitaires naissent des formes de solidarité sur lesquelles se développent des types de réseaux villageois, confrériques, ethniques, familiaux, qui contribuent à favoriser et à faciliter l’émigration dont les retombées se traduisent par des formes de solidarité communautaires, en raison d’investissement associatifs qui ont leurs impacts réels dans les dynamiques sociales en cours dans les familles concernées. Notre hypothèse présume que les déterminants sociologiques sont aussi prépondérants que l’argument de la pauvreté supposée être la raison du départ de la plupart des jeunes sénégalais vers l’Europe et les USA.
Deux regards, apparemment contradictoires, se dessinent dans les paradigmes interprétatifs du phénomène : l’absence de perspectives, du fait de la crise du travail, et le goût aventurier de l’acte migratoire.
L’approche centrée sur le caractère “aventurier” de l’acte migratoire part de l’argument des motivations individuelles, pour ne pas dire le gout de l’aventure, comme facteur de migration, surtout pour la jeunesse qui pense l’aventure comme une sorte de passage obligé pour préparer la vie adulte. Une telle approche relègue au second plan les facteurs économiques ainsi que les déterminants collectifs sous-tendus par les logiques d’appartenance communautaire. Si le rêve de découvrir l’Eldorado est motivé par l’espoir de faire vite fortune pour un retour triomphal, le gout de l’aventure n’est qu’une dimension mineure dans l’acte migratoire. Derrière la motivation à vouloir sortir de l’immobilisme, de « la retraite forcée » sans avoir droit au travail, selon l’expression utilisée par certains jeunes sénégalais pour se plaindre de leur situation, les migrants qui ont opté pour « le mbëek mi » considèrent que l’aventure n’a de sens que si elle a pour finalité un retour prometteur. En dehors du fait que la migration clandestine se conjugue avec le risque, le « mbëek mi » est un défi a la vie inactive, réussir ou mourir, « barça ou barsakh ». Il correspond à la fois au recours à une logique suicidaire et à une prise de risque bien calculée pour sortir de la situation de dénuement à laquelle sont confrontés les jeunes dans un contexte de faillite économique et politique de l’Etat postcolonial. Pour les partisans du départ : « partout ailleurs, ce sera mieux qu’ici ». Il y a donc une idéalisation, une sublimation de l’Ailleurs (l’Eldorado) pour échapper au vécu pénible d’un Ici, considéré comme l’univers du manque.
Au demeurant, l’idéalisation de l’Eldorado dans l’imaginaire du candidat à la migration est générée par le mythe du migrant de retour. A leur retour, les migrants sont vus comme des modèles de réussite où ils jouissent d’une très grande considération. L’image de la réussite sociale qu’ils affichent fait qu’ils sont considérés comme ceux qui incarnent le mieux la réussite sociale. Le mythe de l’émigré est donc un facteur incitateur d’ordre socio psychologique qui a beaucoup contribué à développer le désir de partir, quitte même à y laisser sa vie. Socialisés dans l’éthique « ceddo » ou la réussite sociale est synonyme de courage, de persévérance, les jeunes wolof ou haal pulaar ou soninke ont toujours à l’esprit l’adage qui postule qu’« il vaut mieux mourir loin que vivre pauvre chez soi ». L’aventure n’est que seulement le goût de la découverte de l’autre, elle signifie ici la confiance en soi, l’obligation de réussite pour revendiquer parmi les siens le respect et l’estime. Dans une société pervertie par des anti-valeurs dont le socle est la réussite à tout prix, où l’apparaitre a prévalu au détriment de l’éthique existentielle, l’avoir devient par conséquent ce qui conditionne l’être, parce qu’il est source de respect et de considération dans une société en perte de repères.
Il y a, en définitive, des enjeux d’ordre sociologique du phénomène migratoire qui prennent sens avec le phénomène du vide social qui encadre l’univers de vie des jeunes sénégalais. En nous inspirant de la tripartition élaborée par Foucault, nous entendons par vide social un vécu qui touche la racine de l’existence humaine saisie dans ses trois dimensions : celles de la survie, du bien-être et du droit à la citoyenneté. La notion de vide social, que nous empruntons aux sociologues de l’école de Chicago, vise à procéder à une objectivation de la situation des jeunes, confrontés à une double préoccupation : celle de l’angoisse des lendemains incertains et la précarité vécue dans l’univers familial où la survie au quotidien devient le signe révélateur d’un vécu dévalorisant. Il s’agit en fait d’une situation de crise existentielle que le sociologique Bourdieu appelle « la misère de position » à laquelle la jeunesse est confrontée. Ce drame existentiel, qui relève à la fois de l’absence de travail et du futur des incertitudes, renseigne sur l’ampleur du phénomène migratoire.
En définitive, la responsabilité du phénomène migratoire est une responsabilité sociétale qui ne saurait se limiter aux échecs des politiques publiques. Il y a une part de responsabilité des familles et de la société qui exercent une véritable pression sur les jeunes. La faillite de la socialisation par l’école et les familles, la volonté d’échapper aux contraintes sociales, le mythe du modou-modou et la fonction de réinvention identitaire et de promotion sociale que joue l’acte migratoire pour certaines couches sociales confinées dans une position d’infériorité, du fait de la précarité, sont des facteurs qui déterminent l’émigration risquée chez les jeunes. On ne saurait aussi occulter la réalité d’un monde, sous l’effet magique des nouvelles technologies de l’information, qui produit l’image d’un miroir aux alouettes où l’Eldorado est sublimé. L’Amérique est si proche et si loin, pour faire faire rêver une jeunesse qui n’a plus d’espérance pour son devenir.
Ceux qui ont la responsabilité de gouverner ce pays devraient repenser la gouvernance politique et économique pour engager des réformes qui, au-delà de leurs effets sur la question de l’emploi, redonnent espoir à la jeunesse. Il faut que les jeunes soient rassurés, au-delà des difficultés du moment, que l’avenir est plus vrai que le présent.
Professeur Amadou Sarr Diop est sociologue, enseignant-chercheur à l’Université Cheikh Anta Diop.
LE PASTEF JOUE LA STRATÉGIE AUDACIEUSE POUR 2024
Déboussolé par le rejet désormais quasi certain de son leader Ousmane Sonko, le parti d'opposition contre-attaque en présentant un candidat atypique encore emprisonné. Une manœuvre risquée ou un coup politique habile ?
Brice Folarinwa de SenePlus |
Publication 21/11/2023
Alors que le scénario de départ ne s'est pas déroulé comme prévu, avec l'échec d'Ousmane Sonko à voir valider sa candidature, le parti d'opposition sénégalais Pastef a décidé de prendre des risques calculés afin de rester dans la course à la présidentielle.
Plutôt que de jeter l'éponge après cet imprévu, la formation nationaliste a choisi d'activer un plan B audacieux en désignant un candidat atypique : Bassirou Diomaye Faye, actuellement incarcéré comme son mentor Sonko. Derrière les barreaux, ce proche du leader historique du mouvement endosse ainsi le costume improbable de challenger au président Macky Sall.
Alors que certains auraient pu opter pour un plan B plus consensuel, le Pastef mise délibérément sur le symbole que représente un opposant derrière les verrous, incarnation selon lui de la répression du régime. Parier sur un candidat affaibli par sa situation judiciaire est un pari risqué. Mais en jouant la carte de la provocation, le parti compte bien attiser les tensions avec le pouvoir et mobiliser un électorat radical, estime RFI.
Reste à savoir si cette stratégie inhabituelle, davantage axée sur des prises de position tranchées que sur une assise électorale, permettra au mouvement nationaliste de se remettre véritablement dans la course ou ne fera que renforcer son statut de force d'opposition contestataire, cantonnée aux franges les plus dures de l'échiquier politique sénégalais.
LA COOPÉRATION AU CŒUR DES ÉCHANGES ENTRE MACKY SALL ET OLAF SCHOLZ
En marge de la conférence « Compact With Africa », le Président Macky Sall a eu un entretien bilatéral avec le Chancelier allemand, Olaf Scholz.
En marge de la conférence « Compact With Africa », le Président Macky Sall a eu un entretien bilatéral avec le Chancelier allemand, Olaf Scholz.
Au cours de cette rencontre, les deux leaders ont discuté de la coopération économique entre le Sénégal et l’Allemagne, ainsi que des sujets d’intérêt commun.
A noter, en outre, que dans le cadre de la conférence « Compact With Africa », le Président Macky Sall a été convié à un déjeuner par le Président allemand Frank-Walter Steinmeier au Palais présidentiel Bellevue de Berlin.
Cette invitation illustre l’excellence des relations entre le Sénégal et l’Allemagne, ainsi que leur engagement commun en faveur d’une coopération solide.
par Jean Pierre Corréa
CHRONIQUE D'UNE CERTAINE IDÉE DE LA SÉMANTIQUE
Escroc ? Parler de la sorte à une partie de ses concitoyens est une faute morale pour un président. Il peut traiter n’importe qui d'escroc, mais qualifier d'escroc le moindre ministre passé du Ndiaga Ndiaye à la Bentley, c'est le mandat de dépôt
"J'ai la prétention de ne pas être aimé par tout le monde, parce que cela signifierait qu'on est aimé par n'importa qui"- Sacha Guitry
Préambule : Flash-back sur un moment bascule de notre rapport aux hommes politiques. Le Grand Jury de RFM en 2005... Invité Idrissa Seck au faîte de sa popularité. L'homme est agile et se fait brillant client face à un Mamadou Ibra Kane plus piégeux que jamais. Il narre son enfance à Thiès, raconte les arachides de sa maman à la porte de l'école, les toitures ouvertes aux trombes pluviales d'hivernages redoutés, nous vante sa combativité, à la limite de l'opiniâtreté, ne cache rien de l'ambition qui l'a toujours habité, genre "moi, président ou rien", affine le décor qui va accueillir les propos qu'il est venu y délivrer, ébauche le contentieux avec son ex-mentor Abdoulaye Wade, et attend la question dont la réponse est bâtie pour tisser ce lien avec ses compatriotes, qui adorent écouter cet homme qui a fait de la rhétorique un art politique.
Mamadou Ibra Kane se mue en Zidane de l'interview et lui demande un tantinet goguenard : "D'où tenez-vous votre fortune ?" Tendu comme Usain Bolt dans ses starting-blocks, il délivre une sidérante réponse : " Je tiens ma fortune des fonds politiques dans lesquels j'ai puisé. J'aurais pu en faire des papillotes, y mettre le feu, mais j'ai fait avec ce que le Coran me recommande de faire, en faire profiter les pauvres et les nécessiteux"... Un ange passe... Les émotifs crient à l'erreur de communication, mais en fait la démarche confine au génie politique.
S'il avait dit après son story-telling à La Zola, qu'il n'avait pas touché à un fifrelin des milliards que Wade lui avait confiés, l'ensemble des Sénégalais auraient crié "mais ki moy dof"... Mais là, enrobé dans l'extinction du soleil qui protège son larcin, son discours en fait un rusé, un Robin des Bois, un Yadikone 2.0, et instaure la norme du politicien milliardaire, dont la seule exigence qui lui est faite, est qu'il soit partageur. "Aka tabé"...Tout est donc question de sémantique...
Un président ne devrait pas dire ça
Un président de la République ne doit pas s'emporter aussi facilement encore moins utiliser de gros mots en public. Voilà un président dont on disait en 2012 qu'il était humble, poli et peu bavard. En 2023, douze après, il est devenu querelleur, très bavard et surtout à la limite de l'arrogance et de l'amertume, alors qu'à trois mois de "la quille", il devrait plutôt être plus détendu du cortex, faire la sourde oreille, fermer les yeux, esquiver, et au final en sortir plus grandi.
« Escrocs » ?. Dixit celui qui avait dit que Wade lui aurait offert huit milliards... Voilà comment le président Macky Sall a qualifié Pierre Atepa Goudiaby et ses camarades du « Collectif des cadres casamançais ». Des mots très forts qui ont suscité l’indignation chez nombre de nos concitoyens.
Un des problèmes de notre pays réside dans le fait que le président peut traiter n’importe qui d'escroc, mais lorsque vous vous aventurez à traiter d'escroc, le moindre ministre passé du Ndiaga Ndiaye à la Bentley, c'est le mandat de dépôt assuré. Les propos tenus par le chef de l'État à l'endroit du sémillant architecte, d'ancienne et d'universelle renommée, sont d'une violence verbale terrible, et c'est regrettable.
Parler de la sorte à une partie de "ses" concitoyens est une faute morale pour un président de la République. Osons espérer que les propos du chef de l’Etat relèvent plutôt d’une réaction émotionnelle, due à une nuit agitée ou contrariante. Escroc ? Il y a un sérieux problème de sémantique entre celui qui a annonce lui même en 2012 un patrimoine de sept millards pour n'avoir occupé que des fonctions publiques au gouvernement et Atepa qui a fait sa fortune en tant qu'entrepreneur privé par la sueur de son front, au gré de son talent, au Sénégal et ailleurs...Cherchez l'escroc ?
Ce pays marche sur la tête et offre à nos neurones pétrifiés le spectacle d'hommes au CV de "faux-lions", comme un célèbre Bougazelli, n'ayant jamais donné le moindre de leurs francs à leur pays, caricatures éhontées de notre personnel politique, bombardés députés, émargeant à plusieurs millions de francs, logés, véhiculés, gas-oilisés, et qui toute honte bue, fabriquent sans frémir des milliards de faux-billets, trafiquent des faux passeports diplomatiques, et continuent d'être des convives assidus aux ndogus républicains, pour amuser la galerie.
Si Atepa est un escroc, comme le dit Macky Sall, pourquoi ne pas l'emprisonner ? A-t-on emprisonné les moins que rien, sortis de nulle part, devenus milliardaires en 12 ans ? Atepa a travaillé pour avoir ce qu'il a et être ce qu'il est. Il faut que l'on apprenne à se respecter. Un véritable leader doit avoir de la tenue en public, et "savoir s'empêcher".
Ou alors Macky Sall donne le ton d'une campagne électorale qui, à défaut de proposer un vrai débat comme le méritent des Sénégalais aux espoirs chahutés par l'indigence d'une caste politicienne atone et aphone, va nous offrir un "barnum politique" digne des bagarres de borne-fontaines. Concorde nationale ? Plan Sénégal Énervant ? Ou escroquerie politique ? Homme politique ou homme d'État ? Nous avons définitivement un problème de sémantique.