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24 novembre 2024
Opinions
Par Boubacar Biro Diallo
CRISE AU SAHEL : SÉCURITÉ, PUTSCHS MILITAIRES ET RÉALIGNEMENT POLITIQUE
Les nouveaux régimes promettent réformes et changement, mais devront relever des défis colossaux pour rétablir concrètement la sécurité et satisfaire les besoins essentiels de leurs concitoyens
La région du Sahel, englobant des pays comme le Mali, le Burkina Faso et le Niger, est en proie à une crise multidimensionnelle sans précédent. En plus de l'insécurité chronique et des crises alimentaires, des coups d'État militaires successifs ont remodelé le paysage politique de ces pays. La détérioration des relations avec la France, la consolidation des relations avec la Russie, la sortie de la CEDEAO et la formation récente de l'Alliance des États du Sahel (AES) marquent un tournant crucial.
Crise sécuritaire et humanitaire
La sécurité au Sahel est gravement compromise par l'activité croissante de groupes armés et terroristes. Les attaques répétées et les affrontements armés ont provoqué des déplacements massifs et une insécurité persistante. Les armés nationales, soutenues par leurs partenaires occidentaux, n’ont pas pu empêcher la montée de l’insécurité. Cette situation a paralysé les économies locales et aggravé les crises alimentaires déjà sévères, touchant des millions de personnes.
Putschs militaires : espoir ou désillusion ?
L'incapacité des gouvernements à rétablir l'ordre a conduit à une série de coups d'État militaires dans la région. Le Mali, le Burkina Faso et le Niger ont chacun vu leurs dirigeants civils renversés, souvent avec l'appui de populations désillusionnées par la corruption et l'inefficacité de leurs gouvernements à leur garantir le minimum de sécurité et services sociaux de base. Les nouvelles autorités militaires promettent des réformes et une sécurité accrue. Toutefois, les défis restent immenses et les scepticismes nombreux quant à leur capacité à tenir leurs promesses.
Régimes de Transition et tensions avec la France
Les régimes de transition en place doivent jongler entre les attentes internes et les pressions internationales. Les relations avec la France se sont particulièrement détériorées. La coopération avec la France est contestée par les masses populaires qui l’accusent d’être en complicité avec les élites politiques nationales et d’avoir échoué dans la lutte contre la corruption. Des appels au retrait des troupes françaises se multiplient, reflétant un sentiment croissant d'anti-impérialisme et de recherche d'autonomie.
Formation de l'AES : Une nouvelle Alliance régionale
En réaction aux défis partagés, le Mali, le Burkina Faso et le Niger ont formé l'Alliance des États du Sahel (AES). Cette nouvelle entité vise à renforcer la coopération sécuritaire et économique entre ces pays pour mieux répondre aux menaces et aux crises humanitaires. L'AES symbolise également une volonté de s'affranchir de l'influence française et de diversifier les partenariats internationaux, cherchant une nouvelle dynamique régionale plus autonome et concertée, sans jugement du régime politique en place au sein de ses membres. Cependant, la viabilité de cette alliance peut être mise en cause par de futurs changements politiques au sein de ses membres. Même si l’AES cherche une légitimité internationale, son acceptation est encore contestée par la CEDEAO, l’Union africaine et leurs alliés.
La médiation du Professeur Abdoulaye Bathily
Dans ce contexte tumultueux, le nouveau président sénégalais Bassirou Diomaye Faye a nommé le Professeur Abdoulaye Bathily comme envoyé spécial, avec une attente forte sur les questions relatives aux pays de l’AES. Sa mission inclut de mener des médiations avec la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO) afin de faciliter le dialogue et trouver des solutions pacifiques aux crises en cours. Cette mission s'annonce délicate. La CEDEAO, souvent perçue comme une extension des intérêts occidentaux, doit naviguer dans un climat de méfiance généralisée. Le Professeur Bathily, connu pour ses compétences diplomatiques et son intégrité, devra faire preuve de finesse et de persévérance pour gagner la confiance des nouvelles autorités militaires tout en répondant aux attentes de la communauté internationale.
La situation au Sahel demeure complexe et volatile. La réaction des régimes militaires et la création de l'AES montrent une tentative de solution régionale aux crises en cours. Le succès de ces initiatives dépendra de la capacité des nouveaux dirigeants à instaurer une réelle stabilité et à répondre efficacement aux besoins urgents de leurs populations. La mission de médiation du Professeur Abdoulaye Bathily sera cruciale dans cet effort de stabilisation et de réconciliation.
Boubacar Biro Diallo est Consultant en Coopération et Développement International basé à Washington DC
par Aminata Thior
MESSAGE AU PRÉSIDENT DIOMAYE SUR LA REPRÉSENTATIVITÉ DES FEMMES DANS LES INSTANCES DE DÉCISION
EXCLUSIF SENEPLUS - Au bout de 14 Conseil des ministres, l’écart dans les nominations hommes-femmes est effarant. 75 contre 7. Comment peut-on exclure de ce vent d’espoir, l’apport des femmes à la marche du pays ?
Le choc, tout Sénégalais et Sénégalaise sensible à la question de la représentativité des femmes dans l’espace public l’a reçu et encaissé à la sortie de votre première liste du gouvernement avec 25 ministres dont seulement 4 femmes. Nous avions protesté. Nous vous avions écrit que nous ne voulons pas régresser sur la question de la place de la femme dans notre société. La vague de contestations passée, comme de bons Sénégalais et Sénégalaises, nous nous sommes armés de patience et gorgés d’espoir pour voir plus de femmes dans les postes de direction. Mais quel second choc de constater qu’au bout du 14ème Conseil des ministres, l’écart dans les nominations entre les hommes et les femmes est effarant.
14ème Conseil des ministres : 82 nominations. 75 hommes. 7 femmes. C’est terrible, vous persistez et le message semble très clair : vous n’êtes pas sensible à la représentativité des femmes ou alors, ce n’est pas votre priorité. Ou les deux à fois.
Par ailleurs, à chaque fois que vous avez pris la parole pour vous adresser à nous, nous avons vu et entendu un président :
Intelligent
Respectueux de ses concitoyens
Fédérateur, rassembleur
Positif et constructif
Ouvert à écouter ceux et celles qui apportent du ciment pour construire un meilleur Sénégal
Déterminé fortement à apporter un changement dans notre pays
Mais alors, comment un tel profil de président, jeune qu’il est, ouvert au monde, à ses défis et enjeux actuels, dirigeant l’un des pays les plus respectés en Afrique et dans le monde pour la détermination de son peuple, ses hommes et FEMMES de savoir, peut fermer les yeux sur la question de la représentativité des femmes dans les instances de décision ?
Comment peut-on jub, jubal, jubanti sans la présence de près de cette moitié de la population autour de la table ? Comment peut-on développer ce pays si on se passe du cerveau, de la compétence, de la sensibilité, de la finesse, de la rigueur, de l’abnégation, de la détermination, de la hargne, de l'honnêteté et du courage de tous ces profils de femmes que nous avons dans ce pays et sa diaspora ? Comment peut-on avancer sur les questions qui touchent nos filles et femmes si elles ne sont pas présentes là où se prennent les décisions qui impactent leur vie ? Comment peut-on exclure de ce vent d’espoir, l’apport des femmes à la marche du pays ? Comment peut-on envisager une rupture en envoyant un message de régression sur la question des femmes ?
Mais plus encore, vous dirigez un pays qui s’appelle le Sénégal où les femmes ont fortement influé dans les luttes les plus importantes dans ce pays et en Afrique. Elles sont les premières dans les classements dans les écoles et universités. Elles constituent un grand nombre dans le tissu entrepreneurial de notre pays. Elles sont de grandes managers, fonctionnaires, militantes, directrices d’ONG. Elles gèrent les finances de grandes entreprises et programmes. Elles se retrouvent à des postes de responsabilité à l’Union Africaine, à la CEDEAO, au FMI, à l’ONU, à la Banque mondiale. Elles vivent au Sénégal et dans sa diaspora. Cet état de fait, vous ne pouvez en faire fi. C’est de votre responsabilité de continuer à le renforcer et à le pérenniser.
Avec ces rares femmes que vous avez nommées au sommet de l’État et dans les directions générales, vous êtes clairement en train de leur envoyer le message contraire.
Il est temps de faire des efforts pour corriger le tir mon président.
Oui, je veux bien croire que vous êtes rattrapé par la réalité du monde politique et que vous êtes obligé de récompenser mais je refuse de croire définitivement que vous n’êtes pas sensible à la question de la place de la femme dans nos sphères de décision. Et quand bien même vous le seriez, nous avons tous vu à quel point vous apprenez vite. Ainsi, j’ose espérer que ceux qui vous entourent et vous conseillent, vous rappelleront que la présence des femmes, dans les lieux de décision est cruciale à notre époque, pour notre pays et pour la marche du monde.
J’ose espérer qu’un Abdoulaye Bathily vous rappellera le rôle de la femme sénégalaise dans l’histoire politique du Sénégal et dans l’accession à l’indépendance ; et qu’une régression n’est pas envisage.
J’ose espérer qu’une Yacine Fall, ministre des Affaires étrangères, qui a lutté pour la représentativité des femmes, travaillé dans des instances nationales et internationales, côtoyé partout dans le monde des femmes sénégalaises brillantissimes, vous a conseillé de ne pas reléguer au second plan, cette question de la représentativité des femmes.
J’ose espérer que des “He for She” comme Abdourahmane Diouf, Abdourahmane Sarr et d’autres dans votre gouvernement vous ont alerté sur ce sujet …
J’ose espérer que nos journalistes n’oublieront plus jamais de vous interpeller sur l’implication et la place des femmes dans le jub, jubbal, jubbanti ; qu’ils ne reprendront plus les clichés sur cette question dans leurs émissions ; qu’ils ne minimiseront plus les revendications des femmes sensibles à ce sujet et traiteront de manière sérieuse et approfondie, cette question.
J’ose espérer que tous ces brillants hommes et femmes (visibles et de l’ombre) qui vous conseillent et à qui vous avez rendu hommage lors de votre allocution avec la presse sénégalaise le samedi 13 juillet 2024 vous rappelleront que les femmes sénégalaises doivent avoir leur place dans cette rupture pour le développement de notre pays.
Car oui, autant c’est de votre responsabilité de garder le Sénégal sur une dynamique progressiste sur la question de la femme, autant, c’est de leur responsabilité de vous le dire, de vous le conseiller ou de vous le rappeler si vous ne l’appliquez pas.
Vous n’avez pas trouvé mieux au sommet de l’État ? Alors faites mieux mais ne gardez pas le statuquo et surtout, ne faites pas régresser cet acquis.
Par Guimba KONATE
LES JEUX OLYMPIQUES ET NOUS…
Cet évènement mondial de la jeunesse, nous donne l’occasion de remettre au goût du jour une chronique que nous avions fait publier au lendemain des Jeux de Tokyo en 2020 et qui me semble Encore d’actualité. Je vous la livre ci-après pour une relecture ...
Dans quelques jours, les jeux olympiques de Paris vont débuter à la satisfaction des millions de fans et des milliers d’athlètes du monde entier. Que la fête commence. Cet évènement mondial de la jeunesse, nous donne l’occasion de remettre au goût du jour une chronique que nous avions fait publier au lendemain des Jeux de Tokyo en 2020 et qui me semble Encore d’actualité. Je vous la livre ci-après pour une relecture partagée. Suivez…
Les leçons «olympiques» de Tokyo
Les jeux olympiques de Tokyo 2020-2021 viennent de prendre fin. A la satisfaction presque générale de TOUS eu égard à toutes les craintes qui entouraient ces manifestations sportives quadriennales. «Ouf... Tout est donc bien qui finit bien» peuvent se dire les organisateurs et les acteurs qui y ont pris part. Tout le monde rentre à la maison.
C’est l’heure du bilan et des leçons à tirer. Pour notre pays le SENEGAL, ce bilan s’établit comme suit : Zéro médaille d’or, zéro médaille d’argent, zéro médaille de bronze, zéro record national. ZERO PARTOUT. Comme TOUJOURS pourrait-on dire. Et JUSQU’A QUAND ? Doit-on toujours continuer à participer pour participer seulement voire pour figurer uniquement ? Je ne le pense pas. Le sport est devenu une « arme politique et de souveraineté nationale » que nombre de pays ont compris et y investissent à fond pour se faire connaitre, se faire reconnaître et se faire respecter. Notamment les petits pays comme la Jamaïque, les Bahamas, TrinidadTobago, la Tunisie, le Rwanda, le Burundi etc… Souvenons-nous aussi de la Chine qui, dans les années 70 avait réussi à briser son isolement par le biais du tennis de table qui lui avait permis de déclencher «la diplomatie des petits pas» si chère à Henri Kissinger alors Secrétaire d’Etat du Président Nixon pour réchauffer les relations jusque là, très glaciales avec les USA. Le sport, au-delà de toutes les considérations d’ordre financier, de santé et autres, devient donc, un véritable enjeu entre pays qui mérite toutes les formes d’investissement par les Etats.
C’est dans cette optique que dans une publication faite en juin 2019 et intitulée : «JOJ ET CAN 2019 : Petites réflexions sur les sports au Sénégal», je sonnais l’alerte sur le désert incroyable en termes de trophées et de titres de nos sports, de tous nos sports et indiquais quelques pistes pour un mieux être des sports dans notre pays dans la perspective des Jeux Olympiques de la Jeunesse (JOJ) qui devaient se tenir en 2022 chez nous.
La débâcle de nos athlètes à Tokyo, me donne l’opportunité de revenir sur mes propos étant admis que la répétition est pédagogique. En effet, j’écrivais textuellement : «De l’Indépendance à nos jours, notre pays a pris part à presque toutes les compétitions sportives (Jeux olympiques, Coupes du monde, Coupes d’Afrique) sans remporter aucun trophée majeur. Aucune médaille d’or juste une d’argent celle de DIA BA aux 400 M Haies des Jeux Olympiques de Séoul en 2000 quand il aurait même pu gagner l’Or s’il ne s’était pas trop focalisé sur Edwin Moses. En sport collectif, aucune coupe du monde ni d’Afrique mis à part les dix glorieuses des Lionnes et des Lions du basket et quelques titres africains individuels glanés çà et là par les judokas, les karatékas et le Taekwondo. Le bilan est plus que maigre, il est squelettique au regard des ambitions déclarées et des moyens déployés et surtout des talents réels que nous avions dans presque toutes les disciplines. En sport, Le Sénégal n’a JAMAIS RIEN gagné de PROBANT. Et pourtant…»
Un champion Olympique se construit en trois-quatre ans c’est pourquoi et dans la perspective des JOJ 2022, repoussés en 2023, (Dieu Merci) puis en 2026 (DIEU Merci encore) il devient donc plus qu’urgent de repenser notre politique et nos pratiques sportives pour espérer glaner quelque médaille d’Or lors de ces joutes mondiales que nous allons accueillir chez nous. Pour ce faire, les épreuves dominantes des JOJ étant l’athlétisme, il serait temps de détecter et de sélectionner les talents dans toutes les disciplines et s’atteler à leur formation et leur encadrement de haut niveau afin qu’ils puissent atteindre les standards mondiaux en la matière. Sur ce chapitre, les tournois de l’UASSU (Union des Associations Sportives Scolaires et Universitaires) constituaient de véritables viviers de futurs champions qui ne demandaient qu’à être bien encadrés pour éclore au sommet de leur art. C’est le lieu d’interpeller les inspecteurs de la jeunesse et des sports (IJS) de notre pays pour qu’ils daignent quitter les bureaux climatisés et les costumes- cravates pour s’atteler au travail de terrain pour la remise à jour et la redynamisation des activités de l’UASSU afin de dénicher les talents dont regorge notre pays, dans toutes les disciplines.
Dans la même perspective, les écuries de lutte qui sont déjà de véritables concentrations de jeunes gens forts et vigoureux, recèlent des potentiels champions dans les épreuves de force, d’endurance et d’adresse. Ainsi, on peut y trouver des Hercules, véritables mastodontes de muscles purs sans graisse, bons pour la lutte, toutes les formes de luttes et l’haltérophilie ; des «Samsons» pour les lancers (javelotpoids-disques- marteau) qu’il s’agira de bien encadrer pour leur inculquer les techniques à maitriser dans ces disciplines olympiques pour nous valoir de réelles satisfactions à l’avenir. Les compétitions de l’UASSU bien organisées et bien suivies serviront à détecter les talents dans les autres disciplines telles que les courses et les concours. Les Navétanes aussi malgré tous leurs avatars de violence et autres déviances-regorgent de jeunes joueurs de talent qui ne demandent qu’à être bien accompagnés pour devenir des Sadio Mané en puissance. De même, nos plages sont envahies par de véritables nageurs très doués qui ne demandent qu’à se faire bien coacher pour en faire des champions des bassins. Et la liste est loin, très loin d’être exhaustive.
Toutes les morphologies adaptées à toutes les disciplines sportives peuvent trouver de très bons pratiquants chez nous. Il s’agit simplement pour les IJS d’instituer un travail de terrain permanent et sélectionner les bons talents pour une préparation de haut niveau à même de nous valoir des réels motifs de satisfaction lors des grandes compétitions sportives notamment celles des JOJ à venir. Tout cela est possible avec la coopération de pays amis pour la mise à disposition d’entraineurs de haut niveau dans toutes ces disciplines là.
Il est donc temps de changer de paradigmes et de commencer le travail en mode «Fasttrack» pour ne pas vivre des JOJ sans aucune médaille sénégalaise dans aucune discipline. Ce qui serait plus qu’une honte, un déshonneur pour notre pays. Alors du nerf, Messieurs, Dames, les I.J.S, du jarret et AU BOULOT. 2023 c’est déjà DEMAIN pour emprunter la devise de l’I.A.M. (Institut Africain de Management) DIEU nous garde et garde le Sénégal.
Par Idrissa Doucouré
POURQUOI LES INONDATIONS PERSISTENT-ELLES ?
Malgré des investissements de plusieurs centaines de milliards de francs CFA, le problème des inondations reste non résolu, laissant les citoyens dans un désarroi total à chaque période hivernale
Chaque année, le Sénégal se transforme en un océan de désespoir, où des centaines de milliers de familles voient leurs maisons et leurs vies submergées par des flots incontrôlables. Malgré des investissements de plusieurs centaines de milliards de francs CFA, le problème des inondations reste non résolu, laissant les citoyens dans un désarroi total à chaque période hivernale.
Les programmes de gestion des inondations au Sénégal sont comme des barrages de sable face à un tsunami. Ils manquent de planification rigoureuse, de coordination efficace et de maintenance continue. Les experts dénoncent une urbanisation anarchique et une absence de vision à long terme. Les milliards de francs CFA investis semblent se dissoudre dans les eaux, sans apporter de solutions durables.
Les nouvelles autorités sénégalaises, dès leur prise de fonction, ont cherché à mettre les bouchées doubles pour limiter les dégâts. Cependant, les courts délais et les défis immenses rendent la tâche herculéenne. L’engagement des populations, à travers des initiatives comme “Setal Sunu Reew”, est louable mais insuffisant.
Il est fort heureux d’apprendre que les autorités de la troisième alternance entendent procéder à l’évaluation des actions de lutte contre les inondations déroulées dans cette dernière décennie pour ensuite engager une réorientation de la stratégie nationale d’assainissement en cohérence avec le renouveau des politiques en matière d’aménagement du territoire, d’urbanisme et d’habitat. Il faudrait s’en féliciter d’autant plus que les autorités envisagent aussi l’actualisation et la généralisation des Plans Directeurs d’Assainissement (PDA) et de proposer un nouveau Programme Intégré de Développement de l’Assainissement (PIDA). Espérons que ces initiatives privilégieront des approches de planification participative et de cesser aussi ou tout au moins réduire l’implémentation verticale des projets ou programmes sans une bonne implication des communautés. À ce niveau, les services techniques et les municipalités devraient se réunir avec les communautés, présenter les projets, les types d’actions et aussi les coûts et faire preuve de flexibilité pour opérer les réaménagements nécessaires. Aussi, la participation des communautés dans la mise en œuvre et le suivi, reste fondamentale, répondant ainsi aux impératifs de transparence et de redevabilité.
Une telle approche devrait aussi permettre de donner un contenu opérationnel aux concepts d’appropriation et de pérennisation. Les politiques publiques doivent en réalité être perçues comme des politiques communautaires, c’est-à-dire visant au premier chef le bien-être des populations. « Agir sans les populations, c’est agir contre elles », comme le disait Thomas Sankara.
Cette approche, qui va marquer une rupture dans la façon dont les questions d’inondations étaient gérées jusqu’ici, démontre à suffisance la volonté de passer à une échelle stratégique supérieure comme cela se fait dans les grands pays au monde. Prenons exemple sur les Pays-Bas, un pays qui a su transformer ses contraintes en opportunités. Situé en grande partie sous le niveau de la mer, ce pays a développé des infrastructures de gestion durable des eaux parmi les plus avancées au monde. Les polders et les digues sont des témoignages vivants de leur maîtrise des techniques de gestion des inondations. Les canaux, quant à eux, ne sont pas seulement des voies de drainage, mais aussi des artères de navigation et des lieux de loisirs.
Le Japon et Singapour ont également réussi à dompter les inondations. Le Japon, avec ses systèmes de drainage souterrains titanesques au profit de l’agriculture, et Singapour, avec ses réservoirs intégrés dans des parcs urbains, montrent qu’il est possible de transformer une menace en atout. Ces pays ont su allier technologie, planification et engagement communautaire pour créer des environnements résilients et prospères.
Pour transformer les inondations en sources de développement, il est impératif de repenser la gestion des eaux de manière holistique, dans le cadre de la généralisation des PDA et la formulation du PIDA. Il faut investir dans des infrastructures durables, renforcer la coordination entre les acteurs et impliquer les communautés locales. En s’inspirant des modèles réussis à l’étranger et en adaptant ces stratégies au contexte sénégalais, notre pays peut non seulement atténuer les effets des inondations, mais aussi en faire des opportunités de croissance économique.
Les inondations, loin d’être une fatalité, peuvent devenir un levier de développement et de résilience pour le Sénégal. Les nouvelles autorités, pour une gestion durable et efficiente des inondations, doivent saisir l’opportunité de la formulation du PIDA pour transformer les défis en atouts, les contraintes en opportunités, et les inondations en sources de prospérité. « L’avenir appartient à ceux qui se lèvent tôt », et il est temps pour le Sénégal de se lever et de transformer ces défis en opportunités.
Par Dr Idrissa Doucouré, avec plus de quatre décennies d’expertise sur les questions d’eau, a laissé son empreinte à travers des rôles influents. Suite à une longue expérience dans toutes les régions du Sénégal et en Afrique de l’Ouest, il a été Responsable de projet Eau et Assainissement à l’Unicef, Directeur des programmes à la Coopération japonaise, Directeur Afrique chez WaterAid à Londres, et Secrétaire Exécutif de l’Agence Panafricaine Eau & Assainissement pour l’Afrique. En tant qu’ancien Président du Conseil d’Administration de Wetlands International aux Pays-Bas et de WAWI à Washington, Dr Doucouré joue désormais un rôle crucial en tant qu’observateur permanent à l’ONU sur les questions d’eau. Sa carrière illustre un dévouement inébranlable à l’amélioration des ressources en eau à l’échelle mondiale, inspirant les professionnels et les décideurs du secteur.
LES ASSASSINATS POLITIQUES NE SONT PAS SEULEMENT UN PROBLEME AMERICAIN
Ils ont été trop fréquents tout au long de l’histoire
Ils ont été trop fréquents tout au long de l’histoire
Au moment où Jules César est mort avec les mots « Et tu, Brute ? » sur les lèvres, les assassinats politiques étaient déjà monnaie courante. Mais sont-ils devenus plus rares à l’époque moderne ? La tentative d’assassinat de l’ancien président américain Donald Trump était-elle un événement aberrant dans les démocraties modernes ? La réponse courte est non. Les États-Unis, bien sûr, ont une longue histoire d’assassinats et de tentatives d’assassinat qui incluent Abraham Lincoln, John F. Kennedy et son frère Robert F. Kennedy, Martin Luther King Jr. et plus récemment Ronald Reagan. Mais les assassinats sont également relativement courants en dehors des États-Unis. Et ils n’apportent que rarement les changements radicaux que le tueur désire.
Qu’est-ce qui compte comme un assassinat ?
Un assassinat est le meurtre d’un individu éminent et puissant, en particulier d’une personnalité politique. Rarement des attaques aléatoires, les assassinats sont une forme extrême de protestation basée sur l’hypothèse que l’élimination d’un seul individu changera le paysage politique.
Pourtant, tous les assassinats politiques ne sont pas des assassinats.
Par exemple, les États ordonnent fréquemment des exécutions ciblées extrajudiciaires, ce qui est malheureusement en augmentation.
Dans la Russie de Vladimir Poutine, l’État a orchestré un grand nombre d’empoisonnements mortels, de fusillades, d’accidents d’avion et de défenestrations.
Le Premier ministre canadien Justin Trudeau a récemment accusé l’Inde d’avoir ordonné de frapper un séparatiste sikh au Canada. Le journaliste Jamal Khashoggi a été assassiné à l’intérieur de l’ambassade saoudienne à Istanbul – une exécution que les agences de renseignement américaines accusent le prince héritier saoudien d’approuver.
Pour leur part, les États-Unis ont eu recours à plusieurs reprises à des assassinats ciblés extrajudiciaires contre des cibles de premier plan, telles que le cerveau du11septembre, Oussama Ben Laden. Israël utilise également régulièrement la violence meurtrière contre des cibles à l’extérieur de ses frontières. Les assassinats, cependant, sont souvent considérés comme des actes de violence « non officielle » commis par des personnes extérieures aux structures de l’État.
Généralement commis par des individus qui s’opposent à la direction prise parles dirigeants politiques, les assassinats rejettent l’idée que seuls les États ont le droit d’utiliser ou d’autoriser la force physique. C’est ce qu’on appelle souvent « un monopole d’État sur la violence ».
L’évolution des assassinats politiques
À l’apogée des puissantes monarchies européennes avant le XXe siècle, les groupes révolutionnaires ont utilisé des assassinats pour faire comprendre au peuple que, malgré tout leur pouvoir, les dirigeants de l’époque étaient aussi mortels.
Selon un historien, les révolutionnaires ont tenté de tuer « presque tous les grands dirigeants et chefs d’État européens » à la fin des années 1800.
Par exemple, dans un acte de ce que certains anarchistes appelaient la « propagande par l’action », le tsar Alexandre II a été assassiné par le groupe révolutionnaire russe Volonté du peuple en 1881. Leurs camarades italiens ont ensuite réussi à tuer l’impératrice Elisabeth de l’Empire austro-hongrois en 1898. D’autres assassins de l’époque étaient de fervents nationalistes. Le plus célèbre d’entre eux est peut-être le Serbe Gavrilo Princip, dont le meurtre de l’archiduc François Ferdinand des Habsbourg a conduit à la Première Guerre mondiale.
Après la guerre, les paramilitaires fascistes et proto-fascistes en Italie et en Allemagne ont également utilisé des assassinats politiques dans le cadre de leur terreur.
Les socialistes Rosa Luxemburg et Karl Liebknecht, par exemple, ont été assassinés par des paramilitaires de droite à Berlin en 1919. Avant que l’Italie ne sombre complètement dans la dictature fasciste, l’éminent socialiste Giacomo Matteotti a été assassiné par les hommes de main de Benito Mussolini à Rome.
Pendant la Seconde Guerre mondiale, les groupes de résistance ont également utilisé des assassinats contre les nazis. L’assassinat de Reinhard Heydrich, le chef SS qui a joué un rôle clé dans l’exécution de l’Holocauste, à Prague en mai 1942 est encore célébré aujourd’hui en République tchèque.
Dans les décennies qui ont suivi la guerre, les groupes d’avant-garde révolutionnaires d’ultra-gauche ont commencé à adopter avec enthousiasme la tactique politique des assassinats.
En Allemagne, par exemple, la Fraction armée rouge a assassiné des banquiers, des industriels, des politiciens et d’autres dirigeants des années 1970 aux années 1990 dans l’espoir de fomenter la révolution.
Un groupe similaire en Italie, les Brigades rouges, a assassiné le Premier ministre Aldo Moro en 1978.
Aux États-Unis, Sara Jane Moore a également cherché à déclencher une révolution avec sa tentative d’assassinat du président Gerald Ford en 1975, deux semaines seulement après que Lynette « Squeaky » Fromme, membre de la famille Manson, ait tenté de faire la même chose
Tuer pour la nation
Alors que ces révolutionnaires ont eu recours à la violence pour atteindre leurs objectifs, les assassinats par les ultranationalistes se sont également poursuivis sans relâche.
Quelques mois seulement après l’indépendance de l’Inde de laGrande-Bretagne, le chef de la résistance Mahatma Gandhi a été assassiné par un extrémiste de l’Hindutva qui estimait que Gandhi avait promu l’unité islamo-hindoue.
D’autres assassinats politiques très médiatisés ont suivi en Inde :
La Première ministre Indira Gandhi, qui a été tuée par ses gardes du corps sikhs en 1984 après avoir ordonné une action militaire contre les séparatistes sikhs et son fils, Rajiv Gandhi, ancien Premier ministre, qui a été assassiné alors qu’il était en campagne électoraleen1991parunkamikaze des Tigres tamouls après que les relations entre le mouvement séparatiste et le gouvernement indien se soient détériorées.
En 2007, Benazir Bhutto, l’ancienne Première ministre du Pakistan, a survécu à une tentative d’assassinat (un attentat à la bombe qui a tué180personnes) avant d’être tuée dans une autre.
Les raisons de l’assassinat restent obscures. Certains pensent qu’elle a été ciblée par des islamistes en colère contre sa proximité avec l’Occident ; d’autres croient que le président de l’époque Pervez Musharraf voulait se débarrasser d’un rival gênant. Musharraf a ensuite été inculpé de son meurtre ; il nie toute responsabilité.
Ailleurs, l’ultranationalisme a été la motivation de l’assassinat du Premier ministre israélien Yitzak Rabin par un ultra-sioniste de droite en 1995. Rabin a été tué (comme Anouar el-Sadate d’Égypte l’avait été avant lui) pour avoir tenté de parvenir à un accord de paix entre Israël et les Palestiniens.
Pour l’effet que son assassinat a eu sur la forme du Moyen-Orient contemporain, certains l’ont qualifié d’« assassinat le plus réussi de l’histoire ».
Malheureusement, les assassinats restent trop fréquents en Afrique aujourd’hui. Un rapport a estimé qu’ily avait eu 185 assassinats sur le continent rien qu’en 2019 et 2020, principalement de politiciens, de dirigeants de la société civile et de la communauté, et de journalistes. On estime que 80 % des assassinats en Afrique sont motivés par des considérations politiques.
L’Amérique latine est également fréquemment secouée par des assassinats. Ces dernières années, le candidat à la présidence anti-corruption Fernando Villavicencio a été assassiné en Équateur, apparemment par des personnalités liées à de puissants cartels de la drogue.
Et le candidat à la présidence de l’époque, Jair Bolsonaro, a été poignardé lors d’un rassemblement au Brésil – une attaque qui l’aurait aidé à remporter les élections de 2018.
Assassinats en Occident
Les assassinats continuent également d’être fréquents dans les démocraties libérales, bien que les gouvernements soient globalement plus stables. Les raisons de ces problèmes varient, bien que ces dernières années, de nombreux politiciens aient été ciblés par des extrémistes de droite.
Au Japon, Shinzo Abe a été assassiné en 2022 par un tireur solitaire qui en voulait à une église qu’il pensait que l’ex-Premier ministre avait soutenue.
En Allemagne, un politicien conservateur, Walter Lübcke, a été assassiné en 2019par un extrémiste de droite violemment opposé à sa politique pro-migratoire. Un extrémiste d’extrême droite était également à l’origine du meurtre de la députée britannique Jo Cox en 2016.
Plus tôt cette année, le Premier ministre slovaque, Robert Fico, a été grièvement blessé par un homme armé ayant des liens avec des groupes de droite. À l’inverse, c’est un politicien d’extrême droite, Pim Fortuyn, qui a été assassiné aux Pays-Bas par un concitoyen indigné par la façon dont Fortuyn avait fait des musulmans néerlandais des boucs émissaires à des fins politiques.
La fin des assassinats ?
Tant que les personnes mécontentes en dehors du processus politique sentiront que quelque chose peut être gagné en tuant un individu éminent, les assassinats continueront d’être une partie macabre du paysage politique. Les exécutions extrajudiciaires sanctionnées par l’État semblent également susceptibles de se poursuivre.
Mais comme les anarchistes lanceurs de bombes du début du XXe siècle l’ont compris, tuer une personnalité politique individuelle apporte rarement le changement généralisé souhaité par l’acte.
Il est impossible d’assassiner un système, une structure, un mouvement ou une idée. Un véritable changement politique nécessite des formes d’engagement plus complexes que le raccourci de la balle de l’assassin.
THECONVERSATION.COM
par Amadou Diaw
DE LA NÉCESSAIRE MOBILITÉ, CIRCULER EST UN DROIT HUMAIN
EXCLUSIF SENEPLUS - Que d’obstacles vécus par les migrants. À travers chaque pas coûteux, chaque navigation périlleuse, les jeunes d'Afrique expriment leur désir de vivre. Honte à nous. Oui, nous sommes tous responsables
Guet Ndar. Quartier traditionnel de Saint-Louis. Les pirogues colorées portent des étendards de divers pays. Ce soir, elles descendront le long du fleuve avant d’affronter la barre. Quelques sages, sous des abris de fortune, observent le temps passer. Des jeunes, enfants insouciants, adolescents à la peau brûlée par ce mélange de sel et de soleil, des moins jeunes dans l’attente du prochain départ, envahissent les ruelles. Les demeures sur cette petite bande de terre attendent d’être rongées par les vagues de l’océan Atlantique.
Là, le murmure solennel d'un enfant du village des pêcheurs, l'écho de sa voix assurée résonne encore à mes oreilles : « Rien, absolument rien, ne saurait contenir l'écume des départs juvéniles. Nous nous en irons, toujours plus nombreux, portés par le regard de notre mère démunie, portés par les pleurs de nos sœurs. »
Telle une invitation à revenir à la réalité, un véritable coup de semonce, cette déclaration a métamorphosé ma perception du phénomène. Il me fallait accepter, me résigner, mieux encore, agir, inviter les décideurs, dirigeants de nos pays, ministres, diplomates et émissaires, à renoncer à promettre un arrêt de l'hémorragie. Mission impossible !
Oui, ces jeunes partiront. Ils partiront encore nombreux. Ils partiront encore plus loin.
Hier, ils étaient des dizaines, dans les cales de l’Ancerville. Ce navire mythique qui assurait la ligne de Dakar à Marseille, est à quai à Shekou, en Chine, Transformé en important centre de loisirs. Lui, il a eu droit à une autre vie.
Aujourd’hui, les pirogues géantes de Guet Ndar, de Mbour, vont vers les Canaries. Grandes et Petites. Aujourd’hui, des camions mènent cette jeunesse dans les prisons de Libye, puis dans le ventre des mers. Et Demain ?
Honte à nous. Oui, nous sommes tous responsables. Méditons.
Les yeux fermés. Expiration. Ouvrons les yeux. À travers les tumultes de l'histoire, des générations ont affronté les épreuves les plus ardues. Des arabes, puis des européens, puis des maures, en quête de richesses et de convictions, se sont aventurés au-delà des mers, des déserts pour « découvrir » les contrées lointaines : l'Afrique, l'Amérique et l'Asie. Les trois M (Militaires, Missionnaires et Marchands) à l'appétit insatiable, tous sont partis pour des voyages audacieux, des rencontres avec l'inconnu.
C’était hier. Sommes nous amnésiques ? Il n’y a pas si longtemps, pourtant. Ils ont détruit. Ils ont brûlé les villages. Ils ont effacé. Ils ont déchiré, et le Serment du Chasseur(1222) et la Charte de Kouroukan Fouga (1236). Ils ont déstructuré. Ils ont remplacé. Un Grand remplacement. Ils ont « civilisé ».
Quelques siècles après, la soif de découverte, l'insatiable besoin de réalisation poussent encore l'homme à traverser des déserts brûlants, des océans infinis et des mers déchaînées. La mobilité, intrinsèque à notre essence, transcende les frontières physiques pour atteindre l'ailleurs. Acceptons cela. Notre destin est forgé par un incessant désir de se connecter aux mondes lointains.
Repensons donc le statut des nouveaux citoyens. Les Citoyens du monde.
Que d’obstacles vécus par les migrants. À travers chaque pas coûteux, chaque nuit passée dans les prisons du Maghreb, chaque être violé, chaque navigation périlleuse, chaque embarcation avalée par la Méditerranée, les jeunes d'Afrique expriment leur désir de vivre et tendent cette main de l'espoir à l'humanité, qui trop souvent feint de ne pas la voir. Ouvrons nos yeux. Ouvrons nos bras.
Achille Mbembe nous interpelle. Il fait écho : « La circulation des hommes exige des politiques d'hospitalité, d'ouverture et l'invention de nouvelles formes de citoyenneté. »
Oui, mettons en œuvre de nouvelles formes de citoyenneté. Ouvrons nos bras. Redevenons humains. Et pensons plus aux ponts à installer qu’aux murs à construire. Et surtout, ré-enchantons le Monde.
Du rêve? Peut-être.
Mais, crions le, haut et fort, en espagnol et en sérere, en italien et en amharique, en anglais, en Kinyarwanda : « Circuler est un droit humain fondamental, n’en faisons pas une aventure mortifère. Être de quelque part, c’est avoir la possibilité de partir et d’y revenir »
par Ibrahima Diawara
DIOMAYE FACE À LA PRESSE NATIONALE : MATURITÉ, VÉRITÉ ET EXIGENCES
La rupture exige d’agir vite pour ne pas laisser de répit au camp de la soumission aux intérêts étrangers et du bâillonnement des libertés démocratiques et pour engager dans des conditions optimales les chantiers de la révolution républicaine
La conférence de presse du samedi 13 juillet 2024 de Bassirou Diomaye Faye fera date dans l’histoire de la communication politique au Sénégal. Combien de Sénégalaises et Sénégalais qui ont suivi cette interview se sont endormis ce jour-là avec le baume au cœur et le sentiment que le Sénégal est bien sur une trajectoire progressiste. Diomaye a clairement fixé le cap modélisé dans le Projet pour Une Rupture véritable dans notre pays.
La prestation du jeune président de la République qu’ont choisi les sénégalaises et sénégalais est l’expression vivante d’une jeunesse vibrante qui a tant donné avec courage et détermination pour qu’un jour nouveau se lève sur notre pays. Diomaye est jeune, mais il n’en a pas moins projeté l’image d’un leader empreint de sagesse authentiquement africaine, de sérénité, de courtoisie et de pondération, d’une grande capacité d’écoute.
Son interview a aussi révélé une réelle empathie, le respect d’autrui, une grande rigueur, une bonne maîtrise des dossiers, un patriotisme et un panafricanisme assumés sans ostentation.
Merci président pour cette bouffée d’oxygène. Le peuple vous a écouté, il vous a compris.
La clique réactionnaire et fascisante qui pleure son paradis perdu actionne ses sordides officines pour créer la confusion et semer le doute dans la conscience des classes populaires base sociale du nouveau pouvoir. Il convient de rappeler à leurs scribouillards stipendiés qui déversent leur fiel dans les réseaux sociaux, sur les plateaux de télévision et à longueur de unes et de colonnes de la presse « gâche-papier » que, n’en déplaise, « les chiens aboient et la caravane passe ».
Une seule requête Monsieur le président. La refonte radicale des institutions dans la ligne des Assises nationales, de la Commission nationale de réforme des institutions et du Pacte National de Bonne Gouvernance Démocratique, la rationalisation des dépenses de l’État avec au premier chef la suppression des institutions inutiles et budgétivores et la réduction drastique des dépenses de prestige, le renouvellement du leadership des structures de l’administration et des entreprises publiques doivent être accélérés.
Pas de précipitation, certes, mais la rupture exige d’agir vite pour ne pas laisser de répit au camp de la soumission aux intérêts étrangers et du bâillonnement des libertés démocratiques et pour engager dans des conditions optimales les chantiers de la révolution républicaine et Démocratique portés par le Projet pour un Sénégal souverain, juste et prospère.
Les manœuvres de certains responsables, installés par l’ancien régime et incarnant l’administration corrompue rejetée massivement par les Sénégalaises et Sénégalais pour être dans les bonnes grâces des nouvelles autorités doivent être bien comprises et annihilées (Babacar Diagne CNRA, Bocar Sy BHS, Innocence Ntap Ndiaye HCDS et le néo-rallié Lansana Gagny Sakho, etc.)
Il faut aussi veiller à combattre, au sein du courant patriotique et démocratique, les velléités carriéristes et opportunistes qui sont en train de se développer, en contradiction flagrante avec notre belle devise : « don de soi pour la patrie ». Le camp patriotique lui-même n’est pas épargné par la course effrénée aux « promotions » certains étalant les « services » rendus et sacrifices « consentis » durant la longue et dure phase de conquête du pouvoir pour réclamer leur part du « gâteau ». La Direction de départements ministériels, de services stratégiques de l’administration centrale, d’agences ou d’entreprises publiques, est encore considérée par beaucoup comme une sinécure, le moyen de faire étalage d’un luxe ostentatoire : gros salaires, grosses cylindrées, fréquents voyages hors du pays extrêmement dispendieux et parfois inutiles…….
Il convient de rappeler que, dans la voie tracée par la lettre du 6 avril du président de la République aux fonctionnaires et agents de l’administration du Sénégal, la nomination à des fonctions de Direction, loin d’être une sinécure, est une lourde charge qui requiert patriotisme, intégrité et expertise. Être porté à de telles responsabilités, c’est rejoindre son poste de combat, pour bâtir le Sénégal prospère et rayonnant, auquel aspire notre peuple. Ceci est un sacerdoce qui commande un style de vie sobre et un exceptionnel engagement au travail.
par Mohamed Lamine Ly
LES DÉFIS DE LA COMMUNICATION POUR LA SANTÉ
Si la communication pour la santé a longtemps reposé sur une approche descendante, elle doit désormais encourager la participation communautaire. Seule une implication citoyenne peut contrer défiance et rumeurs dans un contexte de crises sanitaires
Les media de notre pays jouent un rôle grandissant dans la communication sur la santé. En effet, que ce soit au niveau de la presse écrite avec ses rubriques santé, qu’à celui de l’audiovisuel, les problématiques sanitaires font l’objet de traitement, sinon quotidien, tout au moins très fréquent et régulier, avec la participation décisive des professionnels de la Presse.
Parmi les stratégies pour lutter contre les problèmes prioritaires de santé, les moyens de communication sont largement utilisés par les gouvernements, les partenaires techniques et financiers, ainsi que les acteurs de la société civile et autres organismes à but non lucratif, pour amener la population à adopter des comportements favorables à la santé.
La communication pour la santé pourrait se définir comme l’étude et l’utilisation des stratégies de communications interpersonnelles, organisationnelles et médiatiques, visant à informer et à influencer les décisions individuelles et collectives propices à l’amélioration de la santé.
Sur le plan des contenus, il ne fait aucun doute, que le volet préventif occupe une place appréciable dans les émissions et articles de presse dévolus à la santé. C’est ainsi que divers thèmes y sont abordés, tels que la santé de l’enfant (vaccination, nutrition…), l’alimentation saine et équilibrée des adultes, la pratique régulière d’activités physiques, la santé reproductive, la sensibilisation sur les maladies non transmissibles y compris sur la prévention du diabète, de l’hypertension artérielle et de divers cancers (tabagisme, dépistage des cancers du sein, du col de l’utérus…etc.)…
Néanmoins, la prise en compte des déterminants sociaux de la santé laisse encore à désirer, du fait que la participation communautaire à la santé et aux autres secteurs de développement (hydraulique, agriculture, habitat, hygiène, assainissement, microfinance...) ne réussit pas encore à s’émanciper totalement de la tutelle des techniciens.
De fait, les communautés, souvent réduites au rôle d’auxiliaires ou de faire-valoir, ne s’impliquent pas encore suffisamment dans les questions comme l’identification et la priorisation des besoins, ainsi que sur celles portant sur la gouvernance et la redevabilité.
On ne peut manquer de signaler certains aspects négatifs liés à la publicité faite sur les médias, relatifs aux bouillons de cuisine, à la dépigmentation artificielle, sans oublier celle au profit de certains charlatans, qui mettent en danger la vie des sénégalais, compromettant les efforts faits pour la revalorisation ou la réhabilitation de notre médecine traditionnelle.
Au début, la communication pour la santé était considérée comme suffisante pour atteindre les objectifs sanitaires et on doit admettre qu’ils ont été de puissants moteurs de promotion de la santé.
Des progrès tangibles ont été notés dans divers domaines comme la santé de la mère et de l’enfant (vaccinations, surveillance nutritionnelle et pondérale, prise en charge intégrée des maladies de l’enfance, suivi pré et postnatal, accouchement assisté, planning familial…) et la lutte contre les maladies courantes, particulièrement, celles ciblées par le Fonds Mondial (paludisme, tuberculose et sida), sans oublier les maladies non transmissibles.
Mais les décideurs de la Santé ont fini par se rendre compte des limites de la communication pour la Santé, qui devrait participer d’un contexte global, où la santé devient l’affaire de tous.
Faute d’une véritable responsabilisation des communautés de base dans la gestion de leur santé et à cause de l’implication intempestive de fondations prétendument philanthropiques dans la Santé globale, l’émergence de puissants mouvements complotistes a sévèrement desservi les acteurs de communication pour la Santé.
Une des illustrations les plus caractéristiques de cet état de fait a été l’essor, dans les pays développés, de vastes mouvements anti-vaccins, ayant conduit, il y a quelques années, à la résurgence de maladies virales comme la rougeole aux USA. On a également observé, dans des pays comme le Pakistan, l’Afghanistan ou le Nigéria, une hostilité exacerbée envers les campagnes d’éradication de la poliomyélite, avec des répliques de moindre envergure, dans certains autres pays africains (dont le nôtre) ou asiatiques.
Mais le sommet de la défiance contre la santé globale a été atteint lors de la pandémie de Covid-19, venant couronner un cycle ayant débuté en 2002, avec l’apparition du SRAS en Chine, suivi par plusieurs autres maladies émergentes, à fort potentiel épidémique voire pandémique (comme la grippe aviaire à A/H5N1, la grippe A/H1N1, le MERS-CoV, la grippe aviaire A/H7N9).
De par son ampleur, sa gravité avec une mortalité élevée chez les personnes âgées et ses conséquences dramatiques sur le plan économique, la pandémie de Covid-19 s’est dédoublée en une infodémie, c’est-à-dire une pandémie de fake-news allant du déni pur et simple de la maladie à des accusations d’arrière-pensées mercantilistes sur la commercialisation des vaccins ou de médicaments onéreux.
Ces rumeurs sont d’autant plus difficiles à combattre, qu’elles empruntent principalement le canal digital préféré aux media institutionnels, devenus moins crédibles, du fait qu’elles sont souvent les porte-voix des puissances d’argent. D’où l’impérieuse nécessité pour les pouvoirs publics de se démarquer de la cupidité, des intérêts privés de Big Pharma et de se réapproprier des informations sanitaires basées sur des données fiables et probantes, pour servir le bien commun.
Pour cela, il faut permettre aux intervenants de mettre en œuvre une communication des risques et de l’engagement communautaire (CREC), en vue de co-construire avec les communautés des stratégies pour prévenir l’exposition, stopper la transmission et amoindrir l’impact de l’épidémie.
Il faudrait, en outre, dans le cadre de la santé digitale, outiller les professionnels de la communication dans le domaine de la santé, pour qu’ils puissent tirer parti des connaissances sociales et comportementales, en vue de concevoir, mettre en œuvre et évaluer les communications digitales en matière de santé.
Ils apprendront ainsi à développer et à mettre en œuvre des campagnes de santé réussies sur les médias sociaux, et à évaluer leurs performances et leur impact sur les comportements liés à la santé.
Dr Mohamed Lamine Ly est spécialiste en santé publique.
Vivement que les demons de la divisions ne invite au milieu de ce duo pour le bien du Sénégal car tout clash sera très dur. Le Premier ferait quand bien de ne pas donner limpression que c’est lui qui prend la decisions. Que chacun reste dans ses fonctions
Le journaliste Mademba Ndiaye plaide pour une bonne campagne de promotion du Pacte national de bonne gouvernance démocratique auprès des différentes composantes de la société comme les médias, les rappeurs et les chefs religieux afin de soutenir l'adoption de cet outil de gouvernance par le président Diomaye Faye, dont le régime est victime d'une certaine perception dû à son caractère bicéphale.
Le Pacte national de bonne gouvernance démocratique (PNBGD) est un bon outil de gouvernance conçu par des organisations de la société civile au plus fort de la dernière campagne électorale et destiné aux gouvernants.
Seulement, cet outil est très peu connu par les Sénégalais alors même que sa mise en œuvre par le nouveau gouvernement de Diomaye Faye se fait encore attendre bien qu’il l’eût bel et bien signé comme 12 autres anciens candidats à la présidentielle du 24 mars 2024. La mise en œuvre du Pacte et la nouvelle Assemblée changera certainement la perception que les citoyens ont de l'Exécutif actuel.
L’architecture du nouveau gouvernement interpelle bien des observateurs du fait de son caractère bicéphale même si ce n’est pas une première au Sénégal. En effet, quelques décennies plus tôt, les premiers dirigeants du Sénégal indépendant étaient presque dans la même situation.
Toutefois, Senghor et Mamadou Dia étaient dans un bicéphalisme formel donc constitutionnellement organisé, selon Mademba Ndiaye. Les problèmes sont survenus quand l’une des personnalités a voulu passer outre la constitution pour poser des actes.
Le régime Sonko-Diomaye va-t-il échapper à une crise? Rien n’est moins sûr. En tout cas, pour le moment des actes posés par l’un et de l’autre ne sont pas toujours et forcément bien perçus à tort ou à raison puisque contrairement à Senghor et Dia, Diomaye et Sonko sont dans un bicéphalisme informel.
En effet, ce bicéphalisme informel du régime de Diomaye-Sonko pose un problème de perception auprès des citoyens à tel enseigne que certaines actions normales posées par le Premier ministre sont perçues comme anormales par certains observateurs.
Toutefois, les prochaines législatives devraient clarifier cette situation pour que chacune des deux personnalités sache les prérogatives constitutionnelles qui lui sont dévolues constitutionnellement parlant.
Pour que le duo continue de travailler en parfaite harmonie, selon Mademba Ndiaye, il faudrait que le Premier ministre fasse tout faire pour éviter de donner l'impression qu'il grignote les prérogatives du président de la République, montrer tout simplement du respect au chef de l'Etat en dépit de la vieille amitié qui les lie et des fonctions que chacun est amené à occuper du fait de la tournure des événements qui se sont succédé sous le magistère du précédent régime.
Le duo en tout état de cause devrait tout faire pour éviter le clash, car tout premier clash sera pratiquement un crash parce que ce sera très dur pour la suite pour les deux dirigeants qui ont connu l'amère saveur de leur militantisme et qui sont partis du bas niveau au sommet de la tour, de la prison à la présidence pour l'un et de la prison à la Primature pour l'autre.
Par Sankoun FATY
SAUVEZ LE SOLDAT CSM
La coïncidence est trop heureuse pour qu’on ne s’y arrête pas pour mieux analyser l’actualité nationale la plus brulante de ce week-end : la rencontre du président de la République avec la presse nationale
La coïncidence est trop heureuse pour qu’on ne s’y arrête pas pour mieux analyser l’actualité nationale la plus brulante de ce week-end : la rencontre du président de la République avec la presse nationale. Ce 9 juillet 2024 en effet, en France, le Conseil supérieur de la magistrature a présenté son rapport annuel lors d’une con¬férence de presse. A cette occasion, M. Christophe Soulard, Premier président de la Cour de cassation, a relevé que «depuis plusieurs années, dans plu-sieurs pays, il y a une remise en cause de l’Etat de Droit. Nous voulons défendre l’indé¬pendance de la Justice au bénéfice du justiciable…Le Csm, garant de l’indépendance de l’autorité judiciaire, s’inquiète vivement de la multiplication et de la répétition de ces attaques (Ndlr. Contre la justice) et de l’écho qu’elles trouvent aujourd’hui dans l’opinion publique. Le droit et le juge seraient-ils devenus les ennemis de la démocratie ?», s’est-il interrogé. Sans désemparer, il alerte sur cette tendance notable dans certains pays qu’il ne nomme pas, où des régimes qualifiés de «illibéraux» opèrent de «savantes opérations de reprise en main de leur système judiciaire, à commencer par leurs cours suprêmes et leurs cours de justice». La similitude avec la situation vécue au Sénégal ces dernières années, est fort troublante.
En écoutant le président de la République, Sem Bassirou Diomaye Faye lors de sa rencontre avec la presse nationale ce samedi 13 juillet, autant j’ai noté avec satisfaction son engagement ferme à assainir la gestion de l’Etat et nos ressources au plus grand profit des populations, autant je n’ai pas manqué d’avoir les mêmes préoccupations que ce haut magistrat français concernant particulièrement ses actes posés et intentions exprimées à l’endroit de notre Conseil supérieur de la magistrature (Csm). En effet, après avoir réaffirmé son indifférence sur sa présence ou non au sein de cette instance, annoncée la première fois à la cérémonie de remise du rapport des Assises sur la justice, il a révélé être dans le processus de nomination aux fonctions dans la magistrature après avoir «enquêté» avec ses collaborateurs et son administration sur les «profils des magistrats qu’il faut mettre» aux différentes positions et y avoir travaillé avec son Premier ministre. Il a ensuite insisté sur la nécessité pour lui, de s’entourer de «garanties» d’avoir les magistrats qu’il faut à la place qu’il faut. Autrement dit, le sort des magistrats (pouvoir judiciaire) se joue présentement au palais de la République (Pouvoir exécutif). La qualité de l’Etat de Droit se mesure beaucoup au degré de limite d’actions entre les trois pouvoirs. Il apparait ici, une grosse entorse par rapport à cette donne et un net décalage par rapport à l’engagement jusqu’ici affirmé de renforcer l’indépendance de la magistrature.
Enfin, le président de la République a évoqué l’élargissement du Csm à des personnalités autres que des magistrats, en prenant exemple sur le Cos-Pétrogaz. Des magistrats auraient été «choqués» par cette perspective selon un journal de la place. Cela se comprend aisément du fait d’abord de la faiblesse de l’argument tiré du Cos-Pétrogaz, organe de gestion des ressources pétrolières et gazières qui intéresse quasiment tous les secteurs de développement économique et social, alors que le Csm porte exclusivement sur la gestion du personnel magistrat (nomination et discipline). Ensuite, dans toutes les autres corporations apparentées (ordre des avocats, ordre des notaires etc.), l’instance de décisions est exclusivement composée des membres de ladite corporation. Enfin, contrairement à une préoccupation forte des Assises de la justice, la «domestication de la magistrature» appelée à être éradiquée, se dessine à travers les mesures ainsi préconisées.
Les prémices de cette «sortie de route» du «Jub, jubël, jubënti» sont apparues avec les tout premiers décrets, pris par le Président Faye, 24 heures à peine (le 3 avril) après son installation dans ses fonctions, en violation (déjà) des dispositions pertinentes des article 90 de la Constitution et 4 de la loi organique portant statut des magistrats, qui soumet toute décision portant sur la nomination d’un magistrat, à l’avis du Csm sur proposition du ministre en charge de la Justice. Ces décrets, rappelons-le, avaient pour but d’annuler ceux pris par son prédécesseur, le Président Macky Sall, à quelques jours de la fin de son mandat à la tête de l’Etat, contrairement aux principes de bienséance dans la pratique républicaine, qui est de laisser au successeur les dernières décisions engageant l’Etat du Sénégal. L’ex-juge Hamadou Dème a vivement dénoncé ces écarts procéduraux et sermonné ainsi «Monsieur le président de la République, on ne soigne pas le mal par le pire». Le mal étant le manque d’élégance du Pré¬sident sortant, le pire, la violation (précoce) de la Cons¬titution par son nouveau gardien.
Il y a là autant d’actes qui s’apparentent aux «savantes opérations de reprise en main» du système judiciaire dont parle le juge Soulard (cité plus haut). Il est clair que ces trois dernières années, la justice au Sénégal a été particulièrement «malmenée» dans l’opinion, notamment par les hommes politiques, tant de l’opposition que de la coalition au pouvoir, mais aussi par des acteurs de la Société civile, sans la moindre preuve de leurs allégations. Tout juste que la décision rendue soit défavorable à un camp politique pour que la justice en général ou des magistrats en particulier soient critiqués, voire injuriés ou menacés. Les assises avaient pour principal objectif, selon ses initiateurs, au premier rang desquels, la coalition victorieuse à l’élection présidentielle, de réconcilier la justice avec cette opinion publique, par la modernisation de son administration, le renforcement de l’indépendance des magistrats et l’instauration de plus de garanties des droits et libertés des justiciables. Mais vu la tournure des choses, il y a lieu de «sauver le soldat Csm» de ces graves risques pour assurer aux magistrats, derniers remparts des droits et libertés des citoyens, une indépendance véritable, leur permettant de rendre la justice au nom du Peuple souverain et dans la plus grande sérénité.
Aussi, il faut une application méthodique des recommandations issues des Assises de la justice et laisser l’étude des questions en suspens à l’examen de l’Union des magistrats du Sénégal (Ums). L’en¬gagement de départ du candidat Président Diomaye Faye ainsi que le ministre de la Justice de ne pas siéger au Csm destiné à devenir organe de décision, me semble être la meilleure option. Le président de la République, dans ce schéma, continuera à exercer ses pouvoirs constitutionnels de nomination aux emplois dans la magistrature mais liés par les décisions du Csm en matière disciplinaire et par les propositions à choix multiples ( 2 ou 3) pour chacune des fonctions dans les hautes juridictions et les cours et choix unique pour les autres.
Nous devons tous convenir qu’il n’y a de justice parfaite qu’auprès du Créateur et, comme le soutient Mon¬tesquieu, «le moyen d’acquérir la justice parfaite, c’est de s’en faire une telle habitude qu’on l’observe dans les plus petites choses, et qu’on y plie jusqu’à sa manière de penser».