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25 novembre 2024
Opinions
par Elgas
L’ANTICOLONIALISME COMME FREIN AU PROGRESSISME EN AFRIQUE, RETOUR SUR UN IMPENSÉ
Pourquoi les penseurs africains, farouches progressistes chez eux, deviennent-ils si souvent des réactionnaires une fois en Occident ? Un paradoxe dérangeant, symptôme d'un conflit plus vaste entre anticolonialisme et progressisme
Ce court texte est la transcription de mon intervention au colloque «Religion et révolution conservatrice: perspectives comparatives» les 23, 24 et 25 octobre 2023 à Genève, à l'initiative de la Chaire Yves Oltramare. Il revient sur le potentiel dévoiement des luttes progressistes captives d'une vision des sociétés colonisées encore très paternaliste. Avec deux focus sur les usages de la religion, l'islam en l'occurrence au Sénégal, et l'alliance pour le moins surprenante entre décoloniaux en Occident et identitaires au Sud, il évoque les fragilités du front anticolonial.
D’où vient cette malédiction qui rend orphelins de soutien tant de chercheurs, d’artistes, d’intellectuels, d’universitaires africains, progressistes convaincus chez eux au Sud affrontant vaillamment divers périls et qui, pourtant, deviennent, une fois en Occident, des réactionnaires en puissance1 ? Cette question est le coeur d’expression de mésusages courants en période postcoloniale, mésusages ou glissements qui confortent le confusionnisme et nourrissent le conservatisme qu’on prétend pourtant combattre à « gauche ». Esseulés, délaissés, l’accusation de félonie vis-à-vis de leur communauté planant comme une ombre disqualifiante, ces auteurs et intellectuels du Sud, comme par exemple Kamel Daoud, Salman Rushdie, Abnousse Shalmani ou Rahmane Idrissa, forment pourtant un gisement de déconstruction de leurs sociétés, hélas abandonnés par une perspective décoloniale qui souvent cède à la logique de front plus qu’à celle de principes communs incessibles.
Où se situe le curseur de ce crédit moral si arbitrairement accordé qui revisite la phrase connue, vérité en dessous de la Méditerranée et hérésie au-delà ? Sur toutes les questions dont le progressisme est l’enjeu fondamental – droits des minorités, liberté religieuse, égalité hommes/femmes –, cette ligne de démarcation survit à tout universel, à son pendant marchand, la globalisation, et à son expression technologique, appelé par notre ami Marshall McLuhan « le village planétaire2 ». Donnée nouvelle, elle survit au bon sens longtemps échelle certes imparfaite mais opérante d’appréciation commune du gouvernement du monde. Dans un monde qui connaît de profondes convulsions, il n’est pourtant pas inutile, de refaire la généalogie et une radioscopie des conservatismes comme l’a proposé ce colloque bienvenu. Et saisir que les transformations, révolutions conservatrices, qui paraissent connaître un regain aujourd’hui avec leur caractère apocalyptique, au fond, semblent davantage s’apparenter à l’éveil de volcans idéologiques longtemps enfouis, endormis, jamais réellement vaincus, sinon à des étendards de combat et à un socle d’idées au service d’une alternative souhaitée à l’hégémonie occidentale. Pour le dire autrement, ce qui paraît si hégémonique aujourd’hui semble, selon notre hypothèse, être la manifestation d’une présence latente, longtemps confinée, et qui connaît une déflagration à la faveur de l’essoufflement du mythe de la centralité occidentale et de la promesse toujours renouvelée du progrès comme horizon naturel de l’humanité. Toutes les forces qui avaient dû, à contrecoeur, monter dans ce train, sentant la fragilité de la locomotive, délogent leurs velléités des marges pour les assumer pleinement. La permanence de cette révolution est un invariant historique, particulièrement en Afrique : elle est au fondement de cette optique du Sud dit « global », dont les esquisses formelles semblent aujourd’hui plus nettes. Dans la lutte fondatrice et essentielle contre la colonisation, encore structurante, il est pourtant essentiel de mesurer le coût de certaines accointances, où par mégarde, bonnes intentions, bonne conscience, parfois cynisme, l’anticolonialisme est devenu un frein au progressisme, créant ainsi une double échelle de valeurs qui contribue à la relégation, au relativisme moral. Longtemps carburant du colonialisme, il semble basculer de plus en plus dans la frange extrême de certaines pensées décoloniales.
Comprendre ainsi l’articulation d’un mélange de ressentiment colonial et d’une offensive conservatrice jamais résignée, requalifiée en identité unificatrice, sera le coeur de notre propos. Nous esquisserons d’abord une rapide histoire du conservatisme religieux au Sénégal, avec un croisement des perspectives confrériques et néo-puritaines, pour situer l’importance du discours religieux dans toute résistance, pour ensuite procéder à un examen des mouvements de jeunesse citoyens au Sénégal, via le rap entre autres, et leur tournant conservateur au nom de la lutte contre l’Occident. Nous nous intéresserons enfin à la sophistication d’un relativisme décolonial, notamment en Occident, qui attribue à l’Afrique un particularisme qui justifierait un conservatisme appréciable, le seul prisme de la domination finissant par conférer aux dominés un blanc-seing et une exemption de reddition de compte.
Les africanistes du fait confrérique au Sénégal, qu’ils s’agissent de Paul Marty3, de Donal Cruise O’brien4 ou de Vincent Monteil5, ont établi des monographies exhaustives de la naissance d’une confrérie, le
mouridisme. Cédant parfois à la tentation d’un romantisme sur un « islam noir » aux particularismes marqués, leurs travaux ont été la matière revisitée par le roman national sénégalais, finissant par devenir un mantra surexploité résumable ainsi : le syncrétisme sénégalais fait du soufisme un rempart contre l’avancée du wahhabisme. Séduisante et rassurante, cette lecture a trouvé des relais en Occident, tant elle donnait des gages, dans un monde musulman où diverses révolutions ont convié au pouvoir des religieux intégristes. Sans explorer le corpus idéologique confrérique, qui n’entre jamais en opposition frontale avec la base doctrinale de l’islam, et qui reprend ainsi à son compte toute la sémantique, la symbolique, les représentations du religieux, du puritanisme considéré pour beaucoup comme l’essence de la piété. Confondant la logique de la configuration sociale intégrée dans le rituel des cultures avec la modalité dogmatique du culte, il a été ainsi opéré, parfois à dessein, des réductions consommables sur l’idée d’un rempart interne, autorégulant, de nature à dissuader toute radicalité. Cette dépolitisation et ce désossement du religieux sont demeurés longtemps une lecture dominante, tant il ne fallait pas regarder en face les évolutions convergentes vers une hégémonie de l’islam destiné à apurer un paganisme qui n’a jamais eu bonne presse, et qui était même un franc ennemi de la religion.
Longtemps viatique du champ intellectuel, sur lequel le Sénégal a bâti sa réputation de havre du dialogue interreligieux, un livre pourtant en 1985, écrit par le journaliste Moriba Magassouba, venait jeter un pavé dans la mare. Son titre, un brin provocateur – L’islam au Sénégal. Demain les mollahs6 ? –, avait entraîné une déflagration. Première secousse dans l’entente cordiale, le document, fruit d’une enquête journalistique et d’un mémoire d’études, démontrait les assauts du puritanisme, la montée des marabouts, l’axe préférentiel des échanges religieux avec les pays du Golfe, et le puritanisme qui s’est attaqué aux religieux. Le film Cedo du cinéaste Ousmane Sembène en 1977, décrivant l’arrivée de l’islam en Afrique, la violence de la rencontre, et finalement la conversion progressive à marche forcée, semble avoir été un canevas pour le livre de Magassouba. La chronologie ainsi que l’enchaînement accréditent en effet l’idée d’une irréversible optique de conformisation religieuse. Le mouridisme a fondé sa légitimité et son autorité sur la figure charismatique de son fondateur, Cheikh Ahmadou Bamba. Résistant culturel, selon la terminologie des manuels d’histoire, il est le symbole le plus éloquent, et le plus populaire, d’un contre-discours qui s’appuie sur la résistance anticoloniale. Si l’histoire du djihad africain – comme le rappelle Pérouse de Montclos dans son livre L’Afrique, nouvelle frontière du djihad7 – n’obéit pas qu’à des logiques importées, le discours fédérateur s’est toujours fondé sur un conservatisme qui ne s’est jamais démenti. Il a été nourri, structuré, par une élite mouride et religieuse au Sénégal, avec la déconstruction de la « colonialité » comme boussole première. Cette déconstruction en cours et les bouleversements géopolitiques (choc pétrolier en 1973, révolution iranienne en 1979, attentats du 11 septembre 2001, guerre en Irak en 2003, proclamation de l’État islamique en 2014 entre autres) ont encouragé l’élite religieuse à investir le champ intellectuel et à gagner la bataille « culturelle ». C’est ainsi que la « laïcité » est devenue un ennemi, que la ville sainte de Touba a demandé un « statut spécial » pour s’affranchir de la République sénégalaise. Tout cela au nom d’un différentialisme, d’une revitalisation du conservatisme conçue, à renforts de livres, comme la voix d’une authenticité endogène à même d’offrir un miroir identificatoire aux populations, en minorant bien sûr la modalité d’une religion elle-même importée, et coloniale.
M’intéressant au contenu des prêches des imams le vendredi pour les besoins d’un travail de recherche, l’examen de ce discours montre la récurrence des griefs contre le progressisme, considéré comme l’aiguillon de la survivance coloniale. La dépravation des moeurs serait liée à l’absence de remparts face à la propagation des sources occidentales. La bataille des valeurs est donc essentielle et l’islam fournit le meilleur kit de résistance, mais aussi le meilleur programme politique. Au nom du refus de l’asservissement, la prospérité de ce discours a créé les conditions d’un raidissement tendant à disqualifier les droits humains, repeints en blanche domination honnie.
La gauche sénégalaise et les élites intellectuelles se sont montrées timides, reprenant le refrain commode pour la paix sociale, renonçant ainsi à questionner l’héritage des féodalités pour créer les conditions de viabilité d’une gauche qui n’importe pas uniquement les lignes de fractures postcoloniales. Les répercussions de cette question islamique feront l’objet d’un article de Mar Fall8 dans Présence africaine en 1987. En devenant de plus en plus un obstacle à l’établissement d’un État égalitaire, la perspective des mollahs devenait de moins en moins chimérique. Avec la multiplication des mouvements puritains dans la sous-région, et le long et patient travail de sape de la diplomatie religieuse des pays du Golfe, Mar Fall montrait cette avancée.
Autre échelle d’appréciation de notre propos, en 2011, au plus fort de la contestation des velléités de dévolution monarchique du pouvoir avec un président Abdoulaye Wade qui voulait outrepasser la
constitution, s’est érigé une véritable sentinelle démocratique. Dans un mouvement de la société civile, réveillé par un regain et unifié par cette cause, naissait le M23 (Mouvement du 23 juin), acteur majeur de la reculade du président. Tête de pont de ce mouvement, le collectif « Y’en a marre », essentiellement porté par des jeunes rappeurs, naissait au grand jour. Avec son énergie, sa fraîcheur, son engagement démocratique et son refus de plier, il fut un acteur majeur de la transition politique et de l’alternance. Victime de son succès, le collectif s’est ensuite structuré de façon horizontale, investissant les questions sociétales, sortant ainsi du seul champ de la politique électorale. Cette énergie a été saluée en Occident, financée, perçue comme ce gisement jeune et démocratique à même de bâtir le renouveau et de contrecarrer, là aussi, les tentations radicales ou religieuses. Financée par Osiwa (Open Society Initiative for West Africa), l’organisation de Georges Soros, conviée en Europe, le bel écho du mouvement « Y’en a marre » fera des petits sur le continent, avec « Le balai citoyen » au Burkina, acteur du départ de Blaise Compaoré, et Filimbi en République démocratique du Congo, qui rencontrera moins de succès car bâillonné par le pouvoir. Très vite pourtant, on déchante.
Les membres du collectif sénégalais se distinguent par un discours conservateur et s’opposent à tout progressisme. Ils reprennent à leur compte tous les discours émancipateurs du panafricanisme, avec de
véritables distorsions de son contenu, et articulent leur combat contre les valeurs occidentales, toutes considérées comme coloniales. Dans le contexte mondial, il y a donc deux conservatismes en miroir : un
occidental prenant appui sur les valeurs blanches et chrétiennes de l’Europe, et un autre, en Afrique, prospérant sur le lit d’une identité figée, conflictuelle, et des valeurs jugées supérieures à celles d’un Occident décadent, la question LGBT étant au coeur de la répulsion. Loin d’être un élément conjoncturel, cette structure paraît exister dès l’aube des groupes de rap primaux à Dakar. Le progressisme avait comme plafond le discours anticolonial. Le rap et son énergie militante et rebelle se sont pourtant rapidement embourgeoisés, captifs de ce périmètre réduit, où très rapidement il est devenu un cheval de Troie du conservatisme. Dans un article fort bien documenté, le chercheur sénégalais Abdoulaye Niang9 évoquait la notion de rap prédicateur, à mille lieues des représentations classiques sur ce genre qui semblait regorger de munitions contre l’establishment. Habilement récupéré, jamais en opposition frontale avec l’architecture des références morale et religieuse, ce rap prédicateur est devenu le catalyseur d’une énergie postcoloniale qui fédère les jeunes, non plus pour construire des sociétés ouvertes, mais comme puissance dégagiste des logiques jugées néocolonialistes, et de ses suppôts, c’est-à-dire les pouvoirs locaux.
Que faire donc face à ce conservatisme qui semble invincible ? En Occident, la malédiction la plus commune est de la considérer avec un exotisme circonspect, un mépris. Mais plus troublant, au nom de la même logique décoloniale, on trouve, dans la gauche particulièrement, une lecture sous le seul prisme de la domination. Le statut de dominés est ainsi essentialisé et, par atavisme, il donne des privilèges. Tout discours contre ce conservatisme s’expose à des foudres qui les qualifient de néocolonialisme d’une nouvelle mouture des Lumières et de l’universalisme, toujours suspecté d’être un agent de domination. Avec le procès des Lumières dévoyées, le front décolonial s’inscrit dans une impasse, au moins partiel, dans le sens où il anesthésie tout discours émancipateur local. Il fonde ainsi une double logique territoriale et temporelle, celui des dominés éternels et des bourreaux éternels.
C’est à ce niveau que la Méditerranée devient une ligne de démarcation, que l’anticolonialisme comme matrice devient négateur d’un projet de progrès universel. La convergence des luttes semble ainsi être celle des conflits sourds, retardés par une logique de front. Elle nourrit indirectement un conservatisme à l’affût, conscient des porosités, des gisements de forces que contient le discours anti ou décolonial. Et dans cette configuration, les progressistes du Sud ont besoin de soutien, celui naturel de la gauche, qui pourtant les ignore au prix d’accommodements déraisonnables. Progressistes qui doivent tout de même éviter le baiser de la mort de la droite si diligente à rafler la mise et à travestir de nobles luttes.
El Hadj Souleymane Gassama (Elgas) est journaliste, écrivain et chercheur associé à l’Iris (Institut des relations internationales et stratégiques). Ses recherches portent sur le don, la dette, les transferts d’argent, la décolonisation et la démocratie en Afrique. Il est l’auteur de plusieurs livres et articles, et notamment de Les bons ressentiments. Essai sur le malaise post-colonial (Riveneuve, 2023).
Par Abdoulaye DIALLO
LE DAK’ART 2024, DU 7 NOVEMBRE AU 7 DECEMBRE
«Janmgi faamaali, Faami janmgaali, Janmgaali faamaali, Ko be’e tato wonoyta fii lanmugol Affriki.» «Celui qui a appris sans comprendre, Celui qui a compris sans apprendre, Celui qui n’a ni appris ni compris, Ces trois-là provoqueront un jour la destructio
«Janmgi faamaali, Faami janmgaali, Janmgaali faamaali, Ko be’e tato wonoyta fii lanmugol Affriki.» «Celui qui a appris sans comprendre, Celui qui a compris sans apprendre, Celui qui n’a ni appris ni compris, Ces trois-là provoqueront un jour la destruction de l’Afrique.» Djibril DIALLO
A un moment de notre histoire où l’écart est très grand entre l’état du pays et notre état d’esprit, à un moment où la pensée et la réflexion sont sorties des étroits milieux que constituent les érudits, les écrivains et les intellectuels, nous regardons 2024, la rue et son mouvement avec curiosité, appréhension, doute et tout de même espoir.
Nul besoin de convaincre qui que ce soit de l’importance du Sénégal dans la région, et de l’intérêt que nous avons que ce pays, avec ses traditions au plan politique, reste une démocratie prospère. Née de luttes séculaires avec la volonté de la parfaire dans une croissance économique à rendre plus inclusive, elle n’en révèle pas moins des insuffisances que les jeunes, fortement marginalisés dans leur grande majorité, mettent à nu
De ces jeunes, un grand nombre a choisi la culture, sous différentes formes d’expression, parce qu’elle est transversale et englobante. Ils la manifestent dans les arts plastiques en particulier, pour exprimer dans l’écriture propre à ce secteur ce qui est élevé, ce qui est beau, ce qui est prospectif et anticipe d’un meilleur monde.
Informer d’un report les participants et les visiteurs prévus à la Biennale de l’art contemporain africain, le Dak’Art, dans son édition de 2024, à vingt jours de l’ouverture officielle, relève d’une inélégance. Ma pensée a été envahie par un engourdissement nébuleux.
La Biennale de l’art contemporain africain, le Dak’Art, aurait dû se tenir le 16 mai 2024
Quatrième plateforme culturelle mondiale, en sa 15ème édition cette année, rien ne peut justifier ce report. Il intervient surtout à un moment où de nombreux pays ont leurs regards voraces et envieux posés sur la Biennale de l’art contemporain africain, le Dak’Art.
Rien ne peut justifier ce report dans un contexte où les pays en développement cherchent à doubler la valeur en dollars de leurs exportations culturelles : de 11,5 milliards de dollars à 25 milliards de dollars, en moins de dix ans..
Comme celles de 1994 et de 2020, la Biennale de l’art contemporain africain, le Dak’Art, de 2024 s’est heurtée à quelques résistances qui ont entraîné son report
C’est acté après moult rumeurs, controverses, luttes intestines stériles et constat d’une impréparation manifeste. Des phases successives qu’a connues la Biennale de l’art contemporain africain, le Dak’Art, les éditions qui s’attachent à celles de 1990, 1996, 2008, 2016 et 2018 furent celles de sa plus vaste étendue, de l’apogée de sa puissance et de son expansion.
Il convient aujourd’hui de s’arrêter et de réfléchir pour voir comment gagner les cœurs des femmes et des hommes de culture. Cela, en vue de les inscrire dans les espaces de la patience et de la lucidité.
La Biennale de l’art contemporain africain, le Dak’Art, se tiendra à partir du 7 novembre et nous avons le devoir de travailler à sa réussite. Il faut tirer les leçons.
Il faut que change la perception des forces vives de la Nation sur le monde de la culture et singulièrement des arts. Rappelons-le, la Biennale de l’art contemporain africain, le Dak’Art, est un outil de renforcement de la gouvernance de la culture, d’intégration de la culture dans les stratégies de développement durable, de promotion des droits humains et des libertés fondamentales
La Biennale de l’art contemporain africain, le Dak’Art, offre un environnement qui facilite l’accès équitable à des échanges ouverts et équilibrés, renforce les capacités et améliore les infrastructures culturelles dans le pays.
Le monde dans lequel nous vivons l’exige. Ce même monde nous invite à la formalisation d’un dialogue entre femmes et hommes de culture, artistes, la Ville de Dakar et l’Etat.
Nous vivons dans un monde en évolution et en mutations exponentielles. Un monde dit d’innovation. Dès lors, le Sénégal doit offrir à ses enfants toutes les occasions possibles de découverte et d’expérimentation scientifique, culturelle et sociale esthétique, artistique, sportive. Le savoir n’est pas une condition suffisante de la culture, mais une condition nécessaire. Il nous faut saisir l’opportunité de ce report, pour réfléchir sur comment soutenir les systèmes de gouvernance durables de la culture :
- Renforcer les moyens techniques et financiers des organismes gouvernementaux et ceux de la Ville de Dakar, responsables des politiques culturelles, afin qu’ils engagent une collaboration Etat/Ville de Dakar ;
- Décentraliser les compétences et les ressources pour favoriser la gouvernance à plusieurs niveaux, en délimitant clairement les responsabilités des uns et des autres ;
- Affecter des budgets appropriés pour une application concrète du programme de la Biennale de l’art contemporain africain, le Dak’Art, si nous voulons que le Sénégal soit du lot des pays en développement qui doublent la valeur en milliards de dollars de leurs exportations.
Des progrès ont été réalisés en termes d’intégration de la culture au sein des politiques et programmes de développement durable à l’échelle nationale qui entrecroisent les retombées économiques, sociales, environnementales et, bien évidemment, culturelles.
Personne n’est plus qualifié que les acteurs culturels pour nourrir cet exercice collectif d’invention d’un futur porteur d’une nouvelle humanité
Pour ce futur qui se fera au service de l’humain ou ne sera pas, il est établi que la «Création» est la matière la plus efficace. Elle est le témoignage bouleversant de la seule dignité de l’Homme : la révolte tenace contre sa condition.
La promotion de la liberté d’imaginer et de créer me paraît essentielle.
L’imagination et la créativité sont les manifestations les plus nettes de la liberté. Elles sont les intrants indispensables à l’innovation tant sociale, politique qu’économique. Elles sont les seuls ingrédients pouvant faciliter la mise en place des mécanismes de promotion continue de valeurs humaines, donc culturelles, et de confiance, de même que tout autre mécanisme de renforcement de l’échange dans les savoirs et connaissances, d’émulation réciproque donc de réciprocité, si réellement nous voulons meubler utilement les cerveaux de nos enfants et arracher nos peuples de la misère et de la pauvreté.
L’expression artistique fait partie intégrante de notre humanité qui repose sur notre capacité à peindre, à chanter, à danser et à jouer en spectacle qui nous distingue en tant qu’individus. Mais c’est également ce qui nous rapproche en tant que communauté et nous aide à dépasser nos différences linguistiques, géographiques, culturelles, religieuses et politiques. C’est dire que le Dak’Art doit aussi être à l’école et dans les universités, par l’art, c’est-àdire tous les arts dans les expressions multiples (la poésie, le théâtre, la danse, la musique, le cinéma, le cousinage à plaisanterie, etc.).
La Biennale est une occasion de travailler à l’investissement dans le talent et à la quête d’excellence dans les quartiers.
Une pratique d’un ou de plusieurs arts peut relever les exigences de notre époque et forger le Sénégalais nouveau. Car le Dak’Art se situe, plus que jamais, dans la perspective de l’accouchement douloureux d’une société mondiale au cœur du développement de la personne et des communautés.
Notre humanité est faite de voyages et de rencontres. L’effort culturel est une valeur de civilisation. L’artiste, qui témoigne de l’état de cette humanité, avec un message d’espoir, doit pouvoir se sentir libre. La mobilité fait partie intégrante de sa vie et de sa carrière
Les responsables culturels doivent développer et soutenir des moyens innovants permettant aux artistes et aux professionnels de la culture de voyager, et ce malgré l’aggravation des restrictions. Il est en effet essentiel que les artistes aient l’occasion de découvrir des milieux qui leur sont étrangers pour progresser professionnellement, mais aussi pour rencontrer d’autres communautés et élargir leur compréhension d’autres cultures
Un des invités d’honneur de la Biennale de l’art contemporain africain, le Dak’Art, est les Etats-Unis d’Amérique (Usa). Il faut profiter de leur présence pour rappeler que la mobilité culturelle est depuis longtemps un élément essentiel des sociétés et la source de certaines des créations artistiques les plus célèbres de l’humanité, depuis l’Antiquité.
Actuellement, du fait des restrictions de plus en plus drastiques sur les déplacements des personnes et du renforcement des mesures sécuritaires aux frontières, les influences artistiques transculturelles sont menacées.
Fait au PÉNC 1.9/ atelier LebergerdelîledenGor
Abdoulaye DIALLO
LebergerdelîledenGor
Par Madiambal DIAGNE
IL NE RESTE PLUS À DIOMAYE ET SONKO QUE DE NOMMER AMADOU BA PREMIER MINISTRE
Quand Bassirou Diomaye Faye et Ousmane Sonko voudront innover, changer les choses, opérer une rupture, ce sera à la fin du quinquennat. Ceux qui avaient voté pour la rupture ou pour le « dégagisme » apprécieront
C’est désormais assumé publiquement, vis-à-vis de l’opinion publique sénégalaise et auprès des partenaires techniques et financiers ! La gouvernance du tandem Diomaye-Sonko va s’adosser en quelque sorte sur le Plan Sénégal émergent (Pse). Ils ont fini par avouer, devant leurs électeurs, n’avoir pas eu de programme de gouvernement, contrairement à leurs promesses électorales les plus mirobolantes. Quand on s’amuse à relire les déclarations chocs de Ousmane Sonko pour pourfendre le Pse du temps où Macky Sall et ses équipes en vantaient les mérites, on retrouve des phrases du genre : «Le Pse est un leurre», «le Pse est tout sauf un plan d’émergence», «le Pse est une supercherie», «le Pse est le Plan Sénégal endettement», entre autres ; tout cela sous les vivats des foules excitées de militants. Les leaders de Pastef promettaient de remplacer le Pse par leur «Projet», le sésame qui ouvrirait grand les portes du développement économique et social. Ce miracle était si précieux qu’il fallait le cacher aux yeux curieux, pour mieux le préserver, le protéger du mauvais œil et ne le sortir de son écrin qu’au soir de la victoire électorale. On a vu dans la twittosphère et sur Facebook, et même sur des plateaux de télévision, des radios et des colonnes de journaux, de grands intellectuels plébisciter et défendre bec et ongles le «Projet», avec force arguments, que nous finissions par les considérer comme des auteurs de ce «Projet». L’existence du «Projet» était une évidence pour tout le monde, il peuplait notre quotidien. Pourtant, personne ne l’avait encore vu. Quand nous avions la curiosité de demander à voir ce «Projet», certains contempteurs nous rabrouaient. De grands intellectuels, au même titre que des citoyens moins qualifiés, croyaient à cette Arlésienne. La politique au Sénégal est le lieu où on peut poser ses fantasmes pour des certitudes. Les journalistes, qui relayaient les grandes idées du «Projet» virtuel, se sont aussi fait hara-kiri. J’invite à relire certains posts, et leurs auteurs doivent être dans leurs petits souliers quand le gouvernement leur annonce, sans sourciller, dans le communiqué du Conseil des ministres du 24 avril 2024, que la rédaction du «Projet», comme le nouveau référentiel de la politique économique et sociale du Sénégal, va démarrer et que la finalisation est attendue pour le dernier trimestre de l’année 2024. L’élaboration du «Projet» est confiée aux experts qu’un ministre de l’Economie, des finances et du plan qui s’appelait Amadou Ba, sous l’impulsion de Macky Sall, avait commis pour confectionner le Pse. Les mêmes personnes ont été appelées par un Premier ministre nommé Amadou Ba, pour l’élaboration du Programme d’actions prioritaires (Pap3 du même Pse). Que feront-ils alors de bien nouveau ?
Diomaye et Sonko font du Macky, sans Macky et les siens !
Le supplice des «avocats du Projet» est encore plus dur quand ils apprennent que le gouvernement décide de poursuivre les actions du Pse et accepte le programme signé par le gouvernement de Macky Sall avec le Fonds monétaire international (Fmi), couvrant la période 2023-2026, et que les conditions seront respectées (voir communiqué du Fmi du 3 mai 2024). En d’autres termes, quand Bassirou Diomaye Faye et Ousmane Sonko voudront innover, changer les choses, opérer une rupture, ce sera à la fin du quinquennat. Ceux qui avaient voté pour la rupture ou pour le «dégagisme» apprécieront ! On ose espérer que le nouveau ministre de l’Economie, du plan et de coopération, Abdourahmane Sarr, n’a pas été recruté sur la base de ses contributions caustiques et acerbes contre le Pse, et pour ses fumeuses théories sur la mise en place d’une nouvelle monnaie.
Finalement, on retiendra que le Pse est un bon programme (Conseil des ministres du 17 avril 2024). Finalement, on retiendra que la politique des bourses familiales et d’un Registre national unique (Rnu) des ménages pauvres et en situation de vulnérabilité (Conseil des ministres du 24 avril 2024) est une excellente trouvaille.
Finalement, le gouvernement plébiscite le Projet du Bus rapide transit (Brt) (Conseil des ministres du 2 mai 2024) et les infrastructures routières. Finalement, il considère que le Pont de Rosso, reliant le Sénégal à la Mauritanie, est un investissement structurant (visite du Président Faye en Mauritanie le 19 avril 2024). Finalement, on admet que les investissements dans les domaines de l’hydraulique, de la santé, de l’éducation, du transport, de Dakar Dem Dikk et dans les transports aériens, ou encore le Programme 100 000 logements, entre autres, sont adéquats et pertinents. Finalement, le gouvernement, à l’issue du Conseil interministériel sur la campagne agricole du 3 mai 2024, va poursuivre la même politique dans le secteur. L’Armée va procéder à la distribution des semences et des engrais. On espère que les militaires seront plus vertueux que les autres Sénégalais. Le ministre de l’Agriculture, de l’élevage et de la sécurité alimentaire, Mabouba Diagne, prend à son compte et se vante de distribuer des tracteurs et autres matériels agricoles acquis par le régime déchu. Allez chercher où sera la rupture ? Les hommes et les femmes, qui avaient en charge de conduire la mise en œuvre du Pse, vont, eux, changer et céder leurs places à d’autres têtes d’œuf. Ces dernières qui n’ont pas réfléchi ou pensé la politique, ou écrit le Pse qu’ils vont devoir appliquer ! Ceux qui avaient fait ce travail et engrangé quelques succès sont des nigauds, des corrompus, des nullards et des voleurs. Ce sont les ressources humaines qu’il faudra changer, «dégager», pour reprendre leur rhétorique violente ou musclée. Seulement, comme pour leur faire un pied de nez, le Fmi, à l’issue de sa Mission de la semaine dernière, prodigue des satisfécits pour l’équipe sortante. Dans le communiqué rendu public, on lit que le gouvernement du Sénégal (est-il besoin de rappeler qu’il était dirigé par le candidat malheureux Amadou Ba qui se voulait en quelque sorte le candidat d’une certaine continuité) «s’est montré résilient» en 2023. Puisqu’il faudrait dire toutes les vérités, le Fmi ajoute que l’installation de la nouvelle équipe gouvernementale a été facilitée par la mise en place fort opportune «des réserves de liquidités de plus de 320 milliards de francs». On apprend alors que les caisses n’étaient pas aussi vides que le ministre des Finances et du budget, Cheikh Diba, avait voulu le faire croire. Le paradoxe est alors que Bassirou Diomaye Faye, élu sur la promesse de la rupture contre la continuité préconisée pourtant par le candidat Amadou Ba, va finalement être le Président de la continuité que les électeurs ont refusée. Ils se sont convertis au Pse au point qu’on a pu lire un commentaire, tournant en dérision la situation, pour rebaptiser le Pse : «Plan Sonko émergent.»
«Puisque vous renierez plus tard, pourquoi ne pas renier tout de suite ?»
Ils sont arrivés au pouvoir sans y avoir été préparés.C’est en quelque sorte les mains dans les poches qu’ils ont pris les rênes du Sénégal. Que faudra-t-il faire ? Poursuivre ce qui était en train de se faire et alors renier tous leurs engagements et promesses. La grande promesse de réduire le coût de la vie sera renvoyée aux calendes du Kayor. Le Président Bassirou Diomaye Faye semble avoir trouvé une excuse aux difficultés de baisser le coût de la vie. Au Daaka de Médina Gounass, un événement religieux musulman, il a indiqué que les soubresauts et tensions sur la scène internationale constituent des handicaps pour un pays comme le Sénégal, car cela renchéritles coûts des importations. En outre, le Fmi a exigé et obtenu du gouvernement de rester dans la logique de diminution, pourne pas dire de suppressiondes subventions sur les denrées de base ou sur l’énergie. L’institution financière internationale relève notamment «des dépenses élevées de subventions à l’énergie (620 milliards de francs Cfa, soit 3,3% du Pib)». La seule concession laissée à Ousmane Sonko et à son équipe est de jouer peut-être sur les tranches de facturation de l’électricité. En termes moins ésotériques, le gouvernement pourra travailler sur les grilles tarifaires de la Senelec pour faire baisser le prix du kilowatt heure pour les tranches concernant les couches sociales les plus défavorisées (environ 1 150 000 ménages qui paient des factures mensuelles de moins de 15 000 francs), mais que cette baisse sera répercutée sur les factures des consommateurs relativement plus aisés.
Le Fmi reviendra au mois de juin pour évaluer le respect des engagements souscrits par le Sénégal, avant de pouvoir procéder à un décaissement, courant juillet 2024, de la deuxième tranche des prêts d’un total de 1150 milliards de francs. Là également, les autorités gouvernementales vont devoir renier leurs promesses de renoncer à l’endettement. Opposants, ils avaient pourfendu le sinistre Fmi, accablé de tous les torts et de tous les maux du Sénégal. «Les nouvelles autorités ont réaffirmé leur engagement à poursuivre le programme actuel soutenu par le Fmi. Elles reconnaissent que les principaux piliers du programme s’alignent sur leurs propres objectifs stratégiques.» Dire qu’elles avaient aussi fustigé la politique d’endettement pour financer les projets ! Diomaye et Sonko, une fois au pouvoir, se retrouvent à chercher et obtenir la caution du Fmi pour aller sur les marchés internationaux afin de lever de gros financements pour profiler la dette déjà existante, par des efforts de «réduction de sa vulnérabilité», afin de rester dans la situation d’un «pays à endettement à risque modéré». Le principe est assez connu, ils vont augmenter l’encours en faisant baisser le service de la dette. Résultat des courses ? Ils vont alors continuer à endetter le pays de plus belle. On leur disait que l’économie du Sénégal n’a pas la capacité de générer des recettes intérieures de 15 mille milliards de francs Cfa, comme le proclamait le leader de Pastef dans ses envolées populistes.
La bonne touche des réformes à apporter au Pse
Le gouvernement pourra, dans une logique d’une amélioration continue, jusqu’à l’horizon temporel de 2035 du Pse, introduire plus de transparence et de bonne gouvernance dans la gestion des projets. Ce que le Président Bassirou Diomaye Faye pourra apporter dans l’exécution du Pse, sera sans doute de mener le train de réformes prévues dans la gouvernance publique. Au Groupe consultatif de décembre 2018 à Paris, le Président Macky Sall s’était engagé à mener des réformes attendues par les partenaires, mais qu’il mettra sous le boisseau, au lendemain de la Présidentielle de 2019. Les réformes dans les secteurs de la Justice, de l’Administration centrale, comme la digitalisation des procédures, du secteur de l’énergie, de l’agriculture ou de la fiscalité. Le Code général des Impôts, déjà vieux de dix ans, a besoin d’être revu. Les réformes du secteur de l’énergie étaient aussi prévues dans le Millenium challenge account (Mca) alors que la transparence et la rationalisation des dépenses dans le secteur de l’agriculture avaient été dans les accords avec la Banque mondiale, du temps où Mme Louise Cord était représentante de l’institution au Sénégal.
par Ndiaga Gueye
À L’INSTAR DE WADE ET SALL, DIOMAYE REMET EN CAUSE L’INDÉPENDANCE DE L’ARTP
Le décret nommant le DG de l'Autorité de Régulation des Télécoms sans appel à candidature est illégal. Cette situation révèle l’ignorance et une impréparation des autorités à intégrer le droit communautaire dans les actes réglementaires
Le communiqué du conseil des ministres du 02 mai 2024 annonce que le président de la République du Sénégal a pris la décision de nommer un Directeur Général de l’Autorité de Régulation des Télécommunications et des Postes (ARTP). Une nomination effectuée, sans avoir procédé au préalable, à un appel à candidature transparent.
L’ARTP, créée par la Loi n°2001-15 du 27 décembre 2001 portant code des télécommunications, est une institution publique chargée d’établir et de préserver dans le secteur des télécommunications, un environnement économique sain et concurrentiel au bénéfice de tous les acteurs impliqués, des utilisateurs et de l’État. Elle est devenue une autorité administrative indépendante depuis la Loi n° 2011-01 du 24 février 2011 portant Code des Télécommunications, qui a abrogé et remplacé la Loi de 2001, pour mettre le cadre juridique régissant le secteur des télécommunications et des technologies de l’information et de la communication en conformité avec le droit communautaire UEMOA/CEDEAO.
Les textes communautaires relatif au secteur des télécommunications comportent des dispositions non équivoques, qui visent à garantir l’indépendance de l’ARTP aussi bien du pouvoir politique, du secteur privé que de tout groupe de lobbying. À cet effet,l’article 11 de l’acte additionnel A/SA 1/01/07 de la CEDEAO et l’article 4 de la Directive N° 01/2006/CM/UEMOA disposent que les États membres garantissent l’indépendance des autorités de régulation vis-à-vis du pouvoir politique et de toutes les organisations assurant la fourniture de réseaux, d’équipements ou de services de télécommunications et de toutes les organisation intervenant dans le secteur, en faisant en sorte que ces autorités soient juridiquement distinctes et fonctionnellement indépendantes.
Ces normes communautaires n’ont pas, cependant, fait l’objet d’une transposition fidèle, dans la législation nationale du Sénégal. En effet, aussi bien à l’article 164 du Code portant Code des Télécommunications de 2011 que dans celui 237 de 2018, il est indiqué que le Directeur général de l’ARTP, est nommé par décret. En outre, l’article 2 du Décret 2019-591 du 14 février 2019 portant organisation et fonctionnement de l'ARTP indique que l’ARTP est rattachée à la Présidence de la république. Il n'existe pas ainsi, en droit national, une disposition expresse garantissant que, dans l’exercice de ses fonctions, le Directeur General de l'ARTP est à l’abri de toute pression politique susceptible de compromettre son impartialité dans l’appréciation des questions de régulation qui lui sont soumises.
Sur le fondement de ces dispositions légales et règlementaires, non conformes aux textes communautaires, le Directeur Général de l’ARTP est non seulement nommé par décret, sans aucune procédure de recrutement par d’appel à candidature, mais pire encore, il est placé sous l’autorité du Président de la République, donc sous l’influence directe du pouvoir politique. Un manquement de l’État du Sénégal à ses obligations en vertu du droit communautaire UEMOA/CEDEAO.
L’article 4.I du Traité révisé de la CEDEAO proclame que les États membres affirment et déclarent leur adhésion au principe de « reconnaissance et de respect des règles et principes juridiques de la Communauté ». En sus, l’article 5.3 dispose « Chaque État membre s’engage à honorer ses obligations aux termes du présent Traité et à respecter les décisions et les règlements de la Communauté ». Les actes additionnels de la CEDEAO s’imposent aux États membres par conséquent respecter ses obligations signifie, d’une part, qu’ils sont d’application immédiate, et d’autre part, que chaque État doit prendre des dispositions pour rendre inapplicables ses lois nationales contraires au droit communautaire.
Enfin, l’article 6 du Traite modifié de l’UEMOA énonce expressément que «Les actes arrêtés par les organes de l'Union pour la réalisation des objectifs du présent Traité et conformément aux règles et procédures instituées par celui-ci, sont appliqués dans chaque État membre nonobstant toute législation nationale contraire, antérieure ou postérieure»
Les textes de la communauté consacrent ainsi le principe de la primauté du droit communautaire sur le droit national. Ainsi donc, les normes communautaires sont d’application immédiate dans chaque État membre nonobstant toute législation nationale contraire, antérieure ou postérieure. Par conséquent, si une norme sénégalaise est en conflit avec une norme UEMOA/CEDEAO, la norme sénégalaise doit être écartée au profit de la norme communautaire.
En vertu donc des normes communautaires, le décret nommant le Directeur Général de l’ARTP, sans appel à candidature transparent, est illégal.
Cette illégalité révèle, la méconnaissance, l’ignorance et une certaine impréparation des autorités à intégrer le droit communautaire dans les actes réglementaires qu’elles prennent au moment où il y a des pans entiers du droit qui lient le Sénégal. Aussi, il est ainsi fort opportun de rappeler que la primauté du droit communautaire s'impose à l'ensemble des autorités de ce pays, y compris le président de la République.
Cette décision illégale rappelle les pratiques récurrentes du droit des régimes précédents. La violation des textes, la mise en œuvre biaisée, tout cela, cumulé selon les objectifs du moment, pour pouvoir prendre des décisions qui ne sont pas au service de l’intérêt national, tout en clamant le contraire, en invoquant le respect de la loi.
La volonté des nouvelles autorités de mettre en place rapidement leur propre administration pour une collaboration dans la confiance, ne doit pas se faire dans la précipitation en invoquant un cadre légal et réglementaire problématique, encore moins en violant les textes communautaires UEMOA/CEDEAO.
Il est certes risqué politiquement de s’engager actuellement dans une réforme du cadre juridique au vue de la configuration actuelle de l’Assemblée Nationale. Cependant, certaines dispositions réglementaires non conformes aux textes communautaires peuvent bien être annulées et modifiées par l’exécutif pour faire comprendre à l’opinion nationale qu’il est toujours, comme promis, dans une dynamique de rupture systémique. À cette fin, les articles 2 et 14 alinéa 2 du Décret 2019-591 du 14 février 2019 portant organisation et fonctionnement de l'ARTP peuvent être modifiés.
À défaut, le régime en place est en train de perpétuer les pratiques qui ont sapé l’indépendance de l’ARTP depuis sa création en 2002. Sa subordination vis-à-vis du pouvoir politique, combinée à une politique publique du numérique chaotique à dessein, a engendré une régulation caractérisée par une impartialité et une absence de transparence notoires dont le résultat a été la transformation du marché des télécommunications d’un monopole à un oligopole avec un opérateur dominant. Autrement dit, d’un monopole public à un monopole privé.
Aussi, la régulation de l’ARTP a plus profité à quelques minorités (Orange, actionnaires, équipementiers, etc.) qu’à la grande majorité des Sénégalais pour qui les opportunités de développement offertes par le numérique restent encore inaccessibles. En conséquence, les défis à résoudre en 1996, il y a de cela 28 ans, au moment de la libéralisation du secteur des télécommunications, restent toujours actuels en 2024:
Difficultés d’accès à des services, de qualité, sécurisés à des tarifs abordables;
Absence d’une classe capitaliste nationale qui puisse porter la croissance du secteur;
Manque de résilience;
Menaces sur la sécurité nationale.
Relever ces challenges, demande l’élaboration et la mise en œuvre d’une stratégie de développement du numérique souverainiste dont l’objectif fondamental est l’autosuffisance numérique.
Néanmoins, il est toujours possible de rectifier en adoptant une démarche de co-construction d’une politique publique du numérique basée sur un état des lieux rigoureux.
A la lumière de tout ce qui précède, ASUTIC recommande aux autorités, en attendant la réforme du cadre juridique:
L’annulation du décret de nomination du Directeur Général de l’ARTP;
Le recrutement d’un Directeur Général de l’ARTP par appel à candidature transparent;
La modification des articles 2 et 14 alinéa 2 du décret 2019-591 du 14 février 2019 portant organisation et fonctionnement de l'ARTP;
D’élaborer une politique publique du numérique fondée sur l’existant dans une démarche de co-construction.
par Patrick Chamoiseau
LES LITTÉRATURES FACE AUX URGENCES DU MONDE
Les forces progressistes de l'Hexagone trouvent normal que la France possède encore des "outremers" ; elles admettent ainsi que des peuples-nations différents soient niés dans leurs singularités
Le texte suivant est un extrait de : « Que peut Littérature quand elle ne peut ? », Discours de Strasbourg, avril 2024.
Aujourd'hui, s'il fallait questionner les littératures dans leur rapport au monde, donc à chaque être vivant, il serait indécent de parler d'autre chose que de Gaza. Il serait tout aussi bien honteux de ne pas évoquer l'irréductible intégrité de L'Ukraine quant à la santé de l'Europe et de cet autre monde que nous devons imaginer...
Je parlerai donc, ici, des littératures, mais en présence des palestiniens de Gaza, de Cisjordanie, de toutes les rives de leur exil. Auprès d'eux, restitués à leur terre, institués en État, je suis partisan d'une nation Israël qui, avec ses morts et ses souffrances, et au nom de sa mémoire elle-même, et donc plus que toute autre nation, s'inscrirait dans la légitimité juridique mondiale et le couperet de ses sanctions ; et qui se montrerait soucieuse des autres peuples, soucieuse du respect de la vie et de sa dignité ; et qui fonderait sa nécessaire sécurité sur les vivre-ensemble inédits, complexes, à mettre en œuvre dans ce monde autre qu'il nous faut désirer.
Mais, il serait inadmissible de pas inviter ici, sous cette arche offerte aux littératures, en présence des Tibétains et des Ouïghours en Chine ; des Rohingyas en Birmanie ; des Tutsis au Burundi et au Rwanda, des Kurdes en Syrie, en Irak, en Turquie ; des Peuples originels dans les Amériques et dans leurs archipels... tous ceux-là, en souffrance, en danger, et tant d'autres !
Haïtiens abandonnés, Syriens oubliés, Libanais délaissés, musulmans stigmatisés, Africains exploités, Kanaks encore spoliés, Mahorais emportés dans une fiction morbide, Antillais et Guyanais noyés dans l'étouffoir d'un "outremer" français où les vestiges coloniaux déshonorent la vieille République... Les forces progressistes de l'Hexagone trouvent normal que la France possède encore des "outremers" ; elles admettent ainsi que des peuples-nations différents soient niés dans leurs singularités et réduits par là-même à ne pas exercer dans la matière du monde leurs précieuses différences. Je les nomme un à un, les appelle tous, en ce qu'ils sont, ici, là-même, avec moi, parmi nous !
Et, puisque ce qui nous occupe sont les littératures, il serait indécent, devant vous, dans cette ville devenue à son tour capitale du sensible , de ne pas être habité des devenirs qui revendiquent ce monde que nous avons à deviner : je parle des devenirs empêchés de la situation-nègre, ceux de la situation-femme, de la situation-LGBT avec ses fluidités, ceux de ces minorités, de ces minorations, dont nous avons, chacun précisément, charge d'émancipation vers l'aurore des devenirs du monde, vers l'en-commun de nos devenirs-monde. L'accomplissement le plus élevé possible de ces devenirs est une urgence commune, un Nous très large pour lequel, nous, — artistes de la parole, serviteurs du langage — avons la charge d'apporter le renfort des plus hautes propulsions esthétiques.
Enfin, puisque nous sommes en Europe, si près du cimetière qu'est devenue la Méditerranée, — et qui rejoint pour moi cet autre cimetière, celui de l'Atlantique, cimetière oublié qui se souvient encore des longs sillages de la Traite négrière, — il serait indécent de ne pas convoquer un vaste désir-imaginant du monde, sans doute du monde que nous avons à faire, ouvert, mobile, un monde relationnel vers lequel nous avons tous à cheminer, à l'instar de ces hommes, de ces femmes, ces enfants qui, jour après jour, se noient dans la honte de vos indifférences, se fracassent au vif de vos frontières, s'écrasant sur vos murs, défiant vos barbelés, épelant les alphabets de l'opprobre, de l'offense, de la mort, dans des eaux soudainement barbares, sur des rives qu'on ne dirait pas civilisées mais que régentent pourtant des lois de la conscience commune. La Méditerranée est un immense sépulcre. On meurt, on laisse mourir, on regarde mourir, on tolère un océan de déchéances imposé à des hommes, des femmes, des enfants, et dans lequel où que l'on soit, où que l'on aille, on se retrouve à barboter. Rien de notre actuel niveau de conscience, de nos connexions démultipliées ou de nos transcendances concernant les questions de l’Humain ne parvient à s’opposer à cela. Ces migrants nous fixent, et nous ordonnent déjà un autre monde que nul ne saurait refuser.
Désormais, l'imaginaire capitaliste rassemble sous une même intention les anciennes puissances antagonistes. Son intention souveraine régente en solitaire nos existences, notre monde, la planète. Nous l'avons tous intériorisé au point de consentir à ses horreurs et à leurs ondes de choc. Sous sa régie, la planète réifiée, le vivant abîmé, s'effondrent dans des délitements écosystémiques qui vont faire dérailler nos bases existentielles. Un inconnu s'impose dans une lente catastrophe et dessine une possible disparition de notre espèce. Partout, du profond à l'entour, nous acceptons l'inacceptable jusqu'à l'inscrire dans nos banalités. Pourtant, ce ne sont pas les experts et expertises qui manquent. Discours savants, envolées rationnelles, exposés chiffrés, prédictions scientifiques, démonstrations historiques et horlogeries sociologiques sont légion. Mais, de fait, tous, au fil du temps, n’affectent pas l’inhumain qui sans mollir s’en accommode, mouline de plus belle, et s’installe pour durer, en nous, autour de nous. La Méditerranée, l'Atlantique, sont des gouffres symboliques qui ouvrent la voie aux proliférations inépuisables des crimes. Gaza est déjà un gouffre ouvert dans la conscience occidentale. L'Ukraine en est potentiellement un autre. L'arme nucléaire voit son option réactivée au-dessus un abîme offert à nos folies. Les équilibres du vivant s'effondrent en un trou noir comme sous l'impact de convergences morbides. Trump, Erdogan, Méloni, Le Pen, Bardella, Netanyahu, Orban, Poutine, Modi, Bolsonaro... fleurissent dans les premiers décombres... créatures consternantes... surgies d'un obscurantisme planétaire... incapables de penser un autre possible du monde, d'amorcer un quelconque avenir... N'exhibant que des défroques ramenées du passé, leurs triomphes insultent nos devenirs.
Notre conscience, maintenant individuée, nous rend tous responsables. Nous savons. Nous voyons. Nous entendons. Nous lisons. Nous constatons. Nous sommes comptables autant de ce que nous faisons que de ce que nous ne faisons pas. Chaque geste compte, chaque absence pèse, chaque défaillance menace l’équilibre salvateur : c’est la grandeur, la misère et le défi du principe de la démocratie désormais en péril. Nous ne pouvons plus rien déléguer d’essentiel : la responsabilité est diffuse, dans chaque instant, dans chaque seconde. Chacun se retrouve garant du niveau d’exigence de la seconde qui passe. Pourtant, ce niveau d’exigence n’est pas inatteignable : partout, dans les villes, les déserts et montagnes, dans les aubes et les neiges, sur les rives en Méditerranée, à Gaza, en Ukraine, en Russie, en Haïti, en Afrique, en Chine, en Inde, aux Amériques ou dans la Caraïbe, dans toutes les terres, toutes les guerres, tous les effondrements, il y a des gens, pas des héros de foire, créatures à médias ou philosophes utiles à nos consommations, mais des gens de l’ordinaire, des organismes, des associations dont le seul blason et dont les seuls moyens relèvent de la ferveur, qui agissent, qui contredisent les lois, qui bravent les tribunaux serviles et les barreaux de prison.
Qui refusent.
Qui, le faisant, nous instruisent de notre propre devoir et de la grâce de ce que peut l’éthique. Des gens qui ne renoncent pas à une idée exigeante d'eux-mêmes, et qui se portent au-devant des souffrants comme ils s’agenouilleraient au pied d’une sacralisation. Dessous les renoncements officiels, le possible citoyen, la ferveur anonyme, persistent comme une matière ultime. L’équation imprévisible, l’immesurable d’un au-delà de l’intelligible et du sensible, émerge, scintille. Demeure. Un improbable de ce qui fait l’humain se maintient sur la scène en pollens de lucioles encore indéchiffrables.
Alors que l'horreur peut s'asseoir à la table, — que l'indécence fleurit dans la vertu économique, que le besoin du symbolique, la vigueur spirituelle, le jeu de l'esprit créateur, sont évincés par les fastes matériels, que des monstruosités populistes devenues éligibles s'emparent des États, que les États eux-mêmes réduits au dogme marchand n'ont plus que le biais du racisme, de la xénophobie, des vieilles furies territoriales, nostalgies impériales, pour se donner l'illusion d'une action politique — rien de notre actuel capacité de conscience, de nos connexions démultipliées ou de nos transcendances, ne parvient à sérieusement s'y opposer. Quand une civilisation dominante renonce à ses propres valeurs, ou qu’elle ruse avec ses avancées, quand elle justifie l’injustifiable, quand elle déserte ses propres élaborations de ce qui est humain, ou qu’elle accepte que des pays s'effondrent, que des valeurs périssent, que des lots personnes puissent mourir à ses portes, c’est qu’il y a une part de l’intelligible et du sensible, et un au-delà de l’intelligible et du sensible, qui s’est fermé à toute élévation
C‘est cette fermeture qu’il nous faut questionner.
L’Art y peut quelque chose.
Les littératures donc....
par Oumar Diaw
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SAUVER WALF, UN SOLDAT DE L'INFO
Le feu est venu dévaster un outil qui n'appartient désormais plus qu'au seul porteur d'un projet né de l'ambition d'un homme : feu Sidy Lamine Niasse. Il est attendue dans l'urgence une contribution solidaire volontaire la plus large pour Walf TV
Walfadri qui renvoit à l'aube fraîche prend feu en soirée. Ce qui est arrivé est une catastrophe pour un groupe déjà fragilisé par une succession d'événements d'infortune en dépit de la volonté de ses travailleurs de surnager dans un contexte difficile.
Le feu est venu dévaster un outil de travail qui n'appartient désormais plus qu'au seul porteur d'un projet né de l'ambition d'un homme : feu Sidy Lamine Niasse. Il a osé se lancer dans la presse avec d'abord un mensuel éponyme en 1984. La suite de l'histoire, on la connaît, avec d'autres titres comme Walf Grand Place et Walf Sport puis la radio FM est investi. Sur les startings-blocks, des anciens de la RTS entourés de jeunes enthousiastes. Une belle aventure radiophonique avec ses temps forts comme l'arrivée de maître Abdoulaye Wade au pouvoir et l'inoubliable naufrage du Diola.
Au début de ce troisième millénaire d'espérance, Walf TV est sur satellite, contournant les difficultés d'obtenir une fréquence. Ce n'est qu'autour de 2007 qu'un signal clair est accessible à tous. Walf TV, c'est une odyssée à travers une jungle médiatique épineuse ou une mère houleuse de Médus. La liberté de ton, parfois considérée comme excessive, a valu bien des déboires à Walf qui ne cherche pas toujours à plaire au pouvoir. On croirait même que le média veut déplaire. Mais tant que cela reste dans les limites des principes fondateurs du journalisme, de la déontologie et de la responsabilité, ça s'entend.
Des différentes alternances politiques au Sénégal depuis 2000, le groupe y aura contribué par l'éveil des consciences populaires, se mettant souvent à dos des autorités frileuses, prompts à cisailler son signal et à menacer de retirer sa licence.
Dans cet incendie, du précieux et coûteux matériel a été perdu, mais les vies sauvées s'impatientent de reprendre l'exaltante mission d'information des sans-voix. Si la question d'une nécessaire assurance se pose, il est attendue dans l'urgence une contribution solidaire volontaire la plus large pour que Walf Tv soit de nouveau "on air".
PAR Ibra Pouye
LES TRENTE PREMIERS JOURS DE DIOMAYE
Entre réformes de l'administration, assainissement de la justice, lutte contre la corruption et redressement de l'agriculture, le nouvel exécutif affiche une ambition sans faille pour sortir le Sénégal de la précarité
Prise de fonction dans la foulée, à la bonne franquette et dans une ambiance moins festive à laquelle est habitué désormais le peuple. Parce qu’il est des urgences et que tout est urgence dans ce Sénégal-là. Dès sa prise de fonction, le mot rupture sonne tel l’hallali. Le signe d’une nouvelle ère de gouvernance marquée par la vertu et la sobriété. Gages de stabilité et de sécurité. En effet ce pays, le Sénégal, dont la santé est très fragile, a besoin de calme comme l’est le président Bassirou Diomaye Diakhar Faye. Sans le génie de son peuple, le Sénégal allait tout droit dans le mur et tomberait dans l’abîme des démons qui ont très longtemps semé le désordre dans cette Afrique, abonnée aux guerres civiles, aux assassinats de civils et de politiques, aux coups d’État et tutti quanti. En effet, les Sénégalais savent choisir et ils ont choisi le tandem Diomaye-Sonko ; deux sœurs, Aguène et Diambogne, une sérère et une jola, liées à jamais par l’histoire d’une nation. Ainsi sont brassés les sénégalais dans leur ensemble et dans leur essence.
La rupture, les nominations aux postes de ministres et de directeurs généraux
Le Sénégal revient de très loin à l’aune d’une élection qui pouvait faire tanguer le pays mais que nenni. Parce que simplement ce peuple est habitué à voter et que l’administration est une machine rodée pour tout processus électoral. Rupture actée, place aux nominations de ministres et de postes-clés dans l’administration. Nul besoin de parler, il suffit de regarder pour comprendre que la rupture est en train d’être consommée tranquillement et sûrement par le gouvernement et par la population. Aux passations de service, la sobriété a fait place à la bamboula d’autrefois. Le président Faye, dans ses adresses à la nation et dans les différents conseils de ministre, ressasse les mots ; sobriété, disponibilité, probité, compétences et exemplarité. Un gouvernement de combat et non de mauvais fantassins. Parce que tout est urgence dans ce beau petit pays spécial. Face aux contempteurs du gouvernement en place, il est de bon aloi de leur dire et de leur répéter que savoir gouverner c’est gouverner avec celles et ceux ayant porté le combat même si l’ouverture est doctement prônée. Parce qu’une nation a besoin de toutes ses filles et de tous ses fils.
L’administration publique
Aussitôt investi, le président BDDF, comme l’appelle une bonne frange de la population, s’est adressé par lettre à l’ensemble des fonctionnaires et des agents de la fonction publique, leur demandant d’être les acteurs de la transformation de leurs environnements professionnels en les rendant plus sains et plus transparents dans toutes les politiques publiques. Une belle lettre et savamment écrite à saluer parce qu’elle est engagée et patriotique. Aux fonctionnaires et agents de l’État de l’appliquer sur le terrain même si l’abstrait a des fois quelques soucis à coller à la réalité du terrain. L’administration sénégalaise et la corruption, une vieille histoire.
La bombe foncière
Sentant le pays miné à tous les niveaux et ressemblant à une vieille friche, le président Bassirou Diomaye Faye a pris le soin de faire une visite inopinée dans une zone où le foncier est une bombe à retardement, Mbour4, une extension de la région de Thiès. Sur place, les images parlent d’elles-mêmes. Une razzia des terres par les anciens barons de feu le régime du président Macky Sall. Dans une indignation assez contenue, le président a déversé sa colère. Une colère saine sur les prédateurs terriens de l’ancien gouvernement et il répète que cela ne restera pas impuni. Les jours qui arrivent risqueront d’être tumultueux pour certains ayant perdu le sommeil du juste depuis quelques jours.
D’une justice de Coumba am nday ak Coumba amoul nday à une justice plus équitable
Parler de la justice, c’est parler des nominations ressemblant à des couperets. En effet, il faut savoir sanctionner froidement pour pouvoir avancer sinon les mêmes pratiques se répètent. Le tonneau des Danaïdes est un exemple frappant. Moderniser la justice, c’est lui ôter toutes les souillures et de l’éloigner des cercles politiques parce que la justice sénégalaise a toujours été inféodée au pouvoir en place. D’où la résilience du peuple ayant toujours bon dos. Pour promouvoir la bonne gouvernance et la reddition des comptes, le président mise sur une justice plus équitable voire plus juste. Savoir sanctionner est une demande sociale. Que tout voleur de deniers publics paie le prix de son forfait. Une société doit savoir sanctionner et pardonner aussi ou disparaître. L’impunité est un crime contre le peuple et cela le président le sait.
Nos amis, les lanceurs d’alerte
En effet, le président Bassirou Diomaye Faye ouvre une nouvelle ère avec la protection des lanceurs d’alerte dans ce pays qu’on qualifie de malentendu où tout est melting-pot. Il n’est point d’encourager la délation mais de rendre la gestion des deniers publics et des politiques publiques transparentes. Pour lui, l’argent du contribuable est sacré et nul n’a le droit de se l’approprier tout seul. Pour qui connaît le sénégalais, les mots transparence et bonne gouvernance ne font pas partie de son vocabulaire. D’où la nécessité urgente et absolue d’éduquer et de rééduquer les masses.
La baisse du coût de la vie, l’amélioration du panier de la ménagère et l’emploi des jeunes
Dans un pays où tout semble voué à l’échec et que les jeunes sont tentés par l’émigration clandestine, le président Diomaye Faye et son Premier ministre Ousmane Sonko veulent mettre le curseur sur la réduction du coût de la vie, l’augmentation du pouvoir d’achat des sénégalais et l’emploi des jeunes sensibles aux sirènes de l’émigration. Un bon processus de toutes ces réformes utiles passera in fine par la dissolution de l’Assemblée nationale d’ici la fin de 2024 et avec l’organisation de nouvelles élections. Et vivement les législatives avec une majorité du camp présidentiel à l’Assemblée nationale. Et le pays s’en portera mieux.
L’Afrique, une des priorités du projet
Dans le projet, l’on sent et sait que le continent africain reste une priorité pour l’exécutif. Quelques jours après son investiture, le président Faye s’est rendu concomitamment en Mauritanie, en Gambie et en Guinée-Bissau. Question de géopolitique oblige. D’abord les voisins africains et les hôtes étrangers après. Un Sénégal souverain et prospère dans une Afrique en progrès. Cela passe de commentaire et le peuple applaudit à faire rompre la passerelle.
Jeunesse et agriculture
Avant toute forme d’industrialisation, le Sénégal devrait avoir sa souveraineté alimentaire parce qu’il a trop misé sur l’import qui ne nous rapporte peu ou prou. Ce pays, pour se développer, ne doit pas être un pays de services. Nous ne sommes pas à l’image de la France qui peut se prévaloir de ses missions de service. Nous devons faire appel à cette jeunesse et l’encourager à envahir champs et villages par la création de coopératives de cultivatrices et de cultivateurs. Vivement les vacances patriotiques où le Premier ministre Ousmane Sonko devra jouer un rôle éminent, le bâton de pèlerin à la main. En effet, cette année, la distribution des semences est supervisée voire sous haute surveillance des forces de l’ordre et l’on comprend finalement comment en quatre ans, de 2019 à 2023, plus de 300 milliards de Cfa consacrés à l’agriculture ont été dilapidés voire volés.
Renégocier les contrats miniers
Champ de ruines et nébuleuse entourent les contrats signés entre l’État du Sénégal et quelques multinationales du pétrole et du gaz. Ce coup de Jarnac de Macky Sall marque le sceau de la haute trahison parce que renégocier lesdits contrats retarderait l’exploitation de ces gisements chers au développement du Sénégal et ferait souffrir davantage notre économie déjà à terre.
La France et l’exécutif sénégalais
L’histoire du Sénégal et de la France est jalonnée d’amour et de haine mais restera toujours sur fond de moi je t’aime moi non plus. Mais ce sont deux pays qui finiront toujours par se comprendre et que le mot de trop du colonisateur n’est plus et que malheur aux vaincus n’existe point dans ce 21e siècle. En tous les cas, la rupture d’avec les pratiques de l’ancien régime est consommée. Pour le moment, Emmanuel Macron attend comme dans la fièvre d’un samedi soir le président Diomaye Faye fouler le sol de l’Élysée. Mais ce président, très différent de ses prédécesseurs, préfère l’air sec de ses voisins qu’à celui de la France même si cette dernière est notre premier partenaire commercial et est bien ancrée chez nous.
Le duo Diomaye moy/est Sonko trace sa route et est loin de la clameur sournoise et des chiens qui aboient. On leur souhaite, on se le souhaite à nous, Sénégalais, de réussir le projet et que le Sénégal en sorte grandi, souverain et prospère dans une Afrique en progrès. Que ces trente premiers jours soient le fruit de ces cinq prochaines années et au-delà. Je ne saurais terminer sans dire merci à deux ainés, Kaccor bi, cette si belle plume savante encore en activité et à Pape M. Touré, ancien fonctionnaire international, jouisseur de ses bons vieux jours sous l’ombre des cocotiers, dans la douceur des niayes.
par Amadou Tidiane Wone
RUPTURE
Aucun indulgence ne serait tolérable face à la désinvolture de certains responsables, clairement identifiés, en attendant que leur culpabilité soit établie. Après la jouissance et les réjouissances, il convient pour les bénéficiaires de payer la note
Rupture ! Ce mot magique est sur toutes les lèvres. Comme un appel pressant, une soif incompressible de défricher une voie d'avenir conforme aux énergies qui dorment sous le boisseau, de plus de 60 ans d’indépendance, dans la soumission mentale des élites… Un mot qui agit comme une incantation oratoire pour conjurer le mauvais sort et bannir, à jamais, un ordre ancien désuet et anachronique.
Rupture ! Ou comment transformer le Sénégal par le génie créateur de citoyens sénégalais décomplexés, en capacité d'inventer, et de mettre en œuvre, un modèle de progrès et de mieux-être, qui nous rassemble et nous ressemble. Loin des imitations caricaturales des modèles et des prêt-à-penser qui nous obstruent l’horizon. Telle est la trame de fond de l’exigence qui a enfanté le 24 mars 2024, date charnière de la première rupture actée par le peuple souverain d’avec le statu quo ante. Ne pas comprendre cela ou refuser d’admettre que le peuple sénégalais est mature et résolu à prendre son destin en mains, c’est oublier d’où l’on vient : le départ de Macky Sall du pouvoir, en dépit de toutes les manœuvres, apparentes et souterraines, a fait la preuve de la détermination de la jeunesse sénégalaise, force d’avenir. La fin de non-recevoir opposée à l’organisation de sa succession à sa convenance ; la mise à la retraite anticipée de toute une caste de politicards professionnels qui ont retardé l’essor de notre pays depuis si longtemps ; sont le signe que tout va changer et que rien ne devrait plus être comme avant.
La jeunesse sénégalaise a donné un signal fort, de détermination et d’adhésion au courant alternatif incarné par Pastef, porté par Ousmane Sonko et ses compagnons, consacré par l’accession à la magistrature suprême de Bassirou Diomaye Faye, 5ème président de la République du Sénégal. Cela est la réalité dont il nous faut tenir compte dans nos analyses mais surtout dans nos postures pour le quinquennat en cours.
Que veut le peuple ? Des emplois. Mais à quel prix ?
Au pris d’une rupture systématique d’avec les enrichissements, illicites ou sans cause, dont les rapports des corps de contrôle rendent compte à nausée… En attendant que la justice se saisisse pour situer les responsabilités dans les dérives, inadmissibles, notées quant à la gestion du bien commun. Aucun passe-droit, aucune indulgence ne serait tolérable face à la désinvolture de certains responsables, clairement identifiés, en attendant que leur culpabilité soit établie. Le peuple souverain n’admettra, sous aucun prétexte, la mansuétude face à des crimes économiques qui pourraient hypothéquer l’avenir de toute une nation. Et, sous ce rapport, il faut éviter la tendance au « Masla », compromis et/ou compromission, pour ménager la chèvre et le chou. Après la jouissance et les réjouissances, il convient pour les bénéficiaires de payer la note. Juste la note. Sans excès à rebours. Ni traque à géométrie variable comme nous en avons connu dans un passé récent. Mener une lutte, sans merci, contre la corruption qui est la sève nourricière de toutes les formes de brigandages économiques et sociales est une exigence majeure sortie des urnes le 24 mars 2024 : Ne l’oublions jamais.
Cela dit, et dans le même temps, il faut surtout construire l’avenir. Donner corps aux rêves de notre peuple : le nourrir par le travail de ses paysans, l’habiller par le savoir-faire de ses tisserands, et couturiers, construire des demeures écoresponsables par la création de chaînes de valeurs innovantes dans les matériaux et techniques de construction locaux. En un mot : développer notre pays. Tout cela est à notre portée. Aucun pays au monde ne se développe, de manière durable, sans la valorisation de son génie propre par la transformation qualitative de ses ressources humaines et naturelles. A cet égard, les créateurs africains et plus particulièrement sénégalais ont beaucoup de mérite. Il reste à apporter les leviers économiques à l’essor de filières entrepreneuriales endogènes qui soient le socle d’un tissu économique véritable. Compter sur nos propres forces, c’est le sens profond du mot indépendance…
Only the sky is the limit !
Pour dire que, moins de deux mois après le changement à la tête du pays, il appartient aux 54% des électeurs sénégalais, qui ont voté pour le changement, de convaincre les 46%... hésitants, que le temps de se retrousser les manches, à tous les niveaux, est venu. Rien ne nous tombera du ciel. Il nous faudra beaucoup de rigueur, et d’efforts soutenus, pour changer de cap et décoller. « Il n’y a pas de destins forclos, il n’y a que des responsabilités désertées… », aimait nous rappeler le poète Hamidou Dia.
C’est temps aussi, de mettre en garde certains politiciens professionnels qui se répandent, déjà, dans les médias pour y répandre la mauvaise parole : ils feraient mieux de prendre un peu de recul, pour prendre la pleine mesure du désaveu infligé le 24 mars 2024. Se donner le temps et les moyens de comprendre et… de changer. Car tout ce qui est arrivé était prévisible. Tant l’arrogance était devenue insupportable ! Tant l’insouciance et la vanité semblaient le gage d’une impunité définitive…
Aujourd’hui, nous devons transformer l’enthousiasme de la jeunesse de notre pays en force motrice dans tous les secteurs de la vie nationale. Le président de la République et son Premier ministre nous donnent, tous les jours, des raisons d’espérer et de croire que tout est désormais possible. En dépit de certains grincements de dents, par-ci par-là, la dynamique en cours est jugée bonne par la plupart des observateurs de bonne foi. La répartition des rôles au sommet est claire et lisible. Le gouvernement est à pied d’œuvre et la réactivité des ministres, qui n’hésitent pas à descendre sur le terrain, est à saluer. Leur exemple devrait être suivi, à tous les niveaux, pour rapprocher l’administration des administrés. Au jour le jour, les équipes se constituent. A un rythme satisfaisant. Mais, et il faut le dire clairement : les bastions tenus par les soutiens affirmés de l’ancien régime doivent faire peau neuve, et faire l’objet de nouvelles affectations. Les femmes et les hommes qui ont cru au changement, et combattu pour qu’il advienne, doivent être responsabilisés et mis à l’épreuve. Ce ne serait que Justice. Dans toutes les démocraties du monde, une alternance politique conduit à des changements profonds, tant dans l’administration centrale qu’à la tête de toutes les entreprises stratégiques. Notamment, lorsque les choix politiques des responsables qui les dirigent ne correspondent pas à ceux des nouvelles autorités. Aucune esthétique moralisante ne doit conduire à retarder la prise en charge de cet impératif.
Il demeure que les cadres administratifs ont vocation à servir l’État. Sous tous les régimes. Surtout lorsque leurs compétences sont avérées. Aucune discrimination ne doit les isoler ou les stigmatiser à priori. Bien au contraire. Mais le Sénégal est un petit pays, la haute administration publique et privée est un microcosme où l’on sait qui est qui. Le sens du discernement de nos autorités fera le reste. Au demeurant, et dans Le meilleur des mondes, certains responsables devraient avoir à cœur de rendre le tablier sans nul besoin de se le faire arracher. Question de point de vue.
En attendant, trouvons les voies et les moyens d’une défense en ligne de cette alternance, porteuse d’alternatives dans tous les domaines, et que personne ne nous en fasse douter. Cinq ans. C’est le temps que nous avons pour transformer l’essai et faire la preuve que, sur le continent africain, une… révolution… démocratique peut s’opérer par les urnes. Pour les générations montantes, ce serait le viatique le plus puissant et le plus refondateur pour l’avenir. Cinq ans, c’est peu. Mais nous pouvons et devons, pendant ce temps, rendre irréversible la volonté du peuple de toujours exiger mieux et plus de ses mandants.
Retourner en arrière, sombrer dans l’apathie des douze dernières années, malgré une frénésie infrastructurelle, ne doit plus être possible. A chacun d’entre nous de donner corps à cette résolution.
En mettant les femmes au cœur de toutes les politiques, le Sénégal continue de jouer sa partition dans la restauration et le renforcement de la démocratie africaine plus, cette démocratie qui met l’humain au centre de toute politique
Le vendredi 5 avril 2024, M. le Premier ministre Ousmane Sonko a rendu publique la liste des membres de son gouvernement composé de 25 ministres dont quatre femmes.
Le ministère de l’Intégration africaine et des affaires étrangères : il représente l’Etat dans les instances compétentes de la Cedeao et de l’Union africaine. Il assure la mise en œuvre, le suivi et la coordination avec les départements ministériels compétents, des politiques d’intégration sous-régionales et régionales africaine.
Le ministère de la Jeunesse, des sports et de la culture : il assure la coordination de la mise en œuvre du programme d’urgence pour l’insertion socioéconomique et l’emploi des jeunes, encourage la promotion sociale des jeunes et veille au développement des activités socio-économiques. Pour la première fois, un ministère réunit ces trois domaines et est confié à une femme. Le ministère des Pêches, des infrastructures maritimes et portuaires : il a pour mission l’élaboration et la mise en œuvre de la politique définie par l’Etat en matière de protection et surveillance des pêches maritimes et continentale, ainsi que du contrôle et du renforcement de la sécurité de la pêche artisanale. Ce ministère est pour la première fois géré par une femme.
Le ministère de la Famille et des solidarités : entre autres missions, est chargé d’identifier et de mettre en œuvre les mesures requises pour la préservation des valeurs familiales. Il conduit la politique de promotion de la femme et de lutte contre les discriminations à l’égard des femmes. La Constitution du Sénégal, en son article 17, stipule que :
«-Le mariage et la famille constituent la base naturelle et morale de la communauté humaine. Ils sont placés sous la protection de l’Etat ;
-L’Etat et les collectivités publiques ont le devoir de veiller à la santé physique et morale de la famille, et en particulier des personnes handicapées et des personnes âgées ;
-L’Etat garantit aux familles en général et à celles vivant en milieu rural en particulier, l’accès aux services de santé et au bien-être. Il garantit également aux femmes en général et à celles vivant en milieu rural en particulier, le droit à l’allègement de leurs conditions de vie.»
Comment peut-on définir la famille ?
La famille, telle que définie par le professeur Moustapha Mbodj, expert en politiques sociales (2021), dans son livre intitulé La politique sociale en Afrique noire francophone : des enjeux aux opportunités, peut être considérée comme le contexte et le moyen d’expression des solidarités imposées et prend souvent le nom de principal mécanisme de reproduction sociale, qu’il appelle «instance principale de validation dans les sociétés africaines».
La famille est le contexte et le moyen par lequel une société transforme le milieu et aide chacun de ses membres à épanouir ses potentialités en :
-Assurant un contexte de vie qui permet à chaque membre de développer ses capacités d’insertion dans la vie sociale en tant que droit humain et dans le processus de décision à tous les niveaux de promotion de la bonne gouvernance ;
-Adaptant ses moyens de protection contre la violence domestique et de solidarité de manière à permettre l’épanouissement optimal de tous ses membres ;
-Développant de manière dynamique, les aménagements permettant la création d’opportunités égales dans l’accès aux ressources financières, à la protection sociale pour tous ses membres. Ce qui revient à dire que la fonction première de la famille est toujours l’assistance et la protection de ses membres vulnérables, que le législateur a organisée et transformée en solidarité obligatoire.
En se référant à cette définition, force est de constater l’importance qui est accordée à la femme dans ce gouvernement de par le rôle et la position qu’elle occupe. Rien que le ministère de la Famille et des solidarités confié à une femme, avec ces missions, montre à suffisance la valeur accordée à la femme. Et, tous les ministères gérés par les hommes concourent à la réalisation des objectifs de ce ministère.
Comme le dit Cheikh Anta Diop (1974) dans son livre Les fondements économiques et culturels d’un Etat fédéral d’Afrique noire, la femme a toujours occupé une place de choix dans la société, car elle est mère de famille. Ceci, depuis l’Egypte pharaonique à nos jours. Il nous rappelle que dans l’armée de Béhanzin, ce sont les femmes qui définissaient la stratégie de guerre pendant la nuit, et le jour, les hommes l’appliquaient. C’est ainsi qu’il nous parle de l’existence en Afrique du «bicaméralisme» spécifique reposant sur la dualité des sexes. Qui, loin d’entraver la vie nationale et d’opposer les hommes et les femmes, garantissait l’épanouissement de tous.
En mettant les femmes au cœur de toutes les politiques, le Sénégal continue de jouer sa partition dans la restauration et le renforcement de la démocratie africaine plus, cette démocratie qui met l’humain au centre de toute politique.
Cette démocratie qui décontracte la société humaine en la libérant d’une contradiction latente et millénaire. Comme il le dit, restaurer ce bicaméralisme de nos aïeux sur une base moderne consiste à trouver ensemble, avec les femmes, à l’exclusion de tout esprit démagogique, un mode de représentation vraiment efficace de l’élément féminin de la Nation.
Que l’on soit homme, femme, personne handicapée, jeune, on doit avoir tous les mêmes chances d’étudier, de travailler et de réussir. On doit pouvoir occuper n’importe quel poste ou position, si tant est que les conditions soient réunies.
En définitive, le plus important est que l’équipe qui dirige le ministère de la Famille et des solidarités, avec à sa tête une femme, soit consciente du lourd fardeau qu’elle porte. Ce ministère, à lui seul, représente le pays, la Nation dans son entièreté et sa globalité. Il doit travailler en synergie avec tous les secteurs, tous les ministères, pour atteindre son objectif de promotion de la femme.
De la femme qui ne doit pas être chosifiée, mais de la femme mère de famille. De la femme qui a la responsabilité de la réussite de l’enfant, de la femme qui peut pousser le mari à aller de l’avant, de la femme qui peut rendre la famille stable et sereine, de la femme sans qui aucun développement n’est possible.
Sur ce, mesdames les ministres, nous vous souhaitons plein succès dans vos missions, car vos réussites seront la réussite de la Nation sénégalaise.
Par Mamadou NDAO
RENVERSEZ LA TABLE !
Jub, Jubbal Jubbanti vous avez dit ? Osez aller jusqu’au bout
Jub, Jubbal Jubbanti vous avez dit ? Osez aller jusqu’au bout
Un Peuple ne se trompe jamais, disait le poète. Le Peuple sénégalais, en décidant d’élire au premier tour, avec 54, 29% des suffrages, Monsieur Bassirou Diomaye Faye comme 5ème président de la République du Sénégal, avait lancé un message puissant au Sénégal, et au monde
Monsieur le Président, vous allez prendre sur vous de nous faire mal pour notre bien, en optant pour le Jub, le Jubbal et le Jubbanti. Le sens de ce tryptique est profond et sans ambages.
Il commence par être réflexif, c’est-à-dire s’adresse à vous-même. Vous avez montré des gages, ceux qui vous connaissent en témoignent, ceux qui vous ont élu ont adhéré à votre «Projet» dont ce tryptique en constitue la trame. Là n’est pas le problème.
Là où beaucoup d’attentes, d’appréhensions, voire d’interrogations se font jour, c’est bien la volonté politique de conduire ce vaste chantier du «Jubbal», je dirais de la rectitude de la conduite. Je sais que vous avez lu Descartes qui, dans son «Regulæ Ad Directionem Ingenii», trace, ne serait-ce que de manière indicative, les axes qui doivent conduire, par une réflexion profonde, à la vérité. Je ne parle pas de l’irrationnel dans lequel le conservatisme ambiant veut nous engager, sous le prétexte d’un juridisme qui nous a conduit à l’état actuel de profonde exaspération, voire de déprime où nous sommes, et qui conduit des milliers de jeunes à l’exil ou dans la béance des profondeurs de l’Atlantique. Il faut mettre un terme à cette tragédie du siècle, par la Justice et la justice sociale. Ce n’est pas la même chose, vous le savez bien pour l’avoir vécu. Les forces d’inertie qui ont «miné» tous les segments de progrès du pays (Administration, secteur privé, société civile lato sensu, acteurs politiques…) ne vous feront pas de cadeau. Elles sont à la manœuvre pour vous faire échouer. Il vous faut faire «échec à l’échec», pour reprendre les propos de notre regretté aîné Babacar Touré, président du Groupe Sud Communication.
Les premiers actes que vous avez posés me laissent croire que vous avez pris le bon chemin, à l’instar de certains de vos prédécesseurs à leurs débuts. Hélas, que d’espoirs ont-ils déçus !
Vous avez touché du doigt là où ça fait mal, là où vous êtes attendu. L’accaparement des ressources du pays par un clan, qui s’auto-reproduit à la vitesse des «piranhas», ce poisson vorace des fonds des rivières et lacs d’Amérique du Sud ; clan qui, comme ces bestioles, démembrent, déchiquettent et se partagent leur proie d’un appétit inégalé, ne laissant sur place qu’une mare de sang. La métaphore n’est pas excessive. C’est l’image que renvoie cette prédation, qui se nourrit du sang de braves gens qui, à force de lutter, se sont agrippés au dernier espoir que suscitent ces jeunes dirigeants issus de l’école publique que représentent Sonko-Diomaye ou vice-versa et les autres.
Il ne peut y avoir une quelconque illégalité, lorsque l’acquisition d’un bien ou d’un privilège s’est faite sans cause. Je me réjouis de la contribution du Pr Samba Traoré de ce 2 mai 2024 concernant la décision révolutionnaire du Président Bassirou Diomaye Faye d’ordonner l’arrêt de tous les travaux sur tous les sites objets d’une suspicion de prédation foncière en toute illégalité, notamment sur le domaine public maritime.
Des voix intéressées, les mêmes qui se dressent toujours de manière suspecte en de pareilles circonstances où le vent de changement véritable souffle sur le pays, ne manqueront pas de s’élever pour parler de «chasse aux sorcières ou de droits acquis». Il n’y a pas de chasseur, encore moins de sorcières. On ne peut asseoir un droit sur une illégalité doublée d’une illicéité !
De qui se moque-t-on ? Où est-ce qu’ils étaient ceux-là pendant qu’un groupuscule faisait main basse sur le foncier, et notamment le littoral, au vu et au su de tout le monde ? Où est-ce qu’ils étaient pendant que les différents régimes et leurs partisans s’octroyaient des libéralités et s’enrichissaient sans cause ?
Il faut un début à tout, et de grâce que le nouveau gouvernement ne se laisse pas distraire par des débats sans prise sur le réel, que certains nostalgiques veulent nous imposer du haut de « leur science»
Que fait-on du sort des producteurs de Lendeng, de Ndinguelèr, de Sangalkam, de Mbane, ou des usagers des 7 plages de Dakar, Pointe Sarène, Mbodiène, du sort de Mbour 4... On en a le vertige à force d’énumérer les sites spoliés. Le mal est profond, il faut des solutions radicales, bien sûr légales, mais sans faiblesse, ni haine, mais pour simplement rendre Justice.
Monsieur le Président, on vous encourage, car vous allez vous faire mal vous aussi, vous n’avez pas le choix, et on vous a à l’œil. On le sait, car le Sénégal est un tout petit pays, où tout le monde quasiment est parent direct ou par alliance, mais vous n’avez pas le droit de différer un problème que certains ont qualifié de «bombe foncière».
Renversez la table, disais-je. Vous allez éclabousser certainement dans votre entourage, ce sera pour l’exemple, le bon exemple pour tous. Vous allez aussi rétablir certains dans leurs droits. Oui ! Vous serez juste alors, et l’histoire retiendra que fort de la légitimité du suffrage des électeurs dans leur écrasante majorité, vous avez répondu à l’appel des cœurs meurtris par tant d’arrogance et de mépris, qui ne demandent qu’à vivre de leur force de travail pour gagner dignement leur vie. Qu’y a-t-il de plus normal ?
Le Peuple vous a fait confiance dans l’espoir que vous saurez la mériter en étant Jub, en conduisant le destin de ce pays dans la rectitude qui sied et en redressant les torts subis par les veuves, les orphelins et les néwgui doolé du fait des puissances «économiques, politiques et coutumières»
Jub, Jubbal et Jubbanti pour un Sénégal souverain, juste et prospère, n’est-ce pas ?
Mamadou Ndao
Juriste consultant
Expert en Communication Diplômé des Universités de Paris 1 Panthéon Sorbonne et Montpellier1