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21 avril 2025
Opinions
PAR Djibril Ndiogou Mbaye
GAZA : SILENCE, ON TUE UN PEUPLE
EXCLUSIF SENEPLUS - Alors qu’on avait déjà dit « plus jamais ça ! », voilà que l’histoire a le hoquet. Elle s’étouffe en même temps que le peuple de Palestine, qui se meurt pendant que le reste du monde continue de vaquer à ses petites occupations
Elle est au paradis Firdaws* aussi, avec mes trois Sœurs ! Répondit Yanis, en sanglots, le visage méconnaissable de brûlures et de cendres, balafré d’une raie de sang qui va de la tête à son maillot rougit, au dossard de Cristiano Ronaldo.
Tel est le dialogue surréaliste entre un secouriste et un enfant de 4 ans errant dans les ruines d’une rue où il fait nuit à midi, qui vient d’être rasée par une MK-84, cette redoutable bombe fournie à Tsahal par les USA .
Cette scène se passe à Khan Younés, dans les territoires occupés, au sud de la bande de Gaza. Bienvenue en Palestine !
Ce petit territoire coincé entre Israël, l’Égypte et cette mer que les habitants auraient aimé pouvoir fendre comme Moïse, pour échapper à une mort planifiée par l’Etat hébreu. Un territoire où tous les jours, depuis le 7 octobre 2023, on massacre des civils, des femmes et des enfants, illustres innocents, dans le déni le plus absolu de leur droit premier à la vie. A cela s’ajoute la complicité impudique des USA qui fournissent les munitions et les condamnations timides des autres puissances occidentales.
C’est un génocide dans ce premier quart du XXIe siècle , c’est juste scandaleux !
Dans un contexte où l’information circule sur des « autoroutes » plus rapides que la vitesse de l’éclair, personne ne pourra dire « je ne savais pas ».
Il est quand même ahurissantd’avoir un État-électron-libre, assit sur le droit international et les mille et une résolutions des nations unies et qui continue encore à y siéger et à y avoir droit à la parole. On marche sur la tête.
L’ONU et toutes ces juridictions à vocation internationale, osent-elles encore parler de justice, d’équité et de démocratie ?
Pourront-ellesdemain arrêter et juger des criminels de guerre autres que les responsables de ce qui semble être une extermination planifiée ?
Ces juridictions, qui ne sont destinées qu’aux dirigeants du tiers monde ont perdu toute légitimité et toute crédibilité.
En effet, si une juridiction perd son autorité et son indépendance et est tributaire de lobbyistes et de commandes politiques contraires à tous les principes fondamentaux de justice et d’équité, elle perd incidemment le respect et la confiance des justiciables.
Aujourd’hui, la Cour internationale de justice est réduite à une instance qui enregistre des plaintes hautement recevables mais qui a du mal à instruire sereinement et à émettre des mandats d’arrêt, même de principe, contre Israël.
Les demandes de mandats d’arrêts contre des autorités israéliennes et du Hamas, le 20 mai 2024, par le procureur de la CPI Karim Khan, auraient dû être traitées depuis longtemps. Mais les magistrats font preuve d’un laxisme volontaire parce que se sentant piégés par les faits incontestables et qualifiés. Des faits juridiquement irréfutables, dans un génocide à ciel ouvert, retransmis par les réseaux sociaux et par toutes les télévisions du monde en prime time.
Aujourd’hui, Gaza est un grand Auschwitz, Rahfa un Vel-d’hiv (vélodrome d’hiver) et ce qui s’y déroule, une Shoa en plein XXI ème siècle.
Alors qu’on avait déjà dit « plus jamais ça ! », voilà que l’histoire a le hoquet. Elle s’étouffe en même temps que le peuple de Palestine, qui se meurt pendant que le reste du monde continue de vaquer à ses petites occupations quotidiennes.
Il est plus que temps pour l’Humanité, s’il lui reste une once d’humanisme, de se lever, de concert, pour s’indigner. Parce que le « nettoyage ethnique » est en train de s’installer dans la routine. Et c’est le plus inacceptable, car la routine a ce don macabre de pouvoir inscrire, à courte échéance, les crimes les plus odieux, dans le registre de la normalité.
La Palestine se meurt à grands feux et Nétanyahu s’en délecte. Mais il serait illusoire pour lui de penser sortir vainqueur de cette confrontation.
Aucune nation, aussi puissante soit-elle, ne peut s’opposer à la détermination d’un peuple, aussi faible soit-il.
En tuant pères et mères, Israël fait des enfants rescapés de l’enfer terrestre de Gaza, de redoutables futures combattants, parés à réitérer mille fois l’ignominie du 7 octobre 2023.
Rien ne semble pouvoir arrêter l’indécence et le ridicule. Tantôt ce sont des images des « partys» avec disc-jockeys, organisées par des militaires de Tsahal, les soirs de massacres, en live sur les réseaux sociaux . Tantôt c’est la publicité d’un sinistre promoteur immobilier sioniste, esquissant les contours en 3D d’une future ville coloniale, au milieu des ruines d’une cité balnéaire gazaoui.
Le cynisme et la folie sont devenus les choses les mieux partagées dans cet écosystème de la violence que la raison semble avoir déserté. Et où la violence et la barbarie se sont définitivement affranchies de toute limite.
En plus d’avoir perdu la guerre de l’opinion internationale, Israël s’est mis à dos les milieux intellectuels. Ainsi, après les grandes universités américaines comme Harvard, science Po Paris, certains lycéens et « la rue» des grandes villes françaises portent la lutte de libération de la Palestine. Tous demandent l’arrêt de cette agression à la justification fallacieuse et dévoyée.
Le cercle des États soutiens de la plainte devant la Cour internationale de justice ne cesse de s’élargir . En atteste la récente adhésion du Sénégal à ce cercle de l’honneur qui garde encore allumées les cierges de l’indignation et de l’espoir de cet autre peuple de Dieu .
La Palestine mérite l’indignation et l’attention de la terre toute entière, car l’histoire de l’Humanité y est en train d’être écrite avec le sang encore frais des femmes et des enfants palestiniens.
Un missile tomahawk vient de s’abattre sur un immeuble du centre de Rafah, la grande ville du Sud de Gaza, Les secours sont déjà sur les décombres encore fumants, à la recherche d’âmes qui vivent. Parmi eux, un petit garçon de cinq ans fouille à mains nues les tonnes de débris. Sa détermination est incroyable: c’est Yanis. Il est déjà un homme. À quelques mètres de lui, une petite fille en pleurs, s’époumone en demandant avec insistance à sa mère déjà morte :
Maman, je veux mes jambes !où sont mes jambes...!
Elle mourra à son tour quelques minutes plus tard.
Que Dieu protège le peuple de Palestine !
* Niveau le plus élevé du paradis.
par l'éditorialiste de seneplus, alymana Bathily
CANAL+, OPA SUR L’AFRIQUE
EXCLUSIF SENEPLUS - Derrière les programmes alléchants se cache un projet politique controversé, aux relents de néo-colonialisme culturel et idéologique. « Qui te prête ses yeux, t’indique où et quoi regarder »
Alymana Bathily de SenePlus |
Publication 29/06/2024
Canal + est une entreprise française de télévision à péage, diffuseur de chaines de radio et de télévision par satellite qui donne accès à plus de 400 télévisions et de radios en Afrique francophone, des chaînes publiques nationales aux chaines locales privées, édite 40 chaînes spécifiques et produit 4000 heures par an de contenus et programmes.
L’entreprise diffuse ainsi en plus des programmes des télévisions et des radios publiques et privées des pays africains couverts, ceux des principales radios et télévisions publiques et privées françaises, dont CNews qui appartient au groupe Bolloré.
Elle diffuse également ses propres productions de cinéma et de divertissement, assure la retransmission des principaux événements sportifs mondiaux de sport et notamment les matchs des principaux championnats de football européens, projette quotidiennement des films français, américains et européens, diverses émissions des chaines françaises et divers programmes de jeunesse.
Elle diffuse aussi des films et séries africains notamment nigérians sur Nollywood TV et ivoiriens de A+ Ivoire, des chaines « dédiées », notamment Maboke TV, une chaîne en lingala et la chaine éducative Nathan TV présentée comme la « 1ère chaîne éducative en langue française » en Afrique francophone.
Canal + Afrique a entrepris aussi de produire et de diffuser des films et des séries réalisés par des équipes africaines avec des acteurs africains sur des sujets liés à l’Afrique.
La chaine comptait déjà en 2022, 7.6 millions d’abonnés en Afrique soit plus d’un tiers de l’ensemble de ses clients en France et dans le monde. Au premier trimestre 2023, elle a enregistré 519 000 abonnés soit la progression la plus importante de l’ensemble de son réseau.
Vincent Bolloré, le « patron » français de Canal vient de lancer une offre publique d’achat (OPA) sur le groupe sud-africain MultiChoice, l’autre opérateur africain de télévision à péage. Ce rachat lui permettra de s’étendre sur les pays anglophones et lusophones du continent, de l’Afrique du Sud au Nigeria, du Mozambique au Ghana et à l’Angola. Ce qui lui donnera une position de quasi-monopole sur l’ensemble du continent.
Une perte de souveraineté
Le rachat de MultiChoice par Canal+ consacrera la perte de souveraineté de l’Afrique sur le secteur stratégique de la distribution de la voix, des données et de l’image ainsi que la perte d’un marché lucratif et d’avenir.
Pourtant dès l’apparition de la technologie au milieu des années 1990, des entreprises africaines, comme EXCAF au Sénégal, s’étaient lancées et avaient rapidement commencé à s’imposer sur le marché.
Les États africains auraient pu en faire des champions nationaux. Au lieu de cela, on a laissé Canal+ prospérer quand on ne l’a pas favorisé.
Canal+ est une menace pour l’Afrique
Canal+ représente une menace pour l’Afrique parce que Vincent Bolloré, est un patron de presse qui met ses médias au service de son projet politique d’extrême droite.
Propriétaire en France de nombreux journaux, de radios et de de télévisions dont Le Journal du Dimanche, Itele, Europe 1, Paris Match et CNews, Bolloré est désigné comme un des principaux responsables de la montée de l’extrême droite en France.
On sait comment il a fait, depuis plusieurs années, de ses médias des soutiens des partis politiques de droite et d’extrême droite, du LR de Nicolas Sarkozy hier au Font National aujourd’hui, sans aucune considération des règles d’éthique professionnelle des journalistes.
Il est considéré comme l’un des principaux responsables de la récente victoire électorale de l’extrême droite en France.
« Là où Bolloré passe, le journalisme trépasse. C’est un ogre qui digère les médias et les transforme en organes d’opinion », disait Christophe Deloire, le défunt secrétaire général de Reporters Sans Frontière.
Canal+ est aussi une menace parce que son patron qui intervient en Afrique depuis plus de vingt ans dans divers domaines s’est révélé peu soucieux des intérêts des Africains et du respect d’un minimum de règles sociales entrepreneuriales.
Il avait auparavant été accusé d’activités illicites en relation avec ses entreprises de logistique portuaires et de chemins de fer en Guinée, au Bénin, au Cameroun et au Niger notamment.
Comme le dit si bien l’adage wolof : « qui te prête ses yeux, t’indique où et quoi regarder ».
Canal+ permet certes aujourd’hui aux radios et télévisions africaines de s’adresser à tous les publics par-delà les frontières et permet la diffusion, souvent en direct à travers l’Afrique, des événements sportifs et culturels africains et internationaux comme la Coupe d’Afrique des Nations de Football, l’Africa Basketball League et les Jeux Olympiques.
Les championnats européens de football et les compétitions internationales d’athlétisme sont vécus en direct et avec une excellente qualité de réception à travers tout le contient.
Mais dans le même temps, les innombrables « émissions jeunesse » déversent à longueur de journée à l’intention de nos enfants, qui en raffolent à cause de leur qualité technique, des émissions venues d’ailleurs (de l’Europe et des USA) dont personne ne connait l’impact sur leurs jeunes cerveaux.
La propagande LGBTQ+ suinte insidieusement : ainsi en ce moment même une des chaines du bouquet diffuse un festival Gay Pride.
Le suprémacisme blanc est diffusé en prime time et « en clair » notamment par CNews de M. Bolloré et par I24, une chaine pro Israélienne déclarée en français qui en ce moment soutien éhontément le gouvernement israélien dans son génocide du peuple palestinien de Gaza.
Bolloré et Canal+, c’est la France Afrique 2.0
Quand on sait que la France est engagée avec l’Europe et l’Occident tout entier dans une offensive de reconquête économique et culturelle de l’Afrique, on apprécie le rôle que la chaine de M. Bolloré, Canal, jouera de plus en plus ouvertement. Canal+ est un instrument de contrôle mental, émotionnel, psychologique et esthétique. Un outil de domination autrement plus efficace que les méthodes violentes de répression et de subversion d’antan.
Il joue sur le plan culturel le rôle que le FCFA joue sur le plan monétaire et économique. En fait, Canal+, c’est la France Afrique 2.0. Il faut l’arrêter !
Par une réglementation appropriée avec un cahier de charges spécifique donnant lieu au paiement de redevances conséquentes à défaut d’une interdiction pure et simple. Pendant qu’il est encore temps !
par Hamidou Thiaw
ARNAQUE OU INCOMPÉTENCE ?
EXCLUSIF SENEPLUS - Les Sénégalais se retrouvent avec une réduction de prix qui, en apparence, semble avantageuse, mais qui en réalité les laisse avec une quantité moindre de pain
À la suite de l'annonce par le gouvernement de la baisse du prix du pain avant la Tabaski, de nombreux Sénégalais ont ressenti une grande joie. Cependant, après la mise en œuvre de cette décision, il apparaît que le gouvernement a fixé le prix de la baguette de pain de 190 g à 150 FCFA et celui de la baguette de 230 g à 200 FCFA, en remplacement d'une baguette qui coûtait initialement 175 FCFA.
Étant donné que dans d'autres pays, comme la France, les baguettes de pain pèsent 250 g, il est légitime de se demander si nous ne sommes pas confrontés à une réduction fictive. En payant moins, nous recevons en réalité moins de pain. Cela suscite des interrogations sur la stratégie adoptée par les boulangers qui, en réponse à l'insolence et à l'arrogance de certains, auraient fait preuve d'une ingéniosité particulière pour contourner la baisse des prix annoncée par le gouvernement.
Cette décision a-t-elle été précipitée sous la pression d'une population qui attend beaucoup de ce gouvernement, notamment en matière de baisse des prix et de création d'emplois ? La promesse initiale semblait claire : offrir un soulagement économique significatif à une population en quête d'un mieux-être. Cependant, il semble que cette population ait été abandonnée en cours de route, après avoir été embarquée dans un train qui promettait une destination vers un paradis terrestre, mais dont les conducteurs semblent ignorer cette destination et avoir pris une direction opposée.
Le sentiment de déception est palpable. Les Sénégalais se retrouvent avec une réduction de prix qui, en apparence, semble avantageuse, mais qui en réalité les laisse avec une quantité moindre de pain. Cette situation pourrait être perçue comme une manœuvre pour apaiser temporairement les attentes sans offrir de solutions durables.
Il est crucial que le gouvernement prenne conscience de cette dissonance et agisse en conséquence. Après le temps de réflexion qui leur a été accordé, il est impératif qu'ils trouvent la bonne direction pour honorer leurs engagements. La population attend avec impatience une déclaration de politique générale et la présentation d'un programme concret. Il est inédit au Sénégal qu'un gouvernement ne présente ni programme ni déclaration de politique générale après trois mois au pouvoir. Un tel retard est préoccupant et alimente les doutes sur la capacité de ce gouvernement à répondre aux aspirations légitimes de la population.
Espérons que les autorités sauront rectifier le tir et présenter des mesures claires et concrètes pour répondre aux attentes des Sénégalais, en termes de baisse des prix, de création d'emplois et d'amélioration globale de la qualité de vie.
Par Bira SALL
ENCORE UNE FUITE LORS DES COMPOSITIONS, ET NOS ELEVES TOUJOURS LES VICTIMES
Peut-être, on gagnerait à rendre les évaluations scolaires plus constructives et moins démotivantes pour tendre vers une évaluation accompagnatrice des apprentissages.
Ce lundi 24 juin, les élèves de seconde S étaient convoqués de 8h à 11h pour composer en Physique-chimie dans le cadre des Phares au niveau de l’Académie de Thiès. Deux (2) heures après la distribution et le début des épreuves, alors que les élèves se penchaient, enthousiastes et concentrés, sur les exercices, on a subitement interrompu l’épreuve de composition pour raison de fuite des sujets. Apparemment, certains élèves étaient en possession des épreuves ou de l’un des exercices proposés. Généralement, on parle de fuite à l’examen ou en composition lorsque la confidentialité des sujets n’est pas assurée. Ces sujets sont censés être dans le secret aux yeux des élèves jusqu’au jour des examens. Mais, malheureusement, tel n’est pas le cas. Les fuites des sujets sont les résultats de la mauvaise organisation des examens et compositions d’une part et, d’autre part, de l’indélicatesse de certains responsables et surveillants. Evidemment, ce n’est pas une spécificité sénégalaise : un rapport du ministère français de l’Enseignement supérieur et de la recherche, daté de 2012, évoquait déjà «une préoccupation ancienne à laquelle des évolutions contemporaines, notamment les développements du numérique et les changements des modalités d’évaluation, donnent une acuité nouvelle. Ce phénomène, qui relève de la fraude, de manquements aux devoirs, de négligences avérées, nous inquiète en tant que parents d’élèves et enseignants, parce que nous tenons beaucoup à la confidentialité des sujets qui concourt à la transparence et à la crédibilité des évaluations, des décisions des conseils de classe, du profil de nos élèves dont nous nous plaignons souvent du niveau faible».
Mais ce qui est surtout à déplorer cette fois-ci, c’est la gestion de ce cas de fuite lors de la composition de Pc dans les classes de seconde S. En tout cas, au niveau du lycée de Tivaouane, c’est 2h après le début des épreuves que la décision est prise. Je me demande encore qui a pris cette décision incongrue. J’assume et je pèse bien mes mots en parlant d’incongruités ou d’inconvenances : les élèves ont été lésés, surtout qu’on a décidé, illico presto, de distribuer d’autres sujets et de faire travailler les élèves et les surveillants au-delà de l’heure prévue. On devait terminer à 11h, mais avec l’interruption et le changement des sujets, les élèves sont restés jusqu’à 13h. On a joué avec leurs nerfs ; on a déconcentré et perturbé les élèves durant cette composition. J’imagine le bruit, l’inconfort, le tohu-bohu indescriptible dans les salles de classe lorsqu’on a annoncé aux élèves la reprise dare-dare de la composition. On aurait dû tout bonnement reprogrammer cette épreuve, surtout que d’autres épreuves les attendaient à 15h. C’est ce qui se fait habituellement en cas de fuite avérée. On n’a pas tenu compte des conditions minimales, des dispositions, pourtant définies par les textes pour assurer des conditions psychologiques adéquates lors des évaluations. On oublie souvent que c’est le rôle des enseignants et surveillants d’aider les élèves à se concentrer lors des évaluations, et de les aider à se remémorer les informations au cas où ils rencontrent un blocage ou un trou de mémoire, pour les rassurer et les aider à se détendre. Je pense honnêtement que les droits des élèves ont été bafoués ce matin : on n’a pas respecté leurs droits ; ils vont payer des pots qu’ils n’ont pas cassés pour avoir composé dans des conditions qu’ils n’ont pas créées.
J’étais très gêné quand ma fille, encore adolescente, victime comme ses camarades de classe, à qui j’ai eu à parler de la centralité de l’élève, me dit sur un ton ferme, presque les larmes aux yeux : les élèves sont toujours sacrifiés et pourtant vous avez l’habitude de me dire depuis que je suis à l’élémentaire, que «l’élève est le prince d’un royaume qu’on appelle l’école» (Reboul, 1989). On a l’impression que la centralité de l’élève ne veut rien dire pour les adultes qui travaillent à l’école, ou du moins les réformes et décisions ne militent pas en faveur de l’épanouissement des enfants à l’école. Peutêtre, pour reprendre Pierre Teil, on est toujours dans une école qui ne tient pas compte de la réalité des enfants : «On ne s’occupe que de ce que les élèves doivent acquérir, en occultant le fait qu’un enfant n’apprend que s’il en a le désir. Or, celui-ci ne peut exister que si on aide l’enfant à prendre conscience de ses capacités d’apprentissage, que l’enseignement doit lui permettre de développer alors que souvent il les inhibe.» (Pierre Teil, 2006, p. 27).
Par ailleurs, mes collègues ne tiennent pas compte, en corrigeant les copies, des conditions dans lesquelles les élèves sont évalués. On oublie souvent le point de vue des élèves, à qui on impose n’importe quoi sans tenir compte de la psychologie des évalués, de leur rapport avec les notes. Pour nos élèves, les notes sont l’équivalent d’un salaire. Elles récompensent leur mérite et permettent le passage dans la classe supérieure et l’estime de leurs parents. Ces derniers, très exigeants et du fait que nous sommes entrés dans l’ère de la «famille sentimentale et éducative», pour reprendre François de Syngly (1993), refusent de voir leurs enfants malheureux et s’enfermer dans l’échec du fait d’acteurs irresponsables, auteurs par leur négligence des fuites, comme celles notées régulièrement dans les examens et compositions.
Les professeurs, que nous sommes, ne le savent peut-être pas suffisamment : la notation est un levier psychologique pédagogique terriblement puissant. Un mauvais usage peut déboucher sur un désastre. Un bon usage pourrait favoriser un cercle vertueux : récompense apprentissage-récompense (Pierre Merle, A quoi servent les notes, 2016).
Peut-être, on gagnerait à rendre les évaluations scolaires plus constructives et moins démotivantes pour tendre vers une évaluation accompagnatrice des apprentissages.
Bira SALL
Professeur de Philosophie au Lycée Ababacar Sy de Tivaouane
Chercheur en Education et Formation
Email : sallbira@yahoo.fr
Par El hadj Boubou Senghote
REPONSE AU PROFESSEUR FATOU SARR SOW
Dans un enregistrement vidéo, Madame Fatou Sarr Sow, fait étalage de l’indélicatesse qui, finalement, la caractérise, en considération de ses déclarations suivantes « Il n’y a pas d’ethnies au Sénégal, mais plutôt des cultures dominantes »
Dans un enregistrement vidéo d’une durée de 4 mn 51, Madame le Professeur Fatou SARR SOW, Maître de conférences à l’Université Cheikh Anta DIOP, spécialiste des questions de genre dans les agences des Nations Unies pour la formation, l’évaluation et le développement des programmes de genre dans 15 pays africains, titulaire d’un doctorat en Anthropologie et Sociologie des Politiques de l’Université Paris VIII, d’un doctorat en travail social/politiques sociales de l’Université Laval, d’un DEA en sciences de l’environnement de l’Université de Dakar, d’un Master en Economie du Développement des Facultés Aix Marseille II, fait étalage de l’indélicatesse qui, finalement, la caractérise, en considération de ses déclarations suivantes:
« Il n’y a pas d’ethnies au Sénégal, mais plutôt des cultures dominantes. En résumé, de nombreuses ( ) s’étaient retrouvées le long de la vallée du Fleuve, suite à leur départ d’Egypte ; notamment des Sérères, des Wolofs, des Peuls, des Soninkés, etc..Nous 2 formions des Etats, des cultures dominantes. Lorsque Koly Tenguella fondait le Fuuta en 17…, il est revenu car son père avait émigré au Mali pour se soustraire au paiement de l’impôt dû aux Maures. En revenant du Mali où il avait rejoint (ou accompagné) son père, il est passé par le Sud d’où il a ramené des Diolas et des Manjaks. Dans le livre, le document qu’on va sortir, je dis que dans les veines de ceux qui se disent Toucouleurs aujourd’hui, coule le sang du Manjak, coule le sang du Diola.
Thierno Souleymane Baal, son quatrième ascendant se prénomme Niokhor ; Niokhor tout le monde sait que c’est un Sérère. Ses grands-parents sont des Wolofs. Ils ont fait la révolution ici, à Pire Sanokhor. Donc…si on poursuit, en allant au Walo, à chaque fois je disais on fait du brassage ethnique, avec des mariages préférentiels entre cousins et cousines ; constituant un modèle pour nous tous dans la société sénégambienne.
Mais lorsqu’on est allé jusqu’à l’édification de royaumes, on se battait entre nous. Mais toute guerre finit par engendrer des unions matrimoniales. Elimane Abdou Khadr, lorsqu’il a mené la Révolution Tooroodo, est allé au Walo où il a voulu instaurer la Charia. Parce que le Walo était le Musulman ; n’oublions pas que Ndiadiane NDIAYE et Mbarka Mbo, ce sont leurs grands-parents qui étaient venus pour implanter l’Islam. Donc…, mais à l’issue d’une bataille, avec le Kayor, celui-ci lui donna en mariage sa fille, Arame Bakar MBOOJ. De toutes les épouses d’Elimane Boubacar, c’est Arame Bakar qui lui donna le plus grand nombre d’enfants. Tous les grands dignitaires aujourd’hui Pulaar, leurs grands-parents sont issus d’Arame Bakar. PARENA, Mariame WANE LY, c’est Arame Bakar sa grand-mère. Voyez-vous, cette Arame Bakar-là, c’est elle la grand-mère de Buur Siin. Parce que c’est son fils Yerim Mbagnik qui a eu un enfant à qui il donna le nom de Mbaba, qui engendra Couly Mbaba ( ) devint Barack du Walo ; c’est le seul Barak de patronyme DIOP. C’est lui qui est allé se marier chez les Sérères et devint le grand-père des ( ) celui qu’on intronise aujourd’hui, le dernier Saloum, le dernier Buur Siin qu’on intronise aujourd’hui, c’est Arame sa grand-mère.
Donc, cela dit, Koly Tengella en personne, lorsqu’il quitta Ngabou, fit le tour du Sénégal, il passa par le Saloum où il épousa Mbossé à qui le terroir du Bosséa dans le Fouta doit son nom. C’est pour dire ! Si nous parlons du XIX ème siècle, avec ce que l’on appelle l’Islam confrérique, autour du marabout, on se maria, oubliant jusqu’à nos origines. Donc aujourd’hui, dans le livre, on est en train de faire la généalogie politique, c’est Amadou DIAO BAKHAO qui le rédige, dans ce document ( ) pour montrer comment s’effectuent les mariages dans tous ces espaces. Si vous voyez, les El Hadj NDIAYE aujourd’hui, le Buur ( ), les NDIAYE qui avaient quitté le Djoloff pour migrer dans le Gadiaga, à son retour, les NDIAYE qui sont restés, sont des DjolofsDjolofs. Aujourd’hui, on va dire que c’est des Sarakhollés. C’est pas des Sarakhollés. Donc on a le Boundou, ils sont venus du Fouta. Ils sont venus de Silma, précisément de Podor. Donc on a un métissage culturel tellement extraordinaire que ces cultureslà, quand Koly Tengella a créé, est revenu dans le Fouta, il a dit que désormais tous les Haalpulaar vont parler le peul. C’est pourquoi on peut constater aujourd’hui que 3 le DAKAR DEM-DIKK de patronyme DIOP, mais ses grands-parents sont des Wolofs. Mais aujourd’hui il est de culture Pulaar.
Mais si vous allez au Walo, les El Hadj Malick, son grand-père, Abdourahmane FAYE, père de Mboté FAYE, on dit qu’il est Sérère. Mais c’est des Sérères, c’est de vieilles souches Sérères qui se sont wolofisées. Donc, c’est pour dire qu’on est fondamentalement un Peuple tellement métissé, que vouloir présenter tel comme appartenant à telle ethnie, un coucou à Betty NGOM, la tante de SONKO. Je lui dis : Mais Betty, ce SONKO-là, pourquoi ne vient-il pas dire d’où il vient ? Ce Fouta d’où il vient, en passant par le Waalo, puis Paal jusqu’à sa destination actuelle, s’il a du sang diola c’est tout au plus pour un quart ! Moi je n’aime pas entendre des qualificatifs du genre un tel est Diola, le patronyme de tel autre est ( ). Mais les Diolas sont là-bas, les TINE sont dans le Waalo. C’est leur origine, car ils venaient de là-bas, parce que leurs premières chutes étaient en Mauritanie. Je ne vais pas faire ici une histoire de toutes ces migrations-là. Mais c’est pour montrer qu’aujourd’hui, au Sénégal, on doit arrêter de dire qu’un tel est ceci ( ). Car on disait que les Wolofs sont métissés. Mais il n’y a pas plus métissé que le Pulaar ! Il n’y a pas plus métissé que le Pulaar ! Les Sérèreslà, ils ont Mansa Waly MANE. C’est un MANE, c’est pas un Sérère. C’est un Mandingue ! »
Telles sont les idioties sorties, avec hargne, de la bouche de notre éminent Professeur, également auteur de plusieurs livres et articles sur l’entreprenariat féminin et la transformation des relations de pouvoir au Sénégal ainsi que sur les luttes politiques et la résistance des femmes en Afrique, etc. !
Que d’inexactitudes dans ces dires, par ailleurs exprimés d’une manière désordonnée et difficilement intelligible, de notre « Diva du Savoir ! » Ainsi en est-il, lorsque notre distingué chevalier dans l’Ordre national du Lion déclare tout de go que:
1)- « Il n’y a pas d’ethnies au Sénégal, mais plutôt des cultures dominantes… »
Il n’y a pas d’ethnies au Sénégal ? Assurément, Madame le Professeur nous en apprend ! Son face-à-face avec le Professeur Mamadou DIOUF, auteur de « Les Ethnies et la Nation » serait intéressant à suivre. Le dictionnaire de l’Académie française ne définit-il pas l’ethnie comme étant un groupe humain qui partage la même culture, en particulier pour la langue et les traditions ? Pour sûr que le Président Léo, ancien membre de l’Académie française aurait tranché, s’il vivait encore parmi nous ! Mais qu’à cela ne tienne : son successeur à la Magistrature suprême du Sénégal, Monsieur le Président Abdou DIOUF, également membre de l’Académie française est là ! Alhamdoulillah ! Intéressant débat donc en perspective : TROIS (03) ESCLAVES SERERES SUR UN MEME PLATEAU ! Les patrons seront gâtés ! Oui ; un régal pour les Fulɓe !
« Senegaal amul Etnii » (il n’y a pas d’Ethnies au Sénégal) ! Madame le Professeur Fatou SARR SOW (Dixit !) Voilà qui constitue un socle de balance qui permet de 4 disserter à souhait sur ce sujet qui, apparemment, d'un seul coup, est devenu passionnant pour nombre de Sénégalais.
Madame le Professeur qui révèle la prochaine publication d'un ouvrage qui ne manquera certainement pas d’aborder sur ce sujet, gagnerait à se pencher davantage sur la notion d'éthnie, avant que de ce faire.
Le malaise qu'il y a dans cette volonté manifeste d'un certain nombre de gens de redéfinir la notion d'éthnie au Sénégal, est que même si le "wasso" qui apparemment remplace le mot "éthnie " est assorti d'une définition taillée sur mesure pour convenir à nier l'existence des éthnies dans notre cher Sénégal, personne ne peut nier qu'il existe des langues qui sont parlées par des groupes dont le dénominateur commun est la culture et les traditions. Comment voudrait-on nier l'existence des éthnies qui font la richesse culturelle d'un pays ?
Nous avons comme l'impression que cette monstrueuse besogne a un objectif inavoué : uniformiser la culture sénégalaise, donc sa langue. Quand on parle de « culture dominante », on est dans le versant de l'effacement inévitable des cultures dominées. Cela se sent de plus en plus dans l'odeur qui se dégage de la cuisine secrète de ces fossoyeurs de l'ordre sociologue jusque-là parfait.
Nous alertions sur le non-respect du droit des langues nationales codifiées à être traitées avec égalité. Nous n'avons reçu, à ce jour, aucune réponse de la part des autorités sénégalaises compétentes à qui nous avons adressé plusieurs correspondances. Pas même le moindre accusé de réception ! Nous n'avons également vu aucune intervention de quel que intellectuel que ce soit de ce pays sur ce sujet. Comme s'il était tabou ou comme s'il n'avait aucune importance. Au lieu donc de cela, des volontaires de la sape de la réalité de l'ordre établi se ruent sur les médias et les réseaux sociaux pour nous prouver que le crocodile ne sait pas nager. Pour nous raconter des histoires de l'Histoire, en se spécialisant dans une honteuse tentative de réécrire l'histoire avec un semblant de conviction d'une rare absurdité.
Si vraiment il n’y a pas d’ethnies au Sénégal, pourquoi alors Madame le Professeur Fatou SARR SOW parle-t-elle nommément de Sérères, Wolofs, Peuls, Soninkés, Toucouleurs, Manjaks, Diolas ? Car il en a été question dans ses diatribes contre la Communauté peule. Et ce sont là des noms qui désignent bien des ethnies. Pourquoi n’a-t-elle pas, en lieu et place, parlé de « cultures dominantes » et de cultures dominées ?
C’est même contre cette notion de dominants/ dominés que nous nous élevons, dans notre combat pour une égalité de traitement entre les langues nationales codifiées (aussi bien dans les programmes éducatifs, les médias que dans l’espace public), proportionnellement au nombre de locuteurs natifs de chacune d’elles. Nous l’avons toujours dit : Le Sénégal ne pourrait se développer dans la paix et la stabilité en niant des pans entiers de sa culture et de ses langues. Jamais !
Aider à vulgariser les diversités culturelles du pays : tel est le sens de notre combat. Pour notre part, aucune culture n’est parfaite. Aussi, sommes-nous, en ce qui nous concerne, preneurs de tout ce qui est bon chez les autres. De tout ce qu’il y a de meilleur chez tous les autres ! Si certains sont favorables à la domination d’une culture sur les autres, grand bien leur fasse. Ce ne sera jamais le cas avec nous. Nous en faisons le serment. Cela aussi doit être clair pour tout le monde !
2)-« En résumé, de nombreuses ( ) s’étaient retrouvées le long de la vallée du Fleuve, suite à leur départ d’Egypte ; notamment des Sérères, des Wolofs, des Peuls, des Soninkés, etc..»
Il ne faut pas chercher à nier l’évidence : le Fuuta-Tooro a toujours été majoritairement habité par les Fulɓe (ceux qui ont en commun l’usage de la langue Pulaar / Fulfulde), même s’il inclut quelques villages soninkés, wolofs et maures. C’est pour cette raison que cette partie du Sénégal est considérée comme étant leur territoire. Le Gajaga aussi est régulièrement reconnu comme étant le territoire des Soninkés, le Mandingue comme le territoire des Malinkés, le Saloum comme le territoire des Wolofs, le Sine comme le territoire des Sérères, etc..En somme, tous ces peuples sont maîtres dans leurs pays et royaumes respectifs, dans les localités où ils sont majoritaires. Et personne n’a jamais trouvé à redire ! Mais dès que l’on parle du Fuuta-Tooro ou des Fulɓe, c’est la levée de boucliers ! Certains deviennent fous de rage, entrent en transe et se mettent à vociférer !
Nous relevons que du début à la fin de sa déclaration, Madame SOW ne s’en est prise qu’aux Fulɓe (encore une fois : Les Fulɓe sont tous ceux dont la langue est le Pulaar). C’est un constat. Qu’elle ne vienne surtout pas nous dire qu’elle ne gagnerait rien à se braquer contre les Fulɓe vu qu’elle a épousé un Pullo ! Car cela n’a rien à voir.
C’est de l’acharnement contre une ethnie! Car il nous revient que lorsque la « Coalition Yewwi Askan Wi » avait gagné les élections législatives du 31 juillet 2022 dans les Départements de Bignona, Sédhiou, Goudomp, raflé 29 des 30 Communes de la Région de Ziguinchor, dans la Verte Casamance d’Ousmane SONKO et Guy Marius SAGNA aussi, l’on avait applaudi : Vive la Démocratie !
Lorsque l’Inter-Coalition constituée de la « Grande Coalition Wallu Sénégal » et de « Wallu Askan Wi » l’avait emporté dans les Départements de Thiès, Tivaouane, Guédiawaye, Keur-Massar, Pikine, Saraya, raflé tout dans le Département de Mbacké sans laisser un seul poste de Député aux autres candidats, on avait également jubilé : Bravo, c’est encore la Démocratie.
Mais lorsque Monsieur le Président Macky SALL et la « Coalition Benno Bokk Yaakar » avaient osé gagner dans les Départements de Kanel, Matam, Podor, Ranérou et autres, l’on avait crié au voleur, dénoncé un prétendu « vote à la soviétique », un soi-disant vote ethnique, un vote à la « Neɗɗo ko Banndum » feignant même d’ignorer 6 que cette expression est l’équivalent du « Nit-Nit ay garabam » wolof ou encore de l’expression française « L’homme est le remède de l’homme ! »
C’était encore une récidive. Car l’on se souvient que lors de la présidentielle du 24 février 2019, nul n’avait trouvé à redire quand les électeurs des Départements de Bambey, Diourbel, Mbacké, Kébémer, Thiès, Tivaouane, etc. avaient donné leurs suffrages à M. Idrissa SECK. Idem lorsque les électeurs des Départements de Bignona, Oussouye, Ziguinchor, Kolda, Bounkiling, Goudomp, Sédhiou avaient voté pour M. Ousmane SONKO. Tout comme lorsque les Tataguinois avaient voté pour leur concitoyen El Hadj SALL.
Mais lorsque lors de la même présidentielle de 2019 les Départements de Kanel, Matam, Podor, Ranérou et Tambacoumba avaient choisi le Président Macky SALL, candidat à sa propre succession…SACRILEGE !
Et last but not least : la disparition brutale et dramatique du FUUTA de la carte historique du Sénégal (en dépit de son statut incontestable de première entité géographique organisée, en tant que réalité sociopolitique ; ce qui est confirmé par la Révolution de 1776), dans le cadre du découpage programmé du pays en pôles de développement, avec la conservation des noms des anciens royaumes,) à savoir :
- le Pôle industriel de Ndakaaru
- le Pôle industriel de Kayoor
- le Pôle industriel de Siin-Saalum
- le Pôle industriel de Njammbuur
- le Pôle industriel de Kaasamaas
- le Pôle industriel de Ɓunndu
- le Pôle industriel de Ferlo
- le Pôle industriel de Waalo !
Assez ! Y EN A MARRE !
3)- « …Lorsque Koly Tenguella fondait le Fuuta en 17…, il est revenu car son père avait émigré au Mali pour se soustraire au paiement de l’impôt dû aux Maures.. »
C’est archi-faux de dire que Koli Teŋella a fondé le Fuuta ! Car le Fuuta existait bien des siècles avant la naissance de Koli Teŋella BAH ! C’est tout aussi faux d’accuser son père, Teŋella, de s’être enfui vers le Mali pour se soustraire au paiement de l’impôt dû aux Maures ! L'époque du père de Teŋella (1464-1512) dont elle dit qu'il avait quitté le Fuuta pour ne pas payer les impôts aux maures, correspondant à la domination du Fuuta par le Jolof, fait douter.
La vérité est que nous étions au XVème siècle, l’essor démographique pointait à l’horizon dans un territoire et des terres de parcours on ne peut plus exigus. Ainsi, conformément à la tradition peule en cas de famille nombreuse, les éleveurs se sont séparés en groupes pour aller s’établir, chacun, dans un endroit donné. D’autres causes 7 liées à la sécheresse, donc de diminution des herbages pouvant entraîner la mortalité des bestiaux, poussaient également les Fulɓe au départ pour aller, généralement, dans ce cas précis, vers le sud de la région soudano-sahélienne. Pour sa part, Teŋella se dirigea vers le nord-est. Naturellement, les Fulɓe s’éloignaient aussi des contrées où ils étaient victimes de razzia des gouvernants, wolofs notamment.
Cette importante immigration des Fulɓe eut comme conséquence majeure la constitution, par Teŋella, du puissant royaume Jaalaalo dans le Kindi, à « une époque où les communautés des Fulɓe étaient partout traquées dans le Mali, comme dans l’Empire songhay en pleine ascension. » C’est ainsi que presque tous les Fulɓe du Sahel et alentours accoururent vers Teŋella qui libéra ses parents qui étaient sous la tutelle des Soniŋkés du Jaara. Il envoya vers le sud son fils aîné Koli qui protégea, aida et organisa les Fulɓe qui subissaient le joug des Malinkés. Une coalition se forma et une expédition fut lancée contre Teŋella par le roi du Xañaaga avec l’aide du Songhay. Teŋella y perdit la vie en 1512 et son fils Koli reprit le commandement du reste de son armée.
4)-« ... En revenant du Mali où il avait rejoint (ou accompagné) son père, il est passé par le Sud d’où il a ramené des Diolas et des Manjaks. Dans le livre, le document qu’on va sortir, je dis que dans les veines de ceux qui se disent Toucouleurs aujourd’hui, coule le sang du Manjak, coule le sang du Diola. »
Nous apprenons plutôt, dans « La première hégémonie peule-le Fuuta Tooro de Koli Teŋella à Almaami Abdul », du Pr Oumar KANE (Paix à son âme) que Koli est allé porter secours à ses frères Fulɓe qui étaient persécutés, opprimés partout, voire exterminés. Après être venus à bout de la confédération Sérère-Joola, il se prépara à aller à l’assaut des royaumes du nord, à la demande de ses frères, nomades au niveau du Bas-Sénégal et autres, victimes de la tyrannie des empires malinké et songhay. Il attaqua les Soose qui maltraitaient les Fulɓe du Ɓunndu et du Damga, refoula à l’ouest les Wolofs qui refusaient de se soumettre et affranchit, du coup, les Fulɓe de la tutelle de ces derniers.
Certes, Koli avait emmené un nombre impressionnant de Manjaks, de Diolas et surtout de Bassaris. Mais ceux-là étaient de parfaits archers qui avaient rejoint ses troupes comme soldats. Mais il n’a jamais été question de sang manjak et de sang diola coulant « dans les veines de ceux qui se disent Toucouleurs aujourd’hui ».
Non, Professeur ! Les « Toucouleurs », ainsi que vous les désignez ne sont point le fruit d’un métissage entre Manjaks et Diolas ! Est-il concevable que les « Toucouleurs » soient issus d’un métissage entre les Manjaks et les Diolas alors qu’ils ne parlent ni la langue des uns, ni celle des autres qui, eux non plus, ne parlent pas le Pulaar, leur langue ?
Dites-donc, Madame SOW, que penserait-on de vos enfants si on disait d’eux qu’ils sont des Cap-Verdiens, parlant le créole en lieu et place du pulaar et / ou du sérère (les langues respectives de leur père et mère) ?
Et puis si, ainsi que vous le suggérez, c’est le sang des Manjaks et celui des Diolas qui coulent dans les veines des Fulɓe, qu’en est-il alors des veines des Fulɓe des vingt-etun (au bas mot) autres pays africains ? Est-ce aussi le sang des Manjaks et celui des Diolas qui coulent dans leurs veines ? Des idioties de cette nature ne devraient pas sortir de la bouche de quelqu’un qui a vocation à dispenser le savoir, à former des hommes et des femmes de vertu ! C’est simplement faire preuve d’une indélicatesse flagrante !
Cela dit, nous ne souffririons d’aucun complexe à voir le sang de nos parents Manjaks ou Diolas circuler dans nos veines, si seulement cela s’avérait. Car disciples des Envoyés d’Allah Nouh, Ibrahim, Moussa, Issa, Muhammad et de tous les autres Prophètes, nous avons la certitude que la croyance en paroles et actes en Allah est l’unique critère de noblesse. Le problème est nous ne sommes pas le fruit d’un métissage entre ces deux braves ethnies.
5)- « Thierno Souleymane Baal, son quatrième ascendant se prénomme Niokhor ; Niokhor BAAL, tout le monde sait que c’est un Sérère. Ses grands-parents sont des Wolofs. Ils ont fait la révolution ici, à Pire Sanokhor… »
Comment Madame le Professeur Fatou SARR SOW a-t-elle pu dire que le quatrième ascendant de Ceerno Sileymaani BAAL est un Sérère qui se prénomme ñoxor et déduire de cela que ses grands-parents sont des Wolofs ? Cette déduction défie le bon sens et la raison !
Ce que nous avons plutôt appris de l’ascendance de Ceerno Sileymaani BAAL (qu’Allah l’agrée), c’est que le saint homme est « originaire de la tribu peule des Woɗaaɓe, du clan des BARI, précisément du sous clan des Baakarnaaɓe qui, dans les temps lointains, habitaient Fittooɓe dans le Maasina, au Soudan (actuel Mali). Il est apparenté à Hammadi Lobbo Aysata, le père de Seexu Ahmadu».
Ce que nous avons appris de l’ascendance de Ceerno Sileymaani c’est, qu’au FuutaTooro, il appartient à la dynastie maraboutique des Ceerno Asso, qu’il est né à Boode, dans le Tooro vers 1720-1721, de Raasin-Sammba-Bukar-Maalik (entendez : fils de Raasin-fils de Sammba-fils de Bukar-fils de Maalik, etc.). Il est, en cela, cousin à Saydu Atumaan TAAL, le père d’Al Hajji Sheexu Umar TAAL al Fuutiyyu. Son arrièregrand-père Bukar serait le premier à avoir abandonné son nom BAH contre celui de BAAL ce, pour protester contre les abus de pouvoir des membres de son clan qui ont pour patronyme BAH. De par sa mère, Maymuuna, il est de la lignée des SALL de Doɗel.
Madame le Professeur a tout faux, lorsqu’elle déclare que les grands-parents de Ceerno Sileymaani BAAL ont fait la Révolution à Pir Sañoxor.
(A SUIVRE…)
Par Fadel DIA
LA FRANCE SE RNISE... ET LES DIRIGEANTS D’AFRIQUE FRANCOPHONE REGARDENT AILLEURS !
Pourquoi donc nos dirigeants n’auraient-ils pas le droit d’élever la voix lorsqu’ils voient pointer à l’horizon l’arrivée à la tête du gouvernement de la France d’un parti qui a pour ADN le racisme, la xénophobie et l’islamophobie ?
Le Chancelier allemand, Olaf Scholz, s’est invité dans la campagne électorale française et dans une déclaration publique relayée par la télévision, il dit être « préoccupé par les élections en France » et « espérer que les partis qui ne sont pas ceux de Le Pen remporteront les élections ». Ce sont des paroles nettes et claires et murement pesées, qui d’ailleurs ont été reprises et adaptées par son ministre des finances.
L’Allemagne est le premier partenaire économique de la France et son plus proche allié stratégique, son Chancelier ce n’est pas Nicolas Maduro, elle est dirigée par un gouvernement de coalition plus proche du centre que de l’extrême gauche, et tout cela n’a pas empêché Olaf Scholz de mettre les pieds dans le plat, tant la perspective de l’arrivée au pouvoir, en France, d’un parti d’extrême droite soulève des inquiétudes.
Si Olaf Scholz s’exprime, en revanche ses homologues d’Afrique francophone ne pipent mot. Aurait-il fait acte d’ingérence ? Pour ceux qui, parmi nos dirigeants, craignent d’en être suspectés, il a fourni une réponse qui pourrait leur servir d’alibi. « Ce sont les Français qui décideront » dit-il, en conclusion, en assurant que son gouvernement continuera à collaborer avec celui qu’ils auront élu !
Comme on dirait chez nous, quand la case de votre voisin brule, vous avez au moins le droit de crier :au feu !
Mais, à supposer que cela soit une ingérence, pourquoi n’aurions-nous pas le droit de nous ingérer, pour une fois, dans les affaires de la France, elle qui passe son temps à s’ingérer dans les nôtres ? Surtout lorsqu’on entend l’appel au secours lancé par la cinéaste franco sénégalaise Alice Diop qui considère qu’il s’agit pour elle et pour beaucoup d’autres afro-françaises d’une question « de vie et de mort » et qui dit se sentir comme une « grande brulée » saisie par la colère, la trahison et une profonde déception! Les autorités françaises se donnent le droit de juger et de jauger nos dirigeants, sans aucune logique, encensant Deby, déroulant le tapis rouge pour Nguema, mais vouant aux gémonies Goita, Traoré ou Tiani, alors que tous les quatre sont des putschistes qui ont accédé au pouvoir par la force des armes ! Elles se mêlent de notre mode de gouvernement, de la gestion de nos affaires, de nos choix de société et s’adjugent la prérogative de nous choisir nos amis. Pourquoi donc nos dirigeants n’auraient-ils pas le droit d’élever la voix lorsqu’ils voient pointer à l’horizon l’arrivée à la tête du gouvernement de la France d’un parti qui a pour ADN le racisme, la xénophobie et l’islamophobie ?
Plus encore que Olaf Scholz, les dirigeants de ce qu’on appelait naguère le pré carré français ont le devoir de manifester leur inquiétude. Parce que l’histoire nous a imposé des relations particulières avec la France, qui est souvent notre premier partenaire économique, dont la langue est la seule qui est enseignée dans nos écoles, qui contrôle notre monnaie et notre tissu industriel ... En régime de cohabitation la réalité du pouvoir est entre les mains du Premier Ministre, a rappelé Marine Le Pen à Emmanuel Macron, et si cette fonction est exercée par le RN, cela ne pourrait que contribuer à détériorer nos relations avec la France, que nous voulons rééquilibrées, respectueuses de notre indépendance, de notre culture et de la dignité de nos compatriotes qui vivent sur son sol Le programme du RN est fait « à 100% de leurres… d’arnaques et de vieilles ficelles » et il a pour axe principal, le seul qui est resté inamovible, la lutte contre l’immigration, assimilée à la délinquance, avec pour corrélations la suppression du droit du sol et du regroupement familial et l’instauration de la préférence nationale, mesure xénophobe et anti constitutionnelle. Cela pourrait signifier que nos concitoyens, et en particulier les étudiants, auraient encore plus de mal que d’habitude pour entrer en France, alors que les Français ont porte ouverte, et gratuite, chez nous et que le rejet, discrétionnaire du visa Schengen a couté 36 milliards de francs CFA aux Africains en 2023 !
Cela pourrait signifier que nos compatriotes qui vivent et travaillent en France pourraient être condamnés à se passer de leurs familles, que leurs enfants n’auraient pas droit, à leur naissance, à la nationalité française, même s’ils ont choisi de faire leur vie dans ce pays.
Cela pourrait signifier que Mati Diop, autre réalisatrice franco sénégalaise, classée par Vanity Fair en 2019 parmi les cinquante Français les plus influents du monde, ne pourrait jamais occuper en France les fonctions de ministre de la Défense ou des Affaires étrangères, quels que soient ses talents et ses engagements politiques. Que Fatoumata Kébé, astrophysicienne de renommée internationale, classée également, en 2018, parmi les Françaises les plus influentes du monde, ne pourrait jamais exercer des responsabilités dans un service stratégique ou diriger, par exemple, une centrale nucléaire, au seul motif que ses parents sont d’origine malienne !
On notera au passage que la préférence nationale ne concerne ni le football, ni le basket, ni le judo entre autres domaines où la France s’est le plus distinguée.
Le RN n’est pas encore au pouvoir que déjà le pire se libère au cours de la campagne électorale. En quelques jours on a vu se propager dans les médias des chansons antiracistes, des soirées xénophobes sont organisées dans des bars, on a jeté de l’eau de Javel sur des migrants à Calais, une aide infirmière d’origine africaine est qualifiée de bonobo et sommée de « regagner sa niche » par une militante RN, fonctionnaire au ministère de la Justice, un apprenti boulanger d’origine ivoirienne a vu son logement incendié, un journaliste français d’origine maghrébine, officiant sur une chaine de télévision publique, a reçu des lettres de menaces à son domicile, s’est vu traiter de bicot et intimer l’ordre de « rentrer chez lui ! »
Comme le dit le Chancelier allemand, ce n’est pas à nous de choisir les dirigeants de la France, mais il est de la responsabilité de nos dirigeants de rappeler à ceux qui ont ce privilège que nous ne sommes pas prêts à tout accepter !
par Cheikhou Ndoye
COMMENT RÉUSSIR UNE RUPTURE INNOVANTE ET INCLUSIVE BUREAU ÉCONOMIQUE DE L’AMBASSADE DU SÉNÉGAL AUX USA
La défense active des intérêts, la mobilisation de la diaspora sont nécessaires pour doter le pays d'une représentation économique plus efficace
Entre une continuité dans une politique politicienne d’un parti au pouvoir et une rupture innovante et inclusive, quel nécessaire devrait être fait pour vitaliser le bureau économique de l’ambassade du Sénégal aux États-Unis d’Amérique et lui permettre de réussir sa mission ? Pour le Sénégalais que je suis, vivant depuis plus de trente (30) ans aux États-Unis et plus particulièrement dans la région métropolitaine du DMV (Washington DC, Maryland, Virginia), je reste convaincu que le bureau économique de l’ambassade doit être profondément enraciné dans la promotion des intérêts économiques du Sénégal. Il doit aussi nouer des connexions et des partenariats précieux et innovants au sein des communautés locales des cinquante-deux (52) États de l’Union, sans oublier les autorités sénatoriales et celles du Congrès.
Promouvoir et renforcer les relations économiques
Les États-Unis d’Amérique, en tant que première puissance mondiale, avec une économie dynamique et des industries diversifiées, peuvent constituer un partenaire commercial robuste et exaltant. Pour tirer parti de cet environnement, le bureau économique de l’ambassade du Sénégal devrait se concentrer sur le renforcement des relations économiques et de coopération dans les secteurs de l’investissement et de l’exportation. En collaborant activement avec les entreprises locales, les chambres de commerce, les agences et institutions de développement économique et financière. Le bureau économique doit identifier des synergies et des opportunités de collaboration bénéfique tant pour le Sénégal que pour ses partenaires de la sous-région ouest-africaine.
Diffuser des informations sur le Sénégal
La région métropolitaine de Washington DC est réputée être une zone d’influence et de « lobbying » pour l’État fédéral américain, le Sénat et le Congrès, mais aussi pour les institutions de Bretton Woods. Le bureau économique doit exploiter, de manière intelligente et ciblée, divers canaux pour diffuser des informations précises et convaincantes sur les opportunités d’investissement au Sénégal. Des efforts de sensibilisation ciblés, notamment des sorties médiatiques, des événements culturels sur le Sénégal ainsi que des séminaires éducatifs. Toute cette communication mettra en exergue la teranga (l’hospitalité) sénégalaise, la gouvernance démocratique et inclusive de notre système politique sans oublier sa stabilité économique. En mettant en avant les attributs positifs du Sénégal, le bureau doit viser à créer une perception favorable qui renforcerait l’attractivité du pays pour l’investissement des partenariats commerciaux.
Défendre la position du Sénégal
La région du DMV est un carrefour de la diplomatie internationale et du commerce, ce qui en fait une plateforme idéale pour défendre les intérêts du Sénégal sur la scène mondiale. Le bureau économique doit s’engager activement avec les décideurs politiques du pays, les groupes de réflexion locaux ainsi les ressources humaines de la diaspora sénégalaise en Amérique du Nord, pour expliquer et défendre la position stratégique du Sénégal en tant que porte d’entrée du continent africain. En effet, avec l’océan Atlantique, qui est en fait une frontière entre le Sénégal et les États-Unis d’Amérique, le bureau économique doit exploiter cette donnée naturelle pour en faire une destination privilégiée pour le tourisme et l’investissement étranger. Grâce à des partenariats stratégiques et des campagnes de plaidoyer, le bureau doit promouvoir des politiques et des initiatives qui soutiennent l’agenda innovant et transformationnel du nouveau régime en place.
Mobiliser la diaspora sénégalaise
Avec une importante communauté de la diaspora sénégalaise aux États-Unis, le bureau économique devrait travailler à mettre en exergue l’importance d’engager et d’autonomiser les membres de la diaspora en tant qu’acteurs du développement du Sénégal. À travers des événements ciblés de sensibilisation , des opportunités de « lobbying » et des programmes de renforcement des capacités, le bureau doit favoriser un sentiment d’appartenance et encourager les membres de la diaspora à participer activement à des projets communs et des initiatives qui peuvent promouvoir les intérêts économiques du Sénégal. En exploitant les talents et les ressources de la diaspora, le bureau doit pouvoir renforcer les liens entre le Sénégal et sa diaspora tout en favorisant une croissance économique inclusive.
En somme, ma vision pour un bureau économique réussi, repose sur un engagement proactif, une communication stratégique et des partenariats significatifs qui favorisent la réalisation de la mission qui lui est confiée. En adoptant cette vision et en exploitant les atouts du pays d’accueil, le bureau pourrait aider à positionner le Sénégal comme une destination dynamique et attrayante pour l’investissement, le commerce et les opportunités de partenariat international.
Assane Guèye
SÉPARATION DES POUVOIRS OU SÉPARATION À L’AMIABLE
La déclaration de politique générale risque d’être reportée aux calendes grecques. Se présenter devant 165 députés dont 24 seulement vous sont totalement favorables serait un acte de folie.
La déclaration de politique générale risque d’être reportée aux calendes grecques. Se présenter devant 165 députés dont 24 seulement vous sont totalement favorables serait un acte de folie. Il faut attendre de disposer de son assemblée, de préférence une chambre d’enregistrement pour aller décliner sa feuille de route. Personnalité atypique n’ayant de compte à rendre qu’au peuple selon ses dires, les députés n’étant plus que les représentants des partis et coalitions, le chef du gouvernement n’a aucun intérêt à franchir le Rubicon ni à se jeter dans la gueule du loup. Il est vrai que la tradition républicaine bien établie serait interrompue encore que son prédécesseur n’a jamais fait de déclaration de politique générale et le débat démocratique étouffé dans l’œuf, mais la configuration baroque de l’hémicycle est un vrai casse-tête. Ainsi, de cette petite brèche ouverte sur le règlement intérieur qui aurait été déréglé suite à la suppression du poste de Premier ministre en 2019, on s’engouffre allégrement sans gêne et sans peur du qu’en-dira-t-on. Sans prendre non plus en compte la Constitution, la mère des règlements qui intime l’ordre de se présenter devant les honorables députés en son article 55. Il n’y a donc pas mille manières de qualifier la contorsion. Il s’agirait bien d’une dérobade. Quand on n’est pas prêt, on n’est pas prêt.
Les calculs passent avant les scrupules. Mais ne perdons pas de vue aussi qu’entre-temps, l’élection du 24 mars transformée en référendum a quelque peu rendu obsolète et caduque cette législature. Elle n’a plus beaucoup de sens. Avant une probable et incontournable dissolution, la sagesse voudrait que l’Assemblée se bornât à voter les budgets. Même le contrôle par ses soins de l’exécutif devient problématique. La séparation des pouvoirs rappelle la possibilité d’une séparation à l’amiable. En un mot comme en cent, tout observateur aura compris que la rupture dans les pratiques est encore une chimère. Par contre, la continuité avec la politique n’est pas un rêve mais une réalité dans le sens de realpolitik, cette chose étrange qui met en compétition l’habileté et le cynisme.
Payer moins ou manger mieux
On ne sait pas trop s’il s’est montré habile ou s’il s’est précipité mais le gouvernement a opéré quelques baisses sur des denrées alimentaires ainsi que le ciment. Il faut manger pour vivre et avoir un toit au-dessus de la tête pour une vie digne. On ne dira pas que l’effort est mince ou qu’il s’agit d’une bagatelle quand on a soi-même la possibilité de s’offrir quotidiennement de la viennoiserie en plus des baguettes. Il faut considérer l’initiative gouvernementale comme une attention et une compassion pour les couches vulnérables au seuil de l’extrême pauvreté. C’est être pétri de bienveillance que de voir le verre à moitié plein. Justement, dans cette volonté de casser les prix, le pain a fait paniquer les acteurs. Il est clair que les meuniers ne se sont pas livrés à des menées subversives mais ils ont fauté en se méprisant sur la charge presque affective de ce produit prisé des Sénégalais. Il faut en disposer matin et soir pour éviter le bazar. Toute idée de privation est impopulaire et inacceptable pour quelque pouvoir que ce soit. Même dans son pays de provenance, ce résidu de la colonisation est un objet de vénération. Quand Étienne Lantier criait «du pain du pain, ce serait beau si on en avait tous les jours», la baguette n’était pas encore entrée dans les mœurs sénégalaises. La Rome impériale en avait compris l’importance avec ce slogan opportuniste «du pain et des jeux» pour s’épargner toute sédition. Les entreprises locales de minoterie ne doivent pas être jetées en pâture. La politique de l’offre qui est un précepte chez les affairistes est un fait économique. «Les profits d’aujourd’hui sont les investissements de demain et les emplois d’après-demain», avait prédit un Chancelier Allemand. Sa formule n’a pris aucune ride. Les capitaines d’industrie n’ont pas plus de rides au cœur que les autres mais doivent savoir que les profits n’ont de sens sans philanthropie. Humanistes ou pas, ils ont grand mérite et doivent être respectés pour leur goût du risque. Ils doivent d’ailleurs être nos préférés parce qu’ils luttent contre le chômage endémique. Le rôle de l’État est de rappeler à l’ordre mais aussi d’éviter le copié-collé en ayant des plans choc pour que le consommateur paie peut-être moins et mange mieux surtout. La sécurité sanitaire des aliments est le meilleur moyen de lutter contre la maladie et les coûts faramineux pour se soigner. D’habitude, on fait des alternances pour voir de la grande politique mais on est vite déçu par un même et perpétuel concours de banalités.
Par Idrissa Doucouré
BRISER LES CHAINES DES TRADITIONS POUR UNE SOUVERAINETE ALIMENTAIRE
Le Sénégal, un pays riche en traditions ancestrales et en diversité culturelle, se trouve actuellement à un tournant décisif pour l'avenir de son secteur agricole. Cette préférence pour les techniques traditionnelles est souvent alimentée par une méfiance
Le Sénégal, un pays riche en traditions ancestrales et en diversité culturelle, se trouve actuellement à un tournant décisif pour l'avenir de son secteur agricole. Bien que l'agriculture joue un rôle crucial dans l'économie nationale, des obstacles socio-culturels profondément enracinés continuent de freiner son développement optimal. Ces défis, ancrés dans l'histoire, les us et les coutumes locaux, nécessitent une approche nuancée pour être surmontés. Il est intéressant de noter par exemple des programmes gouvernementaux en matière de vaccination des enfants, de scolarisation des filles ou encore d’hygiène qui sont souvent accompagnés par de fortes composantes de communication sociale visant à encourager des changements de comportements.
Dans les régions rurales du Sénégal, les méthodes ancestrales de culture continuent de prévaloir. Par exemple, à Ndiaffate dans la région de Kaolack, les agriculteurs persistent à utiliser des semences locales moins productives, malgré la disponibilité de variétés améliorées. Cette préférence pour les techniques traditionnelles est souvent alimentée par une méfiance envers les nouvelles technologies.
À Thiès, un projet d'irrigation goutte-à-goutte a échoué car les agriculteurs pensaient que les promoteurs cherchaient à les tromper.
La dépendance des agriculteurs sénégalais vis-à-vis des subventions et aides de l’État, constitue un autre frein majeur. À Kaolack, les producteurs d'arachides ont retardé leurs semis en attendant des semences subventionnées, ce qui a conduit à une récolte tardive et moins abondante. Cette attente des aides étatiques peut freiner l'initiative individuelle, le principe d’entreprenariat et retarder les progrès agricoles.
Les chefs traditionnels et les anciens jouent un rôle déterminant dans les décisions agricoles, souvent au détriment de l'innovation. À Ziguinchor, un projet de diversification des cultures a été abandonné car les anciens insistaient sur la culture exclusive du riz. Le poids des traditions peut ainsi limiter l'adoption de pratiques agricoles plus diversifiées et rentables.
Certaines croyances culturelles influencent également les pratiques agricoles. À Fatick, des agriculteurs ont refusé d'utiliser des engrais, affirmant que la fertilité des sols dépendait de la volonté divine. Cette croyance en la providence peut réduire l'adoption de pratiques modernes et limiter les rendements.
Les cérémonies traditionnelles retardent parfois les récoltes, affectant la qualité des produits. À Tambacounda, une cérémonie de bénédiction des récoltes a retardé la moisson du mil, entraînant des pertes dues aux intempéries. Bien que significatives sur le plan social, ces pratiques peuvent avoir des conséquences économiques négatives.
La priorité accordée aux cultures vivrières traditionnelles, comme le mil et le sorgho, au détriment des cultures commerciales plus rentables, limite les revenus des agriculteurs. À Matam, les tentatives d'introduire la culture de la tomate industrielle ont été rejetées en faveur du mil. La rationalité paysanne voit aussi les tiges de mil et sorgho comme matériaux de construction de l’habitat en plus des graines pour l’alimentation quotidienne du ménage. Cette valorisation des cultures vivrières, bien que cruciale pour la sécurité alimentaire, restreint les opportunités économiques.
Les innovations agricoles sont parfois perçues comme des menaces à l'identité culturelle. À Bakel, l'introduction de tracteurs a été mal accueillie car les agriculteurs craignaient que cela ne détruise leur mode de vie traditionnel basé sur le travail manuel, en plus de la non disponibilité de moyens financiers pour faire face à la consommation en carburant. Cette stigmatisation des innovations et la non prise en compte des capacités financières pour l’exploitation, freine l'adoption de technologies qui pourraient améliorer l'efficacité et la productivité.
Les femmes, bien que cruciales dans l'agriculture sénégalaise, sont souvent marginalisées dans les prises de décision. À Kolda, un groupe de femmes a été empêché de participer à un programme de formation en agriculture durable, les hommes de la communauté estimant que leur place était au foyer. Cette exclusion limite l'efficacité des initiatives agricoles et prive le secteur de contributions précieuses.
Il est également important de noter que l'intégration des jeunes dans le secteur agricole est essentielle pour assurer la pérennité des innovations et des pratiques modernes. Les jeunes agriculteurs, souvent plus ouverts aux nouvelles technologies, peuvent jouer un rôle clé dans la transformation du secteur agricole sénégalais. Des programmes de mentorat et de formation ciblés, peuvent aider à combler le fossé générationnel et à encourager l'adoption de pratiques agricoles plus efficaces et durables.
La transmission orale des connaissances agricoles limite aussi l'accès à des informations actualisées et scientifiques. À Louga, les jeunes agriculteurs continuent de suivre les conseils de leurs aînés, ignorant les formations modernes disponibles. Cette dépendance sur la transmission orale freine l'innovation et l'adoption de nouvelles techniques.
Inclure les femmes et les jeunes dans les processus décisionnels et leur fournir les ressources nécessaires est également crucial.
Pour réussir les objectifs de souveraineté alimentaire, il est impératif de mettre en place des programmes d'éducation et de sensibilisation qui respectent les traditions tout en introduisant progressivement des innovations. Les autorités en charge de l’encadrement paysan, doivent collaborer étroitement avec les chefs traditionnels pour gagner leur confiance et leur soutien. Enfin, il est essentiel de promouvoir des pratiques agricoles modernes tout en respectant les croyances locales, en montrant comment ces nouvelles méthodes peuvent coexister avec les traditions et améliorer les rendements agricoles. Pour ce faire, il est nécessaire de mettre en place des stratégies de communication sociale efficaces, de renforcer les capacités des agriculteurs à travers des formations continues, et de créer des plateformes de dialogue entre les différents acteurs du secteur agricole
En adoptant une approche inclusive et participative, le Sénégal peut surmonter ces obstacles et promouvoir une agriculture durable et prospère, assurant ainsi sa souveraineté alimentaire et son développement économique.
En combinant tradition et modernité, le Sénégal peut non seulement améliorer la productivité agricole mais aussi garantir une sécurité alimentaire durable pour les générations futures.
En conclusion, la révolution agricole au Sénégal nécessite une approche holistique qui respecte les traditions tout en intégrant des pratiques modernes et innovantes, surmontant les obstacles socio-culturels et favorisant une participation inclusive de tous les acteurs.
L'ÉDITORIAL DE René Lake
POUR UNE THÉORIE DU CHANGEMENT
EXCLUSIF SENEPLUS - Engager la Rupture et la mise en œuvre du Projet sans délai pour rompre avec un cycle de gouvernance abusive. Il est urgent d’élaborer une stratégie de transformation systémique fondée sur des actions cohérentes, mesurables
La prise de fonction d'un nouveau président est un moment crucial pour un pays, surtout lorsqu'il s'agit de rompre avec un cycle de gouvernance oppressive et dictée par des intérêts extérieurs. Diomaye Faye, nouvellement élu président, et Ousmane Sonko, leader incontesté du mouvement Pastef, aujourd’hui aux affaires, se trouvent à cette croisée des chemins.
Pour réaliser un changement durable et profond, il est essentiel de mettre en place une théorie du changement et de la transformation systémique dès les premiers moments du mandat. Contrairement à une accumulation de petites réformes sectorielles, une approche systémique vise à restructurer fondamentalement les institutions, les pratiques et les mentalités qui maintiennent le statu quo. Cet article explore pourquoi cette approche est essentielle, en fournissant une analyse des approches et en présentant des exemples de succès et d'échecs mondiaux.
Pourquoi une Théorie du changement immédiate est essentielle
En début de mandat, il apparaît essentiel d’être dans l'éviction des réformes fragmentées. Une éviction des réformes fragmentées qui éloigne et abandonne les réformes qui sont réalisées de manière isolée, désordonnée et déconnectée les unes des autres, sans vision globale ou cohérence systémique. L’exigence serait plutôt de résolument s’engager dans une approche intégrée et holistique des réformes pour garantir une transformation profonde et durable des institutions, des pratiques et des mentalités.
Les réformes sectorielles, comme celles de la justice, bien qu'importantes, risquent de se heurter à des résistances corporatistes et des inerties institutionnelles. Les Assises de la Justice, convoquées par le président Diomaye Faye du 15 au 17 juin 2024, n'ont pas échappé à cette difficulté, pourtant tout à fait prévisible. Les résistances de certains des principaux acteurs du secteur ont empêché la prise de décision et la mise en œuvre effective des réformes les plus structurantes, les plus pertinemment radicales, maintenant ainsi le système existant intact, malgré quelques corrections importantes. On ne change pas un système dans une conversation sectorielle limitée aux principaux acteurs de ce système.
La revendication sociale et l'exigence populaire du moment historique que vit le Sénégal tournent autour de l'indépendance de la Justice afin de tourner les pages noires des années Macky Sall, marquées par une instrumentalisation systématique de la justice. Une théorie du changement systémique, au contraire, propose une vision globale et cohérente du futur, assurant que toutes les réformes s'alignent vers un objectif commun de transformation profonde.
Ce n’est pas pour rien qu’il existe une théorie fort pertinente pour les acteurs sociaux mais aussi les entreprises publiques et privées de l’extériorité pour le changement systémique. Il faut, en quelque sorte, être hors d'un système pour pouvoir le changer. Cela repose sur l'idée que les personnes et les institutions qui font partie d'un système sont souvent trop influencées par ce même système pour pouvoir le mettre en cause radicalement, “penser hors de la boite“ et imaginer des solutions nouvelles.
Les individus et les institutions au sein d'un système sont souvent influencés par les normes, les valeurs et les pratiques établies. Ces influences peuvent limiter leur capacité à voir au-delà du cadre actuel et à envisager des alternatives. Par exemple, dans un système éducatif traditionnel, les enseignants et les administrateurs peuvent avoir du mal à imaginer des méthodes d'enseignement radicalement différentes parce qu'ils ont été formés et travaillent au sein de ce système depuis longtemps.
Les acteurs internes peuvent également montrer une résistance au changement en raison de divers facteurs, notamment les intérêts personnels, les avantages perçus ou réels qu'ils tirent du système actuel, les compétences acquises et la peur de l'inconnu. Cette résistance active ou passive peut se manifester de plusieurs façons, comme l'inertie institutionnelle, les résistances corporatistes, ou le rejet actif des réformes.
Être immergé dans un système peut limiter la perspective des acteurs internes, les empêchant de voir les problèmes de manière holistique. Par exemple, un juge travaillant dans un système judiciaire corrompu peut reconnaître certains problèmes, mais il peut être incapable de concevoir une réforme globale nécessaire pour éradiquer la corruption systémique.
Les acteurs externes, en revanche, ne sont pas soumis aux mêmes contraintes et influences. Ils peuvent avoir une vision plus claire des problèmes systémiques et des solutions potentielles. Les acteurs externes peuvent inclure des experts indépendants, des organisations non gouvernementales, des universitaires et, bien entendu, des citoyens engagés, des citoyens concernés.
La théorie de l’extériorité propose que pour provoquer un changement systémique significatif, il faut souvent une rupture avec le système actuel. Cela signifie que les solutions ne peuvent pas simplement être des ajustements mineurs ou des réformes sectorielles, mais doivent impliquer une transformation radicale qui peut nécessiter des perspectives et des approches totalement nouvelles.
Donner le ton dès le début
Annoncer le cadre systémique des réformes dès le début du mandat envoie un message clair de détermination et de vision à long terme. Il permet de fixer le cap de la transformation et d’orienter la mobilisation de la société et de l’administration pour le changement. Cela mobilise non seulement les partisans du changement, de la Rupture et du Projet Pastef, mais signale aussi aux opposants que des changements significatifs sont inévitables. Cela crée une dynamique de soutien et de légitimité autour des réformes. Une théorie du changement élaborée dans les premiers jours permet ensuite de mettre en place une feuille de route claire et des mécanismes de suivi et d'évaluation rigoureux qui garantissent que les actions entreprises sont coordonnées, mesurables et orientées vers des résultats concrets.
Dans le Sénégal d’aujourd’hui, toutes les conditions objectives et subjectives sont réunies pour non seulement s'engager dans une transformation systémique mais également pour la réussir. Le Projet de Pastef lui-même porte une ambition endogène basée sur la pluralité, l'inclusion, la démocratie, la souveraineté et le panafricanisme. Il est donc temps de poser les premiers actes de transformation systémique du Sénégal. Renvoyer cette radicale exigence à plus tard ne serait pas une option pertinente si l’intention de transformation est réelle. Les expériences à travers le monde nous l'enseignent par rapport à celles qui ont réussi et celles qui ont échoué en fonction des objectifs affirmés par leurs initiateurs. Les exemples à l’échelle mondiale sont parlants.
La transformation économique de la Pologne (1989-1990). Au début de son mandat, le gouvernement polonais nouvellement élu a mis en place le Plan Balcerowicz, également appelé la "Thérapie de choc", pour transformer l'économie de planification dite socialiste en une économie de marché. Ce plan comprenait des réformes économiques radicales annoncées dès le début et mises en œuvre rapidement, ce qui a permis de stabiliser l'économie et de poser les bases de la croissance économique à long terme.
La transition démocratique en Afrique du Sud (1994). Lorsque Nelson Mandela est devenu président, il a immédiatement lancé des réformes systémiques pour démanteler l'apartheid et établir une démocratie inclusive. Le gouvernement a instauré la Commission Vérité et Réconciliation, et des réformes économiques et sociales ont été mises en place pour promouvoir l'égalité. Ces actions ont été décisives pour transformer la société sud-africaine ces trente dernières années. Les difficultés actuelles du pays, qui vient d'organiser des élections mettant l'ANC en difficulté, ne doivent pas faire oublier le miracle d'une paix sociale préservée par des réformes systémiques dans un pays où la brutalité et la violence de la gouvernance de l'Apartheid étaient sans comparaison à l'échelle planétaire.
L'Égypte post-révolution (2011). Après la révolution de 2011, le gouvernement égyptien n'a pas réussi à instaurer rapidement une transformation systémique. Les réformes sont restées fragmentées et insuffisantes face aux défis institutionnels et économiques. En conséquence, le pays a sombré dans une instabilité politique et un retour à l'autoritarisme.
Le Venezuela sous Hugo Chávez (1999). Bien que Hugo Chávez ait annoncé des réformes importantes, celles-ci ont été mises en œuvre de manière désordonnée et souvent populiste, selon certains critiques, sans une théorie du changement systémique cohérente. Les réformes économiques et sociales se sont heurtées à de nombreux obstacles, conduisant à une crise économique et politique prolongée malgré les nombreuses réalisations au bénéfice des plus démunis.
Un Chemin vers la transformation systémique
Pour sortir le Sénégal de l'ère néocoloniale et de l'autocratie récente, tout en renforçant les fondements démocratiques de l'État, il est essentiel de suivre une approche systématique et inclusive dès les premiers moments du mandat présidentiel. Une théorie du changement indépendant des jeux partisans politiques, peut offrir une feuille de route pour cette transformation.
La vision d'un Sénégal démocratique, souverain et prospère, où les droits de l'homme sont respectés et où chaque citoyen a accès à des opportunités économiques et sociales équitables, un pays de tous et pour tous où le bien public est le patrimoine de ceux qui n’en ont pas, doit guider cette démarche. Pour atteindre cet objectif, plusieurs piliers doivent être renforcés : les institutions démocratiques, la souveraineté économique et politique, l'éducation et la sensibilisation citoyenne, ainsi que la justice sociale et l'inclusion.
En effet, il est crucial d'assurer l'indépendance du pouvoir judiciaire, de renforcer les mécanismes de contrôle parlementaire et de promouvoir une administration publique transparente et responsable. Cela garantira que les institutions fonctionnent de manière équitable et efficace, servant les intérêts de tous les citoyens sans favoritisme ni corruption.
La réduction de la dépendance aux financements étrangers et aux multinationales est essentielle pour renforcer la souveraineté économique du Sénégal. Cela peut être réalisé en promouvant la coopération Sud-Sud et l'intégration sous-régionale et panafricaine. Une politique économique nationale basée sur l'autosuffisance alimentaire et énergétique doit être développée pour assurer la résilience économique du pays.
Lancer une vaste campagne nationale d'alphabétisation des jeunes et des adultes, et promouvoir l'éducation dans nos langues nationales sur les droits et devoirs civiques, sont des actions indispensables. De plus, il est nécessaire de promouvoir une culture de paix, de tolérance et de participation active pour renforcer le tissu social et encourager l'engagement citoyen.
Pour réduire les inégalités sociales et économiques, il est impératif d’appliquer avec intelligence certes mais de manière effective les lois déjà existantes d’interdiction de la mendicité en particulier celle infantile, de garantir le respect de l'école obligatoire et de renforcer les infrastructures scolaires, culturelles, sociales, sportives et sanitaires. Assurer une représentation équitable des femmes et des minorités, y compris les personnes handicapées, dans toutes les sphères de la société, est également crucial.
Actions clés pour la transformation systémique
Pour mettre en œuvre ces objectifs, des actions clés doivent être entreprises immédiatement. C’est à l’administration Faye-Sonko de proposer et de mettre en œuvre la formule qui lui paraît la plus pertinente. Une des possibilités pourrait être une Commission indépendante pour les réformes institutionnelles, incluant les réformes constitutionnelles et électorales, qui pourrait être mise en place dans le très court terme. Ne cherchant pas à réinventer la roue, cette Commission devrait s’appuyer sur les conclusions des Assises nationales et les recommandations de la Commission nationale de réforme des institutions (CNRI) pour mettre en œuvre le Pacte national de bonne gouvernance démocratique signé par le président Diomaye Faye quelques semaines avant le début de la campagne électorale. Une campagne référendaire pour réviser la constitution ou en adopter une nouvelle, selon les recommandations de la Commission, pourrait être de mise, selon les priorités telles que définies par l’administration Faye-Sonko.
Des politiques de soutien aux PME et aux entreprises locales doivent être développées, et les partenariats public-privé encouragés pour développer les infrastructures nationales. Une réforme monétaire au niveau national ou sous-régional est également nécessaire pour renforcer l'autonomie économique du pays et respecter l’un des engagements clés de Pastef qui répond à une exigence historique des jeunesses d’Afrique dite francophone.
L'éducation civique doit être intégrée dans les programmes scolaires dès le primaire et étendue à des campagnes nationales pour adultes. Des campagnes de sensibilisation via les médias et les réseaux sociaux doivent être lancées pour informer et engager les citoyens.
Mettre en place des programmes sociaux pour les groupes vulnérables, notamment en zone rurale, et assurer l'accès universel à l'éducation et aux soins de santé sont des mesures indispensables pour promouvoir l'inclusion sociale.
Pour mesurer le succès de ces réformes, il est important pour l’administration Faye-Sonko de présenter plusieurs indicateurs clés qui pourraient aller de l’augmentation de la transparence et de la responsabilité des institutions publiques, à la réduction des cas de corruption et d'abus de pouvoir, la diminution de la dépendance aux importations alimentaires et énergétiques, la croissance du secteur privé local, l’augmentation de la participation électorale et de l'engagement communautaire, la réduction des écarts de revenu et d'accès aux services essentiels, l’augmentation de la représentation des femmes et des minorités dans les instances décisionnelles, etc.
Étapes de mise en œuvre
La mise en œuvre de cette théorie du changement doit suivre plusieurs étapes clés. Un diagnostic participatif, impliquant toutes les parties prenantes (gouvernement, société civile, secteur privé, acteurs politiques…), doit, au besoin, actualiser l’analyse des problèmes actuels élaborée par les Assises nationales et la CNRI. Ensuite, un plan d'action à court, moyen et long terme doit être élaboré avec des objectifs clairs et des ressources allouées. La mise en œuvre des réformes et des programmes doit être suivie régulièrement, avec une évaluation continue des impacts. Pour cela, un observatoire des politiques publiques, géré par la société civile, peut être créé. Enfin, les stratégies doivent être adaptées en fonction des résultats et des retours des parties prenantes.
Pour transformer le Sénégal en une nation démocratique et souveraine, il est crucial d'élaborer et de mettre en œuvre dès les premiers moments du mandat présidentiel une théorie du changement systémique. Cela permettra de surmonter les résistances institutionnelles, de mobiliser un large soutien et de mettre en place les bases d'un développement durable et inclusif. Un tel projet mobilisateur et populaire sera également un rempart important face à toutes les tentatives intérieures mais surtout extérieures de déstabilisation du pays. Les exemples mondiaux montrent que le succès de telles entreprises dépend de la rapidité et de la cohérence des actions entreprises dès le début. En suivant cette approche, le Sénégal peut espérer un avenir prospère et équitable pour tous ses citoyens.
L'Administration Faye-Sonko, les Assises nationales et l’hyperprésidentialisme
L'administration Faye-Sonko a un avantage certain dans le contexte historique du moment. En effet, elle bénéficie des conclusions consensuelles des Assises nationales et des recommandations de la CNRI, qui fournissent un cadre général pour la transformation systémique du Sénégal. Le travail de concertation, de collecte et d’élaboration d’un cadre général de transformation systémique est disponible, et les principaux acteurs semblent aujourd'hui pour l'essentiel, disponibles, actifs et disposés à participer à la mise en œuvre de ce chantier tout à fait inédit en Afrique, tant par sa méthodologie que par ses conditions d'implémentation.
Il est important que la mobilisation autour des urgences n’empêche pas la transformation systémique. Il y a un équilibre à trouver pour rassurer les Sénégalaises et les Sénégalais que leurs voix ont été entendues le 24 mars 2024.
Les conclusions des Assises nationales et les recommandations de la CNRI et leurs porteurs sont les amis des oppositions. C’est le camp de tous ceux qui constatent horrifiés les dégâts majeurs de l’hyperprésidentialisme pour le vivre-ensemble sénégalais. Il affecte les fondements de l’État démocratique parce qu’il crée des conditions favorables à l’installation de réflexes autocratiques. Par contre, une fois au pouvoir, redistribuer et rééquilibrer les pouvoirs exorbitants et irraisonnables de l’Exécutif ne devient plus une priorité. Au contraire, il s’agit d’agir pour les protéger voire les sécuriser encore plus. L’administration Faye-Sonko aura cette tentation qui apparaît comme naturelle mais à laquelle il est impératif de résister.
De la même manière qu’Ousmane Sonko dans un acte historique a résisté à la tentation d’être la seule option à la candidature pour le mouvement Pastef, lui et Diomaye Faye doivent aider le Sénégal à rompre avec ce cycle infernal de l’hyperprésidentialisme auquel on ne s’oppose qu’à partir de l’opposition mais que l’on adoube une fois aux affaires. Ils ont là un acte politique de portée historique à poser dans ce temps de gouvernance que vit le Sénégal sous leur administration. Retarder l’expression véhémente de cette intention n’est pas une option viable parce que les tentacules du système vont se refermer sur eux.
Le Rôle des citoyens et de la société civile
Le traumatisme collectif des années Macky Sall, en particulier les trois dernières années, semble avoir épuisé les Sénégalaises et les Sénégalais à un point tel que le souhait exprimé ou non est celui de refuge dans le déni citoyen sous prétexte qu’il faut laisser aux nouvelles autorités le temps d’atterrir. Le déni citoyen est une forme de capitulation de son droit mais surtout de son devoir d’alerte, d’interpellation mais aussi de propositions. Ils ont été élus, laissez-les gouverner, entend-on. Non justement, l’une des grandes leçons des alternances passées est bien celle de ne pas laisser de procuration à une administration quelle qu’elle soit.
Le droit et le devoir de dire les choses, d’alerter, de critiquer, d’informer, d’éduquer et de proposer est un impératif citoyen à tous moments. Mieux, le changement véritable attendu est que les autorités politiques ne décident plus de la vie des citoyens de façon discrétionnaire et comme elles le veulent sans l’avis de ceux-ci. Ce qui exige un nouveau mode de gouvernance qui ouvre des espaces de participation citoyen dans l’élaboration des politiques et dans les processus de prise de décision afin que les choix et options répondent pertinemment aux besoins et aspirations les plus larges.
En revanche, en début de mandat, il y a lieu de ne pas stigmatiser ou chercher à catégoriser sur la base d’un échantillon de faits réduits et qui par ailleurs cristallisent les contradictions et de ce fait deviennent contre-productifs. Tout cela donne un goût particulier à l’air ambiant. On détecte la saveur acide et toxique de la pensée unique. Tous les acteurs sociaux et politiques ont le droit et surtout le devoir de ne pas laisser s’installer un tel climat dans le Sénégal d’aujourd’hui qui a engagé sa révolution souverainiste, a gagné une nouvelle bataille le 24 mars, mais qui ne pourra aller à la victoire que s’il s’insère dans une dynamique ouverte, constructive d’une révolution citoyenne où des règles consensuelles régissent notre vie commune dans les domaines essentiels partagés tout en laissant à chacun la liberté de ses appartenances idéologiques et de son identité politique.
Pour que la transformation systémique du Sénégal soit un succès, il est impératif que l'administration Faye-Sonko résiste à la tentation de protéger les pouvoirs exorbitants de l'Exécutif et engage immédiatement les réformes nécessaires. La mobilisation citoyenne doit rester vigilante et active, assurant que la voix du peuple continue d'être entendue et respectée. En suivant une théorie du changement bien structurée et en s'appuyant sur les conclusions des Assises nationales et les recommandations de la CNRI, le Sénégal peut espérer un avenir où démocratie, souveraineté et prospérité sont les piliers d'une société équitable et inclusive.