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21 avril 2025
Opinions
PAR Patrick Chamoiseau
POUR FAIRE FRONT POÉTIQUE
Il ne s'agit pas d'opposer une contre-économie au tout-économique capitaliste, de la colère à l'arrogance fasciste ou de la véhémence apeurée à sa haine. Il s'agit de se mettre poétiquement du côté de la vie
En cette angoisse où l'extrême droite se rapproche du pouvoir, il est utile que toute conscience progressiste ajoute à l'idée du Faire Front populaire celle d'un Faire Front poétique. La Gauche française, en quête de ferveur unitaire, invoque un passé glorieux : le Front Populaire (1936), et, en filigrane, l'esprit du Conseil National de la Résistance (1943). Ce dernier a su combiner diverses forces politiques pour jeter les bases très humaines d'un État-providence. Le Front Populaire a, quant à lui, imaginé d'inouïes audaces sociales : congés payés, réduction du temps de travail, droits syndicaux...
Ces moments rappellent aux Français que l'intelligence collective transversale peut sublimer un désastre par des élévations humaines. Cependant, notre monde a changé. Les défis actuels exigent de cultiver sinon la nostalgie, du moins le sel de ces périodes : l'effervescence d'une créativité.
La réponse économique
La Gauche française semble répondre à la montée de l'extrême droite en s'entourant d'économistes. L'économie demeure pour elle solaire. La domination capitaliste (avec son dogme du profit économique maximal) est à l'origine des précarités structurelles, pauvretés et misères, qui nourrissent l'anxiété populaire. Il est urgent d'y répondre par des mesures telles que l'augmentation immédiate du SMIC, la taxation des superprofits, le retour des services publics, l'annulation de la loi sur la retraite... toutes provendes capables d'oxygéner une justice sociale. Cependant, organiser la lutte de fond contre l'extrême droite autour de cette seule dimension matérielle serait une folie. Le néo-libéralisme et l'extrême droite peuvent eux aussi faire preuve de compassion sociale stratégique.
Le capitalisme protéiforme a réduit l'humain à son pouvoir d'achat. Partis, syndicats, comités, médias libres, instances de médiations ou de service public, ont été dégradés. La chaîne d'autorité vertueuse qui animait les vieux tissus sociaux (depuis les institutions jusqu'au cadre familial) s'est vue invalidée sous les priorités du Marché. Le travail, autrefois source d'accomplissement individuel par un arc-en-ciel d'activités, a été réduit à un "emploi" monolithique, besogne maintenant précaire, dépourvue de signifiances, qui avale sans ouvrage les exaltations de la vie. Dès lors, cet affaiblissement de l'imaginaire (noué aux précarités existentielles) abîme les individuations en individualismes. Il entretient une peur constante de la déchéance sociale. Il cherche des boucs émissaires, et nourrit des réflexes du rejet de l'Autre, du repli sur soi, de crispations inamicales dessous les vents du globe, avec des hystéries racistes, sexistes, antisémites ou islamophobes, habitant de grands désirs devenus tristes... A cela s'ajoute une raréfaction de la rencontre avec de puissantes stimulations culturelles qui ne relèveraient pas de la simple consommation. Ces involutions néo-libérales génèrent un obscurantisme diffus, sans rêves, sans combats, sans idéaux. Les prépotences moyenâgeuses, les trumpismes démocratiques et les boursouflures de l'extrême droite, y fleurissent. Ce maelstrom hallucinant ne saurait se conjurer sur le long terme par des mesures d'économistes, ni être minoré face aux immanences écologiques.
La nouvelle gauche
Edgar Morin a perçu la complexité de ce défi et appelle à une Gauche plus exaltante1 . Celle-ci embrasse les dimensions éco-sociales, mais enveloppe, de manière tout aussi intense, les aspirations culturelles, symboliques, spirituelles. Elle est laïque et déserte l'écueil du rationalisme, du technocratisme ou de l'économisme, pour une humanisation continue de l'Humain. Elle œuvre aux solidarités des "Nous" qui se rejoignent dans du commun, aux reliances mutualistes de la diversité acceptée, à l'écologie intégrale, à la justice sociale sans frontières, et à la quête de sens ontologique... Elle propose une métacivilisation, riche de toutes les civilisations, où la qualité de la vie prime les entassements consuméristes ; où l'épanouissement humain devient le cœur du Politique ; où la Terre s'exalte en "Patrie fragile et partagée" d'un tragique sublimé. Le capitalisme ne dispose que de valeurs sommaires. Il n'a rien à opposer à celles tout aussi sommaires de l'extrême droite. Cette Gauche nouvelle (post communautés, post colonialiste, post capitaliste, post hégémonie occidentale) disposerait, elle, d'une éthique complexe, vaste, permettant à chacun de s'accomplir dans l'en-commun d'un monde ouvert qui ne serait plus à craindre. Elle porterait bien mieux qu'un souffle. Une poétique de la Relation.
Le poétique humain
Depuis nos terres antillaises, encore échouées sous des vestiges coloniaux2 , nous entendons cet appel. Une telle Gauche ne saurait tolérer que des peuples-nations soient encore déresponsabilisés dans un sigle "Outremer". Le passé de nos pays, marqué par le génocide Kalinago, les plantations esclavagistes, la réification du vivant, nous offre l'archive glorieuse de nos ancêtres. Tombés de l'Afrique, tombés du monde, ils ont opposé à cette domination existentielle (aussi totale que celle du capitalisme d'aujourd'hui), le couperet sans concession du marronnage, mais ils l'ont soutenu par une effervescence poétique, créative et joyeuse... Dessous la mort symbolique de la négation, ils ont projeté l'enthousiasme du vivre, la danse, la musique, la joie, l'amitié, le manger, le boire, la parole individuelle et collective dans de longues veillées nocturnes et des rondes ingénieuses. Ils ont ainsi donné naissance à Césaire, à Fanon, à Glissant... et largement ouvert la voie aux esthétiques contemporaines.
Les plus créateurs d'entre eux auraient auréolé tous les moments de la démocratie d'une couronne poétique. Ils en auraient fait des lieux politiques vivants, où le Boléro de Ravel pourrait côtoyer le So What de Miles Davis ; où les glossolalies des slameurs viendraient se nouer aux lectures des poètes ; où les banquets républicains (appelés de nos vœux) rassembleraient toutes les humanités envisageables. Les moments de vote, les lieux de réunions, ne seraient plus des espaces sévères, mais l'occasion d'une fête multiculturelle sacralisante. Le temps du geste démocratique deviendrait (à l'instar de la Fête de la musique), un moment d'enthousiasme créateur. Car il ne s'agit pas d'opposer une contre-économie au tout-économique capitaliste, de la colère à l'arrogance fasciste ou de la véhémence apeurée à sa haine. Il s'agit de se mettre poétiquement du côté de la vie, dans un monde de culture et de Beauté que les fascistes ne peuvent même pas imaginer.
par Ndongo Samba Sylla et Jomo Kwame Sundaram
LA DETTE PUBLIQUE EST UN SYMPTÔME, PAS UNE CAUSE
L'endettement chronique de la plupart des pays en développement et les crises qui en découlent sont des manifestations de la nature inégalitaire et injuste du système économique et financier international
Ndongo Samba Sylla et Jomo Kwame Sundaram |
Publication 22/06/2024
Les gouvernements des pays en développement sont accusés d'avoir trop emprunté et de manière irresponsable. Le stress de la dette qui en résulte a bloqué les investissements et la croissance dans cet ordre économique mondial inégal et injuste.
La monnaie comme dette
Les mythes sur la dette publique sont légion. Les plus pernicieux considèrent les gouvernements comme des ménages. Par conséquent, un gouvernement "responsable" doit essayer de dégager un excédent comme un chef de famille exemplaire ou d'équilibrer son budget.
Cette analogie est simpliste, infondée et trompeuse. Elle ne tient pas compte du fait que les gouvernements et les ménages ne sont pas des entités monétaires équivalentes. Contrairement aux ménages, la plupart des gouvernements nationaux émettent leur monnaie.
Comme la monnaie est largement utilisée pour les transactions économiques, la dette et les engagements financiers des gouvernements influencent les revenus et l'accumulation de richesse des ménages et des entreprises.
Cette analogie ignore également les principes de la comptabilité en partie double, car les dépenses d'une entité sont les revenus d'une autre, les débits d'une entité sont les crédits d'une autre, et ainsi de suite. Le déficit public est égal à l'excédent du secteur non gouvernemental, qui comprend les ménages, les entreprises et le "reste du monde".
Ainsi, lorsqu'un budget public est déficitaire - les dépenses sont supérieures aux recettes - le gouvernement a créé une richesse financière nette pour le secteur non gouvernemental. Les déficits publics augmentent donc l'épargne privée et la masse monétaire.
Étant donné que seul le gouvernement émet la monnaie nationale, ses dépenses n'évincent pas celles du secteur privé, mais les complètent. La monnaie étant une dette émise par l'État, il ne resterait plus d'argent dans une économie si le gouvernement remboursait toute sa dette !
L'hystérie médiatique autour de la dette publique est donc injustifiée. Il convient plutôt de s'intéresser aux impacts macroéconomiques et distributifs des dépenses publiques. Par exemple, ces dépenses vont-elles générer de l'inflation ou avoir un impact négatif sur la balance des paiements ? Qui en bénéficiera ou qui y perdra ?
Inutile : le ratio dette/PIB
Un autre mythe très répandu soutient que la dette publique au-delà d'un certain niveau n'est pas soutenable ou qu'elle a un impact négatif sur la croissance économique. Des études soutenant ce point de vue ont été discréditées à de nombreuses reprises, y compris par des recherches menées au sein du FMI. Pourtant, le mythe persiste.
Imitant les critères de la zone euro, de nombreux gouvernements d'Afrique de l'Ouest ont fixé des objectifs de politique économique tels des déficits publics inférieurs à 3 % du PIB et des ratios dette/PIB inférieurs à 70 %.
Le ratio dette/PIB indique sans aucun doute les niveaux relatifs d'endettement. Mais, pour le reste, ce ratio n'a aucune utilité analytique. Après tout, la dette publique est un "stock", alors que le PIB ou la production est un "flux".
Supposons qu'un pays ait un revenu annuel de 100 dollars et une dette nulle. Supposons que son gouvernement émette une dette de 50 dollars sur 25 ans, avec des remboursements annuels de 2 dollars. Son ratio dette publique/PIB augmentera soudainement de 50 %.
Cela ne pose aucun problème car le PIB augmentera probablement grâce au regain d’investissements réalisés en même temps que le remboursement de la dette de 50 dollars. Avec un taux de croissance économique annuel de 3 % en moyenne, le PIB fera plus que doubler au cours de cette période.
De plus, la dette publique est toujours soutenable lorsqu'elle est émise et détenue en monnaie nationale et que la banque centrale contrôle les taux d'intérêt.
Avec un ratio dette/PIB de 254 %, le gouvernement japonais ne manquera jamais de moyens pour rembourser sa dette. Contrairement aux pays en développement qui s'endettent en devises à des taux qu'ils ne maîtrisent pas, il sera toujours solvable. Ainsi, le Pérou a fait défaut en 2022 avec un ratio dette/PIB de 33,9% !
Le "mur de Berlin" monétaire
Il existe donc une différence significative entre les gouvernements du Nord - principalement endettés dans leur propre monnaie - et ceux du Sud, dont la dette est au moins en partie libellée en devises étrangères.
Mais les gouvernements du Sud ne sont pas endettés en devises étrangères en raison d'une épargne insuffisante.
Ils peuvent toujours financer toute dépense nécessitant des ressources locales, y compris la main-d'œuvre, la terre, l'équipement, etc. Objectivement, aucun pays émetteur de monnaie ne peut manquer de "financement" pour ce qu'il a la capacité technique et matérielle de faire.
L'endettement chronique de la plupart des pays en développement et les crises qui en découlent sont donc des manifestations de la nature inégalitaire et injuste du système économique et financier international.
Les pays du Sud sont obligés d'accumuler des "devises fortes" - généralement des dollars - pour effectuer leurs transactions internationales. Ce "mur de Berlin" monétaire sépare deux types de pays en développement.
Premièrement, les pays exportateurs nets qui accumulent "assez" de dollars qu’ils investissent généralement dans des bons du Trésor américain à faible rendement, ce qui permet aux États-Unis d'importer des biens et des services de manière quasi gratuite.
Deuxièmement, ceux qui ne gagnent pas "assez" de devises fortes ont recours à la finance transnationale, ce qui accroît généralement leur endettement extérieur. La plupart d'entre eux finissent par se tourner vers le FMI pour obtenir une aide d'urgence, ce qui ne fait qu'aggraver leur situation.
Cependant, comme ils doivent faire face à des conditions prohibitives pour accéder au financement étranger d'urgence, il est difficile d'échapper aux pièges de la dette extérieure.
Paradoxalement, les pays du Sud qui enregistrent des déficits chroniques de dollars sont souvent riches en ressources naturelles. Les institutions de Bretton Woods exigent généralement une austérité budgétaire prolongée et une dénationalisation de l'économie, ce qui compromet les chances des pays en développement d'obtenir une juste rémunération de leurs ressources et de leur travail.
Les abus et la mauvaise gestion peuvent aggraver l'endettement des gouvernements du Sud en devises étrangères, mais ils doivent toujours être compris dans le contexte d'un ordre économique et financier mondial inégal.
EXCLUSIF SENEPLUS - Nous sommes en face d’une entreprise de deshumanisation perfide caractérisée par un profond mépris culturel. Elle est une source grave de conflit majeur dans le monde. L’Occident a franchi la ligne rouge contre l’humanité
L’agenda LGBT a été élaboré sous l’instigation de lobbies maçonniques, de puissants groupes financiers organisés et de réseaux mafieux criminels influents dans tous les secteurs stratégiques, de l’économie, de la recherche et de la technologie, de la communication, de la géopolitique, de la sécurité, etc. Ces groupes ont réussi à prendre le contrôle de la direction historique du capitalisme libéral impérialiste dans ses différents centres d’initiatives et de décisions mondiales. Cette minorité dirigeante qui surexploite la planète au point de la menacer de destruction se présente désormais, selon Noam Chomsky (2020),[1]comme « les maitres de l’espèce ». L’agenda déroulé est une stratégie de réorganisation culturelle du monde dont l’objectif est d’assurer l’hégémonie politique de l’Occident sur les sociétés et nations non occidentales. Le but est de modifier la structure de base du fonctionnement de nos sociétés et d’atteindre leur intégrité en sapant les valeurs morales fondatrices des cultures et des traditions. A défaut de soumettre les peuples et nations du reste du monde par la guerre militaire, la stratégie de domination s’oriente plus activement vers la conquête subtile et dévastatrice des esprits[2] et des corps.
Une stratégie de dissolution par la décadence
La justification prend le prétexte de la défense des droits et de la protection d’une minorité de déviants pervers produits par les contre valeurs qui composent l’ADN du système : l’individualisme absolu, le Dieu argent et le principe de plaisir pervers. Un tel programme conduirait les Africains à une existence humaine dégradée, cause progressive de la décadence irréversible de leurs civilisations. En réalité, c’est un programme génocidaire des peuples au double plan de la dissolution de leur personnalité morale et de la modification de leur identité physique humaine. Nous sommes en face d’une entreprise de deshumanisation perfide caractérisée par un profond mépris culturel. Elle est une source grave de conflit majeur dans le monde, un casus belli, comme l’a souligné récemment avec vérité le président du Parti Pastef, Ousmane Sonko.
La stratégie LGBT s’est fixée deux cibles principales à détruire, les noyaux durs constitutifs de notre existence humaine et de nos identités culturelles : la famille et la spiritualité. Ces deux niveaux concernent l’une, notre organisation sociale vitale et l’autre, notre lien primordial avec le Divin. C’est dans ce cadre que l’éclatement du couple naturel et la dislocation de la famille sont visés. Face à cela, l’islam oppose une résistance radicale, les églises chrétiennes en Afrique manifestent leur opposition résolue. Quant aux religions traditionnelles africaines dont les cosmogonies célèbrent le couple naturel originel, la fécondité et le Vivant-sacré, elles constituent des remparts contre toute menace de dislocation d’origine contre-nature.
La stratégie de communication de masse
La stratégie déploie l’apologie du plaisir pervers à travers une communication massive et multiforme par les Media et réseaux sociaux, les nombreuses applications sur l’Internet et les multiples sites de rencontres. Toute cette infrastructure digitale anime les émotions et les phantasmes, influence de plus en plus la vie intime des populations, désormais soumises à une aliénation quotidienne d’une subtile agressivité. Cette idéologie libertaire et permissive devient dominante et garantit à l’individu le droit de bouleverser toutes les règles et lois considérées désormais comme des tabous, des obstacles à son plaisir personnel sans limites. C’est ainsi qu’une diffusion massive des images de pornographie, des agressions publicitaires par des réseaux de pédophilie et de tourisme sexuel, parasitent le quotidien des enfants, des jeunes et des adultes et dévastent ainsi les sociétés occidentales sous l’emprise de l’Etat capitaliste, le seul et tout puissant Maitre.
La croissance démographique africaine, une menace
L’Agenda LGBT est aussi une composante centrale dans la programmation stratégique de réduction à tout prix de la démographie des populations africaines. En effet sa rapide croissance fait peur, perçue à terme comme un facteur défavorable à l’hégémonie de l’Occident global. Alors sont mis en place plusieurs moyens pour contrer une telle perspective dont la dévirilisation et la féminisation du mâle, la déstabilisation de la famille, la perversion du couple naturel, la désorientation sexuelle et psychologique des enfants, l’annulation de l’autorité parentale, la corruption morale du système éducatif, la vaccination douteuse, etc.
Le projet d’une identité humaine hybride
La mondialisation capitaliste libérale produit une incertitude de position et une incertitude d’identification dans la mesure où par son extension à la planète entière, elle engendre selon Balandier (2000)[3] « une érosion des différences, des configurations d’altérité par lesquelles se manifeste la diversité des cultures et grâce auxquelles se forment les identités ». Dans cette logique la différence biologique de sexe ne serait pas naturelle, mais un tabou, une construction purement culturelle, un obstacle idéologique au champ infini du droit naturel au plaisir pervers. Le capitalisme à ce stade impérialiste a dégénéré en un système puissant d’aliénation, de détérioration de toutes les valeurs qui honorent la vie de l’être humain et fondent sa dignité de créature suprême. Jamais l’humanité n’a été aussi proche de sa négation.
L’animalisation de l’humain
Ayant déclaré Dieu mort et le sacré avec, le corps humain devient objet de manipulations génétiques, le corps de la femme est dénudé, l’homosexualité est sans entraves, le mariage gay et le phénomène transgenre établis, l’adultère admise et organisée, la pédophilie gagne en légitimité, la zoo-sexualité bientôt permise. Cette perversion de la sexualité humaine rabaissée au stade de l’animalité vise à disloquer la cellule familiale, base de la société humaine. L’homme est dévirilisé, féminisé et la femme est déconnectée du couple naturel et réduite à une simple marchandise dans un vaste marché sexuel impitoyable. On aboutit fatalement au stade final de la décadence, au phénomène transgenre qui est de changer de sexe, de statut humain, selon son bon vouloir. C’est comme si le capitalisme libéral fasciné par les possibilités technologiques extraordinaires de l’intelligence, considérait désormais et aveuglement le genre humain comme une masse virtuelle, une matière molle malléable dont on peut modifier à sa guise les catégories, changer les composantes, reconfigurer les positions, déplacer les mouvements pour en créer de nouvelles identités génétiques hybrides vivantes. Avec la fabrique du transgenre, tout indique que l’Occident a franchi la ligne rouge contre l’humanité entière.
La ligne rouge franchie
Tant que ce phénomène de l’homosexualité et d’autres similaires étaient vécus dans la discrétion intime et dans la marge par un petit nombre, les sociétés africaines les considéraient comme des formes pathologiques, objet de traitement traditionnel et de prise en charge au niveau familial. Le suivi à ce niveau pouvait donner des résultats de réintégration sociale. Cela était rendu possible d’autant que les familles et parents des concernés vivaient eux, en parfaite harmonie selon les règles de la communauté. Une certaine tolérance sociale existait donc au lieu du rejet systématique ou de châtiments infligés, car ce phénomène n’avait ni la dimension, ni la capacité de dissoudre la vie de la communauté et ses liens sacrés. Il n’était pas une menace de désagrégation pour elle. Donc le durcissement et le lever de bouclier qui s’opèrent aujourd’hui contre l’adoption de l’Agenda découle de son danger pour la survie des sociétés et des méthodes arrogantes et autoritaires de vouloir l’imposer, mais aussi de la révolte née du soupçon de l’implication de certains cercles dirigeants à sa promotion. Nous assistons alors à un choc des civilisations[4] auquel se greffent des conflits de classe internes dans les pays non occidentaux ou l’enjeu politique est la souveraineté culturelle et l’autonomie nationale.
Contre l’occidentalisation du monde
L’Occident conçoit son modèle de développement, son mode de vie et ses valeurs comme le miroir et la mesure du développement de l’humanité tout entière. Selon Maurice Godelier (1996 : 83),[5] l’Occident s’est attribué « le statut exclusif de producteur de l’universalité ». Toutes les sociétés humaines doivent impérativement se soumette à l’Occident, adopter ses valeurs capitalistes, sa démocratie bourgeoise, ses droits de libertés et ses tares également. C’est pourquoi l’impérialisme libéral occidental accorde à l’homosexualité un statut de valeur universelle et impose sa reconnaissance légale comme un critère majeur du progrès humain et de la civilisation. Cela au point que les rapports de partenariat financiers et commerciaux et les relations diplomatiques avec l’Occident doivent en dépendre. Or les sociétés africaines n’ont nullement de leçon à recevoir de l’Occident capitaliste libéral, s’agissant de tolérance et de respect des droits de l’individu et des minorités. Nos traditions communautaires humanistes ignorent par exemple le régime d’incarcération de la personne humaine, la cruauté et les violences destructrices qui sont la face sombre de l’histoire du capitalisme impérialiste occidental de sa genèse à nos jours.
La question de l’homosexualité révèle sa véritable dimension politique dès lors que l’objectif stratégique de l’Occident impérialiste est l’implosion programmée de nos sociétés. En réalité, l’Agenda LGBT n’est plus simplement cause de guerre, mais est déjà la guerre sur le terrain. Mais il se heurte frontalement à des résistances culturelles souveraines radicales, frontales et sans concession qui vont s’amplifier et certainement peser sur l’issue des luttes politiques à l’échelle mondiale.
Sur le toit du monde
La sauvegarde de l’intégrité de l’humanité, des cultures des peuples et de l’écologie de notre planète, est devenue par conséquent l’enjeu existentiel et civilisationnel de notre temps. C’est pourquoi les Africains du continent et de la Diaspora, à l’instar des autres peuples et nations, doivent, face à la menace d’une occidentalisation permissive du monde,[6]gagner leur souveraineté politique unitaire, sécuriser leur développement autonome et affirmer leur personnalité culturelle. Les politiques publiques doivent préserver la stabilité de la famille et s’appuyer sur nos valeurs d’éducation et de sagesse et sur nos belles traditions de vie commune. Ainsi seulement l’Afrique achèvera la construction féconde de sa propre modernité et rayonnera à nouveau sur le toit du monde.
[1] Noam Chomsky. (2020). La lutte ou la chute. Pourquoi il faut se révolter contre les maitres de l’espèce. Entretiens avec Emran Feroz. Lux Éditeur.
[2] Voir Yves Eudes (1982).La conquête des esprits. L’appareil d’exportation culturelle américain. Paris, éditions François Maspero.
[3] Georges Balandier. (2000). Le grand système. Paris, éditions Fayard.
[4] Samuel. P. Huntington (1996). Le choc des civilisations. Editions Odile Jacob
[5] Maurice Godelier (1996). Anthropologie sociale et histoire locale, in Graphita, revue d’histoire et d’archive de l’anthropologie, n°20, n° 20, p 83.
[6] Serge Latouche (2005). L’occidentalisation du monde. Paris, Editions La Découverte.
par Amadou Ba
NOUVELLE RESPONSABILITÉ
Notre Nouvelle responsabilité est d'incarner une opposition adossée à une éthique politique soucieuse en priorité de la vie de chaque Sénégalais. Nous construirons dans les toutes prochaines semaines, un nouveau cadre porteur d'une nouvelle orientation
Terre d'ouverture, de tolérance et de liberté, le Sénégal a marqué tous ses rendez-vous avec l'histoire d'une empreinte indélébile de progrès. Toutes les crises que nous avons traversées ont révélé la grande capacité de notre pays à vaincre les défis, à transformer les obstacles en opportunités pour le maintenir dans sa trajectoire de paix et de solidarité. Chaque étape de notre histoire politique et sociale a raffermi en chacun de nous la volonté commune de maintenir le Sénégal comme une authentique république et un modèle de démocratie.
La dernière élection présidentielle est une preuve multipliée de cette capacité politique de notre peuple à veiller sur les équilibres et à tracer des lignes rouges, dont les institutions de la république demeurent les garants de leur inviolabilité.
A la lumière des événements douloureux de mars 2021 et de juin 2023, mais instruits également par les leçons de la dernière élection présidentielle, notre nouvelle responsabilité est de déclarer la péremption de la violence dans le règlement des différends politiques. Aussi, pourra-t-on s'accorder pour considérer que, désormais, la concertation et le dialogue doivent être considérés comme les premiers principes et les règles d'une gestion prévisionnelle des conflits.
Notre conviction intime est qu'à présent, nous devons regarder résolument vers l'avenir dans la perspective de nous assigner une Nouvelle Responsabilité. Nous y sommes même condamnés, si nous ne voulons laisser aucune chance aux démons de la division et de la violence de nous mettre face à de nouveaux périls, alors que nous avons de réelles opportunités de réaliser notre émergence politique et économique.
Ainsi, notre Nouvelle Responsabilité est de faire de l'espace politique un lieu apaisé, un cadre de confrontations d'idées, de définition de stratégies, de projets et de programmes dans l'unique but de construire une société équilibrée. Une société susceptible d'offrir à chaque citoyen les moyens de vivre heureux, en participant activement à la vie de la communauté.
Notre Nouvelle responsabilité est d'incarner une opposition démocratique et républicaine. Une opposition adossée à la fois dans sa conduite et dans son action à une éthique politique soucieuse en priorité de la vie de chaque Sénégalaise et de chaque Sénégalais.
La Constitution de notre pays indique clairement que les ressources naturelles appartiennent aux populations. Face à cette prescription impérieuse, notre responsabilité est de tout faire pour que ce qui est aujourd'hui perçu comme un idéal de bien commun passe d'un principe à une réalité dans la vie de chaque citoyen.
Pour y arriver le Sénégal doit offrir l'exemple d'un service public de qualité dans lequel la sécurité alimentaire, la santé, l'éducation, l'eau et l'électricité, l'emploi, le logement et le cadre de vie, la sécurité, la mobilité, la culture, la communication, l'environnement ne sont plus un luxe, mais des standards minimaux adossés aux droits imprescriptibles de chaque citoyen.
Le Sénégal a tous les atouts pour relever un tel défi par une culture entrepreneuriale de sa jeunesse, par le dynamisme et l'engagement de ses femmes, par l'intelligence et l'expertise de ses fils à l'intérieur et dans la diaspora, par la robustesse de son architecture institutionnelle et par sa crédibilité sur la scène internationale.
L'égalité de tous les citoyens devant la loi, le respect des libertés, notamment la liberté d'expression, la liberté d'organisation et la liberté de manifestation dans la légalité républicaine, la défense de l'intégrité physique et morale de tous et de chacun constituent entre autres, des conditions d'une paix sociale durable dans un Etat de droit.
Notre Responsabilité nouvelle nous impose de consentir davantage de sacrifices, pour que notre histoire nationale, ponctuée de moments mémorables de gloire, ne soit pas un simple étendard, un luxe ornemental, mais le souffle permanent de notre nation debout.
Cela, nous devons le faire en tant qu'héritiers des audaces créatrices des héros de notre histoire nationale qui se sont dressés contre les barbaries esclavagistes et coloniales, en tant que descendants d'authentiques autorités spirituelles, porteuses des résistances culturelles qui nous valent aujourd'hui une reconnaissance universelle, en tant que dépositaires du génie. Sans oublier, tant s'en faut, les notoriétés intellectuelles qui ont marqué l'excellence de nos universités.
Notre conviction que nous devons et que nous pouvons porter le lourd poids de cette nouvelle responsabilité sur nos épaules, réside dans le fait que nous la ressentons avec bonheur et enthousiasme. Si nous avons la confiance d'y réussir c'est parce que nous sommes, dans le labeur quotidien qui mobilise nos énergies et savons pouvoir compter sur le génie de notre peuple, sur sa participation efficace dans sa réalisation. Car c'est du peuple que la politique tire sa raison d'être, sa force et sa puissance.
C'est pourquoi, le peuple sénégalais est l'horizon absolu de notre conviction, la raison d'être de cette nouvelle responsabilité, que nous portons lourdement mais fièrement, et le socle indestructible de nos espérances.
Nous savons que le peuple est la principale richesse de la Nation. Il en est la chair et le sang. Il en est le souffle vital et l'énergie créatrice. Nous rendons grâce à ce peuple sénégalais souverain, source unique de toute légitimité.
C'est sur le fond de cet idéal républicain et démocratique, porté par une nouvelle responsabilité, que nous défendons la République, ses principes et ses valeurs. Sa vocation à assurer l'égalité des citoyens emporte notre totale adhésion de la même manière que nous tenons fermement à sa dimension de régulation qui offre à chaque citoyen les opportunités de sortir du cercle vicieux du besoin.
Nous défendons la démocratie, ses principes et ses valeurs. Dans le respect des institutions. La démocratie est le régime des saines compétitions, mettant en scène des idées et des projets dont le seul arbitre est le peuple souverain.
Nous défendons la paix, la stabilité et la sécurité des citoyens et du pays. Ce sont les bases même du développement et du bien-être des populations qui ne relèvent pas de la seule prérogative de l'Etat mais engage chacun de nous.
Nous défendons la panafricanité, comprise comme legs de nos devanciers et projet affirmatif d'une Afrique qui se construit pas à pas et s'impose comme puissance au cœur des décisions qui façonnent le monde.
Notre nouvelle responsabilité, à laquelle j'appelle toutes les bonnes volontés, est de conjuguer le futur au présent en multipliant les espaces de concertation, de discussions, de débats d'idées, de projets et d'action, où se tissent une nouvelle trajectoire, une nouvelle dynamique, une nouvelle manière de faire la politique.
C'est à ce combat pour asseoir et conduire cette nouvelle responsabilité que nous invitons tous nos compatriotes d'ici et de la diaspora, tous nos amis et tous les cadres de notre pays.
Je m'y engage, sans aucune concession possible, vous y engage également, en sachant pouvoir compter sur vous tous pour mener le combat.
Ensemble, nous construirons dans les toutes prochaines semaines, un nouveau cadre résolument porteur d'une nouvelle orientation et d'une nouvelle dynamique politiques.
Vive la République !
Vive le Sénégal !
CONSTRUIRE LA BIBLIOTHÈQUE POSTCOLONIALE
Pour écrire l’Histoire du Sénégal indépendant, le chercheur doit dès lors se rendre à l’étranger, le plus souvent en France. Ils sont ainsi tributaires du récit élaboré par l’ex-colonisateur dans la production de notre "roman" national
La volonté du chef de l’État de mettre en œuvre une véritable politique patrimoniale enthousiasme ceux qui s’inquiètent à juste titre de la détérioration progressive, de la dispersion et de l’insuffisante valorisation du patrimoine archivistique et documentaire sénégalais. A quelques jours du rapatriement de la bibliothèque de Senghor acquise par l’État en mai dernier se pose aussi la question de la création et du renforcement des institutions de conservation du patrimoine sénégalais ainsi que de leurs missions. L’enjeu n’est pas des moindres, il s’agit de renouveler, repenser et d’enrichir les collections patrimoniales pour constituer une bibliothèque qui reflète la diversité des voix, des langues et des savoirs d’ici. Et de les mettre à disposition des chercheurs mais aussi du public.
Le Sénégal dispose d’anciens et riches fonds d’archives historiques, culturelles, administratives, de manuscrits anciens, journaux, ouvrages imprimés conservés principalement aux Archives nationales, à l’Ifan-Ucad, au Crds (Ex Ifan) de Saint-Louis, dans certaines préfectures, mairies et dans les familles, etc. Ils constituent en outre ensemble un support de l’histoire et de la mémoire historique sénégalaise et ouest-africaine ainsi qu’un moyen de transmission et de pérennisation de celles-ci. Mais au-delà de ce qui est d’ores et déjà conservé dans les institutions plus haut citées, les chercheurs le savent bien, les archives du Sénégal indépendant, dont le rôle dans la construction d’un État moderne est fondamental, restent encore à constituer. Faute peut être d’espaces et de ressources humaines et matérielles suffisantes, la Direction des archives nationales du Sénégal n'a pas depuis longtemps assurer sa mission première, celle de collecte et de classement d’archives publiques. Encore moins d’archives privées. Pour écrire l’Histoire du Sénégal indépendant, le chercheur doit dès lors se rendre à l’étranger, le plus souvent en France, où sont conservées les archives diplomatiques et consulaires et à la Bibliothèque nationale de France (BNF) à Paris pour les archives de l’Institut National d’Audiovisuel notamment. Cette situation rend les chercheurs, en partie, tributaires du récit élaboré par l’ex-colonisateur dans la production de notre "roman" national.
Le débat posé récemment par la vente des objets d’arts, décorations militaires, cadeaux diplomatiques et de la bibliothèque du président Léopold Sédar Senghor traduit avec éloquence cette préoccupation. Les archives du président Senghor ainsi que l’une de ses plus importantes bibliothèques sont pour la plupart d’entre elles restées en France, dans sa maison de Verson en Normandie et, concernant ses archives littéraires, elles ont été léguées par l’académicien lui-même à la BNF en 1979. Ces fonds d’archives mêlent documents officiels liés à ses différentes fonctions politiques et personnels (manuscrits, correspondances, discours, notes, rapports….) qui concernent au premier chef le Sénégal. L’inventaire et la relocalisation de ces fonds doivent dès lors être sérieusement et rapidement envisagés. Plusieurs initiatives politiques ou scientifiques, portées par des projets et des instituts de recherche à l’étranger et au Sénégal, ont d’ores et déjà procédé à des rapatriements d’archives, au moins de leur copie numérisée et à leur relocalisation au Sénégal. C’est le cas des archives de Thiaroye remises le 1er décembre 2014, par le président français François Hollande au président Sénégalais Macky Sall, qui ne sont pourtant pas, dix ans après, accessibles aux chercheurs. Plus récemment l'université Cheikh Anta Diop de Dakar a réceptionné un "important trésor de l'histoire" (Dircom de l’UCAD), une "collection d’archives sonores des tirailleurs sénégalais de la Première Guerre mondiale" issue des Archives du Centre pour la Technologie Culturelle de l’Université de Berlin confiée à l'IFAN. La Bibliothèque Universitaire vient quant à elle, grâce à l’entremise du groupe international de recherche Senghor (ENS/UCAD), de recevoir les enregistrements des entretiens du président poète Léopold Sédar Senghor" avec l’historienne américaine Janet G. Vaillant, réalisés dans le cadre de ses travaux de recherches sur la Négritude menés dans les années 1970. 17 enregistrements avec des amis (Léon Gontran Damas), des membres de la famille (Hélène) ou encore des responsables politiques (Mamadou Dia) sont déjà consultables.
Du fait de la dispersion, du non-classement et de la non-accessibilité de nombreux fonds d’archives postcoloniales, il en coûte parfois des heures, voire des jours de recherche pour repérer un document et le succès n’est pas toujours garanti. Cet état de fait rend souvent impossible de tirer pleinement parti de la documentation existante et, n’est pas sans incidence sur la recherche en histoire. Il n’en reste pas moins important de sortir d’une vision positiviste de l’histoire qui impose l’archive écrite comme source unique d’écriture de l’histoire, particulièrement dans des espaces où l’oralité prime le plus souvent. Il existe bien sûr un patrimoine immatériel très riche fait de traditions orales, de pratiques culturelles, de chants, de contes, de sons, de jeux…joolas, serer, soninke, wolof, mourides, chrétiens, sénégalais qui n’étant pas systématiquement collectés risquent de se perdre, en partie. La création par le président Senghor en 1968 des archives culturelles avait permis en son temps la collecte d’une partie de ce riche patrimoine immatériel qui a vocation à renaître. Le « Dyâli», qui parle en "Nous" aux historiens disait qu'il "faut que nous refassions, nous repensions l'histoire africaine en négro-africaine, (...) dans une confrontation constante avec les historiens européens" (Fonds vaillant, enregistrement n°14, BU-UCAD). Senghor avait pensé à mettre à la disposition des chercheurs de la matière, tout comme il le faisait avec ses poèmes. Dans cette perspective, les chercheurs en histoire africaine, disons en sciences humaines et sociales, ont toute une réflexion méthodologique et épistémologique à approfondir.
Les pouvoirs publics à travers notamment la Direction des archives nationales, l’IFAN, et avec le concours des chercheurs, doivent engager une vaste opération de collectes des archives publiques et privées, de traditions orales villageoises, pour constituer un corpus national de documentation écrite, orale, iconographique, etc. La construction ou l’affectation d’un bâtiment pour les archives nationales (transférées depuis 2014 dans un centre commercial), incluant des archives culturelles, auxquelles seraient adossées une bibliothèque nationale, ainsi que le renforcement d’institutions patrimoniales sont ainsi d’une grande nécessité tant pour la recherche que pour l’enseignement. C’est en réalité sa bibliothèque postcoloniale que le Sénégal doit construire pour pouvoir explorer en profondeur son histoire et demain écrire l’histoire d’aujourd’hui, à partir du continent.
Céline Labrune Badiane est historienne, ITEM/CNRS (France).
Pape Chérif Bertrand Bassène, Akandijack est historien/Ucad.
Mouhamadou Moustapha Sow, "Foyre" est historien/Ucad.
Par Ibou FALL
UNE TABASKRISE TROP ORDINAIRE
Comme à l’accoutumée, ce lundi 17 juin 2024, la République du Sénégal enjambe l’obstacle Tabaski sans que les piliers fondamentaux de la Nation n’en soient remis en question même si le monde interlope du transport interurbain est en transe.
Comme à l’accoutumée, ce lundi 17 juin 2024, la République du Sénégal enjambe l’obstacle Tabaski sans que les piliers fondamentaux de la Nation n’en soient remis en question même si le monde interlope du transport interurbain est en transe. Certes, à Gounass, où la charia aurait conquis quelques portions de territoire en pays laïc, ça s’étripe depuis la prière. Ce n’est pas une première…
Revenons à nos moutons dakarois.
Une semaine auparavant, ce qui est de coutume depuis Macky Sall, le chef de l’Etat, sous bonne escorte, va acheter son mouton. Cette fois, le cérémonial est minutieusement programmé par les génies de la com’ de l’avenue Léopold Sédar Senghor, un gros lundi aux heures de bureau. Le Président est en travail buissonnier, comme n’importe quel authentique salarié bien de chez nous, qui n’hésite pas à larguer les contribuables angoissés devant son guichet, pour filer en cuisine, histoire de se jeter un p’tit encas derrière la cravate.
Mea culpa : cette année-ci, pour la première fois, polygamie au Palais oblige, question mouton présidentiel, il faudra en marchander pour deux. Au nom de la transparence dans la gestion des deniers publics, le prix d’achat est connu de tous : cent-soixante mille misérables francs Cfa par tête d’ovin encorné, payés avec cette honteuse monnaie coloniale que les Patriotes authentiques menacent de bouter hors du pays avec le dernier ambassadeur de France.
Un esprit chagrin me fait tout de même remarquer qu’il faut ajouter à la note les frais de protocole : en plus de la courtisanerie inévitable, les motards, l’ambulance, la sécurité, la com’ et le protocole présidentiels qui se sont déployés dès la veille. Ça n’a pas de prix, on reconnait. Mais comme toutes choses en ces temps impitoyables, ça a un coût.
Il faut surtout éviter que notre tout nouveau chef d’Etat ne tombe sous les balles d’un cinglé déjà nostalgique de l’ancien régime. Ne souriez pas bêtement : c’est bien à l’occasion d’une tabaski que Moustapha Lô tentera de décapiter la République en essayant de trucider le Président Senghor. Le pistolet ne se serait pas enrayé, on ne sait pas si la République du Sénégal serait encore de ce monde. Revenons à nos moutons présidentiels.
On se l’imagine, le marchandage commence dès ce moment-là, loin des oreilles et des yeux indiscrets des dix-huit millions de concierges sénégalais. Au final, le lendemain, en plein jour, devant les caméras bienveillantes de la Rts, Bassirou Diomaye Faye s’octroie d’autorité deux bêtes à cornes d’allures assez dignes pour ne pas créer de crises conjugales quand bien même la petite histoire ne dit pas à qui est réservé le bélier aux plus belles cornes. Aucun incident officiel noté : que veut de plus le Peuple ?
Tant que la paix des ménages est sauve, il n’y a pas de sottes économies, même si l’on ne nous précise pas si cette dépense follement raisonnable relève des indemnités de fonction, des fonds politiques ou des charges ordinaires du Palais.
Tant qu’à faire, et puisqu’on navigue dans le privé confidentiel, autant satisfaire toutes les curiosités, n’est-ce pas ?
Pour le reste, rien que la routine…Comme d’habitude, le débat macroéconomique national, à une encablure de l’échéance fatidique, tourne autour de la flambée des prix : faut-il raboter cinq francs Cfa au moins, et dix au plus, sur le riz, l’huile, le chou, la carotte et le bâton de pèlerin, malgré la disparition des piécettes ?
Il y a ceux qui s’en foutent, parce que depuis la nuit des temps, quel que soit le régime, leurs intrigues de couloirs dans les allées du pouvoir les exonèrent des fluctuations intempestives. L’huile, la pomme de terre, l’oignon peuvent crever les plafonds qu’ils veulent, ce sera le cadet de leurs soucis : ils ont le bras long au bout duquel s’agite cette main agile qui va chercher dans les fonds publics les quelques deniers que les angles morts du Trésor public protègent des indiscrétions nationales…
Ça demande du métier, une bonne étoile et, surtout, cette capacité très sénégalaise au reniement, quitte à avaler son vomi au besoin. Il y a aussi ces compatriotes au sort touchant.
L’an passé, ils sont de ceux pour lesquels la République se permet les extras les plus coûteux : pèlerinage à La Mecque en avion présidentiel comme invités du Roi, passeports diplomatiques, postes aussi prestigieux que rémunérés à la crête de quelque conseil d’administration fantoche et énorme bélier parfois offert par le Prince ou aux frais de la princesse.
On n’est pas regardant quand vient l’âge de raison. Sortir de sa poche du vulgaire Cfa, alors que l’on trône en altitude mondaine, est une insulte à ses penchants aristocratiques. Hélas, en cette lugubre année 2024, ces braves gens relégués à l’insultant statut de nouveaux pauvres, vont devoir marchander l’agnelet comme des manants, virer quelques maîtresses qui sont autant de signes extérieurs de réussite, oublier d’habiller la progéniture de la concubine la plus soumise, celle qui s’honore d’accueillir chez elle l’agneau rachitique qu’on dégote après minuit.
De l’autre côté de la barrière des destins, on s’en doute, les nouveaux riches jubilent. Il y a un an, dans l’enceinte de leurs geôles, certains parmi eux rompent encore le pain rassis et une écuelle de «ndambé» qu’ils se partagent fièrement entre détenus de droit commun. Le messianique «Projet» qui leur ramène en mars 2024 54% de l’électorat, défendu à grands jets de pierres et de cocktails Molotov, toujours en gestation, vaut bien ce sacrifice, non ?
Pari gagnant, ils ont raison de croire en leur bonne étoile… Amnisties en tous genres, amnésie nationale, élargissements tous azimuts, puisque personne n’est coupable de quoi que ce soit et, comme dirait le poète, «les morts ne sont pas morts». C’est ainsi que le slogan cabalistique «Diomaye môy Sonko» passe dans les urnes comme lettre à la poste et le résultat ne se fait pas attendre : du côté des nouveaux riches, des chèques s’exhibent sur les réseaux sociaux pour magnifier le combat patriotique pour la souveraineté nationale.
Elle n’est pas belle, la vie ? Trêve de niaiseries : après quelques incursions dans la sous-région, le temps des choses sérieuses est arrivé. Depuis Senghor et Pompidou, un chef d’Etat sénégalais doit poser sur le perron de l’Elysée avec le sourire, s’il veut que ses relations avec le Fmi, la Banque mondiale, l’Union européenne restent au beau fixe.
La fin de la récréation est proche
Parmi les sujets qui fâchent, il sera sans doute question des foucades du Premier ministre Ousmane Sonko à l’Ucad devant son invité Jean-Luc Mélenchon, sur les ignominies endurées sous Macky Sall avec la bénédiction de la France ; il faudra également une explication de texte à propos du slogan «La France dégage», tout comme les poursuites contre l’Envoyé spécial Macky Sall accusé de «crimes contre l’humanité» par quelques illuminés dont Juan Branco. Et peut-être, quelque mot de compassion ne serait pas de trop concernant le nez, que dis-je, l’appendice, la péninsule nasale de Kylian Mbappé, qui se serait fracassée sur les récifs du foot européen.
Dans ces sphères-là, pour être en odeur de sainteté, il ne faut pas manquer de flair…
Par Moussa KAMARA
ENFANCE ET ADOLESCENCE, VIGILANCE OU DECHEANCE
Encadrer et surveiller ses enfants feront d’eux de bons musulmans, adultes et respectueux de leurs parents et très utiles à la société.
Cette semaine, j’ai eu à échanger dans les réseaux sociaux avec une personne d’une civilité exquise. Quand on tombe sur ce genre de personne, il est souvent très difficile de contenir sa joie tant ce produit est rare, bien qu’existant sur le Net. D’ailleurs c’est quelqu’un que je connais très bien dans la vie active et réelle et sa présence sur le Net, loin de me surprendre, me rassure et me conforte. Parce que, lui, son activité sur les réseaux sociaux est plus instructive et éducative par-delà sa fonction d’imam, très instruit et très moderne. Nous avons parlé de la situation en France où notre Président s’est rendu ce mercredi et dont le Président Macron l’a reçu à déjeuner hier jeudi. Tout le monde est au courant que l’Occident use avec intelligence et compétence de différents moyens de communication pour entrainer le reste du monde dans sa perversité décadente. Alors quoi de plus naturel que les imams, et pas seulement eux, le traquent et le dénoncent autant que faire se peut.
Les Occidentaux abrutissent nos jeunes et autres avec l’introduction de drogues dures par la grâce et la magie de l’argent facile. Ils passent par le cinéma, la télé, les Bd et presque tous les sports et d’autres supports pour distiller les messages LGBT. Avec l’interdiction d’interdire, ils ont atteint le comble.
Toutes nos valeurs nous distinguent profondément des leurs alors je ne vois pas comment ils peuvent nous imposer les droits LGBT. Pour les musulmans que nous sommes, notre foi ne saurait souffrir de malfaisances nauséabondes. La foi nous vivifie et consolide notre attachement à l’Islam. En ces moments où certains pères de familles négligent ou même oublient les intérêts de leur progéniture et de leurs familles en général, les fléaux qui peuvent capter cette progéniture et ces familles sont divers et nombreux. Tout le monde doit prendre le temps d’élever et d’éduquer sa famille dans la pure tradition islamique. C’est plus utile de grandir avec des valeurs islamiques que d’apprendre sur le tard ces valeurs. La différence entre un adulte récent toubène (converti) et les autres qui ont blanchi sous le harnais de la religion islamique est souvent patente malgré le prosélytisme du premier. Envoyer son môme au jardin d’enfants où il apprend plus à chanter, danser et fêter mardi gras et autres n’est pas mauvais en soi mais leur faire apprendre le Coran à la maison par un vrai maitre me semble tout autant indispensable. Encadrer et surveiller ses enfants feront d’eux de bons musulmans, adultes et respectueux de leurs parents et très utiles à la société.
par Aminata Touré
POURQUOI LE RASSEMBLEMENT NATIONAL NE DOIT PAS PARVENIR AU POUVOIR EN FRANCE
Malgré les tentatives de dédiabolisation de ses dirigeants, cette idéologie fasciste continue d’immerger l’action politique de l’extrême droite, qui voue une haine particulière aux Africains et aux noirs en général
Aux esprits chagrins qui me rétorqueraient : « De quoi te mêles-tu donc ? », ma réponse est simple : « Je me mêle de ce qui me regarde ». En tant que militante des droits humains, j’ai la conviction que la possible arrivée au pouvoir du Rassemblement national en France n’est plus une question franco-française. C’est une question civilisationnelle qui interpelle celles et ceux qui, à travers le monde, continuent à croire à l’amitié et à la solidarité entre les peuples et se battent pour le respect des droits des immigrés, en particulier africains, lesquels polarisent faussement le débat politique dans l’Hexagone.
Rhétorique perverse
Convoquons un instant les statistiques, qui contredisent l’argument, aussi absurde que dangereux, du « grand remplacement », cette thèse raciste qui a fait de la stigmatisation systématique des immigrés le fonds de commerce de l’extrême droite. Selon les statistiques officielles de l’Insee, 7 millions d’immigrés vivaient en France en 2022, soit 10,3 % de la population totale (67,97 millions). Parmi eux, 35 % – soit 2,5 millions – ont acquis la nationalité française. La population étrangère résidant en France s’élevait donc alors à 5,3 millions (7,8 %). Seuls 48,2 % de ces immigrés sont nés en Afrique. Or selon la rhétorique perverse de l’extrême droite, ces 1,2 millions d’étrangers particulièrement ciblés seraient en passe de « remplacer » 67,9 millions de Français. Relayé complaisamment par certains médias, cette construction intellectuelle fantaisiste finit par ancrer dans les esprits la crainte que « le Zambèze envahisse la Corrèze ». Trop d’intellectuels en France, y compris progressistes, ont laissé prospérer cette propagande, souvent accompagnée de stigmatisations publiques à l’encontre des Africains.
Parallèlement, des responsables politiques BCBG, au sein de partis politiques fascisants, comme le Rassemblement national de Marine Le Pen ou Reconquête, d’Eric Zemmour, ont compris l’importance qu’il y avait à adopter un look jeune et moderne pour lisser leur image et se rendre politiquement corrects dans un contexte de crise existentielle née de la reconfiguration des rapports de forces économiques mondiaux, qui inquiète nombre de pays européens naguère dominants.
Exit, le style vieillot de Jean-Marie Le Pen et bonjour les costumes bien coupés et les talons aiguille de ses héritiers et héritières politiques. Et voici qu’une bonne partie de l’électorat français, angoissé par le présent et mortifié par l’avenir, semble prête à basculer : « Et si on les essayait, après tout ! ».
« No pasaran ! »
En attendant de comprendre pourquoi et comment on en est arrivé là, empruntons aux partisans de la Seconde République espagnole en lutte contre le général- dictateur Franco leur fameux cri de ralliement : « No pasaran ! » L’occasion ne doit jamais être donnée au Rassemblement national et à ses satellites de diriger la France, pays de la première Déclaration des droits de l’homme et du citoyen, adoptée le 26 août 1789, et qui consacre le caractère « naturel, inaliénable et sacré des droits individuels et collectifs ».
Rappelons aussi que c’est à Paris qu’a été adoptée par l’Assemblée générale des Nations unies, le 10 décembre 1948, la Déclaration universelle des droits de l’homme. Le Français René Cassin, qui obtiendra le prix Nobel de la Paix en 1968, était alors aux commandes de la rédaction de ce texte – ratifié par la France en 1954 – aux côtés d’Eleanor Roosevelt et Charles Malik.
La Convention internationale sur l’élimination de toutes les formes de discrimination raciale est quant à elle entrée en vigueur en 1969 et la France l’a ratifié en 1981. L’idéologie du Rassemblement national s’inscrit dans une violation constante de tous ces instruments de droit international ratifiés et parfois initiés par la France. Outre son projet d’instaurer la préférence nationale, Jean-Marie Le Pen, le père de l’extrême droite française moderne, a été plusieurs fois condamné pour « apologie de crimes de guerre et contestations de crimes contre l’humanité », « provocation à la haine, à la discrimination et à la violence raciales », « injures publiques » et « violences ».
La mort, le 1er mai 1995, de Brahim Bouraam, un Marocain de 30 ans agressé par des manifestants en marge d’une marche du Front national et jeté dans la Seine, nous rappelle les moments de terreur que nous, jeunes étudiants africains, vivions en France lorsque l’on annonçait une descente du Groupe Union-Défense (GUD), une organisation estudiantine violente qui se livrait régulièrement à des ratonnades contre des étudiants africains sur les campus universitaires. Certaines figures marquantes du GUD sont aujourd’hui de proches collaborateurs affichés de Marine Le Pen. Le 12 juin, quatre militants d’ultradroite ont été condamnés à des peines allant de six mois de prison avec sursis à sept mois ferme pour leur participation à une agression homophobe à Paris alors qu’ils « fêtaient » la victoire du RN aux élections européennes.
Chaque voix compte !
C’est pourquoi il est un devoir pour tous les militants des droits humains, partout où ils se trouvent, de se mobiliser pour éviter que la France ne connaisse la plus grande régression de son histoire récente. L’extrême droite, au quotidien, piétine la devise de la France : « Liberté, Egalité, Fraternité » ; et son accession au pouvoir ne ferait que charrier son lot de violences racistes, antimusulmanes, antisémites ou sexistes car depuis des décennies, celle-ci a bâti son discours sur la haine, l’exclusion et le racisme.
Malgré les tentatives de dédiabolisation de ses dirigeants, cette idéologie fasciste continue d’immerger l’action politique de l’extrême droite, qui voue une haine particulière aux Africains et aux noirs en général. Son accession au pouvoir consacrerait une rupture totale avec le continent africain, lequel entend plus que jamais se battre pour faire respecter sa souveraineté et imposer à tous le respect en vue d’un partenariat gagnant-gagnant.
Il est tout aussi impératif que tous les Français d’ascendance africaine et les binationaux africains-français aillent voter massivement pour que, à travers des lois fortes qui seraient adoptées par la prochaine Assemblée nationale, cessent en France les propos racistes débités à longueur d’émissions de télévision, les brimades mesquines infligées au quotidien et les discriminations de toutes sortes.
Dans l’immédiat, la lutte contre le racisme passe par une défaite cinglante du Rassemblement national aux prochaines législatives en France. Et chaque voix compte !
Texte Collectif
LE RN, ENNEMI DE L’AFRIQUE ET DES PANAFRICANISTES
Il ne faut pas se méprendre : le Rassemblement National est porteur d’une idéologie décliniste, ultralibérale, xénophobe, raciste et violente. Il ne renoncera pas à la politique de puissance de la France sur le continent
En choisissant de dissoudre l’Assemblée nationale après sa défaite aux élections européennes, Emmanuel Macron a fait de l’arrivée de l’extrême droite à Matignon non pas une hypothèse pour le printemps 2027, mais un sérieux risque pour le début de l’été 2024. À l’instar d’une frange de la population française qui estime que le moment de « tester » les recettes du Rassemblement national (RN) est arrivé, certains militants « panafricanistes » ethnocentrés proclament que cet événement est de nature à renouveler les relations entre la France et l’Afrique. Il faut méconnaître la nature, l’histoire et l’idéologie de l’extrême droite européenne pour abonder dans ce sens.
Le socle idéologique de l’extrême droite a évolué. À la hiérarchie raciale et l’antisémitisme s’ajoutent l’islamophobie, la théorie du « grand remplacement », la « guerre des civilisations », etc. Le RN de Marine Le Pen et Jordan Bardella est l’héritier des organisations et des groupes paramilitaires qui s’opposaient aux mouvements nationalistes africains – ceux qui ont soutenu le régime d’apartheid en Afrique du Sud. Les aventures coloniales et les luttes des peuples africains pour les indépendances nourrissent son idéologie. Des membres de l’OAS, Occident et Ordre nouveau, que l’on retrouvera plus tard dans l’encadrement et le service d’ordre du Front national-Rassemblement national, ont été mercenaires au Biafra, au Katanga, aux Comores… Vincent Bolloré, qui règne sur un empire médiatique où les thèses d’extrême droite occupent en permanence les antennes, doit sa puissance au continent africain, notamment aux « débris du capitalisme colonial français » sur lesquels il a fait main basse au début des années 1980.
La dynastie Le Pen fait de l’Afrique et de certains de ses chefs d’État des sources de financement. Marine Le Pen, tout en critiquant la Françafrique, y cultive des réseaux. En 2017, elle a été reçue par feu l’autocrate Idriss Déby. En janvier 2023, elle est allée au Sénégal pour y rencontrer un Macky Sall en pleine dérive dictatoriale. Comme en France, madame Le Pen signale à gauche mais tourne toujours à l’extrême droite. Elle promet des ruptures en matière de politique africaine de la France, tout en votant pour le maintien des instruments de la politique impérialiste française (opérations militaires, franc CFA/Eco, francophonie franco-centrée…). Elle veut bloquer les transferts d’argent des travailleurs immigrés à leur famille. En 2022, elle a obtenu d’Emmanuel Macron l’interruption de l’aide publique au développement au Mali.
Les progressistes africains doivent déconstruire le discours de l’extrême droite. Le RN est porteur d’une idéologie décliniste, ultralibérale, xénophobe, raciste et violente. Il ne renoncera pas à la politique de puissance de la France en Afrique. Les panafricanistes de gauche seront des cibles privilégiées d’une guerre renouvelée contre les aspirations de souveraineté des sociétés et de la jeunesse africaine.
AIDE À LA PRESSE : JTI, UN CRITÈRE SUPPLÉMENTAIRE ?
Journalism Trust initiative (JTI), une norme mise en place par Reporters sans frontières a commencé à s’imposer dans l’environnement médiatique mondial à l’heure où les médias sont de plus en plus infestés par des fake news-
Le Fonds d’appui et de développement de la presse (ex-aide à la presse) est accordé aux media sur la base d’un certain nombre de critères connus. Avec l’avènement de la norme JTI promue par Reporters sans frontières, un critère supplémentaire pourrait s’y ajouter et impacter ainsi certains médias. C’est en tout cas le souhait de RSF dont la norme vise à crédibiliser les médias.
Journalisme Trust initiative (JTI), une norme mise en place par Reporters sans frontières, a commencé à s’imposer dans l’environnement médiatique mondial à l’heure où les médias sont de plus en plus infestés par des fake news et que grandit la baisse de confiance vis-à-vis des médias à cause, en partie, de la montée de l'extrémisme dans l'espace politique.
La crédibilité et la fiabilité d’un media sont d’une importance capitale aussi bien pour l’entreprise que pour les annonceurs et le public. Quel annonceur irait consciemment vers un media avec une mauvaise réputation ? C’est pour aller vers cette qualité que Reportes sans frontières 8RSF) a créé la norme Journalism Trust initiative (JTI) qui est une norme internationale de certification des médias qui est en train d’être mis en œuvre.
Les représentants de RSF Afrique subsaharienne ont pu rencontrer des autorises sénégalaises pour leur exposer ce que c'est Trust initiative journalisme et plaider la prise en compte de cet aspects dans les différentes possibilités de soutien dont peuvent bénéficier les médias de la part des pouvoirs publics. En marge de la publication de son dernier rapport sur le journalisme au Sénégal, Reporters sans frontières (RSF) a profité pour donner plus d'informations sur la norme JTI (Journalism Trust Initiative).
Le processus de certification a déjà commence au Sénégal, après des pays comme le Niger, le Ghana, le Nigeria, etc. Au Sénégal, deux (2) médias ont passé le cap en se faisant certifiés. Il s’agit de Pressafrik et Financial Afrik). Cinq (5) médias attendent leur certification éminente sur un total de cinquante (50) médias ayant postulé auprès de RSF Afrique Subsaharienne.
Marc Aboflan, le responsable Afrique de JTI au sein de Reporters sans frontières, donne les détails dans cette entrevue avec AfricGlobe Tv.
Selon lui, la norme JTI permet non seulement d’améliorer la qualité des médias, mais de redonner confiance au public et même de les rendre plus crédibles aux yeux des annonceurs, lesquels ont intérêt à collaborer avec des médias crédibles pour la préservation de leur propre image.