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25 novembre 2024
Opinions
Texte Collectif
APPEL AU PANAFRICANISME DE GAUCHE
Nous devons choisir entre l'afro-libéralisme et le socialisme panafricain. Nous encourageons le président à oeuvrer en faveur d'une rupture avec l’impérialisme, d’une redistribution équitable de la richesse et de l’intégration africaine
Citoyen.ne.s africain.e. s, camarades de lutte pour la libération et l'unité de notre continent,
Aujourd'hui, nous nous rassemblons autour d'un appel crucial, un appel au panafricanisme de gauche. Au fil des décennies, l'écho de notre histoire résonne, portant le cri de notre peuple pour la libération nationale et l’unité africaine. Dans cette quête, le panafricanisme se dresse comme notre boussole, une idéologie ancrée dans la vision d'une Afrique émancipée et unie.
Nous sommes à la croisée des chemins, confrontés à un choix déterminant : suivre la voie du libéralisme ou embrasser le socialisme panafricain. C'est un débat entre les intérêts des marchés et ceux des peuples, entre l'individualisme et la solidarité, entre les camps néocolonial et souverainiste, entre les bourgeoisies néocoloniales et les classes laborieuses.
Le panafricanisme est bien plus qu'une simple idéologie ; c'est aussi une vision de libération. Les mots immortels de Kwame Nkrumah, "Africa must unite", résonnent en nous, nous appelant à l'action pour notre libération et notre unité.
Dans cette quête, nous devons choisir entre l'afro-libéralisme, qui favorise une intégration économique souvent au détriment de notre souveraineté et de l’épanouissement de notre peuple, et le socialisme panafricain, qui place les besoins concrets de nos peuples au centre de notre action, inspiré par des figures telles que Thomas Sankara, Mamadou Dia, Julius Nyerere, Amilcar Cabral et Cheikh Anta Diop.
Thomas Sankara, défenseur infatigable des droits des femmes, des jeunes et de l'écologie, nous rappelle l'importance de placer le peuple au cœur de notre développement.
Mamadou Dia, quant à lui, incarne la pratique du socialisme africain, avec sa conviction en une Afrique unie, émancipée et autosuffisante. À titre illustratif, sa circulaire du 21 mai 1962 dégageait sa doctrine socialiste à travers le modèle des coopératives. Selon lui, la réussite du modèle coopératif dépend des modalités que l’on assigne aux choix socialistes. Il précise dans ladite circulaire que le mouvement coopératif ne doit pas être limité à la seule cellule de base et que l’évolution vers un système de solidarités sous-régional et régional est primordiale [1]. Mamadou Dia a réitéré cette vision africaine lors du colloque de Dakar du 8 décembre 1962 sur les politiques de développement et les diverses voies africaines du socialisme. Il en a profité pour montrer l’importance du rejet des structures coloniales [2]. Des liens peuvent être établis entre ce discours et le déclenchement de la cabale politique qui a conduit à son arrestation et à son emprisonnement quelques jours après.
Julius Nyerere, avec son concept d'Ujamaa, nous montre la voie vers l'égalité et l'autosuffisance à travers des initiatives telles que les coopératives agricoles. Ujamaa, signifiant "économie coopérative", nous enseigne que les populations locales peuvent coopérer les unes avec les autres pour subvenir aux besoins essentiels de la vie et pour construire et entretenir nos propres entreprises, et en tirer profit ensemble. Cette vision a été déclinée en détails lors de la déclaration d’Arusha le 5 février 1967. Nyerere exposait les pièges de l’économie de marché, de l’accumulation du capital ainsi que des programmes des institutions internationales néolibérales [3]. Nous pouvons donc tout naturellement qualifier ces politiques d’éléments constitutifs du panafricanisme de droite.
Amilcar Cabral, par son organisation méthodique des zones rurales, montre l’importance de la dimension scientifique pour atteindre les objectifs du socialisme. Son modèle était articulé autour des tabancas (communautés villageoises) qui géraient les activités éducatives, sanitaires et agricoles [4]. Pour se passer de la monnaie coloniale, les tabancas faisaient du troc pour développer l’économie solidaire.
Nous entendons également l'appel de Cheikh Anta Diop, nous mettant en garde contre les illusions de l'intégration économique sans une organisation politique solide. Il nous exhorte à embrasser un fédéralisme africain, rétablissant les liens entre nos peuples pour garantir notre survie collective. Pour Cheikh, les histoires locales doivent être décloisonnées afin de mettre en avant l’unité du continent. Selon lui, la vanité d’être Wolof, Bambara, Toucouleur, etc. [...] doit faire place à la fierté d’être africain [5], surtout que ces cloisons n’existent que par ethnicisme. Soixante ans après nos indépendances politiques des années 60, le fait d’être sénégalais, malien, guinéen, kényan, etc. est une réalité qui n’est qu’un point de départ du lien entre libération nationale et unité africaine. Unis dans notre diversité, nous forgerons un avenir meilleur pour les générations à venir loin des xénophobes au nationalisme stérile qui instrumentalisent la « question identitaire » à des fins purement politiciennes et électoralistes.
Ainsi, nous nous engageons dans cette quête pour l'unité africaine, guidés par les voix inspirantes de Nkrumah, Sankara, Nyerere, Mamadou Dia, Cabral et Cheikh Anta Diop. Le panafricanisme de gauche est notre chemin vers un avenir de liberté et d'union.
Dans notre quête d'un panafricanisme de gauche authentique, il est impératif de reconnaître et d'embrasser le rôle essentiel des femmes dans la construction d'une société égalitaire et juste. L'inclusion des femmes et la promotion de l'égalité des sexes sont des piliers fondamentaux de cette vision. Pour réaliser pleinement les aspirations de notre peuple, il est crucial de remettre en question et de transformer les structures patriarcales qui persistent dans nos sociétés. Cela passe par une réforme profonde du Code de la famille, garantissant aux femmes des droits égaux et une autonomie réelle. En plaçant les droits des femmes au cœur de notre action, nous affirmons notre engagement envers une transformation sociale véritablement progressiste et inclusive. En effet, une véritable révolution panafricaine de gauche ne peut être réalisée que si elle intègre totalement les luttes pour l'émancipation des femmes, faisant ainsi avancer non seulement l'unité africaine, mais aussi la justice sociale dans toute sa diversité.
Nous nous réjouissons de constater que le président nouvellement élu du Sénégal, Bassirou Diomaye Diakhar Faye, se réclame du panafricanisme de gauche et que son programme de gouvernance compte s'articuler autour de cet idéal. Nous encourageons vivement le président Faye et son gouvernement à mettre en œuvre des politiques en faveur d'une rupture avec les différentes ramifications de l’impérialisme, d’une redistribution équitable de la richesse et de l’intégration africaine. De même, nous saluons l'initiative de ce nouveau régime d'avoir créé un ministère dédié à l'intégration africaine. Cette démarche témoigne d'une volonté affirmée de renforcer les liens entre les nations africaines et de promouvoir une coopération mutuellement bénéfique. Nous espérons que les actions de ce gouvernement contribueront à contrer les discours xénophobes et anti-panafricanistes qui commencent à émerger, même s'ils demeurent marginaux.
En travaillant ensemble dans un esprit de solidarité et de collaboration, nous sommes convaincus que nous pouvons surmonter les défis qui se dressent sur notre chemin vers une Afrique libre, unie et progressiste.
Pour une Afrique libre, pour une Afrique unie, pour une Afrique de gauche !
Références bibliographiques
[1] Mamadou Dia, 21 mai 1962. Instruction circulaire numéro 032.
[2] Laurent Correau, 26 janvier 2009. Mamadou Dia, l’homme de refus. RFI.
[3] Amzat Boukari-Yabara, 20 avril 2018. Walter Rodney: un historien engagé, 1942-1980. Présence Africaine.
[4] Roland Colin, 2012. La pensée et la pratique sociale et politique d’Amilcar Cabral sur les chemins de l’histoire. Présence Africaine.
[5] Cheikh Anta Diop, 1990. Alerte sous les tropiques: articles 1946-1960: culture et développement en Afrique noire. Présence Africaine.
Signataires (par ordre alphabétique)
Ali Ali, militant anticapitaliste et écologique.
Khady Badiane, étudiante et révolutionnaire
Abdoulaye Djiby Barry, étudiant en histoire à l’UCAD
Amadou Woury Barry, étudiant en histoire contemporaine à l’Université de Tours
Florian Bobin, Chercheur en histoire.
Hugues-Alexandre Taliane Castanou, Ingénieur génie civil, chercheur indépendant et Militant de gauche
Bathie Samba Diagne, historien-scénariste
Mamadou Diao Diallo, Journaliste d'investigation.
Ousmane Tanor Dieng, politiste et juriste en droit public des affaires, militant de Gauche
Dame Diop, étudiant en histoire des relations internationales et stratégiques à l’UCAD
Saliou Diop, Doctorant UCAD
Serigne Modou Dia Diop, Militant de Gauche
Sëriñ Mama Fall, Maître Ès Philosophie, Militant Panafricain
Fallou Gueye, chercheur et linguiste en France
Marieme Soda Gueye, ingénieur en systèmes d’information (data scientist), militante féministe et patriote
Mouhammadou Moustapha Gueye, économiste chercheur
Serigne Modou Bousso GUEYE, juriste, spécialiste du droit privé
Souleymane Gueye, Ingénieur Projets Numériques
Usman Noreyni Gueye, communicant et militant anticapitaliste
Mamadou Lamine Bara Kane, communicant, spécialiste de la communication des entreprises et des organisations.
Serge Koue, Informaticien
Abdallah Mbaye, reporter citoyen et étudiant en science politique au Canada
Omar Ndiaye, juriste en droit international privé et diplomatie
Abdou Aziz Ndao, Étudiant en littérature africaine et post coloniale à l’UCAD et militant anticapitaliste.
Maimouna Ba Niang, étudiante en science politique et en relations internationales
Khalifa Ab. Pouye, concepteur de formations, militant pour un Renouveau démocratique
Abdoulaye Seck, économiste chercheur à l’Université du Québec et à l’Université Queens.
Amidou Sidibé, agent de développement, membre de la Ligue Panafricaine Umoja au Sénégal
Ndeye D. Tall, féministe, étudiante en sociologie
Moussa Thiaw, Spécialiste du Secteur Public, militant de la gauche
Par Amidou SIDIBE
PANAFRICANISME DE GAUCHE, PANAFRICANISME DE DROITE... POURQUOI PAS DU CENTRE !
Le panafricanisme est souvent instrumentalisé par des acteurs qui ne s'identifient pas explicitement comme panafricanistes de droite, ce qui brouille les lignes et empêche une analyse claire des différentes tendances au sein du mouvement.
Panafricanisme de gauche. Comme les termes «Djihadiste», «Terroristes», «Islamistes», le terme «Panafricanisme de gauche» peut paraître créé par les ennemis de l’Afrique pour diviser les Africains et mieux régner en Afrique mais puisque le Président Bassirou Diomaye Diakhar Faye nouvellement élu au Sénégal se proclame «panafricaniste de gauche», nous devons, nous qui croyons encore au Projet, nous accommoder et essayer de voir comment aider le Président BDDF pour matérialiser son panafricanisme de gauche...
Amzat Boukari Yabara, historien et Président de la Ligue Panafricaine Umoja précise : «La politique africaine doit se faire avec une seule chose au centre : le panafricanisme. Et c’est par rapport à ce centre qu’on se positionne à gauche (panafricanisme des peuples pour faire simple) ou à droite (panafricanisme des institutions pour résumer)... Amzat Boukari Yabara enchaîne : «Tous les pays africains et leurs régimes participent à l’histoire du panafricanisme. Certains, de manière réactionnaire et conservatrice (droite), d’autres de manière modérée (centre) et d’autres de manière progressiste et révolutionnaire (gauche). Et à l’intérieur de chaque pays, ces lignes se retrouvent.
Le Sénégal a produit des figures panafricaines de droite (Senghor n’était pas du tout contre l’État fédéral mais c’est la question de la confédération qui le discrédite), de centre (Diop était pour l’État fédéral) ou de gauche (Majhemout Diop). C’est par rapport au panafricanisme qu’il faut classer les dirigeants et non en les excluant du panafricanisme sinon les exclure signifie que le panafricanisme ne peut pas être un critère idéologique. Si on fait cela, on calme les panafricanistes autoproclamés en leur demandant clairement quel panafricanisme. Celui de droite réactionnaire ou celui de gauche révolutionnaire ? Rodney en parle dans son texte du sixième congrès panafricain.
Tant qu’on ne place pas le panafricanisme au centre du débat et qu’on en fait une sorte de paradis pur et vierge, on ne pourra pas utiliser le panafricanisme pour classer les panafricanistes autoproclamés qui sont généralement tous à droite mais ne se disent jamais panafricanistes de droite. Le panafricanisme est le terrain de jeu et c’est sur ce terrain que se battent les forces de droite, du centre et de gauche. Si on n’a pas cette lecture, on fait du panafricanisme quelque chose qui est hors sol et sans prise. Un autre critère est que panafricanisme avec une politique internationaliste est un panafricanisme de gauche... C’est le panafricanisme qui est le terrain de jeu. Et c’est le terrain de jeu qui définit les règles, les positions et le jugement. Il faut donc évaluer toutes les politiques à partir du panafricanisme car c’est ce seul terrain qui compte. Mais si on les met en dehors du terrain, on ne les juge plus sur la base de nos critères panafricanistes, ce qui me semble être une erreur politique... Les pays qui s’unissent sont ceux qui sont sur un même panafricanisme.
Par exemple, si la Côte d’Ivoire de Ouattara et le Ghana de Addi s’unissent, ce sera des États-Unis d’Afrique sur la base d’un panafricanisme de droite. Si l’Alliance des Etats du Sahel (AES), constitué par le Niger, le Burkina et le Mali fusionne, ce sera des États-Unis d’Afrique sur la base d’un panafricanisme de gauche... Le panafricanisme est un terrain de jeu, c’est l’échiquier et sur l’échiquier il y a les pions.
Donc, l’enjeu n’est pas de savoir si les pions sont panafricains car le terrain de jeu est le panafricanisme. L’enjeu est de savoir pour quels intérêts roulent les pions.
Amidou SIDIBE est agent de développement,
Membre de la Ligue Panafricaine Umoja au Sénégal, Membre du FRAPP
PRECISION : Ce texte est un échange avec Amzat Boukari Yabara, Historien et Président de la Ligue Panafricaine Umoja
Par Denis NDOUR
QUELLE PLACE POUR LA RELIGION DANS L’EXERCICE DU POUVOIR ?
L’annonce du président de la République, en Conseil des ministres, de la création d’une Direction des affaires religieuses, logée à la Présidence, a fait couler beaucoup d’encre,
L’annonce du président de la République, en Conseil des ministres, de la création d’une Direction des affaires religieuses, logée à la Présidence, a fait couler beaucoup d’encre, non pas parce que la direction n’est pas la bienvenue, mais à cause du fait que cette dernière est chargée de la prise en charge de l’insertion des diplômés en arabe.
Dans la logique, cette prise en charge devrait relever du ministère de l’Enseignement supérieur et de la formation, et du ministère du Travail.
Cependant, la question fondamentale c’est : pourquoi spécifiquement les diplômés en arabe et non les autres diplômés ? Une telle décision pourrait créer une confusion ou des suspicions sur le respect de la laïcité.
Pour rappel, le président de la République non seulement s’est toujours aligné sur les principes des Assises nationales, mais encore à la veille de l’élection présidentielle du 24 mars 2024, s’est aussi engagé pour l’application des principes du Pacte de bonne gouvernance démocratique qui a réaffirmé les valeurs culturelles et démocratiques qui nous ont toujours liés : une République Laïque et Démocratique • un Etat Unitaire Décentralisé • une Souveraineté du Peuple • une Pluralité, ciment de l’unité nationale et fondement de toute prise de décision publique.
En effet, la réflexion sur la relation Etat de Droit et laïcité, nous permet de déterminer la primauté du Droit et la neutralité de l’Etat relativement à l’expression et à la pratique du culte, en faisant respecter la croyance et la non-croyance par rapport aux religions révélées.
Arrêtons de faire l’amalgame consistant à associer, voire confondre la laïcité de la France et celle du Sénégal qui revêt une particularité unique au monde. Dans ce contexte, nous avons la libre expression de chaque option spirituelle dans l’espace public, ce qui est contraire aux reproches non fondés adressés à la laïcité soit par méconnaissance de l’histoire, soit par simple mauvaise foi.
En effet, au Sénégal, le temporel et le spirituel se côtoient au quotidien sans conflit, à travers la cohabitation entre autorités coutumières, traditionnelles, politiques et religieuses. Nous savons tous que depuis très longtemps, les rapports entre Etat et autorités religieuses sont marqués par une collaboration élégante, teintée parfois de méfiance, de prudence, comme s’il s’agit de pouvoir qui s’exerce de concert dans le respect et la discrétion.
Ainsi, la tolérance étatique, pour ne pas dire privilège, explique alors les égards réciproques, et dans une large mesure, l’exception de la stabilité politique du Sénégal car les chefs religieux sont des régulateurs sociaux.
Bref, au Sénégal, la laïcité est ainsi faite dans un cadre d’équilibre religio-étatique, garantissant relativement un apaisement social et politique. C’est pourquoi nous ne devons jamais accepter des pyromanes pour des raisons fanatiques, ou non avouées, nous divertir dans un débat visant à éliminer la laïcité dans notre charte fondamentale.
Pourquoi avoir peur de la laïcité si cette dernière constitue l’un des piliers de notre cohésion sociale ? Cela serait absurde et dangereux que de vouloir la remettre en cause à ce stade où notre Nation est magnifiée à travers le monde pour son exception.
D’ailleurs, ceux qui tentent de semer la confusion oublient l’origine étymologique du mot laïcité qui vient du mot grec «laos». Celui-ci désigne l’unité d’une population considérée comme indivisible. Le laïc est l’homme du Peuple, qu’aucune prérogative ne distingue ni n’élève au-dessus des autres. L’unité du «laos» est donc, à la fois, un principe de liberté mais également un principe d’égalité. L’égalité se fonde sur la liberté de conscience, reconnue comme première et de même portée pour tous. C’est en cela qu’aucune conviction spirituelle ne doit bénéficier d’une reconnaissance, ni d’avantages matériels ou symboliques qui seraient source de discrimination. Au sein de la cité, les hommes ont à vivre ensemble. La puissance publique, chose commune à tous, comme l’exprime le terme latin «res publica», sera donc neutre sur le plan confessionnel : «neuter» signifie «ni l’un ni l’autre». Cette neutralité est à la fois garantie d’impartialité et condition pour que chacun puisse se reconnaître dans cette République, cette cité dont tous les membres se retrouvent ainsi sur le même pied.
Il faut le reconnaître, beaucoup de réflexions, d’études juridiques, politiques, sociologiques et anthropologiques ont été menées pour démontrer l’influence, voire l’injonction des religieux dans l’exercice des pouvoirs politiques.
Cependant, notre pays se distingue à la fois des pays historiquement chrétiens où le combat laïc s’inscrivait dans un élan démocratique, et des autres pays musulmans où la laïcité était privilégiée par des régimes autoritaires.
Contrairement à l’histoire de la laïcité en Europe, incarnée par l’institution ecclésiale, la religion imposait ses vues et ses règles avant de se voir successivement écartée de l’art, de la science, de la politique, du Droit et aujourd’hui de la culture.
La laïcité au Sénégal est plurielle. Il n’y a pas un seul et unique modèle de laïcité. En effet, la laïcité n’est qu’un modèle de sécularisation politique qui se distingue par la séparation des institutions religieuses et politiques d’une société. Il y a donc plusieurs modes de séparation de ces institutions qui dépendent forcément de l’histoire de leur relation. Si on polémique souvent sur la laïcité, c’est notamment parce que le laïcisme -doctrine excluant le religieux de l’espace public- en fait une valeur qui conduit à polariser le débat public.
L’Etat se veut moderne, avec une perspective de reconversion des mentalités et des impératifs économiques, mais les individus et les familles sont encore tirés par des pesanteurs traditionnelles, culturelles et religieuses.
Nous le savons, la famille constitue la structure de base de la société. Elle s’inscrit à la fois dans la tradition et le passé, car elle en porte les marques des développements antérieurs, mais se définit en rapport avec l’avenir car elle agrège de facto différentes générations.
En s’appuyant sur les valeurs de la famille, le Président Bassirou Diomaye Faye ne devrait pas faire moins que ses prédécesseurs en ce qui concerne la laïcité, gage de notre stabilité.
Pour rappel, déjà le 7 juin 1963, le Président Senghor décline sa conception de la laïcité qu’il veut et promeut pour le pays en disant ceci : «Laïcité, pour nous, n’est ni l’athéisme ni la propagande anti-religieuse. J’en veux pour preuve les articles de la Constitution qui assurent l’autonomie des communautés religieuses. Notre loi fondamentale va plus loin, ce qui fait de ces communautés les auxiliaires de l’Etat dans son œuvre d’éducation, de culture.»
Le Président Abdou Diouf en 1984 : «La laïcité ne saurait être anti religieuse : ce ne serait d’ailleurs pas une véritable laïcité, ce serait comme, hélas, dans certains pays, instituer l’athéisme comme religion d’Etat.»
«Je suis allé à Touba en disciple mouride, et non en ma qualité de chef de l’Etat. (..) Notre relation est empreinte de sincérité. Je ne suis pas un politicien qui cherche le pouvoir. Si je sollicite ses prières, c’est pour mes autres responsabilités sur le plan international», disait le chef de l’Etat sénégalais, Abdoulaye Wade, de ses rapports avec le Khalife général des Mourides, Serigne Mouhamadou Lamine Bara Mbacké.
Il y a une sorte d’immixtion mutuelle entre les deux sphères (politique et religieuse) qui fait qu’au Sénégal, malgré la consécration constitutionnelle de la laïcité, les pratiques donnent une tournure inédite à ce principe républicain. Par ailleurs la sécularisation n’est pas la perte d’influence du religieux dans une société, mais la perte d’évidence du religieux. Autrement dit, il n’y a rien d’évident à ce que le Code de la famille sénégalais soit relativement conforme à des valeurs musulmanes, chrétiennes ou tiédos.
On se situe ici dans l’optique de la «laïcité neutralité», définie comme «le cadre juridique qui cherche à permettre la coexistence de toutes les identités, la plus pacifique et la plus harmonieuse possible».
Aujourd’hui, si l’enseignement religieux devait être instauré à l’école, toutes les religions devraient y trouver leur compte. Ainsi, autant les daaras ont besoin d’être soutenus financièrement par l’Etat, autant les juvénats et séminaires catholiques ont aussi besoin d’être accompagnés financièrement par l’Etat.
C’est pourquoi, avant la mise en œuvre de cette décision relative de la Direction des affaires religieuses, le président de la République devrait impérativement nous édifier sur la vision, la mission et le cahier des charges de cette direction, pour rassurer tous les Sénégalais, musulmans, chrétiens ou adeptes de religions traditionnelles, en organisant une large concertation entre tous les acteurs religieux pour épiloguer positivement sur la question.
Par Madiambal DIAGNE
PRESIDENT DIOMAYE, LA CASAMANCE NE SAURAIT ETRE UN SUJET TABOU
Il est impossible de trouver un mot, sorti de la bouche de Bassirou Diomaye Diakhar Faye, évoquant le conflit irrédentiste en Casamance. Mieux encore, une fois qu’il se trouve investi de la magistrature suprême, peut-il continuer de s’en désintéresser ?
Il est impossible de trouver un mot, sorti de la bouche de Bassirou Diomaye Diakhar Faye, évoquant le conflit irrédentiste en Casamance. Cette question ne semblait pas présenter de l’intérêt pour le citoyen Bassirou Diomaye Faye. On pourrait le lui concéder, aussi longtemps qu’il pouvait être un homme politique sans une envergure nationale. Mais dès l’instant qu’il était candidat à l’élection présidentielle, il avait le devoir de dire, au Peuple sénégalais, sa perception de cette situation et certainement d’indiquer des solutions de sortie de crise. Il s’est gardé ou s’est interdit de faire la moindre proposition à cet effet, avant de bénéficier des suffrages de ses compatriotes. Son silence sur cette question, notamment durant la campagne électorale, a pu laisser bien du monde circonspect. Même aux étapes de Cap-Skiring, d’Oussouye, de Ziguinchor, de Bignona et des autres grandes haltes de son périple électoral dans la région naturelle de Casamance, il n’a pipé mot sur le sujet.
Mieux encore, une fois qu’il se trouve investi de la magistrature suprême, peut-il continuer de s’en désintéresser ? Une de ses missions constitutionnelles fondamentales, pour lesquelles il a prêté serment devant Dieu et le Peuple sénégalais, est de veiller à l’intégrité territoriale du pays. Ce conflit est une épine pointue au pied du Sénégal et tend à devenir le plus vieux conflit armé au monde. La rébellion indépendantiste a causé de nombreux morts et des dommages sociaux et économiques incommensurables. «On estime, au milieu des années 2010, que le conflit en Casamance aurait fait entre 3000 et 5000 morts, et des dizaines de milliers de déplacés.»
Ce mutisme devient alors d’autant plus intolérable que Bassirou Diomaye Faye est devenu président de la République du Sénégal. Il continue d’occulter le sujet dans ses allocutions et sorties publiques. Ce silence assourdissant devient encore plus incompréhensible, quand des factions du Mouvement des forces démocratiques de Casamance (Mfdc) sortent du bois, pour l’interpeller directement. De nouvelles vidéos mettent en exergue des prétentions exigeantes d’une aile de Mangoukoro, dirigée par Edmond Bora. Hamidou Djiba, porte-parole de cette faction, s’est mis audevant de la scène avec une série de vidéos assez provocatrices. Ainsi avaitil montré une levée des couleurs avec le drapeau de la Casamance le 4 avril 2024, jour de la fête de l’Indépendance du Sénégal et aussi jour anniversaire de la naissance de l’Abbé Augustin Diamacoune Senghor, leader historique du Mfdc. La levée des couleurs a été la perpétuation du geste des hommes qui avaient investi la cour de la Gouvernance de Ziguinchor, le 26 décembre 1982, pour décrocher le drapeau du Sénégal du mât et le remplacer par le fanion du Mfdc, le drapeau de la «Casamance indépendante».
Cette dernière provocation est-elle si embarrassante pour le nouveau pouvoir au Sénégal qui ne peut réagir autrement qu’en détournant le regard de tout cela, fermant les yeux et se bouchant les oreilles ? Hamidou Djiba finit par exiger une réponse de la part du président Bassirou Diomaye Faye encore que, prétend-il, «le Mfdc a participé à sa victoire».
Qui devrait nous rassurer sur la Casamance mieux que le président Bassirou Diomaye Faye ?
Le communiqué conjoint qui a sanctionné la visite, le samedi 20 avril 2024, du chef de l’Etat sénégalais en Gambie, a fait l’impasse sur le conflit casamançais. Jamais des chefs d’Etat du Sénégal et de la Gambie n’ont eu des discussions bilatérales, sans évoquer cet épineux sujet et que ce ne soit souligné dans leur communication extérieure ! On peut bien être habité par le trouble, dans un tel contexte. Encore que le Président Faye participe, lui-même, à entretenir la confusion. L’ambiguïté de sa déclaration du samedi 16 mars 2024, disant que «Ziguinchor aurait dû être la capitale économique et culturelle du Sénégal, en raison de ses nombreuses potentialités agricoles, forestières, touristiques et humaines», nécessite des précisions de sa part. Qui ne se souvient pas que Bassirou Diomaye Faye, numéro 2 du parti Pastef, s’était évertué, durant la campagne électorale des élections municipales de janvier 2022, à défendre, bec et ongles, l’idée de Ousmane Sonko, candidat à la mairie de Ziguinchor, voulant instituer une monnaie locale baptisée «Burok» en Casamance. Dans un post publié sur sa page Facebook le 21 janvier 2022, le coordonnateur des cadres du parti de Ousmane Sonko soutient qu’une monnaie locale existait au Sénégal. Preuve à l’appui, Bassirou Diomaye Faye a joint à sa publication un billet de banque pour étayer ses propos. «Elle était utilisée à Saly, au sein de l’hôtel Palm Beach. Mon grand frère Guedj Sène m’en avait parlé quand les esprits d’une vacuité extrême, comme Moustapha Diakhaté, polluaient le débat de leur bave de crapaud», a-t-il lancé. La monnaie Palm Beach, poursuit-il, a été créée dans les années 84-86 par le directeur de l’hôtel du même nom, Monsieur Pinelli. «Il appliquait un taux de change de 2% aux touristes. Ces derniers utilisaient la monnaie Palm Beach pour payer des services dans l’hôtel, les excursions, acheter chez les antiquaires, etc. 1 Palm Beach = 1 franc, 1 Burok = 1 franc», a ajouté le candidat de la Coalition Yewwi askan wi à Ndiaganiao.
Il s’y ajoute qu’il n’a jamais eu des velléités de se démarquer de la moindre déclaration outrageante de ses camarades et alliés sur la Casamance. Comme par exemple, quand Guy Marius Sagna préconise «un référendum d’auto-détermination de la Casamance avec l’accord du Mfdc». Comme tous les responsables du parti Pastef, Bassirou Diomaye Faye a gardé un mutisme gênant sur l’affaire de l’assassinat et de la prise en otage par des rebelles dirigés par le chef de guerre Salif Sadio, de soldats sénégalais en mission internationale en Gambie. Au demeurant, la moindre des escarmouches entre le Mfdc et des militaires sénégalais ne laissera plus le choix au «Chef suprême des Armées», d’apporter un soutien franc à la troupe. Il devra en être de même de Ousmane Sonko, devenu Premier ministre du Sénégal, bien que ses liens étroits avec le Mfdc sont un secret de polichinelle. Barthélemy Dias, naguère allié de Ousmane Sonko, qui a révélé au grand jour leurs escapades dans les bastions du Mfdc, ne nous démentira pas (voir également nos chroniques du 21 janvier 2022 et du 22 mai 2023).
Abdou Diouf, Abdoulaye Wade et Macky Sall n’avaient aucune ambiguïté sur la question de la rébellion en Casamance
Le président Abdou Diouf avait toujours considéré le conflit comme étant purement sécuritaire. Il a bataillé féroce contre le Mfdc. Dans son discours de prestation de serment du 3 avril 2000, le président Wade avait promis de régler le problème de la Casamance en 100 jours. «Dès mon arrivée, j’ai pris la décision d’écarter tous les intermédiaires. C’est un problème national et j’interdis aux étrangers d’y interférer.
Chaque chose en son temps. Il faut d’abord sécuriser les frontières. Dans une deuxième phase, j’entamerai des discussions avec les chefs militaires de la rébellion», disait Me Wade au Stade Léopold Sédar Senghor, lors de sa prestation de serment. Comptant sur la force d’alors du Parti démocratique sénégalais (Pds) en Casamance avec les Marcel Bassène, Famara Mané, Ibrahima Ama Diémé et autres, sur les liens tissés au cours d’une expérience commune de la prison et lors de sa brève participation au processus de paix en 1991, Abdoulaye Wade a jugé que l’alternance devait suffire à la Casamance, pour peu qu’on rompe avec les méthodes de Diouf : «On a beaucoup pataugé dans ce dossier. Nombre d’intermédiaires, fortement rétribués d’ailleurs, ont profité de la crédulité de mon prédécesseur, comme certains exploitent la misère du tiers-monde.» Le Président Wade a ainsi largement coupé les aides versées par l’Etat au Front Nord et à l’aile politique établie à Ziguinchor sous «protection» sénégalaise, avant de poursuivre les mêmes pratiques. Il a mis fin au «processus de Banjul» et cherché à éloigner le dossier de la scène publique. Abdoulaye Wade choisira, de 2000 à 2011, de ne confier qu’à des personnalités originaires de la Casamance, le ministère des Forces Armées (Youba Sambou, Abdoulaye Baldé, Bécaye Diop). Pour sa part, Macky Sall, le 3 avril 2012, indiquait : «Le retour définitif de la paix dans la région naturelle de Casamance constitue pour moi l’une des premières priorités nationales. Bien entendu, j’aborde cette douloureuse question avec prudence et lucidité, dans un esprit d’écoute et d’ouverture.»
La stratégie a été de procéder à des investissements économiques et sociaux massifs dans la zone, d’engager des travaux en matière d’infrastructures et de pousser à des négociations. Le président Macky Sall s’est attelé à sceller le sort de son homologue Yahya Jammeh qui refusait de reconnaître sa défaite électorale face à Adama Barrow et instrumentalisait cette question du conflit casamançais pour garder un avantage diplomatique sur le Sénégal. Le président Yahya Jammeh n’a jamais fait mystère de son soutien actif au Mfdc. Macky Sall a aussi travaillé main dans la main avec Umaru Sissaco Embalo, Président de la Guinée-Bissau. On peut considérer désormais que la qualité des relations du tandem Diomaye-Sonko avec le président Embalo définira le climat à la frontière entre le Sénégal et la Guinée-Bissau
Le président Bassirou Diomaye Faye n’a cessé, dans ses premières interventions, d’appeler à un Sénégal uni, avec une réconciliation de tous ses fils (discours à la Nation du 3 avril 2024 et adresse à la presse lors de la fête de la Korité). Pour autant, il ne prononce pas le nom de la Casamance. Encore une fois, il a un rôle historique de clarifier sa posture sur cette question épineuse et de contribuer au mieux à la consolidation de la paix. Quelle nouvelle initiative prendra-t-il ? En tout cas, son Premier ministre Ousmane Sonko a toujours prétendu détenir la clé de la «solution» pour régler définitivement le conflit en Casamance. On attend de voir !
Par Abou KANE
DE LA TRAQUE DES BIENS MAL ACQUIS À LA TRAQUE DES ACQUIS MAL CACHÉS
Certaines difficultés de relance de notre économie sont liées à des problèmes de gouvernance :corruption, détournements, concussion- Le nouveau régime est attendu sur l’amélioration du quotidien des Sénégalais et sur le changement structurel...
Le président Macky Sall avait initié la traque des biens mal acquis dès son accession au pouvoir en 2012. Mais sous son magistère, la Cour des comptes, l’Inspection générale d’Etat (IGE) et l’Office national de lutte contre la Fraude et la Corruption (OFNAC) ont produit beaucoup de rapports sans suite. Il a même déclaré avoir mis sous le coude certains dossiers. Les auteurs croyaient donc avoir des acquis bien cachés jusqu’au jour où le président Bassirou Diomaye Faye a ordonné la publication des rapports des 5 dernières années (2019, 2020, 2021, 2022 et 2023). La démarche du nouveau régime est à saluer mais son succès est assujetti à la prise en compte de deux éléments : la capacité d’absorption de l’administration d’informations et l’arbitrage entre ajustement et relance de l’économie.
De la capacité d’absorption de l’administration
Le concept de «capacité d’absorption» est utilisé en macroéconomie pour désigner l’efficacité avec laquelle une économie utilise un apport extérieur de capitaux, étant entendu qu’il peut être incapable de dépenser tous les montants qui lui sont destinés sur une période donnée. Sur le plan microéconomique, c’est l’aptitude d’une entreprise à reconnaître la valeur d’une nouvelle information, à l’assimiler et à l’appliquer à des fins commerciales (pour accroître ses ventes). La capacité d’absorption, ici, fait référence à l’aptitude du pouvoir actuel à identifier les dysfonctionnements, à les punir et surtout à prendre des mesures correctives pouvant éviter que les nouveaux responsables nommés ne fassent la même chose que leurs prédécesseurs en termes de prévarication. Non seulement l’exploitation de tous ces rapports et leur traitement judiciaire requièrent du temps et des moyens matériels et humains considérables, mais la transformation de ces informations en leçons apprises pour verrouiller davantage et réduire les possibilités de détournement est un défi majeur à relever.
De l’ajustement à la relance
On le sait, certaines difficultés de relance de notre économie sont liées à des problèmes de gouvernance (corruption, détournements, concussion). Le nouveau régime est attendu sur l’amélioration du quotidien des Sénégalais (court terme) et sur le changement structurel dans le mode de gouvernance (moyen et long terme). Puisqu’il a fait des promesses sur les deux tableaux, il sera jugé sur sa capacité à trouver le juste équilibre entre «regarder dans le rétroviseur» et «se concentrer sur la route» pour être sûr de prendre la bonne direction, celle du PROJET. Le régime du président Bassirou Diomaye Faye se trouve actuellement à un carrefour qui mène à 3 chemins : la rupture, la continuité et la création. La continuité est impossible sauf si le régime veut percuter le panneau «route barrée» déjà déposé par les électeurs. La rupture prend en compte des éléments existants en intégrant de nouveaux mécanismes et procédés plus efficaces. La création reviendrait à jeter le bébé avec l’eau du bain, en ignorant les bons points de l’administration sénégalaise ; ce qui est risqué.
En définitive, la rupture semble être une meilleure option mais la difficulté réside dans la politisation à outrance de l’administration ces 10 dernières années, et dans la difficulté à user d’une approche chirurgicale pour dénicher les prévaricateurs tout en épargnant les fonctionnaires intègres. Heureusement la contagion ne se fait pas par contact physique et la cohabitation avec des individus moins vertueux ne change pas les valeurs sûres.
Par Alioune BADIANE
POUR UNE REFONDATION DE LA POLITIQUE CULTURELLE DU SENEGAL
L’histoire des peuples enseigne que la vocation de la création artistique et littéraire est de porter l’affirmation de toute souveraineté éprise de créativité.
Le 24 mars 2024, les citoyens sénégalais ont élu, dès le premier tour et à une majorité de 54,28 % des voix, le candidat Bassirou Diomaye Diakhar FAYE 44 ans, comme leur cinquième Président de la République. Une ère nouvelle s’annonce–t–elle dans notre pays ? En effet, une fois les résultats provisoires connus, un faisceau de convergences s’est dessiné, annonciateur d’un vent de changement qualitatif dans les comportements. En effet, l’unanimité s’est dégagée autour de la bonne organisation de l’élection présidentielle, parce que les Sénégalais de tous les continents ont accompli leur devoir citoyen dans la sérénité. Puis, les principaux acteurs politiques ont échangé des civilités, contre toute velléité de contestation des résultats. Le 28 mars, le Président sortant Macky SALL reçoit le Président entrant Bassirou Diomaye Diakhar FAYE au Palais de la République, avec le bénéfice d’une visite guidée. Et le 29 mars, le Conseil constitutionnel proclame les résultats définitifs, sur la foi des résultats provisoires transmis par la Commission nationale de recensement des votes, aucun recours n’ayant été déposé par les autres candidats.
Assurément, un vent de ré-enchantement, parce que de vécu des valeurs de civilisation sénégalaises, souffle la Paix sur le pays de la Téranga, voire sur l’Afrique– mère. D’ailleurs, les très nombreuses réactions positives qui fusent du monde entier, confortent l’opinion déjà ancienne sur un grand peuple sénégalais profondément attaché à l’expression démocratique de ses aspirations autant que de ses exigences, quel qu’en soit le prix.
2. LA CULTURE ET L’ESPRIT DE CIVILISATION.
La civilisation est l’ensemble des valeurs à considérer comme les solutions les plus stables et partagées, face aux problèmes de survie de la collectivité. Naturellement, ces solutions concernent tous les domaines dans lesquels l’être humain est obligé d’exercer sa créativité afin de survivre. Tandis que la culture en est l’esprit grâce auquel la dignité de créer fait du geste technique l’éclat spirituel de son humaine condition. La manière avec laquelle le geste est posé représente sa dimension esthétique. Aujourd’hui, c’est une séquence électorale qui en administre la preuve vivante et rappelle du coup tout le potentiel du génie sénégalais. Dès lors, la culture se trouve bien ancrée au cœur du projet de Développement économique et social.
Parmi les enseignements à tirer d’une telle atmosphère émanant des résultats électoraux aussi historiques, figure l’importance de la contribution de l’ensemble des Sénégalais, chacun là où il est, aux chantiers qui s’annoncent pour le Développement du Sénégal, notre pays. D’ailleurs, dès sa première déclaration, Le Président Bassirou Diomaye Diakhar FAYE a décliné ses priorités, toutes orientées vers les choix de vie, qu’il a déjà proposés aux Sénégalais dans LE PROJET, le livre–programme du candidat qu’il était. Son discours à la Nation du 3 avril, à la veille de la commémoration du 64è anniversaire de notre Indépendance, en a livré un éclairage de taille : « … défendre la liberté de notre peuple et ses valeurs de culture et de civilisation. » C’est pourquoi, le présent article se voudrait une contribution pour une refondation de la politique culturelle du Sénégal.
3. LA CULTURE AU CŒUR DU DÉVELOPPEMENT.
Disons – le d’emblée : Un projet de Développement économique et social a pour objectif de rendre meilleures les populations d’une Nation, en leur concédant le droit de vivre partout et à tout instant, les valeurs de civilisation héritées de leur histoire. Celles–là même qui font de la diversité de ses composantes humaines, une grande Nation dont la seule évocation du nom, suscite un sentiment de respect voire d’admiration. Cela revient à accepter que la Culture comme esprit de la civilisation, est bien la source– centre-première des choix de vie du peuple sénégalais avec les comportements éthiques absolument conséquents. Cependant, si la Culture doit être ainsi « au début et à la fin du Développement, si « la Culture doit être partout présente et préséante » et si la Culture doit être le lien et le liant de « notre commun vouloir de vie commune », comment expliquer les errements sur des décennies, connus par les projets successifs de Développement économique et social promis par chaque attelage gouvernemental qui passe ?
4. REGARD SUR LA POLITIQUE CULTURELLE.
Il faut reconnaître que depuis l’accession du Sénégal à la souveraineté internationale en 1960, la présence d’un ministère en charge de la Culture reste une constante. La politique culturelle, définie dans ses orientations et impulsée par le Président de la République, imprime l’action culturelle nationale, mise en œuvre par un ministre qui en reçoit la charge. A partir du niveau central, le champ d’action s’étend vers les structures décentralisées associées à leurs entités partenaires, avec un volet important consacré à la coopération internationale. En outre, au nom de la solidarité gouvernementale et au gré d’initiatives culturelles nationales ou d’évènements internationaux, les autres ministères trouvent matière à collaborer en interaction avec le Département chargé de la Culture, au bonheur des acteurs nombreux des Arts, des Lettres et du Patrimoine culturel dans ses dimensions matérielles et immatérielles. L’organisation du DAK’ART, la Biennale de l’art contemporain africain, est illustrative de cette synergie d’actions porteuses de l’image du Sénégal, sous la houlette du Président de la République, « Premier protecteur des Arts et des Lettres » (Cf. Article 42 de La Constitution)
Cependant, malgré des acquis indéniables, impliquant l’ensemble des ordres de la création artistique, cinématographique et littéraire, le contenu de notre politique culturelle, dont la vigueur a baissé d’intensité depuis la période senghorienne, ne mériterait–il pas une réorientation visant un meilleur vécu des valeurs de la civilisation sénégalaise ? En effet, si nos cinéastes, écrivains, artistes des arts visuels et scéniques nous valent bien des lauriers sur la scène internationale, un double manquement persiste. D’une part l’appui institutionnel n’est pas toujours au rendez – vous, lorsque nos créateurs ont pris rendez–vous avec leurs pairs ou avec leurs publics, sur le territoire national comme à l’étranger. D’autre part, la relation d’Enracinement dans les valeurs de civilisation sénégalaises, demeure timide devant le besoin d’inspiration de nos créateurs d’œuvres de l’esprit et d’exaltation de notre patrimoine culturel immatériel essentiellement porté par nos langues nationales. Or ces dernières, bien que faisant l’objet de transcription, d’enseignement et d’édition de livres, peinent à révéler davantage le potentiel ainsi que les atouts des populations dans la réappropriation des valeurs de civilisation à vivre et à partager. En outre, la crise du modèle occidental de civilisation, dont les effets néfastes sont amplifiés par les technologies numériques, menace notre cohésion sociale et surtout nos intégrités identitaires. Si bien que nous avons besoin plus que jamais, des ressorts de notre identité et de notre créativité, en mobilisant nos capacités de résilience et de projection sur le chemin du Développement – épanouissement.
5. LA NÉCESSITÉ D’UNE RÉORIENTATION.
Le Président Léopold Sédar SENGHOR avait formulé le principe de l’Enracinement et de l’Ouverture comme orientation majeure de la politique culturelle. L’objectif était, pour construire la nouvelle civilisation sénégalaise, de recourir à nos valeurs de civilisation héritées de notre histoire, avant de nous ouvrir à celles fécondantes des autres civilisations afin d’aboutir à une symbiose, un métissage. Ainsi, l’action culturelle devait emprunter deux axes majeurs. D’une part, au titre de l’Enracinement, le Patrimoine culturel avec ses dimensions matérielles et immatérielles devait faire l’objet d’inventaire, de sauvegarde, d’animation voire de promotion. Ainsi, avec un héritage mieux connu, les Sénégalaises et les Sénégalais trouveraient aisément et durablement les assises de leur commun vouloir de Développement économique et social fait de résilience, de vivre ensemble et surtout de créativité individuelle et collective. D’autre part, au titre de l’Ouverture, les expressions contemporaines artistiques, littéraires, cinématographiques et de l’artisanat créateur, devaient connaître un appui institutionnel vigoureux et multiforme permettant de faire de leurs œuvres de création respectives, de véritables ambassadeurs de la culture sénégalaise. Mais une telle volonté politique, bien que louable, n’a pu vaincre certains déséquilibres.
Au niveau du Patrimoine culturel, dominent les actions en faveur des sites et les monuments historiques des villes, au détriment du Patrimoine immatériel des contes et légendes exprimés surtout dans les langues nationales, elles – mêmes en défaut de transcription. Le service des Archives culturelles et le Centre d’études des Civilisations, préposés aux missions d’investigations et de restitutions culturelles, ont fini par succomber aux ajustements structurelles des années 80. Pourtant, dès son accession au pouvoir, le Président Abdou DIOUF a tenté un double rééquilibrage. D’une part, étendre l’intérêt de la politique culturelle au patrimoine culturel immatériel et d’autre part porter les actions culturelles au – delà des villes. Le projet de Charte culturelle nationale devait proposer les voies et moyens des nouveaux équilibres.
Au niveau de la création contemporaine artistique et littéraire, avec la participation des auteurs aux manifestations nationales et internationales, les œuvres ont connu certes, une diffusion qui les fait participer à la diplomatie culturelle et à l’attractivité de la destination Sénégal. Cependant, il reste à renforcer les outils de cette diffusion, afin de favoriser l’intérêt des Sénégalaises et des Sénégalais à cette création contemporaine porteuses des valeurs de la civilisation à intégrer davantage dans leur comportement de tous les jours. Les industries culturelles peuvent contribuer aux performance attendues, avec la dimension économique attendue de leur gestion financière et de la protection des Droits. Le cinéma et le Théâtre possèdent un potentiel appréciable. En outre, une communication médiatique soucieuse de déontologie, pourrait conjuguer ses atouts avec ceux des actions fondamentales d’enseignement portées par les institutions de recherches, d’éducation et de formation.
6. LA CULTURE, LA CITOYENNETÉ ET LE PATRIOTISME.
Certes, l’image du Sénégal reste celle d’un pays de Culture. Mais quelle est la réalité des impacts de la politique culturelle sur le Développement– épanouissement des populations ? Comment expliquer cette dégradation du comportement de Sénégalais de plus en plus nombreux par rapport à nos valeurs de civilisation, héritage des Anciens ? Ce qui est communément appelé crise des valeurs, au lieu de crise des individualités, connaît une progression révélatrice d’autres manquements à bien des niveaux : l’éducation à la citoyenneté et au patriotisme ; l’adéquation formation/employabilité, la créativité dans la gestion des entreprises ; la place du civisme dans la fonction publique ; la convivialité dans la vie associative ; le fair – play dans le sport, la sauvegarde de l’environnement physique et sonore dans la vie quotidienne, etc. Les distorsions régulièrement déplorées ne viendraient – elles pas d’une compréhension insuffisante de nos hautes valeurs de civilisation moins sauvegardées par le vécu, parce que moins expliquées, moins contées, moins enseignées, moins surveillées, moins promues ? N’oublions pas le déferlement de la violence, d’une révélation inouïe. Une gangrène à extirper au plus vite de notre corps social.
7. LE BIEN VIVRE-ENSEMBLE.
La parenté ou le cousinage à plaisanterie, tels qu’ils sont vécus au Sénégal et dans les autres pays d’Afrique de l’Ouest, se pose comme un formidable outil de gestion des relations sociales, du bien vivre-ensemble. Sa pratique collective généralisée devrait être promue dans le cadre d’une nouvelle centralité de nos langues nationales. Car l’assimilation et la perception des principes de ce type relationnel sont fortement amoindries en dehors des langues nationales. Basé sur le principe du maître et du serviteur et faisant aussi obligation d’assistance mutuelle entre correspondants, la parenté ou cousinage à plaisanterie porte le secret de pouvoir annihiler toute velléité de tension naissante, avec la bonne humeur en prime. A travers une option pareille des relations sociales, c’est tout notre patrimoine culturel immatériel, grâce à ses mythes, ses vertus et ses enseignements, qui se trouverait mis à l’honneur, pour sous – tendre le vécu du Sénégalais nouveau.
8. POUR UNE POLITIQUE CULTURELLE DE RENOUVEAU : L’HÉRITAGE COMME SOURCE DE CRÉATIVITÉ ET DE PROGRÈS.
Le projet de Charte culturelle nationale, une rédaction collective de toutes les couches de la population, se proposait déjà d’esquisser les qualités essentielles de ce qui était appelé alors Le Sénégalais nouveau ou Le Sénégalais de demain : « La nouvelle politique culturelle vise à faire de tous les Sénégalais des hommes assumant pleinement leur héritage culturel, tout en restant ouverts aux valeurs de la modernité. Ils devront notamment incarner un certain nombre de valeurs culturelles et sociales susceptibles de favoriser l’épanouissement des individus et des groupes dans une société libre, démocratique et solidaire. Dans cette perspective, la Jeunesse a un rôle fondamental à jouer :
- participer pleinement aux actions de développement économique, social et culturel ;
- jouir pleinement des acquis d’un système éducatif et de formation moderne ;
- aspirer à s’investir avec compétence et efficacité dans le processus de développement national. »
Il est aisément perceptible que ce projet de Charte culturelle nationale présentait les valeurs de civilisation sénégalaises contenues dans le patrimoine culturel, comme les références majeures dont devait se nourrir la Jeunesse porteuse de tous les espoirs, mais aussi bénéficiaire de toutes les attentions. En 2008, Les Assises nationales, présidées par le Patriarche Amadou Mahtar MBOW, renouvelaient les mêmes préoccupations d’ordre civilisationnel. C’est tout cela aussi qui fonde la protection et la promotion de la création contemporaine dans les Arts et les Lettres. Ce sont nos remparts esthétiques indispensables à nos équilibres internes et à nos dialogues avec le monde. La récente Loi portant Statut de l’Artiste et des professionnels de la Culture va dans le sens de l’histoire. Sa mise en œuvre sera de nature à conforter, au cœur des chantiers du futur, la contribution des créateurs d’œuvres de l’esprit, leur héritage en bandoulière. L’histoire des peuples enseigne que la vocation de la création artistique et littéraire est de porter l’affirmation de toute souveraineté éprise de créativité.
Alioune BADIANE
Président de l’Académie Internationale des Arts
Ancien Directeur des Arts
par Abdou Mbow
MISE AU POINT
Le groupe parlementaire BBY rappelle au porte-parole du gouvernement que la motion de censure relève exclusivement de la compétence des députés quant à l'appréciation qu'il feront du contenu de la Déclaration de politique générale du Premier ministre
Dans une intervention au grand jury de RFM, le ministre porte-parole du gouvernement a informé que le Premier ministre, Ousmane Sonko, fera sa déclaration de politique générale, conformément à une tradition républicaine encadrée par la Constitution.
Le Groupe parlementaire Benno Bokk Yaakaar prend acte de cette volonté exprimée par le premier ministre qui est conforme à la lettre de la Constitution. Invité dans la même foulée à se prononcer sur une éventuelle motion de censure, le porte-parole du gouvernement a indiqué sur un ton menaçant à peine voilé qu e:" les députés de l'opposition sont dans l'obligation de prendre compte des résultats du scrutin présidentiel du 24 mars 2024 pour ne pas être désavoué par le peuple".
Le groupe parlementaire Benno Bokk Yaakaar rappelle au porte-parole du gouvernement que la motion de censure fait partie de la panoplie d'instruments de contrôle de l'action gouvernementale dont dispose l'Assemblée nationale. A ce titre, sa mise en œuvre relève exclusivement de la compétence des députés quant à l'appréciation qu'il feront du contenu de la Déclaration de politique générale du Premier ministre, comme ce fut le cas de la motion de censure déposée par le groupe parlementaire Yewwi Askanwi suite à la Déclaration de politique générale du Premier ministre Amadou Ba.
Dès lors, toute velléité de menaces sur les députés de Benno Bokk Yaakaar devient superflus, voire superfétatoire. Élus au suffrage universel direct, les députés de Benno Bokk Yaakaar invitent le gouvernement à respecter le principe de séparation des pouvoirs qui postule que chaque institution de la République s'occupe de ses propres affaires.
Abdou Mbow est président du Groupe Parlementaire Benno Bokk Yaakaar.
par Mimi Touré
DES POLITICIENS HONNÊTES, IL EN EXISTE
Aminata Touré à la tête du CESE a t-elle détourné 1 franc des deniers publics ? Macky Sall est le premier responsable de ce carnage financier sans précédent dans l’histoire du Sénégal
J’ai appris de l’extérieur du pays que suite à la publication des rapports de l’IGE, une certaine presse politiquement motivée tenterait de porter atteinte à ma réputation en jouant avec le mot « épinglé» savamment mis entre guillemets, avec une intention manifeste de nuire.
Je rappelle que sur instruction de Macky Sall, pendant 3 ans, j’ai fait l’objet de la première vérification de l’IGE d’une institution nationale publique depuis…1960.
A la publication du rapport de vérification de l’IGE, la seule question qui vaille est la suivante : Aminata Touré à la tête du CESE a t-elle détourné 1 franc des deniers publics ? La réponse est non, mille fois non !
Mes anciens collaborateurs, fonctionnaires de l’Etat du Sénégal, en charge de la gestion financière du CESE sous ma présidence vaquent tranquillement à leurs occupations depuis 2020 car aucun détournement ne leur est reproché non plus.
C’est ce qui m’a donné l’entière liberté de m’opposer véhément au troisième mandat de Macky Sall et à ses dérives dictatoriales qui se sont soldées par la mort d’une cinquantaine de personnes pour qui Justice doit absolument être rendue.
Par ailleurs, j’encourage vivement les nouvelles autorités à aller jusqu’au bout de la reddition des compte en commençant par le scandale des 1000 milliards des fonds Covid pour lesquels Macky Sall a lui-même autorisé la suspension des procédures d’appel d’offre et de contrôle. Par conséquent, Macky Sall est le premier responsable de ce carnage financier sans précédent dans l’histoire du Sénégal, carnage auquel a activement participé son beau-frère Mansour Faye.
Comme j’ai eu à le faire sans m’offusquer ni rechigner, que tous ceux qui ont géré les fonds publics pendant les 12 ans du régime de Macky Sall, ministres, directeurs généraux et présidents d’Institution se mettent à la disposition des organes de contrôle et rendent compte de leur gestion !
Des politiciens honnêtes il en existe, j’ai la prétention de me compter parmi eux et désormais, je saisirai la Justice contre toute tentative de jeter le discrédit sur ma personne.
par l'éditorialiste de seneplus, pierre sané
URGENCES POUR LE GOUVERNEMENT DE MON PAYS
EXCLUSIF SENEPLUS - L’évocation de « ruptures » fait resurgir les mêmes arguments que ceux déployés à l’époque contre l'indépendance. Il s’agit du réenchantement du pays pour l'avenir. Les Sénégalais attendent depuis 60 ans
Le 2 avril 2024, les téléspectateurs du monde entier (intéressés à l’Afrique) découvraient avec curiosité et sympathie le tout nouveau jeune président de la République du Sénégal. Prisonnier politique dix jours auparavant. Élu avec une marge impressionnante et incontestable de 54% dès le premier tour sur la promesse d’une ère de ruptures et de progrès et à travers une campagne électorale éclair ! Qui plus est le parti Pastef âgé de 10 ans à peine, issu d’une classe moyenne rétive à l’ordre colonial, nous gratifie d’une paire de leaders tout aussi légitimes l’un que l’autre pour le prix d’un. Deux compagnons de longue date. « Vous avez commencé l’écriture d’une belle page de l’histoire politique du continent. Maintenant vous devez aller jusqu’au bout», me félicita un ami.
Ces attentes chez beaucoup de mes connaissances rejoignent les attentes immenses des populations sénégalaises. Si le Pastef ne peut pas faire de promesses inébranlables concernant tous les résultats envisagés, il peut et doit s’engager solennellement à travailler avec détermination, avec passion, avec honnêteté, dans la transparence, la solidarité et l’humilité pour la réalisation de cette ambition et surtout à ne pas trahir une telle promesse.
Néanmoins, il serait dangereux de faire croire aux Sénégalais que Bassirou Diomaye Faye et son gouvernement dirigé par Ousmane Sonko seront en mesure de régler tous nos problèmes. Pour commencer, une société sans problèmes est une société morte et nul ne souhaite la mort du Sénégal (ou de l’Afrique). Il y aura donc toujours des problèmes à résoudre. D’autant plus que l’héritage est lourd et révélera au fur et à mesure des surprises fort désagréables et autres forfaitures.
Au Sénégal, les chantiers sont d’une telle envergure qu’il faudra du temps, des réflexions collectives approfondies, des évaluations, une planification rigoureuse et de la détermination à toute épreuve pour mettre l’ambition de transformation (le projet Pastef) sur les rails. En transcendant obstacles, sabotages, menaces, désinformations, trahisons et résistances passives.
La question est donc de décider de quels problèmes va se saisir le nouveau régime et de s’assurer d’être en capacité de les régler. Le « projet de Pastef » ne saurait les appréhender tous en même temps si ce n’est au niveau des politiques publiques et orientations générales.
Il s’agit comme le dit si bien Frantz Fanon, pour chaque génération d’identifier les défis clés de son époque et de les relever (pas seulement de les identifier). La réponse commence par des initiatives phares qui vont marquer les esprits et installer le pays dans une dynamique de changement ou l’imagination devient source d’inspiration.
Ensuite, on ne peut pas demander à tous les Sénégalais d’être patients. Certains sont plus impatients et avec raison. Cela fait 60 ans qu’ils attendent. Cela fait 60 ans que leurs gouvernants leur font des promesses non tenues. Beaucoup se sont résignés face à l’impéritie des régimes qui se sont succédé. Ils continuent de vivre dans la pauvreté et dans la précarité, dans l’insécurité et la peur. Ils vivent (?) privés d’espoir.
Ce sont des populations qui ne sont pas en capacité de participer à l’effort national de développement du pays et d’en jouir. Comment peut-on améliorer leurs conditions rapidement ?
Dès à présent, il serait judicieux de prendre des initiatives marquantes :
- d’abord de répondre à quelques unes des attentes immédiates des plus démunis, des plus vulnérables et pour la paix en Casamance ;
- ensuite de lancer le grand débat public inclusif sur les réformes dans les secteurs incontournables de la production, de l’éducation et de la justice dans une optique de souveraineté et de mieux-être des populations ;
- sans oublier notre engagement pour l’Afrique qui doit être réaffirmé à travers des initiatives concrètes fortes dès le début du quinquennat.
Voici donc une proposition de 10 mesures phares (identifiées à travers une lecture transversale du projet Pastef) qui pourraient être confiées à des commissions pluridisciplinaires et multisecteurs bénévoles avec un timing resserré. En soutien patriotique aux ministres en charge.
1. Eau, Électricité, Internet pour tous partout à des prix abordables ;
2 Évaluation de la stratégie nationale de lutte contre les violences faites aux femmes et mise en œuvre ;
3 Paix en Casamance et décentralisation pilote (pôle régional de développement) ;
4 Feuille de route pour une monnaie nationale ;
5 Feuille de route pour une modernisation du secteur économique populaire (dit « informel ») ;
6 Feuille de route pour la modernisation des daaras et pour la résorption de tous les abris provisoires ;
7 Commission vérité et justice et réforme de la justice et des prisons ;
8 Évaluation et poursuite de la réforme foncière ;
9 Refondation de la CEDEAO ;
10 Initiative africaine sur les migrations internationales ;
Quelques commentaires qui appuient ce choix :
Imaginez seulement le sourire d’un enfant dans un village éloigné qui pour la première fois de sa vie découvre l’éclairage public et dont les parents ont pu enfin s’offrir un frigidaire. Ça change la vie. Instantanément. Ou cette fillette qui peut grandir sereinement dans la grande banlieue dakaroise sans crainte de subir une mutilation sexuelle ou un mariage forcé. Ou encore cette famille de « réfugiés » qui peut enfin retourner dans son village en Casamance sans courir le risque de sauter sur une mine anti-personnelle ou de rencontrer des hommes en armes qu’ils soient porteurs d’uniformes ou non.
« Changer la vie. Ici et maintenant » était la promesse (non tenue) de la gauche française sous François Mitterrand. Nous ? On peut. Je dirai même qu’on doit. Il faut planifier sous forme de package à partir du territoire et faire travailler les prestataires en synergie. (1) (2) et (3)
Le mode de production, la monnaie et l’éducation nationale sont des héritages de la « colonie Sénégal » qui sont restés pratiquement intacts avec leurs pendants populaires.
L’évocation de « ruptures » fait resurgir les mêmes arguments que ceux déployés à l’époque contre (je dis bien contre !) l’indépendance :
⁃ « Attention à « l’aventure ».
⁃ Nous devons conserver notre « amitié » avec la France.
⁃ La « stabilité » doit être privilégiée sur toute autre considération » !… y compris la liberté ? et la transformation de l’héritage ?
Les porteurs de cet argumentaire sont en besoin pressant d’un décapage intellectuel. Ils nous retardent. Et bien sûr l’immobilisme colonial les arrange alors que ça pénalise la majorité laborieuse. Seule une stratégie de déconnexion résolue nous permettra de réorienter nos énergies nos ressources et notre travail vers la satisfaction des besoins existentiels de nos concitoyens, dans la garantie de leurs libertés publiques. La décolonisation inachevée constitue un obstacle paralysant à la construction d’un Sénégal souverain prospère et juste. Nous avons les solutions. Ces réformes sont nécessaires pour l’émergence, enfin, de citoyens souverains. (4) (5) et (6)
Quant à Macky Sall, il veut nous transmettre un livre d’histoire du Sénégal dont des pages clé auront été expurgées. Il n’en est pas question. Ce sont ces pages où il se révèle, avec ses complices, comme l’incarnation de la mal gouvernance, du pillage du bien public, des violences policières qui se sont traduites par des exécutions extrajudiciaires, des disparitions forcées, des actes de torture, de privation arbitraire de liberté. Et maintenant au moment de quitter la scène, il décrète par le biais d’une loi scélérate, le pardon et la réconciliation en lieu et place des victimes et acteurs sociaux. Il enracine l’impunité dans notre histoire judiciaire. NON ! Seule une Commission vérité et justice nous permettra de faire la pleine lumière sur ces épisodes douloureux (et d’épisodes précédentes ?) mais aussi de comprendre pourquoi nos institutions ont failli, comment cela s’est traduit sur l’ensemble du corps social et quelles conséquences cela risque d’entraîner. Les informations, analyses, conclusions et recommandations d’une telle Commission constitueront un apport indispensable à la réforme annoncée de la justice (et j’espère des prisons..) en écrivant la vraie histoire de cette période. En plus de rendre justice à toutes les victimes et leurs familles et de sanctionner les coupables. La réforme quant à elle doit s’atteler à décoloniser la justice et permettre au peuple de se reconnaître dans ses institutions. Donc une justice souveraine patriotique et intègre. Vérité et Justice ? Ce n’est pas une option politique. C’est une obligation pour tout régime qui s’inscrit dans la logique de l’État de droit et s’unit dans l’empathie avec son peuple. (7)
Par ailleurs, Macky Sall avait commissioné un rapport sur la réforme foncière mais (comme à son habitude) son manque de courage politique, son inconsistance l’ont amené à étouffer ledit rapport. Alors que nous l’avions élu pour anticiper et régler les contradictions de notre société, il s’est plutôt complu dans la chasse aux rétrocommissions (par le biais de contrats d’infrastructures surfacturés) de complots politiques tous aussi minables les uns que les autres et de choix économiques issus d’une incompétence désolante.
Dans 25 ans, nous serons 35 millions. Cette seule donnée devrait inciter et mobiliser tout gouvernement responsable à la réflexion, au dialogue informé, à l’établissement d’un calendrier de mise en œuvre d’une réforme foncière visant la souveraineté, la prospérité et la justice. (8)
Finalement, Bassirou Diomaye Faye, Ousmane Sonko et le Pastef ont rendez-vous avec l’Afrique. Les patriotes, les progressistes, les panafricanistes d’Afrique et de ses diasporas sont en attente de l’émergence d’un nouveau leadership africain émanant d’une génération montante et engagée.
Deux initiatives que pourraient prendre notre nouveau gouvernement :
- Pour une Refondation de la CEDEAO
La décision des États de l’AES de se retirer de la CEDEAO est une des conséquences de la crise multiple qui mine l’organisation communautaire depuis plus d’une décennie. Cette décision de retrait qui consacre l’échec de la CEDEAO a déclenché une réaction de panique au sein de l’organisation qui souhaite une “négociation”. Au Sénégal de prendre l’initiative pour la levée immédiate et sans conditions des sanctions et embargos illégaux et illégitimes et pour l’élaboration d’un plan d’arrêt des ingérences étrangères dans le fonctionnement et dans les mécanismes de décisions de l’organisation. A moyen terme, une refondation de la CEDEAO s’impose après 50 ans d’existence. Celle-ci devrait se faire sur la base de consultations inclusives dans tous les pays de la région : chercheurs et instituts de recherche, sociétés civiles et organisations populaires, partis politiques et états membres visant à rendre effectif l’engagement à transformer l’organisation en CEDEAO des peuples et à la rendre capable de répondre aux défis du 21e siècle. L’heure est venue pour les Ouest-africains de s’engager pour la transformation de notre organisation commune.
L’acteur le mieux à même et le plus légitime pour porter cette initiative sera le Sénégal.
- Pour une relecture africaine des accords avec l’Europe sur la circulation des capitaux des biens et des personnes.
Les circulations sont discutées et négociées séparément alors qu’elles sont inextricablement liées dans la construction de la globalisation néolibérale. Comment peut-on donner son blanc-seing à la liberté de circulation des capitaux et marchandises sans libérer celle de la force de travail.J usqu’à quand maintiendra-t-on cette dynamique de développement inégal. L’Afrique doit se saisir de cette problématique et presser l’Europe de s’y atteler. Il s’agit de préserver les milliers de vie englouties dans les océans et déserts du monde.
Au Sénégal nouveau de porter le débat dans les instances africaines. (9) et (10)
Au bout du compte, il s’agit du « réenchantement » du pays pour aller à l’assaut du futur. Nous avons en Afrique aujourd’hui la jeunesse qu’il faut. La communauté intellectuelle doit continuer à se mobiliser en force de propositions afin d’éviter que le nouveau gouvernement ne soit prisonnier d’une bureaucratie qui monopolise l’information l’analyse et le conseil. Les ministres doivent se convertir et devenir des militants, non pas des militants de Pastef, mais des militants de la cause d’un Sénégal souverain prospère et juste dans une Afrique de progrès. L’avenir nous appartient.
Par Bouna S. NDIAYE
QUE L’ETAT APPRENNE A SE DEPARTIR DES VIEILLES FORMULES POUR REPONDRE AUX PREOCCUPATIONS DES POPULATIONS
Il n’y a pas de mois qui passe sans qu’on n’entende les populations se plaindre des problèmes d’insécurité. Pas plus tard qu’hier, j’ai lu un article où on parle de la crainte constante des habitants de Wakhinane-Nimzath, de Guédiawaye.
Il n’y a pas de mois qui passe sans qu’on n’entende les populations se plaindre des problèmes d’insécurité. Pas plus tard qu’hier, j’ai lu un article où on parle de la crainte constante des habitants de Wakhinane-Nimzath, de Guédiawaye.
Ce mal-vivre n’a pas commencé hier, et n’est pas un problème spécifique à ces localités. Ces problèmes, pour certains, sont liés à un manque d’éclairage et, pour d’autres, aux actions inefficaces des services de sécurité, entre autres.
Mais ce qui est sûr, c’est qu’il est impossible de placer un agent à chaque coin de rue ou à côté de chaque Sénégalais. Le Sénégal n’a pas les moyens logistiques pour le faire ! Va-ton continuer à nous contenter de lire le nombre d’arrestations de la police le lendemain de leurs sorties et laisser les agressions perdurer ? Quiconque est de cet avis n’a pas été victime de vol à l’arraché !
Ma mésaventure la nuit de la signature du contrat de lutte à Niarry Tally…
A une semaine de la fin de mes vacances au Sénégal, mon jeune cousin et ami âgé de dix ans du nom de Abdoulaye Niang tenait à ce que je lui rende visite. Après le dîner, je prends un taxi. Ce dont je n’étais pas au courant, c’était cet évènement phare qui se produisait dans la zone de Niarry Tally. J’avais mis mon téléphone dans ma poche. Le chauffeur de taxi avait opté de ne pas prendre l’autoroute. Des Hlm 5, il a décidé de prendre la route de Garage Guédiawaye à Niarry Tally. A hauteur de la Pharmacie Coope, juste à l’intersection de Garage Guédiawaye et Ben Tally, la circulation était devenue beaucoup moins dense. Au même moment, j’ai senti mon téléphone vibrer dans ma poche. Furtivement, je le sortis pour voir qui m’appelait. Quand je l’ai posé sur ma tempe droite pour dire «Allô», un jeune homme, rapide comme un épervier qui poursuit sa proie, m’arracha mon téléphone. J’ouvris la portière du taxi pour le poursuivre. Il se faufila entre les vieux fidèles qui venaient de sortir de la mosquée pour se fondre dans la foule entre les deux groupes belligérants qui se lançaient des pierres. Je retournai voir chauffeur de taxi, lui payai le montant de la course pour marcher, furieux de Ben Tally à la Police des Hlm. Et c’est comme ça que j’ai perdu toutes mes données et mon iPhone !
Ainsi commença une série de questions sur le pourquoi un voleur prend-il le risque d’aller prendre le bien d’autrui ? Que faut-il faire pour que ça cesse ? Si un voleur décide d’arracher mon téléphone ou de briser une vitre pour entrer dans une chambre, c’est que quelque part il est convaincu d’avoir une information que la victime potentielle n’a pas ! Peut-être qu’il connaît les moments pendant lesquels il sera libre de commettre son forfait, ou bien il connaît ou a les aptitudes physiques que lui seul a lui permettant de s’échapper ! Il y a nécessairement de l’information asymétrique : l’un détient plus d’informations que l’autre !
It’s a new day ! M. le président de la République, osez apporter du nouveau sur le plan organisationnel pour faire face, et d’une manière efficace et radicale, au problème de l’insécurité en général au Sénégal !
On nous a habitués, de la période coloniale à nos jours, à notre bien (nous le Peuple) et à celui du Blanc, du Roi ou de l’agent de l’Etat. Ce qui faisait qu’il y a toujours eu une ligne clairement tracée entre ce que l’Etat doit faire et les tâches dévolues au Peuple ! Votre accession à la Magistrature suprême a prouvé, et le Peuple l’a compris, que lui seul est souverain ! It’s a new day ! Sachant que le Sénégal n’a pas les moyens de placer un policier à chaque coin de rue et que ces vaillants agents de l’Etat, malgré leur dévouement, peuvent être utilisés ailleurs, il faut que M. le Président songe à innover avec les technologies modernes. L’utilisation des drones peut beaucoup aider à l’éradication du banditisme qui ne dit pas son nom !
Il faut oser apporter du nouveau dans votre programme, Monsieur le Président. Apportez quelque chose qu’aucun Président n’a jamais apporté ! C’est l’utilisation de la technologie pour la résolution de nos problèmes.
Cas pratique pour éradiquer l’insécurité pendant les grands évènements au marché Hlm ou à la veille des grandes fêtes par exemple
Sachant que la police ne peut être partout, si on prend le cas des Hlm, de la mosquée de Massalikoul Jinaan au Garage Guédiawaye, trois pilotes de drone peuvent anéantir les bandits. Avec un programme stratégique concerté entre une section de la police et ces pilotes de drone, une fois une infraction de ce genre (vol à l’arraché) est commise, les gens réagissent par des cris. A ce moment, un Asp, avec son sifflet, alertera le pilote qui fera décoller son appareil et pourra voir le coupable. Une fois qu’il voit le coupable, puisqu’étant plus rapide, tout ce que ce pilote aura à faire, c’est un «Tracking» de ce dernier. Pour ceux d’entre vous qui avez vu le film Top Gun, quand un avion de chasse poursuit un avion ennemi, pour s’assurer qu’il va l’atteindre avec son missile, il envoie un laser qui se pose sur l’avion ennemi qui est appelé «Missile lock» ! A partir de ce moment, le voleur/agresseur ne pourra plus s’échapper.
Il n’est pas nécessaire de déployer beaucoup d’agents à sa poursuite. Le pilote informera quelques agents qui resteront debout à un certain périmètre comme pour réceptionner un colis et l’appréhender. En plus, les drones sont opérationnels la nuit. Evidemment, quand j’ai parlé de stratégie concertée, j’ai pensé aux surfaces aériennes pour lesquelles seuls l’Anacim et les services aéroportuaires ont pouvoir de décision. Il s’agit ici, Monsieur le Président, de choisir des méthodes d’opération efficaces pour optimiser le temps de travail du personnel policier pour des cas de constat d’accident mortel qui maintenant ne prennent qu’une dizaine de minutes avec l’utilisation de drones.
Les sapeurs-pompiers également pourront surveiller les plages pour éviter les noyades des jeunes en été et même envoyer un drone pour tendre une bouée de sauvetage, si nécessaire, à un jeune en situation de détresse.
Cela implique une formation en pilotage de drone, un diplôme de pilotage commercial de drone et une collaboration de ces derniers avec les services de police.
Bouna S. NDIAYE
Pilote commercial de drone Federal aviation administration (Usa)