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24 avril 2025
International
L'ARMEE MALIENNE LIBERE KIDAL
L'armée malienne a pris la ville stratégique de Kidal (nord) aux séparatistes touareg après des années d'absence de ce qui était un enjeu majeur de souveraineté pour l'Etat central, ont annoncé mardi le chef de la junte au pouvoir et l'armée.
L'armée malienne a pris la ville stratégique de Kidal (nord) aux séparatistes touareg après des années d'absence de ce qui était un enjeu majeur de souveraineté pour l'Etat central, ont annoncé mardi le chef de la junte au pouvoir et l'armée.
Si elle est confirmée, la prise de Kidal est un succès symbolique significatif pour les colonels qui ont pris en 2020 la direction de ce pays confronté depuis 2012 à une crise sécuritaire et politique profonde. Elle parachève une offensive terrestre et aérienne lancée en fin de semaine passée.
"Aujourd'hui nos forces armées et de sécurité se sont emparées de Kidal", a annoncé le président de la transition, le colonel Assimi Goïta, dans un message lu au cours d'un flash spécial à la télévision d'Etat.
Un haut responsable du Cadre stratégique permanent (CSP), alliance de groupes rebelles armés, a paru reconnaître la perte de Kidal.
"Nous continuons notre lutte pour l'honneur et la dignité de notre peuple avec plus de détermination. C'est la fin d'un épisode mais le feuilleton vient juste de commencer", a-t-il déclaré sous le couvert de l'anonymat.
L'étendue du contrôle exercé sur place par l'armée n'est pas claire. Les autorités n'ont pas diffusé d'image. La collecte et la vérification de l'information est compliquée par l'impossibilité d'accéder au terrain. Les rebelles séparatistes ont fait couper vendredi le réseau de téléphone alors que l'armée progressait vers la ville.
Un vieil aiguillon
Kidal, foyer historique des insurrections indépendantistes et carrefour sur la route de l'Algérie situé à plus de 1.500 km et 24 heures de route de la capitale Bamako, s'est vidée d'une grande partie de ses quelques dizaines de milliers d'habitants, indiquent des messages postés sur les réseaux sociaux.
Deux officiers ont indiqué sous le couvert de l'anonymat que les rebelles avaient quitté la ville quand les soldats y sont entrés.
Un autre officier a déclaré que l'armée contrôlait en particulier la piste aérienne et le camp récemment évacué par la mission de l'ONU.
L'armée et l'Etat maliens n'avaient quasiment pas repris pied à Kidal depuis mai 2014. Les forces maliennes en avaient alors été chassées quand une visite du Premier ministre de l'époque, Moussa Mara, avait donné lieu à des affrontements avec les rebelles touareg, qui avaient causé de lourdes pertes dans les rangs de l'armée.
Les rebelles, qui s'étaient soulevés deux ans plus tôt en même temps que les salafistes, avaient accepté un cessez-le-feu avec le gouvernement quelques jours après. Ils faisaient régner la sécurité et l'ordre à Kidal depuis lors. Les jihadistes, eux, ont continué à combattre l'Etat malien et toute présence étrangère, et étendu leurs agissements au centre du Mali et aux pays voisins.
Les séparatistes ont repris les hostilités en août. Le retrait de la mission de l'ONU (Minusma), poussée vers la sortie par les autorités maliennes, a déclenché une course au contrôle du territoire entre les acteurs armés du nord (armée, séparatistes, jihadistes).
L'Etat malien a signifié de longue date sa détermination à reprendre Kidal.
L'insoumission de Kidal et de sa région, où l'armée a subi de multiples défaites entre 2012 et 2014, était un motif ancien d'irritation à Bamako, y compris pour le pouvoir actuel qui a fait de la restauration de la souveraineté territoriale sa mission.
"Libérateurs"
En décrochant de Kidal le 31 octobre, la Minusma a créé un appel d'air.
Une importante colonne militaire stationnée depuis début octobre à Anéfis, à environ 110 km au sud, s'est mise en branle en fin de semaine passée en direction de Kidal. Elle a subi en route les attaques des rebelles. Aucun bilan humain et matériel n'a pu être établi de sources indépendantes.
Le colonel Assimi Goïta a parlé de "lourdes pertes" infligées à l'ennemi.
"Notre mission n'est pas achevée. Je rappelle qu'elle consiste à recouvrer et à sécuriser l'intégrité du territoire", a-t-il dit.
Le chef de la diplomatie malienne, Abdoulaye Diop, a parlé sur les réseaux sociaux d'une '"avancée considérable" qui "démontre la pertinence des choix stratégiques opérés par le Mali".
Le Collectif pour la défense des militaires, un des groupes les plus actifs en soutien aux autorités maliennes, a appelé à se rassembler mardi à Bamako pour remercier les "colonels libérateurs".
GUY MARIUS SAGNA DE RETOUR AU SÉNÉGAL APRÈS UNE TOURNÉE INTERNATIONALE EN SOUTIEN À SONKO
Entre conférences, rencontres avec des élus et émissions TV, Guy Marius Sagna a sillonné l'Europe, l'Afrique et le Maghreb pour porter le message de Pastef
Brice Folarinwa de SenePlus |
Publication 14/11/2023
Dans un long communiqué publié à son retour au Sénégal après plus de deux mois à l'étranger, le député de l'opposition Guy Marius Sagna détaille les faits d'armes de sa tournée de propagande en faveur d'Ousmane Sonko.
Entre visites dans 10 pays et 26 villes, meetings, conférences et rencontres avec des élus, l'activiste a sillonné l'Europe, l'Afrique du Sud et le Maroc pour vanter la candidature du leader de Pastef à la présidentielle de 2024.
"En deux mois et 6 jours passés hors du Sénégal, j'ai été invité dans 10 pays: Belgique, Espagne, Suisse, France, Suède, Luxembourg, Italie, Maroc, Afrique du Sud, Hollande", affirme fièrement Guy Marius Sagna.
Il a tenu à saluer "les coordinations de Pastef des 10 pays et les sections de Pastef des 26 villes qui m'ont invité", preuve selon lui de l'envergure du mouvement sonkiste à l'international.
Durant sa tournée, le député a pris part à "28 conférences, 09 rencontres avec des élus de 09 villes, 11 rencontres avec des associations" et participé à des émissions TV.
Convaincu de la victoire annoncée de Sonko, Guy Marius Sagna conclut : "Je suis de retour pour terminer avec vous notre mission : libérer Ousmane Sonko et les plus de mille détenus politiques, élire Ousmane Sonko 5e président de la République du Sénégal, libérer le Sénégal et l'Afrique."
Une tournée chiffrée et revendiquée comme étant la preuve de l'implantation internationale de Pastef, dont le candidat désigné ne fait aucun doute pour ses partisans.
VIDEO
LE SÉNÉGAL DOIT REVOIR SES PRIORITÉS DE DÉVELOPPEMENT
Alors que le FMI décaisse des milliards au pays, Maïssa Babou accuse les autorités de gaspillages et d'absence de vision, pointant du doigt la bureaucratie pléthorique, les exonérations fiscales scandaleuses et la désaffection envers le secteur primaire
Dans un entretien accordé à Financial Afrik, le professeur d'économie Maïssa Babou livre une analyse sans concession de la politique économique menée au Sénégal depuis 2012.
Alors que le FMI vient de décaisser plus de 1000 milliards FCFA, la spécialiste estime que cette mansuétude n'est pas justifiée au regard des maigres performances économiques du pays (4,1% de croissance en 2022).
Des infrastructures coûteuses au détriment du secteur primaire
Maïssa Babou dénonce en particulier les investissements massifs dans les infrastructures de transport (routes, autoroutes, TER), qui ont eu un coût exorbitant. "On ne mange pas les routes", assène-t-il, expliquant que ces dépenses auraient pu être mieux orientées vers les secteurs productifs.
L'agriculture et la pêche devraient être la priorité absolue du Sénégal, qui importe encore massivement des denrées alimentaires. La souveraineté alimentaire doit être un objectif stratégique, qui permettrait en outre de créer des emplois dans le rural.
Manque de vision et gaspillages
Plus généralement, l'économiste reproche l'absence de vision économique du gouvernement. Selon lui, les investissements se font de façon désordonnée, sans stratégie de long terme.
Il pointe également les gaspillages liés à une bureaucratie pléthorique (38 ministres !), ainsi que les exemptions fiscales accordées au secteur minier, qui ne profitent pas à l'économie locale.
Un optimisme mesuré pour l'après-pétrole
Maïssa Babou se montre prudente quant aux retombées des futurs gisements gaziers et pétroliers. Ces ressources ne doivent pas constituer une "fin en soi", mais seulement un "appoint" pour un Sénégal déjà riche de ses forces vives, indique-t-il.
A condition de mener des politiques rationnelles axées sur les secteurs productifs, le pays a les moyens de se développer par ses propres moyens. C'est le message optimiste mais réaliste que lance cet éminent universitaire.
par Bosse Ndoye
NOMINATION DE MACKY PAR MACRON, LA RÉCOMPENSE D’UN SOUMIS ?
La France a besoin de rassurer et surtout de montrer aux dirigeants africains qui lui sont favorables que, contrairement aux souverainistes qu’elle combat et traite de tous les noms, ils peuvent compter sur elle pour être recasés à la fin de leur mandat
Dans sa sagesse infinie, après avoir énuméré certains des bienfaits qui seront la récompense - dans l’au-delà - de ceux qui lui étaient soumis sur terre, Le Tout Miséricordieux, dans la sourate éponyme (AR-Rahmane), pose une question rhétorique: « Y a t-il d’autre récompense pour le bien que le bien ? » Cette question, nous nous la sommes posée aussi à la suite de la nomination du président Macky Sall en tant qu’envoyé spécial de 4P (Pacte de Paris pour les Peuples et la Paix) par son homologue français, le 10 novembre 2023, en marge du Forum de Paris. Cette interrogation est d’autant plus légitime que le président sénégalais a beaucoup sinon trop fait de bien pour la France durant ses années au pouvoir, et ce, souvent au détriment de son peuple. Dès lors, sa nomination par Emmanuel Macron ne peut qu’être sujette à interprétation. Simple geste d’amitié anodin, diront certains là où d’autres ne voient qu’un juste retour d’ascenseur, qu’une récompense d’un soumis, qui a bassement défendu les intérêts de son pays. Je suis plus proche de ces derniers.
Après le passage de Senghor à l'Académie française, celui d’Abdou Diouf à la tête de la Francophonie, nous venons d’assister à la nomination par la France d’un troisième président sénégalais, parmi les quatre qui ont été au pouvoir jusqu’ici. Ces nominations, qui sont devenues une sorte de tradition, ne peuvent que susciter des interrogations. Par conséquent, une des premières questions pouvant venir à l’esprit de qui s’y intéresse de près peut être la suivante : quelle est la particularité du seul président sénégalais - en l’occurrence Abdoulaye Wade -, n’ayant eu aucune nomination venant de l’ancienne puissance coloniale à la fin de son mandat ? Quelques faits peuvent certainement constituer un début de réponse.
Le pape du Soppi, quoi qu'on puisse lui reprocher, ne rentrait pas toujours dans les rangs. Sous sa présidence, il a eu le « toupet » de demander et d'obtenir le départ de l’encombrant ambassadeur français, Jean-Christophe Ruffin ; d'obtenir le départ des troupes françaises du Sénégal – même si d’aucuns parlent d’un commun accord avec Sarkozy, il a osé le demander. Il est aussi parvenu à faire déboulonner Vincent Bolloré - un des barons de la Françafrique - de son piédestal du port de Dakar au profit des Qataris. Ces actes parmi d’autres ne sont pas imaginables pendant le règne des trois autres présidents, qui, ayant poussé "l’amitié franco-sénégalaise" jusqu'à aplatissement, n'ont presque jamais osé ou pensé ouvertement agir contre les intérêts de l'ancienne métropole.
L’actuel président sénégalais a affectivement fait beaucoup de bien pour la France. C’est sous son règne que l’accord de défense donnant aux militaires français l’autorisation de retourner au Sénégal a été signé avec Sarkozy, le même qui avait prétendu trouvé un accord commun avec le président Wade pour le départ de ces derniers du pays quelques années plus tôt. Ce que fait penser que si les intentions de rompre avec la Françafrique clamées par ce président français étaient sincères, il n’aurait pas signé cet accord, quelque alléchantes que fussent les propositions de Macky Sall, lequel ne s’était pas arrêté en si bon chemin. Car, quelques années plus tard, il a autorisé l’implantation de l’Escale aéronautique des Éléments français au Sénégal, à l’aéroport international Blaise Diagne (400 militaires et civils[1]. C’est aussi sous sa présidence que le Groupe Bolloré a signé son retour au port de Dakar, que l’exploitation du pétrole dans le pays a été scandaleusement accordée à Total, qui avait pourtant proposé l’une des offres les plus désavantageuses pour le peuple sénégalais. L’on se souvient encore de la signature du contrat, pour le moins onéreux pour l’économie du pays, pour la construction du TER, juste pour sauver une entreprise française aux portes de la faillite et de son soutien au maintien du franc CFA, dont la nocivité sur les économies de ceux qui l’ont comme monnaie n’est plus à démontrer. La liste est longue des services que le président Macky Sall a rendus à la France. Donc, pour parler comme Jean-Marie Adiaffi dans Carte d’identité, au lieu de couper les chaînes qui nous lie, il a bien augmenté leur poids.
Dès lors, placée dans le contexte mondial actuel, où les murs les plus solides de la Françafrique commencent à se fissurer un peu partout sur le continent, où d’autres puissances concurrentes lorgnent du côté des anciennes chasses gardées françaises, la nouvelle de sa nomination peut ne pas être surprenante. Parce que la France a besoin de se réaffirmer, de rassurer et surtout de montrer aux dirigeants africains qui lui sont favorables, voire soumis que – contrairement aux souverainistes qu’elle combat et traite de tous les noms - ils peuvent compter sur elle pour être recasés à la fin de leur mandat ; pour être secourus quand leur vie est menacée, comme ce fut le cas avec l’exfiltration de Compaoré ou pour trouver un avocat quand ils sont victimes de coup d’État ou quand ils arrivent au pouvoir par le même moyen, comme l’attestent ses vociférations à la suite du renversement de Bazoum au Niger et de l’intronisation de Déby fils.
Cette nomination du président Sall peut aussi être là ou l’une des contreparties du renoncement à une 3e candidature à laquelle il n’a évidemment pas droit selon la constitution sénégalaise. D’autant que, pendant ces périodes troubles dans la sous-région, où il y a une hostilité de plus en plus grandissante envers la politique de l’Hexagone, ce dont la France a le plus besoin, c’est la préservation de la paix et de la stabilité au Sénégal et en Côte d’Ivoire, qui, il ne faut pas l’oublier, ont été et demeurent encore la fondation solide de l’édifice françafricain. Par conséquent, elle fera tout pour que le candidat qui sera élu lors des élections présidentielles sénégalaises de 2024 soit le plus disposé à suivre de son prédécesseur, après évidemment la mise hors course d’Ousmane Sonko.
Le choix porté par Macron sur Macky Sall, pour controversé qu’il puisse être - car la décence, le respect et le bon sens eussent voulu qu’il fût annoncé à la fin de son mandat, puisqu’il est encore le président d’un pays dit souverain -, a au moins le mérite de montrer que la France se fout éperdument des droits de l’homme qu’elle prétend défendre urbi et orbi ; qu’elle est juste mue par ses intérêts, que ce qui compte ce sont des dirigeants qui lui sont soumis, peu lui chaut ce qu’ils font à leurs populations et dans leurs pays. Autrement, ce choix ne se serait pas porté sur le président sénégalais, lui qui a fait emprisonner iniquement beaucoup de ses opposants dans son pays, restreint certaines des libertés fondamentales tout en bafouant d’autres sans honte ni gêne.
En définitive, le président Macky Sall peut se réjouir, comme il l’a fait avec l’annonce de la nouvelle de sa nomination sur son compte Twitter, car il a trouvé un nouveau travail à quelques mois de la fin de son mandat. Pendant ce temps des milliers de jeunes sénégalais, dont il n’a pas l’air de beaucoup se soucier, meurent dans un océan de désespoir. Le grand perdant reste encore et toujours le peuple. D’autant que pour certains dirigeants, juste mus par leurs ambitions personnelles, la présidence n’est qu’un tremplin, une porte menant vers d’autres horizons sur le chemin de leur carrière professionnelle.
Au Gabon, des élections (présidentielle et législatives) seront organisées en août 2025. Une annonce faite ce lundi 13 novembre, en direct sur la télévision d’État Gabon Première par le porte-parole du pouvoir militaire.
Au Gabon, des élections (présidentielle et législatives) seront organisées en août 2025. Une annonce faite ce lundi 13 novembre, en direct sur la télévision d’État Gabon Première par le porte-parole du pouvoir militaire.
Le calendrier adopté en Conseil des ministres, demeure « indicatif », et doit encore être soumis à une conférence nationale incluant « toutes les forces vives de la Nation » prévue en avril 2024, selon le porte-parole du Comité pour la transition et la restauration des institutions (CTRI).
Pour rappel, le 30 août dernier, un coup d’État militaire a renversé Ali Bongo Ondimba, qui dirigeait le pays depuis 2009. Son successeur et nouvel homme fort du Gabon, le général Brice Oligui Nguema, investi président par intérim, a prêté serment début septembre dernier.
GUILLAUME SORO AU NIGER
L’arrivée de l’ancien Président de l’Assemblée nationale de Côte d’Ivoire, Guillaume Soro dans la capitale nigérienne est annoncée par un communiqué rendu public par Générations et peuples solidaires (GPS), formation politique dirigée par M. Soro.
L’arrivée de l’ancien Président de l’Assemblée nationale de Côte d’Ivoire, Guillaume Soro dans la capitale nigérienne est annoncée par un communiqué rendu public par Générations et peuples solidaires (GPS), formation politique dirigée par M. Soro. « Après 5 ans d’exil hors du continent africain, M. Soro Kigbafori Guillaume, ancien Premier ministre, ancien président de l’Assemblée nationale de Côte d’Ivoire, séjourne à Niamey où il est arrivé le samedi 11 novembre 2023, à 14h18 (heure locale) à bord du vol ET 937 d’Ethiopian Airlines », note le communiqué.
À en croire la même source, « il sera reçu en audience ce jour par le général Abdourahmane Tchiani, président de la Transition et Chef de l’État du Niger. Cette rencontre revêt une importance particulière pour M. Soro, qui demeure engagé dans sa volonté d’apporter sa contribution à l’édification de la paix et de la concorde entre les peuples frères d’Afrique ».
par Madiambal Diagne
MACKY SALL, NEUF VIES APRÈS LE PALAIS
On a de bonnes raisons d’être content et même fier pour le président, qui se voit offrir la future position d’Envoyé spécial pour la toute nouvelle organisation, portée sur les fonts baptismaux, le Paris Pact for Peace and Climate (4P)
On a de bonnes raisons d’être content et même fier pour le Président Macky Sall, qui se voit offrir la future position d’Envoyé spécial pour la toute nouvelle organisation, portée sur les fonts baptismaux, le Paris Pact for Peace and Climate (4P). Cette organisation qui préconise un nouveau pacte financier mondial, travaillera à changer les paradigmes de la coopération internationale, avec notamment la redéfinition des actions de développement. Elle s’annonce si importante, pour ne pas dire essentielle, que déjà plus de cent pays, des organisations internationales, des partenaires du secteur privé et autres philanthropes et des coalitions d’Ong, la soutiennent. L’Organisation de Coopération et de développement économiques (Ocde) qui en assure le secrétariat, a annoncé l’accueil en son sein du comité de mise en œuvre du 4 P. Le chef de l’État sénégalais qui prendra ses fonctions au terme de son magistère dans son pays en avril 2024, est attendu pour «la mobilisation de tous les acteurs de bonne volonté et des signataires du 4 P», indique un communiqué conjoint de la Présidence de la République française et de l’Ocde.
Cette offre d’emploi, acceptée de bon gré par Macky Sall, constitue non seulement une véritable consécration personnelle mais aussi lui donne une belle et bonne opportunité de pouvoir continuer à être utile à son pays, à l’Afrique et au monde. Combien d’anciens chefs d’États ou de personnalités du monde auraient aimé être sollicités pour le «job» ? Nombre d’entre eux ne sont plus mêlés à rien dans la marche du monde ! Il n’y a aucune raison pour faire une faveur ou une fleur à Macky Sall. Il est simplement méritant. C’est dire qu’on ne peut que sourire devant une certaine inanité de réactions qui se sont voulues réductrices, pour cette importante mission concernant le devenir de la planète. On a voulu croire que Macky Sall est ainsi l’employé de son homologue Emmanuel Macron. Sans doute, mais il sera tout aussi celui du Sénégal, de l’Allemagne, de la Belgique, de l’Afrique du Sud, de l’Inde, de la Côte d’Ivoire, de l’Irlande, du Kenya, du Ghana, du Nigeria, de la Jordanie, de la Roumanie, de l’Égypte, de la Croatie, de la Guinée, du Fmi, de l’Union européenne, de la Banque Mondiale, de l’Ocde, entre autres pays et organismes internationaux. Il est à noter que la communauté internationale salue à l’unanimité ce choix porté sur la personne de Macky Sall. Les honneurs lui sont encore faits cette semaine en Arabie Saoudite, à l’occasion d’un Sommet de l’Organisation de la Coopération islamique (Oci). Le meilleur reste à venir assurément ! Les avis négatifs ne sont exprimés que par certains de ses compatriotes qui n’arrivent, sans doute toujours pas, à distinguer l’essentiel de l’anecdotique ! C’est ainsi qu’on a entendu certains s’offusquer du titre d’Envoyé spécial qui ne serait pas assez pompeux à leur goût ! C’est d’abord méconnaître que Macky Sall est très détaché du faste et du snobisme. Aussi, quel autre titre plus prestigieux, plus valorisant ou même équivalant pourrait-on donner à un ancien chef d’État ? A moins qu’on ne décide qu’un ancien chef d’État devrait rester à se tourner les pouces ! A-t-on besoin de rappeler que l’ancien président Abdou Diouf a occupé avec fierté et dévouement les fonctions de Secrétaire général de l’Organisation internationale de la Francophonie (Oif) pour passer la main à Michaëlle Jean, ancienne Gouverneure générale du Canada ? Mary Robinson, ancienne Présidente de l’Irlande, a été nommée par Koffi Annan, au poste de Haut-commissaire des Nations unies pour les Droits de l’Homme. Michelle Bachelet, ancienne présidente de la République du Chili n’a-t-elle pas été Secrétaire générale adjointe de l’Onu, chargée de l’égalité des sexes et de l’autonomisation des femmes, entre autres fonctions internationales ? Les exemples ne se comptent plus. Alpha Oumar Konaré du Mali, après ses fonctions de Chef d’État n’a-t-il pas dirigé la Commission de l’Union africaine ? L’ancien président français, Jacques Chirac, n’avait-il pas lancé une initiative mondiale pour lutter contre le trafic des faux médicaments ? Quelles fonctions «subalternes» les anciens présidents Valéry Giscard d’Estaing ou Barack Obama n’ont-ils pas remplies après celles de chefs d’États ? La Brésilienne Dilma Roussef, parrainée par son mentor Lula Inacio Da Silva, s’est casée à la nouvelle banque des Brics. Dites-moi si ces anciens chefs d’États ont éprouvé de la honte pour leurs nouvelles occupations ? Ou bien serait-il plus valorisant de tourner des documentaires pour Netflix comme le fait Barack Obama ou de devenir comédienne comme l’ancienne Présidente croate Kolinda Grabar Kitarovic, ou de diriger des missions d’observation d’élections comme Olusegun Obasanjo (Nigeria), Pedro Pires ou Jorge Carlos Fonseca (Cap vert ?) Peut-être que si Mahamadou Issoufou (Niger) était moins oisif, il ne finirait pas par passer pour le parrain de putschistes contre son successeur Mohamed Bazoum?
Par contre, on est passé du sourire aux rires aux éclats jusqu’à applaudir à tout rompre, quand on voit Alioune Tine revendiquer qu’Emmanuel Macron ne saurait aimer Macky Sall plus que les Sénégalais, dont lui-même. On peut bien croire Alioune Tine qui met en garde Macky Sall contre ses proches car le zèle excessif des nouveaux convertis est une caractéristique évidente. «Rien n’égale le zèle d’un converti. On dirait qu’il ne peut pas accepter que vous résistiez là où il a succombé», (Albert Brie). Quels procès d’intention n’a-t-il pas fait à Macky Sall ? Ne l’a-t-il pas vilipendé ? Ne lui a-t-il pas prêté les plus lugubres intentions et ne l’a-t-il pas voué aux gémonies et lui avoir promis la pire des fins ? Macky Sall peut toujours le croire car «les esprits faux changent toujours de maxime» (Vauvenargues).
PILOTER LE COS-PETROGAZ, LA MISSION PREDESTINEE DE MACKY SALL
La vie a ses parts de malices, de facéties mais aussi de destinée immuable. La vie de Macky Sall est liée au pétrole et au gaz dont regorge le sous-sol sénégalais. Lui-même a pu être ému de recevoir, de la part d’un de ses anciens collaborateurs, une vieille coupure de presse, une page de l’édition du journal Le Soleil, du numéro 8705 du 10 mai 1999. On voit sur la photo, le Premier ministre Mamadou Lamine Loum, en compagnie du ministre de l’Énergie, des Mines et de l’Industrie, Magued Diouf, écoutant attentivement des explications d’un technicien de Petrosen. Ce technicien en question, qui était chef de la division des données de la Société nationale Petrosen, se nomme Macky Sall. Avec la foi du charbonnier, ce jeune technicien tenait à expliquer à ses interlocuteurs, le fabuleux potentiel en hydrocarbures que devraient renfermer les entrailles du Sénégal. Il considérait que le bassin sédimentaire est sous-exploré et préconisait déjà des investissements adéquats pour trouver le sésame. En effet, «des secteurs entiers de ce bassin n’en sont qu’au stade de la reconnaissance de base, par exemple le bassin paléozoïque on shore et l’off-shore profond, nouvel espoir de l’exploration». Macky Sall était persuadé des prochaines découvertes. Le hasard lui a souri, car devenu président de la République du Sénégal, en 2012, il aura la main heureuse avec de fabuleuses découvertes en hydrocarbures au Sénégal. Il a sans doute davantage réfléchi sur la gestion de la manne pétrolière et gazière que sur la gestion d’un État. C’est ainsi qu’il n’a pas tardé à mettre en place des outils et autres mécanismes pour permettre à son pays de tirer le meilleur profit de ses ressources en hydrocarbures. Ainsi, on retiendra que suite à la découverte d’importants gisements de pétrole et de gaz au large de nos côtes, le président Macky Sall a entrepris une série de réformes dont l’adhésion à l’Initiative pour la Transparence dans les Industries extractives (Itie) en 2013, mais surtout la création du Comité d’Orientation Stratégique du Pétrole et du Gaz (CosPetrogaz) à travers le décret 2016-1542 du 03 octobre 2016. Le rôle principal de cet organe est d’assister le chef de l’État et son Gouvernement dans la définition et la mise en œuvre de la politique en matière de gestion de nos ressources pétrolières et gazières. Les missions fondamentales du Cos-Petrogaz sont donc : «Assister le Président de la République dans la définition, la supervision, l’évaluation et le contrôle de la mise en œuvre de la politique nationale en matière de développement de projets pétroliers et gaziers ; assister le Gouvernement dans la mise en œuvre des stratégies, programmes et projets pour la promotion et le développement de projets pétroliers et gaziers ; Valider, en dernier ressort, toutes les études relatives aux réserves de gaz et de pétrole, ainsi que des gisements à développer ; valider, en relation avec les opérateurs publics et privés du secteur, tous les documents stratégiques, programmes et plans d’action pour la création de structures de formation professionnelle et de recherche afin d’assurer la promotion de l’emploi à travers les projets pétroliers et gaziers en réalisation ;assurer le suivi et l’évaluation des réserves stratégiques et de la commercialisation des hydrocarbures ; impulser, en rapport avec les ministères et structures publiques impliqués, ainsi que les partenaires techniques et financiers nationaux, bilatéraux, multilatéraux et privés, la mobilisation de l’assistance technique et des financements des programmes et projets de promotion des sous-secteurs pétroliers et gaziers ; assurer le suivi de la bonne gestion du sous-secteur des hydrocarbures».
Qui, mieux que Macky Sall qui a conçu cet outil, pourrait traduire et mettre en œuvre sa vision au grand bénéficie du Sénégal ? Il est nanti de compétences, d’une expertise et d’une légitimité incontestables dans ce domaine. Il pourrait ainsi travailler bénévolement pour impulser ce secteur et rester encore utile à son pays. Une telle occupation ne devrait certainement pas l’empêcher de faire des «piges» à l’international. D’aucuns lui suggéreraient de mettre en place une fondation pour contribuer au développement économique et social de son pays mais je reste à croire que faire profiter le Sénégal de son expérience et de sa baraka dans le secteur des hydrocarbures devrait être la meilleure chose à faire. Le temps a fait son œuvre de vérité. Ceux qui l’accusaient de faire main basse sur les ressources en pétrole et en gaz ont fini par réaliser la stupidité de leurs affirmations.
par Jacques Habib Sy
QUELQUES REPÈRES DANS LA PENSÉE POLITIQUE DE CHEIKH ANTA DIOP
EXCLUSIF SENEPLUS - Pendant 40 ans, cette figure du terroir bawol bawol a ramé seul à contre-courant de la machine de destruction de l'impérialisme culturel occidental. Sa pensée-action reste encore un continent largement en friche (1/5)
Cheikh Anta Diop peut être considéré comme l'anti-héros du monde politique de l'Afrique contemporaine. Pendant quarante ans cette forte figure du terroir bawol bawol a ramé parfois seul à contre-courant de la formidable machine de destruction de l'impérialisme culturel occidental.
Malgré la grande classe qui caractérise sa pensée et son action politiques et l'impact qu'ils ont eu sur la scène politique africaine et africaine-américaine des trente dernières années, l'héritage politique considérable légué par ce grand homme d'État à la postérité reste largement méconnu d'une grande partie du public. C'est à lui restituer le formidable potentiel qu'il présente pour l'action immédiate et la bataille stratégique pour la construction des États Unis d'Afrique en un ensemble fédéré, réellement indépendant, démocratique, prospère et non-aligné que s'emploient modestement les pages qui suivent.
On peut dire sans peur d'être démenti que l'œuvre de Cheikh Anta Diop comme ses idées charnières ont exercé sur le développement de la pensée politico-culturelle africaine l'impact le plus considérable qu'il ait été donné à un théoricien et un praticien du changement social d’avoir sur l’Afrique contemporaine.
C'est en reconnaissance de ce fait qu'il a été honoré en même temps que le Négro-Américain Du Bois par les leaders culturels et politiques Africains et de la diaspora noire durant le Premier Festival Mondial des Arts Nègres tenu à Dakar en 1967. Les Africains-Américains réunis en une conférence mémorable sur les Civilisations de la Vallée du Nil à Atlanta, en Géorgie lui ont décerné en 1986 les plus hautes distinctions honorifiques tout en le reconnaissant comme le géant des études égypto-nubiennes.
* Communication copubliée et coproduite la première fois en 1989 par le Centre National de Lettres, le Conseil Régional de la Martinique et Carbet, Revue Martiniquaise de Sciences Humaines et de Littérature dans une livraison spéciale intitulée « Sciences et Civilisations Africaines, Hommage à Cheikh Anta Diop » in Carbet, N° 8, 1989, Fort-de-France. Cette livraison coordonnée par Alain Anselin a enregistré la participation de nombreux auteurs de renom comme Théophile Obenga, James Spady, Charles S. Finch, Ivan Van Sertima, Oscar Pfouma, Frédéric Okassa, Maurice Caveing, Bruce Williams et Clyde Ahmad Winters.
** Ce texte a été rédigé en 1989, au moment où l’auteur enseignait les sciences de la communication à Howard University (Washington, D.C.) et collaborait activement aux initiatives africaines-américaines et africaines sur l’Afrique.
Je me rappelle encore combien, en me montrant les titres qu'il avait ramené des Etats-Unis, il paraissait ému de tant d'attention vigilante et militante de la part des frères Africains des Etats-Unis. Il dit alors : "Le flambeau a pris ailleurs que sur le continent africain. Nos cousins d'Amérique ont désormais pris une avance sur leurs frères du continent dans le domaine de la prise de conscience culturelle !". Dans le langage dépouillé de Cheikh Anta cela signifie que les voies les plus sûres de la libération nationale africaine sont en train d’être balisées par les différentes composantes de la diaspora nègre tout en prenant une efficacité décisive encore inédite sur le continent africain.
Ferments du Panafricanisme
Vilipendée par certains idéologues dogmatiques ou immatures, ignorée de manière feinte par la plupart des gouvernements et chefs d'État de la période post-coloniale, taxée de raciste par libéraux et radicaux occidentaux et même des Africains noirs dont la naïveté est exploitée par des projets politiques savamment camouflés en vue de détruire l'Afrique, la pensée-action de Cheikh Anta reste encore un continent largement en friche. Seule une cécité criminelle a pu tenir éloigné de ce rivage théorique si vaste et fertile des patriotes africains disponibles pour la lutte anti-impérialiste mais encore trop confus sur leur identité et la contribution attendue d’eux par les masses africaines pour la construction d’une Afrique solidement plantée sur ses deux jambes et centrée sur elle-même. C’est que l’enjeu d’un tel objectif auquel Cheikh Anta Diop a si intimement mêlé sa vie est colossal. C'est en reconnaissance de ce fait qu'il a été honoré en même temps que le Négro-Américain Du Bois par les leaders culturels et politiques Africains et de la diaspora noire durant le Premier Festival Mondial des Arts Nègres tenu à Dakar en 1967. Les Africains-Américains réunis en une conférence mémorable sur les Civilisations de la Vallée du Nil à Atlanta, en Géorgie lui ont décerné en 1986 les plus hautes distinctions honorifiques tout en le reconnaissant comme le géant des études égypto-nubiennes.
Après la Seconde Guerre mondiale, les pays africains sont sous la férule européenne et américaine. Leur situation confine presque à l'esclavage. Elle en est le prolongement à peine maquillé. L'aventure coloniale est proprement inhumaine, ses ravages économiques foudroyants. Les masses africaines désemparées mais toujours prêtes à prendre d'assaut la citadelle coloniale voient leur élan saboté par les stratèges des officines impérialistes. C'est le temps de la promotion d'élites artificiellement créées à la mesure des ambitions des métropoles coloniales.
Et partout, cette monstrueuse tricherie contre l’histoire : les Négro-africains sont sans histoire, n'ont rien inventé, pas même l'écriture et surtout pas la moindre trace d’une civilisation digne de ce nom.
L'impérialisme est à pied d'œuvre. A l'image de son action barbare il lui faut créer le mythe du nègre inhumain, ahistorique, au stade évolutif gelé dans la nuit des temps. Et voici le nègre maudit, descendant de Cham, figure biblique vouée à la souffrance éternelle : une brute à l'état pur qu'il faut "civiliser". Le mythe est créé. Son énormité en renforce la prise sur les consciences vacillantes d'une intelligentsia africaine désemparée devant la brutalité de l'assaut. L'acculturation fait son chemin et l'impérialisme culturel en renforce les modalités d'intervention de Dakar à Khartoum et d'Alger au Cap. Aux Etats-Unis, dans les Caraïbes et aux confins du Pacifique, en Amérique du Sud et dans le Finistère malgache il atteint des proportions gigantesques.
C'est donc dire que l'Afrique et le nègre en général évoluent dans une posture de défaite presque totale bien que les résistances à l’esclavage et à la colonisation n’aient jamais été absentes de l’histoire mouvementée des peuples africains. L'espoir de survivre à la dérision coloniale représente un mince filet d’air par lequel l'Afrique évite la noyade. Une petite poignée de nationalistes africains tentent de mobiliser en vain une opinion occidentale repue de sa bonne conscience. Lamine Senghor, Garang et Kouyaté, nationalistes et internationalistes avant l'heure s'agitent à Paris autour de l'Association pour la Défense de la Race Nègre. A Londres, le Congrès de Manchester consacre les débuts foudroyants du Panafricanisme en tant qu’idéologie et programme d’action de la lutte anticolonialiste et anti-impérialiste.
Des géants de leur temps comme Padmore le Guyanais, Du Bois l'Africain-Américain, Nkrumah le Ghanéen, etc. cisèlent à partir de l’appareil conceptuel nationaliste les mots d'ordre pour le salut national et pan-régional africain. La prise de conscience s’amplifie à travers l'échappée politique splendide de Marcus Garvey aux Etats-Unis. Mais le mouvement est éparpillé. Il ne s'appuie pas encore sur une ligne de masse portée à son point d'incandescence maximale. La coordination panafricaine de la lutte anticoloniale manque de moyens à la mesure des taches colossales· à entreprendre. Les élites sont encore trop amarrées au char du maître colonial. La prise de conscience culturelle, assise quintessentielle de toute lutte de libération nationale, en est encore au stade du balbutiement.
Malgré tout, le Rassemblement Démocratique Africain, regroupement des élites et des masses africaines dans les pays essentiellement sous domination française, se mobilise avec succès au départ autour de la nécessité de l'indépendance à travers un ensemble fédéré.
Dans l'Afrique sous domination anglaise la stratégie de l’Indirect Rule porte ses fruits au sein de la petite poignée d'intellectuels friands de formules creuses sur l'African Personnality mais très peu enclins à aller jusqu'au sacrifice suprême pour se libérer de la botte britannique. Dans les colonies assiégées par le colonialisme portugais, la politique de la table rase est si bestiale que le mouvement de résistance populaire panse encore ses plaies et a besoin de plusieurs décennies avant de se radicaliser dans la guérilla militaire.
Malgré la somme déconcertante des insuffisances structurelles du mouvement de résistance nationale, les masses africaines intensifient la pression politique sur l'envahisseur européen. Les "tirailleurs" envoyés comme chair à canon dans les tranchées avancées de guerres mondiales engendrées par l'impérialisme rentrent dans leurs foyers nationaux le cœur rempli de frustrations. Ils ont vite compris au contact de leurs compagnons d'armes des autres colonies et devant l'arrogance de leurs encadreurs européens que la colonisation ne repose sur rien de tangible, qu'elle est la barbarie à l'état pur et que ses initiateurs sont de simples créatures dont ils connaissent dorénavant la mesquinerie, la peur et les faiblesses intimes, particulièrement durant les périodes d'accrochage armé, dans l'enfer des avant-postes militaires. C'est sans doute ici que le colonisateur cesse d'être perçu par le colonisé comme une sorte de surhomme, de sorcier omniscient dominant l'univers tout entier. Le colonisé sait désormais que l'inhumanité et l'arrogance du colon européen ne sont que la forme ultime de la peur. Peur d'être englouti par la marée irrépressible du nationalisme Noir. C'est alors le choc de Thiaroye où les tirailleurs sénégalais fraichement rentrés et revendiquant leurs droits sociaux sont massacrés par la soldatesque coloniale. C'est encore la fronde populaire malgache dans laquelle périssent plus de 100 000 insurgés. A Grand Bassam, en Côte d'Ivoire, les femmes descendent directement dans l'arène politique en une marche frontale contre l'appareil colonial.
Partout s'élève la clameur anticoloniale. Chez le colonisé, le besoin sacré de liberté transcende l'esprit de soumission enfoncé par le glaive sanglant de l'oppresseur dans ses réflexes défensifs et offensifs. Désormais les jeux sont faits. La chute du bastion colonial n'est plus que question de temps. Mais par instinct, le colonisé sait que les incertitudes de l'histoire pourraient prolonger longtemps encore la mainmise étrangère sur l'ensemble de son patrimoine. Ils pressent donc qu'il lui faut redoubler de vigilance, travailler d'arrachepied, obstinément à l'organisation de la riposte. Il lui faut apprendre à rationaliser sa colère et à la canaliser dans des rouages organisationnels capables de contrecarrer l'infiltration ennemie au sein de ses rangs, l'hésitation et le manque de détermination absolue propre à la petite-bourgeoisie intellectuelle.
Le binôme AE-RDA/FEANF
C'est au cours de ces années turbulentes de l'après-guerre que se développent l'Association des Étudiants du Rassemblement Démocratique Africain (AE-RDA) et la Fédération des Étudiants d'Afrique Noire en France (FEANF). C'est parmi ces deux mouvements que s'élaborent les projets de radicalisation du mouvement d'indépendance de l'Afrique sous domination française. Les militants de ces mouvements juvéniles explorent avec passion et fougue les bienfaits stratégiques et tactiques de l'arme marxiste et du nationalisme tiersmondiste puissamment secrété par les succès foudroyants du Mahatma Gandhi, le chantre de la non-violence positive et par les réparties enflammées de Nasser, Ho Chi Minh, Jomo Kenyatta. Déjà, de redoutables débateurs comme Abdoulaye Guèye de la branche sénégalaise du Rassemblement Démocratique Africain, Sékou Touré du Parti Démocratique de Guinée, Félix Moumié et Ruben Um Nyobé de l’Union des Populations du Cameroun embrasent le mouvement démocratique et révolutionnaire africain d'analyses pertinentes nourries par l'humus si fécond du nationalisme unitaire.
Vers la fin des années 1950, le mot d'ordre d'indépendance immédiate agite les lames de fonds du mouvement pour l'émancipation totale de l’Afrique. La fracture est complète entre les intellectuels aux perspectives timides sinon d'un autre âge sur le destin des peuples africains et les activistes de l'indépendance totale, immédiate et contre la "balkanisation africaine". Il est vrai qu'alors le mouvement de la négritude, formule choc due au génie d'Aimé Césaire, ce démiurge de la poésie nationaliste négro-africaine, finit de se décomposer sous la houlette de leaders comme Léopold Sédar Senghor pour qui l'indépendance en dehors de la Communauté franco-africaine est impensable. Le Général De Gaulle sait déjà alors qu'il peut compter sur des figures de proue comme Senghor pour amorcer en douceur la phase néocoloniale de la domination française en Afrique. Car en stratège avisé, en prise avec les données immédiates d'une histoire prête à basculer en faveur des insurgés vietnamiens victorieux de Dien Bien Phu, des maquisards du Front de Libération Nationale Algérien qui déclenchent la lutte armée à Sétif, des manœuvres efficaces du Parti Africain de l’Indépendance au Sénégal et de l'Union des Populations du Cameroun en faveur de l'indépendance immédiate, De Gaulle sait qu'il n'a plus le choix.
La frange progressiste du mouvement anticolonialiste africain, à l'instar des mouvements politiques dans la plupart des colonies est alors séduite par le pôle extrême du bagage idéologique qu'il trouve dans les métropoles coloniales. Le marxisme est alors considéré comme l’arme suprême, la parade infaillible contre l’impérialisme occidental. Les Africains le découvrent souvent à travers des années d'activisme dans les rangs du parti communiste de la métropole coloniale. Face au capitalisme décadent, l'idéologie marxiste offre une alternative d'autant plus fiable qu'elle vient de faire ses preuves dans la Russie tsariste et à travers les prises de position de Lénine, puis Staline sur la question nationale et coloniale et la solidarité du camp socialiste face au capitalisme décadent.
Phagocytés par les mécanismes de parrainage des partis communistes métropolitains, des étudiants négro-africains en France arborent le discours stalinien dont ils tentent d'appliquer sans discernement les inconsistances théoriques aux sociétés et à l'histoire africaines. L'héritage hégélien tenant que l'Afrique est hors de l’Histoire, qu'elle est plongée dans la barbarie depuis toujours et donc incapable de tout progrès notable est omniprésent dans la pensée marxiste. De Marx et Engels à Lénine et Staline, le marxisme occidental et les partis communistes qu'il crée sous la bannière d'un internationalisme prolétarien dirigé par la classe ouvrière du monde capitaliste avancé, c'est-à-dire l'ensemble occidental judéo-chrétien, a nié avec l'assurance la plus crâne que l'Afrique ait jamais puissamment participé à la marche forcée du monde vers le progrès.
Malgré le "dés-apparentement" entre le Parti Communiste Français et le RDA qui intervient en 1950-1951, il est difficile à la plupart des étudiants organisés à travers la FEANF et l'AE-RDA de débusquer les trébuchements conceptuels du marxisme et du Parti Communiste Français devant l'histoire africaine et le poids de l'acculturation dans la conscience anticolonialiste.
La formation que reçoivent les premiers communistes africains à Dakar d'abord dans les Groupes d'Études Communistes puis à Paris dans les mini-structures du PCF, ne tient absolument pas compte des spécificités africaines. Le marxisme ainsi enseigné est ossifié. La dialectique et le matérialisme historique, ne sont utilisés qu'à travers les trivialités du catéchisme dogmatique récité sans discernement. Dans ce corset idéologique, les Africains se perçoivent encore comme l'émanation de peuples "arriérés", à l'histoire engloutie dans les "siècles obscurs". A telle enseigne, qu'on peut encore lire en 1978, dans une tentative africaine de critique de l'expérience marxiste en Afrique Noire que "la majeure partie des lois scientifiques a été découverte dans les pays européens pour des raisons qui tiennent à des circonstances particulières qu'il serait très long d'expliquer" (cf. A. A. Dieng). Or les faits relatifs à l'histoire mondiale du progrès et scientifique et technologique sont en conflit avec cette description linéaire et européocentriste de l'innovation scientifique. Tout en reconnaissant le rôle capital joué par l'Occident dans le développement des sciences modernes, il faut ramener les choses à une juste mesure. L'Europe a puisé dans le patrimoine scientifique universel que lui ont fait redécouvrir les Arabes entre les 7ème et 8ème siècles de notre ère. Grâce à la révolution industrielle qui n'est vieille que de deux siècles, le progrès technologique et le développement sans précédent des forces productives (grace à l’esclavage notamment) font basculer l'initiative scientifique et le bénéfice politique et culturel qui s'ensuit du côté du monde occidental dont le niveau technologique, politique, scientifique et culturel au Moyen Age est comparable sinon inférieur dans bien des domaines à celui de l'Afrique Noire (cf. Ivan Van Sertima, Blacks in Science)
C'est contre cette vision timide de l'histoire et ce versant caché de l'aliénation culturelle que va s'insurger Amilcar Cabral en Guinée Bissau et aux Iles du Cap-Vert. C'est contre ceux-ci que Cheikh Anta Diop décide, bien avant Cabral, de partir en guerre dans ses années de fronde militante au sein de l'AE-RDA.
Bawol des origines
Parti de son terroir natal, un repli chargé d'histoire et enfoncé en plein cœur de la savane bawoloise, Cheikh Anta Diop reste à l'écoute du monde noir. La ville de Dakar où il prépare ses études secondaires et son baccalauréat est alors un carrefour privilégié de rencontres et de choc des idées. Cette particularité est intensifiée par le statut de capitale qui est conféré à la ville dans l'ensemble aoefien. Ici, Cheikh Anta est témoin de la lutte pour le pouvoir entre la SFIO, le B.D.S., les partisans de Galandou Diouf et ceux de Blaise Diagne, ce docile exécutant des manœuvres françaises en terre africaine. Dans le même temps, Cheikh Anta prend acte de l'impasse dans laquelle se trouve plongée la classe maraboutique parfois prise au piège de la manipulation coloniale.
Nourri par ses instincts de fils du terroir éduqué dans la tradition de l'islam mouridique, une idéologie religieuse au dynamisme socio-politique indéniable, Cheikh Anta Diop mesure les potentialités de l'islam africain en tant que composante majeure de la libération nationale. Bien qu'il en prenne conscience relativement tôt, il apprendra plus tard à son corps défendant que les centres de décision islamiques sénégalais ne sauraient tolérer, encore moins favoriser la promotion d'une idéologie libératrice et délibérément progressiste. Cette tendance générale des religions révélées au conservatisme dans le cadre africain est tout aussi vraie du clergé catholique sénégalais bien que Cheikh Anta Diop n'ait pas eu à en souffrir directement dans son action politique et compte tenu du niveau marginal de l'archevêché sénégalais sur le plan social, économique et politique.
Déjà, avec ses camarades de classe du Lycée Van Vollhenhoven de Dakar et du Collège Blanchot de Saint-Louis et ses amis de l'École Normale William Ponty de Sébikhotane, il se forge une personnalité qui, tout en s'incrustant dans la mouvance anticoloniale de la jeunesse estudiantine du moment, se pose dès l'origine en un refus systématique de la domination culturelle et donc politique de son peuple.
C'est que Cheikh Anta passe ses onze premières années en plein cœur du système intellectuel et religieux du Bawol et du Kadioor. Au centre d'enseignement coranique de Kokki où il est envoyé par ses parents dès sa plus tendre enfance, il passe une année à étudier l'alphabet arabe et le Coran. Kokki est un sanctuaire important de la résistance nationale. C'est ici, dans ce Kadioor laminé par le harcèlement militaire colonial, que tombe, le 11 février 1875 Ahmadou Cheikhou, en un combat sanglant contre l'envahisseur français. Une année après Kokki, Cheikh Anta Diop est admis dans la cour privée du fondateur du mouridisme, Cheikh Ahmadou Bamba. C'est dans ce bastion de la résistance anticoloniale où s'élabore pour la première fois peut-être en Afrique noire une doctrine islamique essentiellement nègre que Cheikh Anta passe cinq années, de l'âge de cinq ans à onze ans, à forger ses premières armes intellectuelles, morales et religieuses. L'enseignement est d'une rigueur à la mesure des ambitions du mouvement mouride aux prises directes avec l'envahisseur colonial, ce qui valut plus tard à son saint patron d’être emprisonné puis embastillé en exil dans les rigueurs de l'humidité équatoriale du bagne de Mayombe, au Gabon, en même temps que l'Almami Samori Touré, ce stratège politique et militaire le plus considérable de son temps. Ces années studieuses sont entrecoupées de rares séjours auprès, du foyer familial de Céytu où il retrouve les siens parmi lesquels figure son père adoptif, le second le plus estimé d’Ahmadou Bamba, Seex Ibra Fall, autre figure historique du mouridisme.
Issu du monde paysan sénégalais où il a passé une adolescence partagée entre la discipline des daaras coraniques, les rigueurs de la culture vivrière et le vitalisme culturel mouride, Cheikh Anta Diop exerce son jugement critique sur les problèmes de l'heure à partir de paramètres qui recentrent la place du monde paysan et des masses déshéritées dans le jeu politique africain. Pour avoir vécu parmi la masse paysanne de l'entre-deux-guerres, il porte en lui les cicatrices encore fraîches des rigueurs économiques du bassin arachidier, de la férocité de l'exploitation coloniale, du dénuement de paysans à la vie monotonement cadencée par le dur labeur, un labeur sans fin qui vieillit prématurément les bras actifs, de l'obscurantisme favorisé par la politique coloniale de la table rase dans les domaines de l'instruction et l'éducation.
Pour mesurer la contribution de Cheikh Anta à l'essor du mouvement anticolonial en Afrique noire sous domination française, il n'est pas inutile d'esquisser la toile de fond sociale et politique à partir de laquelle évolue le mouvement étudiant africain en France.
À suivre, mercredi 15 novembre 2023.
GUILLAUME SORO A DECIDÉ DE METTRE FIN À SON EXIL
L’ancien Premier ministre ivoirien Guillaume Soro, condamné à la prison à perpétuité en Côte d’Ivoire pour « atteinte à la sûreté de l’Etat », a affirmé qu’il met « fin » à son exil.
L’ancien Premier ministre ivoirien Guillaume Soro, condamné à la prison à perpétuité en Côte d’Ivoire pour « atteinte à la sûreté de l’Etat », a affirmé ce dimanche soir, dans une vidéo postée sur sa page facebook, qu’il met « fin » à son exil, entamé en 2019. « Il m’est pénible de vivre loin de ma terre ancestrale et natale d’Afrique », déclare-t-il dans une allocution de cinq minutes, publiée sur sa page.
De PremierBet à BetSafe en passant par SportPesa, les sociétés de paris inondent le continent de leur publicité agressive. Plongée au cœur d'une industrie qui fait main basse sur l'Afrique grâce à une manne fiscale juteuse mais au prix de dégâts humains
Brice Folarinwa de SenePlus |
Publication 12/11/2023
Accoudé contre un mur dans la grisaille matinale, Brave Luhanga est désespéré par un coup de chance. Pour le deuxième jour consécutif, ce jeune Malawite de 15 ans se rend dans un bureau de paris de Lilongwe, la capitale, pour miser les 65 centimes gagnés en vendant des snacks à ses camarades sur des matchs de football européens sans même connaître les équipes. "Parfois ils me jettent dehors car je suis trop jeune", témoigne-t-il dans une enquête du site Bloomberg publiée le 2 novembre 2023.
Pourtant, les affaires de paris sportifs explosent sur le continent africain où l'industrie du gambling, peu régulée, a quasiment triplé ses revenus en 10 ans pour atteindre 7,3 milliards de dollars selon l'étude du cabinet H2 Gambling Capital citée par Bloomberg. Si 90% des Malawites vivent avec moins de 4 dollars par jour, les mises légales représentent déjà 0,59% du PIB contre seulement 0,3% en Allemagne indique la même source.
Parmi les acteurs majeurs, PremierBet compte des centaines de points de vente au Malawi selon l'enquête. "Quand le gouvernement a cette manne, il sera tenté de l'exploiter", analyse Tunde Adebisi, chercheur à l'université d'Ulster, interrogé par Bloomberg. Le football européen passionne les Africains et alimente les paris d'après le média américain. À Lilongwe, Pious Chirambo, gérant d'une boutique PremierBet, reconnaît "identifier facilement les joueurs accros" dans l'article.
Au Kenya également, la dépendance aux jeux ruine des vies comme celle d'Ezekiel Kimani rapporte Bloomberg. "Mon existence est totalement désorganisée, j'ai déçu mes amis et ma famille", témoigne-t-il auprès du journal.
La régulation demeure insuffisante sur le continent face aux dérives selon le média. Joseph Kamau, directeur de la clinique Primrose à Nairobi et pionnier du traitement de l'addiction aux jeux, a déjà soigné plus de 380 personnes dont des enfants de 8 ans précise l'enquête. "Le gouvernement ne mesure pas la gravité du problème", déplore-t-il dans l'article.
Malgré ses impacts sociaux préoccupants, de nombreux États africains continuent de promouvoir les paris sportifs, séduits par les recettes fiscales générées comme le souligne Bloomberg. Pourtant, ce business lucratif détourne une partie des profits vers l'étranger et pourrait, à terme, engendrer des coûts bien plus lourds pour les sociétés africaines d'après le média américain.