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26 avril 2025
Opinions
PAR PAPA MALICK NDOUR
MON OPINION SUR LES GRANDES LIGNES DE LA LFI 2025
"Pour la première fois dans l'histoire du Sénégal, aucun don budgétaire n'a été encaissé, bien qu'une prévision de 47 milliards ait été faite dans la LFI 2024. Quelle est le probleme avec les partenaires ?"
Comme promis je reviens sur quelques points essentiels figurant sur la loi de finance 2025 et qui nous renseignent bien sur le projet de LFR 2024.
Il est à noter, durant l'année 2024 :
I. Une contre-performances dans le recouvrement des ressources budgétaires.
1. Les ressources budgétaires ont diminué de 839 milliards, dont les 601 milliards sont imputables aux moins-values notées dans le recouvrement des recettes fiscales et non fiscales. Qu'est-ce qui explique le "gap fiscal de 600 milliards" malgré tout le terrorisme et les harcèlements fiscaux que nous avons notés ces derniers mois?
2. Les recettes non fiscales issues du secteur pétrolier ont chuté de 14,4 milliards par rapport à la LFI 2024, indiquant l'absence de recettes exceptionnelles provenant du pétrole. Quelle est la raison d'autant plus qu'on nous a fait croire ces derniers jours qu'on a eu plus de petrole et de gaz que prévu ?
3. Pour la première fois dans l'histoire du Sénégal, aucun don budgétaire n'a été encaissé, bien qu'une prévision de 47 milliards ait été faite dans la LFI 2024. Quelle est le probleme avec les partenaires ?
II. Un renforcement des depenses de fonctionnement et des coupes budgetaires sur les depenses d'investissement.
1. Les dépenses budgétaires ont augmenté de 681,6 milliards, principalement en raison de l'augmentation des dépenses de fonctionnement, qui ont progressé de 636,9 milliards par rapport à la prévision initiale. Pourquoi vous n'avez pas baissé les depenses de fonctionnement comme promis lors du Conseil des ministres du mercredi 28 Aout 2024 où, le Premier Ministre avait "informé le Conseil de la poursuite de la matérialisation de la directive présidentielle sur la rationalisation des dépenses publiques, par une lettre circulaire portant sur la réglementation de l’usage des consommables informatiques et des appareils électroniques dans les bâtiments administratifs"? (lire communiqué du Conseil du mercredi 28 Août 2024)? Quel a été l'effet de la circulaire primatoriale portant sur la réduction des depenses de l'Etat ?
2. Les dépenses d'investissement financées par les ressources intérieures ont subi des réductions budgétaires de l'ordre de 234 milliards. Pourquoi vous avez préféré cibler des depenses d'investissement à la place des depenses de fonctionnement ?
In fine
En 2024, des pertes de recettes de plus de 600 milliards ont été constatées, malgré le terrorisme fiscal de ces derniers mois. Cependant, le nouveau gouvernement a choisi d'augmenter grossièrement ses dépenses de fonctionnement, de réduire ses investissements et d'aggraver ainsi son déficit qu'il va maintenant imputer à l'ancien régime qui n'est pourtant ni responsable de la moins-values, ni de la hausse des dépenses de fonctionnement.
Par Mbagnick DIOP
LA LONGUE MARCHE POUR LA SOUVERAINETE
L’année 2024 aura été une étape charnière dans l’histoire du Sénégal. S’en est fallu de peu pour voir le pays plonger dans un précipice creusé par un régime aux abois.
L’année 2024 aura été une étape charnière dans l’histoire du Sénégal. En effet, c’est en l’espace de neuf mois que le peuple sénégalais a pris son destin en main dans un contexte politique lourd de menaces et d’incertitudes. S’en est fallu de peu pour voir le pays plonger dans un précipice creusé par un régime aux abois.
Non content d’avoir été contraint à renoncer au troisième mandat qu’il a tant désiré et imposé, le Président Macky Sall a délibérément choisi d’entraîner le Sénégal dans la tourmente. Les nervis armés au moyen de procédures budgétaires nébuleuses, les grandes gueules qui, tels des dragons, ont craché du feu sur les plateaux de télévision, la calomnie pour bafouer l’honneur des juges constitutionnels, l’emprisonnement effréné de plus d’un millier de femmes et d’hommes accusés fallacieusement d’appartenir à une force spéciale sortie de l’imaginaire d’un ministre de l’Intérieur aux méthodes barbares, voilà le cokctail détonnant qui a angoissé le pays en 2024, prolongeant ainsi le malaise issu de la machination et de la répression sanglante enclenchée en 2021.
Face à cette situation, nous devons admettre que le salut du Sénégal est l’œuvre de la main invisible, celle du Seigneur, Dieu-Le Tout-Puissant.
Quant aux acteurs politiques il en est un, en l’occurrence M. Ousmane Sonko, dont la responsabilité et l’intelligence ont permis de transcender les équations qui ont émané de l’attitude exaspérante du Président Macky Sall. C’est en toute sérénité, dans les murs de la prison du cap manuel, que M. Ousmane Sonko a déjoué les coups fourrés juridiques et politiques enchaînés pour compromettre sa candidature à la présidentielle initialement programmée en février 2024.
En lieu et place d’une force organisée, une force citoyenne !
Pendant que Macky Sall menaçait les sénégalais en invoquant des forces organisées, M. Sonko constituait son ossature politique voire sa force citoyenne pour convaincre les sénégalais à envisager l’avenir avec sa carte de cœur en la personne de Bassirou Diomaye Diakhar Faye. Ainsi fut décliné le bréviaire d’une alliance inoxydable « Sonko Moy Jomay » et « Jomay Moy Sonko ».
Le choix du cœur et de la raison a été donc consacré par 54 % des électeurs qui ont porté Bassirou Diomaye Diakhar Faye à la victoire; celle d’une génération qui a sonné le glas politique des caciques. C’est aussi le début d’une ère politique qui substitue la souveraineté nationale aux rouages d’un système de gouvernance dont les sénégalais n’ont que trop souffert. En attestent les scandales économiques et financiers dont les auteurs ne doivent en aucun cas échapper à la justice. Et puisqu’on s’en remet légalement à la justice, il sied aussi de la rendre à la mémoire des martyrs de la révolution dont l’apogée s’est traduite par l’élection du président Bassirou Diomaye Diakhar Faye, sous l’égide de Ousmane Sonko
Au total, les 365 jours (2024) seront réécrits en 2025 sur le principe de la souveraineté nationale. Cependant, les sénégalais ne peuvent se soustraire aux sacrifices indispensables pour prendre éternellement leur destin en main. Il ne saurait en être autrement car la souveraineté est une longue marche inscrite dans l’agenda 2050.
Par Mohamad El Bachir SY
POURQUOI UN NOUVEAU PROCES S’IMPOSE D’URGENCE
L’urgence de la réouverture d’un nouveau procès est posée à la lumière de faits nouveaux pour, enfin, rendre justice au président Mamadou Dia et ses quatre ministres : Ibrahima Sarr, Valdiodio Ndiaye, Joseph Mbaye et Alioune Sall.
17 Décembre 1962 - 17 Décembre 2024, et le digne peuple Sénégalais, a en mémoire, qu’au cœur de l'histoire politique sénégalaise, le procès de Mamadou Dia, ancien président du conseil du gouvernement et quatre de ses compagnons, dignes fils du Sénégal ; demeure une énigme douloureuse. Depuis l’indépendance proclamée en 1960, cette figure inoubliable du socialisme africain a été le protagoniste d'un affrontement qui, bien que souvent minimisé, a laissé des cicatrices profondes dans la mémoire collective du pays. En ce moment de réflexion sur les injustices du passé, il est impératif de redéfinir notre compréhension de cet événement, non seulement comme un tournant politique, mais aussi comme une tragédie humaine. Depuis l’aube de l’indépendance, cette figure centrale du socialisme africain a été au cœur d’un affrontement qui transcende les simples rivalités politiques, révélant les ramifications profondes des enjeux de pouvoir, de nationalisme et d’identité collective. Alors que le Sénégal s’engage dans une introspection critique sur ses cicatrices historiques, la nécessité d’une réévaluation de cette affaire se fait d’autant plus pressante.
Dans le contexte tumultueux de l’indépendance, Mamadou Dia et Léopold Sédar Senghor, bien que alliés au départ, incarnent deux visions divergentes de la gouvernance. Mamadou Dia, pragmatique et économiste avisé, aspire à ériger un État moderne, tandis que Senghor, poète et visionnaire, privilégie une approche plus culturelle et humaniste. Cette dualité, bien que complémentaire, aboutit rapidement à un clivage insurmontable, exacerbant les tensions au sein de l’Union Progressiste Sénégalaise. Le 18 décembre 1962, la motion de censure orchestrée par 41 députés illustre non seulement l’intensification des luttes internes, mais également la volonté d’un pouvoir central de maintenir une hégémonie autoritaire.
Le procès de Mamadou Dia est inextricablement lié aux manipulations médiatiques qui ont façonné la perception publique de cette crise. À une époque où Radio-Dakar constituait l’épine dorsale de l’information, le contrôle de cette plateforme par le régime senghorien s’est révélé décisif. Les manœuvres orchestrées pour étouffer la voix de Mamadou Dia, alliées à un traitement biaisé des événements, soulignent l’utilisation insidieuse de la propagande comme instrument de domination. Le silence qui a entouré son arrestation et son procès témoigne d’une stratégie délibérée visant à désarmer toute opposition et à effacer les traces d’une contestation légitime.
L’appel à une révision du procès de Mamadou Dia émerge comme une nécessité fondamentale, non seulement pour rétablir la justice à l’égard d’un homme injustement condamné, mais également pour interroger les fondements mêmes de notre démocratie naissante. Ce processus de réévaluation doit être envisagé comme un acte de réconciliation, un pas vers une meilleure compréhension des enjeux politiques et des responsabilités historiques. La reconnaissance des erreurs du passé est essentielle pour instaurer un climat de confiance et de dialogue, permettant ainsi au Sénégal d’avancer sur la voie d’une gouvernance éclairée.
L’héritage de Mamadou Dia, souvent obscurci par les récits dominants, mérite d’être redéfini à la lumière des faits et des vérités historiques. Les conflits politiques ne sauraient justifier l’effacement des droits humains ni la négation de la dignité d’un leader qui a œuvré sans relâche pour le bien-être de son peuple. En scrutant cette période cruciale, il convient de rappeler que la quête de vérité et de justice est indissociable de l’édification d’une nation véritablement démocratique.
La réhabilitation de Mamadou Dia transcende le simple cadre de la justice individuelle, elle incarne une quête collective pour une reconnaissance des injustices passées. Dans un Sénégal confronté à de nouveaux défis politiques et sociaux, cette réflexion sur les erreurs du passé peut fournir des enseignements cruciaux pour la construction d’un avenir inclusif et équitable. La mémoire de ceux qui ont lutté pour l’indépendance ne doit pas se limiter à un hommage symbolique, mais se transformer en une impulsion pour une gouvernance responsable et respectueuse des droits de tous. Ainsi, le Sénégal, en confrontant son histoire, peut véritablement s’engager sur la voie de la réconciliation et de la prospérité partagée.
Par El Hadji Cheikh Ibra Faye
LE GRAND MAODO, CE GRAND COMMIS DE L’ETAT...
Le 17 décembre 1962 se brisait une vieille amitié entre le Président Senghor et le Président du Conseil d'alors, Mamadou Dia. Une dualité s'installa au sommet de l'État entre les deux têtes de l'exécutif Sénégalais .....
Le 17 décembre 1962 se brisait une vieille amitié entre le Président Senghor et le Président du Conseil d'alors, Mamadou Dia. Une dualité s'installa au sommet de l'État entre les deux têtes de l'exécutif Sénégalais, un divorce idéologique et une divergence d'approche sembleraient être la cause des fameux événements de décembre 1962.
Il s'en suivra une motion de censure qui fera tomber le gouvernement du président Mamadou Dia et ce dernier sera déporté puis emprisonné à Kédougou avec ses co-accusés (Valdiodio Ndiaye, Alioune Tall, Joseph Mbaye, Ibrahima Sarr, Boubacar Obèye Diop) du fameux "coup d'État". Ils resteront derrières les barreaux pendant 12 ans (1962-1974). Ils en sortiront en 1974 à la faveur du multipartisme contrôlé avec quatre courants de pensée idéologique: le Socialisme (Léopold Sédar Senghor), le Libéralisme (Abdoulaye Wade), le Communisme (Majmouth Diop) et le Nationalisme (Cheikh Anta Diop).
Depuis lors, le Sénégal se tourna résolument vers le régime présidentiel avec la restauration du poste du premier ministre le 26 février 1970 avec à sa tête le Président Abdou Diouf (1970-1980). Le grand Maodo demanda en vain la réouverture de son procès. Mais sa demande ne trouvera pas un écho favorable auprès des autorités judiciaires.
Ce grand commis de l'État s'éclipsa le 25 janvier 2010 à l'âge de 99 ans. Le Building Administratif, où il a longtemps servi de 1958 à 1962 avec déférence, porte désormais son nom, en guise d'hommage et de reconnaissance à l'endroit de ce grand Serviteur de la République.
Par Mohamed GUEYE
ENFIN, UN BUDGET POUR UNE VISION PLUS CLAIRE
Les députés débattent depuis hier, du projet de loi des Finances, le premier de l’ère Sonko mooy Diomaye. Après les travaux en commissions cette semaine, s’ouvriront les débats publics en plénière.
Les députés débattent depuis hier, du projet de loi des Finances, le premier de l’ère Sonko mooy Diomaye. Après les travaux en commissions cette semaine, s’ouvriront les débats publics en plénière. L’opinion pourra alors se faire une idée directe du niveau d’ambition de la politique économique et sociale de nos nouveaux dirigeants. Si l’on voit des ambitions affichées dans les documents rendus publics, il est difficile d’avoir une vision d’ensemble en partant des documents libellés de manière à laisser des observateurs dans l’expectative. Il ne s’agit pas d’une curiosité intellectuelle, mais de savoir quelle orientation les dirigeants veulent donner à ce pays pour cette année, et pour les 5 années à venir au minimum. Même les partenaires qui veulent investir dans ce pays ont besoin de connaître la vision que les autorités actuelles ont du pays et de ses capacités.
D’autant plus que, face aux déclarations antérieures, notamment celles contenues dans le Référentiel Vision 2050, on ne trouve pas toujours une cohérence entre le projet de budget et les ambitions à long terme.
Ainsi, dans son exposé des motifs, le projet de loi de finances se veut très ambitieux. Il déclare dans ses «Grandes orientations» sa volonté de rompre «définitivement avec le modèle de gouvernance jusque-là administré, qui continue de maintenir nombre d’Etats africains dans une situation de dépendance économique vis-à-vis de l’extérieur». Le pouvoir actuel déclare par ailleurs que «ce budget marque un effet de rattrapage par rapport à l’exercice 2024, fortement impacté par les effets des tensions sociopolitiques durant le premier trimestre 2024 et par la poursuite du ralentissement des activités économiques sur tout le reste de l’année, hors secteur de l’énergie».
Cet effet de rattrapage dont il est question ici, devrait porter le taux de croissance à plus de 8%, grâce à l’exploitation du pétrole et du gaz, assure le projet de loi. Malheureusement, une fois les effets amortis, les chiffres tirés du Référentiel 2050 nous feront retomber à 5% de croissance. De plus, le plus extraordinaire, pour une économie dont le chef du gouvernement -ne l’oublions pas- nous a affirmé qu’elle est en état de ruine, dans un pays en état de délabrement, selon ses mots, on ne sait pas encore sur quels leviers les dirigeants ont tiré pour nous permettre de réaliser ces prouesses en si peu de temps.
D’autant plus que, si l’on se dit que les chiffres de l’époque de Macky Sall ont été fortement «maquillés», le déficit budgétaire laissé par Macky Sall serait selon la Lfi 2025, de 11%, alors que le Fonds monétaire international, en octobre dernier, avait revu les chiffres à 7, 5%, quand Macky Sall et son régime se projetaient sur 5%.
Néanmoins, maquillées ou pas, les données de l’ancien régime avaient tout de même la prestance de l’ambition d’un développement réel. On peut toujours s’interroger sur les mécanismes qui permettront aux Sénégalais de rêver d’une véritable amélioration de leurs conditions de vie avec les chiffres qui nous sont soumis. La première question est de savoir comment le gouvernement va faire passer notre déficit de près de 8% à un peu moins de 4% en une année. Dans une économie de marché, aucune économie aussi extravertie n’avait jamais réussi cette prouesse. Il faudrait sans doute croire que nous allons nous mettre en autarcie, et changer de système monétaire, comme l’ancien maire de Ziguinchor avait voulu le faire pour sa ville, à une époque.
Les ressources internes sont prévues à 4 549 641 520 000 francs Cfa. Dans le budget en cours, les recettes étaient de 4693,7 milliards de Cfa. Les dépenses étaient plus importantes, mais le projet de loi en cours va encore plus loin, pour un projet qui ambitionne de mettre en place une gestion de bon père de famille. Nous aurons ainsi plus de 6395 milliards de dépenses. Mais le gouvernement entend préserver la viabilité de la dette, en mobilisant «des ressources concessionnelles disponibles auprès des bailleurs classiques à travers une sélection rigoureuse des projets à financer»… Souhaitons que ce genre de rigueur ne nous mène pas à des couacs du genre Acwa Power ou du scandale de «l’Asergate». Surtout si l’Etat veut encourager les contrats Ppp. Or, on sait que le niveau de développement du secteur privé dans ce pays fait que nos hommes d’affaires ont pour le moment, encore besoin de l’appui de partenaires étrangers.
Par Fodé Roland Diagne
CONTRE LES DIVERSIONS, ALLONS A L'ESSENTIEL !
Le peuple à la présidentielle et aux législatives a donné une large victoire à notre camp souverainiste contre la mal-gouvernance corrompue, le népotisme, la gabegie, le vol des deniers publiques et contre l’autocratie répressive sanglante illégale ....
Le peuple à la présidentielle et aux législatives a donné une large victoire à notre camp souverainiste contre la mal-gouvernance corrompue, le népotisme, la gabegie, le vol des deniers publiques et contre l’autocratie répressive sanglante illégale de Macky/APR/BBY.
La résistance victorieuse du peuple, en particulier de la jeunesse à la dictature présidentialiste néocoloniale s’est soldée par des dizaines de martyrs, des centaines de blessés et des milliers d’embastillés.
La tactique d’isolement du pouvoir fascisant de l’APR/BBY aux élections locales, puis législatives 2022 suivie des premiers actes de refus de l’arbitraire et de l'Etat hors la loi du pouvoir Exécutif au sein du pouvoir judiciaire au Tribunal de Ziguinchor, puis à la Cour Suprême, puis au Conseil Constitutionnel ont prolongé la « sonkorisation » multiformes de la vie politique nationale qui ont imposé les discussions entre l’autocratie et les leaders emprisonnés arbitrairement et la tenue de l’élection présidentielle en mars 2024.
Et voilà que la dissolution anticipée justifiée de l’Assemblée nationale met en scène des listes en campagne opposant notre parti souverainiste Pastef aux listes de la retrouvaille de la famille libérale déchue en 2024 et 2012, du candidat libéral officiel à la présidentielle 2024 de Macky/APR/BBY et d’une partie dissidente de l’ex-coalition Yewwi des locales et législatives 2022, etc.
Le peuple confirme dans les urnes son choix de tourner la page de la soumission néocoloniale de la bourgeoisie bureaucratique d’État des libéraux et des sociaux libéraux qui ont géré le pays de 1960 à 2024 et rejette la trahison des ex-Yewwi.
Seuls les pouvoirs locaux municipaux restent donc à conquérir par le suffrage universel dans deux ans.
Nous ne devons pas nous laisser divertir par les provocations d’une délinquance politique en mal de singerie du « gatsa gatsa » réduisant la politique non à une confrontation entre programmes politiques mais à une rivalité individualiste petite bourgeoise entre individus qui s’auto-définissent « leader ».
Si les raisons évoquées par la saisine de l’Assemblée nationale par le ministre de la justice pour démissionner un député nous semble compréhensibles, toutefois la question se pose : est-ce vraiment valable rétroactivement ou durant la législature ?
Par contre, la démission administrative du Maire par le Préfet relève d’une décision du pouvoir Exécutif qui se substitue de fait au vote du peuple, alors qu’il suffit d’attendre l’échéance de la prochaine élection locale pour chasser dans les urnes les Maires du système néocolonial.
Le camp souverainiste au pouvoir doit déjouer les pièges de la diversion politicienne et s’attaquer à l’essentiel, c’est-à-dire aux urgences du jub, jubal, jubanti que sont :
- le vote du budget 2025 ;
- la suppression des institutions budgétivores (CESE, HCCT) et la rationalisation des multiples agences publiques et parapubliques, notamment celles qui font doublon avec des services de l’Etat;
- l’annulation législative de la loi d’amnistie 2024, la mise en place de la haute cour de justice pour enclencher la reddition des comptes par des poursuites judiciaires sur les crimes financiers révélés par les rapports des corps de contrôle (OFNAC, IGE, IGF, Cour des Comptes, etc) et les audits sectoriels et centraux et les crimes de la répression illégale mortifère de 2021 à 2024;
- l’enquête judiciaire sur les morts suspectes de Mancabou, Fulbert Sambou, Didier Badji ;
- la réparation-indemnisation des victimes et des passifs sociaux hérités des régimes corrompus précédents ;
- à défaut d’une constituante pour la refondation du contrat national, les réformes institutionnelles inspirées des conclusions des Assises Nationales ;
- la levée des mandats d’arrêts contre les responsables militaires et politiques du MFDC et l’ouverture du processus pour la paix en Casamance ;
- lutter contre la vie chère.
Attelons-nous donc à remettre le parti Pastef au centre de la vie politique en organisant le 1er congrès qui doit parachever le processus de fusion en son sein du sommet à la base des 14 organisations signataires du protocole de fusion en août 2021.
Le congrès sera le moment démocratique où les militants mettront fin aux actuelles instances provisoires, feront le bilan de la conquête du pouvoir, examineront de façon critique pour se l’approprier le projet « vision 2050 » et dégageront les perspectives de la marche vers la souveraineté monétaire, alimentaire, industrielle, diplomatique, militaire, culturelle et panafricaine, notamment en maintenant la position de l’UA sur le droit du peuple Sahraoui à l’indépendance et en se démarquant des menées anti-africaines de l’impérialisme et ses valets régionaux contre les peuples de l’AES.
Les défis sont nombreux pour aller résolument vers la sortie du sous-développement imposé par la françafrique, l’eurafrique et l’usafrique et c’est l’élévation de la conscience du peuple et sa mobilisation déterminée qui ont permis et permettront de gagner les unes après les autres les batailles de la guerre pour un Sénégal libre et une Afrique unie libre par et pour le peuples.
par Ismaila Madior Fall
CESEA, HCCT, LES MAL AIMÉS DE LA DÉMOCRATIE SÉNÉGALAISE
Le Sénat, le CESE et le HCCT ont alterné créations et suppressions au gré des alternances politiques. Cette instabilité chronique soulève une question essentielle : comment construire une institution consultative capable de transcender les clivages ?
C’est acté : deux institutions majeures (CESE et HCCT) viennent d’être dissoutes. Pourtant, il ne viendrait à l’esprit de personne de supprimer les institutions que sont le président de la République ou l’Assemblée nationale. La doyenne des institutions, l’Assemblée nationale, depuis qu’elle est passée d’Assemblée territoriale à Assemblée nationale, relève le défi de l’immortalité institutionnelle malgré les critiques relatives à son organisation et son fonctionnement. Quant au président de la République, avec un statut modeste à l’Indépendance, il est devenu, depuis 1963, la clef de voûte des institutions. Aucune autre institution de la République (gouvernement, Premier ministre ou Cour suprême) ne peut se prévaloir de cette permanence existentielle.
Le président et l’Assemblée, outre leur légitimité tirée de leur statut d’institution fondatrice, doivent, aussi, leur permanence institutionnelle à une donnée matricielle de toute construction républicaine qui se veut durable : le consensus élevé autour d’une institution.
Lorsque des institutions sont créées et adoptées aux travers d’un processus clivant, d’une incompréhension de leur utilité par l’opinion, il y a des risques qu’elles ne résistent pas au temps et aux alternances parce qu’elles résultent d’un consensus bas. C’est le cas du Sénat, du Conseil économique, social et environnemental (CESE) et du Haut Conseil des collectivités territoriales (HCCT).
La plupart des grandes démocraties disposent d’un Sénat (chambre de la raison et de la sagesse aux côtés de l’Assemblée, chambre de la passion) qui joue un rôle fondamental dans la procédure législative et le contrôle de l’action gouvernementale et d’un Conseil économique et social ; institution existant même aux Nations unies. Instauré au Sénégal en 1998, supprimé en 2005, restauré en 2007 avant d’être supprimé en 2012, le Sénat n’est jamais entré dans les cœurs.
Idem pour le CESE. Adopté dès le début de l’indépendance et d’une continuité remarquable, il ne sera supprimé qu’en 2001, avant d’être restauré sous forme de Conseil de la République pour les affaires économiques et sociales (CRAES) en 2003 et reviendra sous forme de CES en 2008, puis de CESE en 2012. Cadre institutionnel de dialogue des territoires, le HCCT, instauré en 2016, n’aura duré que 8 ans.
Au XXIème siècle, une démocratie ne pouvant pas se passer d’une institution consultative de rang constitutionnel, il convient d’envisager, dans la perspective de réforme ultérieure, de mettre en place une institution du genre qui serait la synthèse du Sénat, du Conseil économique, social et environnemental et du Haut Conseil des collectivités territoriales. Dans l’Etat de droit, le dialogue consultatif permet de maintenir une forme de démocratie délibérative transpartisane.
Au demeurant, la création éventuelle de cette indispensable institution consultative de la République devrait se faire sous les auspices du consensus élevé, à défaut de quoi elle risque de connaître le sort de ses devancières.
Ismaila Madior Fall est Professeur des Universités.
Par Hamidou ANNE
CE FIL QUI RELIE LES MORTS AUX VIVANTS
Les nouvelles du pays sont mauvaises. Les amis sont convoqués, arrêtés et condamnés pour des broutilles. L’acharnement vindicatif s’exerce avec une brutalité que charrie l’audace de ceux qui ne savent pas, et se complète par le bruit et l’outrance.
Nous sommes arrivés à Al-Ula au milieu de l’après-midi, après plus de 3h d’une route parfaite bordée par les montagnes. Le paysage était féérique. J’aime regarder les montagnes, ventres protubérants d’un sol plat. Le trajet avec Mohamed était agréable, bien qu’il ne parlât pas un traître mot d’anglais. Nous arrivions néanmoins à nous comprendre avec ce qu’il me restait d’arabe et les mots du regard, ceux de l’appartenance à une commune humanité. La conduite prudente de Mohamed était ponctuée par les arrêts réguliers pour la prière dans une des milliers de mosquées qui ornent le territoire de ce pays immense. Arriver à l’heure n’était guère important, le temps attendra, disait l’autre. Mais célébrer le Seigneur et louer Sa Gloire ne sauraient attendre, selon Mohamed. Après la prière dans une petite mosquée à deux heures d’Al-Ula, il a demandé d’où j’étais ; en répondant du Sénégal, j’ai vu son sourire ; il acquiesça et rajouta «Machallah». Ceci me rappela un souvenir vieux de dix ans déjà. J’étais déjà venu avec mon ami, le regretté Abdoul Aziz Mbaye ; nous étions à Médine, puis fîmes le trajet de La Mecque en vue d’accomplir la Oumra.
Tout au long de ma présence sur le sol saoudien, le souvenir de Abdoul Aziz Mbaye ne m’a pas quitté une seule fois. Je me souviens de ce long trajet entre Médine et La Mecque, avec un jeune conducteur peu attentif à la route, mais très soucieux d’ajuster son agal sur son keffieh. Il provoqua plusieurs fois la colère de mon patron qui, la dernière fois, lui intima l’ordre : «Drive normally. Otherwise I drive» (Conduis normalement, sinon je prends le volant). J’avais souri. A La Mecque, nous accomplîmes notre tawaf côte-à-côte, fîmes les sept allers-retours entre Safa et Marwa, et finîmes le reste de la journée à parler géopolitique, culture, foi et histoire. Son intelligence, sa vaste culture et sa finesse m’impressionnèrent toujours autant.
Il y a quelques jours, en pénétrant dans l’antre de la sainte mosquée de La Mecque, j’eus une grande pensée pour lui. Tout au long de mes sept tours de la Pierre noire, je l’ai deviné devant moi, sourire aux lèvres, regard lumineux. Dans la foule des fidèles tournant autour de la Kaaba, une femme a attiré notre attention. Elle tenait dans chaque main un téléphone. Sur le téléphone de la main droite, il y avait la photo d’un jeune homme décédé, son fils me dis-je. Elle filmait la photo avec l’autre appareil et formulait des prières pour que Dieu accordât le Paradis à ce bien aimé disparu. Le tout en pleurant de chaudes larmes. Cette femme m’a bouleversé. Son geste d’un si grand espoir était le symbole du fil invisible qui relie les morts aux vivants. J’avais davantage pensé à Abdoul Aziz en la regardant. J’avais prié pour mon ami emporté par la pandémie du Covid-19. Je n’ai jamais eu peur de la mort. En revanche, j’ai toujours lié la mort à la tragédie de ne plus parler à ses amis disparus, de ne plus rire avec eux. La mort m’interpelle aussi dans ce sens qu’elle est finitude et début de l’infini pour nous croyants, donc qui faisons confiance à l’invisible et à l’insondable.
Mohamed a repris la route, nous laissant au milieu des montagnes dans ce magnifique endroit où règne un silence apaisant. Il va prier Maghrib et Isha en cours de route, et prier Dieu pour qu’Il accorde le Paradis à ses morts. Je lui confie les miens, pour l’absolution de leurs péchés et la valorisation de leurs bienfaits sur terre.
Les nouvelles du pays sont mauvaises. Les amis sont convoqués, arrêtés et condamnés pour des broutilles. L’acharnement vindicatif s’exerce avec une brutalité que charrie l’audace de ceux qui ne savent pas, et se complète par le bruit et l’outrance. Dans la solitude d’une forte espérance, je prie pour mes morts. Et j’ai repensé à cette phrase d’un homme politique récemment élevé dans son pays à la dignité de Premier ministre : «Nous ne sommes pas étrangers les uns aux autres. Je n’ai jamais quitté les gens qui mouraient. Et les gens qui sont morts ne m’ont jamais quitté.» Mes morts ne m’ont jamais quitté.
PAR Ndiaga Sylla
L'INADÉQUATION DES TEXTES À PROPOS DE LA RÉVOCATION DU MAIRE
La confusion entre les différents articles du Code électoral et du Code général des Collectivités territoriales soulève des questions cruciales sur la légalité de la procédure. Rien ne justifie la violence utilisée et l’inélégance
L.article L.277 du Code électoral énonce les conditions d’inéligibilité et d'incompatibilité. Or les cas d’inéligibilité aux élections municipales sont évoqués aux articles L.271 à L.276.
La vérité est que cette disposition du Code électoral est inadaptée et son contenu équivoque.
En effet, il fallait préciser la notification en question et le caractère suspensif du recours.Toufois, il ne serait pas judicieux de dire que la décision de déclarer le conseiller municipal démissionnaire "devient immédiatement exécutoire", c'est omettre de prendre en considération le reste de la disposition L.277, al 1er : "... SAUF RECOURS DEVANT LA COUR D'APPEL DANS LES 10 JOURS DE LA NOTIFICATION".
De plus, l'article L.272, qui n'a pas été visé par l'autorité administrative, concerne l'électeur privé du droit électoral.
Il convient de souligner que l'article L.29 du code électoral n'est pas relatif à l’inéligibilité. C'est une condition d'inscription sur les listes électorales.
À noter que la décision instituant une déchéance électorale et la peine prononcée contre le maire de Dakar, Barthélémy Diaz, a été déjà purgée en vertu de L.29 nouveau.
Retenons ici et maintenant qu'il n'y a pas lieu d'invoquer l'article L.30 Code électoral dès lors qu'il ne saurait être visé dans ce cas précis.
L’article 135 du Code général des Collectivités territoriales (CGCT) ne saurait s'appliquer à Monsieur Dias qui est condamné pour délit et non pour crime. Et à l'article 140, l'énumération bien que non exhaustive ne vise pas son cas.
A présent, je pose ces pistes de réflexion :
1. Est-ce que l'élection du maire au suffrage universel ne ferait pas obstacle à l'exécution de L.277 ?
2. Ne faudrait-il pas se référer aux CGCT (art. 135 et 140) ?
3. A titre principal, l'expiration/exécution de la peine prévue à L.29 dernier alinéa ne devrait-elle pas être décomptée à partir du prononcé de la peine en première instance confirmé en appel ?
Rien ne justifie la violence utilisée et l’inélégance. Même démis, le maire est tenu de passer service... Dès lors, vouloir le chasser, comme cela a été fait, lui donnerait-il le droit de refuser de passer le témoin à son successeur.
Enfin, je persiste et signe que l'article 61 de la Constitution sur lequel se fonde le brillant ministre de la Justice et repris par l'article 51 du RIAN ne précise pas la procédure de radiation d'un député... Pourtant celle-ci est régie par les articles LO.162 et LO.198 du Code électoral.
Ndiaga Sylla est expert électoral.
Référence :
Article 61 Constitution : "Le membre de l’Assemblée nationale qui fait l’objet d’une condamnation pénale définitive est radié de la liste des parlementaires sur demande du ministre de la Justice."
de la déchéance du mandat de député : art lo.162 du Code électoral : "Sera déchu de son mandat de député celui dont l’inéligibilité se révélera après la proclamation des résultats et l’expiration du délai de recours, ou qui, pendant son mandat, se trouvera dans un cas d’inéligibilté prévu par le présent Code".
LO.198 : "La déchéance prévue par l’article LO.162 du présent code est constatée par le Conseil Constitutionnel à la requête du bureau de l’Assemblée nationale, d'un groupe de députés, conformément au règlement intérieur de l’Assemblée nationale ou du président de la République.
En outre, en cas de condamnation définitive postérieure à l’élection, la déchéance est constatée dans les même formes, à la requête du ministère public".
Art l.29 Code électoral, avant dernier alinéa : "Cette interdiction d'inscription sur les listes électorales ne concerne que ceux qui sont condamnés pour crimes,trafic de stupéfiants et pour les infractions portant sur les deniers publics à l’exception des cas prévus à l’article L.28-3 du Code électoral".
Art l.29 Code électoral, dernier alinéa : "Pour les autres infractions, cette interdiction est de cinq (5) ans après l’expiration de la durée de la peine prononcée".
par Patrick Chamoiseau
FAITES SORTIR LES ELFES !
Face à l’inquiétant paysage d’aujourd’hui, nous avons besoin, plus que jamais, des puissances de la narration. Nous pouvons imaginer un autre monde, inspiré par ce que la fiction peut nous apprendre de la danse des lucioles et des visites de la Beauté
Allocution de Patrick Chamoiseau lors de la réception du Prix de l’excellence à vie au Center For Fiction de New York, le 10 décembre 2024.
L’écrivain islandais Thor Vilhjálmsson, me raconta un jour cette très belle histoire. Il admirait beaucoup l’écrivain français Michel Butor, grand partisan du Nouveau Roman. Ce mouvement littéraire avait réussi à élargir les limites de la fiction romanesque, à une époque où celle-ci paraissait ne plus rien comprendre à la complexité du monde.
Thor Vilhjálmsson appela Butor pour l’inviter à donner une conférence dans son petit pays de rochers, de glaciers, de geysers et de volcans. Quand Vilhjálmsson eut Butor au bout du fil, il lui formula l’invitation la plus chaleureuse qui soit. Michel Butor l’écouta poliment mais, peu enclin à voyager vers cette île de mousse grise, il lui bredouilla les excuses que les écrivains utilisent pour échapper à une invitation... Qu’il avait du travail... Qu’il était fatigué... Que les voyages en avion ne lui convenaient pas... et-cætera, et-cætera.
Mais, Thor n’était pas homme à se décourager. Comme il était lui-même un grand romancier, un fils béni de l’art de conter, il eut soudain l’idée qui allait tout changer. Sur un ton mystérieux, il expliqua à Butor que si l’Islande n’était qu’une île de glace et de cailloux, elle détenait malgré tout une vertu extraordinaire qu’il fallait voir absolument. Intrigué, Michel Butor lui demanda : Laquelle ? Nous sommes environ 400 000 habitants, poursuivit Vilhjálmsson, mais la nuit, notre population double pour s’élever à plus de 800 000 âmes !
— Ah bon ? Et ... pourquoi ? s’étrangla Butor.
— C’est parce que la nuit, murmura Vilhjálmsson, les elfes sortent des rochers et viennent vivre parmi nous !
— J’arrive tout de suite ! lui répondit Butor.
Cette petite histoire illustre à merveille l’importance que nous devons accorder à la fiction narrative. Qu’elle passe par la littérature ou par d’autres formes d’expression artistique, son rôle est d’enchanter les ombres qui nous entourent, de faire jaillir des roches et des glaciers, toutes sortes d’éclats et de merveilles. Avant de conquérir la planète, homo sapiens l’avait d’abord imaginée. Plutôt que de se limiter à une vision utilitaire ou prosaïque, il l’avait enveloppée de ses propres narrations. Ce faisant, avant même de peupler une quelconque géographie, il a de tous temps habité son propre imaginaire. Malgré le bruit et la fureur, l’être humain a toujours su rendre la terre désirable en y projetant de grands enchantements. Homo-sapiens est, par essence, un créateur de mondes. Il a su accompagner ses souffrances, ses résistances, ses pensées, ses fondations, de tous les fastes qui remplissaient ses imaginations. C’est au cœur de ses propres utopies narratives qu’il a trouvé moyen d’inventer des chemins, de dégager des solutions, de gravir les montagnes ou de franchir les océans.
Face à l’inquiétant paysage d’aujourd’hui – l’effondrement du vivant, les désordres climatiques, les reculs de la démocratie, les spectres du fascisme, du racisme, de la haine et de la division – nous avons besoin, plus que jamais, des puissances de la narration. Nous devons, nous pouvons, imaginer un autre monde, inspiré par ce que la fiction peut nous apprendre de la danse des lucioles et des visites de la Beauté. Nous avons l’obligation de deviner en nous la vie que nous voulons, de rêver ses contours, et de retrouver, dans cette nuit qui menace, la haute capacité à faire sortir les elfes !
C’est avec le sentiment de cette urgence, et de cette certitude, que je me sens proche de ceux qui m’ont précédé ici : Toni Morrison, Kazuo Ishiguro, Wole Soyinka, Salman Rushdie. Nous avons besoin d’eux, et leurs livres font partie de nos armes pacifiques les plus miraculeuses.
Je pense aussi à ceux qui peuplent mon écriture de leurs présences magiques : à William Faulkner, à Gabriel Garcia Márquez, à Aimé Césaire, à Édouard Glissant, à Frantz Fanon, à Saint-John Perse, à René Char, à Victor Segalen, à James Baldwin, à Zora Neale Hurston... et à tant d’autres !... Je sais que l’on n’écrit pas pour recevoir des distinctions, mais cela fait toujours plaisir de se voir offrir les signes de l’amitié. Des soirées comme celle-ci honorent avant toute chose, les paysages, jusqu’ici invaincus, de nos littératures.
C’est d’abord en leur nom que je vous dis merci !
Merci au Center for Fiction.
Merci à ceux qui le soutiennent et à vous tous qui êtes ici !
Merci à M. Errol Mac Donald pour son amicale fidélité, et merci à tous ceux qui travaillent pour que la lecture se développe, que la poésie vive et que le livre circule.
Et maintenant : libérez les lucioles et faites sortir les elfes !