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24 novembre 2024
International
MALI : ENQUÊTE SUR LES DÉCLARATIONS DE DEUX RESPONSABLES UKRAINIENS
Le procureur du pôle judiciaire spécialisé malien a ouvert une enquête sur les propos de deux responsables ukrainiens quant à l’implication présumée de leur pays dans les affrontements à Tinzaouatene, dans le nord du Mali...
Le procureur du pôle judiciaire spécialisé malien a ouvert une enquête sur les propos de deux responsables ukrainiens quant à l’implication présumée de leur pays dans les affrontements à Tinzaouatene, dans le nord du Mali, entre les FAMa et les rebelles du Cadre stratégique permanent pour la défense du peuple de l’Azawad.
Après la rupture des relations diplomatiques avec l’Ukraine, une procédure de poursuites judiciaires est désormais en cours au Mali. Mardi, Amadou Bocar Touré, procureur de la République du Pôle judiciaire spécialisé dans la lutte contre le terrorisme et la criminalité transnationale organisée, a annoncé l’ouverture d’une enquête pour « actes de terrorisme, complicité d’actes de terrorisme et financement du terrorisme ».
Cette enquête, explique le ministère public malien, fait suite aux déclarations du porte-parole du renseignement militaire ukrainien, affirmant une prétendue implication de son pays « dans une attaque menée par des groupes armés terroristes, ayant entraîné la mort de membres » des Forces armées maliennes (FAMa) à Tinzaouatene, « ainsi que des dégâts matériels ». Ces propos ont été confirmés par l’ambassadeur d’Ukraine à Dakar, Yurii Pyvovarov. Dans un communiqué parvenu à APA, le parquet spécialisé indique que « cette enquête permettra de poursuivre tous les auteurs, co-auteurs et complices des faits incriminés, afin qu’ils répondent de leurs actes devant la justice ».
Le dimanche 4 août, les autorités maliennes, par la voix du colonel Abdoulaye Maïga, ministre de la Décentralisation et de l’Administration du territoire, ont annoncé la rupture des relations diplomatiques avec l’Ukraine. Parallèlement aux poursuites judiciaires engagées par le procureur du pôle spécialisé contre le terrorisme, Bamako a également annoncé « des mesures préventives pour éviter toute déstabilisation du Mali à partir d’États africains abritant des ambassades ukrainiennes ». De plus, il est prévu de saisir les instances internationales ainsi que les États soutenant l’Ukraine.
Avant le Mali, le Sénégal et le Burkina Faso avaient condamné les propos des deux responsables ukrainiens, tandis que le Niger a suivi l’exemple du Mali en rompant également ses relations diplomatiques avec l’Ukraine.
Face à ces accusations, l’Ukraine a nié tout soutien au terrorisme, qualifiant la décision du Mali de « hâtive » et « imprévoyante ». De son côté, la Russie a soutenu la décision du Mali de rompre ses liens avec l’Ukraine, affirmant que le soutien de Kiev aux « terroristes n’est pas surprenant ».
Du 25 au 27 juillet, des affrontements ont éclaté dans le nord du Mali, à la frontière algérienne, opposant les FAMa et leurs alliés russes aux rebelles du Cadre stratégique permanent pour la Défense du peuple de l’Azawad d’une part, et aux jihadistes du Groupe de soutien à l’Islam et aux musulmans (GSIM) d’autre part.
Dans un communiqué daté du 1er août, le CSP a affirmé avoir infligé de lourdes pertes aux militaires maliens ainsi qu’aux membres de la société paramilitaire Wagner, déclarant avoir tué respectivement 40 et 84 parmi eux. Un peu plus tôt, le GSIM avait revendiqué une embuscade ayant causé la mort de 50 « mercenaires » de Wagner et de 10 militaires maliens. La société militaire privée Wagner a, pour sa part, reconnu des pertes dans un communiqué diffusé sur son canal officiel sur Telegram, sans préciser le nombre exact de combattants morts dans les combats.
LES PRISONS ISRAÉLIENNES TRANSFORMÉES EN CAMPS DE TORTURE
L'organisation israélienne de défense des droits de l'homme B'Tselem a signalé la transformation des prisons israéliennes en "camps de torture" où les Palestiniens sont soumis à de graves tortures, notamment à des violences physiques et sexuelles...
L'organisation israélienne de défense des droits de l'homme B'Tselem a signalé la transformation des prisons israéliennes en "camps de torture" où les Palestiniens sont soumis à de graves tortures, notamment à des violences physiques et sexuelles, à la famine et à la privation de sommeil.
Le rapport de B'Tselem, intitulé "Bienvenue en enfer : Les prisons israéliennes se sont transformées en un réseau de camps de torture", comprend les déclarations de 55 Palestiniens dans les prisons israéliennes, dont 30 de Jérusalem-Est et de Cisjordanie occupées, 21 de la bande de Gaza et 4 citoyens arabes israéliens.
D'anciens détenus, parmi lesquels des médecins, des femmes universitaires, des avocats, des étudiants, des enfants et des dirigeants politiques, ont décrit leur expérience dans les prisons israéliennes depuis le 7 octobre 2023, date à laquelle Israël a lancé ses attaques contre Gaza.
Les Palestiniens détenus dans les prisons israéliennes ont fait état d'une politique systématique de mauvais traitements et de torture continus, y compris la violence sexuelle, l'humiliation, la privation de nourriture, la violence arbitraire et sévère, appliquée dans les prisons.
Dans les prisons israéliennes, les Palestiniens sont confrontés à de mauvaises conditions sanitaires, à la privation de sommeil, à l'obstruction du culte et à des punitions pour le culte, à la confiscation des biens personnels et communs, et à l'impossibilité de recevoir un traitement adéquat.
"Les témoignages de Palestiniens dans les prisons israéliennes révèlent les résultats d'une opération rapide au cours de laquelle plus de 12 prisons, civiles et militaires, ont été transformées en camps dont le but était de maltraiter les gens. Quiconque pénètre dans ces lieux, qui fonctionnent comme des camps de torture, est condamné à subir les douleurs les plus aiguës, des tourments délibérés et sans fin", indique le rapport.
Selon le rapport, le nombre de Palestiniens dans les prisons israéliennes se chiffrait à 5 192 avant le 7 octobre 2023, date à laquelle Israël a lancé ses attaques contre la bande de Gaza, et le nombre de Palestiniens dans les prisons et les centres de détention a augmenté pour atteindre 9 623 depuis juillet 2024.
4 781 des Palestiniens détenus l'ont été dans le cadre d'une "détention administrative" sans procès ni inculpation.
Le rapport note que les forces israéliennes ont détenu illégalement des milliers de travailleurs gazaouis titulaires d'un permis de travail qui se trouvaient en Israël immédiatement après le 7 octobre, et que des centaines de Palestiniens ont été emmenés dans des lieux inconnus, dont certains sont toujours détenus et empêchés de contacter leurs proches.
Le rapport note que les familles, les avocats et les organisations de défense des droits de l'homme ont essayé d'enquêter sur les détenus figurant sur les listes de détenus et sur les centres de détention, mais que ces tentatives ont été rejetées, et que les tribunaux israéliens ont déclaré qu'ils n'avaient "aucune obligation" de fournir des informations sur les détenus.
- La pratique israélienne de la "détention administrative"
Israël peut détenir les Palestiniens de 1 à 6 mois sans inculpation ni procès dans ce qu'il appelle la "détention administrative".
Les tribunaux militaires peuvent prolonger la période de détention jusqu'à 5 ans sans expliquer au détenu de quel délit il est accusé, en décidant qu'il "représente un danger pour la sécurité d'Israël".
Depuis le 7 octobre, 39 623 Palestiniens, dont 16 314 enfants et 10 980 femmes, ont été tués et 91 469 personnes ont été blessées lors des attaques israéliennes contre la bande de Gaza.
Alors qu'il y aurait encore des milliers de morts sous les décombres, les infrastructures civiles sont également détruites en ciblant les hôpitaux et les établissements d'enseignement où les gens s'abritent.
LE MAROC VA ACCUEILLIR LE 87E CONGRÈS DE L’AIPS EN 2025
Le 87e congrès de l’Association internationale de la presse sportive (AIPS) se tiendra au Maroc en 2025, annonce un communiqué parvenu à l’APS.
Paris, 7 août (APS)- Le 87e congrès de l’Association internationale de la presse sportive (AIPS) se tiendra au Maroc en 2025, annonce un communiqué parvenu à l’APS.
Le président de l’AIPS, l’italien Gianni Merlo, a dévoilé mardi, le nom du pays devant abriter le congrès, en marge de la cérémonie célébrant le centenaire de l’organisation de la presse sportive mondiale, au siège de l’UNESCO à Paris.
Le communiqué indique qu’ ” il a souligné que le congrès de l’AIPS représente une occasion unique pour les professionnels des médias sportifs de travailler en réseau, d’aborder les conditions de travail et les problèmes et défis à venir”.
‘’Chaque congrès propose, selon lui, des séminaires, des tables rondes et des présentations de journalistes, d’associations et d’organisations qui abordent les valeurs fondamentales de l’AIPS notamment, l’éthique, les conditions de travail, l’égalité des sexes, l’aide à la nouvelle génération de jeunes reporters, l’accès aux sources et les nouveaux défis tels que l’intelligence artificielle’’, ajoute la même source.
LE RÉVEIL DE LA MÉMOIRE
Déterminé à reprendre la main sur son histoire longtemps dominée par la version française, le Sénégal multiplie désormais les actes pour imposer sa lecture du drame de Thiaroye. La commémoration du 1er décembre 2024 à Dakar pourrait marquer un tournant
(SenePlus) - Dans un tournant décisif des relations franco-sénégalaises, le massacre de Thiaroye resurgit comme un enjeu majeur, mettant en lumière la nouvelle approche affirmée du Sénégal face à son ancien colonisateur. L'attribution récente par la France de la mention "Morts pour la France" à six tirailleurs africains tués en 1944, révélée par Le Monde le 27 juillet 2024, a suscité une réaction forte de Dakar, signalant un changement profond sur ce sujet sensible entre les deux nations.
Ousmane Sonko, Premier ministre, a saisi l'occasion pour affirmer la position sénégalaise : "Je tiens à rappeler à la France qu'elle ne pourra plus ni faire ni conter seule ce bout d'histoire tragique." Cette prise de position illustre la volonté du Dakar de reprendre le contrôle de son narratif historique, longtemps dominé par la perspective française.
Le nouveau gouvernement sénégalais, dirigé par le président Bassirou Diomaye Faye et Sonko, élu sur une promesse panafricaniste, a clairement indiqué son intention de faire de Thiaroye un symbole de sa politique de « rupture » avec l'ancienne puissance coloniale. Un proche de la présidence sénégalaise confie ainsi au Monde : "Si le président vient [aux commémorations], c'est pour faire un discours fort sur Thiaroye et le colonialisme, pas pour rester assis aux côtés d'autres présidents africains."
Cette posture du Sénégal place la France dans une position délicate. L'Élysée, soucieux de préserver ses relations avec Dakar tout en reconnaissant les erreurs du passé, se trouve contraint de recalibrer sa approche. Un interlocuteur proche des dossiers mémoriels au sein du gouvernement français admet auprès du journal Le Monde que "La volonté d'attribuer ces mentions était connue de Dakar. Cela serait une faute politique que de réagir [aux déclarations d'Ousmane Sonko]."
Le Sénégal ne se contente plus de gestes symboliques. Il exige une révision complète de la narration historique, l'accès total aux archives, des réparations concrètes, et la réhabilitation des tirailleurs survivants injustement condamnés. Comme le souligne un observateur sénégalais proche du pouvoir : "Cette affaire concerne le Sénégal et toutes les ex-colonies françaises en Afrique. Il y a un besoin de vérité et de justice."
Cette nouvelle dynamique a des implications profondes pour les relations France-Sénégal. D'une part, elle offre une opportunité de refondation sur des bases plus équitables et transparentes. D'autre part, elle met la France au défi de confronter pleinement son passé colonial, au-delà des gestes symboliques.
La commémoration prévue le 1er décembre 2024 à Dakar pourrait ainsi marquer un tournant décisif. Les autorités sénégalaises envisagent, à en croire des sources du Monde, d'en faire un événement panafricain majeur, en invitant des représentants d'autres pays africains, notamment ceux en rupture avec Paris comme le Mali, le Burkina Faso et le Niger. La présence éventuelle d'Emmanuel Macron à cet événement, pour lequel Dakar aurait donné un "accord de principe", pourrait être l'occasion d'un discours fort sur le colonialisme et Thiaroye.
Cependant, le chemin vers une véritable réconciliation reste semé d'embûches. L'historienne Armelle Mabon, qui travaille depuis plus d'une décennie sur ce dossier, souligne dans son témoignage au journal Le Monde, l'importance cruciale de l'accès aux archives pour établir la vérité : « Sans l'accès total aux archives, il est impossible de statuer sur le nombre exact de victimes et leur localisation."
Pour la France, l’enjeu est de taille. Il s'agit non seulement de reconnaître les erreurs du passé, mais aussi de repenser essentiellement sa relation avec le continent africain. La manière dont Paris répondra aux demandes du Sénégal concernant Thiaroye pourrait bien définir l'avenir de ses relations non seulement avec Dakar et le reste du continent.
LE NIGER ROMPT SES RELATIONS AVEC L’UKRAINE
Le régime nigérien a également annoncé mardi "la saisine du Conseil de sécurité des Nations unies en vue de statuer sur l'agression ukrainienne".
Le Niger a annoncé mardi rompre "avec effet immédiat" ses relations diplomatiques avec l'Ukraine, deux jours après le Mali, reprochant à Kiev un "soutien" à des "groupes terroristes" après une lourde défaite de l'armée malienne fin juillet, lors de combats avec des séparatistes et des jihadistes.
"Le gouvernement de la République du Niger, totalement solidaire du gouvernement et du peuple maliens, décide en toute souveraineté (...) de la rupture avec effet immédiat des relations diplomatiques entre la République du Niger et l'Ukraine", a déclaré mardi le porte-parole du gouvernement nigérien, le colonel-major Amadou Abdramane, dans un communiqué lu à la télévision publique.
Fin juillet, séparatistes et jihadistes ont affirmé avoir tué des dizaines de membres du groupe paramilitaire russe Wagner et de soldats maliens lors de combats à Tinzaouatène, à la frontière algérienne dans l'extrême nord-est du pays. L'armée malienne et Wagner avaient reconnu des pertes importantes, sans donner de bilan précis. Cette défaite est la plus lourde subie en une bataille par le groupe Wagner en Afrique, s'accordent les analystes.
Un responsable du renseignement militaire ukrainien, Andriï Ioussov, avait sous-entendu que Kiev avait fourni des informations aux rebelles pour qu'ils puissent mener à bien leur attaque. "Le gouvernement de la République du Niger a appris avec une grande stupéfaction et une profonde indignation, les propos subversifs et inacceptables de M. Andriï Ioussov, porte-parole de l'agence ukrainienne de renseignement militaire", a déclaré M. Abdramane mardi.
Et "ceux, encore plus indécents, de l'ambassadeur ukrainien au Sénégal, Yuri Pyvovarov, apportant un soutien sans équivoque à la coalition de groupes terroristes auteurs de l'attaque lâche et barbare perpétrée à Tinzaouatène contre les forces armées maliennes", a-t-il poursuivi, condamnant "fermement des actes d'agression caractérisés, synonyme de soutien au terrorisme international", selon lui.
Saisine de l'ONU
"Le fait que les rebelles aient reçu les données nécessaires qui leur ont permis de mener à bien une opération contre les criminels de guerre russes, a déjà été observé par le monde entier. Bien entendu, nous ne divulguerons pas les détails. Plus d'informations à venir ici aussi", avait déclaré M. Ioussov à la télévision ukrainienne. Une vidéo qu'avait relayé l'ambassadeur ukrainien au Sénégal.
Le Mali avait, à l'issue de ces déclarations, annoncé dimanche la rupture de ses relations avec l'Ukraine, également avec "effet immédiat". Le Mali comme le Niger, dirigés respectivement par le colonel Assimi Goïta et le général Abdourahamane Tiani, se sont rapprochés de la Russie après l'arrivée au pouvoir de régimes militaires hostiles aux pays occidentaux et accueillent des instructeurs russes. L'Ukraine a de son côté rejeté lundi les accusations similaires du Mali et a regretté une rupture jugée "précipitée".
Selon le ministère ukrainien des Affaires Etrangères, Kiev "adhère inconditionnellement aux normes du droit international" et "se réserve le droit de prendre toutes les mesures politiques et diplomatiques nécessaires en réponse aux actions inamicales".
Le régime nigérien a également annoncé mardi "la saisine du Conseil de sécurité des Nations unies en vue de statuer sur l'agression ukrainienne". Il note par ailleurs "le silence des Etats africains et de l'Union africaine en particulier" et "en appelle à la responsabilité de la communauté internationale".
Lundi, la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l’Ouest (Cedeao), que le Mali et le Niger ont quittée en janvier – comme le Burkina –, a exprimé "sa ferme désapprobation et sa ferme condamnation de toute ingérence étrangère dans la région". Elle a également condamné "toute tentative visant à entraîner la région dans les affrontements géopolitiques actuels".
Samedi, les nouvelles autorités sénégalaises avaient indiqué avoir convoqué l'ambassadeur d'Ukraine à Dakar, quand le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov a réaffirmé son soutien à Bamako.
UNE JUSTICE EN PLEINE MÉTAMORPHOSE
Fodé Ndiaye, président du CELMAD, offre une perspective éclairante sur la révolution judiciaire en cours au Sénégal. Il souligne l'importance d'une approche équilibrée, conjuguant héritage culturel et modernisation technologique
(SenePlus) - Le Sénégal s'apprête à entreprendre une réforme en profondeur de son système judiciaire. Cette initiative, portée par les récentes Assises de la Justice, vise à redéfinir les contours d'une justice plus proche des citoyens, plus efficace et plus en phase avec les réalités du 21ème siècle.
Fodé Ndiaye, président du Centre d'Excellence pour le Leadership et le Management pour le Développement de l'Afrique (CELMAD), apporte un éclairage précieux sur ces propositions de réforme. "La justice joue un rôle crucial dans le leadership, la gouvernance et la gestion de notre pays", affirme-t-il. "C'est pourquoi les Assises de la Justice ne sauraient ignorer le point de vue des citoyens, aussi naïf soit-il."
Une vision holistique pour une justice réinventée
Au cœur de cette réforme se trouve la volonté de repenser la justice dans son ensemble. M. Ndiaye souligne l'importance d'une "vision de transformation sociétale, éthique, équitable, inclusive, structurelle et durable". Cette approche holistique implique non seulement des changements institutionnels, mais aussi une réflexion profonde sur la place de la justice dans la société sénégalaise.
"Il est crucial de décliner de manière plus explicite la vision et les institutions devant sous-tendre cette réforme avant de convoquer des assises", explique M. Ndiaye. Cette réflexion préalable permettrait d'éviter de réduire les réformes à de simples ajustements techniques.
L'éthique et la déontologie : Pierres angulaires de la réforme
Un aspect fondamental soulevé par M. Ndiaye est l'importance de l'éthique et de la déontologie dans la fonte du système judiciaire. "Quelle que soit la qualité des institutions, elles sont dirigées par des êtres humains", rappelle-t-il. "Il en résulte l'importance de l'éthique, de la déontologie, du leadership, de la gouvernance et du management des femmes et des hommes faisant fonctionner ces institutions."
Cette insistance sur les valeurs morales et professionnelles vise à garantir l'intégrité et l'indépendance de la justice, au-delà des structures formelles.
Une Justice ancrée dans la culture sénégalaise
L'une des propositions les plus audacieuses est de repenser la justice sénégalaise en puisant dans les racines culturelles et historiques du pays. M. Ndiaye préconise "une réappropriation historique et culturelle" de la justice. Il suggère que le futur Conseil Supérieur de la Justice, en collaboration avec les universités, les think tanks, les ONG et les citoyens, réfléchisse à "une nouvelle vision plus adaptée de notre justice, en faisant de la recherche sur notre histoire, notre culture , notre anthropologie par rapport à la justice."
Cette approche novatrice pourrait permettre de créer un système judiciaire unique, véritablement sénégalais, qui concilie traditions ancestrales et exigences de la modernité.
Des innovations institutionnelles majeures
Parmi les propositions phares figure la création d'une Cour Constitutionnelle, remplaçant l'actuel Conseil Constitutionnel. Cette nouvelle institution "comprendrait des membres non-juristes, pourrait s'auto-saisir et être directement saisie par des citoyens dont les droits constitutionnels fondamentaux seraient violés", explique M. Ndiaye.
Une autre innovation majeure serait la création d'un Conseil Supérieur de la Justice, remplaçant à la fois le Conseil Supérieur de la Magistrature et la Haute Autorité de la Justice proposée. Ce nouvel organe aurait des fonctions élargies, incluant un rôle de conseil et de proposition de réformes régulières.
La digitalisation : Un défi et une opportunité
La modernisation de la justice passe également par sa numérisation. "La politique de numérisation de la justice doit s'accompagner de mesures idoines afin que l'écart numérique ne se traduise pas par des inégalités des citoyens par rapport à la justice", prévient M. Ndiaye. Cette transformation numérique promet d'améliorer l'efficacité et l'accessibilité de la justice, tout en posant de nouveaux défis en termes d'équité et d'accès.
Un appel à l'action
En conclusion, M. Ndiaye insiste sur la nécessité d'un "plan précis de mise en œuvre et de suivi-évaluation" pour ces réformes ambitieuses. Il appelle également à "examiner et incorporer des réformes apportées à d'autres expériences judiciaires que la France", soulignant l'importance d'une approche diversifiée et adaptée aux réalités sénégalaises.
Cette réforme de la justice sénégalaise s’annonce comme un chantier titanesque, mais potentiellement transformateur. Elle pourrait non seulement moderniser le système judiciaire, mais aussi redéfinir la relation entre les citoyens et leur justice, créant ainsi un modèle unique en Afrique et dans le monde. Le Sénégal se trouve à un moment charnière de son histoire judiciaire, avec l'opportunité de créer une justice véritablement au service de son peuple et de ses valeurs.
Par Oumar Diaw SECK
SORANO TRAHIT SENGHOR
Pour la première fois de son histoire, l'Ensemble lyrique de Sorano s'est laissé entraîner sur la pente de l'occidentalisation. Il a repris des œuvres contemporaines en y intégrant des instruments modernes, rompant avec sa vocation originelle
Aussi bien que dans la politique, la culture peut vivre aussi la haute trahison. Tel est le cas de ce que le temple de la culture qu’est la Compagnie du Théâtre national Daniel Sorano a vécu ce jeudi 1er août 2024. Sur imposition du Directeur général de Sorano, El Hadj Ousmane Barro Dione avec la complicité de Ousmane Faye, manager de Oumar Pène, de Baboulaye Cissokho, directeur artistique par intérim (l’Ensemble), malgré la réticence de beaucoup d’artistes, l’Ensemble lyrique traditionnel a produit l’album « Senegal sunu réew » de 15 titres sorti, ce jeudi 1er août 2024, avec la prestation sur scène de l’Ensemble lyrique avec des guitaristes, clavistes et avec d’autres instruments occidentaux. L’album est constitué de reprises de Oumar Pène, Baaba Maal, Abdoulaye Mboup, Thione Seck, Mahawa Kouyaté, Khady Diouf, Kiné Lam entre autres. Cette production musicale et la prestation scénique constituent une haute trahison de l’esprit de Sorano et de la mission de l’Ensemble lyrique. Depuis 1966, tous les directeurs généraux et les artistes de Sorano ont respecté et développé l’âme, l’orientation et la mission sacerdotale de l’Ensemble lyrique traditionnel qui consiste exclusivement à la valorisation du patrimoine musical traditionnel du Sénégal. Et aussi la promotion et la vulgarisation des instruments traditionnels. Jamais d’instruments musicaux occidentaux-modernes à l’Ensemble lyrique traditionnel depuis son existence en 1966 tant dans la production que dans les prestations scéniques. Khalam, riti, balafon, djembé, sabar, kora, bougeur entre autres instruments traditionnels se sont toujours côtoyés pour produire des chefs-d’œuvre, de belles musiques.
Au moment où l’ère du souverainisme culturel c’est-à-dire la sauvegarde du patrimoine culturel est d’actualité, on assiste à une tentative d’agression de notre patrimoine immatériel par la nouvelle direction générale de Sorano.
Maurice Sédar Senghor, Pathé Gueye, Ousmane Diakhaté, Sahite Sarr Samb, Massamba Gueye, Abdoulaye Koundoul, tous ces directeurs généraux ont respecté et consolidé la mission de Sorano. Sauf Ousmane Barro Dione qui est en train de trahir l’esprit de Sorano. Et pourtant, il y a eu toujours des productions d’albums de Sorano avec des chanteurs comme El Hadj Faye, Thione Seck, Moussa Ngom et d’auteurs compositeurs comme Boucounta Ndiaye, mais toujours avec nos instruments traditionnels
Créé en 1965 par le poèteprésident Léopold Sédar Senghor, lancé en 1966 lors du premier Festival mondial des Arts nègres (Fesman 1), ainsi que le Ballet national La Linguère La Linguère et la troupe dramatique nationale, l’Ensemble lyrique traditionnel s’est assigné comme mission sacerdotale consistant à la valorisation du patrimoine musical traditionnel et oral du Sénégal. On a assisté froid dans le dos, avec cette production « soupe kandj » mi-figue-miraisin à la déviation de l’Ensemble lyrique traditionnel Daniel Sorano. Les nouvelles autorités en charge de la culture et l’opinion doivent prendre conscience de l’impérieuse nécessité de sauver Sorano pour la préservation de notre patrimoine immatériel traditionnel inestimable et aussi d’épargner Sorano des dérives culturelles et des déviances artistiques. Sauvons Sorano.
Oumar Diaw Seck est directeur artistique de l’Ensemble instrumental de l’Afrique de l’Ouest (USA), promoteur de la musique traditionnelle africaine aux Etats-Unis d’Amérique. oumardiawseck@gmail.com
Par Henriette Niang KANDE
LA KERMESSE DES VANITÉS
Depuis peu, ce pays succombe à un singulier manichéisme qui sape les fondements de notre vivre-ensemble. On ne peut dégager un avenir en s’imaginant que gouverner c’est passer son temps à dénoncer les autres et fixer sa propre histoire en dogme
La première génération de notre élite nationale, très largement promue grâce à une logique socioprofessionnelle initiée par la France, était essentiellement constituée à partir du mouvement syndical largement dominé par les enseignants et «les médecins africains». La deuxième génération est arrivée avec sa vague d’administrateurs civils, mettant en œuvre les politiques de développement exigées par l’aide bi-ou-multilatérale ou les organismes internationaux
Puis, elle s’est mise à faire de la politique. Avec la troisième génération constituée de techno-économistes, c’est la transnationalité qui devient signe et repère de l’excellence, tout en n’ayant pas les moyens d’investissements économiques et financiers des politiques qu’ils prônaient. Ce fut une période de « leurres et lueurs » durant laquelle l’élite dirigeante ne disposait que d’un pouvoir virtuel, avec des sens et des postures plus exogènes qu’endogènes. Une troisième alternance arrivée en mars 2024, propulse des inspecteurs des Impôts et des Domaines entrés en politique, opposants farouches puis vainqueurs de l’ancien régime, monopolise tous les débats, des plus graves aux plus futiles sur une scène politique qui ressemble de plus en plus à un vaudeville, une grande kermesse des vanités.
De ces vagues générationnelles il ressort que notre élite politique, depuis l’indépendance, a toujours été confrontée à des crises profondes qui ne sont pas seulement économiques puisqu’elles affectent y compris les ressources imaginaires de son identité, du fait qu’elles n’ont jamais disposé à proprement parler, des moyens de leurs promesses. Les crises sont souvent des moments de basculement. C’est le cas de notre vivre ensemble. Il est est en train d’être très dangereusement menacé. Des fragilités éclatent au grand jour, des innovations s’accélèrent, des mouvements de fond émergent soudain en surface. Sans doute sommes-nous à l’un de ces tournants. Dans de nombreux domaines, les évolutions s’exacerbent, et observateurs ou analystes s’accordent à reconnaître que l’hérésie est au fondement et à l’origine de ce nouvel ordre sociopolitique, économique, culturel, idéologique. C’est dans ce cadre, que notre commun vouloir de vivre ensemble est de plus en plus mis à l’épreuve. Il apparaît comme une remise en question radicale de sens et/ou postures jusque-là plus ou moins efficaces, dans l’espace social sénégalais. De ses effervescences surgissent individuellement ou en masse, des troupes, composées d’incendiaires bas de gamme. Ils jettent leur huile sur le feu, dont on finit par se demander s’il cela ne les réjouit pas. D’autre part, il y les incendiaires de luxe, qui, certains de leur importance, emblèmes médiatiques contestables, mais perçus irremplaçables projettent une réalité qu’ils divisent sciemment : les lumières pour leur camp, les ombres contre les autres, considérés comme un soufre dévastateur. C’est le côté fascinant et quelques fois horrible de la politique.
Les diverses réactions suscitées la semaine dernière par la sortie du Premier ministre devant ses hôtes-cracks qu’il invitait pour magnifier leurs performances scolaires en sont une preuve. « On n’acceptera plus que le voile soit interdit dans certaines écoles ». Ce week-end, tout s’est accumulé : l’arrivée légitime du nouveau régime aux affaires, l’implication présidentielle minimaliste, les phrases provocatrices, des attitudes frôlant l’arrogance du Premier ministre et une étrange atmosphère de cour où il semble qu’une solitude impérieuse dissimule quelque dessein, dont il n’arrive pas à se défaire parce qu’il tient plus à ce qu’il est qu’à ce qu’il accomplit ou non. Peut-être faut-il chercher à appréhender l’influence de ses obscurités et le poids de son histoire personnelle pour comprendre la foudre et la violence de cette personnalité qu’on dit brillante mais vindicative, où se glisse un récit d’offenses intimes et de frustrations personnelles ? Dans un article publié dans les colonnes de Sud Quotidien le 19 septembre 2019, suite à ce qu’il est convenu d’appeler «l’affaire Jeanne D’arc», Vieux Savané fait observer que « sur un effectif de plus de 1700 élèves, 23 d’entre elles sont d’origine libano-syrienne, d’obédience chiite, soutenue par le Hezbollah et l’Iran». Ces élèves, passant outre le règlement intérieur de l’institution, avaient décidé qu’elles ne partageraient plus le même table-banc avec des camarades garçons et n’iraient plus au cours de gymnastique pour cause de présence masculine. C’était la raison essentielle de leur renvoi.
Le Premier ministre ignorait-il qu’un accord avait été trouvé, qui réintégrait en classe les élèves voilées à condition de porter l’uniforme obligatoire assorti d’un voile qui ne le cacherait pas et suivre tout autant obligatoirement tous les cours. Cet accord, obtenu après un dialogue pour dégager toute confusion et toute manipulation, est la preuve du respect à la fois de la liberté religieuse, et d’un vivre-ensemble, malgré les différences. Comme pour dire que c’est à l’école qu’on apprend le vivre-ensemble, que la cohésion et le lien social vivent en son sein. Cet environnement, telle une éponge naturelle, absorbe le savoir-vivre et s’en nourrit inlassablement. Car la vie a toujours été assise sur les bancs scolaires, même si l’école est marquée par le temps, les époques, les crises, les générations, les controverses, les polémiques. C’est cette approche qui a rendu féconde notre école.
Que s’est-il donc passé entre 2019 et le week-end dernier pour que le pays tremble ou fait mine de trembler face au voile ? La « question du voile », qui fait tant s’agiter la société, témoigne à n’en plus douter de ce nouveau phénomène qu’est le délitement de notre vivre-ensemble, particularisme si sénégalais ! Les polémiques donnent à voir une inquiétude nouvelle sur le devenir collectif au sein d’un Sénégal lui-même incertain de son identité.
C’est quand une élite est au pouvoir que le peuple se rend compte que derrière l'apparence des conduites et des décisions se cache l’humus des caractères, la subjectivité souvent débridée et perturbée de certaines personnalités. Comment peut-on croire qu’en interdisant l’expression d’idées différentes, ou en « interdisant d’interdire », dans une brutalité atavique un certain port vestimentaire qu’on se mettra à l’abri du pire ? Depuis un certain temps, ce pays succombe à un singulier manichéisme qui sape les fondements de notre vivre-ensemble qui est son identité. On ne peut dégager un avenir en s’imaginant que gouverner c’est passer son temps à dénoncer les fautes des autres et fixer sa propre histoire en dogme. Malgré de nombreuses promesses, une grande frange de la population est au bord du gouffre à pauvreté, dans un Etat dans l’angoisse de ce qui l’attend, face à des identités imaginaires bâties à la hâte pour exiger une reconnaissance comme un dû, dans un climat de crispations et de méfiance qui rejoint, chez certains le sentiment d’une accélération de leur marginalisation.
Pour gouverner un pays, il faut connaitre au minimum sa conscience historique et sa moralité communes. Parce qu’on ne peut réaménager une conscience collective, ceux qui nous gouvernent ne sauraient être ignorants du travail de la mémoire, du dialogue continué avec le passé qui est indissociable de notre vivre ensemble, de l’exercice de nos libertés (je ne parle pas de licence). Dans le cas contraire, ce sont la liberté, le civisme, la vérité qui sont perdants, pasteurisant ainsi, la démocratie gagnée suite à des luttes épiques face à des élites politiques de toutes sortes qui se sont accordé le droit de penser, de parler, d’écrire, de choisir et d’exclure, quelque fois dans un délire si ce n’est des hérésies et des partialités assumées avec bonne conscience, qui sont loin d’expliquer les coups de dés erratiques, prenant des préjugés favorables ou pas pour des vérités révélées donc absolues.
La polémique née depuis le week-end dernier doit nous faire savoir raison garder pour revenir à cette intelligence qui nous unit au lieu de nous confronter à cet ébranlement conjoint dans lequel nous pensons aujourd’hui, les rapports du privé au public, de l’individuel au collectif, du corps et des croyances de chacun, au corps social. Là est notre salut.
DES ÉLUS AMÉRICAINS RÉCLAMENT LE DÉRÉFÉRENCEMENT DE CUBA DE LA LISTE DU TERRORISME
Alors que Cuba est de nouveau visée par des sanctions américaines, 46 élus du Congrès exhortent Joe Biden à annuler la désignation de l'île comme "État soutenant le terrorisme", jugeant la décision de Trump infondée et contre-productive
(SenePlus) - Dans une lettre datée du 31 juillet, 46 membres de la Chambre des représentants ont exhorté le président Joe Biden à revenir sur la décision de son prédécesseur Donald Trump de réinscrire Cuba sur la liste des pays soutenant le terrorisme.
Selon les informations publiées sur le site de la Représentation diplomatique de Cuba à l'étranger, les élus du Congrès soulignent dans leur courrier l'importance du rôle joué par La Havane dans le processus de paix en Colombie. "Nous craignons que la désignation de Cuba comme État soutenant le terrorisme ne rende difficile l'identification d'autres pays garants des négociations", déclarent-ils.
En effet, Cuba a servi de pays hôte aux pourparlers entre le gouvernement colombien et l'Armée de libération nationale (ELN). Comme le soulignent les signataires de la lettre, l'île a rempli ses engagements de façon "pleinement soutenue" par la Norvège, autre garant des négociations.
Ils font également référence à la demande récurrente du gouvernement colombien de retirer Cuba de cette liste, en reconnaissance de "son rôle essentiel dans les pourparlers de paix". Pourtant, Joe Biden n'a pas donné suite à cette requête pour le moment.
Réinscrit sur cette liste controversée quelques jours avant de quitter la Maison Blanche, Cuba fait l'objet d'un renforcement du blocus américain du fait de sa désignation comme "État soutenant le terrorisme". Cette mesure prise sous prétexte du refus cubain d'extrader des membres de l'ELN nie le rôle positif joué par l'île dans le processus de paix, selon les élus signataires.
Ce n'est d'ailleurs pas la première fois que Cuba figure sur cette liste unilatérale créée en 1982 sous Ronald Reagan. Barack Obama l'en avait retiré en 2015, reconnaissant le caractère infondé de cette inscription. Les autorités cubaines dénoncent pour leur part être victimes, et non à l'origine, d'actes terroristes souvent ourdis depuis le sol étasunien.
KAMALA HARRIS A CHOISI SON COLISTIER
Tim Walz a été choisi mardi par la candidate démocrate pour la seconder dans la course à la Maison Blanche, une nomination qui vient consacrer le parcours atypique de cet ancien professeur, devenu gouverneur.
Tim Walz a été choisi mardi par la candidate démocrate Kamala Harris pour la seconder dans la course à la Maison Blanche, une nomination qui vient consacrer le parcours atypique de cet ancien professeur, devenu gouverneur.
Pas franchement connu en dehors des frontières de son Etat du Minnesota, le sexagénaire s'est illustré ces dernières semaines par ses petites piques répétées à l'encontre de Donald Trump et de son entourage, qu'il n'a cessé de qualifier de "mecs bizarres".
"Nous n'avons pas peur des mecs bizarres", a lancé cet élu affable, au débit rapide, lors d'une réunion de campagne. "Croyez en mon expérience d'enseignant, les brutes n'ont aucune puissance." Ce natif du Nebraska a en effet passé de longues années dans le milieu de l'enseignement, notamment en tant que professeur de géographie et coach de football américain.
Fait notable, cet homme aux petites lunettes rectangulaires, a enseigné quelques mois en Chine, juste après les événements de Tiananmen du printemps 1989. "Le fait de pouvoir être dans un lycée chinois à ce moment crucial me semblait vraiment essentiel", confiera-t-il des années plus tard devant une commission du Congrès américain, où il siégera durant 12 ans.
Quand ont circulé les premières rumeurs sur sa désignation comme colistier de Kamala Harris, certains internautes se sont demandé si la paire avait vraiment le même âge, assortissant leurs messages d'une photo de Tim Walz, le crâne dégarni. "J'ai été surveillant de cantine pendant 20 ans. Tu ne fais pas ce boulot sans t'arracher les cheveux", a répondu sur X l'élu de 60 ans, avec humour.
George Floyd
En janvier 2019, Tim Walz accède au poste de gouverneur du Minnesota, un Etat de la région des Grands Lacs, frontalier du Canada. A peine un an plus tard, il est contraint de jongler avec deux crises majeures: la pandémie de Covid-19 et la mort de l'Afro-Américain George Floyd, sous le genou d'un policier blanc.
Minneapolis, la plus grande ville de l'Etat, s'embrase, le point de départ d'un immense mouvement de manifestations anti-racistes qui secoue l'Amérique durant de longs mois. Les républicains accusent le gouverneur d'être trop laxiste dans sa gestion de la criminalité, quand les démocrates louent au contraire son bilan en matière de protection du droit à l'avortement.
Après l'arrêt de la Cour suprême de juin 2022, annulant la protection constitutionnelle de l'IVG, Tim Walz s'est en effet engagé à faire de son Etat un sanctuaire pour les femmes cherchant à avorter. Une clinique, située dans l'Etat voisin du Dakota du Nord, bien plus répressif, a alors déménagé de son côté de la frontière.
En mars 2024, il a participé au premier déplacement d'une vice-présidente dans une clinique prodiguant des avortements, Kamala Harris, avec qui il espère désormais accéder à la Maison Blanche.