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7 mars 2025
Opinions
Par Me François JURAIN
ILS SONT BIEN MORTS A CAUSE DE LA FRANCE!
POUR ou A CAUSE DE? Il serait quand même grand temps que la vérité éclate au grand jour, cette vérité en fait que tous les gens de bonnes foi connaissent.
POUR ou A CAUSE DE? Il serait quand même grand temps que la vérité éclate au grand jour, cette vérité en fait que tous les gens de bonnes foi connaissent. D’un côté, des valeureux soldats qui sont allés se battre, au risque de leur vie (car les places qu'on leur avait attribuées dans cette guerre, n'étaient pas au fond du front, mais bien devant, la place de ceux qui tombent en premier) et venaient, peut-être un peu énervés, nul ne sait, mais il y a de quoi, réclamer leur juste dû qu'ils n'auraient même pas dus être contraints de réclamer. De l'autre côté, un militaire fou et raciste, qui ne leur accordait même pas un soupçon de considération, et qui les a fait abattre, comme des animaux, certainement dans un grand éclat de rire. Quand on est fou, raciste, on est aussi con, ça marche ensemble, et dépourvu de toute humanité. Les uns sont morts, enterrés à la va-vite dans une fosse commune pleine à ras bord. L’autre a été, certainement si cela n'avait pas déjà été fait, décoré de la légion d'honneur.
Voila la triste réalité, que tout le monde connait, mais que certains veulent ne pas voir, ne pas entendre, et ne pas savoir. Alors, on applaudit des deux mains lorsque le Président MACRON reconnait que cinq soldats africains sont "morts pour la FRANCE"? A l'hypocrisie, était-il besoin de rajouter de la bêtise? Ces guerriers, qui n'avaient rien à faire là-bas, en FRANCE, car ce n'est pas leur pays, ils n'étaient en rien concernés par ce conflit, que l'on est venu chercher, dans l'espoir qu'ils se feraient tuer à la place d'autres, blancs ceux-là, ne sont pas morts POUR la FRANCE. Non, ils sont morts A CAUSE DE LA FRANCE, ce qui n'est pas pareil, voire même très différent.
Alors, tout ce temps pour reconnaitre que certains "coloniaux" se sont conduits d'une manière abominable, comme des criminels, qu'en tant que militaires, ils auraient dû être fusillés sur le champ, la FRANCE, dans cette histoire, ne s'en sort pas glorieuse. Et il serait grand temps que les historiens sénégalais - hé oui, Monsieur le Président MACRON, au SENEGAL, il n'y a pas que des parrains mafieux, pour lesquels vous semblez avoir beaucoup d'affection, il y a aussi des chercheurs, des professeurs, érudits, des historiens qui sont capables de mener à bien avec leurs collègues français, les travaux nécessaires à la manifestation de la vérité pour peu que vous leur laissiez la possibilité d'accéder aux archives "secrètes"- pourquoi secrètes d’ailleurs ? Auriez-vous quelque chose à cacher ?-. Quand même, un peu de décence et de dignité, parfois, cela ne fait pas de mal, et la FRANCE s'en sortirait grandie.
Personnellement, je suis vieux et blanc, je suis scandalisé et outré du comportement de mon pays d'origine dans cette affaire. Alors, Monsieur le Président MACRON, comprenez-vous qu'un jeune et noir soit révolté? Si un jour, sait-on jamais, vous vous posez la question de savoir pourquoi les Africains n'ont plus trop envie de voir la FRANCE, sur leur territoire, venez, on vous expliquera!
On annonce votre visite pour la commémoration de ce douloureux évènement. D’avance, je sais que vous allez faire un beau discours, il n'y a que cela que vous savez bien faire. Mais eux, ce qu'ils veulent, c'est connaître l'exacte vérité de ce qui s'est passé. Ce que l'on veut tous, c'est la confirmation que ce que l'on doutait que cela ce soit passé, le comble de l'horreur, s'est bien passé. C'est tout.
Alors, du cinéma, il va y en avoir, des tremolos dans la voix du Président Français, pas de problème, on sera servi. Ne manquera qu'une chose de la part de ce Président: de la dignité face à un crime odieux, scandaleux, ordonné et dirigé par un militaire de l'armée Française. C'est dommage.
Par Mamadou Ndiaye
CONNIVENCES
Le terrain commande, disent les militaires… En le délaissant pour privilégier les plateaux audiovisuels et leurs débats insipides, les médias ont accrédité leurs faiblesses absolues.
Le terrain commande, disent les militaires… En le délaissant pour privilégier les plateaux audiovisuels et leurs débats insipides, les médias ont accrédité leurs faiblesses absolues.
Ce petit « jeu trouble » a secrété dans l’opinion des jugements hâtifs qui, en s’agrégeant, donnent le sentiment d’une vérité. D’une vérité aléatoire néanmoins… Certes des journalistes séniors ont déserté les rédactions pour des raisons diverses. Mais des jeunes sont arrivés en grand nombre pour se faire la main et s’imposer.
L’orgueil muet des uns et l’audace affichée des autres illustrent la situation de l’écosystème médiatique caractérisé de nos jours par une frappante fragilité d’ordre structurel. De part et d’autre, d’excellents professionnels ont surgi à toutes les étapes de ce long parcours de la presse sénégalaise.
Dans leur propos, affleurent souvent des critiques acerbes qui mettent à nu le mode de gestion des organes. Tout tourne autour du fondateur, du créateur, de l’inspirateur. Engoncé dans des certitudes, ce dernier agrège des individus et porte moins attention à « fédérer » des compétences et des talents. Il plastronne en patron, la connotation péjorative importe peu.
Du reste, le vocable recouvre plus de sarcasmes que d’éloges… Une telle option de gouvernance masque un « héroïsme individuel» qui ne dit pas son nom. Pour être clair, l’esprit d’entreprise n’habite pas la presse. Ou alors s’il y est, sa présence s’avère récente et encore balbutiante voire tatillonne.
Ces pratiques, qui relèvent du geste d’apparat et d’un autre âge, créent des distorsions au sein des rédactions et des groupes. La vraie césure gît là. Elle est béante. En plus, elle obère les chances de cohérence et d’unité d’un secteur très chahuté. A cet égard, aucun groupe de presse ne bénéficie d’un excès d’honneur.
À plusieurs, ils ne trouvent pas grâce auprès des divers publics qui constituent l’ossature de leurs audiences de référence. Aujourd’hui, ces mêmes publics brûlent ce qu’ils ont jadis adoré. Le savoir, c’est déjà renouer avec la sagesse et ensuite retrouver une posture d’humilité, deux des facteurs qui ont contribué à asseoir la crédibilité de la presse sans perdre la face devant les féroces appétits de puissance de forces en embuscade.
Qu’elles soient politiques, économiques, financières, sociales ou occultes, ces forces entretiennent des rapports bivalents avec les médias. Pour acquérir des positions dominantes ou prestigieuses, elles se lient à eux. Une fois leur but atteint, elles s’en éloignent, les snobent ou au pire les démantèlent.
Surtout celles qui ont conquis le pouvoir et n’entendent pas le partager et ne voudraient pour rien au monde accroître ou parachever l’indépendance de ces médias. Lesquels apprennent à leur dépens que leur proximité avec les détenteurs de pouvoir s’est souvent réalisée à leur détriment.
Tout en faisant toujours preuve de prévenance jamais ces médias n’ont été payés de retour. D’ailleurs devraient-ils l’être ? Pas si sûr. En revanche, ce que tomber et se relever veut dire ouvre un large champ de possibles. Un contre-pouvoir qui s’ignore. Hélas !
Le milieu est infesté. Pire, il est gangrené. En son sein, des journalistes faussaires, autrement dit des maîtres chanteurs, existent et pullulent. Ils naviguent entre plusieurs foyers de jouissance. Ils ont surtout prospéré du temps du régime libéral, très peu regardant sur les torts qu’il causait à une profession abasourdie par l’outrecuidance des vainqueurs d’alors qui ne « se fixaient aucune limite » si ce n’est le ciel.
La plupart des « petits chefs » qui allaient émerger par la suite se sont arrogé des licences de radio, ont crée de toutes pièces de piteux journaux dans l’ultime dessein de défendre une « zone de non droit », de descendre en flamme adversaires, concurrents et ennemis avec, à la manœuvre, des hommes liges de triste et funeste réputation.
Ils ont porté un suspicieux tort à la société sénégalaise et causé de grands dommages jusque-là irréparables. Le libéralisme a lâché des fauves qui ont essaimé partout ne laissant comme empreinte qu’un embrouillamini provenant de bouches à l’haleine fétide.
Par imprudence certains acteurs des médias ont procédé à des calculs de sympathies au gré des alternances. Ils n’ont pas hésité à plaire aux puissants du jour et à miser sur ceux du lendemain. Contorsions, pardi !
Bien évidemment ces vieux réflexes frisent le louvoiement, conduite tortueuse qui vaut à ses adeptes, côté pile ou face, des sourires carnassiers ou des bras d’honneur. Un homme de cour en rajoute toujours dans la flatterie, dans l’excès, dans la servilité et le moutonnement. Puisqu’il s’agit d’un choix de vie gardons-nous de titiller leurs options.
Mais des dirigeants de presse perclus de compromissions trainent aussi des remords professionnels. Car ils flottent au vent comme des girouettes et s’en sortent par des pirouettes. Parviendront-ils à se libérer des conditionnements ? La sincérité engendre l’exemplarité fort utile en ces temps de soupçons généralisés et de transgression de tabous.
On ne fait de politique autrement que sur des réalités. Les publics se montrent plus sévères. Ils peuvent même sanctionner en s’abstenant de consommer les médias si les contenus ne répondent pas à leurs attentes. Nous en avons eu un bref aperçu lors de la journée sans presse de la semaine dernière. Après tout, « les défauts de l’information valent mieux que le défaut d’information. »
Ainsi, la versatilité des lignes éditoriales ne différencie plus les organes qui, du fait justement de ces inflexions, perdent en cours de chemin, tout crédit, toute confiance sans compter l’érosion des audiences, plus difficiles à reconquérir une fois qu’elles lâchent prises.
En outre, la presse devient moins curieuse ce qui appauvrit son offre et rétrécit son espace d’influence. Pourtant les sujets de dossiers, d’analyse, d’enquête ou de reportage ne manquent pas. Cette absence d’audace et de culot fige les supports qui se disputent un maigre « butin » sans consistance.
Par ailleurs, une idée assez répandue au Sénégal soutient que les médias ne sont pas rentables. Voilà une aveuglante opinion, de surcroît fausse, que relayent même sans précaution des acteurs de la presse, et non des moindres ! La paresse endort la conscience.
Les mêmes, bardés de convictions, prônent encore une refonte du modèle économique des médias sénégalais ! A quelle fin ? Cette absurdité économique va nous plomber pour longtemps si l’idée est retenue. Le business model, c’est ce qui convainc banquiers, financiers, partenaires et fournisseurs.
Nous allons droit dans le mur si nous nous entêtons, par esprit grégaire, à trouver une solution commune à tout l’univers des médias. Chaque groupe de presse construit son succès propre. Les formidables progrès techniques, l’évolution de la technologie et la rapidité des transmissions offrent aux médias des opportunités de relance ponctuées d’adaptation pour gagner les défis du futur par une nette amélioration de la qualité des informations destinées aux publics.
La survie et l’agonie rôdent. Mais le déclic de projection peut venir d’une créativité qui associe contenu, détente, publicité, imagination fertile et productivité des journalistes. Nous pourrions même nous passer de l’aide de l’Etat si le bon sens gouvernait les esprits : le service public de la télévision et de la radio, financé par l’argent du contribuable a vocation à réaliser des productions de qualité moyennant un cahier de charge qui le circonscrit à son budget et à l’apport des démembrements de l’Etat.
Le secteur privé, débarrassé de ses approximations, pourrait s’adjuger la publicité privée au détour d’un appel d’offre savamment orchestré par des règles intangibles de transparence et d’équité.
Tous n’auront pour arbitre que le marché ! Et la liberté de ton des médias sera sauve en toutes circonstances pour l’animation du débat démocratique…
Par PENE El Kabir
LE SPORT : UNE ÉCONOMIE VERTUEUSE POUR UN DEVELOPPEMENT DURABLE ET UNIVERSEL
Le sport, bien plus qu'un simple loisir ou divertissement, constitue une composante essentielle de l'économie moderne.
Le sport, bien plus qu'un simple loisir ou divertissement, constitue une composante essentielle de l'économie moderne. Il se révèle être un modèle économique exemplaire, car il favorise une croissance qui respecte et enrichit les ordres sociaux, environnementaux et relationnels. Contrairement à certains secteurs économiques qui peuvent générer des externalités négatives, l'économie du sport, lorsqu'elle est bien structurée, a un impact positif et durable sur les communautés, les écosystèmes, et les dynamiques sociales.
Tout d'abord, sur le plan social, le sport joue un rôle fondamental en tant que vecteur de cohésion et d'inclusion. Il rassemble les individus, transcende les différences culturelles, ethniques et sociales, et promeut des valeurs universelles telles que le respect, la solidarité et l'équité. Ce rôle prend tout son sens lors des Jeux Olympiques, où l'universel devient une réalité tangible. Ces moments permettent aux nations du monde entier de se rencontrer, de se mesurer les unes aux autres dans un esprit de paix et de fraternité, illustrant la puissance du sport à unir l'humanité. Une économie du sport prospère engendre des bénéfices qui se traduisent par des investissements dans les infrastructures sportives, l’éducation et la santé publique. Ces investissements, à leur tour, contribuent à la réduction des inégalités et au renforcement du capital social, des éléments cruciaux pour une société équilibrée et prospère.
Sur le plan environnemental, le sport peut être un moteur de développement durable. Des événements sportifs bien organisés et respectueux de l’environnement incitent à la création d’infrastructures écologiques, à l’adoption de pratiques responsables et à la sensibilisation des masses aux enjeux climatiques. L'économie du sport encourage donc l'innovation dans les technologies vertes, le recyclage et la gestion durable des ressources. Ainsi, loin d'être une menace, une économie sportive dynamique peut être un levier pour la préservation de l'environnement et la promotion de modes de vie plus durables.
Enfin, sur le plan relationnel, le sport renforce les liens entre les nations et les individus. Les événements sportifs internationaux, tels que les Jeux Olympiques, favorisent les échanges culturels, économiques et diplomatiques. L'économie du sport stimule le tourisme, attire des investissements étrangers, et encourage la coopération internationale. Ces interactions génèrent une valeur ajoutée qui dépasse largement le cadre strictement économique, créant des ponts entre les peuples et consolidant la paix et la compréhension mutuelle.
Le sport représente une économie vertueuse qui non seulement évite les impacts négatifs sur les ordres sociaux, environnementaux et relationnels, mais qui, au contraire, contribue à leur croissance et à leur renforcement. En investissant dans le sport, les nations peuvent non seulement dynamiser leur économie, mais aussi promouvoir une société plus inclusive, un environnement plus sain, et des relations internationales plus harmonieuses. C'est cette synergie unique, magnifiée lors des Jeux Olympiques, où l'universel devient une réalité, qui fait du sport une force positive et une économie exemplaire pour le développement durable global.
PENE El Kabir
LANCIEN INTERNATIONAL DE BASKET
Par EL H. Abdoulaye SALL
LE NOUVEAU RÉGIME A BIEN TROUVÉ UN ETAT EN RUINES
Les Sénégalais de bonne foi le savent : il n’est pas besoin d’attendre encore quelques rapports d’enquêtes ou d’audits que ce soit pour savoir qu’il y’a encore d’autres crimes et scandales commis par le régime de Macky Sall
Les Sénégalais de bonne foi le savent : il n’est pas besoin d’attendre encore quelques rapports d’enquêtes ou d’audits que ce soit pour savoir qu’il y’a encore d’autres crimes et scandales commis par le régime de Macky Sall. Les Sénégalais s’impatientent pour la reddition des comptes, mais, lors de sa dernière sortie à la Patte-d’oie à Dakar, le premier Ministre, Ousmane Sonko a rassuré : « Nous avons trouvé un Etat en ruines et les Sénégalais en sauront quelque chose dans les jours à venir, et toutes les conséquences qui vont avec seront tirées ».
Il est étonnant que le mot « ruine » soit considéré comme un abus de langage qui ne serait pas fidèle à la situation du pays telle que laissée par le régime sortant. Or, vu l’ampleur du Mal, le terme « ruine » relève même d’un Euphémisme dans le discours pour atténuer la situation catastrophique du pays. Ainsi, prendre le mot au 1er degré pour comprendre « ruine » dans le sens de décombres, de débris d’édifices écroulés après une guerre ou par usure du temps comme les ruines de la cité de l’empire gréco-romain, relève de deux choses : de carence en langue française ou de mauvaise foi dans le seul et unique but de jeter l’anathème… en vain. Or, dans ces multiples connotations, et au regard du contexte d’énonciation, ruine recoupe avec déchéance, décadence, dégradation, perte (Le Robert, 2020) ; il peut s’agir, dans ce contexte, de ruine économique, de décadence institutionnelle, de dégradation sociale, de ruine morale, des situations de ruines plus dangereuses même que la destruction d’un bâtiment dont parle un chroniqueur de télé, qui pour étayer son argumentaire, cite les stades et autres édifices. Mesuré à l’aune des crimes et forfaitures commis sous le régime Macky Sall, qui ose dire que le régime sortant n’a pas laissé ce pays en Ruines ? Ruines morales, institutionnelles, politiques, économiques, judiciaires qui se sont métastasées dans l’ensemble des sphères de la société.
1. RUINES POLITIQUES ET ÉCONOMIQUES
En effet, le régime sortant a bien laissé un pays politiquement en ruine car jamais de mémoire d’éléphant le Sénégal n’a connu la crise des valeurs politiques au plus haut sommet, avec de la vilaine transhumance, des mensonges d’Etat colportés, des complots malsains, du népotisme flagrant. De mémoire d’éléphant, le pays n’a jamais connu un recul démocratique aussi alarmant que celui qui était en cours durant le règne de Macky Sall inauguré par une volonté éhontément déclarée de « réduire l’opposition à sa plus simple expression » et couronné par une période de terreur (qui peut en dire et en faire plus en matière de ruines démocratiques ! ». Notre démocratie n’a jamais autant souffert le martyr de parti d’opposition dissout, de ses membres radiés, traqués, malmenés, embastillés, exilés, abattus en pleine rue, drapeau à la main. Ruines politiques et constitutionnelles quand notre calendrier électoral, socle de la démocratie, a été allègrement déstabilisé par la tentative anticonstitutionnelle de briguer un 3ème mandat et le report dangereux de la date de l’élection présidentielle. Ils nous ont laissé un pays économiquement en ruines avec une paupérisation grandissante de la masse ; ruines des caisses de l’Etat avec des scandales financiers, fiscaux, fonciers, ruines de nos ressources bradées aux puissances étrangères. Ruines économiques par la corruption d’Etat cancérigène qui s’est propagée dans toutes les sphères de la société. Ruines ou carnages économiques, sous fond de ruines du système sanitaire, quand des centaines de malades périssent de COVID-19 alors que des centaines de milliards du contribuable qui leur étaient destinés sont impitoyablement détournés et engloutis par la mafia d’Etat.
2. RUINES DU SYSTÈME JUDICIAIRE
Le régime sortant a bien laissé un pays dont un pan entier du système judiciaire est ruiné car jamais de mémoire d’éléphant notre constitution n’a été tripatouillée, le code pénal et le code de procédure pénal torpillés. Jamais, l’impunité n’a été érigée en mode de récompense des délinquants affidés du pouvoir, etc…C’est sous le magistère de Macky Sall, que des juges d’instruction ont été sommés de décerner à tort et à travers des mandats de dépôt sans motif légal, des procureurs sommés de fabriquer de fausses preuves pour charger de dignes patriotes, des juges sommés de condamner avant de juger, de calomnier, de diffamer, de violer allègrement les droits les plus élémentaires des citoyens au mépris de leur intime conscience et de leur « serment d’intégrité, de dignité et de loyauté »… envers le peuple. Des juges qui, s’il leur restait une once de dignité, aujourd’hui, choisiront la roulette russe ou tout au moins, leur auto-radiation en attendant leur procès au lieu de mourir d’humiliation, voués aux gémonies qu’ils sont par le peuple sénégalais. Ruines quand des forces de l’ordre, avec des nervis opérant à leurs côtés, tirent à bout portant sur leur population civile désarmée, arborant le drapeau de la République, sans poursuite judiciaire. Ruines de la justice quand des décisions de justice, sur commande politique, causent un nombre incalculable de morts, de milliers de détenus politiques, des blessés et infirmes à vie, des familles brisées, des rêves ensevelis…
3. RUINES DE L’ETAT DE DROIT
Il y a bien ruine de l’Etat de droit là où nos institutions politiques ont été minées, notre système judiciaire vidé de sa substance, nos structures économiques pillées, nos hôpitaux transformés en mouroirs, nos écoles et universités fermées. Ruine de l’Etat de droit avec la confiscation des libertés individuelles pour l’instauration de la dictature. Ruine de l’Etat tout court quand tous ses appareils, toutes ses institutions, tous ses arsenaux militaires, sécuritaires, judiciaires, parlementaires, médiatiques, etc. sont mobilisés, non pas pour les urgences du pays mais pour liquider un seul homme, un espoir, un don de Dieu pour le peuple sénégalais, pour l’Afrique.
« Science sans conscience n’est que ruine de l’âme ». Rabelais ne parlait, certainement pas, de décombre de l’âme … mais bien de déchéance morale, de perte de la substance de l’humain, de sa conscience, de sa dignité, de ses valeurs. L’âme de l’Etat sénégalais a été ruinée par l’assassinat programmé de la démocratie et des institutions, l’âme de la nation sénégalaise, ruinée par la gestion ethnocidaire et destructrice de notre commune volonté de vivre ensemble. Macky Sall et ses partisans ont tout ruiné, on n’oublie pas le mot gouteu, précipice, chaos (mot le plus utilisé dans les derniers mois du régime moribond), dans lequel ils ont failli plonger le pays en essayant de confisquer la volonté populaire.
4. CE QU’ILS N’ONT PAS PU RUINER…
Ils ont tout ruiné sauf la détermination d’un leader politique éthique, responsable et inflexible, avec ses partisans, à la foi inébranlable et jamais éteinte dans le combat contre le système. Pour la démocratie. Pour la Liberté. Des patriotes dans l’armée, à l’honneur chevillé au cœur, des médecins résistants jusqu’au bout pour honorer leur serment, des juges et avocats intraitables dans leur principe , des résistants qui ont laissé leur vie ou leur carrière dans les rangs des FDS, des résistants opiniâtres dans les médias qui ont fait face aux manipulateurs d’opinions, des universitaires aux prises de position courageuse, des résistants, citoyens, activistes, connus ou anonymes, engagés corps et âmes dans les tranchées des rues et des réseaux sociaux, pour la défense de l’Etat de droit…jusque dans « la bataille épique de Kaffrine ». Voilà ceux qui ont sauvé le pays du chaos dictatorial dans lequel Macky, ses partisans et ses souteneurs allaient définitivement plonger le pays. Mais, par leur esprit de maturité et de grandeur ces résistants ont réussi, de la plus belle des manières (des élections présidentielles libres et transparentes imposées à un dictateur qui a abdiqué) à mettre hors d’état de nuire ces ennemis de la République pour sauver notre chère patrie, le Sénégal (Il est temps de leur rendre hommage). C’est donc bien dans les décombres d’un pays où des pans entiers de la politique, de la justice, de l’économie, de la sécurité, etc. sont en ruines que le nouveau régime a pris les rênes du pouvoir pour redresser la barque, reconstruire, redynamiser et faire progresser dans le sens d’un « Sénégal souverain, juste et prospère » (Le Projet).
PERSPECTIVES
L’heure de la politique politicienne est terminée, les partis politiques classiques, repaires de politiciens professionnels, dépassés par le peuple, sont obligés de formater leur système et de se mettre à jour au risque de disparaître. Le temps des manipulateurs de conscience (tok muy dox) est révolu. Les « experts en magouille » (doyen feu Kéba Mbaye, 1995) ou autres maitres chanteurs perdront leur temps ou disparaîtront. C’est le temps du travail. Les patriotes seront toujours vigilants pour protéger leur projet, leur rêve, autour de leurs leaders charismatiques. Les chantiers sont vastes vu l’ampleur des ruines, les attentes sont immenses, mais l’espoir est permis à la lumière des premiers actes posés, « le logiciel du système est en train d’être réinitialiser, les fondations remises, et les briques posées » comme l’a souligné le chef du gouvernement ; « pour hisser le bâtiment » le plus haut possible, il faut la mobilisation de tous. La tâche ne sera pas facile, parce que « c’est au plus bas de la fosse qu’il nous faut remonter, une remontée jamais vu », c'est Christophe qui parle. Il ajoute : « et pour cela, il faut que le pied s’arcboute, le muscle se tende, les dents se serrent » (A. Césaire, 1964), Le changement de paradigme de gouvernance et de gestion doit catégoriquement déboucher sur la ruine totale du système de prédation et de népotisme installé dans ce pays depuis les indépendances et qui a atteint son apogée avec le règne de Macky Sall. Voyez-vous, Monsieur, « ruine » peut même avoir une connotation méliorative.
par Ousseynou Nar Gueye
AVENIR DE LA PRESSE SÉNÉGALAISE : LE MINISTRE DE LA COMMUNICATION A TORT
Les revenus de la presse doivent aussi (et même surtout) venir de redevances sur les Télécoms et les acteurs numériques, de l'infotainment et du divertissement. Si Alioune Sall n'est déjà pas conscient de cela, nous sommes mal partis
Voici ce qu'écrit, vendredi 16 août 1024, Alassane Samba Diop, Directeur général d'E-Média Invest S.A, avec qui j'entretiens des relations de haute qualité : "il faut une révolution mentale en profondeur d'abord chez les journalistes qui acceptent d'investir le digital et l'IA, de se former au multimédia, d'accepter d'être des JRI (filmer, monter et diffuser) de revoir nos contenus en fonction de la demande du marché ! Ensuite, il faut revoir le système de rémunération comme cela se fait de plus en plus dans le monde ! Comment peut-on être embauché dans une entreprise de presse, créer à côté sa propre entreprise (sa chaîne YouTube avec des fois des prête-noms et détenir pratiquement 30% du chiffre d'affaires de votre entreprise et penser que l'entreprise peut équilibrer ses charges) cette situation de la presse appelle à un débat en profondeur pour s'en sortir !"
Voici la réponse que je lui adresse samedi 17 août 2024 :
"Cher frère Alassane Samba Diop, tu es patron de presse et tes propositions vont dans le bon sens, en faveur des voies et moyens concrets pour parvenir à une (r)évolution des mentalités dans la profession d'entrepreneur média" ou d'intrapreneur média", comme je choisis d'appeler désormais les journalistes, dont la corporation a fini d'être phagocytée, transmutée et retransformée par tant de nouveaux métiers connexes (et plus prospères) : influenceur, blogueur, médias citoyens, youtubeur, animateurs, et j'en passe.
Mais, je suis inquiet quand j'entends, vendredi 16 août 2024, le ministre sénégalais en charge de la Communication, Alioune Sall, en conférence de presse, affirmer placidement qu'il "ne prendra pas l'argent des Télécoms ou du numérique pour le donner à la presse" (sic).
Eh bien si, ministre Alioune Sall : dans le nouveau modèle économique de la presse, modèle en plein accouchement continu, parturition qui est un vrai "work in progress" depuis des années et qui ailleurs, a souvent mené devant les tribunaux, les revenus de la presse doivent aussi (et même surtout) venir de redevances sur les Télécoms et les acteurs numériques dont les GAFAM (mais pas qu'eux) dont les "tuyaux" et "autoroutes digitales" servent surtout à transporter de l'info (venant de la presse), de l'infotainment (venant aussi de la presse) et du divertissement (venant des "performers" des arts et des activités créatives et culturelles).
Redevances donc pour les créateurs de contenus dont la presse, et redevances qui n'ont rien à voir avec celles que doivent verser les Télécoms et acteurs numériques aux autorités de régulation et qui n'ont rien à voir non plus, avec les impôts qu'ils doivent à l'État.
Si le ministre Alioune Sall n'est déjà pas conscient de cela, nous sommes mal partis.
Ousseynou Nar Gueye est fondateur-éditeur du site d'info Tract.sn, éditorialiste et communicant.
LA TOUCHE POÉTIQUE DE Patrick Chamoiseau
INSAVOIR
La tension féconde où se nourrit l'artiste n'est pas dans l'opposition manichéenne (ombre/lumière), ni dans le comprendre le prendre ou le connaître. Elle est dans la présence simultanée, inextricable, antagoniste et solidaire
La tension féconde où se nourrit l'artiste n'est pas dans l'opposition manichéenne (ombre/lumière)
ni dans le comprendre le prendre ou le connaître
elle est dans la présence simultanée, inextricable, antagoniste et solidaire, de multiples forces majeures
lumière dans l'ombre
l'ombre vivant dans la lumière, etc...
insavoir habité
où le désir qui consume chaque artiste accède à création
s'ouvre alors au créateur non pas la joie de l'ordinaire mais celle de Spinoza
LA TOUCHE POÉTIQUE DE Patrick Chamoiseau
L'ENTRE
La différence au principe de l'union. Comme ça en sable et en écume. Se sentir se savoir exister dans tout et entre tout. S'en étonner sans fin. Vivre avec, dévivre aussi
se sentir se savoir exister dans tout et entre tout
s'en étonner sans fin
vivre avec dévivre aussi
créer comme ça.
LA TOUCHE POÉTIQUE DE Patrick Chamoiseau
LES NEUF MURMURES
Dessous la belle réalité, voici ce que murmurent les vagues à propos du réel : changement climatique, érosion de la biodiversité, perturbation du cycle de l’eau douce, perturbation des cycles du phosphore et de l’azote, érosion de la couche d’ozone...
Dessous la belle réalité, voici ce que murmurent les vagues à propos du réel :
1- Changement climatique
2- Érosion de la biodiversité
3- Perturbation du cycle de l’eau douce
4- Perturbation des cycles du phosphore et de l’azote
5 - Érosion de la couche d’ozone
6 - Diminution du couvert végétal
8- Augmentation des particules en suspension dans l’air
8 - Introduction d’entités nouvelles dans l’environnement
9- Acidification des océans.
par Yoro Dia
MONSIEUR LE PREMIER MINISTRE, DITES À VOTRE AMI CHGUEL MAÏGA DE BALAYER D'ABORD DEVANT SA PORTE
C’est insulter le Sénégal que de cautionner que Choguel Maïga nous donne des leçons de démocratie. Notre devoir est d’aider le Mali à retrouver sa démocratie, non de se lancer dans des compromissions comme le fait Sonko pour plaire aux activistes
Devant notre Premier ministre Ousmane Sonko, son homologue malien Choguel Maïga a osé qualifier le Sénégal de «démocratie théorique». Dans une démocratie théorique, on ne perd pas le pouvoir par les urnes, comme cela se passe souvent chez nous où l’alternance est devenue la respiration de notre démocratie et une banalité politique. Dans une démocratie théorique, l’élection est un simple mécanisme de légalisation du pouvoir (Corée du Nord) et pas de remise en jeu du pouvoir (Sénégal, Etats-Unis, France, Bénin, Ghana). Ni les extravagances de Choguel Maïga ni le silence coupable de Sonko ne sont des surprises pour moi. L’essence du patriotisme est de se dire mon pays d’abord, le fameux «right or wrong, my country». Donc un patriote, au sens vrai du terme, ne peut accepter qu’on dénigre, qu’on salisse son pays de façon aussi injuste et fausse. Le silence de Sonko confirme ou son manque de courage ou ses convictions profondes, témoignant ainsi de son projet de négation du Sénégal et de ses valeurs. Et comme son ami Choguel, il regrette que l’insurrection n’ait pas réussi pour que le Sénégal perde son statut d’exception qui hante certains, comme son ami et homologue malien.
Heureusement pour le Sénégal, que les Forces de défense et de sécurité ont vaincu l’insurrection, sauvé la République et poussé ainsi nos frères égarés de Pastef à retrouver le chemin de l’opposition légale. Le seul chemin qui, chez nous, permet d’accéder au pouvoir. Au Mali, l’Armée intervient souvent pour arbitrer des conflits politiques, ce qui est le contraire chez nous. C’est pourquoi le Sénégal n’a jamais connu de rupture anticonstitutionnelle, alors que «suspendre la Constitution» est devenu la mode dans la sous-région. Un Premier ministre véritablement patriote aurait invité Choguel Maïga à balayer devant sa propre porte. C’est insulter le Sénégal que de cautionner que Choguel Maïga nous donne des leçons de démocratie. Le Sénégal préfère les alternances démocratiques aux coups d’Etat. On n’a pas à culpabiliser parce que notre vieille démocratie fonctionne. En 2022, le Sénégal a organisé trois élections suivies d’une autre en 2024 qui se sont soldées par une multitude d’alternances, alors que le Mali a connu deux coups d’Etat en six mois et les élections n’y sont pas organisées depuis 10 ans. On voit nettement où se trouve la démocratie théorique. Le discours souverainiste et panafricaniste de Choguel Maïga et de ses acolytes n’est que du vernis idéologique pour légitimer la forfaiture des coups d’Etat.
Nous sommes tous des panafricanistes, mais nous préférons le panafricanisme démocratique à celui des putschistes. Jamais une aussi belle cause n’a eu des avocats aussi illégitimes. Le discours sur le souverainisme et le panafricanisme n’est que de la poudre aux yeux pour masquer la forfaiture des coups d’Etat et pour les activistes, un «soutien mercenaire» à la Russie. Le souverainisme ne saurait être un simple changement de maître blanc ou passer de supplétif français à supplétif russe, ou reprocher à Macron de ne pas s’être ingéré dans la crise politique au Sénégal comme l’a fait le Premier ministre Sonko en recevant Mélenchon. Le souverainisme commence par la souveraineté du peuple, et au Mali, elle est confisquée par une junte qui renvoie les élections aux calendes grecques. Le Mali a été une grande démocratie, et comme la Gambie, elle va retrouver ses réflexes et mécanismes normaux de démocratie dès que le virus kaki sera balayé par la vague démocratique qui s’annonce et qui emportera des dinosaures politiques comme Choguel dans les poubelles de l’histoire. Sonko, lui, au moins, est légitime parce que son parti a été élu démocratiquement, alors que Choguel Maïga est un passager clandestin qui pense instrumentaliser les militaires alors qu’il ne pèse rien politiquement et démocratiquement, si ce n’est servir de faire-valoir politique et idéologique. Le réveil a toujours été brutal pour les hommes politiques qui ont pensé utiliser les militaires comme voiture bélier sur le plan politique. Le Sénégal est viscéralement lié au Mali, mais nos régimes sont différents. Notre devoir est d’aider le Mali à retrouver sa démocratie, non de se lancer dans des compromissions comme le fait notre Premier ministre pour plaire aux activistes panafricanistes.
Monsieur le Premier ministre, avoir le sens de l’histoire, c’est comprendre que le printemps des coups d’Etat en Afrique de l’Ouest ne peut être qu’un intermède militaire en attendant la vague démocratique. C’est le Sénégal, avec ses alternances démocratiques et sa marche vers l’émergence, qui est dans le sens de l’Histoire. Dites-le à votre ami Choguel. Le retour à la démocratie est la seule voie de salut pour le grand peuple du Mali que les putschistes tirent vers le bas, alors que ce pays était dans l’avant-garde démocratique et historique. Le Sénégal restera dans l’avant-garde malgré la fascination de notre Premier ministre pour l’arrière-garde putschiste, alors que les élites et les peuples de ces pays sont fascinés par l’avant-garde démocratique sénégalaise qui bat en brèche les thèses fallacieuses des putschistes. La preuve en est que d’alternance en alternance, le Sénégal marche vers l’Emergence, alors que le Mali va de transition en transition et de recommencement en recommencement. Choguel Maïga a au moins compris que notre Premier ministre est tellement narcissique qu’il préfère qu’on dénigre le Sénégal aussi longtemps qu’on joue des notes de kora politiques à sa gloire personnelle.
PAR Fatoumata Sissi Ngom
PROPOSITION POUR LA CRÉATION, DANS LE PROJET, D’UN INDICE NATIONAL COMPOSITE POUR LA MESURE DU PROGRÈS ÉCONOMIQUE AU SÉNÉGAL
Ce "Teranga Index" ou "Diomaye Index" ambitionne de capturer la réalité multidimensionnelle du développement sénégalais, englobant le bien-être des citoyens, la cohésion sociale et la vitalité des territoires
Le Projet du président Diomaye Faye est attendu dans une certaine fièvre par le peuple sénégalais. Il devra porter en lui la tenue (ou non) des nombreuses promesses électorales pour l’amélioration de la vie des populations, le respect de l’environnement, et la bonne gouvernance. Mais aucun projet politique ne sera efficace sans les bons indicateurs d’évaluation et de suivi, et ce selon un maillage territorial et urbain. Je propose, dans le cadre du prochain référentiel de politiques publiques qui composera le Projet, la création d’un indice économique national composite, qui pourrait s’appeler “Teranga Index”, “Diomaye Index”, ou comme le prototype que je développe, “Ngom Index”, qui va au-delà du PIB, et qui s’appliquera aussi localement. Un tel Index permettra une connaissance plus fine du progrès économique et social au Sénégal, tout en mettant l’humain, les territoires et le monde vivant au coeur des priorités. Cela permettra également un financement du développement local plus efficace et une coopération internationale maitrisée. Les individus vivent dans des villes et non dans des pays.
Cet indice économique, qui devrait être élaboré par le ministère de l’Économie, du Plan et de la Coopération du Sénégal, agrégera aussi bien le Produit intérieur brut, que d’autres indicateurs de bien-être et de cohésion sociale. Il est tout à fait possible d’estimer des PIB régionaux et à un niveau plus granulaire. Il est heureux de voir que la Direction Générale de la Planification et des Politiques Économiques (DGPPE) du ministère de l’Économie a débuté des réflexions scientifiques et innovantes pour l’estimation des PIBs régionaux à l’aide des données satellitaires d’intensité lumineuse nocturne.
La définition, l’élaboration et la mesure d’un tel Index nécessitera de collecter des données. L’État sénégalais pourrait utiliser le levier du digital et de l’économie numérique, et également impliquer les populations locales qui deviennent ainsi actrices du changement dans les contours de la décentralisation. Une condition subsiste cependant : une application rigoureuse de la régulation en matière de sécurité et protection des données notamment personnelles, et c’est rassurant de voir que le Ministère de la Communication, des Télécommunications et du Numérique inscrit ces enjeux dans ses priorités. Avec un tel indice économique composite, le Sénégal sera précurseur en la matière en Afrique sur cette question de la mesure du bien-être et de son intégration dans la mesure du progrès économique.
La nécessité d’un déplacement de perspective économique et politique : pourquoi la mesure du PIB ne suffit plus
Dès les années 70, des économistes et experts du développement sonnent l’alerte contre la surexploitation des ressources de notre planète, et la nécessité d’avoir une nouvelle approche à l’environnement, le développement et la croissance des villes. The Limits To Growth (Meadows et al.), paru en 1972 ou encore le rapport Brundtland, Notre avenir commun, paru en 1987 constituent des catalyseurs d’initiatives mondiales sur la redéfinition du progrès économique et social. En Afrique, Cheikh Anta Diop ou encore Joseph Ki-Zerbo prônaient déjà un modèle holistique de développement durable et écologique, adapté au contexte africain.
Le rapport Stiglitz-Sen-Fitoussi (Commission sur la mesure des performances économiques et du progrès social), paru en 2009, recommande l’élaboration d’un nouveau cadre de mesure du progrès et de la prospérité, au-delà du PIB et du Seuil de pauvreté ((à 1341 FCFA par jour, prix 2022, taux d’échange moyen USD EUR : 0,951).
Cela fait donc plus de 50 années que les discussions autour de la nécessité de mesurer le progrès avec des indicateurs liés au bien-être individuel et collectif, et les talents, foisonnent. Les rapports et autres ouvrages se succèdent et se ressemblent. Malheureusement, par manque d’impulsion organique, en Afrique, nous en sommes toujours au stade circulaire et répétitif des panels, conférences et tables rondes. Il est temps de passer à l’action et de mettre en place des cadres concrets et de les appliquer avec rigueur. Le choc du Covid-19 n’a vraisemblablement pas été assez secouant. Le Projet du nouveau bureau présidentiel sénégalais, tant attendu par les citoyens sénégalais et la diaspora, offre une formidable opportunité pour l’émergence d’idées nouvelles et la créativité organique en matière de mesure du progrès économique et social dans chaque territoire.
Un tel indice permettra d’informer la définition des politiques publiques et leur évaluation à partir d’un faisceau d’indicateurs qui reflètent véritablement la vie des citoyens. Il pourrait intégrer des indicateurs de capital humain, de bien-être et de bien-vivre. Aussi, et c’est une conclusion que j’ai personnellement menée, un tel indice permettra d’éclairer véritablement sur les contours des responsabilités de l’État, puis des communes et mairies, et de redonner ensuite au citoyen le pouvoir sur sa propre vie et de lui rappeler à quel point il doit prendre les commandes de son véhicule. Je reste persuadée qu’un tel Index illuminera, avec des données et évidences tangibles, le rôle fondamental de la famille dans le tissu national, la prospérité individuelle et collective, et la transmission intergénérationnelle. Malgré l’hémorragie de promesses électorales, compréhensible en tant d’élections, il est important de conscientiser que l’État et ses démembrements, et ce dans tous les pays du monde, ne peuvent pas tout.
Sur ce dernier point, s’il y a une chose qui m’a agréablement surprise dans le gouvernement Sonko, c’est le ministère de la Famille et des Solidarités. J’ai été extrêmement satisfaite de voir le libellé “femmes” disparaître du nom de ce ministère qui a trop longtemps été utilisé pour assigner à la femme une position de victime et de demandeuse d’égalité, qui donc voudrait absolument travailler de la même façon que les hommes, et qu’un gouvernement central doit sauver. Même s’il est fondamental de mettre en place des politiques pour réduire les inégalités structurelles entre les hommes et les femmes, et les masculinités toxiques, - je suis la première à défendre cela - il est urgent de prendre de la distance avec la pensée féministe contemporaine. Celle-ci, de mon point de vue, utilise une colère non traitée, sème malheureusement le chaos dans notre société, opposent les hommes et les femmes et pulvérise les noyaux familiaux. Le ministère de la Famille et des Solidarités est un puissant signal envoyé sur l’importance d’avoir un gouvernement qui domine - au sens de prise de responsabilités, ce qui est son rôle - et qui déploie sa volonté selon les valeurs de notre société.
Propositions concrètes pour la création d’un indice économique composite sénégalais
D’abord, le nom, on pourrait penser, comme annoncé plus haut, à un “Diomaye Index”, ou “Ngom Index”, ou encore “Teranga Index” pour éviter sa suppression lorsque Bassirou Diomaye Faye ne sera plus président de la République.
Puis, sa composition : Produit intérieur brut, complété par le Capital Humain et le Bien-être objectif et subjectif, et même d’autres aspects à définir : on peut faire preuve de créativité organique.
PIB - Produit intérieur brut
Le PIB est le principal indicateur de croissance économique. Il vise à mesurer la production de richesses d'un pays, dans les secteurs publics et privés. Selon l’ANSD, le Produit intérieur brut est calculé en partant d’un regroupement des branches de la Nomenclature d’Activités des États membres d’AFRISTAT, qui est l’Observatoire Économique et Statistique d'Afrique Subsaharienne. Il est évalué en valeur aux prix courants et en volumes chaînés (avec une année de référence). Nous pouvons voir - et c’est une économiste qui dit - que la définition du PIB est vraiment ennuyeuse et son utilisation est assez limitée, au-delà de l’élaboration des comptes nationaux. Il est temps d’aller au-delà des statistiques pures. Clairement, il est urgent de compléter le PIB avec d’autres indicateurs plus concrets reflétant la réalité de notre économie, comme l’informel et l’économie des soins, souvent prodigués par les femmes, et non rémunérés.
Capital Humain
Le capital humain correspond à “l’ensemble des connaissances, compétences et conditions de santé que les individus accumulent tout au long de leur vie et qui leur permet de réaliser pleinement leur potentiel” (Banque Mondiale). De sorte que le développement du capital humain permet aux individus d’être qui ils sont vraiment, et de contribuer en même temps et de façon productive à l’économie et au développement de leur pays. Les secteurs où il faudrait élaborer des indicateurs et ensuite des politiques publiques ainsi améliorées sont l’éducation, l’alimentation, l’acquisition de compétences, la formation continue, l’accès à un emploi durable. Un indicateur de capital humain pourrait se baser sur des données collectées dans les familles, quartiers, lieux de travail. Des exemples existent déjà au niveau international et il n’est pas nécessaire de réinventer la roue. Il suffit d’adapter ces cadres, de les remodeler, et de les compléter avec des spécificités purement sénégalaises. Nous sommes tous des humains avec les mêmes besoins essentiels. Il n’y a rien de tel que l’Africain spécial qui doit se décoloniser : ce sont des illusions - l’Africain, qui est constitué de la même matière que les autres êtres humains de la planète, a les mêmes besoins essentiels que l’Européen, l’Asiatique ou encore l’Américain : l’accès aux connaissances, informations et compétences qui l’intéressent, une maison plus grande, des machines qui permettent de gagner du temps, et du confort. Parmi les cadres qui existent à l’international et pour lesquels des Africains ont contribué à leur définition, nous pouvons citer le Human Development Index, développé par l’UNDP, et le Human Capital Index, préparé par la Banque Mondiale.
Bien-être objectif et subjectif
Selon le Larousse, le bien-être est un “état agréable résultant de la satisfaction des besoins du corps et du calme de l’esprit”. Mais en considérant le bien-être et le bien-vivre dans sa globalité dans un contexte de politiques publiques, cette définition peut s’appliquer aussi bien au niveau des individus et des familles, qu’au niveau des institutions, entreprises, et du gouvernement. En effet, les familles, les institutions et le gouvernement peuvent être considérés comme des corps et des esprits dont il faut prendre soin et qui ont un impact dans le tissu national plus large.
Le bien-être objectif englobe la santé, la situation financière, la qualité de l’environnement naturel, l’accès à l’énergie, le logement, la mobilité, mais aussi la sexualité, pour ne citer qu’eux.
En plus du bien-être objectif, il y a le bien-être subjectif qui est une composante clé du bonheur. À cela, chaque sénégalais devra répondre à la [terrible] question : êtes-vous heureux ? L’estime de soi, la confiance en soi et le niveau de confiance entre les individus, dans les institutions et administrations publiques constituent également des dimensions du bien-être subjectif, et il est possible d’en élaborer des indicateurs basés sur des données collectées et des calibrages définies. En cela, il convient d’innover en se basant sur les réalités et connaissances nationales, et de s’inspirer de ce qui se fait à l’internationale également, notamment avec l’OCDE.
Le bien-être des enfants, qui seront les adultes de demain, devra également être une priorité de tous les ministères concernés.
Quelques options sur comment procéder pour créer cet indice composite
Constituer un groupe d’économistes experts, de statisticiens et de spécialistes en matière de politiques publiques pour s’emparer de la question de la création d’un Diomaye Index ou Teranga Index. Le “Ngom Index” pourrait être mise à disposition pour inspirer, contribuer.
Choisir une ville pilote (par exemple Mboro)
Procéder à une première phase d’application
Généraliser progressivement et pertinemment à d’autres villes
En réalité, un indice territorial suffirait (exemple Teranga Index - Mboro ou Kaffrine). Il pourrait être agrégé au niveau national, mais ce ne sera pas pour se comparer à d’autres pays. Cela n’empêche pas de mettre à jour les indicateurs existants qui s’alignent à l’internationale, car le multilatéralisme et la coopération ont de très beaux jours devant eux. C’est cela l’endogénéité et je pense que c’est en ligne avec la vision endogène du nouveau président sénégalais et de son gouvernement. Encore une fois, les gens habitent dans des villes et non dans des pays. Bassirou Diomaye Faye et Ousmane Sonko peuvent faire des territoires des lieux de création politique et de créativité économique, conditions sine qua non pour une transformation réussie et une guérison nationale, ce que je souhaite sincèrement à mon cher pays.
Fatoumata Sissi Ngom est analyste de politiques à l’OCDE, écrivaine, ingénieur, présidente fondatrice de l’ONG Alchimie et Morphose Africaine : https://www.alchimieafrique.org/.