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25 novembre 2024
Opinions
Par Papa Chimère Diop
IMPATIENCE ET INDISCIPLINE : LES VÉRITABLES ENNEMIS DU PROGRÈS SÉNÉGALAIS
Il est temps pour nous, Sénégalais, de reconnaître que chaque minute passée dans l'impulsivité et le désordre nous éloigne de nos objectifs de nation prospère et harmonieuse. Nous devons apprendre à donner du temps au temps, à respecter les processus
Dans les rues tumultueuses de Dakar, où la cacophonie des klaxons rencontre le ballet chaotique des motos et des piétons, on découvre le visage de l'indiscipline et de l'impatience qui caractérisent notre société. Ce n'est pas seulement une question de circulation; c'est une métaphore élargie de notre comportement collectif. À peine trois semaines après l'arrivée d'un nouveau gouvernement, une vague de critiques précipitées a déjà déferlé, reflétant une tendance nationale à l'impatience, qui, lorsqu'elle est combinée à une indiscipline chronique, menace de saper les fondations de notre progrès.
Cette impatience manifeste s'illustre par une attente irréaliste de changements immédiats, ignorant les complexités des défis hérités et les nécessités du temps pour les surmonter. L'indiscipline, quant à elle, se traduit par un refus de se conformer aux règles, une préférence pour les raccourcis au détriment du bien commun. Ensemble, elles forment un cycle destructeur, engendrant un environnement où le stress et l'anxiété prévalent, exacerbant les tensions sociales et mettant en péril notre santé collective.
Les effets de ce double fléau ne se limitent pas aux embouteillages, mais imprègnent chaque secteur de notre vie, de l'éducation à l'économie, de la politique à la gestion quotidienne des affaires publiques. L'impatience et l'indiscipline affaiblissent notre tissu social et économique, inhibent l'innovation et retardent les réformes essentielles.
La solution réside dans une prise de conscience collective de la nécessité de briser ce cycle. Nous devons valoriser la patience non seulement comme une vertu mais comme un impératif stratégique pour le développement durable. La discipline doit être perçue non comme une contrainte mais comme la clé de voûte d'une société respectueuse et ordonnée.
Il est temps pour nous, Sénégalais, de reconnaître que chaque minute passée dans l'impulsivité et le désordre nous éloigne de nos objectifs de nation prospère et harmonieuse. Nous devons apprendre à donner du temps au temps, à respecter les processus et à persévérer avec intégrité. La transformation que nous désirons commence par un changement dans nos attitudes quotidiennes et nos actions.
Ce changement de perspective est impératif pour notre avenir. Si nous parvenons à intégrer la patience et la discipline dans notre quotidien, nous ne ferons pas seulement avancer notre société sur la voie du progrès, mais nous élèverons également la qualité de notre coexistence.
Chaque Sénégalais est appelé à contribuer à cet effort. Partagez cet appel, engagez-vous dans le dialogue, et surtout, pratiquez la patience et la discipline. Ensemble, façonnons un Sénégal qui ne se contente pas de rêver à un avenir meilleur, mais qui agit concrètement pour le réaliser.
Par Moussa DIOP
L'APPEL À CANDIDATURE POUR LES POSTES : UNE REFORME QUI SEMBLE IRRÉALISABLE POUR L’INSTANT
Le défi consiste à réaliser ces changements sans compromettre la cohésion et la stabilité politiques.
Les premières nominations réalisées sans appel à candidatures ont été accueillies avec un mélange de satisfaction et de scepticisme, soulevant des questions sur la cohérence entre les engagements de campagne et les actions du gouvernement. L'engagement du Président Bassirou Diomaye FAYE dans son livre-programme, affirmant que : « Nous consacrerons l'appel à candidatures pour certains emplois de la haute fonction publique et du secteur parapublic, et normaliserons les recrutements civils et militaires par des concours, garantissant ainsi l'égalité des chances », figure parmi les promesses les plus séduisantes. Toutefois, réaliser une telle réforme en quelques semaines semble irréaliste, surtout compte tenu des priorités et de la nécessité d'efficacité.
Il est néanmoins encourageant de voir les premières nominations et d'espérer que l'État poursuivra le processus pour faire fonctionner le gouvernement de manière optimale. La confiance accordée aux jeunes lors des premières nominations témoigne de l'engagement envers le renouvellement et la diversification de la haute fonction publique.
La promesse d'appels à candidatures pour certains postes de la fonction publique est certes louable, mais elle doit être mise en œuvre avec précaution pour éviter des conséquences indésirables. Une transition rapide vers un mode de recrutement basé sur des appels à candidatures peut perturber la stabilité institutionnelle et générer des conflits politiques internes. Le défi consiste à réaliser ces changements sans compromettre la cohésion et la stabilité politiques. Les appels à candidatures ouverts peuvent offrir des opportunités équitables à tous les citoyens, mais ils peuvent aussi comporter des risques. Par exemple, des profils recrutés uniquement pour leurs compétences techniques pourraient ne pas partager les valeurs ou les convictions politiques du gouvernement, créant ainsi des tensions internes. Car la première condition de nomination c'est la confiance du chef et la loyauté à son égard.
Pour mener à bien cette réforme, une réflexion approfondie est nécessaire. Un comité impartial pourrait aider à définir les modalités de mise en œuvre et proposer des recommandations éclairées. L'adoption d'une approche collaborative, impliquant gouvernement, société civile et citoyens, pourrait garantir le succès de cette réforme et contribuer à bâtir un avenir plus juste pour le Sénégal.
En soutenant cette initiative, nous exprimons notre confiance envers le gouvernement et son engagement envers une gouvernance plus transparente et équitable. Avec des actions concrètes, le gouvernement peut démontrer son dévouement à des valeurs solides, car dans le domaine complexe de la politique, la transformation réelle découle des actes, qu'ils soient modestes ou audacieux.
Moussa DIOP est le président du Parti Sénégal Debout
par le chroniqueur de seneplus, Jean Pierre Corréa
ON EFFACE TOUT ET ON RECOMMENCE ?
EXCLUSIF SENEPLUS - Tant de virements et nominations dans la foulée, se justifiaient-ils dans ce sentiment de précipitation ? Il ne faudrait pas donner l’impression que la Rupture signifie « Otez-vous de là que nous nous allongions dans vos sinécures »
Jean Pierre Corréa de SenePlus |
Publication 27/04/2024
Le président de la République, Bassirou Diomaye Faye, et son Premier ministre Ousmane Sonko prennent petit à petit leurs marques et déroulent leur « PROJET », celui pour lequel plus de deux millions d’électeurs ont voté sans parfois même l’avoir lu.
L’adaptation aux rigueurs de la realpolitik se fait tranquillement, on reçoit, malgré des principes contraires, un hôte homosexuel et marié à un autre homme, mais qui tient certains cordons de certaines bourses, c’est la vie, et on va écouter les démons des institutions de Bretton Wodds, se rendant compte que l’apprentissage a parfois des allures de grosses couleuvres à avaler.
Mais la pression des ultras aidant, on a eu l’impression que le discours de rupture concernant le train de vie de l’État, totalement justifié et souhaité par des millions de concitoyens, avait subi des modifications sur le volet vertueux du « CV seulement », pour dessiner des images de renvois d’ascenseurs et de récompenses aux allures de médailles de guerre.
Que des postes stratégiques soient réservés à des personnalités non seulement et nécessairement outillées pour la charge, mais du même bord politique, c’est parfaitement concevable.
Mais l’impression a été donnée qu’il fallait vite fait récompenser des personnages qui avaient fait leur part du boulot et donné de leur énergie et aussi de leur santé. Il ne faudrait pas fâcher des impatients qui peuvent être désobligeants sur les réseaux sociaux peut-être… Quelle était l’urgence de dégommer le DG de l’agence de la Muraille Verte, pour ceux qui savaient qu’elle existait d’ailleurs ? Tant de virements et nominations dans la foulée, se justifiaient-ils dans ce sentiment de précipitation ? Il ne faudrait pas donner l’impression que la Rupture signifie « Otez-vous de là que nous nous allongions dans vos sinécures » …
Nous espérons que les si bien vus lanceurs d’alertes seront vigilants pour suivre les probables déménagements de certaines institutions vers d’autres immeubles appartenant à…d’autres amis à récompenser…mais je m’égare.
PAR M. Demba Ndiaye
LA PRISE EN CHARGE SOCIO-MÉDICALE AU SÉNÉGAL, UN POIDS DEUX MESURES ?
10 ans après le lancement de la CMU, une étude exhaustive s’impose pour apporter les correctifs nécessaires à son réalignement au paysage national de l’indice de pauvreté nationale
Le Trésor public sénégalais dépenserait plus de 4,7 milliards F Cfa par an. Chaque année, 40 à 50 agents sont pris en charge par le Trésor public, pour la bagatelle de 4,7 milliards de francs Cfa. L’Etat dépenserait environ 180 millions pour la prise en charge d’un agent. “Quarante fonctionnaires de l’Etat bénéficient d’évacuation vers l’étranger, sur décision médicale du Conseil de santé dirigé par le médecin-chef du centre médico-social. Cent quatre-vingt millions sont dépensés par malade. Cette somme comporte les frais de transport, l’hospitalisation y compris la nourriture, en plus de la prise en charge médicale. S’il s’agit d’une haute autorité, la somme est presque doublée’’, nous confie-t-on.
Alors que l’écrasante majorité de la population, pauvre, ne peut se soigner correctement, les initiatives de prise en charge socio-médicales souffrant de ressources adéquates, voici que les dignitaires du Sénégal utilisent les fonds publics pour accéder aux soins dans des cliniques et hôpitaux en Occident et au Maghreb, aux allures de tourisme de relaxation pure.
Un contraste trompe-l’œil qui a du mal à prendre forme :
En 2013, l'État sénégalais avait mis en place un dispositif de couverture sanitaire dénommé Couverture Maladie Universelle (CMU) visant à fournir une prise en charge -partielle ou totale- des frais de #santé pour l'ensemble de la population, ainsi qu'un programme de Bourse de sécurité familiale (BSF) pour les familles défavorisées, assujetties à des critères de revenus, d’inscription et d’assiduité à l’école des enfants, afin de combattre les injustices sociales et les inégalités pour une meilleure répartition des richesses nationales. Autant de mesures théoriquement viables mais dont l’application reste encore un rêve pour la majorité!
Dans le cadre d’un plan de déploiement d’un modèle de prise en charge compensatoire, avec quelques experts et collaborateurs de la diaspora, lors d’une visite de terrain au Senegal en 2017-18, on s’est rendu compte que la majorité des Sénégalais ne connaissaient pas du tout, et peu bien, l’existence du concept de la CMU. Un bien mal communiqué.
Étant nous-mêmes proches directs de parents et amis restés au pays, qui mieux que nous connaît la charge financière du coût de la Santé au Sénégal ?
Ainsi les dépenses médicales comprennent : la consultation ; les examens biologiques ; l'imagerie médicale (radiographie, électrocardiogramme, échographie) ; les médicaments prescrits ; les éventuelles autres dépenses médicales. Pour chaque type de dépense, plusieurs niveaux d’intervention en jeu : au-delà du co-paiement, via une structure de prise en charge, une mutuelle ou une autre personne proche, tout encore en l'absence du digital.
Expérimenté des modalités de prise en charge socio-médicale, l’on se demande bien au Sénégal comment l’État d’antan était parvenu à instituer un ratio de prise en charge 80-20%. A savoir la décision imposée aux structures de santé de fournir gratuitement un ensemble de prestations en sus des délais de compensation par l'État (jamais à temps et trop de dilatoire) ont privé ces structures d'une part, de leurs ressources et créé des déséquilibres budgétaires dans leur gestion. La plupart ont réagi en restreignant l'offre de service aux bénéficiaires ; par exemple, aucune structure de santé ne fournit gratuitement les médicaments, et beaucoup d’autres, loin du tintamarre médiatique ont simplement fermé boutique par défaut de retard dans la contribution attendue de l’État providence… mais aussi des piètres sommes perçues entre 3000 et 7000 fCFA par membre, l’année. Un scenario prétentieux au départ qui malheureusement requiert une réévaluation majeure!
Quid des raisons politiques, tous les professionnels de santé rencontrés affichaient une adhésion au principe de la couverture maladie (dans l'esprit) mais la plupart avaient des connaissances limitées et parfois imprécises sur les dispositifs existants, les modalités d'accès ou les prestations couvertes. « Nous, on fait les consultations. Pour savoir qui a accès, comment ça marche, il faut voir avec le service social », conseillait un infirmier. Un médecin reconnaissait : « Vous savez, quand on est médecin, on n'a pas trop besoin de ça [mutuelle]. Quand on a un membre de notre famille qui est malade, on va voir un collègue et il nous règle notre problème.» Peu ou mal informés sur les dispositifs en place, ils n'abordaient quasiment jamais ce sujet avec les patients lors des consultations. Occasion manquée de relations publiques à revisiter.
Enfin, un levier tout aussi capital : la rigueur dans l’allocation des ressources aux plus démunis (BSF et autres filets de securite sociale). L’audit de la Cour des comptes du Sénégal portant sur les dépenses faites en 2020 et 2021 sur le "Fonds de riposte contre les effets du Covid-19" d'un montant de plus de 740 milliards de FCFA (plus de 1,1 milliard d'euros), financé par des bailleurs et l'Etat, et selon ce rapport publié sur le site de l'institution de contrôle rattachée à la présidence de la République :
"Le montant total des dépenses (faites par différents ministères et) sans lien avec la Covid-19 s’élève à 19 727 096 727 FCFA" (environ 30 millions d'euros), soulève des inquiétudes notoires..
10 ans après le lancement de la CMU, une étude exhaustive s’impose pour apporter les correctifs nécessaires à son réalignement au paysage national de l’indice de pauvreté nationale. Le manque d’eau potable au Sénégal est en soi un indice d’insolvabilité des politiques de santé publique. La concentration à Dakar de l’essentiel du personnel soignant étant un autre indicateur tout aussi incriminant. C’est pourquoi l’apport de la diaspora dans ce domaine est d’une nécessité vitale pour le rééquilibrage de l’offre de services de santé de base alliée à la télémédecine.
La nutrition basée sur nos produits locaux demeure une innovation majeure à intégrer à notre concept de la prise en charge socio-médicale, avec l’expertise d’acteurs de la diaspora, nous entendons aussi mettre le focus sur la nutrition, le parent pauvre de la prise en charge socio-médicale en Afrique.
par Lamine Niang
CE FAUX DÉBAT SUR L’APPEL À CANDIDATURE
EXCLUSIF SENEPLUS - L’État ne se gère pas comme une entreprise privée désincarnée. Le nouvel élu, pour assurer sa survie politique, doit s’entourer d’hommes et de femmes de confiance dont la fidélité au même idéal ne souffre d’aucun doute
Depuis la sortie de la liste des premiers nommés aux postes directions générales, le débat sur l’appel à candidatures, délibérément nourri par une certaine presse et quelques analystes politiques, tente d’édulcorer l’audace et la perspicacité de ce nouveau régime. C’est pourtant dans un français limpide et accessible qu’il est écrit dans le programme politique présenté aux Sénégalais que l’appel à candidature sera consacré à « certains emplois de la haute fonction publique et du secteur parapublic ». Qu’est-ce que qui explique alors tout ce tintamarre inutile si ce n’est de tenter insidieusement de ternir l’image d’un pouvoir politique qui a commencé son magistère de fort belle manière en marquant positivement les esprits? Jusqu’ici, rien de ce qui a été promis n’a encore trahi. Bien au contraire, des actes fort courageux ont été posés et des décisions significatives prises depuis l’installation au pouvoir du duo Diomaye-Sonko.
Entre le choix risqué, à des fins d’efficacité et de rationalisation des dépenses, d’un gouvernement réduit et concentré alors que les enjeux de chaque sous-entité ministérielle sont énormes, l’instruction donnée à l’OFNAC de publier les rapports d’enquête de ces dernières années, ce qui met à la face du monde l’ampleur de la gabegie du régime sortant, et la mise en place prochaine d’un « plan d’urgence opérationnel de lutte contre la vie chère» dans un contexte économique extrêmement fragile, une certaine presse préfère plutôt s’époumoner volontairement sur ce qui serait faussement une «promesse non tenue.»
Faites un tour dans quelques pays occidentaux, en France ou aux États-Unis par exemple, vous remarquerez aisément que leurs présidents respectifs s’entourent de ministres, de directeurs généraux et même de juges proches de leur idéologie politique à défaut d’être des militants connus et encartés de leur parti politique. C’est le fonctionnement classique de la gouvernance d’un parti ou d’une coalition de partis qui accède au pouvoir par le truchement d’un appareil politique. Et c’est ainsi depuis la nuit des temps dans toutes les grandes démocraties. Un gouvernement républicain ou démocrate puise en priorité dans le bassin de ses profils de candidats qui épousent sa vision et partage ses valeurs lorsque ces derniers remplissent les conditions de compétence professionnelle et de probité morale.
L’État ne se gère pas comme une entreprise privée désincarnée et dépolitisée. Ceux qui sont élus au pouvoir l’ont été très souvent à la suite de longues luttes politiques acharnées et éprouvantes. Le pouvoir ne se donne pas sur plateau d’argent et ce n’est point l’exposition dithyrambique d’un portfolio professionnel qui fait davantage foi aux yeux de l’électeur. Par conséquent, le nouvel élu à la tête d’un pays, pour assurer sa survie politique, doit s’entourer d’hommes et de femmes de confiance dont la fidélité au même idéal politique ne souffre d’aucun doute. En effet, la gestion d’un pays n’est pas un long fleuve tranquille et la lune de miel avec l’opinion publique dure souvent le temps d’une rose. En dehors des défis socioéconomiques mondiaux sur lesquels nos jeunes États n’ont aucune emprise, l’opposition politique locale et les groupes de pression internes veillent au grain et attendent les moindres ratés ou manquements à venir, par ailleurs inévitables, pour monter au créneau et donner un écho à ce qui ne fonctionne pas. Ce sera aux responsables politiques qui ont croient au PROJET et qui l’ont défendu contre vents et marrées de leur apporter la réplique nécessaire. Tout part et revient à la politique…
De plus, pour qui connait moindrement l’organisation interne de Pastef et les individualités qui s’y meuvent, c’est un parti politique qui regorge de personnes compétentes dont les meilleures ne sont même pas connues du grand public. Plus important encore, ce sont des profils animés d’une volonté insatiable de montrer de quoi ils sont capables après toutes ces années passées à critiquer et à montrer les limites de la gestion de Macky Sall.
Cela fait exactement un mois que le duo Diomaye-Sonko est installé au pouvoir, héritant d’un pays économiquement en lambeaux et d’un personnel du système de Macky qui occupe jusqu’ici les plus hautes fonctions de l’État. Le coup de balai sera inévitable et le remplacement se fera avec des hommes et des femmes à l’image du président majoritairement élu par 54,28% des électeurs.
Le vrai bilan est attendu en 2029 et les électeurs jugeront de nouveau.
par Amadou Tidiane Wone
DISTINGUER LES PRIORITÉS…PRIORITAIRES
Il me semble nécessaire d’envisager la situation actuelle de notre pays au prisme de la Matrice d’Eisenhower qui suggère une cartographie en 4 axes des priorités à définir
En ce 21ème siècle, et dans plusieurs domaines de la connaissance, il ne s’agit plus d’inventer ou de créer, il suffit de rechercher pour trouver des réponses aux problèmes que l’on rencontre et les mettre en œuvre. Au cours de cette mise en œuvre, il arrive que l’on apporte un plus aux solutions initiales. C’est la sanction de l’expérience mais aussi la récompense de l’humilité. Ainsi progressent les savoirs universels.
Nous venons d’élire un nouveau régime. Nous avons porté au pouvoir des personnalités jeunes, bien formées, purs produits de l’Ecole sénégalaise, enracinés dans les valeurs profondes de notre peuple. Dans un contexte économique et politique mondial d’une rare complexité, notre peuple a fait le pari de l’espoir. Sur un continent martyrisé par l’Histoire, et en proie à des calamités de toutes sortes, notre pays fait figure bien malgré, lui d’exception à la tentation du chaos. Dans les moments les plus tendus, nous avons en effet su négocier les virages périlleux et retrouver un certain équilibre. Nous rendons grâces à Allah en ce vendredi saint !
Cela étant dit, il me semble nécessaire d’envisager la situation actuelle de notre pays au prisme de la matrice d’Eisenhower qui suggère une cartographie en 4 axes des priorités à définir.
Identifier, trier et ordonner les tâches importantes et urgentes : Ce sont les missions à traiter et exécuter en priorité numéro 1. Contre vents et marées. Elles doivent mobiliser des équipes et des compétences conscientes des enjeux et dévouées à la cause.
Identifier, trier et ordonner les tâches importantes mais non urgentes : Ce sont les actions à planifier, selon un ordre normé et quantifiable, avec des critères d’évaluation à court et moyen terme.
Identifier, trier et ordonner lestâches non importantes mais urgentes : ce sont les taches à déléguer, en exerçant un contrôle régulier de l’atteinte des objectifs assignés, au prix de réglages réguliers, tant au plan des ressources humaines que des moyens à mettre à la disposition des personnels chargés de la mise en œuvre.
Identifier les tâches non importantes et non urgentes : ces taches sont souvent celles qui occupent le devant de la scène. Il faut purement et simplement les abandonner et veiller à ce que les énergies ne soient pas distraites dans des activités de cet ordre.
Pour dire que, loin des verbiages savants qui parlent de tout et de rien, nos dirigeants et les équipes qu’ils mettent progressivement en place disposent des outils organisationnels pour tenir fermement le guidon. Etant entendu que chaque alternance politique signifie, pour certains, la fin du monde. Il serait plus exact de dire la fin d’un monde ! Les facilités d’hier deviennent les difficultés d’aujourd’hui. Le stress, consécutif à la perte de tant de privilèges que l’on croyait acquis, pousse certains à des comportements irrationnels. Et les réseaux sociaux bruissent de considérations qui relèvent du déni ou de la pure défiance, alors même que la nouvelle équipe dirigeante n’a qu’un mois d’âge…Tout cela doit être maitrisé au crible, entre autres de la Matrice d’Eisenhower qui a dirigé les États-Unis d’Amérique dans le contexte de la seconde guerre mondiale. C’est dire qu’il avait fort à faire et qu’il pourrait être de bon conseil !
Par Astou Dione Ndaw
PARITÉ POLITIQUE AU SÉNÉGAL: DROIT VERS L’IMPASSE !
L’instinct de protection et d’éducation des femmes, combiné à leur intelligence relationnelle, leur confère naturellement des compétences sociales et sociologiques.
La quête de parité, notamment celle focalisée sur la sphère politique, requiert une révision profonde et des réformes pour ne pas tomber dans l’illusion d’une avancée. C’est une forme de parité qui a l’art de réduire la représentation des femmes à des postes de Prestige, allant jusqu’à accorder la femme un « droit de pilotage » au même titre que les hommes, mais sur une fausse piste.
Face à une société qui perd progressivement en humanisme et en valeurs, la parité doit s’orienter vers les secteurs qui placent l’humain au cœur des actions. L’égalité hommes-femmes doit aller au-delà de simples quotas, elle doit aussi trouver du sens dans son impact. En effet, les motivations fondamentales de la parité ne devraient plus être uniquement une bataille d’équité exclusivement politique mais plutôt un combat d'impact humain sur le front de l’éducation. Et force est de reconnaître que malgré les efforts, les fonctions électives n’ont, jusqu’à présent, pas réussi à nous placer sur cette voie salvatrice de la parité, comme en témoigne la qualité de vie actuelle. D’où l’importance de s’orienter vers une piste de parité plus humaine, moins politique et non chimérique.
L’instinct de protection et d’éducation des femmes, combiné à leur intelligence relationnelle, leur confère naturellement des compétences sociales et sociologiques. Ce qui fait qu’elles seraient capables d’être en avance sur les hommes en termes de connaissance des domaines de l’éducation, de la formation, de la santé et du maintien de la paix.
Au Sénégal, selon les récentes statistiques, sur 261 professeurs titulaires répertoriés seules 30 sont des femmes, soit 12,12% de l'effectif total. De plus, la plupart des enseignantes travaillent dans les zones rurales, où les opportunités de formation ou d'avancement sont limitées. Elles sont souvent moins bien rémunérées que les hommes, ce qui aggrave encore leur accès restreint aux ressources et aux possibilités. Dans le domaine militaire, les femmes représentent en 2024, 5% des effectifs de l’armée sénégalaise, alors que la présence féminine pourrait offrir de nombreux avantages, par exemple pour le maintien de la paix, une thèse soutenue par l’Organisation des Nations unies. C’est à ces inégalités que la parité doit remédier pour un progrès efficace.
Il est insuffisant de se mobiliser par millions, de mener d’éminentes luttes, dans le seul but de servir dans des instances politiques. La parité doit être une source d'inspiration plus ambitieuse. Et pour sortir de cette impasse, il incombe aux femmes de choisir entre la voie des instances politiques ou celle des secteurs stratégiques.
Astou Dione Ndaw est journaliste.
Par Assane Gueye
MALHEUR AUX VAINCUS
Brennus, le Gaulois, l’avait dit aux Romains. Vae victis, malheur aux vaincus. Les vainqueurs ont toujours le beau rôle. Ils écrivent l’histoire. La dernière élection présidentielle est déjà de l’histoire ancienne.
Brennus, le Gaulois, l’avait dit aux Romains. Vae victis, malheur aux vaincus. Les vainqueurs ont toujours le beau rôle. Ils écrivent l’histoire. La dernière élection présidentielle est déjà de l’histoire ancienne. Les vieux routiers ont pris un coup de vieux et le couperet est tombé. Des plus jeunes qui tombent en politique ont appris à leurs dépens que cette forme d’engagement requiert du métier. C’est un univers glauque truffé de coups de théâtre. Être une bête de scène politique ne suffit plus. Il faut être rock and roll. Anticonformiste. Antisystème. Être aux antipodes de tout ce qui est antédiluvien. Mais il n’est pas sûr que le déluge du 24 mars soit un déclic. Car il y a un hic. Les nouveaux gouvernants gouvernent de plus en plus des citoyens qui savent aller voter le dimanche sans histoire mais savent aussi se montrer ingouvernables. Une chose est donc de profiter du suffrage universel, une autre est d’avoir des qualités exceptionnelles de prestidigitation pour imager les recettes miracle. Le premier outil du parti de la victoire n’est pas de vendre du vent. C’est de vendre du rêve. Son cauchemar à lui est de se rendre tout de suite compte que la critique est aisée mais l’art est difficile. Surtout quand on est caricaturé en novice. La position de commentateur est commode. Celle qui fait de vous acteur et responsable est complètement différente. Dans la rue, la démagogie est permise. Au pouvoir, on vit un rêve éveillé où le droit à l’erreur ou de se tromper n’existe pas.
Vendre du rêve, pas du vent
Les rêves les plus longs ont toujours une fin. Les élections virent au référendum. L’électeur n’a pas le même référentiel que celui qui brigue ses suffrages. Les professionnels de la politique découvrent l’amateurisme et le défaitisme. Dans le monde bigarré des gens défaits figurent aussi les gens démesurément ambitieux. Les débutants et désabusés qui faisaient semblant d’y croire échouent à la première tentative. Ils étaient aussi nombreux tous ceux qui se croyaient indispensables parce que soi-disant une bonne étoile avait tissé leur destin. Faisant bande à part ou coalisés, les éclopés sont couturés de cicatrices et auront du mal à panser les blessures. Insubmersible depuis son installation, Benno bokk yaakar était en fait un tigre de papier. Il a suffi d’un seul homme pour que le rouleau compresseur soit au bout du rouleau. Le jour n’est plus loin avant que l’appareil tombé en désuétude ne vole en mille morceaux. Il n’y a plus de pilote dans l’avion. La locomotive Apr avait déjà déraillé. Une famille politique sans franche camaraderie se fait mal tout seul. L’émotion de la cinglante défaite ne peut justifier une motion de censure. Le bon sens du bon perdant, c’est la motion de bienveillance. Il est trop tôt de penser à une quelconque revanche. Prématuré de sortir de sa tanière. Les grands blessés de guerre sont aussi incarnés par des individualités en chair et en os. Personnaliser le débat ne garantit pas un débat de fond. Mais il s’agissait de rendez-vous d’un homme ou d’une femme avec son peuple. Un homme ou une femme exceptionnel.
Faire l’histoire et les histoires commencent
Nommons donc les choses et les êtres. Amadou Ba n’a rien fait pour éviter d’être tiré vers le bas. Passer son temps à cacher son jeu se paie cash. Autre grand gâchis, Idy qui se voyait 4ème président n’est même pas le numéro 5. Il en avait toutes les aptitudes. Mais en a-t-il eu l’attitude ? Toute idylle est basée sur la confiance. Quand elle n’est plus là, la méfiance est une idée qui se répand. Autre mésaventure, celle de Khalifa. Son manque de magnétisme et la présence d’un phénomène qui grille la politesse ont été chao- tiques pour son aventure. Même le champion du Pds n’aurait pas fait le poids dans ces circonstances. En quelque sorte, Karim a été sauvé par le Conseil constitutionnel. Loin du spectacle, il s’est contenté de donner une consigne de vote. La démocratie est un spectacle sans spectateur. Les absents ont toujours tort. Redresseurs de tort et juges de paix, les Sénégalais s’attendent maintenant à un spectacle féerique de la part de ceux qu’ils ont choisis. Si les nouveaux dirigeants ne font pas de bons choix et manquent leur cible, ils seront très vite la cible des détracteurs qui surgiront de partout. Malheur aux vaincus mais gare aux maladresses. Les vainqueurs font l’histoire. En même temps, les histoires commencent pour eux.
Par Mamadou Abdoulaye SOW
À PROPOS DE L’UTILISATION DE L’EXPRESSION «SOUS L’AUTORITE DU PREMIER MINISTRE» DANS LES DECRETS FIXANT LES ATTRIBUTIONS DES MINISTRES
Comme l’a dit le professeur Meissa Diakhaté, «Sur le plan fonctionnel, le Gouvernement est chargé de la conduite et de la coordination de la politique de la Nation sous la direction d’un Premier ministre qui (…) est détenteur d’une autorité nécessaire"
Bés Bi le Jour |
Mamadou Abdoulaye SOW |
Publication 26/04/2024
Après le décret fixant la composition du Gouvernement puis celui portant répartition des services de l’Etat entre les ministères, les compétences respectives des ministres et secrétaires d’Etat sont définies par un décret d’attributions. L’article 49 alinéa 2 de l’actuelle Constitution indique que sur proposition du Premier ministre, le Président de la République fixe les attributions des ministres et secrétaires d’Etat.
On remarque que le premier article des décrets relatifs aux attributions des ministres signés par le nouveau Gouvernement indique que l’exercice des compétences ministérielles est placé «sous l’autorité du Premier ministre». Cette expression a été contestée dans la mesure où il a semblé à certains qu’elle n’est pas conforme à la Constitution en vigueur. Dans un article publié le vendredi 19 avril 2024 par Dakaractu sous le titre «Alerte, le Sénégal aurait-il basculé vers un régime parlementaire ?», un citoyen expose son «inquiétude quant à la conformité à la loi et la constitution des récents décrets portant attribution des ministres». Selon lui, «l’article premier (de ces décrets) place les ministres sous l’autorité du premier ministre et non, comme cela était de coutume sous l’autorité du Président de la République».
L’expression «sous l’autorité du Premier ministre» est utilisée depuis 1993
Après le décret n° 93- 720 du 2 juin 1993 portant nomination des membres du Gouvernement du Président Abdou Diouf et le décret n° 93-723 du 7 juin 1993 portant répartition des services de l’Etat, le périmètre des attributions de chaque membre du Gouvernent avait été défini par un décret d’attributions dont l’article premier comportait l’expression «sous l’autorité du Premier ministre». (Cf. décrets n° 93-724 à 93- 747 en date du 7 juin 1993 publiés au Journal officiel n° 5526 du 12 juin 1993).
La même expression est également utilisée dans les décrets d’attributions pris sur la période 2001 à 2019
En effet, on retrouve cette expression dans les décrets d’attributions signés par les Présidents Wade et Sall jusqu’à la date de suppression du poste de Premier ministre en 2019 (Voir, entre autres, le décret n° 2004 -574 du 30 avril 2004 relatif aux attributions du ministre de l’Économie et des Finances et le décret n° 2019-783 du 17 avril 2019 relatif aux attributions du ministre de l’Économie, du Plan et de la Coopération).
Avec la suppression du poste de Premier ministre en 2019, l’expression «sous l’autorité du Premier ministre» fut remplacée par l’expression «sous l’autorité du Président de la République»
L’article 50 de la Constitution, issu de la loi constitutionnelle n° 2019- 10 du 14 mai 2019, conférait au Président de la République le pouvoir règlementaire et la disposition de l’administration. L’article 54 du même texte constitutionnel ajoutait : «Le Gouvernement conduit et coordonne la politique de la Nation «sous la direction du Président de la République». Sur le fondement de ces dispositions constitutionnelles, les membres du Gouvernement accomplissaient leur mission sous l’autorité du Président de la République d’où l’utilisation de l’expression «sous l’autorité du Président de la République» dans les décrets d’attributions pris après le 14 mai 2019 (voir le décret n° 2019-957 du 29 mai 2019 relatif aux attributions du ministre de l’Economie et du Budget). En résumé, l’expression «sous l’autorité du Président de la République» avait été utilisée durant la période concernée parce que le Président de la République était à la fois chef de l’Etat et chef de Gouvernement.
Le poste de Premier ministre réinstauré en décembre 2021, l’expression «sous l’autorité du Premier ministre» est de nouveau utilisée dans les décrets d’attributions
L’article 53 alinéa 2 de la Constitution en vigueur, dans sa rédaction issue de la loi constitutionnelle n° 2021-41 du 20 décembre 2021, énonce : «le Gouvernement conduit et coordonne la politique de la Nation sous la direction du Premier ministre». En application de cette disposition, l’expression «sous l’autorité du Premier ministre» est de nouveau employée dans les décrets d’attributions depuis 2022 (Voir le décret n° 2022-1788 du 26 septembre 2022 relatif aux attributions du ministre des Finances et du Budget).
Les projets des ministres sont préparés, par définition, sous l’autorité du chef du Gouvernement
A notre avis, en plaçant l’exercice des compétences ministérielles sous l’autorité du Premier ministre, le décret d’attributions ne fait que tirer la conséquence logique de l’application de l’article 53 alinéa 2 de l’actuelle Constitution qui indique : 1°/ «Le Gouvernement conduit et coordonne la politique de la Nation sous la direction du Premier ministre» ; 2°/ «(Le Gouvernement) est responsable devant le Président de la République …». De ce point de vue, il revient au Premier ministre de rendre des comptes au chef de l’Etat.
En définitive, comme l’a dit le professeur Meissa Diakhaté, «Sur le plan fonctionnel, le Gouvernement est chargé de la conduite et de la coordination de la politique de la Nation sous la direction d’un Premier ministre qui (…) est détenteur d’une autorité nécessaire à ses fonctions».
Selon Dominique Chagnollaud, «l’autorité qu’il exerce sur les ministres est politique et non juridique, mais elle l’autorise à coordonner, par voie de circulaire, la méthode et le rythme de travail gouvernemental et surtout à arbitrer entre les ministres en cas de conflits ou surtout lors de la mise au point du projet de loi de finances».
Mamadou Abdoulaye SOW
Inspecteur principal du Trésor à la retraite
par Par Oumar Dia
L’HOLOCAUSTE DES PALESTINIEN.N.E.S, LA BARBARIE OCCIDENTALE ET SON AVATAR ISRAÉLIEN
Depuis 1492, l’Occident a de façon invariable promu et exercé un barbarisme extra-européen à chaque fois qu’il a été amené à rencontrer des humains qui d’après ses propres canons n’en étaient pas véritablement parce que non-Blanc.he.s
L’objectif de ce texte est de montrer qu’au moins depuis 1492, année de la prétendue « découverte » de l’Amérique par l’Europe blanche, de l’expulsion des Juifs et des Arabes d’Espagne, du début de la domination et de l’extermination de l’humanité non-européenne, l’Occident a de façon invariable promu et exercé un barbarisme extra-européen à chaque fois qu’il a été amené à rencontrer des humains qui d’après ses propres canons n’en étaient pas véritablement parce que non-Blanc.he.s. On m’objectera à juste raison : quel rapport avec l’holocauste en cours en Palestine perpétré par un peuple qui fut lui-même une très grande victime de la barbarie occidentale ? Si a priori l’évocation de la nature intrinsèquement barbare de l’Occident semble sans rapport avec l’holocauste des Palestinien.n.e.s, un examen attentif de son mode de déploiement et de ses différentes formes d’adaptation montre qu’il en est tout autrement.
Depuis 1492, l’ordre du monde est rythmé par une domination occidentale privilégiant les Blanc.he.s comme personnes à part entière et réduisant les non-Blanc.he.s au statut de sous-humain.e.s, voire de non-humain.e.s. Sur le plan moral, le fondement de ce système de domination occidentale consacrant, selon l’expression de Charles Mills, la suprématie blanche sur tous les autres peuples est à trouver dans cette sorte de conscience morale et politique à double standard des agents moraux blancs selon laquelle tou.t.e.s les humain.e.s ne se valent pas. C’est cette conscience morale à double standard qui a été transposée aujourd’hui de façon décomplexée dans le cadre de l’extermination des Palestinien.n.e.s par les Israélien.ne.s. Par exemple, pour Israël et ses soutiens occidentaux, la liberté d’un.e. otage palestinien.ne ne vaut pas celle d’un.e otage israélien.ne. Et la vie d’un.e palestinien.ne ne vaut pas non plus celle d’un.e israélien.ne. Fondant leurs actions et leurs pratiques sur une sorte de contrat racial pour parler comme Charles Mills et qui privilégierait les Blanc.he.s et les Juifs blanchis en échange d’une absolution de l’Europe de sa responsabilité dans l’Holocauste des Juifs, l’Occident d’abord, puis Israël européanisé se sont criminellement attribués le droit de perpétrer sur des non-Blanc.he.s des génocides, des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité. Ce droit criminel, qui était détenu exclusivement par l’Occident depuis 1492, a été étendu en 1948 à Israël à l’occasion de sa création marquée par l’une des réécritures les plus significatives du Contrat racial. Bref, pour se racheter de l’Holocauste des Juifs commis non pas dans des contrées extra-européennes et sur d’autres peuples comme les précédents holocaustes mais sur des citoyen.ne.s européens même s’ils étaient traités en inférieurs, l’Occident a tout simplement passé un marché tacite mais cynique avec Israël qu’il a européanisé et dont il a blanchi les citoyens.ne.s. Devenu ainsi membre à part entière du camp des barbares et profitant de l’extension du contrat racial aux Juifs devenus ainsi des Blanc.he.s naturellement privilégiés, Israël acquit le droit criminel de commettre des génocides, des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité sur des Palestinien.n.e.s réduit.e.s à l’état de peuple colonisé. Mais pour prouver le lien entre l’holocauste des Palestinien.e.s par Israël et ceux de 1492 à 1948 par l’Occident, faisons un détour historique par les grands moments de la barbarie extra-européenne sur les peuples non-européens.
1492 est, avons-nous rappelé, le point de départ historique de la barbarie extra-européenne sur les peuples non-Blancs. Fondée, comme l’écrit à juste raison Susan Opotow dans Moral, Exclusion and injustice, sur une moralité de l’exclusion où certains individus ou groupes sont perçus comme étant à l’extérieur des limites dans lesquelles les valeurs morales, les règles et les considérations d’équité sont appliquées, l’idée clairement eurocentriste et fausse d’une « découverte de l’Amérique » par l’Europe ne pouvait donner lieu dans son incarnation historico-politique qu’aux pires génocides et aux pires holocaustes sur les populations non-européennes trouvées ou transportées sur place. Réduite, conformément à la conscience morale et politique à double standard des agents moraux blancs au statut de sous-personnes, la population autochtone des Amériques allait être massacrée par les envahisseurs blancs à 95%. Le nombre de victimes de ce premier et plus grand holocauste (cf. David Stannard, American Holocaust) de l’histoire de la barbarie occidentale extra-européenne est estimé par certains à près de cent (100) millions de victimes. Après avoir complètement décimé la population autochtone des Amériques, l’Occident barbare institua la traite transatlantique en esclavagisant des Africain.e.s déporté.e.s de leur terre natale à destination de l’Amérique où des Blanc.he.s naturellement privilégié.e.s avaient besoin d’esclaves à leur service. Le bilan de l’esclavagisation des Africain.e.s, qui peut être considéré comme un holocauste au ralenti comparé à celui dont les populations autochtones d’Amérique avaient été préalablement victimes, est estimé entre trente (30) et soixante (60) millions de victimes. À ces deux plus grands holocaustes qui n’avaient posé aucun problème à la conscience morale blanche à double standard, il faut ajouter les dix (10) millions de morts du colonialisme belge au Congo, l’extermination presque complète des Aborigènes en Australie et des Bochimans en Amérique du Sud, le demi-million de morts du massacre colonial français en Algérie, etc. Et conformément au dogme de la barbarie extra-européenne en vigueur depuis 1492, tous ces holocaustes avaient été perpétrés ailleurs que dans le périmètre auto-désigné de la civilisation, à savoir l’Europe. Ce qui les faisait passer pour normaux auprès des membres de la race supérieure à savoir les Blanc.he.s. Pour justifier ces abominables holocaustes, les Blanc.he.s privilégié.e.s qui en vivaient et en tiraient profit avançaient comme raison la prétendue non-humanité des peuples qui en avaient été les victimes ; présentées comme des « vermines » ou des « bestioles » dont il était de leur devoir « moral » de les éradiquer. C’est la même logique qui allait prévaloir lors du génocide des Juifs d’Europe traités, comme les Autochtones d’Amérique et les Africain.e.s esclavagisé.e.s, de sous-humains ou de non-humains pendant une très longue période par une Europe blanche raciste et antisémite. Nous savons que pendant la deuxième guerre mondiale, six (6) millions de Juifs avaient été exterminés dans les camps et ghettos d’Europe (et non hors d’Europe) ainsi que des millions de membres d’autres races « inférieures » comme les Roms, les Slaves, etc. Mais la particularité de l’Holocauste des Juifs par rapport aux holocaustes antérieurs, c’est que pour la première fois depuis 1492, la barbarie européenne était exercée en Europe même. Si l’Holocauste des Juifs par ce qui était jusqu’alors la « blanchité » est incontestable et n’est donc pas à minimiser, c’est à tort qu’il est régulièrement présenté par les bourreaux des Juifs eux-mêmes réécrivant le contrat racial comme le plus grand, voire l’unique holocauste de l’histoire. Quand, à son sujet, l’historien américain Arnaud Mayer s’interroge en écrivant Why did the Heavens not darken ? (Pourquoi les cieux ne se sont pas assombris ?), il fait très clairement un choix sélectif et discriminatoire. Une telle interrogation, sélective et discriminatoire, trahit ce que Charles Mills décrit comme un « eurocentrisme climatique qui ne reconnaît pas que le ciel ne souriait jusque-là qu’à la seule Europe ». Le caractère sélectif et discriminatoire de l’approche de Mayer dans sa hiérarchisation inversée des holocaustes perpétrés par l’Europe blanche est attesté par ces propos extraits de son ouvrage Why did the Heavens not darken ? dans lesquels il déclare : « Le malheur qui frappa les Juifs pendant la Seconde Guerre mondiale semble, à première vue, unique dans son époque et sans précédent dans l’histoire. On est porté à croire que ce malheur fut si extraordinaire et si atroce qu’il dépasse complètement les bornes de toute autre expérience humaine. S’il en est ainsi, il ne sera jamais possible aux historiens de le reconstituer et de l’interpréter, encore moins de le comprendre ». Ces propos de Mayer ne constituent pas seulement une inversion de la hiérarchie des différents holocaustes mais trahissent également une amnésie blanche quant au véritable bilan de la barbarie européenne sur des non-Blanc.he.s. L’amnésie manifestement délibérée de Mayer va d’ailleurs jusqu’à l’amener à se poser la question de savoir comment il peut y avoir de la poésie après Auschwitz. Cette question, liée au projet post-1945 de réécriture du Contrat racial qui excluait jusque-là les Juifs du système de privilèges de la blanchité et du droit criminel de commettre des génocides, des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité, est clairement discriminatoire en ce qu’elle fait l’impasse sur d’autres holocaustes pourtant pires que la Shoah. Pour les descendants de tels holocaustes, l’autre question qui ne peut pas ne pas être posée d’après Charles Mills et que Mayer semble délibérément ignorer dans sa démarche discriminatoire est : « comment a-t-il pu y avoir de la poésie avant Auschwitz, après les charniers en Amérique, en Afrique, en Asie, etc. ? » A cette question légitime des descendants des victimes des pires holocaustes de l’histoire, d’éventuels rescapés du génocide des Palestinien.n.e.s ajouteront probablement celle-ci : comment peut-il continuer à y avoir de la poésie après la « solution finale » de Netanyahu à Gaza ?
Liée à la conscience morale et politique à double standard des agents moraux blancs et/ou des Juifs blanchis, la question discriminatoire de Mayer de savoir s’il n’était pas indécent de s’adonner à de la poésie après Auschwitz visait en réalité un double objectif : d’une part, absoudre l’Occident de sa culpabilité totale dans l’Holocauste des Juifs d’Europe et d’autre part européaniser Israël en blanchissant ses citoyen.ne.s. Une telle lecture peut être confortée par les déclarations de Netanyahu de 2016 dans lesquels il affirmait que Hitler n’avait pas l’intention d’exterminer les Juifs d’Europe et que l’idée lui avait été plutôt suggérée par le Mufti de Jérusalem. S’il faut concéder à Mayer que compte-tenu de la nature intrinsèquement barbare de l’Occident vis-à-vis de tout ce qui ne lui ressemble pas, le « judéocide » n’était pas quelque chose de fortuit, c’est-à-dire une anomalie dans le développement de la blanchité, il y a lieu de lui opposer que sa présentation comme unique en son genre obéit à une raison cachée, inavouée et inavouable : l’emploi du contrat racial envers des Européens (même de seconde zone) et de surcroît sur le sol européen. S’il est hors de question de diminuer l’horreur de l’Holocauste des Juifs ou de le relativiser, on ne peut pas, par contre, en toute honnêteté adhérer à l’idée de son caractère prétendument singulier. L’Holocauste des Juifs est certes un des maux absolus dont les Humain.e.s ont été capables mais il faut reconnaître que son identité conceptuelle ne se distingue pas de tous les autres holocaustes perpétrés par l’Occident raciste et antisémite depuis 1492. Elle est intrinsèquement liée à ces derniers, tout comme à celui que mène aujourd’hui Netanyahu en Palestine.
Dans son Discours sur le colonialisme, Aimé Césaire écrivait d’ailleurs à propos de l’amnésie blanche découlant du double standard implicite de l’« indignation » européenne face au nazisme : « C’est du nazisme, oui, mais qu’avant d’en être la victime, on (les Européens) en a été le complice : que ce nazisme-là, on l’a supporté avant de le subir, on l’a absout, on a fermé l’œil là-dessus, on l’a légitimé, parce-que, jusque-là, il ne s’était appliqué qu’à des peuples non-européens (…) Le crime d’Hitler est d’avoir appliqué à l’Europe des procédures colonialistes dont ne relevaient jusqu’ici que les Arabes d’Algérie, les coolies de l’Inde et les nègres d’Afrique ».
C’est probablement la conscience que la barbarie extra-européenne, qui est l’une des identités les plus fortes de l’Occident, s’était pour une fois produite du fait du nazisme sur le sol même de l’Europe auto-désignée comme l’espace par excellence de l’humanité qui a amené les européens à s’indigner du seul holocauste des Juifs, à le condamner et à le présenter malhonnêtement comme unique et sans précédent dans l’histoire de l’humanité. Mais n’ayant au fond jamais renoncé au contrat racial qu’il a institué et qui privilégie les Blanc.he.s et tous ceux qu’il aura décidé de blanchir, il a passé une sorte de deal diabolique avec les descendants des victimes de la Shoah en soutenant la création d’Israël sur les terres palestiniennes et en blanchissant les Juifs. Avec cette conversion d’Israël à l’occidentalisme et à ses tares et des Juifs à la blanchité, nous avons assisté à l’avènement de nouveaux barbares en renfort de la barbarie occidentale en pratique depuis 1492. Et conformément au dogme de la barbarie extra-européenne et donc coloniale de l’Occident qu’il a définitivement adopté, Israël a acquis par la force le droit de commettre des génocides, des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité sur des populations qui ne sont pas blanches : les populations palestiniennes. Donc, l’Holocauste des Palestinien.n.e.s n’est rien d’autre que le point paroxysmique de la colonisation israélienne depuis 1948 contre laquelle les victimes ont légitimement et naturellement opposé une résistance multiforme dans le cadre de leur lutte non moins multiforme de libération. Ce qui veut dire que le Hamas, comme toute autre organisation de la résistance palestinienne, n’est pas une organisation terroriste mais un mouvement de résistance. Et comme l’enseignait Mandela qui avait créé la branche armée de l’ANC, c’est toujours l’oppresseur qui détermine la forme de résistance de l’opprimé. L’opprimé, quel que soit la forme de sa résistance, a droit à la solidarité et au soutien effectif des peuples anciennement opprimés. Nous savons que quand l’Occident barbare a voulu d’une Amérique sans ses Autochtones et d’une Australie sans ses Aborigènes, il a fini, au prix d’horribles holocaustes certes, par les obtenir. Converti à l’occidentalisme, Israël cherche également depuis 1948 à obtenir une Palestine sans les Palestinien.n.es et il est aujourd’hui sur le point de l’obtenir. Compte tenu du poids de l’histoire des quatre (4) derniers siècles où elle a été directement et tragiquement confrontée aux affres de la barbarie occidentale, l’Afrique ne peut pas se permettre le luxe de l’indifférence ou de la neutralité face à l’Holocauste des Palestinien.n.e.s. Pourquoi ? Parce que tout simplement le prochain grand chantier de la barbarie occidentale pourrait être de faire advenir, même au prix macabre d’une solution finale à la Netanyahu, une Afrique sans les Africains. Moralement et existentiellement donc, l’Afrique a l’obligation d’être du côté de la résistance multiforme des organisations de libération palestiniennes. L’Afrique du Sud, qui incarne dans ce cas et de la meilleure des façons l’honneur de l’humanité, en a déjà donné l’exemple. J’espère que le Sénégal ne va pas tarder à suivre cet exemple en mettant au moins immédiatement fin à ses relations diplomatiques avec Israël.
Oumar Dia est maître de conférences titulaire, Université Cheikh Anta Diop.