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29 novembre 2024
Opinions
par Patrick Chamoiseau
LES LITTÉRATURES FACE AUX URGENCES DU MONDE
Les forces progressistes de l'Hexagone trouvent normal que la France possède encore des "outremers" ; elles admettent ainsi que des peuples-nations différents soient niés dans leurs singularités
Le texte suivant est un extrait de : « Que peut Littérature quand elle ne peut ? », Discours de Strasbourg, avril 2024.
Aujourd'hui, s'il fallait questionner les littératures dans leur rapport au monde, donc à chaque être vivant, il serait indécent de parler d'autre chose que de Gaza. Il serait tout aussi bien honteux de ne pas évoquer l'irréductible intégrité de L'Ukraine quant à la santé de l'Europe et de cet autre monde que nous devons imaginer...
Je parlerai donc, ici, des littératures, mais en présence des palestiniens de Gaza, de Cisjordanie, de toutes les rives de leur exil. Auprès d'eux, restitués à leur terre, institués en État, je suis partisan d'une nation Israël qui, avec ses morts et ses souffrances, et au nom de sa mémoire elle-même, et donc plus que toute autre nation, s'inscrirait dans la légitimité juridique mondiale et le couperet de ses sanctions ; et qui se montrerait soucieuse des autres peuples, soucieuse du respect de la vie et de sa dignité ; et qui fonderait sa nécessaire sécurité sur les vivre-ensemble inédits, complexes, à mettre en œuvre dans ce monde autre qu'il nous faut désirer.
Mais, il serait inadmissible de pas inviter ici, sous cette arche offerte aux littératures, en présence des Tibétains et des Ouïghours en Chine ; des Rohingyas en Birmanie ; des Tutsis au Burundi et au Rwanda, des Kurdes en Syrie, en Irak, en Turquie ; des Peuples originels dans les Amériques et dans leurs archipels... tous ceux-là, en souffrance, en danger, et tant d'autres !
Haïtiens abandonnés, Syriens oubliés, Libanais délaissés, musulmans stigmatisés, Africains exploités, Kanaks encore spoliés, Mahorais emportés dans une fiction morbide, Antillais et Guyanais noyés dans l'étouffoir d'un "outremer" français où les vestiges coloniaux déshonorent la vieille République... Les forces progressistes de l'Hexagone trouvent normal que la France possède encore des "outremers" ; elles admettent ainsi que des peuples-nations différents soient niés dans leurs singularités et réduits par là-même à ne pas exercer dans la matière du monde leurs précieuses différences. Je les nomme un à un, les appelle tous, en ce qu'ils sont, ici, là-même, avec moi, parmi nous !
Et, puisque ce qui nous occupe sont les littératures, il serait indécent, devant vous, dans cette ville devenue à son tour capitale du sensible , de ne pas être habité des devenirs qui revendiquent ce monde que nous avons à deviner : je parle des devenirs empêchés de la situation-nègre, ceux de la situation-femme, de la situation-LGBT avec ses fluidités, ceux de ces minorités, de ces minorations, dont nous avons, chacun précisément, charge d'émancipation vers l'aurore des devenirs du monde, vers l'en-commun de nos devenirs-monde. L'accomplissement le plus élevé possible de ces devenirs est une urgence commune, un Nous très large pour lequel, nous, — artistes de la parole, serviteurs du langage — avons la charge d'apporter le renfort des plus hautes propulsions esthétiques.
Enfin, puisque nous sommes en Europe, si près du cimetière qu'est devenue la Méditerranée, — et qui rejoint pour moi cet autre cimetière, celui de l'Atlantique, cimetière oublié qui se souvient encore des longs sillages de la Traite négrière, — il serait indécent de ne pas convoquer un vaste désir-imaginant du monde, sans doute du monde que nous avons à faire, ouvert, mobile, un monde relationnel vers lequel nous avons tous à cheminer, à l'instar de ces hommes, de ces femmes, ces enfants qui, jour après jour, se noient dans la honte de vos indifférences, se fracassent au vif de vos frontières, s'écrasant sur vos murs, défiant vos barbelés, épelant les alphabets de l'opprobre, de l'offense, de la mort, dans des eaux soudainement barbares, sur des rives qu'on ne dirait pas civilisées mais que régentent pourtant des lois de la conscience commune. La Méditerranée est un immense sépulcre. On meurt, on laisse mourir, on regarde mourir, on tolère un océan de déchéances imposé à des hommes, des femmes, des enfants, et dans lequel où que l'on soit, où que l'on aille, on se retrouve à barboter. Rien de notre actuel niveau de conscience, de nos connexions démultipliées ou de nos transcendances concernant les questions de l’Humain ne parvient à s’opposer à cela. Ces migrants nous fixent, et nous ordonnent déjà un autre monde que nul ne saurait refuser.
Désormais, l'imaginaire capitaliste rassemble sous une même intention les anciennes puissances antagonistes. Son intention souveraine régente en solitaire nos existences, notre monde, la planète. Nous l'avons tous intériorisé au point de consentir à ses horreurs et à leurs ondes de choc. Sous sa régie, la planète réifiée, le vivant abîmé, s'effondrent dans des délitements écosystémiques qui vont faire dérailler nos bases existentielles. Un inconnu s'impose dans une lente catastrophe et dessine une possible disparition de notre espèce. Partout, du profond à l'entour, nous acceptons l'inacceptable jusqu'à l'inscrire dans nos banalités. Pourtant, ce ne sont pas les experts et expertises qui manquent. Discours savants, envolées rationnelles, exposés chiffrés, prédictions scientifiques, démonstrations historiques et horlogeries sociologiques sont légion. Mais, de fait, tous, au fil du temps, n’affectent pas l’inhumain qui sans mollir s’en accommode, mouline de plus belle, et s’installe pour durer, en nous, autour de nous. La Méditerranée, l'Atlantique, sont des gouffres symboliques qui ouvrent la voie aux proliférations inépuisables des crimes. Gaza est déjà un gouffre ouvert dans la conscience occidentale. L'Ukraine en est potentiellement un autre. L'arme nucléaire voit son option réactivée au-dessus un abîme offert à nos folies. Les équilibres du vivant s'effondrent en un trou noir comme sous l'impact de convergences morbides. Trump, Erdogan, Méloni, Le Pen, Bardella, Netanyahu, Orban, Poutine, Modi, Bolsonaro... fleurissent dans les premiers décombres... créatures consternantes... surgies d'un obscurantisme planétaire... incapables de penser un autre possible du monde, d'amorcer un quelconque avenir... N'exhibant que des défroques ramenées du passé, leurs triomphes insultent nos devenirs.
Notre conscience, maintenant individuée, nous rend tous responsables. Nous savons. Nous voyons. Nous entendons. Nous lisons. Nous constatons. Nous sommes comptables autant de ce que nous faisons que de ce que nous ne faisons pas. Chaque geste compte, chaque absence pèse, chaque défaillance menace l’équilibre salvateur : c’est la grandeur, la misère et le défi du principe de la démocratie désormais en péril. Nous ne pouvons plus rien déléguer d’essentiel : la responsabilité est diffuse, dans chaque instant, dans chaque seconde. Chacun se retrouve garant du niveau d’exigence de la seconde qui passe. Pourtant, ce niveau d’exigence n’est pas inatteignable : partout, dans les villes, les déserts et montagnes, dans les aubes et les neiges, sur les rives en Méditerranée, à Gaza, en Ukraine, en Russie, en Haïti, en Afrique, en Chine, en Inde, aux Amériques ou dans la Caraïbe, dans toutes les terres, toutes les guerres, tous les effondrements, il y a des gens, pas des héros de foire, créatures à médias ou philosophes utiles à nos consommations, mais des gens de l’ordinaire, des organismes, des associations dont le seul blason et dont les seuls moyens relèvent de la ferveur, qui agissent, qui contredisent les lois, qui bravent les tribunaux serviles et les barreaux de prison.
Qui refusent.
Qui, le faisant, nous instruisent de notre propre devoir et de la grâce de ce que peut l’éthique. Des gens qui ne renoncent pas à une idée exigeante d'eux-mêmes, et qui se portent au-devant des souffrants comme ils s’agenouilleraient au pied d’une sacralisation. Dessous les renoncements officiels, le possible citoyen, la ferveur anonyme, persistent comme une matière ultime. L’équation imprévisible, l’immesurable d’un au-delà de l’intelligible et du sensible, émerge, scintille. Demeure. Un improbable de ce qui fait l’humain se maintient sur la scène en pollens de lucioles encore indéchiffrables.
Alors que l'horreur peut s'asseoir à la table, — que l'indécence fleurit dans la vertu économique, que le besoin du symbolique, la vigueur spirituelle, le jeu de l'esprit créateur, sont évincés par les fastes matériels, que des monstruosités populistes devenues éligibles s'emparent des États, que les États eux-mêmes réduits au dogme marchand n'ont plus que le biais du racisme, de la xénophobie, des vieilles furies territoriales, nostalgies impériales, pour se donner l'illusion d'une action politique — rien de notre actuel capacité de conscience, de nos connexions démultipliées ou de nos transcendances, ne parvient à sérieusement s'y opposer. Quand une civilisation dominante renonce à ses propres valeurs, ou qu’elle ruse avec ses avancées, quand elle justifie l’injustifiable, quand elle déserte ses propres élaborations de ce qui est humain, ou qu’elle accepte que des pays s'effondrent, que des valeurs périssent, que des lots personnes puissent mourir à ses portes, c’est qu’il y a une part de l’intelligible et du sensible, et un au-delà de l’intelligible et du sensible, qui s’est fermé à toute élévation
C‘est cette fermeture qu’il nous faut questionner.
L’Art y peut quelque chose.
Les littératures donc....
par Oumar Diaw
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SAUVER WALF, UN SOLDAT DE L'INFO
Le feu est venu dévaster un outil qui n'appartient désormais plus qu'au seul porteur d'un projet né de l'ambition d'un homme : feu Sidy Lamine Niasse. Il est attendue dans l'urgence une contribution solidaire volontaire la plus large pour Walf TV
Walfadri qui renvoit à l'aube fraîche prend feu en soirée. Ce qui est arrivé est une catastrophe pour un groupe déjà fragilisé par une succession d'événements d'infortune en dépit de la volonté de ses travailleurs de surnager dans un contexte difficile.
Le feu est venu dévaster un outil de travail qui n'appartient désormais plus qu'au seul porteur d'un projet né de l'ambition d'un homme : feu Sidy Lamine Niasse. Il a osé se lancer dans la presse avec d'abord un mensuel éponyme en 1984. La suite de l'histoire, on la connaît, avec d'autres titres comme Walf Grand Place et Walf Sport puis la radio FM est investi. Sur les startings-blocks, des anciens de la RTS entourés de jeunes enthousiastes. Une belle aventure radiophonique avec ses temps forts comme l'arrivée de maître Abdoulaye Wade au pouvoir et l'inoubliable naufrage du Diola.
Au début de ce troisième millénaire d'espérance, Walf TV est sur satellite, contournant les difficultés d'obtenir une fréquence. Ce n'est qu'autour de 2007 qu'un signal clair est accessible à tous. Walf TV, c'est une odyssée à travers une jungle médiatique épineuse ou une mère houleuse de Médus. La liberté de ton, parfois considérée comme excessive, a valu bien des déboires à Walf qui ne cherche pas toujours à plaire au pouvoir. On croirait même que le média veut déplaire. Mais tant que cela reste dans les limites des principes fondateurs du journalisme, de la déontologie et de la responsabilité, ça s'entend.
Des différentes alternances politiques au Sénégal depuis 2000, le groupe y aura contribué par l'éveil des consciences populaires, se mettant souvent à dos des autorités frileuses, prompts à cisailler son signal et à menacer de retirer sa licence.
Dans cet incendie, du précieux et coûteux matériel a été perdu, mais les vies sauvées s'impatientent de reprendre l'exaltante mission d'information des sans-voix. Si la question d'une nécessaire assurance se pose, il est attendue dans l'urgence une contribution solidaire volontaire la plus large pour que Walf Tv soit de nouveau "on air".
PAR Ibra Pouye
LES TRENTE PREMIERS JOURS DE DIOMAYE
Entre réformes de l'administration, assainissement de la justice, lutte contre la corruption et redressement de l'agriculture, le nouvel exécutif affiche une ambition sans faille pour sortir le Sénégal de la précarité
Prise de fonction dans la foulée, à la bonne franquette et dans une ambiance moins festive à laquelle est habitué désormais le peuple. Parce qu’il est des urgences et que tout est urgence dans ce Sénégal-là. Dès sa prise de fonction, le mot rupture sonne tel l’hallali. Le signe d’une nouvelle ère de gouvernance marquée par la vertu et la sobriété. Gages de stabilité et de sécurité. En effet ce pays, le Sénégal, dont la santé est très fragile, a besoin de calme comme l’est le président Bassirou Diomaye Diakhar Faye. Sans le génie de son peuple, le Sénégal allait tout droit dans le mur et tomberait dans l’abîme des démons qui ont très longtemps semé le désordre dans cette Afrique, abonnée aux guerres civiles, aux assassinats de civils et de politiques, aux coups d’État et tutti quanti. En effet, les Sénégalais savent choisir et ils ont choisi le tandem Diomaye-Sonko ; deux sœurs, Aguène et Diambogne, une sérère et une jola, liées à jamais par l’histoire d’une nation. Ainsi sont brassés les sénégalais dans leur ensemble et dans leur essence.
La rupture, les nominations aux postes de ministres et de directeurs généraux
Le Sénégal revient de très loin à l’aune d’une élection qui pouvait faire tanguer le pays mais que nenni. Parce que simplement ce peuple est habitué à voter et que l’administration est une machine rodée pour tout processus électoral. Rupture actée, place aux nominations de ministres et de postes-clés dans l’administration. Nul besoin de parler, il suffit de regarder pour comprendre que la rupture est en train d’être consommée tranquillement et sûrement par le gouvernement et par la population. Aux passations de service, la sobriété a fait place à la bamboula d’autrefois. Le président Faye, dans ses adresses à la nation et dans les différents conseils de ministre, ressasse les mots ; sobriété, disponibilité, probité, compétences et exemplarité. Un gouvernement de combat et non de mauvais fantassins. Parce que tout est urgence dans ce beau petit pays spécial. Face aux contempteurs du gouvernement en place, il est de bon aloi de leur dire et de leur répéter que savoir gouverner c’est gouverner avec celles et ceux ayant porté le combat même si l’ouverture est doctement prônée. Parce qu’une nation a besoin de toutes ses filles et de tous ses fils.
L’administration publique
Aussitôt investi, le président BDDF, comme l’appelle une bonne frange de la population, s’est adressé par lettre à l’ensemble des fonctionnaires et des agents de la fonction publique, leur demandant d’être les acteurs de la transformation de leurs environnements professionnels en les rendant plus sains et plus transparents dans toutes les politiques publiques. Une belle lettre et savamment écrite à saluer parce qu’elle est engagée et patriotique. Aux fonctionnaires et agents de l’État de l’appliquer sur le terrain même si l’abstrait a des fois quelques soucis à coller à la réalité du terrain. L’administration sénégalaise et la corruption, une vieille histoire.
La bombe foncière
Sentant le pays miné à tous les niveaux et ressemblant à une vieille friche, le président Bassirou Diomaye Faye a pris le soin de faire une visite inopinée dans une zone où le foncier est une bombe à retardement, Mbour4, une extension de la région de Thiès. Sur place, les images parlent d’elles-mêmes. Une razzia des terres par les anciens barons de feu le régime du président Macky Sall. Dans une indignation assez contenue, le président a déversé sa colère. Une colère saine sur les prédateurs terriens de l’ancien gouvernement et il répète que cela ne restera pas impuni. Les jours qui arrivent risqueront d’être tumultueux pour certains ayant perdu le sommeil du juste depuis quelques jours.
D’une justice de Coumba am nday ak Coumba amoul nday à une justice plus équitable
Parler de la justice, c’est parler des nominations ressemblant à des couperets. En effet, il faut savoir sanctionner froidement pour pouvoir avancer sinon les mêmes pratiques se répètent. Le tonneau des Danaïdes est un exemple frappant. Moderniser la justice, c’est lui ôter toutes les souillures et de l’éloigner des cercles politiques parce que la justice sénégalaise a toujours été inféodée au pouvoir en place. D’où la résilience du peuple ayant toujours bon dos. Pour promouvoir la bonne gouvernance et la reddition des comptes, le président mise sur une justice plus équitable voire plus juste. Savoir sanctionner est une demande sociale. Que tout voleur de deniers publics paie le prix de son forfait. Une société doit savoir sanctionner et pardonner aussi ou disparaître. L’impunité est un crime contre le peuple et cela le président le sait.
Nos amis, les lanceurs d’alerte
En effet, le président Bassirou Diomaye Faye ouvre une nouvelle ère avec la protection des lanceurs d’alerte dans ce pays qu’on qualifie de malentendu où tout est melting-pot. Il n’est point d’encourager la délation mais de rendre la gestion des deniers publics et des politiques publiques transparentes. Pour lui, l’argent du contribuable est sacré et nul n’a le droit de se l’approprier tout seul. Pour qui connaît le sénégalais, les mots transparence et bonne gouvernance ne font pas partie de son vocabulaire. D’où la nécessité urgente et absolue d’éduquer et de rééduquer les masses.
La baisse du coût de la vie, l’amélioration du panier de la ménagère et l’emploi des jeunes
Dans un pays où tout semble voué à l’échec et que les jeunes sont tentés par l’émigration clandestine, le président Diomaye Faye et son Premier ministre Ousmane Sonko veulent mettre le curseur sur la réduction du coût de la vie, l’augmentation du pouvoir d’achat des sénégalais et l’emploi des jeunes sensibles aux sirènes de l’émigration. Un bon processus de toutes ces réformes utiles passera in fine par la dissolution de l’Assemblée nationale d’ici la fin de 2024 et avec l’organisation de nouvelles élections. Et vivement les législatives avec une majorité du camp présidentiel à l’Assemblée nationale. Et le pays s’en portera mieux.
L’Afrique, une des priorités du projet
Dans le projet, l’on sent et sait que le continent africain reste une priorité pour l’exécutif. Quelques jours après son investiture, le président Faye s’est rendu concomitamment en Mauritanie, en Gambie et en Guinée-Bissau. Question de géopolitique oblige. D’abord les voisins africains et les hôtes étrangers après. Un Sénégal souverain et prospère dans une Afrique en progrès. Cela passe de commentaire et le peuple applaudit à faire rompre la passerelle.
Jeunesse et agriculture
Avant toute forme d’industrialisation, le Sénégal devrait avoir sa souveraineté alimentaire parce qu’il a trop misé sur l’import qui ne nous rapporte peu ou prou. Ce pays, pour se développer, ne doit pas être un pays de services. Nous ne sommes pas à l’image de la France qui peut se prévaloir de ses missions de service. Nous devons faire appel à cette jeunesse et l’encourager à envahir champs et villages par la création de coopératives de cultivatrices et de cultivateurs. Vivement les vacances patriotiques où le Premier ministre Ousmane Sonko devra jouer un rôle éminent, le bâton de pèlerin à la main. En effet, cette année, la distribution des semences est supervisée voire sous haute surveillance des forces de l’ordre et l’on comprend finalement comment en quatre ans, de 2019 à 2023, plus de 300 milliards de Cfa consacrés à l’agriculture ont été dilapidés voire volés.
Renégocier les contrats miniers
Champ de ruines et nébuleuse entourent les contrats signés entre l’État du Sénégal et quelques multinationales du pétrole et du gaz. Ce coup de Jarnac de Macky Sall marque le sceau de la haute trahison parce que renégocier lesdits contrats retarderait l’exploitation de ces gisements chers au développement du Sénégal et ferait souffrir davantage notre économie déjà à terre.
La France et l’exécutif sénégalais
L’histoire du Sénégal et de la France est jalonnée d’amour et de haine mais restera toujours sur fond de moi je t’aime moi non plus. Mais ce sont deux pays qui finiront toujours par se comprendre et que le mot de trop du colonisateur n’est plus et que malheur aux vaincus n’existe point dans ce 21e siècle. En tous les cas, la rupture d’avec les pratiques de l’ancien régime est consommée. Pour le moment, Emmanuel Macron attend comme dans la fièvre d’un samedi soir le président Diomaye Faye fouler le sol de l’Élysée. Mais ce président, très différent de ses prédécesseurs, préfère l’air sec de ses voisins qu’à celui de la France même si cette dernière est notre premier partenaire commercial et est bien ancrée chez nous.
Le duo Diomaye moy/est Sonko trace sa route et est loin de la clameur sournoise et des chiens qui aboient. On leur souhaite, on se le souhaite à nous, Sénégalais, de réussir le projet et que le Sénégal en sorte grandi, souverain et prospère dans une Afrique en progrès. Que ces trente premiers jours soient le fruit de ces cinq prochaines années et au-delà. Je ne saurais terminer sans dire merci à deux ainés, Kaccor bi, cette si belle plume savante encore en activité et à Pape M. Touré, ancien fonctionnaire international, jouisseur de ses bons vieux jours sous l’ombre des cocotiers, dans la douceur des niayes.
par Amadou Tidiane Wone
RUPTURE
Aucun indulgence ne serait tolérable face à la désinvolture de certains responsables, clairement identifiés, en attendant que leur culpabilité soit établie. Après la jouissance et les réjouissances, il convient pour les bénéficiaires de payer la note
Rupture ! Ce mot magique est sur toutes les lèvres. Comme un appel pressant, une soif incompressible de défricher une voie d'avenir conforme aux énergies qui dorment sous le boisseau, de plus de 60 ans d’indépendance, dans la soumission mentale des élites… Un mot qui agit comme une incantation oratoire pour conjurer le mauvais sort et bannir, à jamais, un ordre ancien désuet et anachronique.
Rupture ! Ou comment transformer le Sénégal par le génie créateur de citoyens sénégalais décomplexés, en capacité d'inventer, et de mettre en œuvre, un modèle de progrès et de mieux-être, qui nous rassemble et nous ressemble. Loin des imitations caricaturales des modèles et des prêt-à-penser qui nous obstruent l’horizon. Telle est la trame de fond de l’exigence qui a enfanté le 24 mars 2024, date charnière de la première rupture actée par le peuple souverain d’avec le statu quo ante. Ne pas comprendre cela ou refuser d’admettre que le peuple sénégalais est mature et résolu à prendre son destin en mains, c’est oublier d’où l’on vient : le départ de Macky Sall du pouvoir, en dépit de toutes les manœuvres, apparentes et souterraines, a fait la preuve de la détermination de la jeunesse sénégalaise, force d’avenir. La fin de non-recevoir opposée à l’organisation de sa succession à sa convenance ; la mise à la retraite anticipée de toute une caste de politicards professionnels qui ont retardé l’essor de notre pays depuis si longtemps ; sont le signe que tout va changer et que rien ne devrait plus être comme avant.
La jeunesse sénégalaise a donné un signal fort, de détermination et d’adhésion au courant alternatif incarné par Pastef, porté par Ousmane Sonko et ses compagnons, consacré par l’accession à la magistrature suprême de Bassirou Diomaye Faye, 5ème président de la République du Sénégal. Cela est la réalité dont il nous faut tenir compte dans nos analyses mais surtout dans nos postures pour le quinquennat en cours.
Que veut le peuple ? Des emplois. Mais à quel prix ?
Au pris d’une rupture systématique d’avec les enrichissements, illicites ou sans cause, dont les rapports des corps de contrôle rendent compte à nausée… En attendant que la justice se saisisse pour situer les responsabilités dans les dérives, inadmissibles, notées quant à la gestion du bien commun. Aucun passe-droit, aucune indulgence ne serait tolérable face à la désinvolture de certains responsables, clairement identifiés, en attendant que leur culpabilité soit établie. Le peuple souverain n’admettra, sous aucun prétexte, la mansuétude face à des crimes économiques qui pourraient hypothéquer l’avenir de toute une nation. Et, sous ce rapport, il faut éviter la tendance au « Masla », compromis et/ou compromission, pour ménager la chèvre et le chou. Après la jouissance et les réjouissances, il convient pour les bénéficiaires de payer la note. Juste la note. Sans excès à rebours. Ni traque à géométrie variable comme nous en avons connu dans un passé récent. Mener une lutte, sans merci, contre la corruption qui est la sève nourricière de toutes les formes de brigandages économiques et sociales est une exigence majeure sortie des urnes le 24 mars 2024 : Ne l’oublions jamais.
Cela dit, et dans le même temps, il faut surtout construire l’avenir. Donner corps aux rêves de notre peuple : le nourrir par le travail de ses paysans, l’habiller par le savoir-faire de ses tisserands, et couturiers, construire des demeures écoresponsables par la création de chaînes de valeurs innovantes dans les matériaux et techniques de construction locaux. En un mot : développer notre pays. Tout cela est à notre portée. Aucun pays au monde ne se développe, de manière durable, sans la valorisation de son génie propre par la transformation qualitative de ses ressources humaines et naturelles. A cet égard, les créateurs africains et plus particulièrement sénégalais ont beaucoup de mérite. Il reste à apporter les leviers économiques à l’essor de filières entrepreneuriales endogènes qui soient le socle d’un tissu économique véritable. Compter sur nos propres forces, c’est le sens profond du mot indépendance…
Only the sky is the limit !
Pour dire que, moins de deux mois après le changement à la tête du pays, il appartient aux 54% des électeurs sénégalais, qui ont voté pour le changement, de convaincre les 46%... hésitants, que le temps de se retrousser les manches, à tous les niveaux, est venu. Rien ne nous tombera du ciel. Il nous faudra beaucoup de rigueur, et d’efforts soutenus, pour changer de cap et décoller. « Il n’y a pas de destins forclos, il n’y a que des responsabilités désertées… », aimait nous rappeler le poète Hamidou Dia.
C’est temps aussi, de mettre en garde certains politiciens professionnels qui se répandent, déjà, dans les médias pour y répandre la mauvaise parole : ils feraient mieux de prendre un peu de recul, pour prendre la pleine mesure du désaveu infligé le 24 mars 2024. Se donner le temps et les moyens de comprendre et… de changer. Car tout ce qui est arrivé était prévisible. Tant l’arrogance était devenue insupportable ! Tant l’insouciance et la vanité semblaient le gage d’une impunité définitive…
Aujourd’hui, nous devons transformer l’enthousiasme de la jeunesse de notre pays en force motrice dans tous les secteurs de la vie nationale. Le président de la République et son Premier ministre nous donnent, tous les jours, des raisons d’espérer et de croire que tout est désormais possible. En dépit de certains grincements de dents, par-ci par-là, la dynamique en cours est jugée bonne par la plupart des observateurs de bonne foi. La répartition des rôles au sommet est claire et lisible. Le gouvernement est à pied d’œuvre et la réactivité des ministres, qui n’hésitent pas à descendre sur le terrain, est à saluer. Leur exemple devrait être suivi, à tous les niveaux, pour rapprocher l’administration des administrés. Au jour le jour, les équipes se constituent. A un rythme satisfaisant. Mais, et il faut le dire clairement : les bastions tenus par les soutiens affirmés de l’ancien régime doivent faire peau neuve, et faire l’objet de nouvelles affectations. Les femmes et les hommes qui ont cru au changement, et combattu pour qu’il advienne, doivent être responsabilisés et mis à l’épreuve. Ce ne serait que Justice. Dans toutes les démocraties du monde, une alternance politique conduit à des changements profonds, tant dans l’administration centrale qu’à la tête de toutes les entreprises stratégiques. Notamment, lorsque les choix politiques des responsables qui les dirigent ne correspondent pas à ceux des nouvelles autorités. Aucune esthétique moralisante ne doit conduire à retarder la prise en charge de cet impératif.
Il demeure que les cadres administratifs ont vocation à servir l’État. Sous tous les régimes. Surtout lorsque leurs compétences sont avérées. Aucune discrimination ne doit les isoler ou les stigmatiser à priori. Bien au contraire. Mais le Sénégal est un petit pays, la haute administration publique et privée est un microcosme où l’on sait qui est qui. Le sens du discernement de nos autorités fera le reste. Au demeurant, et dans Le meilleur des mondes, certains responsables devraient avoir à cœur de rendre le tablier sans nul besoin de se le faire arracher. Question de point de vue.
En attendant, trouvons les voies et les moyens d’une défense en ligne de cette alternance, porteuse d’alternatives dans tous les domaines, et que personne ne nous en fasse douter. Cinq ans. C’est le temps que nous avons pour transformer l’essai et faire la preuve que, sur le continent africain, une… révolution… démocratique peut s’opérer par les urnes. Pour les générations montantes, ce serait le viatique le plus puissant et le plus refondateur pour l’avenir. Cinq ans, c’est peu. Mais nous pouvons et devons, pendant ce temps, rendre irréversible la volonté du peuple de toujours exiger mieux et plus de ses mandants.
Retourner en arrière, sombrer dans l’apathie des douze dernières années, malgré une frénésie infrastructurelle, ne doit plus être possible. A chacun d’entre nous de donner corps à cette résolution.
En mettant les femmes au cœur de toutes les politiques, le Sénégal continue de jouer sa partition dans la restauration et le renforcement de la démocratie africaine plus, cette démocratie qui met l’humain au centre de toute politique
Le vendredi 5 avril 2024, M. le Premier ministre Ousmane Sonko a rendu publique la liste des membres de son gouvernement composé de 25 ministres dont quatre femmes.
Le ministère de l’Intégration africaine et des affaires étrangères : il représente l’Etat dans les instances compétentes de la Cedeao et de l’Union africaine. Il assure la mise en œuvre, le suivi et la coordination avec les départements ministériels compétents, des politiques d’intégration sous-régionales et régionales africaine.
Le ministère de la Jeunesse, des sports et de la culture : il assure la coordination de la mise en œuvre du programme d’urgence pour l’insertion socioéconomique et l’emploi des jeunes, encourage la promotion sociale des jeunes et veille au développement des activités socio-économiques. Pour la première fois, un ministère réunit ces trois domaines et est confié à une femme. Le ministère des Pêches, des infrastructures maritimes et portuaires : il a pour mission l’élaboration et la mise en œuvre de la politique définie par l’Etat en matière de protection et surveillance des pêches maritimes et continentale, ainsi que du contrôle et du renforcement de la sécurité de la pêche artisanale. Ce ministère est pour la première fois géré par une femme.
Le ministère de la Famille et des solidarités : entre autres missions, est chargé d’identifier et de mettre en œuvre les mesures requises pour la préservation des valeurs familiales. Il conduit la politique de promotion de la femme et de lutte contre les discriminations à l’égard des femmes. La Constitution du Sénégal, en son article 17, stipule que :
«-Le mariage et la famille constituent la base naturelle et morale de la communauté humaine. Ils sont placés sous la protection de l’Etat ;
-L’Etat et les collectivités publiques ont le devoir de veiller à la santé physique et morale de la famille, et en particulier des personnes handicapées et des personnes âgées ;
-L’Etat garantit aux familles en général et à celles vivant en milieu rural en particulier, l’accès aux services de santé et au bien-être. Il garantit également aux femmes en général et à celles vivant en milieu rural en particulier, le droit à l’allègement de leurs conditions de vie.»
Comment peut-on définir la famille ?
La famille, telle que définie par le professeur Moustapha Mbodj, expert en politiques sociales (2021), dans son livre intitulé La politique sociale en Afrique noire francophone : des enjeux aux opportunités, peut être considérée comme le contexte et le moyen d’expression des solidarités imposées et prend souvent le nom de principal mécanisme de reproduction sociale, qu’il appelle «instance principale de validation dans les sociétés africaines».
La famille est le contexte et le moyen par lequel une société transforme le milieu et aide chacun de ses membres à épanouir ses potentialités en :
-Assurant un contexte de vie qui permet à chaque membre de développer ses capacités d’insertion dans la vie sociale en tant que droit humain et dans le processus de décision à tous les niveaux de promotion de la bonne gouvernance ;
-Adaptant ses moyens de protection contre la violence domestique et de solidarité de manière à permettre l’épanouissement optimal de tous ses membres ;
-Développant de manière dynamique, les aménagements permettant la création d’opportunités égales dans l’accès aux ressources financières, à la protection sociale pour tous ses membres. Ce qui revient à dire que la fonction première de la famille est toujours l’assistance et la protection de ses membres vulnérables, que le législateur a organisée et transformée en solidarité obligatoire.
En se référant à cette définition, force est de constater l’importance qui est accordée à la femme dans ce gouvernement de par le rôle et la position qu’elle occupe. Rien que le ministère de la Famille et des solidarités confié à une femme, avec ces missions, montre à suffisance la valeur accordée à la femme. Et, tous les ministères gérés par les hommes concourent à la réalisation des objectifs de ce ministère.
Comme le dit Cheikh Anta Diop (1974) dans son livre Les fondements économiques et culturels d’un Etat fédéral d’Afrique noire, la femme a toujours occupé une place de choix dans la société, car elle est mère de famille. Ceci, depuis l’Egypte pharaonique à nos jours. Il nous rappelle que dans l’armée de Béhanzin, ce sont les femmes qui définissaient la stratégie de guerre pendant la nuit, et le jour, les hommes l’appliquaient. C’est ainsi qu’il nous parle de l’existence en Afrique du «bicaméralisme» spécifique reposant sur la dualité des sexes. Qui, loin d’entraver la vie nationale et d’opposer les hommes et les femmes, garantissait l’épanouissement de tous.
En mettant les femmes au cœur de toutes les politiques, le Sénégal continue de jouer sa partition dans la restauration et le renforcement de la démocratie africaine plus, cette démocratie qui met l’humain au centre de toute politique.
Cette démocratie qui décontracte la société humaine en la libérant d’une contradiction latente et millénaire. Comme il le dit, restaurer ce bicaméralisme de nos aïeux sur une base moderne consiste à trouver ensemble, avec les femmes, à l’exclusion de tout esprit démagogique, un mode de représentation vraiment efficace de l’élément féminin de la Nation.
Que l’on soit homme, femme, personne handicapée, jeune, on doit avoir tous les mêmes chances d’étudier, de travailler et de réussir. On doit pouvoir occuper n’importe quel poste ou position, si tant est que les conditions soient réunies.
En définitive, le plus important est que l’équipe qui dirige le ministère de la Famille et des solidarités, avec à sa tête une femme, soit consciente du lourd fardeau qu’elle porte. Ce ministère, à lui seul, représente le pays, la Nation dans son entièreté et sa globalité. Il doit travailler en synergie avec tous les secteurs, tous les ministères, pour atteindre son objectif de promotion de la femme.
De la femme qui ne doit pas être chosifiée, mais de la femme mère de famille. De la femme qui a la responsabilité de la réussite de l’enfant, de la femme qui peut pousser le mari à aller de l’avant, de la femme qui peut rendre la famille stable et sereine, de la femme sans qui aucun développement n’est possible.
Sur ce, mesdames les ministres, nous vous souhaitons plein succès dans vos missions, car vos réussites seront la réussite de la Nation sénégalaise.
Par Mamadou NDAO
RENVERSEZ LA TABLE !
Jub, Jubbal Jubbanti vous avez dit ? Osez aller jusqu’au bout
Jub, Jubbal Jubbanti vous avez dit ? Osez aller jusqu’au bout
Un Peuple ne se trompe jamais, disait le poète. Le Peuple sénégalais, en décidant d’élire au premier tour, avec 54, 29% des suffrages, Monsieur Bassirou Diomaye Faye comme 5ème président de la République du Sénégal, avait lancé un message puissant au Sénégal, et au monde
Monsieur le Président, vous allez prendre sur vous de nous faire mal pour notre bien, en optant pour le Jub, le Jubbal et le Jubbanti. Le sens de ce tryptique est profond et sans ambages.
Il commence par être réflexif, c’est-à-dire s’adresse à vous-même. Vous avez montré des gages, ceux qui vous connaissent en témoignent, ceux qui vous ont élu ont adhéré à votre «Projet» dont ce tryptique en constitue la trame. Là n’est pas le problème.
Là où beaucoup d’attentes, d’appréhensions, voire d’interrogations se font jour, c’est bien la volonté politique de conduire ce vaste chantier du «Jubbal», je dirais de la rectitude de la conduite. Je sais que vous avez lu Descartes qui, dans son «Regulæ Ad Directionem Ingenii», trace, ne serait-ce que de manière indicative, les axes qui doivent conduire, par une réflexion profonde, à la vérité. Je ne parle pas de l’irrationnel dans lequel le conservatisme ambiant veut nous engager, sous le prétexte d’un juridisme qui nous a conduit à l’état actuel de profonde exaspération, voire de déprime où nous sommes, et qui conduit des milliers de jeunes à l’exil ou dans la béance des profondeurs de l’Atlantique. Il faut mettre un terme à cette tragédie du siècle, par la Justice et la justice sociale. Ce n’est pas la même chose, vous le savez bien pour l’avoir vécu. Les forces d’inertie qui ont «miné» tous les segments de progrès du pays (Administration, secteur privé, société civile lato sensu, acteurs politiques…) ne vous feront pas de cadeau. Elles sont à la manœuvre pour vous faire échouer. Il vous faut faire «échec à l’échec», pour reprendre les propos de notre regretté aîné Babacar Touré, président du Groupe Sud Communication.
Les premiers actes que vous avez posés me laissent croire que vous avez pris le bon chemin, à l’instar de certains de vos prédécesseurs à leurs débuts. Hélas, que d’espoirs ont-ils déçus !
Vous avez touché du doigt là où ça fait mal, là où vous êtes attendu. L’accaparement des ressources du pays par un clan, qui s’auto-reproduit à la vitesse des «piranhas», ce poisson vorace des fonds des rivières et lacs d’Amérique du Sud ; clan qui, comme ces bestioles, démembrent, déchiquettent et se partagent leur proie d’un appétit inégalé, ne laissant sur place qu’une mare de sang. La métaphore n’est pas excessive. C’est l’image que renvoie cette prédation, qui se nourrit du sang de braves gens qui, à force de lutter, se sont agrippés au dernier espoir que suscitent ces jeunes dirigeants issus de l’école publique que représentent Sonko-Diomaye ou vice-versa et les autres.
Il ne peut y avoir une quelconque illégalité, lorsque l’acquisition d’un bien ou d’un privilège s’est faite sans cause. Je me réjouis de la contribution du Pr Samba Traoré de ce 2 mai 2024 concernant la décision révolutionnaire du Président Bassirou Diomaye Faye d’ordonner l’arrêt de tous les travaux sur tous les sites objets d’une suspicion de prédation foncière en toute illégalité, notamment sur le domaine public maritime.
Des voix intéressées, les mêmes qui se dressent toujours de manière suspecte en de pareilles circonstances où le vent de changement véritable souffle sur le pays, ne manqueront pas de s’élever pour parler de «chasse aux sorcières ou de droits acquis». Il n’y a pas de chasseur, encore moins de sorcières. On ne peut asseoir un droit sur une illégalité doublée d’une illicéité !
De qui se moque-t-on ? Où est-ce qu’ils étaient ceux-là pendant qu’un groupuscule faisait main basse sur le foncier, et notamment le littoral, au vu et au su de tout le monde ? Où est-ce qu’ils étaient pendant que les différents régimes et leurs partisans s’octroyaient des libéralités et s’enrichissaient sans cause ?
Il faut un début à tout, et de grâce que le nouveau gouvernement ne se laisse pas distraire par des débats sans prise sur le réel, que certains nostalgiques veulent nous imposer du haut de « leur science»
Que fait-on du sort des producteurs de Lendeng, de Ndinguelèr, de Sangalkam, de Mbane, ou des usagers des 7 plages de Dakar, Pointe Sarène, Mbodiène, du sort de Mbour 4... On en a le vertige à force d’énumérer les sites spoliés. Le mal est profond, il faut des solutions radicales, bien sûr légales, mais sans faiblesse, ni haine, mais pour simplement rendre Justice.
Monsieur le Président, on vous encourage, car vous allez vous faire mal vous aussi, vous n’avez pas le choix, et on vous a à l’œil. On le sait, car le Sénégal est un tout petit pays, où tout le monde quasiment est parent direct ou par alliance, mais vous n’avez pas le droit de différer un problème que certains ont qualifié de «bombe foncière».
Renversez la table, disais-je. Vous allez éclabousser certainement dans votre entourage, ce sera pour l’exemple, le bon exemple pour tous. Vous allez aussi rétablir certains dans leurs droits. Oui ! Vous serez juste alors, et l’histoire retiendra que fort de la légitimité du suffrage des électeurs dans leur écrasante majorité, vous avez répondu à l’appel des cœurs meurtris par tant d’arrogance et de mépris, qui ne demandent qu’à vivre de leur force de travail pour gagner dignement leur vie. Qu’y a-t-il de plus normal ?
Le Peuple vous a fait confiance dans l’espoir que vous saurez la mériter en étant Jub, en conduisant le destin de ce pays dans la rectitude qui sied et en redressant les torts subis par les veuves, les orphelins et les néwgui doolé du fait des puissances «économiques, politiques et coutumières»
Jub, Jubbal et Jubbanti pour un Sénégal souverain, juste et prospère, n’est-ce pas ?
Mamadou Ndao
Juriste consultant
Expert en Communication Diplômé des Universités de Paris 1 Panthéon Sorbonne et Montpellier1
Liberté 6 Dakar
Par Mamadou Ndao
RENVERSEZ LA TABLE !
Il faut un début à tout, et de grâce que le nouveau gouvernement ne se laisse pas distraire par des débats sans prise sur le réel, que certains nostalgiques veulent nous imposer du haut de « leur science».
Le Quotidien |
Mamadou Ndao |
Publication 04/05/2024
Jub, Jubbal Jubbanti vous avez dit ? Osez aller jusqu’au bout.
Un Peuple ne se trompe jamais, disait le poète. Le Peuple sénégalais, en décidant d’élire au premier tour, avec 54, 29% des suffrages, Monsieur Bassirou Diomaye Faye comme 5ème président de la République du Sénégal, avait lancé un message puissant au Sénégal, et au monde.
Monsieur le Président, vous allez prendre sur vous de nous faire mal pour notre bien, en optant pour le Jub, le Jubbal et le Jubbanti. Le sens de ce tryptique est profond et sans ambages.
Il commence par être réflexif, c’est-à-dire s’adresse à vous-même. Vous avez montré des gages, ceux qui vous connaissent en témoignent, ceux qui vous ont élu ont adhéré à votre «Projet» dont ce tryptique en constitue la trame. Là n’est pas le problème.
Là où beaucoup d’attentes, d’appréhensions, voire d’interrogations se font jour, c’est bien la volonté politique de conduire ce vaste chantier du «Jubbal», je dirais de la rectitude de la conduite. Je sais que vous avez lu Descartes qui, dans son «Regulæ Ad Directionem Ingenii», trace, ne serait-ce que de manière indicative, les axes qui doivent conduire, par une réflexion profonde, à la vérité. Je ne parle pas de l’irrationnel dans lequel le conservatisme ambiant veut nous engager, sous le prétexte d’un juridisme qui nous a conduit à l’état actuel de profonde exaspération, voire de déprime où nous sommes, et qui conduit des milliers de jeunes à l’exil ou dans la béance des profondeurs de l’Atlantique. Il faut mettre un terme à cette tragédie du siècle, par la Justice et la justice sociale. Ce n’est pas la même chose, vous le savez bien pour l’avoir vécu. Les forces d’inertie qui ont «miné» tous les segments de progrès du pays (Administration, secteur privé, société civile lato sensu, acteurs politiques…) ne vous feront pas de cadeau. Elles sont à la manœuvre pour vous faire échouer. Il vous faut faire «échec à l’échec», pour reprendre les propos de notre regretté aîné Babacar Touré, président du Groupe Sud Communication.
Les premiers actes que vous avez posés me laissent croire que vous avez pris le bon chemin, à l’instar de certains de vos prédécesseurs à leurs débuts. Hélas, que d’espoirs ont-ils déçus !
Vous avez touché du doigt là où ça fait mal, là où vous êtes attendu. L’accaparement des ressources du pays par un clan, qui s’auto-reproduit à la vitesse des «piranhas», ce poisson vorace des fonds des rivières et lacs d’Amérique du Sud ; clan qui, comme ces bestioles, démembrent, déchiquettent et se partagent leur proie d’un appétit inégalé, ne laissant sur place qu’une mare de sang. La métaphore n’est pas excessive. C’est l’image que renvoie cette prédation, qui se nourrit du sang de braves gens qui, à force de lutter, se sont agrippés au dernier espoir que suscitent ces jeunes dirigeants issus de l’école publique que représentent Sonko-Diomaye ou vice-versa et les autres.
Il ne peut y avoir une quelconque illégalité, lorsque l’acquisition d’un bien ou d’un privilège s’est faite sans cause. Je me réjouis de la contribution du Pr Samba Traoré de ce 2 mai 2024 concernant la décision révolutionnaire du Président Bassirou Diomaye Faye d’ordonner l’arrêt de tous les travaux sur tous les sites objets d’une suspicion de prédation foncière en toute illégalité, notamment sur le domaine public maritime.
Des voix intéressées, les mêmes qui se dressent toujours de manière suspecte en de pareilles circonstances où le vent de changement véritable souffle sur le pays, ne manqueront pas de s’élever pour parler de «chasse aux sorcières ou de droits acquis». Il n’y a pas de chasseur, encore moins de sorcières. On ne peut asseoir un droit sur une illégalité doublée d’une illicéité !
De qui se moque-t-on ? Où est-ce qu’ils étaient ceux-là pendant qu’un groupuscule faisait main basse sur le foncier, et notamment le littoral, au vu et au su de tout le monde ? Où est-ce qu’ils étaient pendant que les différents régimes et leurs partisans s’octroyaient des libéralités et s’enrichissaient sans cause ?
Il faut un début à tout, et de grâce que le nouveau gouvernement ne se laisse pas distraire par des débats sans prise sur le réel, que certains nostalgiques veulent nous imposer du haut de « leur science».
Que fait-on du sort des producteurs de Lendeng, de Ndinguelèr, de Sangalkam, de Mbane, ou des usagers des 7 plages de Dakar, Pointe Sarène, Mbodiène, du sort de Mbour 4… On en a le vertige à force d’énumérer les sites spoliés. Le mal est profond, il faut des solutions radicales, bien sûr légales, mais sans faiblesse, ni haine, mais pour simplement rendre Justice.
Monsieur le Président, on vous encourage, car vous allez vous faire mal vous aussi, vous n’avez pas le choix, et on vous a à l’œil. On le sait, car le Sénégal est un tout petit pays, où tout le monde quasiment est parent direct ou par alliance, mais vous n’avez pas le droit de différer un problème que certains ont qualifié de «bombe foncière».
Renversez la table, disais-je.
Vous allez éclabousser certainement dans votre entourage, ce sera pour l’exemple, le bon exemple pour tous. Vous allez aussi rétablir certains dans leurs droits. Oui ! Vous serez juste alors, et l’histoire retiendra que fort de la légitimité du suffrage des électeurs dans leur écrasante majorité, vous avez répondu à l’appel des cœurs meurtris par tant d’arrogance et de mépris, qui ne demandent qu’à vivre de leur force de travail pour gagner dignement leur vie. Qu’y a-t-il de plus normal ?
Le Peuple vous a fait confiance dans l’espoir que vous saurez la mériter en étant Jub, en conduisant le destin de ce pays dans la rectitude qui sied et en redressant les torts subis par les veuves, les orphelins et les néwgui doolé du fait des puissances «économiques, politiques et coutumières».
Jub, Jubbal et Jubbanti pour un Sénégal souverain, juste et prospère, n’est-ce pas ?
Mamadou Ndao
Juriste consultant
Expert en Communication
Par Oumar Gning
DE LA NOMINATION AUX POSTES DE DG
Le Projet avait initialement envisagé un processus d'appels à candidatures pour les nominations, mais compte tenu des circonstances actuelles, cette démarche s'avère simplement irréalisable. Face à cette réalité, quelle serait l'alternative...
L’actualité récente comprend, entre autres, les nominations aux postes de Directeurs Généraux (DG) des entreprises et organismes nationaux. Les profils défilent au rythme des communiqués du Conseil des ministres et la plupart nous laissent perplexes. Je tiens d’un ancien Premier ministre du Sénégal qu’ « on gouverne avec ses amis ». Cependant, pour ces postes névralgiques dans les sociétés nationales, doit-il uniquement s’agir de récompenses politiques ? Assurément, non!
Le Projet avait fait la promesse d’un processus d’appels à candidatures pour les nominations. Nous reconnaissons que dans le contexte actuel, ce n’est simplement pas faisable. Alors quelle alternative pour imprimer la RUPTURE dans ce domaine ? Toutes ces sociétés disposent, en principe, d’organes de supervision et de validation des décisions importantes que l’on appelle Conseils d’administration, de surveillance, d’orientation et autres. Notre proposition consiste, pour le gouvernement, à placer dans ces instances des personnalités qualifiées et outillées, avec le background adéquat -et idéalement sans coloration politique. Après avoir participé à la sélection des DG, en short- listant les candidats, le Conseil devra exercer son rôle de premier niveau de contrôle et d’instance de gouvernance de société. Les corps de contrôle habilités par l’Etat (IGE, Cour des comptes, OFNAC) agissant, eux, pour vérifier la légalité, la conformité et la légitimité des actes par rapport aux lois et textes en vigueur.
Au demeurant, les corps de contrôle de l’Etat interviennent seulement à posteriori, c’est à dire quand le mal généralement est déjà fait et la communauté lésée. Alors qu’un Conseil d’administration, par exemple, agit dès l’amont concernant l’espace décisions de gestion. Peut-on imaginer un DG qui s’octroie des avantages indus sous l’œil d’un Conseil d’administration vigilant et qui doit valider de tels actes? Encore, non!
Je terminerai par l’évocation de certaines modalités d’exercice de ces conseils:
-une rémunération uniquement aux jetons de présence ;
-un filtre pour éviter d’éventuels conflits d’intérêt parmi les membres ;
-une régularité des rapports à l’autorité de tutelle (ministère, présidence, selon le cas).
Nous le voyons bien, tous les instruments nécessaires à la rupture sont disponibles dans notre arsenal institutionnel, tout le reste n’est qu’affaire de volonté politique.
Oumar Gning est administrateur de société
Par Abdoulaye Sakou Faye
LE PASTEF À L’ÉPREUVE DU POUVOIR
En réalité, une bonne communication n’est pas synonyme forcement de matraquage médiatique à outrance, car d’ailleurs, la plupart du temps, dans ce cas, les effets sont souvent contre productifs
Sud Quotidien |
Abdoulaye Sakou Faye |
Publication 04/05/2024
Dans une précédente chronique, l’occasion nous a été donnée, d’aborder l’avenir de l’audiovisuel public sénégalais au lendemain de l’alternance du 24 Mars 2024. Cet exercice ancré sur les fondements qui sous-tendent les principes de notre profession et dont la Radiodiffusion Télévision Nationale a servi de laboratoire, plus que les autres médias d’État (APS, le Soleil), a suscité sur certaines plateformes digitales, des débats constructifs qui renseignent à suffisance sur l’acuité et l’actualité du sujet.
Aussi notre conviction de l’opportunité de ce débat a été confortée, lorsqu’ au détour d’une rencontre fortuite avec un confrère le jour même de la parution de nos écrits, nous avons eu connaissance de la publication d’un autre article de haute facture de deux brillants universitaires sénégalais. En effet dans un article intitulé : "Médias publics : ce qu’il ne faudrait plus jamais refaire", Ibrahima Sarr et Ndiaga Loum ont, de leur posture de chercheurs en sciences sociales, renseigné à suffisance, "par la connaissance scientifique à la fois empirique et théorique des médias », ce que par l’observation, notre modeste plume de journaliste a transcrit.
Par la suite, les échanges sur les plateaux de Télévisions ainsi que sur la blogosphère, qui ont suivi la nomination du nouveau Directeur Général de la RTS, ont été les preuves s’il en était encore besoin, que les citoyens et les professionnels des médias n’étaient pas insensibles au sujet.
Ainsi, le changement politique intervenu le 24 Mars 2024, terreau fertile d’une révolution médiatique dans les services publics de l’information, qui couperaient ainsi d’avec "ces pratiques de soumission et d’inféodation des journalistes des médias d’État", nous donne l’occasion dans cette nouvelle réflexion, de prolonger le débat sur la nature de la nouvelle communication gouvernementale, à l’aune du changement de posture des actuels tenants du régime. Notre vœu en s’attardant sur ces sujets, ne vise rien d’autre, qu’à terme le fruit de la réflexion issu de ce champ que nous investissons, à la faveur de nombreuses contributions qui nous l’espérons viendront l’enrichir, serve de référence à la recherche dans le vaste terrain de la communication. Nous sommes convaincus que l’alternance du 24 Mars 2024 au Sénégal, si elle est bien conduite, cette fois ci, après deux ratés de suite, sera le point de départ de nombreuses transformations, qu’il serait intéressant d’observer, d’analyser et pourquoi pas d’étudier, pas seulement dans le champ de la communication, mais dans tous les segments de la vie sociale et de l’activité économique du pays.
Le Président de la République, au cours du premier conseil des ministres de l’ère Faye Sonko, a ordonné "… le développement d’une Stratégie de communication gouvernementale innovante, basée sur l’anticipation, la précision des messages, mais surtout sur l’appropriation des politiques publiques par les populations…". Ainsi rapportées dans le communiqué issu de cette réunion du 09 avril 2024, ces directives présidentielles seront donc selon toute vraisemblance le bréviaire de la politique des nouvelles autorités en la matière.
Évoquons déjà le communiqué du conseil des ministres, rendu public après chaque réunion, lu à la Télévision Nationale et désormais largement partagé sur les réseaux sociaux. C’est le premier canal officiel écrit par lequel les autorités parlent aux populations en rendant compte chaque semaine de leurs activités et des grandes décisions prises par le Président de la République. Ces dernières années, nombreux sont ceux qui n’y prêtaient plus grande attention sinon qu’à y scruter les nominations dans les postes de direction de l’administration publique, tellement son contenu était devenu creux, sans parler des nombreuses coquilles intolérables à ce niveau.
Par contre le constat a été fait, le 09 Avril dernier, jamais un communiqué du conseil des ministres n’a été autant attendu et nous pensons ne pas être les seuls à y avoir prêté un tant soit peu d’intérêt. Simple effet de nouveauté ou pas, le document dont la lecture in extenso à la télévision nationale nous faisait changer automatiquement de chaine, a pris soudainement de l’importance à nos yeux. Pour le premier ainsi que pour ceux qui l’ont suivi d’ailleurs, nous n’avons pas été déçus. Les nombreuses annonces qui y ont été faites en primeur l’ont valorisé à nos yeux, reste à voir comment il sera désormais exploité par les médias publics, sachant que sa lecture in extenso à la Télévision Nationale n’est pas la meilleure façon de le rendre digeste pour le grand public. Dans d’autres pays, le document est commenté par le ministre porte-parole du Gouvernement devant les journalistes au cours d’un point de presse peu de temps après sa publication, mais nous laisserons le soin aux nouvelles autorités médiatiques et étatiques d’en décider étant entendu qu’une innovation dans ce sens serait déjà un signal fort d’une volonté de rupture d’avec les vieilles méthodes.
Par le passé, la communication a eu, assez souvent bon dos, pour justifier l’échec des politiques publiques des gouvernants. Combien de fois n’a ton pas entendu de la bouche d’une autorité, la phrase suivante : << on a bien travaillé mais on ne communique bien et assez ». La plupart du temps, ce manque et cette mauvaise communication dont se plaignent souvent les tenants du pouvoir pour justifier leur carence et se donner bonne conscience, s’assimilent plus à une communication verticale plutôt synonyme de propagande que leurs services n’auraient pas assez et bien fait, qu’à une vraie démarche en l’occurrence, qui viserait non pas à imposer une vision à la population, mais à lui laisser l’opportunité de juger par les faits de la pertinence, de la réussite ou de l’opportunité des décisions prises ou des réalisations faites. Autrement dit, les décisions prises, les actes posés ou les réalisations faites, portent en elles-mêmes, les germes de leur acception et de leur compréhension par les citoyens.
En réalité une bonne communication n’est pas synonyme forcement de matraquage médiatique à outrance, car d’ailleurs, la plupart du temps, dans ce cas, les effets sont souvent contre productifs. Ne dit-on pas, que trop de communication tue la communication. Dans un passé récent, Pastef dans l’opposition, par une presque parfaite "maitrise des contenus et du processus de diffusion des médias sociaux" a réussi sa communication. Aujourd hui au pouvoir, d’autres canaux de communication, APS, Soleil, RTS dont il peut user et abuser sont à sa disposition. Comment ces organes d’État vont-ils vivre la transition ? Comment l’État va t il s’y prendre pour faire jouer à ces instruments du service public leur rôle, sans saper leur crédibilité et subir en même temps les contrecoups d’une communication impertinente ? Comment la communication digitale de Pastef qui a fait mouche pendant qu’elle était dans l’opposition va-t-elle dorénavant être déclinée ? Tant qu’il s’agissait de convaincre les sénégalais d’adhérer à leur PROJET, la tâche était des plus facile et il pouvait compter sur les nombreux manquements des autorités sortantes, sans compter un ras le bol généralisé des populations, terreau à succès d’une communication pour ne pas dire d’une propagande sans limites. Aujourd’hui de leur station de dirigeants, la mission est autrement plus complexe. Il s’agit désormais de convaincre et de rassurer sans céder à la "tyrannie du temps", plus par les actes que par la parole ou l’image. Les actes de gouvernance qui seront posés, porteront en eux-mêmes les germes d’une communication réussie ; une communication donc par l’action, les supports médiatiques n’étant que les véhicules par lequel les populations sont mises au courant. Évoquons des cas pratiques : la semaine dernière, une occasion que les autorités n’ont pas saisie : les collecteurs mobiles de sang du Centre Nationale de Transfusion Sanguine sont allés en grève pour réclamer 4 mois d’arriérés de salaires. Le montant des arriérés étant évalué à 5 millions de francs CFA. Une gestion en mode fast tract de cette situation aurait été un signal fort en termes d’efficacité et de célérité dans le traitement des questions sensibles. 5000 frs CFA par jour de travail, c’est ce que réclamaient ces braves travailleurs, pour un cumul de 5 millions de frs CFA. Ce n’est pas la mer à boire. Qui plus est, une réponse positive dans l’immédiat à ce sujet, aurait écarté en plus le risque de mettre en danger la vie de personnes ayant besoin d’être transfusées faute de poche de sang suffisants. Certes toutes les revendications ne pourront pas être satisfaites à chaque fois ipso facto, mais en l’occurrence, un traitement diligent des autorités aurait valu mille discours compte tenu de la sensibilité de la question. Heureusement d’ailleurs que l’accident tragique qui couté la vie à une quinzaine de personnes la semaine dernière, ait eu lieu loin de Dakar.
Mais comme pour se racheter de cette occasion manquée, deux actes du Chef de l’exécutif ont pour ainsi dire corrigé ce ‘’manquement’’. D’abord le déplacement inopiné du Président Faye à Mbour 4 faisant suite aux mesures conservatoires prises sur le foncier, ensuite sa décision de se passer de la présence des autorités à la coupée de l’avion à son retour des déplacements officiels. Pas besoin de gâcher une demi-journée de travail de ces autorités civiles et militaires juste pour lui rendre les honneurs. Cela ne sera fait désormais qu’à son départ de Dakar, a tranché le Président Faye.
Deux actions unanimement saluées qui valent leur pesant sur l’image que les nouvelles autorités souhaitent renvoyer aux citoyens et qui sont autrement plus efficaces que tout autre discours ou initiatives médiatiques stricto sensu visant le même objectif. Aux autorités de savoir donc que, leur communication est entre leurs mains, rien ne pourra remplacer en l’occurrence les actes qu’ils poseront et surtout pas un usage déraisonné des médias publics. Ce temps est révolu.
Abdoulaye Sakou Faye est journaliste.
par Souleymane Gueye
LA DIGITALISATION DES PROCÉDURES ADMINISTRATIVE, UNE OPPORTUNITÉ CRUCIALE POUR SAUVER LA POSTE
Pour assurer son avenir dans un monde numérique, la Poste doit se réinventer en devenant un acteur clé de la modernisation des services publics
Dans un monde où la digitalisation des procédures administratives est en pleine expansion, la Poste au Sénégal se trouve à un moment charnière. Confrontée à des difficultés financières et à la menace de la faillite, elle doit se réinventer pour demeurer pertinente dans un paysage en constante évolution. La déclaration du Président Bassirou Diomaye Faye, le 3 avril 2024, selon laquelle "Nous entendons investir massivement dans la digitalisation des services et des procédures administratives", souligne l'importance cruciale de cette transformation pour l'avenir du pays.
Lorsque l'on parle de digitalisation, le concept de "zéro papier" est souvent mis en avant. Toutefois, il est essentiel de comprendre que la digitalisation va bien au-delà de la simple substitution du papier par des données numériques. Elle vise à transformer les processus et les interactions, dans le but ultime de simplifier la vie des citoyens.
Dans ce contexte, la digitalisation des services administratifs peut jouer un rôle déterminant dans la réinvention de la Poste au Sénégal. Au lieu de se focaliser uniquement sur la dématérialisation des documents, il est impératif de prendre en compte l'intégralité du parcours du citoyen. Un aspect souvent négligé de ce parcours est la connexion entre le service demandeur et le citoyen lui-même.
Dans ce nouveau paradigme, le citoyen initie sa demande, qui est ensuite traitée dans un workflow défini. Une fois le document en sortie du workflow, un agent assermenté doit être en mesure de le délivrer au citoyen, garantissant ainsi l'authenticité et la sécurité du document. Cet agent, qui est un fonctionnaire de l'État, pourrait être le postier lui-même, déjà en service.
La Poste doit saisir cette opportunité pour se réinventer et jouer un rôle central dans la distribution des documents administratifs. Si elle peut être à l'avant-garde de cette transformation, c'est la meilleure option. Cependant, même si elle ne peut pas prendre la tête de ce chantier, elle peut au moins servir d'interface pour la distribution des documents, créant ainsi de nouvelles sources de revenus.
De plus, la Poste peut explorer d'autres moyens de financement dans ce nouvel écosystème numérique. Par exemple, elle pourrait envisager de proposer un abonnement à une application de stockage sécurisé des documents administratifs individuels, offrant ainsi aux citoyens un moyen pratique et sécurisé de gérer leurs documents avec un système de livraison à la demande.
En conclusion, la digitalisation du service public offre à la Poste au Sénégal une opportunité sans précédent de se réinventer et de prospérer dans un environnement en mutation. En utilisant la digitalisation comme un levier de croissance, la Poste peut jouer un rôle central dans la modernisation de l'administration publique et dans l'amélioration de la vie des citoyens sénégalais.