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24 avril 2025
International
par Ciré Clédor Ly
OPINION SUR LE RABAT D’ARRÊT INTRODUIT PAR OUSMANE SONKO
C’est l’heure de choisir le Sénégal à la place de la fonction et de son confort personnel désormais très précaire, car le capitaine du navire a abdiqué. Il commence à sentir la solitude et à vivre l’amertume des fins de règnes
Les chambres réunies de la Cour Suprême sont saisies pour qu’elles se prononcent sur des erreurs de procédure qui relèvent de la seule responsabilité des hauts magistrats de la chambre administrative de cette juridiction.
La chambre administrative a commis quatre manquements majeurs qui affectent profondément la justice en tant que pouvoir et la sécurité juridique des citoyens sénégalais qui ont perdu depuis le mois de mars 2022 leurs droits à la sûreté de leurs personnes et aux libertés publiques.
1. La chambre administrative a renié sa fonction première qui est celle d'un gendarme chargé de sanctionner les abus, les excès de pouvoir et les violations de la loi par l’administration, aux détriment d’un citoyen ou de la communauté.
2. La chambre administrative a violé sans aucune pudeur ses propres règles de composition et de fonctionnement, garantissant une bonne administration de la justice et la sécurité juridique des justiciables par la collégialité.
3. La chambre administrative a failli à son devoir d’assurer l’uniformité de la jurisprudence, qui est d’indiquer aux juridictions inférieures le sens et la portée de chaque disposition légale querellée devant elle.
Or, elle a non seulement semé la confusion dans les esprits en décidant d’une cassation avec renvoi, alors qu’elle avait affirmé péremptoirement dans l’affaire Yaya Niang qu’en matière électorale il n’y a lieu à renvoi après cassation et que le contentieux devait être vidé, mais en plus les juges ont ajouté à la loi électorale et à la loi organique sur la Cour Suprême une procédure non prévue par le législateur et qui est inconciliable avec les délais très courts, voire étriqués, dans tout le processus électoral.
4. Le ministère de l'Intérieur, qui est le ministre des élections et dont dépendent les services de la direction de l’automatisation du fichier électoral et de la direction générale des élections, en s'abstenant de régler la question démocratique de la remise des fiches de parrainage et celle du rétablissement du citoyen Ousmane Sonko, engage sa responsabilité historique dans le dévoilement des acquis démocratiques et de l’État de droit.
La responsabilité du supérieur hiérarchique de la direction générale des élections et de la direction de l’automatisation du fichier électoral est avérée, de même que celle du ministère de la Justice, qui s’abstient de faire injonction au Procureur de la République pour qu’il enrôle le dossier après le non acquiescement au jugement rendu par contumace, qui est la pierre angulaire de tous les avatars.
Les responsabilités devraient être clairement indexées, d’autant qu’il suffit d’une petite loyauté envers les idéaux démocratiques et le peuple sénégalais, d'un tout petit courage politique et de deux minuscules traits de plume pour que la normalité soit rétablie, la paix revienne, l'ordre public se restaure et que quatre mains évitent de se tâcher de sang, du sang des leurs.
Ousmane Sonko est toujours juridiquement électeur et éligible, donc fondé en droit d’être candidat à l’élection présidentielle de février 2024.
Mon client Bassirou Diomaye Faye est aussi électeur et éligible, et il n’existe aucun obstacle juridique à sa candidature pour l’élection présidentielle de février 2024.
Les candidatures de mes deux clients sont conciliables et ne se gênent pas mutuellement, de sorte que l’important pour la communauté nationale et internationale est de savoir qu’à ce jour, les intrigues et les complots d’État pour empêcher Monsieur Sonko d’être candidat à l’élection présidentielle de février 2024, malgré les moyens déployés par l’État et la répression aveugle de la jeunesse, n’ont à ce jour réussi à établir judiciairement ce qui peut empêcher les deux candidatures.
Si les batailles judiciaires ont continué, c’est que l’État n’a pas toujours réussi à empêcher légalement et judiciairement Ousmane Sonko d’être candidat, et cela doit être très bien compris par tout le monde.
Les Sénégalais et les Sénégalaises ainsi que les étrangers qui vivent parmi eux ne souhaitent et ne veulent que la paix.
C’est l’heure de choisir le Sénégal à la place de la fonction et de son confort personnel désormais très précaire, car le capitaine du navire a abdiqué. Il commence à sentir la solitude et à vivre l’amertume des fins de règnes.
Cire Cledor Ly est avocat dans les collectifs de défense d'Ousmane Sonko et de Bassirou Diomaye Faye.
ALI BONGO DECHU, BILAN TROIS MOIS APRES
Trois mois jour pour jour depuis le coup d’État au Gabon, l’ex-première dame Sylvia Bongo est en détention tout comme son fils Noureddin. Mais l’ancien chef de l’État, Ali Bongo, est toujours dans sa résidence.
Trois mois jour pour jour depuis le coup d’État au Gabon, l’ex-première dame Sylvia Bongo est en détention tout comme son fils Noureddin. Mais l’ancien chef de l’État, Ali Bongo, est toujours dans sa résidence. Le nouveau pouvoir a déclaré qu’il avait été mis à la retraite, qu’il était libre de ses mouvements et notamment pouvait partir à l’étranger se faire soigner à tout moment. Mais son entourage dément et dénonce une détention qui ne dit pas son nom.
Pour certains de ses proches, Ali Bongo est en prison. L’ancien président vit toujours dans sa luxueuse résidence de La Sablière, avec ses fils Bilal et Jalil, mais sa liberté serait restreinte. Selon plusieurs sources, « il y a des chars autour de sa résidence. Ses sorties dans le jardin sont limitées. Un garde républicain est constamment là pour écouter ses propos. Il n’est pas du tout libre et ne peut pas voir sa femme et son fils emprisonnés », confie un proche.
Ali Bongo est diminué depuis un accident vasculaire cérébral (AVC) en 2018, mais sa santé reste toutefois bonne. Un kinésithérapeute vient d’ailleurs régulièrement pour sa rééducation.
Côté matériel, là encore une bonne source explique qu’il n’a pas accès au téléphone, ses comptes bancaires seraient gelés, il ne toucherait pas sa retraite et son statut d’ancien chef d’État ne serait pas appliqué. Il aurait accumulé trois mois d’arriérés de factures d’électricité. « Il ne peut pas payer, car ses chèques sont refusés. On a peur d’une coupure », confie son entourage.
Seul un cercle très restreint de collaborateurs serait présent autour de lui. « Les militaires fouillent à l’entrée et la sortie. Le cuisinier principal est parti, car il ne supportait plus de travailler dans ces conditions. Sa famille et notamment sa mère doivent lui amener à manger », indique une bonne source.
Peu de visites
Plusieurs hauts dignitaires ont pu lui rendre des visites officielles. Le président centrafricain Faustin Archange Touadéra, le représentant de l’Unoca (Bureau régional des Nations unies pour l'Afrique centrale), Abdou Abarry, la secrétaire générale de l’Organisation internationale de la Francophonie, Louise Mushikiwabo, ou encore le 25 novembre dernier, le Premier ministre de Sao Tomé, Patrice Emery Trovoada. Tous ont d’ailleurs confirmé la bonne santé de l’ancien président gabonais. « Ce ballet diplomatique, c’est de l’esbroufe, pour donner une bonne image », confie toutefois un collaborateur.
Ces rendez-vous sont souvent rapportés dans les médias, donnant ainsi de rares images d’Ali Bongo depuis sa chute. On se souvient aussi d’une vidéo du chef de l’État diffusée quelques heures après le putsch dans laquelle il appelait, en anglais, les amis du Gabon à « faire du bruit ». Selon une bonne source, les mutins auraient décidé de laisser dormir le président durant le coup d’État. Les images auraient été enregistrées par son majordome lui-même anglophone, quelques heures après le putsch, alors qu’Ali Bongo venait d’être déposé. Des propos en anglais pour espérer une plus large diffusion à l’international.
Aujourd'hui, dans le privé, très peu de gens ont accès à lui et toute rencontre doit recevoir l’aval de l’armée. Aucun responsable de son parti, le PDG, n’est par ailleurs venu à La Sablière. « Au début, sa fille Malika et sa sœur Pascaline ont pu le voir, mais c’est terminé. Sa petite-fille Léa vivait dans une maison où séjournait Noureddin et sa famille. Elle est située au sein de la résidence. Mais Léa a été priée de déménager », indique l’entourage. Ce bâtiment fait notamment partie de l’héritage de l’ancien président et patriarche Omar Bongo. Certains craignent que le pouvoir cherche maintenant « à spolier les biens de la famille ».
Exil refusé
Ali Bongo serait « touché » par la situation, même s’il reste fort mentalement. « Il ne comprend pas cette violence contre lui. L’armée lui a proposé de s’exiler il y a environ un mois. Un avion était prêt, mais il a refusé de quitter le Gabon. Preuve de sa solidité. Il ne veut pas partir sans sa femme et son fils. Il affirme qu’ils n’ont rien fait et qu’il est prêt à prendre ses responsabilités », indique un proche des Bongo, ajoutant que le nouveau pouvoir cherche à tout mettre sur le dos de Sylvia et Noureddin Bongo. « Les militaires disent qu’ils dirigeaient, usurpaient sa signature, mais aucune décision n’était prise sans l’aval d’Ali qui était en pleine possession de ses moyens malgré son handicap physique », précise cette source.
En tout cas, aujourd’hui, une source judiciaire explique qu’aucune procédure ne vise pour l’instant l'ex-chef de l'État. Selon le président de l’Assemblée nationale, « seule une juridiction spécialisée d’exception peut juger un ancien président. Il ne peut pas passer devant un tribunal ordinaire. Si les autorités judiciaires estiment qu’il faut ouvrir une enquête, je ne peux pas empêcher la justice de faire son travail », indique Jean-François Ndongou.
Même si Ali Bongo n’est pas inquiété par la justice, sa famille n’est pas sereine. Certains proches craignent même que l’ex-président gabonais soit victime d'un nouvel AVC.
JOUR DE VERITE POUR MOHAMED BAZOUM
La Cour de justice de la CEDEAO va rendre son jugement jeudi concernant la plainte déposée par le président nigérien déchu, Mohamed Bazoum, pour ‘’destitution illégale’’, ‘’séquestration et détention arbitraire’’.
Dakar, 29 nov (APS) – La Cour de justice de la CEDEAO va rendre son jugement jeudi concernant la plainte déposée par le président nigérien déchu, Mohamed Bazoum, pour ‘’destitution illégale’’, ‘’séquestration et détention arbitraire’’.
M. Bazoum, qui a été renversé le 26 juillet dernier par un coup d’Etat, pour le motif d’incapacité à faire face à l’insécurité croissante’’ dans son pays, est retenu en résidence dans le palais présidentiel depuis cette date alors qu’il refuse de démissionner.
L’avocat sénégalais Seydou Diagne, membre de son équipe juridique, estime que ‘’la destitution du gouvernement de Bazoum constitue une violation de ses droits politiques’’, appelant à sa ‘’libération inconditionnelle’’’ et sa ‘’réintégration à la présidence’’.
‘’La détention de [Mohamed] Bazoum, ainsi que de sa femme et de son fils porte atteinte à leurs droits humains’’, ont ajouté les défenseurs du président nigérien destitué.
En réponse, l’un des avocats de la junte, Aïssatou Zada a affirmé que M. ‘’ Bazoum, sa femme et son fils n’avaient pas été détenus arbitrairement ou contre leur gré’’, faisant savoir qu’‘’ils avaient la liberté de se déplacer’’, tandis que l’ancien président ‘’ [est] retenu (…) pour des raisons de sécurité’’.
Le 1er novembre dernier, le procureur général près la Cour d’appel de Niamey avait confirmé l’accusation de la junte nigérienne selon laquelle l’ancien président aurait tenté sans succès de s’évader avec l’aide de complices.
La Cour de justice de CEDEAO est un organe créé en 1991 pour traiter les questions au sein du bloc régional.
Les États membres ne sont pas liés par les décisions qu’elle rend, et il n’existe aucun mécanisme pour les faire appliquer.
PROPOS RECUEILLIS PAR VIEUX SAVANÉ ET RENÉ LAKE
MULTIPLE PHOTOS
LES ASSISES NATIONALES ET LES RECOMMANDATIONS DE LA CNRI, ENJEUX MAJEURS DE LA PRÉSIDENTIELLE
EXCLUSIF SUD QUOTIDIEN ET SENEPLUS – « S’attaquer à un mal pour le guérir, c’est en faire l’analyse diagnostique pour rechercher les causes et y appliquer le traitement adéquat » - ENTRETIEN AVEC MAMADOU NDOYE
Vieux Savané et René Lake |
Publication 29/11/2023
Sud Quotidien et SenePlus : A quelques encablures de la présidentielle de février 2024, il se déploie des initiatives citoyennes visant à repositionner les conclusions des Assises nationales (AN) et les recommandations de la Commission nationale de réforme des institutions (CNRI) au cœur du débat public. Quelle pertinence, voire quelle urgence y a-t-il à cela ?
Mamadou Ndoye : Personnellement, je dois d’abord préciser que je n’ai pas participé aux Assises Nationales, ni aux travaux de la CNRI. Je n’y ai apporté aucune contribution. Toutefois, vous comprendrez au cours de cet entretien pourquoi j’y suis si fortement attaché.
Parlons de la pertinence, elle se situe à deux niveaux. D’abord, elles répondent incontestablement à des besoins posés par le contexte actuel. Car les conclusions des AN étaient essentiellement orientées vers la sauvegarde et la promotion de l’Etat de droit (séparation et équilibre des pouvoirs, primauté des décisions de justice…), des droits et libertés des citoyens renforcés par une démocratie participative et la bonne gouvernance basée sur les principes de transparence, de concertation avec les concernés, d’égalité et de traitement équitable des citoyens et d’obligation de rendre compte des délégataires de pouvoir…
Il se trouve précisément que notre pays est confronté présentement à des défis majeurs qui appellent de telles réponses, à l’instar des graves événements mettant en cause les libertés individuelles et collectives ainsi que les acquis démocratiques conquis par le peuple sénégalais : interdictions systématiques et répressions brutales de rassemblements publics mobiles ou fixes, tirs à balles réelles sur des manifestants provoquant de nombreux morts et blessés, arrestations massives pour délits d’opinion ou participation à des manifestations, entraves de toutes sortes à l’exercice par les partis politiques d’opposition et par des organisations de la société civile de leurs droits légaux, attaques injustifiables contre la presse indépendante, refus par l’exécutif d’exécuter les décisions de justice réparatrices de l’arbitraire…
Le second niveau de pertinence va au-delà de la démonstration de l’utilité actuelle de ces conclusions pour poser la question des utilisations possibles dans le présent, pour répondre à l’actuel et dans le futur.
Il nous faut certes lutter immédiatement contre les atteintes à l’Etat de droit, à la démocratie et à la bonne gouvernance avec l’urgence que requièrent les graves événements soulignés ci-dessus. Toutefois, pour éviter la récurrence, surmonter d’une certaine manière le statu quo et rechercher une solution durable à la crise, il nous faut apprendre des AN et de la CNRI pour, en pointillé :
- savoir que s’attaquer à un mal pour le guérir, ce n’est pas simplement le décrire pour le dénoncer et traiter ses symptômes, c’est plutôt en faire l’analyse diagnostique pour rechercher les causes et y appliquer le traitement adéquat ;
- savoir que l’analyse critique approfondie du système politique actuel appelle une véritable révolution copernicienne permettant de passer d’un système politique où tout tourne autour du service au leadership politique au plus haut niveau vers un système politique où tout tourne au service du citoyen ;
- savoir que pour y arriver, il faut construire un nouveau contrat social ou Pacte national et que cette construction ne peut être l’œuvre d’une élite mais doit s’opérer à travers un débat national inclusif et refondateur ;
- savoir que pour asseoir ainsi une forte légitimité du Pacte sur l’inclusivité de la participation au débat et la fidélité à l’expression des citoyens, il faut une méthodologie de consultations, de synthèse et de prise de décision basés à la fois sur des éclairages scientifiques et sur la connaissance des réalités locales ainsi que sur des règles d’établissement solide du consensus.
Comment comptez-vous vous y prendre pour que les conclusions des Assises nationales qui se sont tenues il y a plus de 10 ans ne soient pas l’affaire de la seule classe politique et puissent notamment interpeller la jeunesse des villes et des campagnes qui constitue la majorité de la population et dont la plupart n'avait pas atteint la majorité civile à cette époque ?
Il faut noter que la plupart des initiatives qui se déploient actuellement sur le terrain autour de la question des AN, dont la nôtre, ont pour origine le mouvement citoyen et non les partis politiques. Les partis politiques y sont plutôt invités pour les impliquer plus et, surtout, les amener à intégrer les orientations des AN et de la CNRI dans le débat électoral et dans leurs projets et programmes de transformation du pays. Cette appropriation par le mouvement citoyen est à renforcer et nous nous y attelons.
Concernant les jeunes, certains participent déjà à nos initiatives en tant que membres et les orientent vers les besoins et réalités spécifiques de cette couche majoritaire de notre population. Nous comptons également les faire participer à travers nos différentes cibles dont ils sont aussi membres : organisations de la société civile, syndicats, associations religieuses, organisations du monde rural, associations professionnelles, etc.
De manière plus spécifique, nous misons sur les jeunes pour prendre en main le débat sur les transformations à opérer afin de dessiner un avenir qui est leur. A cette fin, des actions ciblant les jeunes seront développées, telles que fora de jeunes sur le Pacte national. Le travail dans la durée avec les jeunes doit ouvrir des perspectives plus prometteuses : faire émerger dans le pays une citoyenneté démocratique forte, active et exigeante dans l’exercice aussi bien des libertés et droits que des devoirs et responsabilités. Les jeunes ont le potentiel pour y arriver au regard de la force de leur engagement social actuel qu’il nous faut accompagner et renforcer.
Quels sont les grands axes qui méritent d'être revisités aux plans institutionnel, économique, social, culturel ?
Capitaliser sur les acquis des AN et de la CNRI, c’est surtout en tirer des connaissances partageables et s’appuyer sur les leçons apprises pour se confronter avantageusement aux défis actuels. A cet égard, les orientations, c’est-à-dire les finalités, principes et valeurs qui fondent le contrat social ainsi que les critères, normes et dispositifs qui en découlent pour l’action publique représentent nos priorités. Autrement dit, nous nous focalisons sur la construction d’un consensus national sur l’essentiel qui doit s’imposer à tous :
- les réformes transformationnelles permettant d’asseoir durablement l’instauration et le respect de l’Etat de droit, le plein exercice par les citoyens de leurs libertés et droits, une éthique de gouvernance du bien public obéissant rigoureusement aux normes établies ;
- les règles consensuelles d’un jeu électoral apaisé parce qu’équitable ;
- les innovations en matière de dispositifs institutionnels pour garantir l’effectivité de ces principes et normes à travers des moyens de mise en œuvre et, au besoin, de recours, d’arbitrage et de sanction ;
- les mesures incitatives et les processus de conscientisation pour faire émerger et renforcer une citoyenneté démocratique active comme rempart contre les dérives des pouvoirs.
Une fois cette base consensuelle du vivre ensemble assise, le reste relève des options et des opinions donc du champ de la diversité, voire des contradictions.
De nombreux candidats à la dernière élection présidentielle s’étaient engagés à appliquer les recommandations des AN, y compris Macky Sall qui en sera le vainqueur. Une fois au pouvoir, il n’a cessé de répéter qu’il avait « émis des réserves » et de facto il a rangé ses engagements dans un tiroir. Ne craignez-vous pas que le scénario de non-respect des engagements, comme observé avec le président Macky Sall, se reproduise après les élections du 25 février 2024 ?
Nous avons organisé un séminaire à destination des mouvements citoyens pour une compréhension approfondie et partagée des conclusions des AN et de la CNRI. Plusieurs organisations se sont engagées avec enthousiasme notamment : l’ONG 3D, Legs Africa, Forum Civil, AfrikaJom Center, Présence chrétienne, Africtivistes, Enda, Forum social, Mouvement citoyen, Conseil sénégalais des femmes (Cosef), Ligue sénégalaise des Droits de l’Homme, Raddho, Publiez ce que vous payez, Forum citoyen, Raja Sénégal, ainsi que des organisations professionnelles notamment de juristes mais aussi des universitaires, journalistes, société de presse et de médias, des syndicats sectoriels et des centrales syndicales. Ce n’est qu’un premier pas car notre objectif est que tout le mouvement citoyen s’en approprie et, à travers lui, les différents secteurs de la population. Tant que cette bataille de l’appropriation citoyenne et populaire n’est pas gagnée, le scénario que vous évoquez reste probable. Autrement dit, dans l’alternative, aucune force décisive ne peut être mobilisée pour obliger à l’application. Alors, seul le bon vouloir des tenants du pouvoir politique compte. C’est pourquoi aussi nous ne limitons pas notre initiative à cette période préélectorale mais nous saisissons celle-ci comme un moment fort du débat politique pour l’inscrire à l’ordre du jour tout en considérant que le travail à faire se situe dans la durée.
Quel est l’objectif de la conférence publique que vous organisez ce samedi 2 décembre 2023 à L’Harmattan, une semaine après avoir organisé dans le même lieu un séminaire citoyen de mise à niveau avec pour l’essentiel des acteurs de la société civile ?
Le séminaire organisé le samedi 25 novembre devait préparer la conférence publique de ce samedi 2 décembre 2023 et plus largement le travail en profondeur précisé ci-dessus. La compréhension partagée des conclusions des AN et de la CNRI qui y était recherchée est censée constituer une base d’expression cohérente pour que les différentes organisations impliquées livrent un message public audible. Quant à l’objectif de la conférence publique, nous visons une appropriation active et profonde de ces conclusions qui ne peut être obtenue par la simple transmission mais par le questionnement, le débat et l’articulation avec les problématiques et défis du contexte actuel. La conférence sera animée par d’éminents acteurs des AN et de la CNRI : le Premier Ministre Mamadou Lamine Loum en tant que modérateur accompagné par des panélistes, le sociologue Moussa Mbaye et les professeur Jean-Louis Corréa et Abdoulaye Dièye.
Dans ce premier débat public, nous souhaitons en relation avec les prochaines échéances électorales, après les messages du mouvement citoyen, donner la parole à des candidats à la candidature aux présidentielles de 2024 pour qu’ils puissent exprimer publiquement leur position et leur engagement vis-à-vis des conclusions des AN et de la CNRI. Ce type d’interpellation publique appelle aussi les candidats à s’engager devant l’opinion. Le mouvement citoyen aura la charge non seulement d’en assurer le suivi mais de prendre toutes les initiatives nécessaires pour l’effectivité des engagements pris. Nous comptons poursuivre ce débat public pour l’étendre aux différentes localités du pays et aux divers secteurs de la population.
MACKY SALL À DUBAÏ POUR LA COP 28
Macky Sall quitte Dakar ce mercredi, à destination des Dubaï, aux Émirats arabes unis, où il va prendre part à la 28e Conférence de l’Organisation des Nations unies sur le climat (COP28)
Le président Macky Sall quitte Dakar ce mercredi, à destination des Dubaï, aux Émirats arabes unis, où il va prendre part à la 28e Conférence de l’Organisation des Nations unies sur le climat (COP28), informe une source officielle.
Lors de cet événement de dimension mondiale, qui se tiendra jusqu’au 12 décembre 2023, le chef de l’Etat sénégalais va porter ‘’la cause du continent africain devant les dirigeants du monde entier’’, indique le Bureau d’information gouvernemental (BIG).
Cette publication officielle souligne que le président Macky Sall ‘’est très attendu sur des problématiques déterminantes pour l’humanité telles que le doublement du financement de l’adaptation, décidé à la COP26 Glasgow, pour mobiliser 40 milliards de dollars d’ici 2025 ; l’opérationnalisation effective du Fonds créé à la COP27 et dédié aux pertes et dommages associés aux changements climatiques’’.
Elle cite également ‘’une transition énergétique juste et équitable ; l’’exploitation et la gestion des ressources en eau ; – les financements verts ; la résilience à la sécheresse’’.
Le BIG annonce que concernant la problématique de la résilience à la sécheresse, le Sénégal et l’Espagne vont d’ailleurs co-organiser une réunion sur le sujet dans le cadre de l’Alliance pour la résilience à la sécheresse qu’ils ont conjointement lancée à la cop27.
La publication est revenue sur les actions du Sénégal en matière de transition énergétique et de financement de projets verts.
Elle souligne que le 10 novembre 2023, à Paris, le président Macky Sall indiquait que ‘’31% de nos capacités électriques installées du Sénégal proviennent de sources d’énergies renouvelables et l’ambition est de porter ce taux à 40% d’ici 2030 avec le soutien des partenaires’’.
En matière de ‘’transports collectifs ultramodernes’’, le BIG cite le TER et le BRT.
Dans le cadre des efforts du Sénégal toujours, la publication note que le pays ‘’ambitionne de protéger 500 000 hectares de forêts, réaliser 500 000 hectares de plantations et réduire de 90% ses superficies vulnérables aux feux de brousse’’.
Elle signale que le Sénégal, parmi les pionniers dans la mise en œuvre de la Grande Muraille verte, a récemment versé une contribution volontaire de plusieurs milliers de dollars en appui à l’Agence Panafricaine de la Grande Muraille Verte (GMV), en plus de ses cotisations statutaires.
LES NOMINATIONS AU CONSEIL DES MINISTRES DU 29 NOVEMBRE
En Conseil des ministres ce mercredi, le président Macky Sall a entériné plusieurs nominations dans des postes de Direction.
SenePlus publie ci-dessous, les nominations prononcées au Conseil des ministres du mercredi 29 novembre 2023.
AU TITRE DES MESURES INDIVIDUELLES
Le Président de la République a pris les décisions suivantes :
Madame Thioro Mbaye SALL, Inspecteur du Travail et de la Sécurité sociale de classe exceptionnelle, précédemment Directeur de Cabinet du Ministre de la Fonction publique et de la Transformation du Secteur public, est nommée Secrétaire général du Ministère de la Fonction publique et de la Transformation du Secteur public, en remplacement de Monsieur Mouhamed Mahmoud DIOP, appelé à d’autres fonctions.
Monsieur Mamadou NDIAYE, Economiste- Financier, titulaire d’un Master en Gestion de la Politique économique, est nommé Président du Conseil d’Administration de la Banque régionale
des Marchés.
Monsieur Mamadou Moustapha DIENG, Entrepreneur culturel, est nommé Président du Conseil d’Administration du Fonds de Développement des Cultures urbaines et des Industries créatives.
Monsieur Cheikh NDIAYE, Animateur culturel, précédemment Directeur de la Maison de la Culture Douta SECK, est nommé Directeur général du Fonds de Développement des Cultures urbaines et des Industries créatives.
Madame Khady Diattou NDOYE, Psychologue Conseiller, précédemment Conseiller technique au Ministère de la Culture et du Patrimoine historique, est nommée Secrétaire général du Fonds de Développement des Cultures urbaines.
Monsieur Cheikh Oumar GAYE, Ingénieur, est nommé Directeur du Projet de Promotion de la Gestion intégrée et de l’Economie des Déchets solides au Sénégal (PROMOGED) au Ministère de
l’Urbanisme, du Logement et de l’Hygiène publique, en remplacement de Monsieur Ibrahima DIAGNE, appelé à d’autres fonctions Monsieur El Hadji Djily Mbaye LO, Socio-économiste, est nommé Coordonnateur national du Programme national de Développement des Agropoles du Sénégal.
Monsieur Guéladio Abdoul SOW, Conseiller en Planification, est nommé Secrétaire général du Laboratoire national de référence dans le domaine du bâtiment et des travaux publics (LNR-BTP).
Madame Faty SEYE, Professeur de l’Enseignement secondaire, est nommé Directeur de l’Ecole
nationale de Formation en Economie familiale et sociale, poste vacant.
Monsieur Sidy Faty NDIAYE, Professeur de l’Enseignement moyen, est nommé Directeur des Ressources humaines au Ministère de la formation professionnelle, de l’Apprentissage et de l’Insertion, en remplacement de Madame Aminata DIOP, appelée à d’autres fonctions.
Monsieur Alassane DJIGO, Professeur de l’Enseignement secondaire de classe exceptionnelle, est nommé Directeur des Examens, Concours professionnels et certifications, en remplacement de Monsieur Mamadou Mbenda FALL, appelé à d’autres fonctions.
Madame Aminata DIOP, Inspecteur de spécialité, précédemment Directeur des Ressources humaines, est nommée Directeur du Centre national d’Information et de Documentation, en remplacement de Monsieur Khadim SYLLA, appelé à d’autres fonctions.
Madame Ndèye Soukeyna FALL, Professeur de l’Enseignement secondaire, précédemment Conseiller technique au Ministère de la Formation professionnelle, de l’Apprentissage et de l’Insertion, est nommée Secrétaire générale de l’Agence nationale de la Maison de l’Outil, poste vacant.
ELON MUSK DE NOUVEAU ACCUSÉ
Le milliardaire, entrepreneur respecté dans les domaines de la conquête spatiale et de la voiture électrique avec SpaceX et Tesla multiplie sur son réseau social les clins d’œil appuyés à l’ultra-droite complotiste et fait fuir les annonceurs
Le milliardaire, entrepreneur respecté dans les domaines de la conquête spatiale et de la voiture électrique avec SpaceX et Tesla multiplie sur son réseau social les clins d’œil appuyés à l’ultra-droite complotiste et fait fuir les annonceurs
« Vous pensez qu’Elon Musk aurait braqué un projecteur sur le pizzagate si c’était faux ? » Cette adepte de la mouvance QAnon exhulte. Il aura suffi d’une image pour que le milliardaire redonne vie à une théorie du complot vieille de sept ans.
Un « meme », une blague virale laissant entendre que le pizzagate est bien réel. Un délire complotiste né dans les fanges d’Internet à l’époque de la première campagne de Donald Trump et imaginant un réseau pédophile impliquant un ancien directeur de campagne d’Hillary Clinton et une pizzeria de Washington.
Délire sans fondement
Un délire sans le moindre fondement, tout cela a été prouvé depuis longtemps, d’ailleurs Elon Musk a rapidement supprimé son post. Mais c’est le principe du clin d’œil, cette apparition fugace sur son compte officiel suffit à redonner du crédit à cette théorie du complot, et à adresser un message à ceux qui y croient.
L’affaire intervient alors qu’Elon Musk rentre tout juste du Proche-Orient, accusé d’antisémitisme jusqu’à la Maison Blanche, il est allé se blanchir auprès du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu. S’il espérait faire revenir les annonceurs qui ont fui en masse son réseau social, pour l’instant, c'est raté.
PAR Rama Salla Dieng
POURQUOI LA PALESTINE EST UNE QUESTION FÉMINISTE ET ANTICOLONIALE
Cette violence dure depuis 41 jours… et 75 ans. Il s’agit d’une guerre contre la reproduction sociétale et sociale de la Palestine. Israël tente de tuer l’esprit palestinien et de s’emparer de la reproduction de son capital social et culturel
Rama Salla Dieng explique que le génocide actuel en Palestine est une question de justice féministe et reproductive. L’objectif ultime d’Israël – et des puissances occidentales qui soutiennent cet État colonisateur et pratiquant l’apartheid – est de rendre impossible la reproduction sociale et sociétale des Palestiniens, et donc de mener à leur éventuelle mort physique.
J’écris ce court commentaire pour témoigner du nettoyage ethnique qui se déroule depuis le 7 octobre. À l’heure où j’écris ce court texte, plus de 13 000 personnes, dont 5 000 enfants, ont été tuées par Israël en Palestine (Gaza et Cisjordanie), plusieurs milliers de personnes sont portées disparues sous les décombres et autant ont été déplacées de leur domicile. Douze cents personnes auraient été tuées en Israël par le Hamas, et plus de 200 personnes auraient été kidnappées par le Hamas.
ll est important d’historiciser le génocide en cours que de nombreux observateurs et les Palestiniens eux-mêmes ont appelé la seconde Nakba. Le peuple de Palestine a survécu et résisté sans relâche à sept décennies d’occupation et de violations de ses droits fondamentaux. Son génocide a pris de nombreuses formes : occupation, vagues de saisie de terres et de zones maritimes, dépossession, expropriation, déplacement, assassinats, violences sexuelles. Le génocide auquel nous assistons n’a pas commencé aujourd’hui. Cette violence dure depuis 41 jours… et 75 ans. Et elle s’est poursuivie en raison des nombreux feux verts ou de l’absence de réactions aux innombrables actes de violence que l’État d’apartheid israélien a infligé pendant des décennies. Mais surtout, la flambée de violence a commencé par des discours de haine et par la déshumanisation lente et insidieuse des Palestiniens par la banalisation de leur mort. Une mort sociale. Au fil des décennies, nombre de morts, de blessés, d’emprisonnés et de civils déplacés, sans visage, ont été enterrés sous des reportages de quelques secondes à la radio ou à la télévision, ou dans des comptes rendus de pertes de vies humaines de plusieurs paragraphes dans les journaux.
Si nous avons appris une chose du génocide au Rwanda, c’est que tout génocide, tout projet de nettoyage ethnique commence par la déshumanisation des groupes sociaux visés. La mort sociale est la première étape de l’anéantissement physique d’un groupe. Le concept de “mort sociale” a été inventé pour la première fois par Horace Orlando Patterson en 1985, et ce n’est pas une coïncidence si le livre de Patterson est une étude comparative de l’Esclavage et de la mort sociale – Slavery and Social Death. Neuf ans après ce livre, le génocide rwandais a eu lieu, mais il n’a pas commencé en 1994, il a commencé bien avant, lorsque les colonisateurs belges ont commencé à mesurer les crânes et à les ethniciser, et plus tard lorsque le gouvernement dominé par les Hutus a commencé à appeler les groupes Tutsis ciblés “Inyenzi” ou “cafards” pour signifier qu’ils manquaient d’humanité, qu’ils ne les croyaient pas dignes d’exister. Plus tard, après avoir lu Le passé devant soi de Gilbert Gatore, Une saison de Machettes de Jean Hatzfeld, Murambi, le livre des ossements de Boubacar Boris Diop et Cafards de Scholastique Mukasonga, nous avons promis au Tribunal Pénal International pour le Rwanda et aux Tribunaux de Gacaca de ne plus jamais laisser commettre de telles atrocités, du moins “pas en notre nom”.
Mais, je veux que nous comprenions que ce qui se passe à Gaza et en Cisjordanie est (et a toujours été) la prochaine étape de l’État israélien dans le projet d’assassinat des Palestiniens. Ce n’est que l’étape suivante d’une saisie de terres et de zones maritimes soigneusement planifiée et exécutée par la mort sociale sous le prétexte du droit à la légitime défense. Quand la légitime défense a-t-elle jamais signifié le nettoyage ethnique systématique de civils? Quand le droit à l’existence d’un groupe a-t-il signifié la condamnation à mort d’un autre groupe social?
Soyons clairs sur le fait que le génocide militarisé actuel est une question politique, une question féministe, une question de justice reproductive, une question économique, une question de justice environnementale, une question de justice agraire, une question éthique, une question de souveraineté.
Il s’agit d’une guerre contre la reproduction sociétale et sociale de la Palestine.
Dans un article paru en 2011, Shirin Rai, économiste politique féministe de la SOAS, et ses coauteurs décrivent cette situation de perte, sans aucun plan futur de reconstitution susceptible d’y remédier, comme la Reproduction Sociale par l’Épuisement – Social Reproduction through Depletion. L’utilisation d’armes de destruction massive interdites et brutales, notamment le phosphore blanc sur les populations civiles, la destruction d’hôpitaux et d’infrastructures vitales telles que les routes, les réservoirs d’eau, l’électricité et les moyens de transport, la pollution des ressources naturelles, du bétail et l’empoisonnement des cultures sont autant d’indications claires de l’intention de déposséder définitivement les Palestiniens de leurs moyens de production, quels que soient leur âge, religion et classe sociale.
L’objectif de l’État Colonial d’Israël est clair : il s’agit d’épuiser ceux qui participent à la reproduction sociale en affamant la main-d’œuvre pour l’empêcher d’atteindre l’apport calorique nécessaire, en brûlant les infrastructures sociales pour que ses besoins fondamentaux en matière de nourriture et d’énergie, de logement, de santé et de sécurité, d’hygiène (y compris les serviettes hygiéniques pour les femmes et les jeunes filles, et les services de soins pour les malades et les femmes enceintes), ne soient pas satisfaits. L’objectif est également atteint en détruisant et en empoisonnant la nature, en détruisant les universités, les mosquées et les lieux de rassemblement communautaire. Israël tente de tuer l’esprit palestinien et de s’emparer de la reproduction de son capital social et culturel – les Palestiniens sont réputés être les “réfugiés les plus éduqués” ‘educated refugees’du monde.
Le but ultime d’Israël – et des puissances occidentales qui soutiennent cet État colonial et pratiquant l’apartheid – est de rendre impossible la reproduction sociale et sociétale des Palestiniens, et finalement de les conduire à la mort physique. Ce n’est là qu’un des nombreux visages du fascisme et du capitalisme colonialiste raciste. Nous ne devons ni nous taire, ni penser que cela se passe dans un pays lointain. En même temps que nous demandons un cessez-le-feu absolu, le retour des otages israéliens et palestiniens, nous devrions également exiger des réparations pour les pertes de vies humaines et les dégâts causés à la nature, ainsi qu’une réforme complète de l’architecture actuelle de la gouvernance internationale. Nous ne pouvons pas confier notre avenir à des puissances en qui nous n’avons pas confiance, car elles nous ont montré les intérêts qu’elles représentent et les vies qui comptent pour elles.
Ce qu’Israël est en train de commettre en Palestine devrait être un signal d’alarme pour tous les pays du Sud et du monde entier – wake-up call to all the countries in the Global South . Ce qui arrive à la Palestine, au Soudan, à la République Démocratique du Congo, à Haïti, déterminera notre avenir commun, les fruits de nos luttes anticoloniales et notre souveraineté finale.
C’est pourquoi je voudrais conclure en partageant ce message puissant sous la forme d’un tweet d’Issa Shijvi – tweet from Issa Shijvi , le 1er novembre 2023:
Voix du monde
Dites-le haut et fort
Dites-le clairement
Nous ne tolérerons pas
Un autre génocide sur notre planète
Il n’y a pas de “si” ni de “mais”.
Il n’y a pas d’équilibre entre génocidaires et victimes
Il n’y a pas d’équivalence entre les occupants et les occupés.
Cessez le feu immédiatement
Mettez fin au colonialisme!
Rama Salla Dieng est une écrivaine, universitaire et militante sénégalaise. Elle est actuellement chargée de cours sur le développement africain et international au Centre d’Études Africaines de l’Université d’Édimbourg. Rama est également une militante féministe qui a collaboré avec plusieurs organisations féministes sur le changement agraire, le genre et le développement, et la reproduction sociale. Rama a rédigé ce texte à titre personnel.
UNE FRANÇAISE EMPRISONNÉE À DAKAR MANIFESTE PAR LA FAIM
Arrêtée pour avoir participé le 17 novembre à une manifestation de soutien à Sonko, Coline Fay, 26 ans est poursuivie pour "complot contre l'autorité de l'État" et "séjour irrégulier". Son avocat réclame sa libération immédiate
Brice Folarinwa de SenePlus |
Publication 29/11/2023
Selon une information de France Bleu Isère relayée mardi 28 novembre, l'avocat Juan Branco s'est dit "inquiet" pour le sort de sa cliente Coline Fay, une jeune femme iséroise de 26 ans incarcérée depuis le 24 novembre dans une prison pour femmes de Dakar au Sénégal.
Coline Fay, qui réside au Sénégal depuis un an où elle exerce comme kinésithérapeute, a été arrêtée alors qu'elle participait pacifiquement à une manifestation de soutien à Ousmane Sonko, principal opposant politique au président sénégalais Macky Sall. Accusée de "complot contre l'autorité de l'État" et de "séjour irrégulier", elle a entamé une grève de la faim et n'a pu parler à sa famille que lundi.
Selon Maître Branco, qui défend également Ousmane Sonko, "la France, qui soutient le président Macky Sall, semble gênée par la situation". L'avocat exige une prise de position publique des autorités françaises pour obtenir "sans délai" la libération de sa cliente, qualifiée de "militante pacifiste". "Il est très important que les Français sachent qu'elle encourt la perpétuité pour avoir défendu les valeurs qui sont les nôtres", déplore-t-il.
Contacté par France Bleu Isère, le ministère des Affaires étrangères indique suivre "avec attention" le cas de Coline Fay et confirme qu'elle bénéficie de visites consulaires pour s'assurer du respect de ses droits. Du côté de la famille iséroise de la jeune femme, l'inquiétude grandit tandis qu'un comité de soutien est en cours de constitution.
Texte Collectif
IL NOUS FAUT SORTIR LE PROCESSUS DE DECOLONISATION DE L’ORNIERE
En réponse aux crises récurrentes de l’impérialisme français, des changements interviennent sporadiquement afin d’en préserver l’essentiel. Paris doit annoncer un retrait militaire complet et une sortie inconditionnelle du franc CFA
Alors que se tient un bref débat à l’Assemblée nationale puis au Sénat, sur la politique africaine de la France, un collectif appelle à « s’attaquer à l’armature institutionnelle et culturelle du colonialisme français » et à cesser de focaliser l’attention sur des réformes minimalistes. « Il nous faut sortir du processus de décolonisation de l’ornière dans laquelle il a été poussé au moment des indépendances africaines. Paris doit annoncer un agenda de retrait militaire complet et de sortie française inconditionnelle du franc CFA. »
Un bref débat sans vote, en fin d’après-midi à l’Assemblée nationale puis au Sénat : voilà ce que la République française propose de mieux, en matière de débat démocratique, sur sa politique africaine – au moment même où celle-ci connaît une contestation populaire sans précédent depuis la période des indépendances en Afrique et où l’armée française tente vaille que vaille de retirer son matériel et ses soldats du Niger.
Dans une tribune publiée en janvier 2020 à l’occasion du Sommet de Pau, emblématique de l’incapacité des autorités françaises à penser leur rôle autrement qu’avec l’orgueil qu’implique une posture coloniale, nous prévenions : la présence militaire française au Sahel, prétendant apporter une « vaine solution militaire à des problèmes politiques et sociaux » ne pouvait que nourrir ce qui commençait à être qualifié de « sentiment «anti-français» » dans les rédactions parisiennes et couloirs du Quai d’Orsay. Un an plus tard, l’aviation française bombardait les abords du village malien de Bounti, tuant une vingtaine de civils qu’elle prétend toujours être des « terroristes », en dépit des conclusions inverses de l’ONU. Deux mois après, les intérêts français étaient pris pour cibles dans des émeutes au Sénégal. En novembre 2021, il y a deux ans quasi jour pour jour, une colonne militaire destinée à ravitailler l’opération Barkhane était bloquée par une foule hostile : d’abord au Burkina Faso puis au Niger, où l’armée française se dégageait en ouvrant le feu. Elle est accusée d’avoir tué trois personnes et mutilé une dizaine d’autres manifestants – un crime colonial qu’elle nie comme tant d’autres.
« La montée d’un sentiment «anti-français» n’a rien d’étonnant, écrivions-nous : il s’agit en somme d’un sentiment antiFrançafrique. »
La Françafrique, enterrée tellement de fois
Le putsch au Niger et le bras de fer diplomatique qui a suivi ont ravivé cette question lancinante du néocolonialisme français dans la région. Mais le président français ne se démonte pas : « le temps de la Françafrique est révolu, je vous le confirme », affirme-t-il dans une interview fin août, après l’avoir dit en mars depuis le Gabon. Sa ministre des Affaires étrangères Catherine Colonna lui emboite le pas début septembre, en assénant que « la Françafrique est morte depuis longtemps ». D’innombrables commentateurs leur donnent raison, à commencer par l’historien Achille Mbembe, devenu depuis 2021 un zélé ambassadeur de la politique africaine d’Emmanuel Macron. A chaque fois, les formules sont efficaces et marquent les esprits : la Françafrique, terme qui paraît aussi poussiéreux aujourd’hui qu’il semblait encombrant par le passé, relève à fortiori de l’histoire ancienne. Mais alors pourquoi ressort-ils ans cesse de sa boîte ? Ironie du sort, c’est Gérard Araud, ex-ambassadeur de France auprès de l’ONU au moment notamment de deux interventions militaires emblématiques de la Françafrique sous Sarkozy, en Libye et en Côte d’Ivoire, qui alerte contre ce discours tautologique. Dans une tribune publiée début août, il souligne l’importance de « cette Françafrique dont tout nouveau président annonce la fin dès son élection comme s’il ne se rendait pas compte que cette répétition rituelle prouvait qu’elle avait survécu à ses prédécesseurs et lui survivrait sans des mesures radicales qui ne sont jamais venues »
Mais disons l’évidence, puisque c’est le faux procès auquel on s’expose : la Françafrique des années 2020 n’est pas le clone de celle des années 1960 ou des années 1990. Inutile donc d’insister sur les différences avec l’époque de l’ancien président ivoirien Félix Houphouët-Boigny, à qui la paternité du mot est d’ailleurs attribuée à tort. Ce qu’il convient de regarder, c’est ce qui s’est perpétué.
Certes, le néocolonialisme français est aujourd’hui bousculé par le regain de contestation populaire auquel on assiste, amplifié par les réseaux sociaux – et encouragé par des puissances concurrentes, ce qui n’a rien de nouveau. Il est évidemment inédit depuis soixante ans que la France connaisse simultanément un recul dans trois pays africains voisins, tel un large trou dans la carte habituelle de l’influence française. Mais ce que l’histoire franco-africaine nous montre (1), c’est qu’en réponse aux crises récurrentes de l’impérialisme français, des changements interviennent sporadiquement avec pour effet, justement, d’en préserver l’essentiel.
Reprendre la décolonisation
Ceux qui brandissent l’incapacité de Paris à faire rentrer dans le rang les putschistes nigériens comme nouvelle preuve irréfutable de la fin de la Françafrique oublient un peu trop vite que l’histoire a souvent emprunté des méandres. Ils se leurrent en pensant que la France a toujours maîtrisé parfaitement le cours des événements et en omettant que c’est justement face à des déconvenues qu’elle a régulièrement modifié sa politique africaine pour ne pas être pleinement poussée vers la sortie. Elle a particulièrement bien réussi à le faire au moment des indépendances, préemptées avant même d’être accordées. Elle a continué à le faire depuis par une succession de réformes. En dépit des événements des dernières semaines, le pouvoir macronien fait le pari que cette stratégie peut encore payer.
Bien que l’arrogance française ait servi de paratonnerre aux putschistes depuis fin juillet au Niger, la politique d’Emmanuel Macron donne encore à voir un puissant système d’influence, auquel contribuent des élites africaines et qui en bénéficient en retour – une constante depuis les prémices de la Françafrique. La France n’a jamais été un deus ex machina intervenant en déconnexion voire en contradiction avec l’ensemble des forces internes d’un pays ou d’une sous-région. Elle a toujours tenté de manœuvrer au mieux selon ses intérêts, grâce à des leviers de pouvoir dont la pérennité depuis soixante-cinq ans est en réalité sidérante : la présence militaire multiforme, le franc CFA, la mal nommée « aide au développement », l’influence culturelle et linguistique, la fabrique d’une légitimité politique pour les dirigeants alliés… Autant d’« outils [...] dorénavant désuets », selon Achille Mbembe, qui reconnaît tout de même ainsi, en creux, la perpétuation des principaux attributs de la puissance française en Afrique. « Le temps est peut-être venu de s’en débarrasser, et en bon ordre », suggère-t-il : chiche !
Plutôt que de focaliser l’attention sur des réformes minimalistes, comme la mutation du franc CFA d’Afrique de l’Ouest fin 2019 ou l’annonce en février dernier de l’évolution des bases militaires permanentes, il est temps de s’attaquer à l’armature institutionnelle et culturelle du colonialisme français. C’est devenu une évidence : il nous faut sortir du processus de décolonisation de l’ornière dans laquelle il a été poussé au moment des indépendances africaines. Mener à bien ce processus sera long, mais deux étapes minimales sont d’ores et déjà évidentes : Paris doit annoncer un agenda de retrait militaire complet (bases, opérations extérieures, coopérants détachés) et de sortie française inconditionnelle du franc CFA
(1) Voir T. Borrel, B. Collombat, A. Boukari-Yabara, T. Deltombe (Dir.), Une histoire de la Françafrique. L’Empire qui ne veut pas mourir, Points Histoire, 2023.
Signataires : Boubacar Boris Diop, écrivain, Sénégal ;
Patrice Garesio, co-président de Survie, France ;
Demba Karyom Kamadji, syndicaliste, Tchad ;
Eric Kinda, Porte-parole du Balai citoyen, Burkina Faso ;
Younous Mahadjir, syndicaliste, Tchad
Issa Ndiaye, universitaire et ancien ministre, président du Forum civique Mali,
Jacques Ngarassal Saham, Coordinateur de Tournons la Page-Tchad ;
Ndongo Samba Sylla, économiste, Sénégal