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26 novembre 2024
Opinions
Par Moussa KAMARA
DEGATS COLLATERAUX
Ainsi suis- je tombé sur le post d’une dame qui déplorait les dégâts collatéraux qui affecteraient gravement les entrepreneurs, artisans et autres acteurs de l’informel suite au report de la campagne électorale de février à décembre prochain
C’est entré dans mes habitudes de consulter mon téléphone avant de prendre le p’tit- déj comme c’est certainement le cas pour la plupart d’entre vous. Ainsi suis- je tombé sur le post d’une dame qui déplorait les dégâts collatéraux qui affecteraient gravement les entrepreneurs, artisans et autres acteurs de l’informel suite au report de la campagne électorale de février à décembre prochain. Un manque à gagner énorme pour ces gens qui voyaient l’élection présidentielle comme une opportunité financière et économique.
Avec les vingt candidats retenus et les autres, tous ces politiciens avaient préparé des équipes pour travailler pour la bonne visibilité de leur leader. Au-delà de la Com il y a d’autres secteurs aussi importants que névralgiques, pour réussir à convaincre, séduire et faire élire son candidat. Sans compter les légions de gardes du corps et autres agents de sécurité dont les campagnes électorales constituent les traites.
Malheureusement toutes ces Task Forces ont été réduites à néant par le report. J’ai connu ces mêmes contraintes mais dans une proportion moindre. En effet il y a trois à quatre décennies, j‘avais proposé mes services à un candidat de l’opposition gambienne. Ce candidat aujourd’hui disparu, portait le même nom que moi et m’avait reçu dans son salon à Banjul. Ayant été séduit par mon speech, il m’avait remis beaucoup d’argent pour des T-shirts que je devais faire confectionner à Dakar.
Malheureusement, à l’époque, personne ne pouvait satisfaire ma commande en un si court délai. Après avoir commencé à grignoter sur la somme, je me suis résolu à retourner à Banjul deux jours avant l’élection pour rendre la totalité de l’argent reçu. Après lui avoir expliqué mes avatars, le Monsieur, grand seigneur, m’a dit que j’étais honnête car j’aurais pu rester au Sénégal et il ne pourrait rien contre moi car nous n’avions signé aucun protocole.
Devant tout le monde présent, il m’a demandé de garder l’argent. Et le plus cocasse, la présence de journalistes sénégalais qui m’avaient reconnu mais snobé dans le domicile du candidat… Après ce cadeau, ma présence à la soirée électorale était une évidence. Laquelle soirée fut vécue comme un supplice. A l’époque les opposants étaient considérés comme des criminels parles dirigeants au pouvoir. Les urnes ne rendaient que les résultats que désiraient les gens du pouvoir.
Pour revenir chez nous, en reportant la campagne et l’élection dans dix mois, le Président, qui devait partir en avril prochain, va rester au pouvoir pour la durée correspondante. Un rabiot de quelques mois vaut-il tout ce charivari ? Le pouvoir ne voit pas d’un bon œil la participation de Bassirou Diomaye Faye, en prison, qui risque de gagner cette élection parce que simplement désigné par Ousmane Sonko qui croupit lui aussi au cachot. Le report n’est finalement dû qu’à des calculs politiciens de ce pouvoir. Tout le reste est de la littérature malgré les dégâts collatéraux.
par Ndèye Aram Dimé
AUX JUGES DE SAUVER L'HONNEUR DE LA DÉMOCRATIE SÉNÉGALAISE
Vous ne devez rien à un président et quelques députés usurpateurs. Assumez la vocation qui vous est dévolue de droit et qui est de protéger la Constitution
Rendez au Sénégal ce qu'il vous a donné. S'il y a une seule dette, vraiment une seule, est venu le temps de l'honorer. Je commence par cette banalité qui aurait dû à elle seule suffire.
J'ai passé la nuit dans la solitude d'une blessure profonde, à tourner et retourner dans tous les sens l'évènement politique absurde qui vient de se dérouler sous nos yeux.
Deux partis politiques ont décidé de museler toute une Nation en imposant un coup de force. Le décret annoncé par Macky Sall le 3 février, indûment adopté et qui prétend abroger un précédent décret convoquant le corps électoral pris sur la base d'une compétence liée ne suffit pas. Les violences à l'encontre des députés de l'opposition, qu'on attaque et réduit au silence, ne suffit pas. La soixantaine de jeunes tués pour avoir osé exprimer leur ras-le-bol et les milliers de détenus politiques écroués pour avoir aménagé un contre espace d'expression face à la dictature de Macky Sall, n'ont pas non plus suffi. Il a fallu en sus qu'on nous inventât de toutes pièces une "crise" et nous imposât une rhétorique qui ne traduit en rien la réalité.
Puis, lorsque nos députés ont tenu à restaurer cette réalité par le vote, le PDS/Wallu et certains députés de Benno Bokk Yakaar soutenus dans leur forfait d'usurpation par Amadou Mame Diop, président de l'Assemblée nationale, ont poussé le vice aussi loin que de soumettre cette réalité à leur répugnante volonté. Rien dans l'histoire politique du Sénégal n'égale en violence cette scène de forces de sécurité empêchant l'opposition de voter et de représenter le peuple. Rien ne sera jamais aussi insultant, méprisant et souillant que cette scène où Amadou Mame Diop prétend faire le décompte en à peine quelques secondes et en l'absence de l'opposition, pour proclamer 104 voix en faveur du report de l'élection présidentielle du 25 février au 15 décembre 2024.
Messieurs les juges,
Il y a eu trop de morts. Beaucoup trop de morts dont nous ne pouvons faire qu'approximativement la comptabilité. Que direz-vous à leurs mères qui les pleurent encore ? À leurs enfants qu'ils ne verront pas grandir ? Aux femmes, aux époux, à ceux qui comptaient sur eux pour survivre ? Parviendrez-vous à regarder vos propres enfants dans les yeux sans baisser la tête ? Est-il uniquement question de privilèges ? Ces privilèges valent-ils vraiment votre dignité ? Valent-ils de tourner le Sénégal en dérision à la face du monde ?
Vous ne devez rien à un président et quelques députés usurpateurs. Vous le savez mieux que nous. Assumez la vocation qui vous est dévolue de droit et qui est de protéger la Constitution. Nous voulons croire que quelque part, dans ce pays, la justice peut encore s'affirmer dans un sursaut d'indépendance républicaine ; comprendre qu'elle n'est redevable qu'à la République. Ne faites pas de nous d'imbéciles naïfs de croire en vous.
N'acceptez pas de tremper vos mains dans le sang déjà versé et celui qui pourrait encore l'être davantage. Vous avez toutes les cartes en main : il suffit de dire le droit.
L'injustice, Messieurs, n'attend pas le jugement pour hurler. Si elle crève vos tympans et que malgré cela vous en veniez à arbitrer en faveur de l'iniquité, du mépris et du cynisme de l'exécutif et du législatif en faillite, j'espère que la mauvaise conscience vous plongera dans des nuits sans aube ; mais que surtout avant toute justice divine, la République et les citoyens sauront se rappeler à votre souvenir ici-bas. Laissez les faux calculs à ceux qui ont déjà failli, vous pouvez encore laver l'honneur de notre démocratie et paver une bonne fois pour toute, le chemin à une justice indépendante.
Vous avez les cartes en main. Les véritables maîtres du jeu, c'est vous. Nos espoirs ? C'est encore vous. Notre avenir, ne vous y trompez pas, c'est également le vôtre.
Ndèye Aram Dime est consultante en affaires publiques et politiques.
par Ndeye Aminata Dia
LA TERREUR QUI SÉVIT AU SÉNÉGAL
Il est là l'enjeu de ce moment : restaurer notre foi. Notre foi que le pouvoir du président Macky Sall est bel et bien fini et que son règne est terminé. La foi que justice sera rendue à tous les prisonniers politiques qui peuplent nos prisons
7 février 2024, 04 jours après l'annonce du report de l'élection présidentielle, prévue le 25 février 2024 par le président Macky Sall, les rues de Dakar, la capitale sénégalaise, sont fluides.
En lieu et place des embouteillages habituels et des klaxons caractéristiques du paysage urbain, les voitures circulent sans encombres. Une personne qui ne suit aucun média, ni ne sait rien de l'actualité politique du pays pourrait facilement qualifier la ville de calme, d'apaisée et de tranquille.
Certains s'en offusquent même sur la toile : "comment est-ce que les Sénégalais peuvent vaquer à leurs occupations comme si de rien n'était ?" "Pourquoi les gens ne descendent-ils pas dans les rues?" "Les Sénégalais sont passifs, il ne va rien se passer et ce report de Macky passera comme lettre à la poste", soulignent beaucoup avec réprobation et indignation. "On pensait que le pays serait à feu et à sang. Qu'une foule de personnes s'en irait vers le palais pour montrer leur indignation et résister à ce coup d'Etat constitutionnel!", appuient d'autres, le cœur lourd de désolation et de désespoir. De ces complaintes, j'entends un cri, une souffrance, un refus même d'accepter ce qui se passe : "ce n'est pas possible. Mais dites-moi que ce n'est pas possible. Ça ne va tout de même pas passer."
"Ce n'est pas possible... Ça ne va tout de même pas passer", une phrase longtemps répétée devant les exactions du Président Macky Sall ces douze dernières années. Déclaration de patrimoine de 12 milliards à son arrivée au pouvoir alors qu'il a été fonctionnaire de l'État tout au long de son parcours? "Ce n'est pas possible". Traque des biens mal acquis pendant les deux ans qui ont suivi son élection? "Ce n'est pas possible". Référendum? "Ce n'est pas possible".
Introduction du parrainage dans le processus électoral ? "Ce n'est pas possible". Faire volte face pour effectuer un mandat de 7 ans au lieu de 5 comme initialement promis? "Ce n'est pas possible". Réduction de l'opposition à sa plus simple expression à travers l'arrêt des opposants, la dislocation du parti socialiste (PS), l'achat des consciences, la promotion de la transhumance, la restriction des libertés de manifester et d'expression et l'élimination des leaders politiques dans son propre parti : "ce n'est pas possible." Jusqu'au troisième mandat où pour une fois, beaucoup ont alerté que c'était bel et bien possible. Là, coup de surprise : "je ne me présenterai pas pour un troisième terme". Cette décision acclamée et félicitée des quatre coins du monde a aussi créé une bouffée d'oxygène dans le pays. Le suspens, maintenu pendant trop longtemps, a cédé place à un sentiment d'espoir : l'espoir d'une fin de règne avec tout ce que cela comporte comme peurs et comme foi en de meilleurs lendemains.
Le calme revenu après cette décision de ne pas poursuivre un troisième mandat devient un nid propice au renforcement de la répression : les arrestations reprennent en masse en commençant par Ousmane Sonko, le président du parti les Patriotes Africains du Sénégal pour le Travail, l'Ethique et la Fraternité, Pastef-Les Patriotes en abrégé suivi des cadres de ce même parti. Coup de maître : le parti le Pastef-Les Patriotes lui-même est dissous. Certains membres du parti s'exilent pour échapper au destin de leurs camarades. La non-poursuite de ce troisième mandat coûte cher à bon nombre de nos concitoyens - Mais puisque Macky part de toute façon et que les élections sont proches, à quoi bon contester maintenant ? "Lou metti yaggoul, diekh na ba paré. - L'épreuve n'est pas longue, c'est bientôt fini."
Pendant ce temps, le nombre de jeunes qui choisissent la voie de l'immigration clandestine augmente. En pirogue ou en avion par la voie du Nicaragua, des communautés entières se vident de leurs jeunes qui, certains de n'avoir aucune perspective dans leur propre pays, choisissent la fuite vers l'étranger à leurs risques et périls. Périr, beaucoup d'entre eux le font en mer. La toujours, on compte les jours : « Lou metti yaggoul, diekh na ba paré. - L'épreuve n'est pas longue, c'est bientôt fini." Pendant ce temps, des mères pleurent leur fils ou filles en prison et non jugés, des épouses pleurent leurs époux. D'autres, leurs amis, frères, sœurs, cousins, tontons, collègues, voisins. La déchirure est profonde dans le cœur des familles divisées, des vies confisquées, des lendemains arrêtés pour seule cause : l'expression d'une perspective différente, d'un mécontentement assumé par rapport à leur chef de l'État. Pire, ils se voient traités de "terroristes", de "criminels", d' "islamistes", de "personnes coupables d'appel à l'insurrection", de « fauteurs de trouble », de « jihadistes » pour ne citer que ces quelques exemples. Diabolisés, criminalisés, déshumanisés, leur vie est présentée comme sans valeur, leur histoire comme inexistante, leur personne comme éliminable.
Ce récit maîtrisé d'un pays en danger, d'une République attaquée, "de forces occultes" contre lesquels il faut lutter en mobilisant la "pleine force de l'État" est tenu, télévisé et plébiscité par le président de la République, chef suprême de l'armée et commandant des forces de l'ordre, qui, prenant sérieusement leur mission de protéger leur pays en danger, voit en toute personne qui affiche une contestation minime : un "dissident", un "criminel à maîtriser".
La violence n'arrive pas du jour au lendemain. Elle a des fondements et un mode de fonctionnement. Elle se construit dans les mots utilisés, les paroles échangées et les histoires partagées. Ces histoires répétées deviennent des imaginaires qui s'ancrent dans les consciences et donnent vie à des actions menées sans même qu'on s'en rende compte. De la même manière, la peur est une émotion contagieuse. Elle prend racine dans notre cœur et se mue dans le corps. Elle attaque les membres, fragilise la voix jusqu'à ce qu'elle devienne aphone et paralyse le reste du corps petit à petit, là encore sans même qu'on s'en rende compte. Il est là le drame de ce que nous vivons : ce calme apparent n'est pas un signe de faiblesse ou de lâcheté comme le dénoncent certains, c'est le miroir de la terreur qui s'est installée tout au long de cette décennie et qui nous a atteint jusqu'au plus profond de notre être. C'est le miroir d'une lassitude et d'un désespoir inouï. « Lou metti yaggoul, diekh na ba paré. - L'épreuve n'est pas longue, c'est bientôt fini" : la nôtre ne semble pas finir. Devant ce constat effrayant, cette incertitude concertante, ce doute qui jaillit, la force de l'action est diminuée. L'envie même d'agir s'éteint.
La foi s'amenuise.
Il est là l'enjeu de ce moment : restaurer notre foi. Notre foi que le pouvoir du président Macky Sall est bel et bien fini et que son règne est terminé. La foi que justice sera rendue à tous les prisonniers politiques qui peuplent nos prisons. La foi que les besoins d'expression, de sécurité, de choix, d'autonomie, d'harmonie, de paix, de stabilité seront assouvis. La foi, finalement, qu'au bout de l'épreuve, se trouve bel et bien la libération et que notre dignité, bien que bafouée, n'est pas morte.
En écrivant ces lignes, j'ai sincèrement foi que le président Macky Sall en tant qu'être humain a les mêmes besoins : les besoins de sécurité et de protection pour lui et sa famille, les besoins de choix, d'autonomie, d'impact, d'influence, de reconnaissance et de contribution. Contribuer à la construction d'un Sénégal prospère et émergent", pour reprendre ses mots. Besoin qu'il s'est évertué de remplir à sa manière ces douze dernières années. Ce moment pourrait nous faire oublier l'ensemble de ces réalisations sur le plan des infrastructures, mais même si ce n'est qu'une journée, il s'est évertué à sa manière d'apporter sa pierre à l'édifice. L'idée n'est pas ici de défendre ses actions ou de justifier les dérives, mais juste de reconnaître son humanité. Ces besoins sont valides comme le sont ceux du peuple sénégalais. Nul n'est au-dessus de l'autre. Le reconnaître n'invalide pas notre peine ni n'efface nos souffrances. Le reconnaître, c'est différencier l'homme des actions qu'il entreprend. C'est aussi souligner que la stratégie que le président Macky Sall a employée et continue d'employer pour remplir ses besoins est en conflit manifeste avec toutes les valeurs qu'il a eu à défendre avant son accession au pouvoir, les fondements de notre démocratie et les besoins du peuple qui l'a élu et qui aujourd'hui veut le voir partir. Mais le déshumaniser reviendrait à agir de la même manière que lui et à faire le même choix que celui que nous condamnons, perpétuant ainsi un cycle de violence sans fin.
Je finis donc par ce message : de grâce président, il n'est pas trop tard. Lorsqu'on a un besoin donné, on peut penser qu'il n'y a qu'une seule manière pour y arriver, mais cela n'est pas vrai. À tout moment, il y a toujours plusieurs options qui s'offrent à nous, plusieurs voies et choix possibles. Une fois un choix effectué, on peut aussi penser qu'il est trop tard pour revenir en arrière. Par peur et par honte, on peut continuer à s'enfoncer dans le chemin initial, incapable de changer de cap en pensant que c'est déjà trop tard. Seulement, il n'est jamais trop tard. On peut toujours changer de cap et choisir autrement. De la même manière que chacun d'entre nous peut choisir différemment, vous le pouvez aussi. Pour votre paix, celle de vos concitoyens et celle du Sénégal dans son ensemble, de grâce, choisissez autrement et respectez la Constitution en rétablissant le calendrier électoral pour des élections à la date du 25 février 2024. "Lou metti yagg na, diott na mou diekh - L'épreuve a duré, le temps de la fin a sonné."
Texte Collectif
STOPPER LE COUP CONSTITUTIONNEL
Macky Sall s’aventure à entraîner le Sénégal sur la voie de l’instabilité, de l’anarchie et des troubles civils, et toutes les forces démocratiques en Afrique et dans le monde devraient converger dans une lutte unie pour stopper cette dérive
Nous, intellectuels africains et activistes de la société civile réunis à Abuja ce 7 février 2024, tenons à exprimer notre choc et notre profond dégoût face à l'utilisation des gendarmes pour expulser physiquement les parlementaires de l'opposition de l’Assemblée nationale la veille, en vue de l'adoption d'un projet de loi inconstitutionnel prolongeant le mandat du président Macky Sall pour un troisième mandat et reportant l’élection présidentielle qui étaient prévues le 25 février 2024.
Cet acte constitue une violation flagrante de l'État de droit et des droits démocratiques du peuple sénégalais. C’est également une violation de la Charte de l’Union africaine, de la Charte africaine de la démocratie, des élections et de la gouvernance, ainsi que du Protocole de la CEDEAO sur la démocratie et la bonne gouvernance, auxquels le Sénégal a adhéré et intégré dans son droit interne.
Nous exhortons donc le gouvernement sénégalais à respecter la sacralité du processus démocratique.
Nous avons suivi avec un vif intérêt la détermination du peuple sénégalais à bloquer toutes les tentatives du président Macky Sall de se procurer un troisième mandat ainsi que son annonce de ne pas rechercher un tel mandat illégal, catégoriquement interdit par la Constitution du Sénégal. Il est désormais clair que sa déclaration publique n’était qu’une ruse pour tromper le peuple et poursuivre son ambition mégalomane de prolonger son règne.
C'est pour cette raison qu’il a déployé la police pour arrêter brutalement toutes les manifestations, couper Internet et continuer à utiliser le système judiciaire pour emprisonner et intimider tous ceux qui s’opposent à son ambition de continuer à gouverner par des moyens extraconstitutionnels.
Le président Sall s’aventure à entraîner le Sénégal sur la voie de l’instabilité politique, de l’anarchie et des troubles civils, et toutes les forces démocratiques en Afrique et dans le monde devraient converger dans une lutte unie pour stopper cette dérive et maintenir le Sénégal dans sa tradition démocratique.
Nous appelons le peuple sénégalais à maintenir sa lutte opiniâtre pour la préservation de la démocratie. Il s'agit d'une lutte commune pour tous les Africains et les forces démocratiques ;
Nous appelons la CEDEAO, l’UA et l’ONU à déclarer ouvertement que les actions du président Sall et des crapuleux législateurs qui ont soutenu son projet de loi anticonstitutionnel sont contraires à la Constitution, tout en exigeant un retour immédiat à l'ordre constitutionnel et au calendrier électoral prévu.
Le constitutionalisme et l’organisation des élections en temps voulu sont les fondements de la démocratie qui doivent être préservés.
Ont signé cette déclaration :
⎯ Prof Adele Jinadu
⎯ Prof Adebayo Olukoshi
⎯ Dr Kole Shettima, Abuja, Nigeria
⎯ Dr Emmanuel Akwetey, Institute for Democratic Governance, Accra, Ghana
⎯ Prof Jibrin Ibrahim, Senior Fellow, Centre for Democracy and Development, Abuja
⎯ Prof Mohammad Kuna, Usman Danfodiyo University Sokoto, Nigeria
⎯ Dr Charmaine Pereira, Independent Scholar, Abuja
⎯ Princess Hamman-Obels, The Electoral Hub, Abuja
⎯ Moussa Tchangari, Alternative Espaces Citoyens, Niamey
⎯ Adagbo Onoja, Abuja, Nigeria
⎯ Dr. Sa’eed Husaini, Abuja, Nigeria
⎯ John Odah, Abuja, Nigeria
⎯ Samson Itodo, Yiaga Africa, Nigeria
⎯ Professor Victor Adetula, University of Jos, Nigeria
⎯ Professor Istifanus Zabadi, Bingham University, Nigeria
⎯ West Africa Civil Society Institute
⎯ Professor Warisu O Ali, Abuja
⎯ Professor Remi Aiyede, University of Ibadan
⎯ Bernadette French
⎯ Gloria Ukpong, The Electoral Forum, Abuja, Nigeria
⎯ Everest Amaefule, The Electoral Forum, Abuja, Nigeria
⎯ Okechukwu Ndeche, Dispute Resolution Practitioner, Abuja, Nigeria
⎯ Dr. Lassane Ouedraogo, Researcher, CDD West Africa, Abuja, Nigeria
⎯ E.A. Johnson, Electoral Practitioner, The Electoral Forum
VIDEO
LA PEUR DES URNES DE MACKY SALL
René Lake décrypte les motivations cachées du président sur VOA à travers l'émission « Straight Talk » diffusée en anglais. Selon lui, aucun des candidats pressentis n'arrangeaient le chef de l'État soupçonné de vouloir écarter certains noms menaçants
Le politologue sénégalais basé à Washington, René Lake, a analysé le report de l'élection présidentielle annoncé par Macky Sall sur le plateau de l'émission politique américaine consacrée à l'Afrique sur VOA Aftique « Straight Talk ».
Pour René Lake, « le paysage des candidats ne convenait pas à Macky Sall ». Selon lui, « le premier ministre Amadou Ba était donné perdant » et « Pastef représentait une menace, avec un candidat qui aurait de grandes chances de gagner ». Le président aurait ainsi voulu « redistribuer les cartes » pour choisir son adversaire.
Interrogé sur la perception de coup d'État institutionnel par l'opposition, l'analyste rappelle que des opposants comme Khalifa Sall « ont déjà été victimes de l'instrumentalisation de la justice ». Et d'ajouter : « Le nouveau candidat de Pastef, Bassirou Diomaye Faye, aurait été un scénario catastrophe pour Macky Sall ».
Sur l'image démocratique du Sénégal, René Lake indique que cette décision « a changé la perception ». Il rapporte même les propos d'un sénateur américain qualifiant la situation de « dictatoriale ». Pour l'invité de VOA, Macky Sall « utilise le système judiciaire de manière partisane » depuis son accession au pouvoir.
Par Babacar Justin Ndiaye
PRÉSIDENTIELLE 2024 : UNE ENTAILLE DANS LE PROCESSUS ÉLECTORAL
Fondateur de l’École nationale d’Administration (ENA) au lendemain de la Deuxième Guerre, Premier Ministre de France, Michel Debré martèle : « Tout ce qui touche à l’Assemblée nationale est d’essence constitutionnelle ».
Fondateur de l’École nationale d’Administration (ENA) au lendemain de la Deuxième Guerre, Premier Ministre de France, Michel Debré martèle : « Tout ce qui touche à l’Assemblée nationale est d’essence constitutionnelle ».
Ainsi, toute anatomie des tensions actuelles entre les députés du Sénégal et les magistrats sages et chevronnés du Conseil Constitutionnel, et toute réflexion autour de leurs prolongements perturbateurs dans le calendrier électoral, doivent se faire à l’aune de la leçon de ce dinosaure politique, père des énarques de France et, par ricochet, de leurs émules du Sénégal.
Le hic de taille est que la double image des députés-godillots et des parlements-croupions demeure si présente dans les esprits que les citoyens croient dur comme fer, à tort ou à raison, que les élus du peuple forment l’éternelle valetaille du Gouvernement.
De ce fait, l’empoignade en cours entre une fraction importante de députés et un étage supérieur de l’appareil judiciaire, le report acté du scrutin de février et les fureurs civiquement et légitimement déchainées commandent de placer le curseur du décryptage au cœur de la finesse qui catalyse habituellement la clarté et la vérité.
Voyons le catalogue des faits puis le chapitre des appréciations !
Au tableau des faits, c’est indiscutablement l’Assemblée nationale, bien assise sur ses robustes et constitutionnelles racines (allusion aux propos de Michel Debré), qui a lancé les accusations contre le Conseil Constitutionnel puis enclenché la procédure dont le point culminant demeure la résolution accoucheuse d’une Commission d’enquête.
Cette dernière a aussitôt balisé la voie au retentissant report du scrutin présidentiel. Jusque-là, l’Exécutif et son chef (le Président Macky Sall) sont peut-être habilement embusqués mais totalement absents sur le terrain des initiatives.
Dans le volet des lectures, figurent les savantes controverses juridiques et les inévitables polémiques politiques.
Les débats juridiques sont évidemment ardus ; parce techniques, scientifiques voire ésotériques. On y recense des arguments de qualité en faveur du report ; et des thèses remarquables en défaveur du report. Ce qui conduit vers les vaseux mais fertiles marécages du Droit.
Quant aux rageuses batailles politiques sans fin, elles indexent des combines, convoquent des soupçons, alignent des jugements et instruisent des procès. Y compris des procès en sorcellerie contre le Président Macky Sall. Normal. Point de cadeaux en politique !
Il va sans dire que l’entaille dans le processus électoral – et non l’enterrement du scrutin, n’est pas arrivée comme un éclair dans un ciel serein.
Le spectre électoralement effrayant du PASTEF (dissous mais toujours dodu) du leader Ousmane Sonko, les couacs dans le parrainage et la bouillabaisse de la cuisine interne à l’APR ont poussé le Président Macky Sall à ébaucher des plans anti-naufrage pour la coalition Benno Bokk Yakaar.
Toutefois, quels que soient le poids des arrière-pensées et le volume des calculs valablement imputables à la mouvance présidentielle, c’est le PDS qui a agi et assumé au grand jour, en tant que locomotive de l’alliance parlementaire désireuse du report de l’élection du 25 février 2024.
Le cocktail des accusations de corruption, de la résolution de l’Assemblée nationale, de l’amendement des députés et, in fine, du report du scrutin est là. Telle une peinture qui pâlît l’éclatante démocratie du Sénégal.
Une situation regrettable lorsque l’on sait les projections perpétuellement heureuses et roses faites sur la vie politique sénégalaise depuis l’extérieur.
En attendant la fermeture en douceur et en consensus de cette inattendue parenthèse, la nation a besoin d’une réelle dose d’aggiornamento (mot italien plus fort que le sursaut). Car le Sénégal est sur le bord de la falaise. Face aux abysses. Il s’ajoute que les pannes politico-institutionnelles sont débloquées ou surmontées par les deux B : le bulletin de vote ou la baïonnette du fusil.
Texte Collectif
MOUSSA BOCAR THIAM, L'AVOCAT DU MONSTRE
Les médias sénégalais et ceux qui les animent ne peuvent être des bêtes promises aux abattoirs pour alimenter le menu des aboyeurs, au service exclusif d’un groupe ou d’un clan
Il aura marqué son passage au département en charge de la Communication. Une confusion inexplicable sur des dispositions du Code de la Presse en juin 2023 et les programmes de Walfadjiri TV furent suspendus pour trente jours (30) jours. Signé Moussa Bocar THIAM, ministre de la Communication, des Télécommunications et du Numérique.
La clameur qui avait envahi alors l’espace public aux fins de dénonciation d’une mesure plutôt attentatoire à la liberté de la Presse, n’a pas suffi à ramollir le ministre, décidément incapable d’apprendre de ses erreurs. Et bis repetita ! un semestre plus tard. Revoilà donc le braconnier qui vient achever l’animal avec le plus redoutable des outils interdits en zone protégée : retirer une licence de télévision comme on retire une vie. Rien de moins.
Cet acte est un coup sournois, une atteinte très grave à la liberté de presse et d'expression dans un pays où la presse a, depuis des décennies, toujours apporté sa pierre à la consolidation de la démocratie, de l'état de droit et de la liberté d’expression.
A une autre échelle, notamment économique et sociale, cet acte cherche à priver de moyens de vivre des centaines d’épouses, d’époux, d’enfants, de proches et dépendants sociaux qui se retrouvent subitement sans ressources, par la seule volonté d’un ministre de la République qui semble ne vouloir accepter la Presse que dans le rôle de tambourineur du Roi.
Que vous êtes arrivé trop tard dans la place, monsieur le ministre ! Vous avez ici l’occasion de découvrir la réalité, que votre méthode de gouvernance du secteur est éculée. Les médias sénégalais et ceux qui les animent ne peuvent être des bêtes promises aux abattoirs pour alimenter le menu des aboyeurs, au service exclusif d’un groupe ou d’un clan. La volonté de faire taire un producteur de contenus ne peut prospérer, si la seule raison doit en être que ce dernier a déjà été frappé du carton du régulateur de l’audiovisuel. On ne tue pas celui dont on a la responsabilité de la tenue en public, au motif qu’il aurait récidivé dans l’interdit. A moins d’être un monstre froid !
Il n’est certes pas question de rapport filial entre le membre du gouvernement et le secteur, mais la circonstance nous autorise cet écart métaphorique, que l’infanticide n’a jamais servi à résoudre une méconduite, le cas échéant. Le ministre a eu la main exagérément trop lourde. Ce n’est pas ici qu’il était attendu, mais manifestement et malheureusement, l’autorité de tutelle est incapable de discernement.
Le groupe Walfadjiri a employé et formé des générations de grands professionnels médiatiques dont ceux, jusqu’à récemment encore, cibles de recruteurs qui ne tarissent pas d’éloges pour leurs nouvelles conquêtes.
Monsieur le ministre, vous avez encore le temps de dire NON et au plus vite faire opposer une réponse négative à toute initiative qui concourrait à vous maintenir dans l’inconfortable situation dont vos collaborateurs et ceux qui vous apprécient positivement souhaiteraient que vous sortiez au plus vite.
La République en a besoin. Par ailleurs, vous en sauront gré les milliers de vos concitoyens qui n’avaient que Walf TV pour suivre et vivre le rythme des affaires de la cité qu’avec eux vous avez en partage.
Il n’est pas de démocratie sans liberté pour les journalistes de collecter, traiter et rapporter dans l’espace public, des faits et opinions qu’ils peuvent commenter et critiquer en n’ayant comme seules limites, que celles que leur imposent les règles d’éthique et de déontologie qui gouvernent leur secteur. Sur ce registre, les acteurs médiatiques ont les instruments et moyens organisationnels pour corriger des inconduites avérées.
Nous, Coordination des Associations de Presse (CAP), constituée du CEDEPS, de la CJRS, du CORED, de l’APPEL, du SYNPICS, du CTPAS, de l'URAC et de l’UNPJS, tenons à rappeler au ministre en charge du secteur et à toute autre voix, quelle qu’elle soit, que les journalistes, les professionnels des médias et les entrepreneurs médiatiques du Sénégal ne baisseront pas les bras devant de pareilles forfaitures.
A l’indécence faussement habillée du manteau de mission républicaine, nous opposons une détermination à la hauteur du défi, afin que nulle mesure autoritaire ne vienne remettre en question les précieux acquis que sont la pluralité médiatique et la diversité des lignes éditoriales, indispensables au respect du droit du public à l’information qui consolide sa citoyenneté. Nous ne sommes pas dans la menace, mais dans l’assurance que les auteurs de mesures attentatoires aux valeurs de la démocratie et de la liberté d’expression et de presse, nous aurons toujours en face.
par Thierno Alassane Sall
MACKY WOTO WAƊ
Macky Sall a encore le temps de se ressaisir. Il y a un concert de voix universel qui l'y invite. Le Sénégal est déjà trop divisé et fragilisé, il ne doit pas sous-estimer l'inévitable riposte que provoquera son pari diabolique
J'ai réaffirmé aujourd'hui, aux côtés des autres candidats, notre volonté indéfectible de respecter le calendrier électoral. La République, sa Constitution et la liberté inaliénable du peuple du Sénégal de choisir ses dirigeants ne doivent souffrir d'aucune ambiguïté. Macky Sall a constitué son gang de putschistes. Ils doivent être considérés comme tels. Nous continuons notre campagne électorale et avons déposé les recours contre la décision inique de la nouvelle intercoalition BBY/PDS.
En déposant la réclamation contre la double nationalité de Karim Wade, j'avais pour seule préoccupation la défense de la Constitution. C'est ce qui donne cohérence et légitimité à notre opposition au putsch constitutionnel en cours.
Cette grave affaire concerne toute la nation, au point de provoquer la sortie d'une personnalité dont chaque mot est mesuré : l'Archevêque de Dakar Monseigneur Benjamin Ndiaye. Son message interpelle toutes les forces vives, qui à cette heure s'organisent pour défendre la République et l'État de droit.
Macky Sall a encore le temps de se ressaisir. Il y a un concert de voix universel qui l'y invite. Le Sénégal est déjà trop divisé et fragilisé, il ne doit pas sous-estimer l'inévitable riposte que provoquera son pari diabolique.
par Madieye Mbodj
QUAND L’EXCEPTION DÉMOCRATIQUE SÉNÉGALAISE DÉCHIRE LA CONSTITUTION PAR PEUR DU SUFFRAGE UNIVERSEL
Préparons-nous sérieusement à faire face à l’assaut désespéré du pouvoir finissant. Définissons ensemble dès maintenant le contenu novateur et mobilisateur du vote du 25 février 2024, ainsi que du pouvoir de transition à mettre en place dès le 3 avril
1. Coup d’Etat constitutionnel et prolongation illégale du mandat présidentiel
Le 5 février 2024, c’est par la force brutale de gendarmes du GIGN, au cœur de l’hémicycle de l’auguste Assemblée nationale du Sénégal, qu’a été imposé le vote d’une loi anticonstitutionnelle, contre le respect de la loi et du règlement exigé par les députés de l‘opposition. Et c’est maintenant seulement, après avoir décrété ‘’légalement’’ les conditions de non expression du suffrage universel, que Macky Sall et les siens se mettent à chanter les vertus d’une élection libre, démocratique, transparente et inclusive ! De qui se moque-t-on ?
Dans la version française de son message du samedi 3 février 2024, le président Macky Sall a évité soigneusement de prononcer le mot report de l’élection présidentielle. Il ne s’est pas non plus aventuré à invoquer les dispositions de l’Article 52 de la Constitution, brandies un moment par ses inconditionnels pressés de le voir s’octroyer des « pouvoirs exceptionnels ». Il est vrai que ce cas de figure n’est pas d’actualité dans notre pays, étant prévu seulement lorsque, de façon cumulative, « les institutions de la République, l’indépendance de la nation, l’intégrité du territoire national ou l’exécution des engagements internationaux sont menacées d’une manière grave et immédiate, et que le fonctionnement régulier des pouvoirs publics ou des institutions est interrompu … Il ne peut, en vertu de ces pouvoirs exceptionnels, procéder à une révision constitutionnelle. »
Le président Sall a donc dû recourir, ce samedi 3 février 2024, à quelque 10 heures de l’ouverture officielle de la campagne électorale, à la signature du décret 2024-106 (soigneusement dissimulé) annulant le décret 2023-2283 portant convocation du corps électoral pour l’élection présidentielle du 25 février 2024. Par ce tour de passe-passe, notre prestidigitateur national décrétait, sans en avoir l’air, non pas un simple ‘’report’’ sine die mais pire, une annulation de l’élection présidentielle en même temps qu’une prolongation anticonstitutionnelle du mandat présidentiel ! Un authentique coup d’État, digne de « l’exception démocratique sénégalaise » dans ses œuvres de haute voltige ! Voilà comment, avec la complicité de Karim-PDS, Macky Sall-APR veut faire dévier sa crise interne, une défiance intérieure à l‘endroit de son propre candidat, en une crise institutionnelle artificielle ébranlant la République !
L’Article 103 de la Constitution est pourtant fort clair : « La forme républicaine de l’Etat, le mode d’élection, la durée et le nombre de mandats consécutifs du Président de la République ne peuvent faire l’objet de révision. » Belle distribution concertée des rôles entre acteurs agissant de parfaite connivence comme larrons en foire ! Côté jardin présidentiel, décret de report - annulation de l’élection ; côté cour de l’Assemblée nationale, députés commis à la mise en place d’une « commission d ’enquête parlementaire » et au dépôt d’une « proposition de loi constitutionnelle 04-2024 portant dérogation aux dispositions de l’article 31 de la Constitution de la République du Sénégal », Article en vertu duquel, faut-il le rappeler, « le scrutin pour l’élection du Président de la République a lieu quarante-cinq jours francs au plus et trente jours francs au moins avant la date de l’expiration du mandat du président de la République en fonction » ; le tout pour brouiller les cartes et faire voter par la ‘’ nouvelle majorité élargie APR-BBY/PDS’’ un bien-mal-nommé report, d’abord de de 06, puis de 10 mois, de la présidentielle, jusqu’au 15 décembre 2024 ! Ainsi de suite, ainsi de suite, jusqu’à l’équivalent d’un 3ème mandat de fait qui ne dit pas son nom !
N'est-il pas, par ailleurs, incongru et suspect de voir la majorité APR-BBY souscrire, tête baissée, à de prétendues initiatives parlementaires, traitées en mode fast track, qui accusent pourtant son propre candidat Amadou Ba, choisi par le président Macky Sall himself, d’être l’auteur de pratiques de corruption à l’endroit de deux juges membres du Conseil constitutionnel, qui seraient à l’origine de la disqualification du candidat Karim Wade de la course à la magistrature suprême du pays ? Et pourquoi ne pas, pendant qu’on y est, faire convoquer Karim Wade à la DIC et le poursuivre pour les mêmes chefs d’inculpation que ceux formulés contre la candidate Rose Wardini ?
2. Poursuivre la résistance populaire légitime : initiatives et mots d’ordre
- Non au coup d’État portant annulation de l’élection présidentielle du 25 février 2024 ! Saisine du Conseil constitutionnel ou de la Cour suprême pour l’annulation du décret 2024-106 signant l’annulation du décret 2023-2283 convoquant le corps électoral pour l’élection présidentielle du 25 février 2024 !
- Pour un Front Populaire des Forces Vives incluant partis politiques, organisations de la société civile, syndicats de travailleurs, personnalités démocratiques, organisations patronales, etc., contre le coup d’état constitutionnel annulant l’élection présidentielle du 25 février 2024 !
- Non au faux dialogue des fossoyeurs de la démocratie, de la République et de l’État de droit ! Libération sans délai de tous les détenus politiques ! Pour des enquêtes indépendantes sur les meurtres et assassinats commis depuis 2021 et châtiment exemplaire de leurs auteurs et commanditaires ! Rétablissement immédiat du signal TV du Groupe Walf, et restitution de sa licence ! Rétablissement immédiat et durable de l’internet mobile !
- Asseoir le bien-fondé d’une accusation à l’encontre du président de la République pour haute trahison, en vertu des dispositions :
a) de l’Article 37 de la Constitution portant Serment du Président de la République ainsi qu’il suit :
« Devant Dieu et devant la Nation sénégalaise, je jure de remplir fidèlement la charge de Président de la République du Sénégal, d’observer comme de faire observer scrupuleusement les dispositions de la Constitution et des lois … »,
b) de l’Article 42 de la Constitution selon lequel « le Président de la République est le gardien de la Constitution »,
- Mettre en place un gouvernement d’union nationale de transition à compter du 03 avril 2024, date d’expiration du mandat présidentiel en cours,
-Poursuivre les manifestations, renforcer graduellement la mobilisation et la résistance populaire légitime, organiser la désobéissance civile et la grève générale, jusqu’à la victoire, vers la refondation de la société et de l’Etat, la souveraineté nationale et populaire effective dans une Afrique de progrès, unie, libre et prospère.
3. De nos perspectives, pour conclure :
Malgré toutes les violences, injustices et ignominies, avoir réussi à pousser le pouvoir Macky Sall-APR-BBY dans ses derniers retranchements, jusqu’à l’amener à perpétrer, à la face du monde et avec la complicité flagrante de Karim Wade-PDS, un honteux coup d’État contre la démocratie et les institutions du Sénégal, constitue assurément une victoire d’étape du camp patriotique, une victoire de la résistance populaire légitime contre la dictature, le gangstérisme d’état, l’injustice et l’arbitraire. S’il y a dans ce pays un citoyen bien placé pour se plaindre des décisions iniques du Conseil constitutionnel, de l‘acharnement, de l’arbitraire, de la diabolisation à outrance et des procès en sorcellerie, de la violence et de l’injustice sous toutes les coutures, c’est bien le président Ousmane Sonko, son candidat Bassirou Diomaye Diakhar Faye, ses proches et alliés. Sur la foi de l’ensemble des faits vécus depuis plus de sept ans, l’on peut affirmer avec force que le président Sonko a eu très tôt raison sur toute la ligne face au régime Sall, et si aujourd’hui le Sénégal devait dériver davantage vers la violence et l’instabilité, ou plonger dans une grave crise économique, financière et sociale sans précédent, la responsabilité devrait en être imputée entièrement au président Macky Sall et à son attelage élargi APR-BBY/PDS.
Monsieur Aly Ngouille Ndiaye, ancien ministre de l’Intérieur, a préféré déposer sa propre candidature contre le candidat choisi par Macky Sall pour ensuite attaquer son décret du 3 février ! Monsieur Abdou Latif Coulibaly vient de démissionner de son poste de ministre Secrétaire Général du gouvernement, pour exprimer son opposition au report-annulation de la présidentielle et au désir insensé de Macky Sall de vouloir « arrêter l’histoire » (sic !). Dans le même sillage, madame Eva Marie Coll Seck, ancienne ministre de la Santé, a démissionné de la présidence du Comité national de l'initiative pour la Transparence dans les Industries Extractives (ITIE).
Si dans les rangs ou les allées du pouvoir Faye-Sall, l’on compte toujours des messieurs et dames à qui il reste encore une once de dignité et de patriotisme, qu’ils ou elles prennent alors leur courage à deux mains pour se démarquer, quitter le navire et se mettre à la disposition du peuple, pendant qu’il est encore temps !
L’Afrique bouge, à l’image des changements en cours au Mali, au Niger, au Burkina Faso et ailleurs. Le Sénégal, face à son destin, se trouve à la croisée des chemins. De pays comme la France de Macron et ses réseaux françafricains, des clubs de chefs d’Etat agissant sous couvert d’organisations communautaires telles la CEDEAO et l’UA, de la prétendue communauté internationale, si prompts les uns et les autres à s’ériger en contempteurs des coups d’États et en défenseurs de la démocratie, il est attendu d’eux, non de simples allusions diplomatiques, mais plutôt par cohérence, une voix ferme ou une condamnation claire des dérives dictatoriales du Macky.
Rien n’est moins sûr, mais le peuple sénégalais saura compter d’abord sur ses propres forces, et en premier lieu sur l’engagement de sa jeunesse, l’engagement des femmes, des travailleurs, des personnes âgées ou en situation de handicap, bref de l’ensemble des patriotes du Sénégal et d’Afrique, pour libérer notre pays et notre continent. Sur cette voie, rejetons nos illusions, préparons-nous sérieusement et méthodiquement à faire face à l’assaut désespéré du pouvoir finissant, définissons ensemble dès maintenant le contenu novateur et mobilisateur du vote du 25 février 2024, ainsi que du pouvoir de transition à mettre en place dès le 3 avril prochain pour prendre en charge les urgences démocratiques et sociales qui interpellent notre peuple et l’ensemble de ses forces vives.
Seuls les autocrates, les tyrans et les dictateurs ont la peur en sueur du suffrage universel direct, égal, transparent et secret, garantissant l’expression libre de la volonté populaire. Sont de ceux-là visiblement le pouvoir MACKY-APR-BBY et ses nouveaux alliés Karim-PDS.
Madieye Mbodj est membre de la Coalition Diomaye président.
Par Mohamed GUEYE
LES RISQUES ECONOMIQUES DE LA TENSION
Depuis samedi 3 février, plus personne ne travaille au Sénégal, ou à tout le moins, à Dakar. Certaines boutiques n’ont pas remonté les rideaux qui ont été baissés le week-end dernier.
La décision du président de la République et de ses députés de reporter l’élection présidentielle, et donc de prolonger son mandat, n’a pas fini de faire des remous. Si les institutions internationales et les partenaires étrangers sont, dans leur grande majorité, plus ou moins complaisants et compréhensifs quant à cette évolution du pouvoir au Sénégal, les acteurs politiques sénégalais et les membres de la Société civile ne cachent pas leur opposition et leur volonté d’empêcher le chef de l’Etat d’exercer paisiblement la tranche de temps supplémentaire qu’il veut s’octroyer.
La majorité des partis de l’opposition, à l’exception du Parti démocratique sénégalais (Pds) qui soutient la candidature de Karim Wade, sont vent debout pour tenter de contraindre le Président à revenir sur les décisions qu’il a prises depuis le samedi 3 février dernier. Ils ont pu enrôler des syndicats des travailleurs dans leur combat. Sous le couvert de défense des droits des travailleurs, des confédérations ont appelé à des mouvements de grève, en demandant pour certains, que le pouvoir en place revienne sur ses décisions.
Le pouvoir en place de son côté ne manque pas d’alliés et de soutiens, aussi bien dans l’arène politique qu’auprès de l’opinion. Cela a fait que, malgré un sentiment rampant d’inquiétude concernant l’avenir, le pays semble suspendu dans l’attente de voir dans quel sens les choses vont évoluer. Et personne ne travaille plus. Pourtant, nous sommes dans un pays où tout est urgence.
Depuis samedi 3 février, plus personne ne travaille au Sénégal, ou à tout le moins, à Dakar. Certaines boutiques n’ont pas remonté les rideaux qui ont été baissés le week-end dernier. Si les voyagistes n’ont pas encore enregistré d’annulation de réservations en ce moment, ils sont néanmoins très attentifs à l’évolution des choses, conscients qu’ils sont de la volatilité de leur secteur, qui dépend plus de l’impression et des sentiments des gens. Les mêmes impressions suspendent la volonté de poursuivre des investissements dans d’autres domaines.
Les plus visibles sont dans le domaine des transports en commun. Après la sortie du chef de l’Etat, la société de transports publics Dakar dem dikk a pris la décision de suspendre certains itinéraires, le Brt a une fois de plus été saccagé à certaines de ses stations. Bien de petites entreprises privées, installées sur la Vdn, n’ont pas pu travailler convenablement, du fait des manifestations qui chauffaient sur cette grande artère de la ville. Tout cela se déroule sur fond de report sur report du début de l’exploitation de certains sites des hydrocarbures du Sénégal, comme le gaz de Grand Tortue Ahmeyin (Gta) ou du pétrole offshore de Sangomar. Prévues au départ pour le début du mois de janvier, les entrées en vigueur de ces projets ont toutes été repoussées vers la fin de l’année, pour multiples raisons politiques et/ou techniques. Il est à parier qu’un sentiment d’instabilité politique du pays ne va pas pousser à accélérer les choses, tout au contraire. Or, un autre retard dans l’exploitation de notre pétrole et de notre gaz ne va pas améliorer les conditions sociales et économiques dans le pays. De plus en plus, l’économie sénégalaise est en train de sortir de l’agriculture et du secteur industriel, pour s’appuyer sur les matières extractives. L’or est déjà la première matière d’exportation du Sénégal, bien loin de l’arachide ou des produits horticoles. Même si ces secteurs ne sont pas ceux qui produisent le plus de main-d’œuvre, ils rapportent le plus de devises dont l’Etat a besoin pour mettre ses projets en œuvre.
Sur toutes les tribunes du monde, Macky Sall passe son temps à défendre l’idée d’un traitement équitable des Africains dans l’allocation des ressources financières. Il a toujours indiqué que le risque n’est pas plus important en Afrique que dans d’autres pays, et qu’il n’y avait pas de raison que les bailleurs nous prêtent de l’argent à des taux prohibitifs. Jusqu’alors, personne n’avait pu avancer un véritable argument à l’encontre de ses déclarations. C’était avant la nouvelle situation créée par le report de la Présidentielle au Sénégal. Aura-t-on encore le moyen de dire que le risque chez nous est plus faible que dans certains pays occidentaux ?