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30 novembre 2024
Opinions
par Thierno Alassane Sall
L'INSUPPORTABLE APPEL À L'IMPUNITÉ
Diouf et Wade sont mal placés pour parler de dialogue et d'amnistie. Les deals en cours vont aboutir à l'impunité généralisée. La paix sans la vérité est une fausse paix qui prépare de futures explosions
Abdou Diouf et Abdoulaye Wade sont mal placés pour parler de dialogue et d'amnistie.
L'assassinat de Babacar Sèye, alors vice-président du Conseil constitutionnel, est l'un des crimes les plus odieux de l'histoire politique du Sénégal. Ce crime est resté en réalité impuni, et ses commanditaires ont pu opérer un braquage sur l'État et la République à cause de leurs dialogues.
Les dialogues et les lois d'amnistie du passé ont créé, non pas les conditions d'un nouveau départ vers le progrès, la justice et un développement économique partagés, mais le pillage à grande échelle de notre pays.
Les cris de ceux qui se noient en mer, dans une fuite incessante et désespérée, ne sont sans doute pas parvenus aux illustres oreilles des "pères de la démocratie sénégalaise". Voici le Sénégal que vous nous avez légué.
Imbus de cette démocratie de l'impunité et de la non-reddition des comptes, voilà les mêmes à l'œuvre pour maintenir un système inique. Hier le père, aujourd'hui le fils gâté, veulent mettre le pays à terre pour avoir refusé de se conformer aux dispositions de l'article 28 de la Constitution. Et dans leur funeste projet, ils ont trouvé en Macky Sall, naguère ennemi irréductible, un allié de circonstances pour leurs ambitions personnelles et claniques.
Prôner la paix devrait commencer par dire la vérité, comme le rappelle l'Archevêque de Dakar.
Le 3 avril 2024 aurait dû constituer un nouveau départ : libérer les prisonniers injustement retenus, juger tous ceux contre qui pèsent de lourdes présomptions, restaurer une justice équitable. Les deals en cours vont aboutir à l'impunité généralisée.
Je le répète : les conditions d'un dialogue sincère et inclusif passent par le respect de la Constitution et le départ de Macky Sall. Soutenir le contraire reviendrait à valider tous les coups d'état perpétrés dans la sous-région ainsi que leurs dialogues sous les bruits de bottes et les détonations des armes.
La paix sans la vérité est une fausse paix qui prépare de futures explosions.
par Makhtar Diouf
CONJUGUONS DIOUF ET WADE AU PASSÉ
EXCLUSIF SENEPLUS - Ils viennent approuver le coup d’Etat constitutionnel en bons connaisseurs, car ils ont été tous deux des forcenés du pouvoir. Personne ne les a entendu sur les exactions commises par Macky Sall
Abdou Diouf et Wade viennent de nous rappeler à eux et pas de belle manière. Ces deux anciens présidents, qui comme leur prédécesseur Senghor préfèrent passer leur retraite chez l’ancien colonisateur, étant les seuls à le faire en Afrique.
Voilà qu’ils viennent approuver le coup d’Etat constitutionnel de Macky Sall en acceptant de prolonger son mandat jusqu’en 2025. Ils le font en bons connaisseurs car ils ont été tous deux des forcenés du pouvoir.
Ils donnent l’occasion de procéder à une brève revisite de l’histoire politique récente du Sénégal.
Abdou Diouf a exercé le pouvoir durant 17 années dans l’illégalité. Le ‘’ très démocrate’’ Senghor lui cède le pouvoir sans consultation populaire. Après avoir terminé le mandat de Senghor en cours, il est ‘’élu’’ en 1983, ‘’réélu’’ en 1988 et en 1993 avec son Code électoral qui autorise à voter sans présentation de pièce d’identité, sans isoloir. Majhemout Diop, président du PAI, candidat à la présidentielle de 1983, est crédité de zéro voix dans le bureau où il a voté en compagnie de son épouse et de quelques amis militants.
Le Code électoral d’Abdou Diouf permet à des militants de son parti PS de se remplir les poches de bulletins de vote pour voter plusieurs fois toute la journée. Au point qu’au lendemain des élections, la blague que des Sénégalais se lancent à Dakar est : « Tu as voté combien de fois ? »
Abdou Diouf a eu ces mots, rapportés par le journal ‘’Sud-Hebdo’’, ancêtre de ‘’Sud Quotidien’’ : « Ce que veut l’opposition, c’est un Code électoral sur mesure qui lui permet de gagner haut la main les élections ».
Ce que voulait l’opposition, c’était un Code électoral républicain, assurant des élections régulières, transparentes. Ce Code électoral obtenu au bout d’années de luttes a régi la présidentielle de 2000 qui a envoyé Abdou Diouf à la retraite.
Son tombeur Wade est le premier président du Sénégal démocratiquement élu. Mais après les deux mandats que lui confère la Constitution, il a voulu s’octroyer un troisième mandat. Pour cela, il loue les services de deux mercenaires juristes (un Américain, un Français) qui viennent à Dakar, à un coût exorbitant sur nos maigres ressources : voyage en première classe, hôtel de luxe, rémunération. Leur mission est de décréter que la Constitution permet à Wade de se présenter une troisième fois. Ce qu’ils font. Comme ce sont des Occidentaux, leur parole doit être d’or auprès des populations. Toujours ce complexe de l’extérieur ! Les cinq membres du Conseil constitutionnel de l’époque les approuvent moyennant des cadeaux luxuriants, selon la rumeur, ‘’Radio Cancan’’, comme disait Senghor.
Les manifestations contre la troisième candidature de Wade sont ponctuées par des morts (mais bien en-deçà du bilan de Macky Sall).
Wade va à la présidentielle pour la troisième fois. Les Sénégalais déçus par sa gestion désastreuse avec sa promesse de ‘’Sopi’’ et indignés par son forcing de troisième mandat l’envoient rejoindre Abdou Diouf à la retraite en France lors de l’élection de 2012.
Personne n’a entendu Abdou Diouf et Wade sur les exactions commises par Macky Sall, et que, eux, n’avaient jamais commises. Ils viennent maintenant essayer de sauver le soldat Macky Sall, le second président du Sénégal élu démocratiquement. Hitler aussi avait été élu démocratiquement.
Ce faisant, ils n’ont fait que s’aligner sur la position récente et scandaleuse de leurs partis PS et PDS qui sont aussi à conjuguer au passé. Des partis politiques avec leurs démembrements AFP, Rewmi, APR, qui ne représentent plus rien dans le pays. Des have been.
par Abdou Diouf
DIOUF APPELLE À LA RETENUE
EXCLUSIF SENEPLUS - L'ancien président sort de sa réserve : le Conseil constitutionnel reste le garant ultime de nos institutions et de notre démocratie. C'est à lui et à lui seul de dire le droit et de prendre les décisions qui s'imposent à tous
SenePlus publie ci-dessous, la déclaration exclusive de l'ancien président Abdou Diouf, datée du 13 février 2024, à propos de la situation socoipolitique nationale.
"Mes chers compatriotes,
Comme vous le savez, depuis que j'ai quitté le pouvoir le 1er avril 2000, je me suis toujours abstenu de tout commentaire sur la vie politique sénégalaise, fidèle en cela à la ligne républicaine tracée par le président Léopold Sédar Senghor.
J'ai décidé de rompre le serment que je m'étais fait car notre pays vit une crise institutionnelle sans précédent.
Je constate, avec regret et tristesse, que la lettre publiée avec ma signature et celle du président Abdoulaye Wade suscite, beaucoup d'incompréhension.
Je tiens à préciser afin qu'il n'y ait aucune équivoque, que le Conseil constitutionnel que j'ai créé en 1992 reste le garant ultime de nos institutions et de notre démocratie. C'est à lui et à lui seul de dire le droit et de prendre les décisions qui s'imposent à tous concernant le calendrier électoral et le respect de la durée du mandat présidentiel.
Je demande donc au peuple sénégalais, à sa classe politique et à ses dirigeants de faire preuve de retenue et d'intégrité en appliquant à la lettre les dispositions de notre Constitution tout en préservant les libertés publiques acquises de haute lutte dans la construction de notre démocratie.
Je renouvelle au peuple sénégalais ma sincère et indéfectible affection ainsi que ma reconnaissance pour les longues années de confiance à son service."
par Mamadou Abdoulaye Sow
LÉGALITE CONTESTABLE DU DÉCRET D'ABROGATION DEVANT LE CONSEIL CONSTITUTIONNEL
Le président peut-il prendre un décret fondé dans une loi constitutionnelle non encore adoptée par l’Assemblée nationale pour abroger un décret pris en application d’une disposition constitutionnelle et de la loi électorale ?
L’abrogation du décret n° 2023-2283 du 29 novembre 2023 portant convocation du corps électoral pour l’élection présidentielle du 25 février 2024 met fin à son existence « sans pour autant faire disparaitre pour l’avenir les effets produits lors de son application »
Au titre des actes préparatoires du scrutin présidentiel de février 2024, le président de la République a signé, en application de l’article L 63 du Code électoral [1], le décret n° 2023-339 du 16 février 2023 portant fixation de la date de la prochaine élection présidentielle. Ensuite, pour l’application de l’article 30 de la Constitution et de l’article LO 137 du Code électoral [2] , il a pris le décret n° 2023-2283 du 29 novembre 2023 portant convocation du corps électoral pour l’élection présidentielle du 25 février 2024 ; décret qui vient d’être abrogé par le décret n° 2024-106 du 3 février 2024.
Nous posons, dans notre article, la question du fondement légal du décret d’abrogation n° 2024-106 du 3 février 2024 et celle relative aux effets produits lors de l’application du décret n° 2023-2283 abrogé. En outre, il se pose une question de fond qui est celle de savoir si la légalité du décret de convocation des électeurs peut être contestée devant le Conseil constitutionnel.
Sur le fondement légal du décret d’abrogation du 3 février 2024
Dans le rapport de présentation non daté, il n’est pas mentionné expressément la disposition législative qui a prévu l’intervention d’un tel décret. Le ministre de l’Intérieur se contente de déclarer : « … ayant pris connaissance de la proposition de loi constitutionnelle portant abrogation de l’article 31 de la Constitution, et dont vous êtes saisi pour avis, il est proposé d’abroger le décret n° 2023-2283 du 29 novembre 2023 … ».
Dès lors, la question est de savoir si le président de la République peut prendre un décret fondé dans une loi constitutionnelle non encore adoptée par l’Assemblée nationale pour abroger un décret pris en application d’une disposition constitutionnelle et de la loi électorale ?
Rappelons que conformément aux prescriptions de l’article 2 du Protocole A/SP1/12/01 sur la démocratie et la bonne gouvernance additionnel au Protocole relatif au mécanisme de prévention, de gestion, de règlement des conflits, de maintien de la paix et de la sécurité de la Communauté Économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) :
« 1. Aucune réforme substantielle de la loi électorale ne doit intervenir dans les six (6) mois précédant les élections, sans le consentement d’une large majorité des acteurs politiques.
2. Les élections à tous les niveaux doivent avoir lieu aux dates ou périodes fixées par la Constitution ou les lois électorales ».
Selon le magistrat Ndongo Fall, « ce rappel par le législateur communautaire du nécessaire respect de l’agenda électoral – tel qu’il résulte des dispositions constitutionnelles et législatives relatives aux élections – vise à éviter que la fixation des dates de l’élection ne soit inspirée par des manœuvres de nature à favoriser des candidats.
Il traduit également, d’une part, l’adage selon lequel « on ne change pas les règles du jeu pendant la partie », d’autre part, le souci d’empêcher, dans les cas extrêmes, des prolongations illicites de mandat sous des prétextes divers »[3].
L’abrogation du décret n° 2023-2283 du 29 novembre 2023n’anéantit pas pour l’avenir les effets produits lors de son application
Commençons par souligner qu’il existe un lien indissoluble entre le décret de l’article L 63 (n°2023-339) et celui de l’article LO 137 (n° 2023-2283) du Code électoral, de telle sorte que l’abrogation de l’un devrait nécessairement entrainer l’abrogation de l’autre[4] .
Ensuite, il est important de préciser que ces deux décrets figurent parmi les textes visés dans la décision n° 2/E/2024 du 20 janvier 2024 du Conseil constitutionnel qui fixe la liste définitive des candidats admis à se présenter à l’élection présidentielle du 25 février 2024.
Il parait nécessaire de rappeler la définition de l’abrogation. Selon Alain Bockel, « l’abrogation est une décision ayant pour objet de supprimer les effets d’un acte pour l’avenir ; cette expression est utilisée surtout pour les actes règlementaires ou pour les mesures individuelles n’ayant pas créé de droits [5]». Papa Assane Touré confirme : « L’abrogation est une opération normative ayant pour objet de supprimer une règle de droit qui cesse d’être applicable pour l’avenir… » [6] . C’est ainsi que dans son arrêt n° 31 du 11 août 2011, la Chambre administrative de la Cour suprême du Sénégal a considéré que l’abrogation d’un décret met fin à son existence « sans pour autant faire disparaitre pour l’avenir les effets produits lors de son application [7]».
Dans le cas d’espèce considéré, on se demande si une confusion n’a pas été faite entre la notion d’abrogation et celle de retrait d’un acte administratif ? Contrairement à l’abrogation, le retrait a pour objet de « faire disparaitre l’acte pour l’avenir et également effacer ses effets pour le passé ; il correspond à une annulation rétroactive de l’acte (on utilise également l’expression rapporter un acte) [8]». Plus qu’une nuance sémantique, cette distinction établit une différence de nature entre l’abrogation et le retrait d’un acte règlementaire relativement à leurs effets pour le passé et le futur.
À l’examen, le décret n° 2024-106 du 3 février 2024 ne supprime que les effets pour l’avenir du décret n° 2023-2283 du 29 novembre 2023 portant convocation du corps électoral pour l’élection présidentielle. Il n’en n’efface pas les effets pour le passé. Au demeurant, cette différence de nature établit clairement que le décret n° 2024-106 ne peut pas supprimer la décision constitutionnelle n° 2/E/2024 du 20 janvier 2024.
La légalité du décret n° 2024-106 du 3 février 2024 peut être contestée devant le Conseil constitutionnel
Nous sommes d’avis que tous les actes préparatoires à l’élection présidentielle ne peuvent être considérés comme des actes de gouvernement. Ces derniers « sont les actes du gouvernement (au sens large du terme) qui apparaissent comme des actes politiques en raison des matières dans lesquelles ils sont accomplis … »[9]. L’ acte de gouvernement est placé dans un statut d’immunité juridictionnelle, de sorte qu’« il échappe … à la juridiction administrative, pour ne relever que de la juridiction politique …»[10]. Cependant, « il ne faut pas conclure de là que tout acte du pouvoir exécutif inspiré par des considérations d’ordre politique et gouvernemental, soit par cela seul un acte de gouvernement contre lequel les citoyens n’auraient aucun recours d’ordre juridique. La compétence dépend de la nature des actes et non des mobiles qui les inspirent »[11].
La Cour suprême peut bien se prononcer sur le décret de convocation des électeurs : soit la condition d’intérêt à agir est remplie, soit l’acte fait grief. Il n’existe donc pas, en la matière, une immunité juridictionnelle absolue.
Par ailleurs, rien ne devrait en principe s’opposer à ce que le Conseil constitutionnel, en tant que juge de constitutionnalité et juge de la régularité des élections nationales et des consultations référendaires en vertu des dispositions de l'article 92 alinéa 3 de la Constitution, se reconnait compétent pour statuer à titre juridictionnel et exceptionnel sur la légalité du décret n° 2024-106 du 03 février 2024 abrogeant le décret n° 2023-2283 du 29 novembre 2023 portant convocation du corps électoral pour l’élection présidentielle du 25 février 2024.
Au Niger, « le recours pour excès de pouvoir en matière électorale est porté devant la Cour constitutionnelle sans recours administratif préalable » (article 104 du Code électoral).
En France, la légalité du décret portant convocation des électeurs est examinée par le juge constitutionnel [12].En effet, « considérant qu'en vertu de la mission générale de contrôle de la régularité de l'élection du Président de la République qui lui est conférée par l'article 58 de la Constitution, le Conseil constitutionnel peut exceptionnellement statuer sur les requêtes mettant en cause l'élection à venir, dans les cas où l'irrecevabilité qui serait opposée à ces requêtes risquerait de compromettre gravement l'efficacité de son contrôle de l'élection, vicierait le déroulement général des opérations électorales ou porterait atteinte au fonctionnement normal des pouvoirs publics » [13]. De son côté, le Conseil d’Etat estime que « l’existence, devant le Conseil constitutionnel, d’une voie de recours exceptionnelle contre un décret ayant pour objet de convoquer les électeurs pour l’élection du Président de la République fait obstacle à ce que la légalité de ce décret soit contestée, par la voie du recours pour excès de pouvoir, devant le Conseil d’Etat » (Conseil d’Etat, 5 avril 2002, n° 244101, M. M.)[14].
En guise de conclusion
Rien ne s’oppose à ce que le juge constitutionnel, qui est également juge de la régularité des élections, dispose d’une compétence juridictionnelle exceptionnelle sur certains décrets relatifs aux actes préparatoires à l’élection présidentielle.
Si le décret n° 2024-106 du 3 février 2024 abrogeant le décret n° 2023-2283 du 29 novembre 2023 portant convocation du corps électoral pour l’élection présidentielle du 25 février 2024 était attaqué devant le Conseil constitutionnel, ce dernier devrait, probablement, se déclarer compétent en vertu de sa compétence générale de contrôle de la régularité de l’élection présidentielle [15].
Mamadou Abdoulaye Sow est Inspecteur principal du Trésor à la retraite.
[1] L’article L 63 dispose : « Un décret fixe la date du scrutin ».
[2] L’article 30 alinéa 2 de la Constitution prévoit que « les électeurs sont convoqués par décret ». L’article LO 137 alinéa 1er précise :« Les électeurs sont convoqués par décret publié au journal officiel au moins quatre-vingts jours avant la date du scrutin ».
[3] Ndongo FAll, « Note sur les opérations électorales de la présidentielle » dans « CODE ÉLECTORAL COMMENTÉ. De la nécessité d’un outil efficient de lecture des normes et procédures électorales », L’Harmattan Sénégal, 2017, pp. 310-314.
L’article premier du décret n° 2023-339 dispose que « la date du prochain scrutin pour l’élection du Président de la République est fixée au dimanche 25 février 2024 … ». L’article premier du décret n° 2023-2283 énonce que « les électeurs sénégalais établis sur le territoire national et ceux résidant à l’étranger sont convoqués le dimanche 25 février 2024 pour l’élection présidentielle ».
[5] Alain Bockel, « Droit administratif », NEA, 1978, p. 180.
[6] Papa Assane Touré, « La Légistique. Techniques de conception et de rédaction des lois et des actes administratives : une tradition de gouvernance normative », L’Harmattan, 2018, p.158
[7] Bulletin des arrêts de la Cour suprême n ° 2 et 3, décembre 2012, p.253.
[9] R. Chapus, “Droit administratif général”, tome 1, Montchrestien, 14ème edition, 2001, n° 1152, p.948.
Selon le professeur J.M. Nzouankeu, « pendant longtemps, on avait considéré comme acte de gouvernement tout acte ayant un mobile politique ; par la suite, le juge de l’excès de pouvoir se refusait à examiner leur légalité. Ensuite, on en est venu tacitement à dresser une liste d’actes de gouvernement qui n’a cessé heureusement de se rétrécir, en sorte qu’aujourd’hui, de tels actes sont devenus une curiosité juridique » (Source : commentaires de J. M. Nzouankeu , « Amadou Alpha Kane » CS 27 mars 1963, Jurisprudence administrative sénégalaise, p. 136.).
[10] E. Laferrière, « Traité de la juridiction administrative et des recours contentieux », Edition 2 (Ed 1896), Tome 2, Hachette Libre/BnF, p. 33.
Macky Sall aurait-il perdu le sommeil ? Pas de doute : il ne dort plus à poings fermés. Il est probable que son insomnie soit liée aux réactions suscitées par son fameux décret qui annule l’élection prévue de longue date le 25 février .....
Macky Sall aurait-il perdu le sommeil ? Pas de doute : il ne dort plus à poings fermés. Il est probable que son insomnie soit liée aux réactions suscitées par son fameux décret qui annule l’élection prévue de longue date le 25 février pour la repousser au mois de décembre prochain avec une prorogation de son mandat à la tête de l’Etat.
« Un mandat bonus !», raillent non sans malice et perfidie ses adversaires qui fulminent contre son attitude outrancière. Avait-il prévu l’effet causé par sa décision de report de la présidentielle à laquelle il ne prend pas part ?
Il n’a commencé à mesurer l’amplitude de l’onde de choc provoquée que lorsqu’il a fini de s’adresser au pays et à la nation. Un véritable tollé, en vérité. Dans la foulée, il s’est employé à limiter les dégâts en levant les équivoques, en dissipant les malentendus éventuels et surtout en initiant une démarche de justification et d’explication auprès des médias pour ne pas perdre la face.
Le mal est fait. Presque. Puisqu’il se surprend à découvrir l’écho de la désapprobation et surtout sa résonnance mondiale. Or Macky est sensible à son image sur le plan international qu’il ne souhaiterait voir écornée ou dégradée. D’où sa promptitude à accorder un entretien à la chaîne Web TV de l’Agence américaine de presse AP. La presse nationale est zappée, soit dit en passant…
Dès lors, à quoi a servi sa sortie via cette tribune bien visible au demeurant ? Bien malin qui le saurait. En revanche, elle n’a pas émoussé l’ardeur des contempteurs qui rebondissent avec plus d’allant, notamment les coalisés, les impactés et les … recalés.
Les pays de grande démocratie exigent la tenue de la présidentielle suivant l’agenda électoral inscrit dans une loi constitutionnelle.
En écho, cinq juristes de renom se fendent d’un retentissant article co-signé pour dénier au Président de la République la prérogative, loin d’être sienne, de report de l’élection majeure.
« Il appartient exclusivement au Conseil Constitutionnel de décider de l’opportunité de report de l’élection présidentielle », précisent ces universitaires respectés. Ils ajoutent : « Plus que il doit restaurer l’autorité attachée à ses décisions pour sauver la démocratie sénégalaise. » Sans appel.
Justement ce rappel de principe suffit à lui seul à empêcher au « gardien de la Constitution » de dormir mais surtout de convaincre grand monde.
L’acte posé par le Président Sall et le vote dérogatoire de l’Assemblée nationale au cours d’une houleuse session « remettent en cause les fondements de notre République », écrivent les juristes.
Pire, selon eux, ces «violent la charte fondamentale qui dénie au Président de la République et au Parlement toute prérogative pour interrompre le processus électoral déjà enclenché. » Les professeurs de haut rang voient dans l’effet d’allongement du dernier mandat du président sortant un « artifice » méritant une censure du Conseil Constitutionnel du fait qu’il viole la Charte fondamentale dans ses dispositions intangibles, « hors de portée de toute modification ».
Cet article au vitriol, volontairement polémique, s’ajoute au débat ininterrompu par médias interposés soulignant l’inopportunité de la mesure présidentielle alors que son auteur s’érigeait en objecteur face aux dérives des putchistes de la sous-région qui, à leur tour, tournent en dérision les sempiternelles rodomontades du président sénégalais.
Loin d’être los, l’épisode révèle un isolement accentué du chef de l’Etat qui a tenté d’afficher une incarnation républicaine. Informée ou pas, l’opposition a senti que le Président est reclus dans une solitude qui le désavantage. Usé ? Las ? Anxieux ?
Pour éviter le chaos et les fuites, il a organisé avec minutie sa déclaration qui n’a été ébruitée qu’au dernier moment. Le secrétariat exécutif politique de l’APR ignorait tout de la démarche, à l’exception de deux pôles mis au parfum : le Président de l’Assemblée nationale et celui du Groupe parlementaire de la majorité.
Les deux étaient-ils outillés pour endiguer la bronca qui allait suivre ? Pas si sûr. D’autant qu’il se dit que certains alliés au sein de la coalition Benno et pas des moindres, restent attachés à leur choix initial « quoi qu’il advienne ! » Traduction : rien n’est négociable à cette étape fatidique.
Usant de leur poids politique, Moustapha Niasse et Aminta Mbengue Ndiaye ont mis à contribution leur incomparable expérience pour raffraîchir les mémoires en alertant surtout sur les dangers qui guettent à trop vouloir affaiblir son propre camp par des divisions à calculs infinitésimaux.
En clair les fossoyeurs sont à contenir dans de stricts réduits pour éviter la bérézina. Dès lors, qui est habilité à calmer ces remuants trublions ? Tout le monde le sait. Mais personne ne veut ou n’ose piper mot à propos de la « main invisible » qui actionne ces fantassins que le grand nombre prend pour des loufoques.
Le déséquilibre qu’ils créent fausse l’introuvable cohésion, indispensable à toute stratégie conquérante. De ce fait, l’isolement de Macky s’est transformé en une solitude impossible à déchiffrer au plan politique.
S’y ajoute son orgueil personnel difficile à canaliser. Douze ans à la tête du pays, rarement il a fendillé l’armure. Son physique impressionnant et ses larges épaules, le rendent-ils désormais craintif, moins chaleureux, peu communicatif au point d’assister impuissant à la rencontre des extrêmes ? Désormais il redoute la déconstruction de son œuvre et l’atmosphère de fin de règne peut accroître son niveau de stress.
En privilégiant sa posture de chef de l’Etat au détriment de son rôle politique pivot, il brouille les pistes et envoie ses partisans dans les cordes ou dans le décor. Est-il compréhensible que les instances de sa formation soient dans l’inaction une semaine durant ?
Faute de consignes claires, ils sont restés muets, rasant les murs et le plus souvent cloîtrés en attendant une éclaircie qui tarde à rayonner. D’ailleurs de quels arguments disposent-ils pour croiser le fer avec des adversaires requinqués par les failles du pouvoir ?
Ce moment est décisif dans le long conflit qui s’ouvre et oppose des acteurs suivant des accointances à géométrie variable. Les rapprochements qui se dessinent et les écarts qui se creusent donnent un aperçu de la recomposition de l’échiquier. Les bases sont aussi obscures que les doctrines sont illisibles.
L’absence d’identité formelle évacue la sincérité des alliances et ôte toute rationalité à la politique menée chez nous. En d’autres termes, l’actuelle classe politique manque de classe pour n’avoir pas fait les classes.
Or la politique la plus aboutie commence par le b.a.-ba, une somme éprouvée de connaissances élémentaires (pratiques et théoriques à la fois).
Par Hamidou Sall
ÉVITER LE VICIEUX PIEGE OCCIDENTAL
L’Occident est ambigu, assurément ambigu ! En ces jours de tension politique dans notre pays, mes pensées sont toutes tournées vers un homme qui me fut un père et ami très proche, Aimé Césaire.
En ces jours de tension politique dans notre pays, mes pensées sont toutes tournées vers un homme qui me fut un père et ami très proche, Aimé Césaire.
Enfant d’un odieux crime contre l’humanité perpétré par l’Occident, il était aussi un pur produit de la prestigieuse École Normale de la rue d’Ulm. Poète et homme politique de renommée, il a laissé à la postérité une œuvre littéraire monumentale dont l‘épine dorsale s’articule autour du Cahier d’un retour au pays natal et du Discours sur le colonialisme. Césaire était le fils d’une Afrique blessée et humiliée, enfant de la cale du bateau négrier, cet indicible génocide perpétré par l’Occident, cette nuit noire au cœur de son « Siècle des Lumières », un Occident également auteur et acteur de la tragédie qui a déraciné et dispersé depuis Élam, depuis Akkad, depuis Sumer… Dans son Discours sur le colonialisme, il nous dit qu’une civilisation qui s’avère incapable de résoudre les problèmes que suscite son fonctionnement est une civilisation décadente. Une civilisation qui choisit de fermer les yeux à ses problèmes les plus cruciaux est une civilisation atteinte. Une civilisation qui ruse avec ses principes est une civilisation moribonde. Depuis quelques jours, médias, organisations diverses, quelques hommes politiques, intellectuels et artistes n’arrêtent de brandir sous nos yeux les propos d’un Occident donneur de leçons : Quai d’Orsay, Union Européenne, Département d’État américain, le Werderscher Markt et j’en passe…
Ces communiqués, prises de position, injonctions et menaces sont agités continuellement par certains acteurs manifestement partisans. Les réactions du Quai d’Orsay et du Département d’État américain sont scrutées et attendues par certains pour, espèrent-ils, exercer une pression sur l’État du Sénégal. L’Europe et les Etats-Unis, c’est une longue histoire jalonnée de faits louables pour certains et abominables pour d’autres. L’Europe, c’est les grandes équipées océanes des rois catholiques, qui installèrent bien des peuples pacifiques dans les abîmes de la nuit noire du colonialisme. Violences indicibles, viols, vols, pillages, déstabilisation, dépersonnalisation, et bien d’autres maux qu’elle a fait subir plus de quatre siècles durant. Pendant plus d’un demi millénaire, cette Europe s’est enfermée dans son soliloquium. Elle a soliloqué en prenant son nombril pour le centre du monde. Arrogante et suffisante, elle a refusé d’entendre les messages venus d’ailleurs. De l’autre côté de l’océan, c’est le massacre du peuple indien, les autodafés des civilisations précolombiennes, aztèques, mayas et autres. Et plus récemment, pendant près de trois décennies, au nom de la défense d’un projet de société contre un autre, les USA ont déversé des millions de tonnes de napalm sur un petit peuple dont le seul tort était le refus de s’aplatir et de marcher dans la direction indiquée par son bourreau. Ici encore, je cite à nouveau Césaire, qui avertissait dans le Discours : On a cru n’abattre que les Indiens, ou des Hindous, ou des Océaniens, ou des Africains. On a en fait renversé, les uns après les autres, les remparts, en deçà desquels la civilisation européenne pouvait se développer librement. Veut-on encore faire bégayer l’histoire ? Ça en a tout l’air.
Mon propos ici n’est pas d’entrer dans une quelconque polémique. Je constate et analyse avec la distance nécessaire par rapport aux acteurs politiques et à un espace public confus et agité en la circonstance. Mon propos est surtout une réaction face à une immixtion excessive et inacceptable de puissances occidentales dans le processus électoral sénégalais. Ce que tu veux enflammer chez les autres il faut que ça brûle d’abord en toi, parole de Sénèque, un sage de l’Antiquité, qu’il me plairait de voir les Occidentaux méditer avant de vouloir nous donner des leçons.
De cette «crise institutionnelle sénégalaise», parlons-en
Nous vivons des moments particuliers. L’élection présidentielle est un rendez-vous important d’un peuple avec lui-même. Il s’agit, en effet, parmi plusieurs prétendants, de choisir celui qui, cinq années durant, aura l’exaltante et redoutable charge de présider aux destinées de millions de femmes et d’hommes ayant investi leur confiance sur lui. Ce rendezvous est très important. Son importance requiert une rigueur et une méticulosité pour encadrer le processus en amont comme en aval, c’est-à-dire avant, pendant et après. L’organe chargé essentiellement de veiller à la certification du scrutin et d’en proclamer les résultats à la fin des fins, c’est le Conseil constitutionnel. Pour ce cas d’espèce, nous n’en n’étions qu’au début du processus que cet organe de régulation et de supervision a failli. Comment ? Il a reçu une pléthore de candidatures, en a éliminé beaucoup avant de publier la liste officielle des candidats aptes, au regard et en vertu de notre loi fondamentale, à concourir pour les élections présidentielles du 25 février 2024. Parmi les recalés, un candidat détenteur d’une double nationalité, ce que notre Constitution n’accepte pas. Mais, quelques jours après la proclamation, quelle ne fut notre surprise d’apprendre qu’une personne détentrice de deux nationalités figurait sur la liste officielle des candidats. Cela, et cela seulement, est largement et objectivement suffisant pour tirer la sonnette d’alarme, revoir de fond en comble le processus pour éviter des contestations capables d’ouvrir un cycle de crises électorales et post- électorales porteur de tous les dangers. C’est ce qui a été fait avec les prolongements que l’on connaît et sur lesquels je n’ai pas besoin de revenir ici.
Haro sur les donneurs de leçons
Depuis l’an 1 de nos indépendances, nous n’avons cessé de nous battre pour nous sortir de la nasse dans laquelle des siècles de domination nous avaient méthodiquement et savamment enfermés. Une farouche volonté d’être les maîtres de nos destins dans un monde qui ne cesse de se transformer, avec un centre de gravité qui bouge et se déplace en fonction de nouveaux paradigmes politiques, économiques et géostratégiques. Ces logiques nouvelles ont fini par changer nos rapports avec les anciennes puissances coloniales aujourd’hui incapables d’être les maîtres absolus du jeu. Pendant longtemps sous leur diktat, nous avons marché sur le chemin tracé par eux sur la ligne de leurs seuls intérêts. Aujourd’hui, nous pouvons et osons sortir de la ligne, regarder ailleurs et traiter avec d’autres. Et cela, on ne nous le pardonne pas. On veut nous imposer des choix sociétaux que nous refusons catégoriquement car ils ne correspondent pas à nos codes et valeurs. Cette nouvelle liberté durement conquise et à consolider, on veut nous la faire payer très chèrement au prix de l’asphyxie financière, d’un chantage éhonté qui passe par la désinformation organisée, la déstabilisation calculée, jusqu’au dénigrement systématique de nombre de nos leaders. Les médias occidentaux, depuis quelques années, à feu continu, pilonnent en donnant au moindre éternuement chez nous l’ampleur d’un tsunami planétaire. Mieux encore, savamment, ils nous divisent et nous dressent les uns contre les autres.
L’édition du 10 février 2024 d’un journal parisien est même allée jusqu’à barrer à sa Une : Crise au Sénégal : un coup d’État militaire est-il inéluctable ? En ce qui concerne le Sénégal puisque je suis Sénégalais et que je parle du Sénégal, toutes ces organisations qui nous pondent des papiers révoltants pour exiger l’organisation d’élections à date échue, savent pertinemment que si on organise ces élections nous entrerons dans un cycle de contestations sans précédent. Elles le savent pertinemment. Elles le savent mais nous poussent vers ce scénario comme pour nous jeter dans le précipice afin de venir en saveurs nous tendre la main et nous donner une corde pour une remontée à leurs conditions. Et ces conditions tournent autour d’enjeux économiques et civilisationnels ; faire main basse sur nos ressources et nous imposer des lois sociétales qui ne correspondent pas à notre culture et à notre identité. Mais ces donneurs de leçons, où étaient-ils pendant que des leaders africains se battaient pour obtenir une place plus que légitime de l’Afrique au sein du G20 ? Où sont-ils alors que l’Afrique se bat depuis plus de 30 ans pour siéger comme membre permanent au Conseil de Sécurité des Nations-Unies, dont je le rappelle les deux tiers des questions discutées la concernent directement ? Ou sont-ils et que disent-ils devant le l’affreux et innommable drame de Gaza où un peuple risque tout simplement l’effacement devant les yeux du monde ?
Et mieux, toujours en politique et en matière d’élections à date échue et de transparence et de sincérité du vote, qu’avaient-ils dit ou fait au sujet de ce grand pays d’Afrique centrale où un chef d’État sortant avait organisé une des élections les plus chaotiques de l’histoire, allant jusqu’à se payer le luxe suprême de proclamer vainqueur un candidat arrivé bien loin derrière celui qui avait engrangé plus de 60% des suffrages ? Fait inédit qui s’est passé dans un pays aux richesses inouïes et essentielles au développement d’un Occident, qui, toute honte bue, a fermé les yeux sur cette forfaiture. « Laissons passer, c’est un compromis à l’africaine », avaiton osé dire à la face d’un monde africain stupéfait auquel on donne aujourd’hui des leçons de vertus politiques, de bonne gouvernance et de respect strict de calendrier et de transparence dans le vote. Voilà ce que nous avaient dit les donneurs de leçons ! Et d’ailleurs, je rappelle au passage, que dans ce pays d’Afrique centrale, avant l’organisation de ces élections chaotiques, le président du pays s’était maintenu au pouvoir plus de deux ans après le terme de son mandat. C’est ce qu’on a appelé « le glissement » ! Les mains dans le succulent et apetissant bol du sol et le sous-sol de ce géant aux pieds d’argile, les donneurs de leçons ont mangé en silence.
Que disent enfin ces donneurs de leçons prompts dans la réaction à géométrie variable quand des hordes de gens armés et chauffés par un président défait, ont envahi le Capitole le 6 janvier 2021 pour contester les résultats d’une élection présidentielle aux États-Unis, pays qui se considère comme la plus grande démocratie au monde ? C’est cet Occident, hier soutien et défenseur de l’odieux système de l’Apartheid des décennies durant, qui donne des leçons de morale au reste du monde. Et c’est le même Occident qui célèbre Nelson Mandela, victime d’un système raciste et inégalitaire. On a vu mieux en termes de cohérence… Une civilisation qui ruse avec ses principes est une civilisation moribonde. Encore du Césaire. Aujourd’hui nul n’ignore que notre planète est en danger par le fait de la prédation qu’elle subit du fait essentiellement des grandes puissances. Le réchauffement climatique et les catastrophes naturelles qu’il génère menacent jusqu’à la pérennité de l’espèce humaine sur terre. L’Occident porte une grande responsabilité dans la crise écologique qui rend la planète de jour en jour plus invivable. Mais après avoir bâti son industrialisation sur l’exploitation des énergies fossiles, l’Europe désormais exige de nous une bifurcation systémique et une renonciation au développement par l’usage de nos ressources naturelles.
Or les spécialistes ont calculé que la part de l’Afrique est infime dans la pollution mondiale. Le continent ne contribue que pour 3% aux émissions mondiales de gaz à effet de serre. Mieux, il est possible de bâtir une croissance dynamique par l’exploitation des ressources naturelles tout en ouvrant un chemin vers la transition écologique à moyen et long terme. Il est évident qu’aujourd’hui, au regard de la marche du monde, l’Afrique a fait preuve de résilience. Nolens volens, elle est en train de devenir le nouveau centre de gravité du monde. Pourtant – grand paradoxe – elle a toutes les difficultés à obtenir sa juste place dans concert des nations. La dette continue de plomber ses initiatives, notamment en matière de construction d’infrastructures modernes pour dynamiser les échanges et favoriser la croissance. Les agences de notation continuent à exagérer volontairement le seuil de risque des pays africains, affectant ainsi la confiance des prêteurs et maintenant haut les taux d’intérêts des crédits.
Face à cette réalité et dans ces circonstances exceptionnelles, une lucidité nous incombe pour trouver des solutions issues de nos anthropologies culturelles africaines, de cet héritage senghorien de « l’accord conciliant », afin de préserver la paix, le calme, la stabilité et l’unité nationale. Toute personne de bonne foi sait que les conditions dès le début n’étaient pas réunies pour envisager une élection sereine, apaisée et inclusive. Aussi, des acteurs ont, dès le 16 janvier 2024, par une lettre publique, sollicité le chef de l’État pour l’arrêt du processus électoral. L’installation d’une commission d’enquête parlementaire est venue imposer une pause afin de tirer toute la situation au clair avant d’envisager d’aller aux urnes. Le chef de l’État a agi conformément à ses attributs de garant du fonctionnement normal des institutions. Si le Conseil constitutionnel le souhaite, à l’issue de la nouvelle date retenue, le président de la République transmettra le relais à son successeur et la marche de la nation dans l’histoire se poursuivra dans la paix civile, la démocratie, la cohésion et la concorde. Dans cette marche, l’élection est un moment important. Le Sénégal nous dépasse toutes et tous et il nous survivra.
Le Président Sall n’est pas à l’initiative de ce report mais face à un processus biaisé, il a le devoir d’écouter sa majorité et son opposition. Devant une crise qui se profile, et dont nous pouvons éviter d’éventuelles conséquences graves, il a appelé à un dialogue national pour ensemble trouver les solutions concertées au lieu de se faire face ou de nourrir des rancœurs stériles. Répondre positivement à cette main tendue, c’est contribuer à pacifier l’espace public et promouvoir l’apaisement et la réconciliation nationale pour des élections inclusives et transparentes. Notre démocratie s’est fortifiée au fil des décennies par le dialogue pour régler nos divergences sans recourir à la violence ou à la division. Le moment est propice pour se retrouver autour d’une table dans la confiance et la sérénité, car il n’y a plus de conflit possible avec un homme qui ne se présente plus à aucun mandat, qui dit haut et fort qu’il a comme unique volonté la transmission du relais dans la paix et la stabilité. Que les occidentaux nous laissent entre nous, nous rassembler le largement possible dans un élan solidaire, imbibés de nos traditions, de notre histoire et de nos valeurs ancestrales pour, épaule contre épaule, faire du Sénégal notre grand dessein :
Voici venue l’heure de Rassembler les poussins à l’abri des milans, Pour en faire, de l’est à l’ouest, du nord au sud, Dressé, un même peuple, un peuple sans couture, Mais un peuple tourné vers tous les vents du monde.
Hamidou Sall
Écrivain
Par KACCOOR BI
FOLIE CONTAGIEUSE
Une dose de folie s’est répandue, ce weekend, dans ce charmant pays des paradoxes. Des forces de défense et de sécurité qui tirent sur des manifestants à mains nues et torturent avec une violence qui frise la stupidité.
Une dose de folie s’est répandue, ce weekend, dans ce charmant pays des paradoxes. Des forces de défense et de sécurité qui tirent sur des manifestants à mains nues et torturent avec une violence qui frise la stupidité. Qui s’acharnent sur des femmes sans défense ou des personnes vulnérables comme cet individu en situation de handicap que ses tortionnaires ont rudoyé de façon presque jouissive avant de l’arracher de son fauteuil. C’est comme si on leur avait donné le permis de violenter et tuer !
Et plutôt que de dénoncer, instruire des enquêtes pour faire la lumière sur ces bavures devenues récurrentes et traitées avec banalité, l’Autorité ferme les yeux ou regarde ailleurs en adoptant la politique de la dénégation.
Dans un pays où la liberté de marche est consacrée par la Constitution, policiers et gendarmes répriment aveuglément les citoyens qui usent de ce droit. Au Sénégal, les manifestations pacifiques se terminent dans le sang non pas du fait des marcheurs mais de celui des gens censés faire respecter l’ordre et que l’on lâche comme des chiens affamés sur des citoyens désarmés.
Rien que dans les manifestations de ce vendredi il y a eu trois morts. Bien avant cela, des dizaines de jeunes sont tombés depuis 2021 sous les balles des forces dites de l’ordre mais ça n’a semblé émouvoir personne.
Pendant que des familles pleurent leurs morts ou pansent les blessures de leurs fils, le Chef distille insidieusement l’idée que des forces organisées pourraient prendre le pouvoir. On aimerait bien lui demander ce qu’il adviendrait dans ce cas de son intégrité physique. A moins qu’il se soit entendu d’abord avec ces forces organisées. Une erreur de communication dans un instant de perte de lucidité face certainement à des condamnations qui fusent de partout depuis qu’il a décidé de prolonger son mandat. Ça la fiche mal assurément pour un président qui caresse l’idée de créer une fondation de… la paix après avoir quitté le pouvoir. Sauf s’il s’agit, bien sûr, d’une paix des cimetières pour nos jeunes gens.
Des jeunes qui, par milliers, fuient ce pays pour un ailleurs meilleur. Un pays qui se porterait mieux si on cessait de penser que ceux qui s’opposent à leurs gouvernants sont manipulés par des forces obscures qui n’existent que dans l’imagination des gens du pouvoir.
Par Dr Emile Victor Coly
POUR UNE RESOLUTION APAISEE DE LA SUPPOSEE CRISE INSTITUTIONNELLE
L’idée d’un dialogue national prônée par le président de la république me paraît être une issue plausible. Cependant, il faudrait agir vite et sans calcul politicien. Mode d’emploi...
Pour rappel, le chef de l’État avait signé le décret n°2023-2283 du 29 novembre 2023 portant convocation du corps électoral pour le 25 février 2024, date de l’élection présidentielle. Cela a permis aux parties prenantes du processus électoral (le ministère de l’Intérieur avec ses démembrements, le Conseil constitutionnel, la CENA, l’Administration territoriale, les partis politiques, la Société civile, entres autres) de démarrer les opérations devant aboutir à une élection régulière, libre, ouverte, inclusive et transparente.
Au cours du déroulement du processus électoral, divers dysfonctionnements ont été relevés par les parties prenantes et les observateurs : la non mise à disposition du fichier électoral aux concernés sur la base duquel la quête de parrains devait être faite, la « non fiabilité » de ce fichier décriée par les candidats lors de la vérification des fiches de parrainage, les interdictions systématiques de manifestations servies aux partis politiques de l’opposition et à la société civile, une restriction des données mobiles, foulant au pied la liberté des populations à s’informer. Aucun contrôle, aucune vérification des faits rapportés n’a semble-t-il été fait pour confirmer ou infirmer les dysfonctionnements constatés et dénoncés tout haut.
Pendant que les états-majors des partis politiques se préparaient à démarrer la campagne électorale le samedi 03 février 2024 à minuit, coup de tonnerre ! Monsieur le Président de la République, dans une allocution non planifiée et inhabituelle, quant à l’heure de sa diffusion en date du samedi 03 février 2024, annoncée à 12H00 et tenue à 14H00, informe ses concitoyens qu’il a signé le décret n°2024-106 du 3 février 2024 portant abrogation du décret n°2023-2283 du 29 novembre 2023. Le motif déclaré en sourdine lors de l’allocution est la saisine de l’Assemblée nationale par les membres de la coalition Wallu sur des « faits supposés de corruption » de membres du Conseil constitutionnel pour l’invalidation de la candidature de monsieur Karim Wade. Le peuple dans l’expectative, devra avaler la « pilule amère » qui lui a été servie. En effet, comment comprendre que l’Exécutif n’ait pu s’autosaisir suite aux errements constatés par tous dans le processus électoral afin de les corriger à temps et permettre une libre expression du vote le 25 février 2024. On ne peut qualifier ce comportement, car pouvant ouvrir les portes à une instabilité politique pouvant réveiller tous les démons.
Maintenant que la chose indicible a été commise, comment préserver la paix et la stabilité dans notre pays ? Que faut-il faire alors? Cette interrogation d’un homme politique célèbre prend ici tout son sens.
Profitant de la baisse de tension observée depuis le mardi 6 février 2024 dans les rues de nos différentes capitales régionales et départementales, malgré quelques soubresauts notés en fin de semaine dernière, l’idée d’un dialogue national prônée par Monsieur le Président de la république me paraît être une issue plausible. Cependant, il faudrait agir vite et sans calcul politicien. Mode d’emploi :
1. Le Président de la République doit convoquer rapidement les partis politiques, la société civile et l’ensemble des forces vives de la nation, pour s’entendre sur le choix d’une personnalité neutre et pouvant être acceptée par tous pour conduire à son terme le dialogue national prôné et dans un délai raisonnable.
2. Le dialogue devra cependant être sincère et républicain pour le bien de notre pays et de nos enfants à qui nous devrons léguer un pays stable, démocratique où il fait bon vivre, sans distinction d’appartenance politique, religieuse, d’idéologie et de couche sociale.
3. Le dialogue national devra revisiter tous les points liés au processus électoral, de la déclaration de candidature à la vérification des listes au niveau du Conseil constitutionnel jusqu’à la proclamation de la liste définitive des candidats. En effet, l’acte posé par le Chef de l’Etat le 03 février dernier nous renseigne qu’il s’agit bien d’une annulation de l’élection présidentielle et non d’un report. Tout le processus électoral devant être repris depuis le début.
4. Les limites du nouvel agenda électoral devront être fixées, en se référant au Conseil constitutionnel afin de tenir au plus vite le scrutin, sans tirer en longueur.
5. Les conclusions de ce dialogue, prises sur la base de décisions consensuelles et respectant à la lettre notre Constitution, devront être parafées et signées par les parties prenantes et applicables immédiatement par l’Exécutif.
Ainsi, seront certainement trouvées des solutions consensuelles aux dysfonctionnements constatés cette année. Vive le Sénégal ! Vive la République !
PAR Bassirou Sakho
POUR QUE LE SÉNÉGAL NE DEVIENNE PAS UN MAQUIS SALE
EXCLUSIF SENEPLUS - Naviguer hors de cette crise demande un engagement fort en faveur de la démocratie, du respect des droits de l'homme et de la primauté du dialogue
Dans une atmosphère tendue, marquée par des manifestations et des répressions, la décision du gouvernement de différer le scrutin prévu initialement le 25 février 2024 a ravivé les flammes d'un débat national sur l'état de la démocratie et la liberté d'expression au Sénégal.
Depuis son accession au pouvoir en 2012, le président Macky Sall fait face à des critiques croissantes concernant sa gestion des opposants politiques. Des figures emblématiques de l'opposition, telles que Khalifa Sall et Karim Wade, ont été écartées par des moyens judiciaires controversés, alimentant les accusations d'un système judiciaire instrumentalisé.
Dans ce contexte tumultueux, Ousmane Sonko, avec son discours vibrant et son engagement pour une gouvernance transparente, est apparu comme le porte-étendard d'une jeunesse sénégalaise désireuse de changement. Sa récente condamnation, pour le même motif que le célèbre athénien Socrate de corrompre la jeunesse, perçue par beaucoup de Sénégalais comme politiquement motivée, a exacerbé les tensions, entraînant le pays dans une série de manifestations. La décision soudaine de reporter les élections, officiellement justifiée par une "crise institutionnelle", a été interprétée par une partie de la population et des observateurs internationaux comme une tentative de maintenir le statu quo. Les affrontements qui ont suivi entre les forces de l'ordre et les manifestants ont mis en lumière les défis profonds auxquels est confrontée la démocratie sénégalaise.
Le Sénégal, à la croisée des chemins, est aujourd'hui l'épicentre d'une lutte pour l'avenir démocratique, un combat qui dépasse les frontières du pays pour interroger la solidité des institutions démocratiques dans l'ensemble de l'Afrique. Elle porte en elle le risque d'une escalade de la violence, pouvant entraîner le pays dans un cercle vicieux de répression et de résistance.
Au-delà des frontières, cette instabilité menace d'isoler le Sénégal sur la scène internationale, les partenaires étrangers étant généralement réticents à s'engager dans des relations avec des pays en proie à des tensions politiques. Sur le plan économique, l'incertitude politique freine les investissements et peut conduire à un ralentissement économique, affectant le développement du pays et le bien-être de sa population.
J’appelle ici à une réflexion sur l’importance cruciale de préserver les principes démocratiques et d’assurer une transition pacifique du pouvoir, essentielle à la stabilité et au développement du continent.
Face à cette situation complexe, des solutions envisageables se dessinent pour sortir le pays de l'impasse. Une médiation nationale, réunissant l'ensemble des acteurs politiques, la société civile, et des observateurs internationaux, se présente comme une première étape vers la réconciliation. Ce processus de dialogue constructif vise à rétablir la confiance entre les différentes parties, favorisant ainsi un climat apaisé. La présence d'observateurs internationaux pourrait garantir la transparence et l'équité du processus, tout en offrant une reconnaissance internationale des efforts entrepris.
La clarification et le respect d'un calendrier électoral sont également cruciaux. Le rétablissement d'un calendrier clair, défini de manière consensuelle, permettrait d'assurer le retour à un fonctionnement constitutionnel normal et de restaurer la confiance dans le processus démocratique. Cette étape est fondamentale pour garantir que toutes les parties se sentent engagées dans un processus électoral juste et transparent. Enfin, la mise en oeuvre de réformes profondes pour renforcer l'indépendance judiciaire et garantir la liberté de presse est essentielle. Une justice indépendante est le pilier d'une démocratie saine, capable de protéger les droits de tous les citoyens et de maintenir un équilibre des pouvoirs. De même, une presse libre est indispensable pour assurer une information objective et diversifiée, permettant aux citoyens de prendre des décisions éclairées. Ces réformes sont des étapes clés pour reconstruire la confiance dans les institutions et promouvoir un dialogue ouvert et constructif.
Naviguer hors de cette crise demande un engagement fort en faveur de la démocratie, du respect des droits de l'homme et de la primauté du dialogue. Le Sénégal, avec l'appui de la communauté internationale, a l'opportunité de prendre un nouveau départ vers une stabilité durable et un développement inclusif.
PAR Makhtar Diouf
MACKY SALL TEL QU’EN LUI-MÊME
EXCLUSIF SENEPLUS - Il considère qu’il peut faire ce qu’il veut, qu’il est une sorte de dieu, que les Sénégalais ne sont que ses sujets. Le temps n’est plus au dialogue, il est à la tenue de l’élection ce 25 février
Lorsque Macky Sall (MS) annonce le report de la présidentielle au mépris du Droit, de la Constitution, je suis comme tous les démocrates d’ici et d’ailleurs consterné, abasourdi. Puis, ressaisi, je pense à ce verset du Coran (2 : 216) : « Vous pouvez détester une chose qui pourtant est meilleure pour vous… Dieu sait mais vous ne savez pas ».
C’est effectivement le cas, car MS s’est tiré une balle dans les pieds. Il aurait été injuste qu’il s’en tire honorablement, auréolé par sa décision ‘’historique’’ de ne pas briguer un troisième mandat, alors que sept présidents africains de la sous-région l’avaient fait avant lui, sans tambours et trompettes.
En dépit de toutes les exactions qu’il a commises dans le pays au cours de ces dix dernières années, il était adoubé dans les pays occidentaux, allez savoir pourquoi. Pourtant les autorités de ces pays n’ignoraient rien de ce qui se passait au Sénégal car leurs représentations diplomatiques qui sont sur place leur rendent compte.
Mais cette fois, avec sa déclaration de report de l’élection à quelques jours de la date officielle retenue, c’est la goutte d’eau qui fait déborder le vase. Et il en remet une couche : entrée musclée de gendarmes à l’Assemblée nationale pour expulser les députés de l’opposition, une image qui a fait le tour de la planète, du jamais vu dans aucun pays africain ; coupure de l’Internet ; coupure du signal de la télévision ‘’WalFadjri’’.
Inimaginable. MS est alors lâché partout. C’en est trop.
Dans le pays, aucun régime n’a jamais eu à faire face à une telle levée de boucliers de la part de ses meilleurs intellectuels (artistes, enseignants, journalistes, hauts fonctionnaires retraités, religieux de toutes confessions …), de ses meilleurs juristes, de sportifs (pour la première fois).
En cette occasion, l’archevêque Mgr Benjamin Ndiaye a eu le mot juste : Quand il y a règlement, c’est pour qu’il soit suivi. Ce que MS ne sait pas faire. MS est un ennemi de la démocratie. On peut lui prêter ces paroles de Herman Goering, un des lieutenants de Hitler : « Chaque fois que j’entends parler de démocratie je sors mon revolver ».
MS nous en avait pourtant donné un aperçu en mai 2002, lorsque maire de Fatick, premier magistrat de la ville, devant donner l’exemple lors d’une élection locale, il avait refusé de se plier à l’obligation républicaine de présenter sa carte d’identité. Alors que son patron Wade, président de la République entrait dans le bureau de vote sa carte d’identité à la main.
Le 14 février 2022, dans un article ‘’L’affaire Mali’’, j’écrivais :
« Après avoir été très actif dans les sanctions contre les putschistes du Mali acclamés par le peuple malien, MS est allé en visite officielle en Egypte. Ce pays est dirigé depuis juillet 2013 par le sinistre ‘’ maréchal’’ Abdel Fattah Al-Sissi, à la suite d’un coup d’Etat perpétré contre Muhammad Morsi des Frères musulmans, le premier président démocratiquement élu de l’Egypte. Le parti des Frères musulmans est dissous. Morsi après 6 années de détention dans des conditions inhumaines, est mort au tribunal à l’occasion de son ‘’procès’’ ».
Le régime répressif de Sissi est condamné par toutes les organisations de défense droits humains qui considèrent l’Egypte comme une prison à ciel ouvert.
Peut-être que Sissi fin connaisseur en répression de manifestants a refilé quelques tuyaux à Macky ».
Toujours est-il que le 31 juillet 2023, le gouvernement de MS annonce la dissolution de Pastef, le parti d’Ousmane Sonko en prison, le rival le plus sérieux du parti au pouvoir en vue de la présidentielle de 2024.
Après avoir semé le chaos dans le pays depuis sa déclaration de report de la présidentielle, MS nous revient avec sa sempiternelle proposition de dialogue. Dialogue sur quoi ? Le temps n’est plus au dialogue, il est à la tenue de l’élection ce 25 février. Peu importe le raccourcissement de la campagne électorale qui n’est au fond qu’un folklore. Les électeurs ont déjà fait leurs choix. MS sait pour qui il votera. Les Sénégalais savent pour qui ils ne voteront pas.
MS pour se maintenir au pouvoir manœuvre en se servant du calendrier avec la venue prochaine du Carême chrétien et du jeûne du Ramadan qui couvriront le 2 avril, le jour où il doit transmettre le pouvoir au nouveau président. Il pense qu’en ces périodes, les Sénégalais occupés à leurs actes de dévotion (religieuse) vont faire mi-temps sur la politique. Ce qui lui permettrait de prolonger son mandat et de passer encore outre la Constitution.
Son dernier tour de passe-passe est l’annonce d’une amnistie générale des prisonniers politiques. Pourquoi ne l’a-t-il pas fait avant les parrainages ? Il prend vraiment les Sénégalais pour des demeurés. C’est au nouveau président élu le 25 février qu’il incombe de le faire.
MS n’a aucune envie de quitter le pouvoir. Au niveau terre à terre, il ne veut pas lâcher l’avion de commandement qui lui permet de faire du tourisme aux quatre coins du monde, aux frais des contribuables. Ce sont des millions de francs en carburant que nous coûte chacun de ses déplacements avec ce palais volant. Sa toute dernière virée a été dans les Caraïbes à Barbade, un pays dont la population est à peine supérieure à celle de Kédougou, inconnu des Sénégalais et où il est le premier dirigeant africain en visite. Un déplacement coûteux, comme d’autres, et sans intérêt pour le pays. Il considère qu’il peut faire ce qu’il veut, qu’il est une sorte de dieu, que les Sénégalais ne sont que ses sujets.
Le tragique est que, plus il reste au pouvoir, plus les morts et les blessés graves vont s’accumuler du fait de la répression sauvage des ‘’forces de défense et de sécurité’’ qui tirent à balles réelles. Déjà trois adolescents tués. Sans compter les dégâts de santé causés aux populations riveraines par les grenades lacrymogènes. Mais il n’en a cure car c’est un homme intrinsèquement méchant. A la différence de Wade que je connais depuis 1965 alors qu’il n’était pas encore entré en politique. A la différence aussi d’Abdou Diouf.
Le Sénégal ne sera en ordre serein, les écoles ne fonctionneront normalement, les affaires ne marcheront, l’économie ne sera débloquée que si MS s’en va.
Sa position actuelle n’est pas sans rappeler celle de Yahya Jammeh qui en 2016 en Gambie, battu à l’élection présidentielle, avait refusé de quitter le pouvoir. Avec la différence que la réaction musclée de la CEDEAO soutenue par le même MS, n’est pas celle que l’on voit aujourd’hui contre le même MS.
Pour faire passer à l’extérieur sa répression contre le parti Pastef, MS brandit toujours le spectre de menace d’on ne sait quel régime islamiste salafiste au Sénégal. Il en parle surtout devant des journalistes français, pour faire du ‘’boolé’’(comme on dit en wolof) parce que c’est une corde sensible dans leur pays capitale mondiale de l’islamophobie. Il leur suggère qu’il ne faut pas que les islamistes arrivent au pouvoir. Il n’en parle jamais au Sénégal, sachant que cela n’y fait pas recette. Les Sénégalais toutes confessions confondues ne savent même pas ce qu’est le salafisme. Le terme ‘’islamiste’’ est utilisé en France par les ennemis de l’Islam qui taxent leurs compatriotes non islamophobes de ‘’islamo-gauchistes’’. Les véritables musulmans n’utilisent pas ce terme ‘’islamiste’’ qui leur fait offense.
La raison de fond de ce désir de maintien forcené au pouvoir pourrait se trouver ailleurs. En 2017, Ousmane Sonko a publié un livre brûlot ‘’Pétrole et gaz au Sénégal. Chronique d’une spoliation’’ dans lequel il accuse Macky Sall, son frère Alioune Sall et Aly N’Gouille Ndiaye d’avoir trempé dans des opérations de maquignonnage de fonds du pétrole. Curieusement, le procureur de l’époque n’a pas réagi, et aucun des mis en cause n’a porté plainte contre cet homme qui par la suite va crouler sous le poids de plaintes des plus fantaisistes. Les Sénégalais veulent savoir de quoi il retourne, car il s’agit de l’argent public.
Ce que MS redoute, c’est ce qui est arrivé ce dimanche 11 février au Pakistan avec les élections générales. C’est le parti d’Imran Khan en prison depuis 6 mois qui remporte le plus de sièges au parlement, ce qui lui donne la possibilité de devenir Premier ministre (chef d’Etat). Nous avons notre ‘’Imran Khan’’ au Sénégal.
Dans cette affaire de report de l’élection présidentielle, on ne peut passer sous silence Karim Wade. J’ai du mal à comprendre que de vieux militants du PDS qui ont vaillamment combattu avec le doyen A. Wade durant des années, subissant toutes sortes de sévices, se mettent à défendre le fils Wade qui pendant ce temps se la coulait douce en Europe. Ce garçon n’a jamais été d’aucune lutte, n’a jamais respiré la fumée d’une grenade lacrymogène. Faute d’avoir été là à la saison des semailles, il s’est présenté à la saison des récoltes avec un ministère aux attributions jamais vues au Sénégal. Personnellement, je déplore qu’il ait été écarté de la présidentielle, car avec son résultat, il n’aurait pas été remboursé de sa caution. Ceux qui le défendent doivent aussi savoir que le nombre de députés qu’ils ont actuellement n’est dû qu’à leur compagnonnage avec la bande à Sonko lors de la dernière législative.
Ce garçon qu’on cherche à nous présenter comme un Einstein a été notre étudiant au département d’Economie de l’UCAD qu’il a quitté avant le cycle complet de quatre ans, sans aucune attestation de réussite. Je doute d’ailleurs qu’il ait envie de vivre au Sénégal, ne parlant aucune des langues nationales. Sa venue a été annoncée combien de fois ?
Quant au Conseil constitutionnel, avec sa fâcheuse ingérence politique dans la dernière élection législative qui a permis à l’APR d’obtenir une majorité microscopique, il doit se rebiffer face à MS, se réconcilier avec le peuple pour, conjointement avec la Cour suprême, maintenir la présidentielle à la date impérative du 25 février 2024. Si ces magistrats ne le font pas, ils auront dans la conscience tout ce qui arrivera encore de désastres dans le pays.