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24 novembre 2024
Opinions
COLERES
Les prix augmentent. Les revenus baissent ou stagnent. L’accès aux biens et aux services se pose avec acuité. Cette difficulté de vie, qui touche sans exception toutes les couches sociales, engendre des colères vives ...
Les prix augmentent. Les revenus baissent ou stagnent. L’accès aux biens et aux services se pose avec acuité. Cette difficulté de vie, qui touche sans exception toutes les couches sociales, engendre des colères vives et entraîne très souvent des réactions tout aussi violentes et brutales à la fois.
Désormais, les mécontentements s’emparent des sociétés humaines qui s’engagent à mener des combats pour la décence. Plus personne ne se contente de la rengaine de l’offre et de la demande. L’enjeu déborde le marché sous sa forme classique. Il s’exprime en termes de revenus, d’acquisition, de reconnaissance, de standing, de prestige, de désir, et d’envie réelle tout simplement.
Les citoyens veulent accéder à de cadres vie améliorés dans des environnements sains tout en bénéficiant d’une qualité de bien-être synonyme de progrès et de développement.
De ce fait, le logement résume à lui seul l’équation humaine avec l’immobilier qui flambe dans les grandes villes. Or même là les écarts de revenus favorisent de très fortes disparités entre les zones où la valeur des biens s’apprécie à la hausse permanente. On assiste à une frénésie de construction dans divers quartiers de Dakar.
Partout au centre-ville ou aux alentours immédiats, le déploiement des grues annonce les… hauteurs en vue ! Est-ce l’embellie pour autant ? Toujours est-il que les maires délivrent à la pelle des permis de construire « en accord avec les autorités compétentes et de surveillance ».
Les immeubles sortent de terre à un rythme stupéfiant. Ils s’élèvent plus haut dans le ciel, tenant peu compte de l’esthétique, de l’harmonie ou de l’embellissement. Ainsi, la rapide transformation du visage de la capitale inquiète plus qu’elle ne rassure tant la frénésie d’édification frise l’excès.
En moins de deux décennies, la géographie financière a vite évolué. L’épargne est passée de mode. L’intermédiation bancaire s’exerce de moins en moins. Jusqu’à une période récente, la construction d’immeubles obéissait à un long circuit de financement dans lequel les banques avaient un rôle et une place indiscutables.
Hélas, elles interviennent nettement moins maintenant alors que les coûts pulvérisent des records en termes cherté, de qualité et de technicité faisant le plus souvent appel aux compétences et à l’expertise avérée.
A-t-on cherché à creuser ce « mystère » qui se banalise ? D’où proviennent les capitaux servant à financer ces chantiers… hors sol ? Les banques dégagent en touche. Leur mise à l’écart suscite le doute et interpelle les plus hautes autorités sur les origines licites des sommes en jeu. Est-il concevable que le cash-flow soit le seul mode opératoire ?
Bien entendu, des capacités d’autofinancement sont de l’ordre du possible dans une économie structurée. Néanmoins, l’absence de traçabilité est de nature à aiguiser les soupçons. Dans un régime de liberté, la règle dicte ses règles aux opérateurs pour l’instauration d’une saine concurrence entre acteurs d’égale dignité.
Devant un cadre global d’intégration de nos économies, la libre circulation des biens et des personnes révèle le choix porté sur le Sénégal comme une destination sûre et rassurante des actifs issus de la région ouest-africaines. Cela peut expliquer le boom immobilier. Peut-il le justifier ? Pas évident.
D’autant que les tarifs de la pierre augmentent comme on peut s’en apercevoir avec la hausse vertigineuse des coûts locatifs ou d’acquisition d’appartements. L’arrivée dans notre pays de hauts revenus a un lien avec le renchérissement des prix de l’immobilier.
Les propriétaires sont-ils dans l’anticipation pour satisfaire les fortes demandes pressenties ? Ou bien flairent-ils les « bons coups » avec les dynamiques qui s’annoncent ? La fiabilité des paramètres pose de sérieux problèmes de transparence sur les ventes enregistrées, les transactions, les taux d’intérêt et les politiques publiques dans ces projets fumeux. Il urge de clarifier. Par des opérations de contrôle pluridisciplinaire. Le blanchiment d’argent sale est pointé du doigt.
Tout va si vite que toute lenteur dans la correction ou dans la rectification peut s’avérer coûteuse ou ruineuse d’autant que le mouvement immobilier ne fléchit pas. Au contraire, il se ragaillardit même avec la perspective d’exploitation imminente du gaz et du pétrole qui devrait entraîner dans son sillage l’éclosion d’activités connexes à fort coefficient de croissance.
La relance de la SICAP et des HLM est plus que nécessaire pour faire jouer à ces établissements leur rôle d’impulsion, de régulation, d’arbitre et d’équilibre. Notre pays a encore et toujours besoin d’un « choc d’offre » dans le bâtiment afin de doper le marché en proie à des envolées spéculatives que rien ne saurait justifier.
Au nom de l’équité et de la cohésion des territoires, certains compatriotes, faute de mieux, acquièrent des biens loin de chez eux. Par des politiques d’incitation osée, ils auraient voulu, en grand nombre, jouir de leur retraite dans leur « royaume d’enfance » en retrouvant avec une fierté non feinte leurs racines propres.
Dans une perspective longue, une telle option devrait pouvoir s’accomplir au vu des demandes qui s’expriment comme des besoins inassouvis. Ces catégories de personnes ressources détiennent de fortes réserves de revenus qui ne demandent qu’à être judicieusement investis.
L’embellie immobilière ne dissimule pas pour autant la face cachée du pouvoir d’achat. Lequel se perçoit comme la quantité de biens (ou de services) qu’un revenu permet d’obtenir. En clair, le pouvoir d’achat oscille entre le revenu et le niveau des prix. En plus de la décision d’achat, il y a le moment qui se traduit en termes d’opportunité à acquérir un bien durable : frigo, pirogue, tracteur, terrain, champ entre autres.
Un tel paramètre fait appel au réflexe d’épargne qui fouette de plus en plus l’esprit des Sénégalais devenus plus attentifs aux aléas de la vie. Ils renoncent à certaines dépenses ostentatoires sans prise réelle sur leur quotidien.
En vérité, ils se privent de beaucoup pour faire face aux incertitudes du lendemain. L’école des enfants, la santé de la famille et la nourriture relèvent de ces priorités absolues. En plus, elles sont incompressibles. Le réalisme les habite-t-il maintenant ?
Certains spécialistes de l’économie populaire constatent que la hausse du taux d’épargne explique le ralentissement observé de la consommation. Un tel frémissement peut-il inciter l’Etat à légiférer pour briser la spirale des hausses ?
A cet égard, il dispose de puissants leviers sur lesquels appuyer pour juguler les flambées de prix, les pénuries factices et les ententes sur les prix qui portent atteinte à la concurrence sur les prix.
Autrement dit, les ententes sont des complicités entre acteurs pour dominer un marché ou un segment de marché au mépris des règles concurrentielles favorisant la liberté de choix au grand bénéfice des consommateurs.
La montée des fâcheries collectives n’est pas à négliger. Loin d’être une simple humeur passagère, elle exprime un « mal être », signe d’un essoufflement collectif qui n ‘a pas dit son dernier mot.
Par Pape Sadio Thiam
PASTEF OU LE PATRIOTISME DE PARTI ET SES DERIVES !
L’un des problèmes qui grippent la machine politique qu’est le Pastef, depuis qu’il est au pouvoir, c’est justement une sorte de patriotisme de parti de certains caciques qui les rend foncièrement allergiques à toute forme d’ouverture et de rencontre.
L’un des problèmes qui grippent la machine politique qu’est le Pastef, depuis qu’il est au pouvoir, c’est justement une sorte de patriotisme de parti de certains caciques qui les rend foncièrement allergiques à toute forme d’ouverture et de rencontre. Pastef est un parti au pouvoir qui est appelé à s’ouvrir, dans le respect de sa ligne et sans faire la promotion des contre valeurs comme la transhumance.
Pire, le patriotisme de parti est devenu, pour ainsi dire, le prétexte à tous les instincts de xénophobie politique et d’ostracisme. L’attachement obsessionnel au Pastef des « années de braise » est souvent un symptôme occulte de dégénérescence politique. On a vu des militants et responsables s’accrocher maladivement aux notions péjoratives de transhumance et de patriotisme politiques pour refuser toute forme d’évolution, toute altérité.
En vérité, derrière le masque du patriotisme et de l’inimitié politiques, il y a toujours la même tare : la peur de la diversité et de l’altérité. Les grands élans de patriotisme de parti et les poussées exclusivistes qui inondent la littérature orale politique de certains Patriotes, ne sont que les antres de l’impuissance à supporter le destin inexorable d’un parti au pouvoir, à savoir la massification et la mutation infinie dans le respect de son idéologie.
Il est temps que l’on comprenne une bonne fois pour toutes que la démocratie est un régime dans lequel on ne peut pas se contenter d’avoir la majorité pour gouverner seul. Gouverner dans une démocratie d’opinion exige l’ouverture à l’infini, la diversité enrichissante et la recomposition politique permanente.
Payer le prix de la liberté, c’est à la fois accepter de faire des concessions au profit de ses alliés et disposer son parti à se défaire de certains principes et valeurs traditionnels pour en recevoir d’autres : il faut s’adapter dans un monde où tout est connecté et interdépendant.
L’égoïsme politique est forcément contreproductif : de même que la recherche effrénée et outrancière de l’authenticité en vie sociale condamne à la marginalité. La culture excessive du patriotisme politique mène inexorablement à l’isolement et à la désuétude.
Sans la capacité de changer contenue dans la vertu à faire l’assimilation et la symbiose de plusieurs données extérieures, toute organisation humaine est condamnée à la décadence.
Par Hamidou ANNE
JOE BIDEN ET LE TRAIN DE L’HISTOIRE
A chaque fois que le fascisme rôde, les démocrates voient leur responsabilité indexée. Ils choisissent de collaborer ou de faire face. Le président américain a montré le chemin. Son camp doit être digne de son sacrifice
Joe Biden a décidé de jeter l’éponge ce dimanche, après des mois de doute sur sa capacité à se représenter. Son débat calamiteux face à Donald Trump le 27 juin dernier, son état de santé, ses trous de mémoire et sa fragilité avaient convaincu bon nombre de ses partisans à réclamer de plus en plus ouvertement son renoncement. Finalement, le président américain a cédé à la pression et s’est montré à la hauteur de l’histoire. Dans sa lettre, Biden affirme : «Bien qu’il ait été dans mon intention de me représenter pour un nouveau mandat, je crois qu’il est dans l’intérêt supérieur de mon parti et du pays que je me retire et me concentre uniquement sur l’accomplissement de mes devoirs de Président pour le reste de mon mandat.» Les hommages se multiplient, d’abord chez les Démocrates, puis dans le monde, du fait de la grandeur du geste bidenien, des enjeux colossaux pour son pays et pour l’humanité, car en face, Donald Trump semblait marcher tout droit vers la Maison Blanche, surtout après la tentative d’assassinat dont il a été victime. L’ancien président, qui a échappé miraculeusement à la tragédie, renforce son aura dans son camp, et la photo le montrant combatif alors qu’il a le visage ensanglanté au milieu d’une nuée d’agents du Secret Service, tranche avec la fébrilité d’un Biden au pas lent, à la diction inaudible et au propos incompréhensible. L’Amérique, qui s’est construite sur l’image d’un pays puissant et insubmersible, ressemblait davantage, ces dernières semaines, à Trump qu’à un Biden affaibli.
Récemment, j’expliquais à une amie journaliste, qui me proposait de commenter les rumeurs de retrait de Biden, mon refus d’aborder ces sujets relatifs à l’âge, même pour des hommes publics, et au déclin physique qui l’accompagne. C’est avec une grande peine que je lisais les moqueries sur l’âge de Biden, ses bourdes, comme par exemple quand il appelle le président ukrainien «Poutine». Ce n’est pas ma conception du commentaire politique, ni de la vie tout court. Aussi, j’ai toujours eu une forme d’estime pour Joe Biden, son parcours, son sérieux et la ténacité de ses combats malgré des drames qui ont ponctué sa vie personnelle. En 1972, à peine élu au Sénat et avant même de prêter serment, il perd son épouse et sa fille dans un accident de voiture. Pendant 36 ans, Joe Biden rentrait quasiment tous les soirs par le train Washington Dc–Delaware, pour être au chevet de ses deux garçons. La gare où le train marquait son arrêt dans le Delaware fut renommée «Joe R. Biden, Jr. Railroad Station». En 2015, il perd son autre fils «Beau» Biden, mort à 46 ans d’un cancer du cerveau. Biden est un homme décent, un démocrate progressiste, rigoureux et ouvert, de tous les combats de l’aile progressiste de son parti. Après un mandat de quatre ans, il laisse un bilan jugé positif par de nombreux observateurs avertis. En effet, Biden a par exemple soutenu la hausse des salaires des classes moyennes et lancé un vaste plan de réindustrialisation verte. A ce sujet, il a fait revenir les Etats-Unis dans l’Accord de Paris sur le climat que Trump avait dénoncé. Il a su juguler les conséquences tragiques de la crise du Covid-19, qui avait été gérée de manière assez calamiteuse par son prédécesseur. Biden a su aussi faire revenir l’Amérique dans une forme de sérénité dans la relation avec le monde. Au contraire d’un Trump qui, entre autres propos racistes et xénophobes, considérait les Etats africains «comme des pays de merde».
Ce que je retiendrai le plus dans la décision historique de Joe Biden est sa responsabilité attendue d’un homme d’Etat, qui dirige en plus la première puissance mondiale. Il a su se surpasser, aller au-delà de son idiosyncrasie pour placer le destin de son pays au-dessus. Conscient du danger pour l’Amérique et le monde que représenterait un retour au pouvoir de Donald Trump, Biden a décidé d’agir. Toutes les études le donnaient perdant face au candidat républicain, homme particulièrement dangereux et inapte à gouverner. Biden n’a pas voulu être le marchepied du fascisme et a décidé d’en être un rempart. Ces mots de l’acteur africain-américain Wendell Pierce expriment justement ce que je pense de la décision de Biden : «La décision historique prise aujourd’hui par le président Biden est un acte patriotique désintéressé. Il s’en est remis à ce qu’il jugeait être le mieux pour son parti et son pays. Il a sauvé cette Nation il y a quatre ans, au milieu d’une pandémie, d’une crise économique et d’une crise constitutionnelle après une insurrection contre le gouvernement. Aujourd’hui, nous sommes plus forts qu’à l’époque. L’héritage du président Biden consistera à sauver la démocratie du fascisme américain. Je lui en serai éternellement reconnaissant.»
Si Trump, enragé et plus inquiétant que jamais, est une nouvelle fois défait, cette fois en novembre par Kamala Harris, il ne faudra pas oublier la décision historique du dimanche 21 juillet de Joe Biden, homme d’Etat respectable et estimable. A chaque fois que le fascisme rôde, les démocrates voient leur responsabilité indexée. Ils choisissent de collaborer ou de faire face. Biden a montré le chemin de comment réagir face à la menace fasciste, son camp doit être digne de son sacrifice. En Afrique et partout ailleurs, le geste de Joe Biden doit aussi nous inspirer pour toujours être en première ligne quand il s’agit de combattre le fascisme dont la finalité est la promotion de la guerre civile
Par Mamadou Omar NDIAYE
BRAVO PRESIDENT, CHAPEAU PREMIER MINISTRE
« Su fi yemoon saxmu neex » ! Oui, Monsieur le président de la République, oui M. le Premier ministre, si votre bilan en matière de presse devait s’arrêter aux mesures que vous avez déjà prises dans ce secteur, eh bien il serait déjà largement positif
Nous citons volontiers Youssou Ndour chantant la performance des « Lions » du football dans une Coupe du Monde, pour dire au président de la République et à son Premier ministre ceci : « Su fi yemoon saxmu neex » ! Oui, Monsieur le président de la République, oui M. le Premier ministre, si votre bilan en matière de presse devait s’arrêter aux mesures que vous avez déjà prises dans ce secteur, eh bien il serait déjà largement positif ! Car les mesures de nettoyage des écuries d’Augias que vous mettez en œuvre depuis votre arrivée au pouvoir sont de salubrité publique et vont incontestablement dans le bon sens. En ordonnant le gel de toutes les conventions signées par des ministères et des sociétés nationales avec des entreprises de presse — dont la plupart ne le sont que de nom— , le temps d’y voir clair, vous avez démontré votre volonté d’instaurer une transparence dans l’utilisation de l’argent public. Lequel, à travers ces conventions signées avec des individus entrés par effraction dans le secteur de la presse, servait à les enrichir sans cause. A coups de dizaines de millions de francs parfois pour des sites souvent fantômes et qui n’étaient créés que pour pouvoir justifier la signature de conventions. Et, donc, le versement d’argent public à des copains, des coquins, des condottiere. La plupart du temps, la contrepartie à ces libéralités financières — encore une fois avec de l’argent public ! —, c’était d’insulter copieusement les opposants, en premier lieu Ousmane Sonko et le Pastef. De les calomnier, de les diffamer, de les vilipender. A cette fin, nos larrons et donzelles étaient généreusement stipendiés à travers des ministères et des sociétés nationales.
C’était la même chose avec le Fonds d’aide à la presse dont une bonne partie passait dans les comptes bancaires des fonctionnaires chargés de le distribuer à travers des sites d’ « information » fictifs. Un fonds qui, au fil des années, a été détourné de sa vocation initiale de soutien aux entreprises de presse pour, là aussi, stipendier des mercenaires de la plume ou de la voix. C’est si vrai que, pendant deux ans, notre société, « Le Témoin », qui a 34 ans et possède un quotidien et deux radios, a été zappé de cette distribution au prétexte qu’il n’a pas déposé de demande ! Et pour cause car nous n’avions pas voulu cautionner les magouilles en cours. Dire pourtant que Mamadou Oumar Ndiaye, notre directeur de publication, faisait partie des « quatre mousquetaires » (en plus de lui il y avait Abdoulaye Bamba Diallo et feus Babacar Touré et Sidy Lamine Niasse), ainsi qu’on les surnommait, qui avaient négocié cette « aide à la presse » avec l’ancien président Abdou Diouf par l’intermédiaire de Famara Ibrahima Sagna, alors ministre de l’Intérieur. C’était en 1990. Plus de 30 ans après, il s’est trouvé des fonctionnaires pour exiger du « Témoin » de déposer un dossier pour prouver qu’il est une entreprise de presse ! Comme disent les Wolofs, « lu sotti am borom »…
Il faut «geler» le fonds d’aide à la presse !
Qu’on nous comprenne bien : nous ne soutenons pas que des conventions ne doivent pas être signées avec la presse. Non ! Ce que nous disons, c’est que des critères clairs et stricts doivent être établis et que la transparence doit prévaloir. Encore que, pour en revenir au Fonds d’aide à la presse — on en a changé le nom mais c’est tout comme —, tel qu’il fonctionne actuellement, il créé un appel d’air et favorise la multiplication des journaux, radios, télévisions, sites et autres pour capter cette manne publique. Et plus l’Etat augmentera le montant de ce fonds, plus il y aura de supports qui prétendront à ce soutien financier. C’est le serpent qui se mord la queue et on ne s’en sortira jamais. Mieux, des employés de groupes de presse recevant cette subvention ou signataires de conventions avec des sociétés, créent eux-mêmes des sites et bénéficient à leur tour et de la subvention et de conventions ! Au même titre, encore une fois, que le groupe qui les emploient. La République et décidément bonne fille…
C’est pourquoi, pensons-nous, à défaut de pouvoir le faire pour les conventions avec les ministères et les sociétés nationales — ce qui serait hautement salutaire pourtant — ce serait une bonne chose de « geler » ce Fonds d’aide à la presse ne serait-ce que pendant une année pour remettre les choses à l’endroit. Autrement dit, faire un « jubanti » là aussi. Si cela n’était pas possible, nous suggérerions de tout centraliser au niveau de la Primature et que toutes les conventions avec toutes les entreprises de presse y soient validées. Cela permettrait de contrôler l’utilisation de l’argent public dans le secteur de la presse et de la communication. Et aussi de laisser la loi du marché réguler tout cela.
En attendant, qu’il nous soit permis une fois de plus de tirer notre chapeau au président de la République et au Premier ministre pour le travail d’assainissement de la presse qu’ils ont entrepris depuis trois mois. Un travail qui aurait dû, pourtant, être l’œuvre des professionnels du secteur eux-mêmes !
par l'éditorialiste de seneplus, ibe niang ardo
COUP DE SEMONCE DU CHARRETIER AU MODERNISME
EXCLUSIF SENEPLUS - Un charretier nargue ouvertement policiers et citoyens en empêchant le passage du BRT. Au-delà de cette forfaiture intolérable, cette scène révèle les limites d'une jeunesse et d'un État démissionnaires face à l'incivisme
Ibe Niang Ardo de SenePlus |
Publication 22/07/2024
Vous avez été nombreux à réagir à ma chronique sur les mendiants conforté en moi l’idée qu’il y a des maux, hors du mesquin tintamarre politicien, qui suscitent l’engouement de la population civile. Ces maux voilés par une piteuse condescendance des autorités et hommes politiques partisans, ont besoin de mots réconfortants, tranchants pour les mettre à nu afin que nul n’en ignore.
La seule réponse du citoyen à l’indécence est le refus doublé d’indignation
Aujourd’hui j’ai pour motif un fait grave, inacceptable, dont les images hideuses circulent sur les réseaux sociaux, consistant en un charretier qui soulève sa charrette et la fait traverser les lignes interdites du BRT, entravant ainsi le passage du Bus de transit. Voilà donc un quidam qui, d’après celui qui a pris la vidéo, répète son forfait de plein jour chaque fois que l’envie lui en prend, sans coup férir. L’auteur de la vidéo que je remercie au passage, interpelle l’indifférence des policiers. Cependant, le dilemme du policier qui fait de lui un démissionnaire est qu’il se sait démuni face à un attelage de cheval et charrette encombrant, conduit par un cynique charretier qui s’en donne à cœur joie de son impuissance en le narguant.
Par contre dans le décor, on aperçoit des citoyens contrariés qui, comme anesthésiés, observent avec désolation, alors qu’il leurs aurait suffi de se lever et faire barrage pour empêcher cette forfaiture de s’accomplir. Imaginez la différence s’ils avaient eu le comportement convenable, quel impact aurait eu une vidéo d’une telle scène pour le civisme, le patriotisme et le courage. Face à l’indécence dans l’espace public, tout acte du citoyen en deçà d’un refus indigné catégorique est un déficit ou une trahison des normes et vertus civiles inhérentes en nous-mêmes.
La jeunesse responsable est partie prenante d’un pacte de maintien des acquis.
Sur un autre aspect, l’incroyable paradoxe de cette scène réside dans les acteurs en cause, le lieu et le temps.
Les acteurs : de vigoureux jeunes passants ou habitants du voisinage,
Le lieu : il est le même que là où s’est déroulé plusieurs fois de suites des affrontements sanglants entre la jeunesse et les forces de sécurité et de défense
Le temps : l’espace-temps entre l’un et l’autre événements relatés n’est que de peu de mois.
Donc en rapprochant des événements qui se sont déroulés dans un même lieu en l’espace d’un an à peine, avec les mêmes acteurs, nous essayons de comprendre le bon sens et la raison des actes posés.
Quand les jeunes risquaient leurs vies face à des gendarmes armés n’était-ce pas pour une meilleure qualité de vie promise par leur leader ?
Ces infrastructures en train d’être vandalisées devant ces mêmes jeunes des mois plus tard ne participent-elles pas à cet objectif de meilleure qualité de vie ?
La même personne qui se joint aux foules au péril de sa vie, au gré de l’appel d’un leader, n’est pas prête à lever le plus petit doigt à l’encontre d’un délinquant à ses œuvres, devant sa propre demeure. Voilà la triste révélation.
Non ! Ce n’est pas ce qu’on attend de cette jeunesse capable de beaucoup de choses. Il lui faut nous servir autre chose de mieux, donner un sens civique à son engagement et avoir le courage patriotique d’engager des actes spontanés de solidarité de maintien des acquis, dans l’espace public. Il n’est besoin d’aucune organisation préalable pour ça, il suffit de peu de gens qui l’exercent pour que le processus dit du “cercle d’expansion” fasse le reste et répande partout la nouvelle norme. Les jeunes doivent à présent prouver que leur mobilisation n’est pas un inconditionnel acquis à une stratégie de patriotisme aux relents de populisme, dépourvu d’appel à la raison. Le patriotisme c’est aussi prendre ses responsabilités selon ses convictions et principes dans la discrétion, sans triomphalisme. Lorsque par exemple on est quatre jeunes vigoureux en train de deviser au coin d’une rue et qu’un délinquant se mette tout d’un coup à vandaliser les ouvrages publics, attendre la police n’est pas une option, il faut le mettre hors d’état de nuire avant que les dégâts ne s’aggravent.
Ceci dit, pour solutionner ces incivismes lamentables, il appartient à l’État de mettre ses agents à l’abris d’une submersion par tout type de délinquance, en les dotant de moyens performants. Par exemple, face à ces charretiers, qui ne tiennent leur aberrante réalité au cœur de notre capitale que de la défaillance chronique des autorités, les moyens performants pourraient consister en maîtres-chiens en circulation, menottes pour tous les policiers afin qu’ils puissent dans pareils extravagances, menotter le charretier à son attelage le temps qu’un remorqueur vienne les conduire en un lieu idoine.
Cet appel à la responsabilité est une invite à de l’environnementalisme et à une stratégie d’épanouissement durable, en réponse à la stratégie de chaos gratuit ambiante.
Ibe Niang Ardo est président du Mouvement citoyen Jog Ci.
Par Madiambal DIAGNE
L’AMATEURISME À TOUS LES ÉTAGES DE LA MAISON SONKO-DIOMAYE
Aucun sérieux effort d’investigation n’a été effectué avant certaines nominations ; à moins que l’engagement politique, la proximité sociale ou les liens de sang aient primé sur tout autre critère
Mon Dieu, c’est comme une malédiction. Ils font tout de travers. Le Conseil des ministres du 17 juillet 2024 a procédé à la nomination de plus de 80 personnes à des postes importants dans l’appareil d’Etat. Cette cohorte surchargée ou pléthorique en une même séance, une première dans l’histoire du Sénégal, (si ce n’est dans un mouvement administratif pour pourvoir les échelons de base de l’administration territoriale), va poser de gros problèmes pour l’installation des personnes ainsi désignées. L’Inspection générale d’Etat (Ige) n’aura pas les effectifs suffisants pour procéder, en sus de ses missions quotidiennes, aux formalités nécessaires pour la prise de fonction, dans des délais rapides, de la plupart des personnes nommées, encore que d’autres nouvelles nominations tombent au jour le jour et certaines exigeront également l’implication de l’Ige. On remarquera déjà que l’Ige ne dispose précisément que des effectifs au nombre total de 33 agents dont les 9 sont en position de détachement ou de disponibilité. Et ce corps de contrôle de l’Etat a été engagé, depuis quelques jours, dans des missions de contrôle et de vérification de plus de 50 structures de l’Etat. Qui va aller procéder à l’installation des nouveaux dirigeants de structures publiques ainsi nommés, d’autant que certaines personnes, nommées, elles aussi, des semaines auparavant, attendent toujours de pouvoir être installées dans leurs fonctions ? Les nominations traduisent donc un remplacement systématique de poste pour poste, alors que la rationalisation des services de l’Etat devait induire, comme c’est le cas avec l’architecture gouvernementale, à des regroupements ou des réorganisations des directions et agences nationales. La logique semble de vouloir éviter de diminuer des postes pour manquer de quoi satisfaire une clientèle politique.
Divers autres problèmes apparaissent à la lecture de la liste des nominations. On y découvre notamment des situations de personnes qui n’ont pas le profil d’emploi. Des personnes qui occupent leur premier emploi sont propulsées à des stations gouvernementales stratégiques où elles n’auraient pu être, dans le cas le plus normal, que des «stagiaires» en phase d’initiation. Il s’y ajoute des cas évidents de népotisme et de conflits d’intérêts. Les médias n’ont sans doute pas tort de tourner la chose en dérision, pour dire que le nouveau régime, qui promettait des appels à candidatures pour pourvoir aux emplois publics essentiels, a fini par faire des «appels au népotisme», ou pour être plus juste, des «appels à la famille». On réalise en fin de compte qu’aucun sérieux effort d’investigation n’a été effectué avant de décider de certaines nominations ; à moins que l’engagement politique, la proximité sociale ou les «liens de sang» aient primé sur tout autre critère de compétences ou de probité ou même de respect des bonnes procédures. Des révélations sortent de partout sur des cas de népotisme familial scandaleux ou des situations d’usurpation de titres ou de qualifications. D’autres nominations tiendraient à des pressions ou autres formes de chantage. Certains militants, qui s’impatientaient de ne pas être invités à la table, avaient commencé à montrer des sautes d’humeur et avaient brandi des menaces publiques de déballage dans les réseaux sociaux. On a pu rire de voir l’immédiateté de certaines nominations, après des sorties virulentes de ces personnes frustrées. Les plus hautes autorités de l’Etat, en l’occurrence le Premier ministre Ousmane Sonko et le président de la République Bassirou Diomaye Faye, semblent vulnérables à ces pressions. Ont-ils eu à crier ne pas céder aux pressions et chantages, mais en fin de compte, on observe que cela a fini par payer. Le parcours tumultueux de leur formation politique a comporté des phases sombres durant lesquelles certains militants et responsables ont été chargés de rôles et de missions inavouables. La piètre sortie de Me Ngane Demba Touré, Directeur général de la société minière Somisen, sur le plateau de Tv5 Monde, le 2 juillet 2024, suffit pour convaincre que le critère de compétence ne semble pas présider à certaines nominations.
Tout cela jure d’avec les professions de foi d’une gouvernance vertueuse et de qualité. On était en droit d’être plus exigeant vis-à-vis des nouvelles autorités. En effet, on a vu comment et avec quelle virulence, elles avaient pourfendu la gestion «clanique», «familiale», «népotique» et «prédatrice» de Macky Sall et même des Abdoulaye Wade et Abdou Diouf. Avec une sincérité touchante et persuasive, Ousmane Sonko et Bassirou Diomaye Faye avaient promis «la rupture», l’avènement d’un homo senegalensis nouveau pour diriger les affaires publiques. Ils sont des arroseurs arrosés. On peut deviner mon petit sourire en coin, car j’avais croisé le fer avec certaines personnes quand elles se faisaient des contempteurs de la nomination par exemple d’un certain Aliou Sall, jeune frère de Macky Sall, comme Directeur général de la Caisse des dépôts et consignations. Les compétences et le pedigree de Aliou Sall ne sauraient souffrir d’un moindre complexe. Mais le cas de la nomination de Aliou Sall avait tant plombé le magistère de Macky Sall et constituait l’arme par laquelle les détracteurs de son régime arrivaient à l’atteindre, que j’avais fini par suggérer publiquement à Aliou Sall de démissionner de ses fonctions. J’avais fait la même suggestion concernant Mansour Faye, ministre et beaufrère du président de la République. La démarche n’était certes pas juste, mais c’était le prix à payer. Alors, on ne saurait tolérer, du nouveau régime, qu’il fasse pire que celui de Macky Sall ou de Abdoulaye Wade. Assurément, ils sont désormais bien mal placés, ceux et celles qui disaient haro au népotisme et qui se trouvent empêtrés dans les travers dont ils affublaient leurs prédécesseurs.
Chacun de leurs faits et gestes constitue une énormité
Les nouvelles autorités gouvernementales devraient apprendre à mesurer la portée de leurs faits et gestes. La ministre des Sports, de la jeunesse et de la culture a snobé la finale de la Coupe du Sénégal de football, le 13 juillet 2024, pour aller à une cérémonie de réception organisée en l’honneur d’un footballeur français, par l’ambassadrice de France à Dakar. Le célèbre Aurélien Tchouameni était en séjour au Sénégal pour y lancer des œuvres caritatives. Le geste de la ministre Khady Diène Gaye a été vivement déploré, d’autant que l’année d’avant, précisément le 28 août 2023, le Premier ministre Amadou Ba avait personnellement remis le trophée de vainqueur de la Coupe du Sénégal à l’équipe du Jaraaf de Dakar. La désinvolture de la ministre sera aussi remarquée, le 20 juillet 2024, car elle ne daigna pas se déplacer pour représenter le gouvernement à la cérémonie de présentation des ouvrages de l’ambassadeur du Cameroun au Sénégal. Elle enverra le même jour un message laconique, indiquant ne pouvoir être présente à cette cérémonie de 15 heures, pour cause d’un voyage en France, prévu dans la soirée. Ainsi, aucun officiel sénégalais n’avait rehaussé de sa présence cette cérémonie dédiée à l’ambassadeur Jean Koe Ntonga, Doyen du corps diplomatique et qui est en poste au Sénégal depuis presque 30 ans. Il s’était trouvé dans le public certaines langues fielleuses pour dire que s’il s’était agi d’un ambassadeur même du Liechtenstein, la ministre s’obligerait à être vue sur la photo. A son corps défendant, le Premier ministre avait envoyé une lettre pour indiquer avoir désigné Mme Khady Diène Gaye pour le représenter à la cérémonie. Comme pour sauver les meubles, l’ancien ambassadeur Paul Badji et le Colonel Momar Guèye, président de l’Association des écrivains du Sénégal, ont rendu de vibrants hommages au diplomate camerounais. Sur le même registre, nos nouvelles élites politiques devraient faire davantage d’efforts pour assurer la représentation. «Je vois, vous vous prenez trop au sérieux pour vous soucier de ce que vous portez et vous mettez, disons cette espèce de pull difforme (…)», réplique dans le film culte Le Diable s’habille en Prada.
En outre, on ne dira jamais assez que ce qui peut sortir de la bouche d’un opposant est pardonnable, ne saurait toujours l’être si cela sort de celle d’un membre officiel d’un gouvernement. C’est par exemple l’incartade du ministre de l’Environnement, Daouda Ngom, qui n’a rien trouvé de mieux à dire, dans les colonnes du journal Le Quotidien, le 15 avril 2024, que «Macky Sall était plus qu’un roi. Il s’est permis ce que Mouhamed VI ne peut pas se permettre au Maroc». Il est encore heureux que la partie marocaine n’ait pas daigné relever cette déclaration on ne peut diplomatiquement incorrecte. Il a de qui tenir car le Premier ministre Sonko a attaqué publiquement un chef d’Etat étranger, en l’occurrence Emmanuel Macron, à une conférence publique organisée à Dakar, le 16 mai 2024. On se rappelle également le propos de Birame Soulèye Diop, alors président du Groupe parlementaire de Yewwi askan wi, pour accuser, le 4 juillet 2023, le Président Alassane Dramane Ouattara d’avoir fait empoisonner les candidats de son parti qu’il avait désignés pour briguer sa succession. Cette déclaration a beaucoup fâché du côté de la Lagune Ebrié d’Abidjan. Lors de la visite du président Faye à Abidjan le 7 mai 2024, certains officiels ivoiriens avaient tenu à demander des nouvelles de Birame Soulèye Diop. C’est dire que la pilule est amère.
Par ailleurs, l’installation chaotique de la nouvelle législature, le 12 septembre 2022, a été l’occasion d’assister à un véritable cirque dans les travées de l’Assemblée nationale. Les nouveaux députés, provenant des rangs de la Coalition Yewwi askan wi (Yaw), s’étaient donnés en spectacle, brisant le mobilier, bloquant le vote en emportant l’urne. Des échauffourées d’une gravité jamais enregistrée dans l’Hémicycle avaient été déplorées. Jamais l’Assemblée nationale n’a connu des scènes de violences aussi fortes, jusqu’au tabassage, en règle, en mondovision, de la députée Amy Ndiaye Gniby, enceinte de plusieurs mois. L’opinion s’était émue et le vilain exemple avait été montré sur toutes les télévisions. Le Sénégal a pu avoir honte. Plus jamais ça, s’était-on juré et promis. L’indulgence sans limite des Sénégalais voudrait considérer que ces comportements répréhensibles étaient simplement ceux d’opposants mécontents ou brimés. Mais après que le parti Pastef et son monde sont arrivés au pouvoir, on les a vus se comporter comme toujours : insultant, menaçant de violences physiques leurs adversaires politiques. Voilà que l’incorrigible député Guy Marius Sagna attire à nouveau l’attention sur ses frasques, en s’illustrant par son manque de respect à l’endroit de ses collègues du Parlement de la Cedeao. Les vidéos font le tour de l’Afrique, du monde. Le député Sagna ne serait-il pas dans une logique de provocation grossière, en vue de créer des incidents ? Qu’a-t-on fait au Bon Dieu pour mériter que nos élites politiques nous foutent cette honte ? Dans un moment de sidération, nous avons lancé un cri du cœur : «Méritez de nous gouverner !», chronique du 10 août 2015 ou «Mais Macky, où on va là ?», chronique du 28 mai 2012.
Aussi, qui a mis dans la tête du Président Bassirou Diomaye Faye l’idée que pour prouver son souverainisme, il faudrait tenir une conférence de presse avec exclusivement des journalistes sénégalais ? Les médias internationaux étaient bannis de la première conférence de presse du chef de l’Etat pour tirer le bilan de ses «100 premiers jours» à la tête du pays. La démarche est maladroite et vide de sens. En effet, c’est comme si ce qui se dirait à cette conférence de presse ne concernerait ou n’intéresserait que le public sénégalais. Bien sûr que non, et la bonne preuve est que le président Bassirou Diomaye Faye a choisi de changer de langue de communication pour parler le français, en lieu et place du wolof, dans la partie de cet entretien où il évoquait le volet de la diplomatie et de la coopération internationale. Bassirou Diomaye Faye semble chercher à innover, au risque de se montrer iconoclaste et de la plus drôle des manières. C’est ainsi qu’il a surpris son monde en faisant une allocution en anglais, devant Charles Michel, le président du Conseil de l’Europe, en visite à Dakar le 24 avril 2024. Son interlocuteur a le français comme langue maternelle et cette langue reste la langue officielle du Sénégal. Qu’est-ce qui pouvait alors pousser le président Faye à risquer un tel coup qui a pu faire rire le public ?
Dans les salles de classe, il y a toujours un élève zélé, le fayot, qui claque des doigts bruyamment et crie plus fort que les autres «Moi Monsieur ! Moi Monsieur !», avec un tel aplomb que l’instituteur préfère l’ignorer, persuadé qu’il a la réponse, choisissant d’interroger le gars qui est au fond de la classe, qui essaie de se faire oublier. Et puis, un jour, il désigne le fayot. Médusé, l’instituteur découvre que l’élève n’a pas appris sa leçon. C’est cette image aussi piteuse que ridicule que renvoient Ousmane Sonko et Bassirou Diomaye Faye. Mais le fayot finit par être responsable de classe, qui met un soin particulier à écrire les noms des bavards en l’absence du maître. Il sera le délateur qui dénonce ceux qui ont pu tricher, ce qui du reste ne l’empêche pas de tricher. La finalité est d’être le premier de la classe.
Par Vieux SAVANÉ
HARRIS PRESIDENTE
Première femme ayant brisé le plafond de verre en devenant vice-présidente, il lui revient, en attendant intronisation, de poursuivre son odyssée en devenant la première présidente des Etats-Unis
De plus en plus pressé par son propre camp, Joe Biden a fini par accepter, hier dimanche, de se retirer de la course à l’élection présidentielle du 5 novembre prochain. Il a affirmé s’y résoudre « dans l’intérêt du pays » à travers un communiqué publié sur le réseau social X et vouloir désormais se consacrer à terminer son mandat. Aussi, il va apporter son « soutien total » et son « appui » à sa vice-présidente, Kamala Harris.
La pression qui se faisait de plus en plus pressante en même temps que s’imposait l’évidence d’un président chancelant, à la démarche de plus en plus hésitante a donc payé. Il ne pouvait en être autrement avec les images d’un Joe Biden testé positif au Covid-19, peinant à descendre la passerelle de son avion. Son pas lourd, son regard un peu vitreux, commençait à tenir en laisse une énergie qui avait du mal à s’émanciper et à rassurer. Certes il n’y avait que 3 ans d’écart entre Joe Biden (81 ans) et Donald Trump (79 ans) mais l’on aurait dit un gouffre abyssal tant l’un semblait bondissant, ressemblant à un pitbull et l’autre à un « Papy », un peu fatigué, quelquefois hagard, victime de ces faux pas qui rendent d’actualité l’adage selon lequel « la vieillesse est un naufrage ». Il fallait donc contenir le processus de descente aux enfers sur lequel comptait prospérer Trump avant que ne se dresse l’impossibilité d’un recours vu que la convention du Parti démocrate devait introniser son candidat à la mi-août à Chicago. Ainsi, avec cette nouvelle donne, en dépit de son bagout et de sa nouvelle stature de super héros, voire de miraculé ayant survécu à une tentative d’assassinat le 13 juillet dernier, Trump sera en face de son âge, de ses outrances, de sa superficialité et devra débattre forcément avec plus jeune que lui.
Le temps est certes court et c’est pour cela que tout se jouera avec beaucoup de densité. Une véritable campagne va démarrer avec l’opportunité de voir une Amérique autre se réconcilier avec l’initiative et tournerle dos au populisme nauséabond et à l’irresponsabilité d’un ancien président sortant qui avait refusé de reconnaitre sa défaite électorale, incitant plutôt sa base électorale fanatisée à envahir le capitole. Un tel personnage suscite beaucoup d’inquiétude dans un monde trouble confronté à des foyers de tension multiples (conflits Israel /Palestine ; Russie /Ukraine ; Chine /Taiwan, etc.) qui constituent une menace pour la paix. L’équipe de Kamala Harris a averti la Commission fédérale des élections de sa décision de prendre le relais de la campagne de Biden. Place désormais au « Harris Présidente » autour de laquelle s’organise déjà le camp démocrate.
Pour autant, rien ne sera facile à Kamala Harris. Première femme ayant brisé le plafond de verre en devenant vice-présidente, il lui revient, en attendant intronisation, de poursuivre son odyssée en devenant la 1ere présidente des Etats-Unis. Femme. Afro américaine d’origine indienne. Et de montrer une fois de plus que l’Amérique est un lieu de tous les possibles.
Par El Hadj Boubou SENGHOTE
REPONSE AU DIAWDINE AMADOU BAKHAW DIAW
Nous nous devons de mener nos propres recherches et réécrire notre propre Histoire, au lieu de nous contenter des travaux des autres, fussent-ils des Occidentaux, des Arabes, etc..
…Et Diawdine Amadou Bakhaw DIAW, Président de l’Union des Associations culturelles Wolof du Sénégal (« MBOTAY LEPPY WOLOF ») de poursuivre :
7)-Origines de Thierno Souleymane Baal
« Thierno Souleymane Baal, son quatrième ascendant se prénomme Niokhor ; Niokhor BAAL, tout le monde sait que c’est un Sérère. Ses grands-parents sont des Wolofs. Ils ont fait la révolution ici, à Pire Sanokhor… »
La Professeur Fatou Sow Sarr s’est sûrement inspirée pour la généalogie de Thierno Souleymane Ball de celle fournie par l’historien traditionniste foutanké, le Seybobé de Dabiya Siré Abass SOW dans son ouvrage Chroniques du Fouta Sénégalais :
« ...le cheikh Suleyman-Bal fils de Rasin fils de Samba fils de Bukar fils d'Ibrahima fils de Nyokor fils d'Ibrahîma fils de Mûsa fils de Suleyman fils de Ru'rubah fils de 'Okbatu fils de 'Àmir (Dieu le très haut sait mieux que personne si cette généalogie est exacte).
En tout cas au Sénégal il n y a pas de prénom sérère plus emblématique que Niokhor.»
Réponse :
Madame le Professeur Fatou SARR SOW avait dit que le quatrième ascendant de Thierno Souleymane Baal s’appelait Niokhor, Niokhor BAAL. Or, dans la généalogie qui nous est présentée ci-dessus, Niokhor occupe la cinquième et non la quatrième place. Si donc ascendance il y a, Niokhor serait le cinquième et non le quatrième ascendant !
Cette généalogie est bien cocace ! Car le même Niokhor BALL (du Professeur Fatou et de Diawdine Amadou), père de Ibrahima-père de Rasin-père de Bukar-père de Cheikh Suleyman Bal, serait le fils d'Ibrahîma-fils de Mûsa-fils de Suleyman-fils de Ru'rubah-fils de 'Okbatu-fils de 'Àmir !
C’est du n’importe quoi ! De grâce, nous n’avons rien contre notre cher cousin Niokhor, mais tout porte à croire qu’il a été introduit frauduleusement dans cette généalogie.
UN NIOKHOR QUI S’INVITE A BRULE-POURPOINT DANS UNE MULTITUDE DE NOMS AUTRES QUE SERERES (POUR NE PAS DIRE STRICTEMENT D’ORIGINE MUSULMANE !)
Du reste, en disant que « Dieu le très haut sait mieux que personne si cette généalogie est exacte », le narrateur lui-même ne cache pas son scepticisme quant à la véracité de la généalogie qu’il suggère!
8)-« Il y a manifestement une confusion à ce sujet! D’abord il ne s’agit pas d’Arame Bakar MBOOJ, mais plutôt d’Arame Bakar FAAL, fille du Damel Amari Ngoone Ndeela Kummba FAAL. C’est celle-là qu’Almaami Abdul Kader KAN avait épousée. Dixit Senghote.»
Faux d’après cet extrait de l’ouvrage de Thierrno Moussa Kamara :
« ...Quand l’Almaami Abdul avait combattu et vaincu le Brak, prince du Waalo, celui-ci s’était enfui chez le Dammel Hammadi Ngoone Ndella et s’était réfugié auprès de lui, d’après ce qu’on dit. L’Almaami Abdul avait pris sa maison et quatre femmes : deux filles de Brak, Aram Bakkar et Faatu Jullit, et deux filles de son frère, Maryam MBOOC et Hanna Mbooc… »
Réponse :
L’erreur en ce qui concerne le patronyme de Arame Bakkar est due au fait que suivant une autre narration, le Damel Amary Ngoné Ndella FALL aurait donné la main de sa propre fille Arame Bakar à Almaami Abdul, après avoir accordé la liberté à ce dernier qui était son prisonnier. C’était en 1790, après la bataille de Boungowi qu’Almaami perdit face auDamel Amari Ngoné Ndella « aidé par le double jeu du Brack du Walo et la complicité du comptoir négrier de Saint-Louis qui a fourni à crédit des fusils au Damel moyennant le remboursement en esclaves ».
Alors, les enfants portant nécessairement le patronyme de leur père, nous avons écrit Arame Bakar FAAL en lieu et place de Arame Bakar MBOOJ.
9)-La femme qu’Elimaan Buubakar KAN épousa et qui lui donna de nombreux enfants et une illustre descendance s’appellerait, elle, Jaawo Joop MBOOJ (Diawo Diop MBODJ)
« Faux, Mr. Senghote ! L’épouse Walo Walo de Elimane Boubacar ne se nomme pas MBodj mais Diop…»
Réponse :
Là aussi, la confusion provient tout simplement de la présence de deux patronymes (JOOP et MBOOJ). Cela arrive souvent en pareille situation. C’est ainsi que pour d’aucuns, Madame le Pr Fatou SARR SOW (ou Fatou SOW SARR) serait une Pullo, tandis que pour d’autres, elle serait plutôt une Seereer ce, du fait des deux noms de famille (SARR et SOW) qui suivent son prénom.
10)-« Si, sur le plan ethnique [biologique et culturel], les Lebu-Sereer semblent plus influents, les Peul imposent leur langue alors que l'apport des Bidân et Soninké est relativement réduit.
Ce peuple ne trouve son unité et sa personnalité que très tard, à partir du XVIe siècle, dans le cadre de la communauté halpulaar'en.
L’ethnie toucouleur est plutôt d'un peuple hétérogène, pluriethnique ou trans-ethnique, résidu (témoin) des différentes populations qui ont résidé et traversé la vallée, mais aussi résultat des échanges (biologiques et culturels) de ces peuples entre eux et avec leurs voisins Bidân.
C'est ce peuple que pour la première fois Ca Da Mosto (1455-1457) , qui, par ailleurs, connaît les Sereer, les « Foules », les Wangara et les Wolof, désignera sous le nom « Thucaror » (Ça Da Mosto 1895 : 33).
La première mention européenne du Takrur apparaît sous la plume de Dulcert.
Le géographe établit en 1339 une carte où l'Afrique et l'archipel canarien occupent une grande place, et où l'on peut lire « Tochoror ».
En 1375, dans l'Atlas Catalan figure une vignette avec le toponyme « Tacorom » (Takrur).
En 1506, D.Pacheco Pereiraétablit une carte où figure *« le royaume de Tucurol ».
Mais si Dulcert et Pacheco semblent utiliser le terme dans le sens d'un toponyme, avec Valentim Fernandes, il ne fait plus de doute que Tucurooes ou Tucaraes désigne bien une population.
Thucaror, Tochoror, Tucurol, Tucurooes et Tucaraes sont, à l'évidence, un héritage de la cartographie arabe.
Le passage de la forme arabe à la forme européenne s'est accompagné d'un glissement sémantique… »
Réponse :
Nous ne le répéterons jamais assez : Nous nous devons de mener nos propres recherches et réécrire notre propre Histoire, au lieu de nous contenter des travaux des autres, fussent-ils des Occidentaux, des Arabes, etc..
Ne l’oublions jamais non plus: Notre Histoire est antérieure à l’arrivée des envahisseurs et autres explorateurs de tous pays, de tous continents et leur a également survécu.
Et surtout : Arrêtez de nous stigmatiser, de dire des « Toucouleurs » tantôt qu’ils sont issus d’un métissage entre un Nègre et un élément venu de l’étranger, ou entre un Sérère, un Lébou et un Peul, ou entre un Sérère et un Wolof, tantôt qu’ils sont le résultat d’un mélange « entre les différentes populations qui ont résidé et traversé la vallée », ou encore le produit desdites populations avec les bidanes, leur « résidu »! Arrêtez de raconter n’importe quoi sur l’origine supposée des « Toucouleurs », dont vous ne savez absolument rien du tout ! Quand donc cesserez-vous de fantasmer sur l’origine des « Toucouleurs » ?
Quant aux déclarations de tous ces chercheurs et autres écrivains occidentaux parlant, pour désigner les « Toucouleurs » de « Thucaror », « Takrur », « Tochoror », « Tacorom », « Tucurol », « Tucurooes » et autres « Tucaraes », elles prouvent, toutes, que les « Toucouleurs » ne sont pas de nouveaux venus au Tekrour, que personne ne les y a précédés et qu’ils pourraient bien venir de l’Est, si l’on se réfère à la déclaration du Pr Cheikh Anta DIOP :
« Comme les autres populations qui composent le peuple nègre, les Toucouleurs sont venus du Bassin du Nil, de la région dite ‘’Soudan anglo-égyptien’’…Il existe, à l’heure actuelle, en Abyssinie, une tribu appelée Tekrouri, ce qui donne à penser, au cas où les Toucouleurs du Sénégal seraient une fraction de cette tribu, que la région du Tekrour, loin d’avoir donné son nom aux Toucouleurs, aurait reçu le sien de ceux-ci lorsqu’ils s’y installèrent » (Cf. Nations nègres et Culture, quatrième édition, juin 2023, page 616-617)
11)-« La révolution opérée par Abd-Oul-Kader (qui personnellement avait dans les veines plus de sang ouolof que de sang peul et avait été élevé dans le Cayor)… »
Réponse :
Il y a unanimité sur le fait qu’Abdul Hammadi plus connu sous le nom d’Almaami Abdul Qaadiri KAN (Almamy Abdoul Kader KANE) était le fils de Alfaa Hammadi-fils de Al Hajji Lamin-fils de Maat-fils de Hammadi-fils de Aali-fils de Hammee Juuldo, etc.. Il était un descendant de Hammee Juulɗo KAN, tant du côté paternel que de celui maternel. Après la mort d’Al Hajji Lamin Maat, son fils Alfaa Hammadi, pour fuir les exctions des Deeniyŋkooɓe et des Maures, se réfugia à Njama, dans le disctrict de Paffa-Warna, au Saalum, en compagnie des Fulɓe Humaynaaɓe. Voilà qui explique la naissane d’Abdoul Kader KANE au Saloum, en 1726, selon certaines sources.
Il fit ses études coraniques à Njama, auprès de son père, un érudit qui était auréolé du titre d’Alfaa. Il avait sept ans. Cinq ans plus tard, soit à l’age de douze ans, il mémorisa le saint Coran. Il est problable qu’il y ait fréquenté d’autres foyers coraniques dans son lieu de naissance, car le Saloum faisait partie des destinations privilégiées de nombreux futaŋkooɓe.
Il entreprit des études de grammaire et de littérature et alla par la suite à l’Université de Pir Sañoxor où il étudia l’exégèse et le droit. “Il y reçut une solide formation juridique sous la direction de Siriñ Demmba FAAL dont la mère Xari Luum et la grand-mère paternelle Jiigi Urude étaient originaires du Fuuta”, selon Cheikh Moussa KAMARA rapporté par le Pr Oumar KANE, à la page 539 de son livre de référence précité. Nous y lisons également que tous les formateurs (ou presque) d’Abdoul et ses célèbres condisciples à Pir, étaient des “Fulɓe / Toucouleurs”.
Parmi eux, Tafsiru Aamadu KAN de Dimat qui serait le maître attitré de tous les condisciples fuutaŋkooɓe des célèbres acteurs de la Grande Révolution de 1776 qui, d’ailleurs, maîtrisaient déjà, tous ou presque, chacun, une discipline qu’il enseignait à ses autres camarades.
Encore que, Khaly Amar FALL en personne, de son vrai nom Hammaat Paate Koli FAAL soit né à Guédé (un village du Fuuta), d’une mère « Pullo / Toucouleur », et ait fait ses études au Fuuta. Ses enfants aussi sont nés au Fuuta et y ont fait leurs études, auprès de marabouts Fulɓe / Toucouleurs, leurs grands-parents maternels. Même les très rares enseignants de Pir qui n’étaient pas des Fulɓe / Toucouleurs (si jamais il en existait), avaient de solides attaches familiales au Fuuta. Cela est connu et accepté de tous, excepté peut-être des TOUCOULEUROPHOBES.
Si malgré tout « Almamy Abdoul Kader KANE avait dans les veines plus de sang wolof que de sang peul ». Si malgré tout Almamy Abdoul Kader KANE doit son apprentissage coranique, sa formation religieuse et son érudition à des maîtres wolofs. Si malgré tout Thierno Souleymane BAAL et ses anciens condisciples de Pir doivent leur formation et leur aura aux Wolofs. Si…Si…Si…
Alors : Bravo, Champions! Faites donc leurs œuvres ! Notre cher Sénégal y gagnera énormément !
12)-« …C’est à cause de ce vieux fond wolof et sérère du Fouta que le général Faidherbe indiqua que la révolution toorodo fut celle des wolofs du Fouta mélangés aux Poul contre l'élément Malinke mélangé aux Poul.
…La révolution d'Abd-Oul-Kader, qui s'appuya sur la religion, nous semble donc être une révolution de la classe ou race nommée Torodo contre la domination des Délianké; et il nous semble que les Torodo devaient être le résultat du mélange des tribus Poul non Délianké avec les habitants indigènes, c'est-à-dire avec les Ouolof; cette race mélangée avait conservé les noms des tribus poul, avait adopté la langue poul, et était devenue musulmane fanatique.
Tous les noms des tribus Torodo qui habitent aujourd'hui le Fouta, sont des noms poul, irlabé, sélobé. etc.
Elles ne parlent que le poul mélangé de quelques mots ouolof. Mais physiquement parlant, ces tribus ont plus du ouolof que du poul. La révolution opérée par Abd-Oul-Kader (qui personnellement avait dans les veines plus de sang ouolof que de sang peut et avait été élevé dans le Cayor), et par les Torodo, contre les Délianké, est donc une espèce de réaction des Ouolof mélangés aux Poul contre l'élément malinké mélangé aux Poul..
Saint –Louis le 30 Aout 1855 le Chef de Bataillon de Génie Louis Léon Faidherbe »
Réponse :
Nous ne comprenons que dalle à tout ce que l’on rapporte ici de Louis Léon César Faidherbe, ancien Gouverneur du Sénégal de 1854 à 1861 puis de 1863 à 1865! Quand même, Diawdine Amadou Bakhaw DIAW! Croyez-vous, en votre âme et conscience, à cette crétinerie de Faidherbe? Rendez-nous service en nous dispensant de la lecture d’une telle absurdité qui s’apparente à de l’idiotie congénitale !
Même le récipiendaire d’un brevet d’idiotie dûment délivré suite à une expertise médico-légale, ne croira pas à cette ineptie suivant laquelle « la révolution toorodo fut celle des wolofs du Fouta mélangés aux Poul ».
TOUS LES ACTEURS DE LA GRANDE REVOLUTION DE 1776 ETAIENT DES FULƁE ! POURQUOI CETTE VERITE DERANGE-T-ELLE TANT?
C’est Diawdine Amadou qui nous surprend, et non pas Faidherbe qui, dans une lettre adressée à sa mère en juin 1851, depuis l’Algérie où il était en stage, se vantait : « J’ai détruit de fond en comble un charmant village de deux cents maisons et tous les jardins. Cela a terrifié la tribu qui est venue se rendre aujourd’hui ».
Ce n’est pas Faidherbe qui, en 1859, écrivait que «Les Noirs font de bons soldats, parce qu’ils n’apprécient guère le danger et ont le système nerveux très peu développé» qui nous surprend.
Pourvu seulement que la TOUCOULEUROPHOBIE qui caractérisait Faidherbe et certains de ses anciens compagnons français, n’ait fait des émules quelque part!
Oui, c’est bien Monsieur le Président de l’Union des Associations culturelles Wolof du Sénégal qui nous surprend et non pas Faidherbe qui nourrissait beaucoup de haine envers les Fulɓe, ainsi que cela apparaît clairement dans ses recommandations ci-après, entre autres:
-« Si Al Hajji (El hadj-Omar) retourne dans le Kaarta, avec une partie des populations du Fouta, sans attaquer les États wolofs, il faut le laisser partir, faire également l'expédition de Guémou, et ensuite lui offrir la paix ou la guerre comme le du Kaarta. S'il parvient à entraîner le Fouta et envahit les États wolofs, il faut le combattre avec tous nos moyens.
A.N.S.0.M., Sénégal, 145 a.
Mémoire (entièrement autographe) de Faidherbe au MINISTRE, rédigé à bord du mixte, 1.10.1858. »
-«Parmi les populations indigènes que nous avons eu à coloniser, il y a une ethnie qui n’acceptera jamais notre domination. Et il se trouve que cette ethnie est très répandue sur notre espace de colonisation. Il est urgent et impératif, pour notre présence en Afrique, de réussir à la diviser et leur opposer les autres ethnies moins rebelles. Car le jour où les Peuls se regrouperont, ils pourront balayer sur leur passage toutes les forces coloniales».
Le Colonel Louis ARCHINARD aussi avait dit que: « Ma conviction s’est faite et je regardais Ahmadou comme l’âme de toutes les révoltes contre nous. (…) Il fallait enlever à Ahmadou l’ombre du prestige dont il jouissait encore, et pour cela le chasser du dernier royaume créé par son père et le priver du concours des Toucouleurs que le fanatisme musulman, l’orgueil vis-à-vis des autres Noirs et la haine contre nous, tenaient encore groupés autour de lui».
Yves-Jean Saint-Martin avec le concours de CNRS (Centre national de la Recherche scientifique) rapporte également: « Avant l'arrivée de Faidherbe, et jusqu'en 1859, l'ennemi héréditaire de Saint-Louis et de la colonie était le Maure, pillard incorrigible mais indispensable fournisseur de la gomme ; après lui, dans le palmarès de la détestation, sinon de la haine, venait le Toucouleur du moyen fleuve, obstacle irritant à la navigation et au commerce de Galam.
On les combattait, tant bien que mal, de l'extérieur, sans penser sérieusement à aller faire la loi chez eux. Les plus redoutables sont ceux qui se parent d'un prestige religieux débordant le cadre de leur ethnie et de leur caste origine; En Hadji Omar Tall et ses fils, surtout Amadou de Ségou ; mais aussi, Maba et ses frères, Amadou Shaykou et les siens. À la base de leur autorité, on trouve la force d'une confrérie islamique rénovée et rendue plus accessible à l'homme noir: la Tidjaniya. Si elle se heurte avec tant d'acharnement au pouvoir colonial, c'est parce qu'elle lui conteste tout rôle autre que mercantile : << les français sont des marchands >>, a déclaré EL Hadji Omar, formule reprise par Maba et Amadou Shaykou. Les réformateurs Tidianes sont ainsi devenus les inspirateurs de la résistance aux français… »
Voilà les causes de la haine viscérale que les Faidherbe et consorts nourrissaient envers les « Fulɓe / Toucouleurs ». Mais Faidherbe, tout PULLOPHOBE qu’il fût, avait au moins le mérite de reconnaître le courage, la bravoure, le patriotisme, l’esprit de sacrifice et d’abnégation de ses adversaires les plus résolus, les plus déterminés, les plus redoutables qu’étaient les « Fulɓe / Toucouleurs ». Il s’était même incliné devant leur génie militaire, si on se réfère à ses écrits ci-dessous, consultables au niveau des Archives nationales:
1°« Depuis Abdul Kader, le Fouta n’a plus retrouvé cette union qui en fit la puissance la plus formidable de toute l’Afrique»;
« Abdoul Kader fonde au commencement du XVIIIe siècle l'Etat théocratique du Fouta sénégalais, 4,000 lieues carrés », soit 92 000 km2.
2°) « Dans le cours du XVIIIe siècle, Sidi fonde le Fouta Djalon, 4,000 lieues carrés » ; soit 92 000 km2).
3°) « Fin du XVIIIe siècle, fondation du Dondou musulman par l'Almamy Ibrahima, du Fouta Djalon, 2,000 lieues carrés », soit 46 000 km.
4°) « Au commencement du XIXe siècle, Othman-Dan Fodio et son fils fondent un vaste empire peul entre le Niger et le lac Tchad (royaumes de Sokolo et de gando), 20,000 lieues carrés » (460 000 km2), soit plus du double de la superficie actuelle du Sénégal.
5°) « Au commencement du XIXe siècle, Ahmadou-Lobbo fonde un Etat peul le long du Niger, entre Tombouctou et Ségou. Tombouctou finit par lui être soumis, 1,000 lieues carrés », soit 23 000 km2.
6°) « De 1857 à 1861, El hadj-Omar, repoussé par nous du Sénégal, fait la conquête des puissants Etats du Kaarta et du Ségou; ensemble 15,000 lieues carrés », soit 345 000 km2.
7°) « Les dernières nouvelles du Sénégal annoncent que Ahmadou Cheikhou, des environs de Podor, déjà maître du Djolof depuis quelques années, vient d'envahir le Cayor d'où il a chassé le Damel. Ce serait donc la fondation d'un nouvel et septième Etat peul, celui-ci aux dépens des pays wolofs, 5,000 lieues carrés. De sorte qu'aujourd'hui les Peuls sont maîtres presque partout du Cap-Vert au Lac Tchad, sur trente degrés de longitude et entre les latitudes de 10° à 15° nord, c'est-à-dire dans une zone de 80,000 à 90,000 lieues carrés » (1 840 000 à 2 070 000 km2), soit plus de onze (11) fois la superficie actuelle du Sénégal. » (Cf. FAIDHERBE : ESSAI SUR LA LANGUE POUL ET COMPARAISON DE CETTE LANGUE AVEC LE WOLOF,LES IDIOMES SÉRÈRES ET LES AUTRES LANGUES DU SOUDAN OCCIDENTAL »)
Parmi les nombreuses autres déclarations, nous relevons également celles de :
-Eugène MAGE décrivant Ahmadou Cheikhou : «A première vue, j’avais donné à Ahmadou dix-neuf ou vingt ans ; en réalité, il en avait trente ; il est plutôt grand et il est bien fait. Sa figure est très douce, son regard calme, il a l’air intelligent. Il bégaie un peu en parlant, il parle bas et très doucement. Il a l’œil grand, le profil du nez droit, les narines peu développées. (..) Il est coiffé d’un bonnet bleu. (..) Il tenait à la main un chapelet, dont il défilait les graines en marmottant par les intervalles de la conversation. Devant lui, sur sa peau de chèvre, étaient posés un livre en arabe et des sandales ainsi que son sabre».
-Eugène MAGE: «Trois jours après son entrée à Hamdallaye, tout le Macina, chefs en tête, venait faire sa soumission au marabout, qui se trouve ainsi maître de la plus vaste étendue de territoire qu’un chef nègre n’eut jamais eu en son pouvoir. De Médine à Tombouctou, et de Trengela au Sahara, tout était soumis à sa loi».
-« Jules BELIN de LAUNAY » (1814-1883), un compagnon de Faidherbe, préfaçant le livre d’Eugene MAGE: «La rapide extension des Foulahs et leur domination politique dans une grande partie du Soudan, depuis la haute région où le Kouara (Djoliba ou Niger) et le Sénégal ont leurs sources jusqu’au fort au-delà du Tchad ; cette extension est un des phénomènes historiques les plus remarquables des temps modernes».
-Robert CORNEVIN : «La théocratie fondée en 1818 au Macina par Cheikou Ahmadou, à son apogée en 1830, s’étendait du Nord au Sud entre Tombouctou et Djenné et à l’Ouest, les rives du Bani et du Niger».
-Le Suédois Carl Bernard Wadstrom, dans son récit intitulé "Observations sur la traite des nègres, avec une description de quelques parties de la côte de Guinée, durant un voyage fait en 1787 et 1788 avec le docteur A. Sparganier et le capitaine Arrhenius" : « La conduite du roi actuel d’Almaamy (autrefois grand marabout) est plus intéressante pour l’humanité et prouve la fermeté du caractère mâle des Nègres lorsqu’ils ont acquis quelques lumières. Comme son esprit a été plus cultivé dans sa jeunesse que celui des autres princes noirs, il s’est rendu tout à fait indépendant des Blancs.
Il a non seulement défendu la traite des esclaves dans ses Etats, mais (en 1787) il n’a pas même voulu permettre aux Français de faire passer par ses Etats les captifs de Gallam. Il rachète ses propres sujets lorsqu’ils ont été pris par les Maures, et il les encourage à élever des troupeaux, à cultiver la terre et à exercer leur industrie de toutes les manières".
Pruneau de Pommegorge, ancien membre du Conseil du Sénégal parlant d’Almamy Abdoul Kader KANE aussi dira : «…Il a engagé tous les grands de ce pays à se faire comme lui marabout. Il a défendu dans tout son pays les pillages ni de faire aucun captif ; et enfin par d’autres moyens politiques (et au fond très humains) il est parvenu à repeupler son vaste royaume, à y attirer des peuples qui y trouvent leur sûreté. Il commence même par se rendre redoutable à tous ses voisins par sa bonne gouvernance et administration. Ainsi, voilà un homme d’une contrée presque sauvage, qui donne une leçon d’humanité à d’autres peuples policés, en défendant dans tout son royaume la captivité et les vexations».
Encore une fois : Si le sang coulant dans les veines de tous les illustres enfants du Sénégal est plus wolof ou sérère ou encore diola que « pullo / toucouleur », alors bravo, nobles gens ! Faites les œuvres de vos ancêtres! Rivalisez dans l’accomplissement des sublimissimes œuvres qui étaient les leurs !
par Tierno Monénembo
QU’EST-IL ARRIVÉ AU GÉNÉRAL SADIBA COULIBALY ?
La vérité, c’est qu’après avoir accaparé, un à un, tous les leviers du pouvoir, Mamadi Doubouya a mis à jour la machine à tuer héritée de son mentor, Sékou Touré. Nos tyrans ne tombent pas du ciel. Ils viennent de notre lâcheté collective
Tout est bizarre dans cette affaire et d’abord, son arrestation et sa condamnation. Si notre Général avait commis quoi que ce soit de répréhensible (un acte de rébellion par exemple), on l’aurait régulièrement arrêté et au grand jour, déféré devant un tribunal militaire.
Au lieu de cela, son domicile est assiégé un beau matin et, sans sommation, arrosé de tirs nourris. Pris de panique, il se rend de lui-même à la Présidence pour solliciter des éclaircissements. Il est détenu sur-le-champ et condamné à cinq ans de prison pour « désertion à l’étranger et détention illégale d’armes » puis déchu de son titre de Général et exclu de l’armée.
« Désertion à l’étranger », c’est celle-là, la deuxième bizarrerie. Qu’est-ce que cela veut dire ? Que notre officier supérieur a déserté l’armée pour se réfugier à l’étranger ou que notre Chargé d’Affaires à notre ambassade à Cuba a quitté son poste sans autorisation ? Dans ce cas, désertion ou abandon de poste ?
Autre chose qui a du mal à passer dans mon ciboulot de pauvre chroniqueur : « détention illégale d’armes ». En effet, dans ma modeste compréhension de la chose militaire, rien de plus normal qu’un Général soit armé, c’est pour cela d’ailleurs qu’on le paie. En tout état de cause, ses avocats sont formels : il a prévenu son ministre de tutelle de sa venue au pays, et pris la peine de lui rendre visite dès son arrivée à Conakry. Il se trouve où, le crime ?
Mais passons. Condamné à cinq ans de prison, dégradé puis rayé de l’armée, Sadiba Coulibaly qui, de ce fait, n’était plus, comme vous et moi, qu’un citoyen lambda, est détenu dans un lieu secret et non, comme il se doit à « l’hôtel Cinq Etoiles de Coronthie ». Et voilà que dans un communiqué qui pue le malaise, et daté seulement du 25 juin, le tribunal militaire de première instance de Conakry, nous annonce le décès du condamné, décès survenu, tenez-vous bien, le 22 du même mois, soit trois longs jours après le drame. Vous avez compris ?
L’ancien chef d’Etat- major de notre armée est mort le 22, son certificat de décès a été signé le 24 et c’est seulement le 25 que l’on se décide à nous le communiquer. Mais oublions un moment la ronde fastidieuse des dates et lisons ce que dit le médecin-légiste : « le décès pourrait être imputable à un psycho-traumatisme important et un stress prolongé qui sont à l’origine d’une arythmie cardiaque majeure ayant entraîné une défibrillation et un arrêt cardiaque ». Non, ce n’est pas une erreur, c’est bien ce qui est écrit : « le décès pourrait être imputable ». Ah, quand la vérité scientifique se met au conditionnel ! On a envie de dire : « merci Docteur mais de grâce, inventez-nous autre chose ! Un Général d’armée formé dans une des plus belles académies américaines (sain d’esprit et de corps, qui plus est !), mourir de stress, sans aucun choc physique ou électrique, ce n’est pas une autopsie, c’est une histoire à dormir debout !
Il a circulé, peu de temps après l’enterrement du Général, un papier évoquant un suicide. On aurait découvert dans le smartphone du défunt un projet de coup d’Etat et celui-ci se serait suicidé, pris de remords. Un projet de coup d’Etat dans un téléphone portable, une gaminerie à laquelle les Pieds Nickelés eux-mêmes n’auraient pas pensé !
La vérité, c’est qu’après avoir accaparé, un à un, tous les leviers du pouvoir, Mamadi Doubouya a mis à jour la machine à tuer héritée de son mentor, Sékou Touré. Aujourd’hui, c’est Sadiba Coulibaly ; demain, ce sera toi, moi ou quelqu’un d’autre. En tout cas, nous savons tous maintenant que nos tyrans ne tombent pas du ciel. Ils viennent de notre lâcheté collective.
Au moment où j’écris ces lignes, deux braves combattants du FNDC, Foniké Mengué (encore lui !) et Billo Bah ont été kidnappés par des gradés en cagoule et conduits manu-militari, en un lieu inconnu. Dans quel état, nous les rendront-ils ? Dans un état de psycho-traumatisme important ?
par l'éditorialiste de seneplus, Arona Oumar Kane
ASSEMBLÉE NATIONALE : LE SOUVERAIN DÉRIVÉ, UN MODÈLE INEFFICACE ET DÉPASSÉ
EXCLUSIF SENEPLUS - Le parlement est la seule corporation où on accepte des individus dépourvus de compétences nécessaires. Les régimes successifs ont fait régresser ce pilier essentiel de nos institutions et détourner de ses objectifs originels (1/2)
Arona Oumar Kane de SenePlus |
Publication 21/07/2024
Le Souverain dérivé, un modèle inefficace et dépassé
L’analyse des listes de candidats investis aux élections législatives sénégalaises de 2022 révèle une anomalie statistique majeure qui permet de comprendre la faiblesse du niveau constaté chez les parlementaires de cette nouvelle législature. Les deux professions les plus représentées sur ces listes, telles que mentionnées dans la publication officielle du Conseil constitutionnel, sont : “COMMERÇANTE” (212 occurrences) et “MÉNAGÈRE” (164 occurrences). Il s’agit probablement du même profil, qu’on pourrait résumer par “FEMME D’AFFAIRES”. En retirant la variable “sexe” et en fusionnant avec les professions “COMMERCANT”, “OPÉRATEUR ÉCONOMIQUE” et “OPÉRATRICE ÉCONOMIQUE”, on arrive à une majorité écrasante de candidats et candidates à la profession floue mais qu’on peut situer dans le monde des affaires au sens informel du terme. Les professions “JURISTE” (24 occurrences), “INGÉNIEUR” (20 occurrences) et “COMPTABLE” (14 occurrences) suivant loin derrière, cela donne une idée assez précise du problème (voir le graphique en illustration de l’article).
Cette répartition[1] se retrouve, à peu de choses près, dans toutes les coalitions qui ont concouru à ces législatives de juillet 2022, à l’exception de Yewwi Askan Wi, où la profession COMMERÇANTE, toujours en tête, est suivie de la catégorie ENSEIGNANTE et le profil MÉNAGÈRE se tient en quatrième position derrière ENTREPRENEUR, autre profession au contenu aléatoire.
Fondements historiques du mode de représentation parlementaire
L'article 3 de la Constitution de la République du Sénégal dispose : "La souveraineté nationale appartient au peuple sénégalais qui l’exerce par ses représentants ou par la voie du référendum".
Ce dogme institutionnel, hérité de la Constitution de la Ve République française - elle-même lointain résidu de la Révolution de 1789 et des théories du Contrat social élaborées par des penseurs comme Rousseau - est la base théorique qui légitime l'existence du pouvoir législatif. L'évolution de la notion de souveraineté, dans l'histoire politique moderne, est en effet marquée par l’affirmation d’un "Souverain originel" qui réside dans le peuple. Ce dernier délègue sa souveraineté à un "Souverain dérivé", incarné par des structures gouvernementales, dont l'Assemblée nationale.
Ainsi, dans le cas du Sénégal, les députés, élus au suffrage universel, concourent à l’incarnation de cette souveraineté dérivée qui les dote, le temps d'une législature, de la prérogative de prendre des décisions à la place du peuple ; ce transfert de souveraineté partant d’un postulat simple : les décisions prises par le Souverain dérivé sont censées refléter la volonté générale. La mission ainsi dévolue au parlementaire recouvre différentes activités parfois schématisées sous la forme d’un triptyque : Représenter, Légiférer, Contrôler.
Cet article propose d’ouvrir un débat sur la pertinence de ce modèle dans le contexte actuel, d’y poser un regard froid et lucide pour en faire l’évaluation et proposer un modèle alternatif qui pourrait permettre de résoudre des problèmes structurels qui sont autant d’entraves au développement de notre pays et à l’émergence d’un véritable État de droit.
Dérives du modèle actuel
Le fonctionnement actuel de notre démocratie parlementaire révèle des failles significatives dans ce mode d’exercice de la souveraineté populaire. L'Assemblée nationale, bien qu'élue par le peuple, est souvent perçue comme déconnectée de ses électeurs. Pire encore, le jeu des majorités tend à placer le Législatif sous le contrôle de l'Exécutif, entravant la séparation des pouvoirs, essentielle à toute démocratie. Ce phénomène est exacerbé par la relation de très forte dépendance - alimentaire - des parlementaires vis-à-vis du chef de l’Exécutif qui, jusqu’à l’avènement du président Bassirou Diomaye Faye, était également chef du parti ou de la coalition majoritaire et principal pourvoyeur de privilèges. Ainsi, la prise en compte véritable des aspirations du peuple n’est pas une réalité dans l’action parlementaire, comme le montrent la fâcheuse tentative de coup d’Etat constitutionnel du 3 février 2024 et les récents soubresauts dans les relations entre la majorité parlementaire BBY, issue des législatives de 2022, et le nouvel exécutif, incarné par le président Bassirou Diomaye Faye.
Le porte-parole du nouveau gouvernement s’est récemment pris une volée de bois verts de la part des membres de l’opposition pour avoir déclaré, en substance, que censurer le gouvernement Sonko équivaudrait à ne pas respecter la volonté populaire. Même si M. Ndieck Sarré s’est exprimé de façon maladroite - il faut reconnaître qu’il n’a pas le talent oratoire d’un Seydou Gueye ou d’un Abdou Karim Fofana - sa réflexion est pertinente. En effet, si l’unique source de légitimité des parlementaires est la volonté populaire, alors il est normal d’attendre d’eux qu’ils se soumettent à la version la plus récente de celle-ci, à savoir celle sortie des urnes le 24 mars 2024. Ainsi, le respect de cette volonté générale devrait non seulement les contraindre à se retenir de toute tentation de motion de censure contre le gouvernement Sonko, mais ils devraient même aller plus loin et faciliter l’action du nouvel Exécutif en votant tous les textes soumis par celui-ci pendant cette période transitoire imposée par les délais de dissolution. Malheureusement, au vu du récent acte de blocage - de sabotage - du débat d’orientation budgétaire, qui devait légalement se tenir avant la fin de la session ordinaire, on constate que cet alignement sur la toute dernière volonté du peuple n’est pas à l’ordre du jour.
L’un des principaux problèmes que révèle notre étude est la perte de qualité dans les profils des parlementaires au fil des ans. Il est fréquent d’entendre dire que la représentation nationale est un reflet de la société dans sa globalité, une sorte de “microcosme à l’image du pays”, diront certains. L’idée sous-jacente étant de dire que s’il y a des gens brillants et des médiocres parmi nous, il est normal qu’on en retrouve des échantillons représentatifs à l’Assemblée nationale. Cette assertion est d’autant plus injuste que le spectacle que nous offrent nos représentants sur les bancs de l’hémicycle depuis quelques législatures est bien loin de refléter la distribution globale de ces caractéristiques dans la société.
Il est aussi communément admis, dans notre pays, cette incroyable idée qu’il n’est pas nécessaire de savoir lire et écrire pour devenir député. Et donc, un législateur peut être dispensé de l’aptitude à lire, voire à comprendre, les textes de lois qu’il est censé créer, modifier, supprimer - ou, selon le jargon consacré, voter, réviser, abroger. Ainsi, le parlement est la seule corporation où on accepte le recrutement d’individus dépourvus des compétences nécessaires à l’exercice du métier. Le plus important, en ce qui est exigé d’eux, c’est de faire des discours et de voter. Jusqu’à quand va-t-on continuer avec cette aberration ? C’est tout comme si on acceptait dans les hôpitaux le recrutement de médecins qui ne savent pas soigner les malades mais dont l’activité se limiterait essentiellement à causer entre eux et à signer des bulletins d’admission et des certificats de décès !
L’autre mission dévolue au parlementaire, en plus de celles de légiférer et de représenter ses concitoyens, est celle de contrôler l’action du gouvernement et évaluer les politiques publiques. Cela suppose, bien entendu, une connaissance à minima des principes de base qui régissent le fonctionnement de l’Etat, de ses structures, de ses procédures et règles de gestion notamment des finances publiques. Mais, pas de souci, nul besoin de comprendre tout cela pour être parlementaire au Sénégal. Le plus important, c’est de savoir s’imposer dans le militantisme de terrain, et d’être capable de voter le moment venu pour contribuer au rapport de force politique, sous la houlette d’un chef de l’Exécutif qui donne le ton et tire les ficelles, en violation perpétuelle du principe constitutionnel de séparation des pouvoirs.
En toute objectivité, on peut admettre, pour assurer une représentativité la plus large possible, qu’il y ait effectivement parmi les élus du peuple des profils qui reflètent la diversité sociologique du pays. On doit ainsi pouvoir retrouver sur les bancs de l’Assemblée nationale des agriculteurs, des pêcheurs, des commerçants ou des éleveurs aux côtés de juristes, d’ingénieurs, d’enseignants, de comptables, etc. Mais le nombre d’élus analphabètes ou ayant un niveau d’instruction modeste devrait être contenu dans des limites raisonnables, c’est-à-dire au strict minimum, si l’on voulait se doter d’un parlement performant.
La mainmise des affairistes sur les investitures
Le maire d’une grande capitale régionale, docteur en droit de son état, et d’autres figures des coalitions avaient fait éclater au grand jour leur frustration d’avoir été mis sur la touche, et voilà que les données nous apprennent qu’ils l’ont été pour privilégier des individus aux profils surprenants, objectivement beaucoup moins légitimes pour exercer la fonction de parlementaire. Une Assemblée nationale de qualité devrait être majoritairement composée de juristes ou, tout au moins, de personnes ayant de solides connaissances en droit, ou étant en capacité de monter en compétence sur le sujet. L’ancien député Théodore Chérif Monteil de la 13e législature en est une illustration parfaite. Chimiste de métier, il s’est fait remarquer par sa maîtrise des procédures législatives et sa capacité à les rendre compréhensibles pour les profanes. La non réélection d’un parlementaire aussi doté, intellectuellement et techniquement, comparée à l’entrée dans l’hémicycle de certains individus, constitue en soi un bug de notre système électoral, une sorte de faille de sécurité institutionnelle sur laquelle nous gagnerions à nous pencher sérieusement.
La preuve de compétences avérées devrait être un critère gravé dans le marbre du code électoral pour empêcher les partis politiques d’investir n’importe qui et favoriser l’émergence et l’élection d’hommes et de femmes de qualité. Un tel critère de compétences eût été beaucoup plus pertinent et légitime que certains critères abusifs qui n’ont eu, jusqu’ici, d’autre utilité que de permettre au pouvoir en place d’opérer des manipulations politiques pour prendre l’avantage sur ses adversaires. Il est tout de même question de la manière de choisir les hommes et les femmes qui doivent décider des règles fondamentales qui régissent notre société et valider les importantes décisions qui engagent la Nation tout entière.
La question qui vient à l’esprit, à la découverte des statistiques sur la profession des candidats aux législatives, est de savoir pourquoi l’intérêt soudain de femmes et d’hommes d’affaires pour le service public, malgré les contraintes supposées sur la vie personnelle, la famille, le business et malgré tous les autres risques du métier ? On peut également s’interroger sur cette facilité pour ces personnes à obtenir l’investiture sur des listes où la guerre des responsables au sein des coalitions est d’ordinaire de rigueur pour obtenir une place en position éligible. La réponse à ces questions est sans doute à chercher dans ce que rapportent les protagonistes de cette alliance singulière et le profit que chacun en tire potentiellement.
Une coalition politique qui investit un commerçant ou une commerçante peut gagner en retour une contribution financière pour soutenir ses activités et un relais de mobilisation efficace, notamment dans les quartiers populaires, dans les familles, sur les marchés et dans la Diaspora. Les diplômes, l’éloquence ou la fougue de politiciens professionnels désargentés peuvent s'avérer insuffisants pour décrocher l’investiture. En contrepartie, une fois élus, ces honorables députés bénéficient d’un passeport diplomatique qui permet de voyager presque partout dans le monde sans les habituelles tracasseries des demandes de visas, avec en bonus un passage par le salon d’honneur de l’AIBD au départ et, si besoin, l'assistance des services diplomatiques et consulaires à l’arrivée. L’accès aux hautes sphères de l’Etat et la visibilité sont également une source potentielle de motivation. Par ailleurs, un parlementaire reçoit un petit médaillon doré sur la poitrine et une vignette sur le pare-brise, de précieux sésames qui, en plus du prestige qu’ils procurent en ville et dans les campagnes, ouvrent les portes des administrations. Enfin, l’immunité parlementaire, un véhicule de fonction, des indemnités, des milliers de litres de carburants et autres privilèges sont autant de bénéfices que confèrent l’obtention d’un siège de député.
On le voit bien, ce qui devait être un sacerdoce, un don de soi au service du pays, pourrait bien être devenu, pour certaines personnes, un moyen d’obtenir ou de consolider une position sociale confortable. Dès lors, la défense des intérêts du citoyen “ordinaire”, qui n’est qu’un instrument pour arriver à cette fin - une sorte de marchepied - devient secondaire. Voilà comment les régimes successifs ont fini par faire régresser l’un des piliers essentiels de nos institutions et le détourner de ses objectifs originels. Un pays qui aspire à l'Émergence ne saurait se payer le luxe de la régression parlementaire à laquelle nous assistons depuis quelques années et qui a pris des proportions inquiétantes avec cette 14e législature.