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24 novembre 2024
Opinions
par Babacar Fall
UNE FÊTE DE L’INSTRUCTION PUBLIQUE GÂCHÉE
J'attends du Premier ministre la construction d'écoles publiques, plutôt que des propos sur une prétendue exclusion de quelques élèves voilées des écoles catholiques ; des élèves susceptibles de trouver une place ailleurs
Le tollé provoqué et les répliques successives par une partie des propos tenus par le Premier ministre lors de la remise des prix du concours général aura ruiné le message d’ensemble du président de la République et du premier ministre lui-même.
C’était la fête de l’école, de l’éducation et de l’apprentissage, de la science. En substance, il s’agissait de mettre en exergue la valeur de l’instruction publique nationale au travers de ses brillants récipiendaires de toutes origines.
En écoutant bien les propos du premier ministre : « Certaines choses ne peuvent plus être tolérées dans ce pays. En Europe, ils nous parlent constamment de leur modèle de vie et de style, mais cela leur appartient. » On voit bien qu’il y a une erreur de contexte.
Rappelons qu’il répondait aux questions d’une jeune femme lauréate d’un concours de récitations de Coran à propos des daaras.
La mauvaise querelle sur la laïcité des écoles confessionnelles catholiques
L’Eglise catholique ne peut être le promoteur de la laïcité. Elle ne l’a pas inventée, ni au Sénégal, ni ailleurs. La laïcité « européenne » ou française en particulier, puisque c’est de celle-là dont il s’agit, s’est développée contre l’Eglise, accusée d’accaparement des consciences des enfants.
L’instauration de l’instruction publique, gratuite et laïque en France s’est faite contre la toute-puissance du clergé catholique à revendiquer sa compétence et sa prétention à former et éduquer tous les enfants.
À travers cette mauvaise querelle qui sévit depuis ces propos de Ousmane Sonko, nous sommes exactement en face d’un « double bind » ou double contrainte pour reprendre le concept de Gregory Bateson. En gros, une “double contrainte” est un type particulier de conflit qui crée une situation “non-gagnante” ; c’est-à-dire, une situation dans laquelle on est “damné si vous le faites et damné si vous ne le faites pas”.
Cela veut dire que le clergé catholique sénégalais se voit assigné à la défense d’une laïcité à la française qui ne le concerne en rien et qu’une frange importante de ses coreligionnaires français abhorrent.
Et le premier ministre semble ériger l’accès à l’école privée confessionnelle catholique comme étant la condition de la réussite scolaire pour les élèves sénégalais les plus brillants. C’est ainsi que je lis cette partie de son propos : « au Sénégal, nous ne permettrons plus à certaines écoles d’interdire le port du voile ». Se voulant plus clair, il a ajouté : « Gare à ces institutions qui refuseront d’accepter une fille simplement parce qu’elle est voilée. »
Mais pourquoi, alors que les meilleures écoles publiques gratuites leur sont ouvertes et que c’est leur place naturelle ?
Eloge de l’école publique, gratuite et obligatoire
Je suis un enfant de l’école publique (primaire, secondaire et université), l’école de tous les enfants, ouverte, laïque, tolérante, avec ses enseignants-hussards dont le dévouement, la disponibilité totale, faisaient notre admiration. C’est l’école du brassage et de l’édification des citoyens sénégalais. Où on apprend à « faire Nation ». Où on s’ouvre aux autres, d’où qu’ils viennent et quelle que soit l’origine sociale des parents. C’est cette école que les pères bâtisseurs de notre Etat-Nation ont construite.
Léopold Senghor et Mamadou Dia et tous leurs compagnons avaient fait ce choix, qui est celui de l’avenir de notre Nation.
Tous les élèves du Sénégal de mon âge et les plus jeunes, parlent toujours avec beaucoup d’émotions des enseignants qui les ont marqués durant leur scolarité. Le ministre Guirrassy en a donné un témoignage l’autre jour en recevant son ancienne institutrice. Le premier ministre l’a illustré aussi dans une autre partie de son propos en parlant des enseignants qui l’ont encouragé à se discipliner pour ne pas rater ses études. Le parrainage de la cérémonie de remise des prix du concours général par le professeur Sangharé témoigne de la volonté des pouvoirs publics d’ériger l’instruction publique comme levier indispensable du développement de notre pays.
Mais alors, pourquoi cette fixation sur le voile ? Pourquoi cette mauvaise querelle sur l’admission réelle ou supposée des élèves voilées dans les écoles, en l’occurrence des écoles catholiques, même si le premier ministre ne les cite pas ?
Le premier principe de la laïcité ou du sécularisme sénégalais est celui de la neutralité de l’espace scolaire public. Tout du moins, comme l’ont voulu les pères bâtisseurs de notre Etat-Nation.
Les convictions religieuses doivent rester à la porte de l’école publique. On se fiche de connaître la religion de tel ou tel camarade. On était de Blaise Diagne, de Van Vo ou Delafosse. Et une sorte de patriotisme scolaire se développait en sport, au hand, au foot ou au basket. On admirait les moyens que mettait l’encadrement de Saint Michel en sport. Mais on était ravi de les battre sur le terrain.
C’est le devoir des pouvoirs publics de construire des écoles publiques de qualité pour tous les enfants du Sénégal. Certes l’enseignement privé (confessionnel ou pas) est partie intégrante du système national d’éducation, mais il n’est pas destiné à tous les élèves. Alors que l’enseignement public est ouvert à tous. C’est de la responsabilité du gouvernement de le développer, le consolider et de l’étendre.
Les politiques d’ajustement structurel des années 80 ont démoli le système d’enseignement public : fin des programmes de construction (avec la honte absolue qu’a constitué jusqu’à aujourd’hui l’état de délabrement du lycée Limamou Laye de Guédiawaye malgré ses excellents résultats chaque année), arrêt des recrutements d’enseignants…
Que 100 écoles publiques rivalisent et s’épanouissent
Du premier ministre, j’attends l’annonce d’un programme de construction d’écoles publiques dans les grands centres urbains du pays et dans le monde rural. Je n’attends pas des propos sur l’exclusion réelle ou supposée d’élèves voilées des écoles catholiques et qui ne concernent en l’occurrence que quelques dizaines des filles et dont les parents ont suffisamment les moyens de leur trouver une place ailleurs. Ce qui est d’ailleurs le cas à chaque rentrée.
Le souverainisme économique et le développement de ce pays mérite que l’on évite ces mauvaises querelles et que l’on se concentre sur l’essentiel.
Pour reprendre le mot de Mamadou Diouf, une véritable révolution démocratique s’est enclenchée dans ce pays, une déconstruction-reconstruction de certains paradigmes est en route. Parmi celles-ci une prise de conscience citoyenne, jamais observée et à certains égards, comparable aux mobilisations pré et postindépendance.
J’ai prédit et écrit sur la raclée électorale qu’allait subir le régime corrompu de Macky Sall. Et le résultat est au-delà des espoirs des démocrates et des républicains de ce pays et d’ailleurs.
Les premières décisions et l’allure générale des mesures arrêtées (à l’exception notable de la parité dans les nominations aux fonctions de direction publiques), la gestion maîtrisée des politiques publiques, annoncent des lendemains qui tranchent agréablement avec la fin de règne de Macky Sall et même de Wade. Le renouvellement générationnel, les nouveaux talents et compétences et les pratiques du gouvernement constituent assurément de très agréables surprises.
C’est la voie à suivre et c’est celle qui assure la confiance des citoyens en leur gouvernant et le succès de notre pays.
Babacar Fall est haut fonctionnaire à la retraite.
par Ousseynou Nar Gueye
PREMIER MINISTRE SONKO, PARLER CONTRE LA FRANCE, C'EST PENSER TOUJOURS PAR RAPPORT À LA FRANCE
Le legs colonial est une dette inexpugnable dans la tête des "panafricanistes de gauche" qui nous dirigent désormais. Cela renvoie à l'image de la souris courant dans sa cage grillagée en forme de roue, qu'elle fait tourner, sans jamais elle-même avancer
Le legs colonial est finalement une dette inexpugnable, dans la tête des "panafricanistes de gauche" qui nous dirigent désormais au Sénégal. Surtout de l'un d'entre eux.
Fort bien. Sauf que, parler "contre" la France comme vous le faites, M. Sonko, c'est encore, pour vous, penser "par rapport" à la France. Et donc définir ce que vous êtes et ce que vous faites, "en fonction" de ce que vous serez sans doute tenté de nommer "l'Afrance", et de l'image que vous vous faites d'elle. Cela renvoie, sauf votre respect, à l'image de la souris qui court dans sa cage grillagée en forme de roue, qu'elle fait tourner, sans jamais elle-même avancer d'un pas.
C'est là, hélas, le triste manège inlassable, mais lassant, des "décoloniaux professionnels compulsifs", parmi lesquels je pense pouvoir vous compter, M. Sonko.
Monsieur le Premier ministre du Sénégal, vous saviez fort bien que cette année 2024 marque le 80ème anniversaire du terrible crime contre l'humanité, survenu au camp de Thiaroye. Pourquoi avez-vous laissé la France officielle "tirer la première", en ce mois de juillet 2024 finissant ? Comment avez-vous anticipé et qu'avez-vous prévu et annoncé en avance pour marquer cette date symbolique de commémoration incontournable pour décembre prochain ? Là est la question. Et la réponse vous fâchera sans aucun doute. Car elle tient en ceci : rien.
Ce qui est une avancée du point de vue d'un discours progressiste chez nos dirigeants, mais aussi un rétropédalage de votre part, par rapport à vos propos du temps de l'opposition, affirmant vouloir “criminaliser les actes homosexuels, une fois au pouvoir".
Dans la foulée, vous n'avez pas assumé le service après-vente de votre nouvelle position "médiane" sur l'homosexualité au Sénégal, huée par les étudiants de l'Ucad et pour laquelle un journaliste-activiste qui l'a commentée de manière certes véhémente, est aujourd'hui en prison, pour atteinte à une personne dépositaire d'une partie du pouvoir du chef de l'État, c'est-à-dire vous, M. Sonko. L'arsenal juridique sénégalais n'a point besoin d'être plus corsé encore, en matière de ce que la loi qualifie pudiquement "d'actes contre-nature", comme pour ne jamais nommer le mot et "la chose".
Dans cet ordre d'idées, j'en appelle à la clarification de la position de votre "GOS", Gouvernement Ousmane Sonko, sur la question de la sanctuarisation constitutionnelle de l'interdiction de la peine de mort, qui est effective au Sénégal. Car pourtant, en effet, tous les jours, des citoyens, des journalistes et des politiciens, sur les antennes de l'audiovisuel et dans les colonnes de journaux de notre pays, en appellent à ce que la peine de mort soit réinstaurée. Du temps où vous étiez opposant, vous aussi, M. Sonko, aviez "promis de faire revenir" la peine de mort. J'espère qu'il ne subsiste rien de cette idée mortifère, chez vous. Souhaiter à haute voix le retour de la peine de mort au Sénégal, ce n'est pas une opinion : c'est un acte inconstitutionnel. Il est du devoir de votre charge d'y mettre le holà, Monsieur le Premier ministre.
Ousseynou Nar Gueye éditorialiste (Tract.sn) et Communicant.
par Alioune Tine
DIRE ET NE PAS DIRE, L'IMPLICITE ET LE PRÉSUPPOSÉ
Les autorités doivent réexaminer leur communication, car il ya trop de couacs, trop de fronts, et des colères émergentes. L'impression d'impréparation aux fonctions éminentes d'exercice du pouvoir d'État est de plus en plus manifeste
Nous avons un contexte politique propice aux tensions, aux polémiques, aux malentendus, aux disputes, bref on assiste à un malaise ambiant, palpable.
L'État doit absolument veiller à retaurer la sérénité, à l'intercompréhension et de privilégier le dialogue aux polémiques inutiles. Les autorités de l'État devraient elles-mêmes prendre les initiatives idoines pour créer toutes les conditions requises pour qu'il soit mis un terme à une polémique inutile. Les questions de foi et de croyances mobilisent plus les émotions que la raison. Ce sont des débats passionnels qui peuvent vite déraper.
Le Sénégal est un pays où le dialogue et les rapports sociaux entre les musulmans et les catholiques sont exemplaires. Les autorités politiques doivent les renforcer. D'ailleurs, il faut reconnaître que les autorités actuelles l'on fait.
La polémique actuelle est née des presupposés et malentendus liés aux contentieux sur la question du voile vidé en 2019, par le dialogue. Le malentendu actuel a pour source les déclarations "polémiques " du Premier ministre, perçues comme une "provocation" par nos frères chrétiens. Cette sortie peut être réglée par le dialogue et la concertation avec les protagonistes. Il faut le faire maintenant, l'initiative doit émaner de l'État. L'église est toujours disponible pour le dialogue et la paix civile. Les autorités de l'État doivent réexaminer leur communication,car il ya trop de couacs, trop d'incompréhensions, trop de fronts, et des colères émergentes. La désillusion frappe à la porte.
La révolution démocratique et sociale que nous avons vécue a mobilisé tous les segments de la société qui ont manifesté un immense désir de changement, exceptionnel sur toute la ligne et une confiance sans limites aux jeunes leaders politiques actuels et en tête Ousmane Sonko. Sans Sonko, Diomaye ne serait jamais président de la République, c'est tout le sens de Diomaye moy Sonko. C'est aussi l'émergence d'un hyper-Premier ministre, avec un hyper-pouvoir auquel Sonko, mais aussi les Sénégalais ne sont pas préparés. L'impression d'impréparation, d'inexperience, aux fonctions éminentes d'exercice du pouvoir d'État est de plus en plus manifeste. Notamment dans un contexte révolutionnaire complexe, avec un héritage politique, démocratique et dans le domaine de la gouvernance catastrophique. Que le gouvernement n'arrête pas de ressasser mais le peuple qui a chassé le régime de Macky Sall, en a déjà pris acte. Le contexte actuel exclut le management en surplomb, management du confinement gouvernemental, qui tient tous les citoyens à distance, qui communiquent peu ou pas du tout avec les citoyens et acteurs sociaux.
Dans cette situation, le Premier ministre Ousmane Sonko a un rôle bien ingrat, il travaille énormément et reçoit tout les coups, il faut le reconnaître, et cela peut avoir un impact sur les affects. Il doit ouvrir des fenêtres d'opportunités de conversation avec les auteurs et citoyens en détresse.
Tout cela se comprend dans le contexte exceptionnel dans lequel, ils ont pris le pouvoir : de la prison au Palais.
Pour dire que tout ne fait que commencer, tout peut être amélioré avec les interactions sociales tous azimuts avec les citoyens et les acteurs sociauxen en détresse, tout peut être redressé. Comme je l'ai dit et répété, il faut mettre la société en mouvement.
Les attentes sont très fortes.
L'espoir suscité par ceux qui ont terrassé le régime de Macky Sall est encore là, mais on assiste à la naissance de doutes et d'une impression de désenchantement.
Il faut rapidement en prendre acte et rassurer les gens. Réviser la communication du gouvernement, restaurer la confiance et l'espoir.
Le titre est emprunté à Oswald Ducrot, philosophe et linguiste.
Par Aboubaker Cheikh Beye
UN DÉBAT QUI N’AURAIT JAMAIS DÛ AVOIR LIEU SI…
Juste quelques observations pour donner ma position sur ce débat qui n’aurait jamais dû avoir lieu si chaque partie avait pris ses responsabilités.
Juste quelques observations pour donner ma position sur ce débat qui n’aurait jamais dû avoir lieu si chaque partie avait pris ses responsabilités.
Les positions présentes sont le fait de manquement ayant conduit à des positions pouvant aboutir à des incompréhensions voire des conflits :
Rappelons :
1. les principes d’une République laïc qui sépare la religion de l’état mais qui garantit la liberté de culte dans le respect de ses lois et règlements ;
2. L’enseignement relève de la responsabilité de l’état qui n’est fait par qui que ce soit d’autre que par délégation ;
3. l’école privé n’est pas catholique (abus de langage) mais est managée par l’Église qui se doit de respecter les règles de la République qui lui a délégué une partie de ses pouvoirs.
Si le voile intégral dans l’espace public peut être interdit pour des raisons évidente de sécurité vu la nécessité d’identification des individus, le simple voile ne relève pas du même cas de figure.
Ne transposons pas chez nous, les faux débats (voile, homosexualité, mariage LGBT, sexualité des enfants et tant d’autres) de la culture occidentale.
Les homosexuels n’ont jamais eu de problème tant qu’ils ou elles ne s’exhibent pas dans l’espace public qui est aussi un lieu d’éducation de nos enfants.
Beaucoup de musulmans mettent leurs enfants à l’école managée par l’eglise catholique comme dans mon cas et ces parents et leurs enfants ont toujours respecté les minutes de prières catholiques avant d’entrée en classe.
Le dialogue islamo-chrétien a toujours été permanent car toutes les familles du Sénégal sont composées aussi bien de musulmans que de chrétiens.
DE GRÂCE, DE GRÂCE, DE GRÂCE.
Par Babacar Diop Buuba
LES JO, UN TEMPS FORT POUR RÉÉDUQUER LE MONDE
Notre focus ne sera pas de revenir sur l’histoire des Jeux Olympiques (JO car nos anciens étudiants et jeunes collègues, avec leurs bataillons de doctorants, ont des opportunités pour informer sur le choix des sites, la périodicité, les interruptions...
Notre focus ne sera pas de revenir sur l’histoire des Jeux Olympiques car nos anciens étudiants et jeunes collègues, avec leurs bataillons de doctorants, ont des opportunités pour informer sur le choix des sites, la périodicité, les interruptions, les relances, sans oublier les identifications, les origines ethniques, raciales, géographiques des concurrents, des vainqueurs, de l’Antiquité grecque jusqu’à nos jours.
Pour l’édition parisienne ; « Aya Nakamura, la franco-malienne, chanteuse francophone la plus écoutée au monde avec 7 milliards de streams, s’est produite à la cérémonie d’ouverture des JO de Paris, ce qui hérissait l’extrême droite ».
L’événement bref, il a eu lieu et se poursuit, le retour des Jeux en France sous forme de seconde édition des temps modernes et de la période contemporaine, à Paris, ville lumière, ville de l’amour où les édifices historiques ornent la plus belle avenue du monde.
Et comme il est souligné en introduction avec les camps pour ou contre Aya Nakamura, la politique ne pouvait et ne peut être évacuée dans ces jeux. Je ne vais pas livrer mes sentiments et états d’âme, lorsque je pense aux formes de participation des pays comme la Russie, l’Ukraine, la Palestine, Israël, etc. où lorsque j’ai suivi les matches de football entre le Maroc et l’Argentine ou le Mali et Israël.
Les prouesses des équipes de basket du Soudan du Sud, du Nigeria, sans oublier les promesses du Kenya et d’autres en athlétisme. Félicitons au nageur français Léo Marchand et l’américain Simone Biles
Le grand regret qui me pousse à prendre mon stylo est le silence sur l’origine du nom de Paris pour éduquer les Français d’abord et le reste du monde sur la longue histoire des migrations humaines avec leurs lots d’échanges et de partages culturels et spirituels.
La transition, je l’ai tirée de mon étude sur l’histoire des Noirs et des Africains dans le temps et dans l’espace. J’ai évoqué le changement du toponyme latin Luttetia en Parisii en référence aux navigateurs gaulois adeptes du culte d’Isis, la grande Dame Noire. (Voir le livre de la CACSEN, sur le 1er Festival des Arts Nègres, Harmattan en 2020, p.60).
Le chercheur d’origine camerounaise Dimbori MBock a eu raison de rappeler un fait « L’inscription de la statue d’Isis, dans la ville de Saîs, en Egypte, a focalisé toute l’attention des philosophes européens au XVIIe siècle, parmi lesquels on comptait plusieurs francs-maçons, etc. »
Aujourd’hui, le symbole de la ville de Paris, c’est la Tour Eiffel, un temple symbole d’Isis, pyramide de fer, etc.
L’auteur fait une précision utile : F. Le Corsu avait averti : « La franc maçonnerie au départ de ses rites initiatiques, de ses signes de connaissances et des symboles ésotériques, ne dérive pas directement des mystères antiques (de l’Egypte) mais des coutumes, des associations corporatives, comme il en existait déjà dans l’Antiquité puis au Moyen Orient. Ainsi que son nom l’indique, c’est une communauté de maçons anglais qui est à son origine (Dimbori Mbock, le Dieu Noir, Kirikaat éditions, 2014, p.348).
Ces rappels auraient pu aider l’extrême droite dans son éducation sur la longue histoire des migrations économiques, culturelles, politiques. Le Président de la République du Sénégal a été bien inspiré de participer au premier sommet international « Sport pour le développement durable » tenu le 25 Juillet 2024 en prélude aux JO. Ces rappels sont utiles sur « la tradition antique de la trêve olympique, célébrant les idéaux de paix, de sécurité et de compréhension mutuelle entre les peuples ».
Espérons et œuvrons pour que le sort des réfugiés et des migrants puisse s’améliorer dans le monde. Notre pays a donné naissance à de grands éducateurs par le sport :
«Le Sport ne propose à l’homme le corps pour but. Il propose à l’homme de l’appliquer à son corps pour le tendre vers sa limite et en quelque sorte pour la dépasser, tout ce qu’il possède d’énergie spirituelle. Le corps pour le sportif, n’est pas le but, mais l’instrument dont l’homme se sert pour s’épanouir dans la plénitude de sa contribution terrestre, dans la joie de respirer, de fouler la terre, de fendre les eaux, dans la souffrance de l’effort poussé jusqu’à l’héroïsme, jusqu’à la folie des conquérants de l’ «Annapurna» jusqu’au-delà des frontières de la possibilité humaine, telle est la vertu, telle est sa dignité»
Nous sommes donc convaincu que le sport est un excellent instrument d’éducation… Le sport précipite les jeunes dans un monde qui satisfait à la fois, leur goût de la logique et celui du vagabondage, dans un romanesque précis et actif. Il les arrache de l’enfance, en leur offrant une évasion dans le réel, en leur apprenant la volonté de passion. Voici longtemps que pour eux, les jeux dérivés du football, du basket et autres ont remplacé la «marelle», les embuscades des «Peaux Rouges», de langa buuri» et le «djalbi djalane»
Aux héros de la prairie, ils ont substitué les vedettes du stade. C’est à eux qu’ils dédient leurs songes, leur avenir, leur adoration».
L’auteur de ces belles pages, Dibril Guèye n’a pas manqué de souligner la place des sports pour exprimer le patriotisme, le dépassement, l’épanouissement individuel et communautaire.
En effet : « la guerre, les fusils, en moins, écrivait Georges Orwell en Décembre 1945 dans la Revue Tribune, à propos de la tournée du Dynamo de Moscou en Grande Bretagne, qui permit aux joueurs soviétiques de se mesurer aux sportifs britanniques. L’histoire du foot est pleine de ces histoires de récupération politique, d’instrumentalisation, voire d’affrontements entre supporters rivaux. Reste qu’il rapproche plus souvent qu’il ne divise. L’identité du foot est positive.
Le foot est identitaire et à vrai dire, ça ne nous pose pas problème»
Pour terminer, nous encourageons les onze (11) athlètes qui sont allés pour défendre les couleurs du Sénégal à ces 33e JO dans sept (7) disciplines (400m, 110 haies, triple saut, judo, tennis de table, escrime et canoë). La moisson sera faible, voire nulle en termes de médailles, certains diront que l’essentiel est de participer. Nous félicitions aussi les volontaires engagés pour la réussite de l’événement, les témoins actuels des histoires de guerres et de paix, les artistes et acteurs économiques, les professionnels des médias qui, chacun(e), à sa manière, apporte une contribution à la réussite de ces jeux.
Mieux il nous faut revisiter les rapports et conclusions et recommandations des Assises Nationales 2008 -2009, 2010 (surtout le volet gouvernance sociale (à savoir Education, Santé, Culture, Sports et Dialogue Social)
Il faut souhaiter que Dakar en 2026 (JO de la Jeunesse) tire des leçons de Paris (JO 2024) pour mieux faire surtout en matière de mémoire. En effet, le site est plus « visible Dakar NDakaaru, Dëkk Raw, ville de refuge, de liberté, une des Cornes de l’Afrique avec Djibouti, le Cap et Tunis.
Mais pour le volet touristique, il ne faut pas seulement s’en tenir à Dakar qui regarde vers toutes les Cornes, il doit regarder vers les Amériques aussi, mieux encore tendre la main aux fleuves et rivières du Sénégal et d’Afrique qui tous et toutes ont une part de nos mémoires libérées et/ou étouffées
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LE SERMENT DES IRRÉDUCTIBLES
EXCLUSIF SENEPLUS - Lorsque des voix citoyennes se rassemblent, l'espoir de changement renaît. À travers son objectif, Joe Gaye Ramaka immortalise "Sursaut Citoyen", ce creuset d'une société civile déterminée à préserver la démocratie sénégalaise
Au Sénégal, la démocratie est un bien précieux mais fragilisé. Face à la dérive autoritaire du régime de l'ex-président Macky Sall, un vent de résistance civique s'est levé. "Sursaut Citoyen", ce creuset transcendant les clivages, réunit des personnalités influentes telles que Mamadou Ndoye, René Lake, Penda Mbow, Ass Mademba Ndiaye, Mamadou Lamine Loum, Alioune Tine, Mame Mame Adama Gueye, ou encore Thiaba Camara autour d'un objecti f: la préservation des valeurs démocratiques.
Dans ce documentaire de 14 minutes, le célèbre réalisateur Joe Gaye Ramaka ausculte les entrailles de ce mouvement cathartique. Des coulisses de l'élaboration du "Pacte de bonne gouvernance démocratique" aux soubresauts de la dernière présidentielle, le cinéaste nous plonge dans l'âpre lutte pour faire entendre la voix du peuple.
Au-delà du simple documentaire, cette œuvre représente une ode à la résilience d'un peuple qui, portant haut les recommandations des Assises nationales et les conclusions du rapport de la Commission nationale de réforme des institutions, exige la concrétisation du Pacte de bonne gouvernance démocratique.
par Ousseynou Nar Gueye
PROBLÉMATIQUE POLITIQUE ET ÉLECTORALE DU CONCEPT DE "PROJETS DE SOCIÉTÉ" VERSUS "LE PROJET" DE PASTEF
"Projet de société" doit cesser d'être un gros mot au Sénégal. Il n'y a pas meilleur projet de société que de bâtir une communauté où les inégalités économiques sont réduites à des gaps "normaux", entre les plus riches et les plus pauvres
Dommage : avant mars 2024, "le Projet" de Pastef, il s'est arrêté pile avant de devenir... "Projet de société". Émergence foudroyante du "Projet" pastefien dans les urnes, toutefois. Et "noyade" collective des "programmes électoraux" des 17, voire des 18 autres candidats présidentiels de mars 2024. Quel(s) candidat(s) à nous avoir parlé du seul genre de "projet" qui vaille la peine d'être présenté en campagne électorale présidentielle : le "projet de société "?
Mais d'abord, pour circonscrire cette grande affaire de "projets de sociétés concurrents entre eux", parlons de l'état de la richesse mondiale et de l'égalité de sa répartition ainsi que de la carence cyclique des mécanismes de redistribution de la fortune des riches et des supers-riches, par le mécanisme de l'impôt et des taxes. L'éditorial de Marie-Eve Fournier dans le média canadien « La Presse », le 27 juillet dernier, me fournit le prétexte de cette tribune que je commets ce 3 août 2024.
La Québécoise y écrit ceci : "Le fameux palmarès Forbes des milliardaires – en dollars américains – compte aujourd’hui 2712 noms. Grande surprise : 200 Indiens en font partie, dont 10 dans le top 100. Pendant ce temps, 90 % de la population de l’Inde (soit plus d'un milliard de personnes!) gagne moins de 150 $ US par mois, rapporte Paris Match (soit 90.000 FCFA).
Les inégalités dans le pays le plus populeux de la planète ne cessent de croître. Une récente étude du World Inequality Lab a permis de déterminer qu’en Inde, le 1 % des plus riches détient 40 % des richesses du pays. Cette concentration dépasse celle qu’on voit aux États-Unis, en Afrique du Sud ou au Brésil, pays particulièrement inégalitaires.
Certains observateurs accusent le modèle économique du premier ministre indien, Narendra Modi, de favoriser l’élite du pays au détriment de la population pauvre. Ses réformes auraient contribué à l’enrichissement fulgurant des grands conglomérats, dont celui de Mukesh Ambani, 11e fortune mondiale. L’homme qui gère un empire diversifié – pétrochimie, télécommunications, vente au détail, services financiers – vaut 117 milliards.
Le mariage, célébré pendant quatre mois dans différentes villes balnéaires d’Inde et d’Occident jusqu’en mi-juillet 2024, de Radhika Merchant et d’Anant Ambani, fils du milliardaire indien, a coûté 800 millions de dollars US. Pris sur la fortune d'Ambani, qui pèse donc, répétons-le, 177 milliards de dollars US, selon Forbes. Cette somme fait de lui la personne la plus riche d’Asie.
Une donnée permet aisément de saisir l’ampleur de la richesse de cet homme : 0,5 %. Eh oui, la facture de ce mariage qui dépasse l’entendement ne représente que 0,5 % de sa fortune.
Ce n’est assurément pas un cas unique au monde. Les inégalités s’accentuent un peu partout, ce qui met notamment en péril la cohésion sociale. Oxfam qualifie même les inégalités extrêmes de « violence économique ». Les choix politiques biaisés en faveur des personnes les plus riches et les plus puissantes « sont directement préjudiciables pour la grande majorité des citoyens ordinaires dans le monde », plaide l’organisation. Voilà pourquoi il faut trouver des moyens de mieux répartir la richesse. ". C'est ce qu'écrit la journaliste canadienne Mme Fournier.
A mon tour, j'analyse que : le type de "développement" (sic) économique, qui n'est que "violence économique" aussi, que nous voyons avancer en Afrique subsaharienne risque de nous conduire dans 30 ans à la même situation que celle de l'Inde actuelle - et le Sénégal n'y échappera pas, comme on peut le voir en extrapolant la courbe de sa trajectoire historique de « développement économique» - : celle de devenir des pays "riches", peut-être même "développés", ou à tout le moins "émergents", avec 1% de riches ploutocrates prébendiers, rentiers et accapareurs qui possédera 80% (!) des richesses nationale, suivis très loin après en termes de pouvoir d'achat, par une classe moyenne de 10% de la population qui travaille entre les multinationales implantées ici, dans les conglomérats sénégalais à capital et à gestion familiales du 1% cité plus haut, dans la Fonction publique et les collectivités territoriales, dans des activités commerçantes pour lesquelles ils préfèrent "s'arranger" avec les douaniers aux points d'entrée dans le pays (aéroport AIBD, ports et frontières terrestres) puis "amadouer" les contrôleurs fiscaux qui les trouvent dans leurs commerces, plutôt que payer des impôts et taxes en bonne et due forme...: Au total donc, c'est là une classe moyenne qui jongle pour faire face à ses dépenses familiales pendant qu'elle est assaillie par "l'impôt social" des démunis qui leur quémandent inlassablement (membres de la parentèle proche ou éloignée, mendiants des rues devenus cour des miracles des estropiés, des albinos (!!), de quêteurs plus ou moins bien portants, plus ou moins bien ou mal fagotés; les petits mendiants dit talibés aux carrefours devenus les terrains de jeu de leur enfance à l'innocence confisquée; et des gens à métiers précaires et emplois non-décents comme ceux qui crapahutent sur le goudron pour vendre des bibelots made in Asia aux automobilistes pressés, et dont, ceux dits « marchands ambulants » qui ont pourtant un étal fixe ); la classe moyenne est prise en sandwich comme vous le voyez; car enfin donc, près de 90% de la population de ces pays africains sera constituée de miséreux (90% parmi lesquels la longue litanie de quêteurs cités plus haut, pour ne parler que de métiers avouables).
Quand nous serons deux milliards d'Africains, c'est cela qui nous pend au nez.
Cela se voit et se vit déjà dans les "grands pays africains" (Afrique du Sud, Nigéria, Kenya, Égypte...) avec des ghettos-bidonvilles de millions de personnes, sans eau courante et à branchements électriques sauvages, qui ceinturent les hautes tours des centres-villes des capitales.
Cela se vit déjà, aussi, au Sénégal, cette inégalité économique indécente : au moins symboliquement et certainement plus que de façon imaginaire, quand plusieurs dizaines de millions en "briques" de 10.000 FCFA sont théâtralement distribuées dans les cérémonies de mariages des ploutocrates, et changent de mains sans justificatif rationnel, ni origine fiscalement traçable, avec force folklore et déclamations de griottes. Des scènes de ce que l'on se complaît à appeler "la haute", retransmises sur Tik Tok.
C'est aussi cet idéal de richesses furieusement réparties dans un seul bord de 1% de nos happy-few que "nos séries sénégalaises" nous font miroiter comme étant notre avenir indépassable, (notre "American Dream" à la sauce gombo subsaharienne) et qu'elles inoculent comme une drogue dure dans le cerveau des jeunes gens (jeunes filles surtout, à qui ces films tentent de démontrer que le mariage en soi est une option de carrière professionnelle et une sorte d'auto-entrepreneuriat), des « executive women » (pour lesquelles regarder des bouts de ces séries sénégalaises est leur sas de décompression après le boulot) et des « desperates housewives » flanquées de co-épouse(s) (qui peuvent ainsi rêvasser de revanche sociale pour elles et faire un transfert sur les déboires de leur mâle polygame, en se mettant dans la peau des actrices, par l'intermédiaire des amourettes rocambolesques contées dans nos fameuses "séries sénégalaises" donc). Il y a 20 ans ? Ce sont elles qui sont allées accueillir l'actrice indienne Vahidehi à l'aéroport de Yoff, jusqu'à frôler l'évanouissement et la crise de nerfs. La série hindoue Vahidehi, décrivait déjà ces univers glamour et des histoires à l'eau de rose mâtinées de sombres menaces de vengeances aux motifs parfois ésotériques. Le seul progrès? C'est que nous avons désormais nos actrices de séries sénégalaises, en veux-tu en voilà. Si les emballages corporels ont changé, la marchandise proposée reste la même : vendre du rêve, du glamour, du sélect, des fashionables people et des Very Impossible People, du clinquant, l’obtention facile et même miraculeuse de toujours plus de richesses, la présentation ostentatoire des objets de pouvoir économique que sont les voitures 4x4, écrans plasma TV de 10 mètres carrés et autres iPhone 15 pour lesquels salive la populace ; et toujours mettre l'amour à toutes les sauces, sentiment amoureux qui finit toujours, bien sûr, par triompher.
Ce que ne décrivent pas (pas encore...) nos "séries sénégalaises", c'est ceci : la violence brute, les agressions meurtrières, les braquages sanglants qu'il y aura ici dans vingt ans, dans trente ans : quand les Sénégalais(es) qui tentent d'émigrer vers l'Occident par pirogues cesseront de tourner cette auto-violence réelle et cette auto-attentat à leur vie qu'ils s'infligent en s'entassant dans des pirogues, pour devenir des protestataires pour la justice économique, des émeutiers réguliers, des hyènes urbaines qui mordent les mollets et arrachent les biens de leurs concitoyens mieux lotis par Dame fortune; quand aussi, les binômes de scootéristes, ces As du vol à l'arrachée, auront systématiquement sur eux des machettes et puis, pourquoi pas, au fil du temps, évolution et modernisation oblige, de plus en plus d'armes à feu. Quand enfin, les grappes de millions de « jeunes de moins de 19 ans » (qui représentent actuellement 50% de la population sénégalaise) submergeront des services publics à la capacité d’accueil dépassée, des services sociaux qui ne peuvent croître exponentiellement, des infrastructures sursollicitées qu'on ne peut remplacer chaque année, et que leurs diplômes/formations ou défaut de diplômes / de compétences professionnelles, leur interdiront un emploi décent, dans un marché de l’emploi (formel et informel cumulés) où arrivent chaque année 400.000 Sénégalais d'une même classe d'âge. Les voitures des honnêtes gens seront alors braquées aux feux- rouges, avec pistolet sur la tempe du conducteur, obligé de céder le volant et la voiture qui va avec.
Ce sera ça : la vraie loi des séries. Au sens propre.
Bon. Bref. Revenons à nos moutons. Voici comment la Canadienne Marie-Ève Fournier conclut son éditorial dans « La Presse » :
" Un projet de taxe mondiale sur la fortune ou d’impôt minimum pour les super-riches se trouve justement au menu de la rencontre des ministres des Finances du G20 qui se tient actuellement à Rio de Janeiro. C’est un pas encourageant. Mais dès le début des échanges sur le sujet, les États-Unis ont dit qu’ils ne voyaient « pas le besoin » d’une telle mesure. Le Brésil en a quand même fait une priorité. Selon le président de gauche Luiz Inácio Lula da Silva, il faut taxer les milliardaires, car « en haut de la pyramide, les systèmes fiscaux ne sont plus progressifs, mais régressifs ». Ainsi, « les super-riches paient proportionnellement moins d’impôts que les travailleurs ». Sa proposition est notamment soutenue par la France, l’Espagne, l’Afrique du Sud, la Colombie et l’Union africaine. Impossible de s’entendre, toutefois, quand le pays qui a permis à Elon Musk et Jeff Bezos de devenir les deux hommes les plus riches du monde s’oppose à toute négociation internationale à ce sujet. Ce n’est guère étonnant, mais il faut s’en désoler avec vigueur, surtout quand on sait que le taux d’imposition du 1 % des plus riches dans les pays du G20 est passé depuis 1980 de 60 % à 40 %, selon les calculs d’Oxfam. Jusqu’où faudra-t-il se rendre pour que les États-Unis, qui carburent aux excès, allument enfin sur les conséquences des inégalités ?".
En ce qui concerne votre serviteur que je suis, voici ce que je pense et ce que je crois : ceci est aussi, fortement, un débat africain et même sénégalais, sur notre avenir collectif en tant que communautés.
Nous avons nos pirogues d'émigrants que tous qualifient de suicidaires, sauf eux-mêmes ? Les USA ont leur mur-passoire à la frontière Sud avec le Mexique, où dix millions de migrants illégaux sont entrés, rien qu'en 2024, y compris en pataugeant dans le fleuve Rio Grande.
Ceci pour dire que la sécurité et la prévention policière, l'engagement des militaires et des fonctionnaires administratifs pour la gestion des flux migratoires (ces arrivants, légaux ou illégaux doivent être documentés !) seront les premières fondations de l'édifice social pour que la réduction des inégalités ne se fasse pas comme dans la jungle, à coups de "donne-moi ceci!" et de "je te prends, ça!". Seulement si ce minimum de filet sociétal de la force symbolique de protection de tous, est assurée, alors, les politiciens africains, dont c'est la charge, pourront nous proposer des politiques publiques et des politiques de développement pouvant aboutir au résultat efficace d’une redistribution équitable de la richesse produite.
Pour cela, il faudra que nos politiciens, y compris sénégalais, osent dire qu'ils proposent "un projet de société" à nos compatriotes. Et cesser de parler de "programme électoral". "Projet de société" doit cesser d'être un gros mot au Sénégal. Et il n'y a pas meilleur projet de société que de bâtir une communauté où les inégalités économiques sont réduites à des gaps "normaux", entre les plus riches (qui doivent être taxés et imposés sur leur fortune dormante – souvent immobilière- et aussi sur leurs revenus ) et les plus pauvres (que des filets sociaux financiers doivent empêcher de finir en itinérance dans la rue, à dormir à la belle étoile sur des feuilles de cartons aplatis, y compris sur les trottoirs de l'avenue Ponty !). Au nom de la lutte contre les inégalités sociales, qui sont souvent des inégalités de classe.
Le pouvoir politique y aura son rôle primordial à jouer. Il y faudra de l'avoir, pris dans la poche de l'État comme dans les poches des riches et des supers-riches. Il y faudra le savoir et la quête de ce savoir, dans un système éducatif repensé et non-malthusien, pour que le savoir soit la meilleure arme à acquérir pour changer d'échelle sociale, aussi bien par l'entrepreneuriat privé que par l'ascenseur de la méritocratie républicaine, que le pouvoir politique (les élus majoritaires) doivent garantir, sous la surveillance de leur contrepoids que sont les opposants politiques et les alliés objectifs des causes sociales et de la lutte contre les inégalités, qu'est: la société civile. Au nom de « la promotion de l’égalité des chances ».
Parce que tous nos politiciens sénégalais ont déserté l'approche de campagne électorale présidentielle par proposition de "Projet de société" aux électeurs, ayant certainement eu peur de heurter le Sénégalais lambda, qui lui, est présumé être sûr que sa société a finie d'être bâtie et bien bâtie depuis belle lurette, et n'a donc plus besoin d'être remise en projet de déconstruction ou de reconstruction, sauf pour réparer ici et là quelques mœurs anciennes et policées devenues corrompues pas les politiciens (‘‘Na ñu défaraat jikko yi’’, disent-ils...). Le Sénégalais lambda pense-t-il cela ? Rassuré qu'entre les immuables de sa vie que sont le tiéboudiene, les trois normaux d'ataya, ses grand-places, ses matchs de navétanes plus populaires que les matchs de foot du championnat de la ligue Pro, ses intermittents de l'agriculture qui cultivent la terre quatre mois sur douze et dorent leurs orteils en éventail au soleil les autres huit mois de l'année, ses Magals, ses Gamous, ses tours de famille, sa revue de presse en "radiovision", eh bien, il n'y a aucun projet de société qui vaille : puisqu'on a déjà la société parfaite léguée de longue date par nos vaillants ancêtres, nos pères jamais économes de leurs efforts pour ramener la dépense quotidienne pour les repas de la maisonnée, nos mères vertueuses qui nous ont porté dans leur dos avec un pagne- rabal et non pas avec une double feuille de papier-journal, et enfin, last but not least : la longue lignées de nos Sages et Guides religieux, de feus les fondateurs de confréries maraboutiques jusqu'à leurs khalifes actuels sur terre, sans oublier le clergé des "abbés".
C'est cela le postulat de la plupart de nos "leaders" politiques ? Alors, qui se hasarderait à proposer un "Projet de société" aux électeurs d'un pays où "Tout est déjà Téranga, et cela, de tout temps, cette Téranga" ?. Eh bien, cette façon de voir notre Sénégal est un mépris condescendant de la part des politiciens, pour la grande masse des électeurs, que certains titres de presse sénégalaise désignent impudiquement et impunément comme ..."le bétail électoral".
Résultat de cette politicaillerie à courte vue, sans audace collective d'espérer et sans volonté transformationnelle de notre communauté nationale ? Ceux, les seuls, qui avaient le mot "Projet" à la bouche, et même pas de "Projet de Société" conceptualisé, à part de crier "Rupture! Rupture!"; ceux-là ont préempté l'élection présidentielle de mars 2024 à campagne-éclair, remportée par leur tête de gondole inattendue qu'est le président Diomaye.
Qu'est donc le "Projet "? On aura mis du temps à commencer à le savoir. Après quatre mois de pouvoir Pastef et de régime Diomaye-Sonko, il semblerait que "le Projet" , c'est : Jub, Jubal, Jubanti.
Jub, Jubal, Jubbanti ? Cela me semble l'amorce de ce qui peut devenir un vrai "projet de société". Même si cela reste encore une auberge espagnole aux couleurs Pastef, où chacun trouvera ce qu'il y aura apporté. Et où tout le monde prendra ce qu'il croit y avoir trouvé.
Ousseynou Nar Gueye est éditorialiste (Tract.sn) et Directeur Général d'Axes & Cibles Com.
Par Ooumar Ngalla NDIAYE
EN QUOI LA PRÉSENCE DE LA SOCIÉTÉ CIVILE EST GAGE D’INDÉPENDANCE OU DE BONNE ADMINISTRATION DE LA JUSTICE ?
Nous devons faire du Procureur, du Parquet, une Autorité Judiciaire Indépendante (AJI) n’obéissant qu’à la défense des intérêts de la société sénégalaise et non continuer l’œuvre de bras armé judiciaire du politique
En quoi, l'élargissement du Conseil Supérieur de la Magistrature (CSM) aux membres de la société civile, à des citoyens tiers, est un gage d'indépendance et/ou de bonne administration de la justice ? Suivant la loi organique n°2017-11 du 17 janvier 2017 portant organisation et fonctionnement du CSM, ce dernier est présidé par le Président de la République et le ministre de la justice en assure la vice-présidence, avec :
- des membres de droit (1er Président Cour Suprême et Procureur Général près ladite Cour, les 1ers présidents des Cours d'Appel et les procureurs généraux près lesdites Cours) ;
- et quatre (4) magistrats élus par les différents collèges pour un mandat de trois (3) ans renouvelable une fois. Suivant cette loi, le CSM n'a que deux (2) compétences : gestion de la carrière des magistrats et Conseil de discipline des magistrats.
Concernant la carrière des magistrats, les nominations sont faites avec la présidence du CSM assurée par le Président de la République (ou le ministre de la justice en sa qualité de vice-président) sur des propositions du Ministre de la justice, après avis donné par le CSM et un rapport établi par un membre dudit Conseil.
En quoi, dans ce cas précis, la présence de tiers, de la société civile, est gage d'indépendance et/ou de bonne administration de la justice? Statuant en Conseil de discipline, le CSM est présidé par le :
• 1er président de la Cour Suprême si c'est un magistrat du siège (magistrat qui rend la justice) qui est en cause ;
• Procureur Général près la Cour Suprême si c'est un magistrat du Parquet (magistrat rattaché à l’autorité du ministère de la justice hiérarchiquement) qui est en cause.
En quoi, dans ce cas précis, Conseil de discipline, la présence de tiers, de la société civile, de non magistrat, est gage d'indépendance et/ou de bonne administration de la justice ?
D'ailleurs l'article 10 al 3 de la loi organique est catégorique : le CSM siège en conseil de discipline hors la présence du Président de la République et du Ministre de la Justice. Comment peut-on exclure ces deux membres du pouvoir exécutif et vouloir accepter la présence de tiers, de membres de la société civile, de non magistrat ?
Il ne reste alors que la compétence pour les nominations et il serait vraiment dommageable pour le Sénégal que de vouloir confier la gestion des carrières des magistrats à des tiers, à des citoyens de la société civile, à des non magistrats.
En réalité, Monsieur le président de la République, Monsieur le Premier Ministre, le changement de composition du CSM n'a de sens que s'il s'agit:
- d'une part d'augmenter le nombre de magistrats élus ;
- d'autre part, d'intégrer le Premier Ministre comme membre.
Ces modifications de la composition du CSM sont plus adaptées à nos réalités, à nos vécus que de vouloir confier à des tiers, à la société civile, à des non magistrats, la gestion des carrières des magistrats. Aucun fonctionnaire n'acceptera que sa carrière soit gérée par des personnes extérieures à sa corporation. Quid des autres fonctionnaires ?
Par contre, la présence du Premier ministre au sein du CSM et l'augmentation considérable du nombre de magistrats élus, sont tout à fait compréhensibles et acceptables car, pour la première proposition, en sa qualité de chef du gouvernement, il est chargé de mettre en œuvre les orientations stratégiques de la politique nationale et, pour la seconde, il s’agit de prendre en compte l’augmentation du nombre de magistrats suite à des recrutements massifs intervenus depuis les années 2000. Si l’objectif tant visé est d’assurer et de promouvoir une « indépendance de la justice », cette dernière se retrouve ailleurs que dans la présence de non magistrat, non membre du gouvernement au sein du CSM.
L’indépendance de la justice ou plutôt le renforcement de l’indépendance de la justice ou plus globalement du pouvoir judiciaire pourrait être obtenue en supprimant la « précarité de l’emploi » chez un magistrat, l’encadrement plus rigoureux de l’affectation d’un magistrat du siège et le reconceptualisation du sacro-saint Procureur (NB : par Procureur, nous entendons le Parquet dans son ensemble).
• Suppression de la précarité chez les magistrats
Les sept (7) membres du Conseil constitutionnel sont nommés par décret et, contrairement aux magistrats, cette nomination n’obéit à aucun avis, rapport ou consultation du CSM. Suivant l’article 4 de la loi organique n°2016-23 du 14 juillet 2016 relative au Conseil constitutionnel les membres doivent juste être choisis parmi :
• les magistrats ayant exercé les fonctions de premier président de la Cour suprême, de procureur général près la Cour suprême, de président de chambre à la Cour suprême, de premier avocat général près la Cour suprême, de premier président de Cour d’appel et de procureur général près une Cour d’appel ;
• les professeurs titulaires de droit ;
• les inspecteurs généraux d’Éta ;
• les avocats. Et l’alinéa 5 dudit article dispose que : « Les personnalités visées, en activité ou à la retraite, doivent avoir au moins vingt ans d’ancienneté dans la fonction publique ou vingt ans d’exercice de leur profession ».
Prendre une personnalité à la retraite pour en faire un membre du conseil constitutionnel, avec tous les avantages et autres honneurs de la fonction est source potentielle de conflit d’intérêt (koula alle beut, fouko néxh ngay xhol a-t-on l’habitude de dire).
Alors que le Conseil Constitutionnel est presque l’organe le plus important de l’architecture juridique du Sénégal exposé sur la scène politique et juridique car « il se prononce sur la constitutionnalité des lois, sur le caractère réglementaire des dispositions de forme législative, sur la recevabilité des propositions de loi et amendements d’origine parlementaire, sur la constitutionnalité des engagements internationaux, sur les exceptions d’inconstitutionnalité soulevées devant la Cour d’Appel ou la Cour suprême, sur les conflits de compétence entre le pouvoir exécutif et le pouvoir législatif » mais surtout « reçoit les candidatures à la Présidence de la République, arrête la liste des candidats, statue sur les contestations relatives aux élections du président de la République, des députés à l’Assemblée nationale et des hauts conseillers et en proclame les résultats » (article 2).
Une personne à la retraite, avec des moyens financiers, en principe, réduits, ne doit pas avoir la possibilité d’être membre du conseil constitutionnel, d’être à nouveau exposée aux avantages et honneurs de la vie Etatique ; d’autant plus que, rien n’encadre et ne précède sa nomination en dehors de ses discussions non officielles avec le Président de la République.
• L’encadrement plus rigoureux de l’affectation d’un magistrat du siège
L’article 6 de la loi organique n° 2017-10 du 17 janvier 2017 portant Statut des magistrats dispose que « Les magistrats du siège sont inamovibles » et lorsque « ...les nécessités du service l’exigent, les magistrats du siège peuvent être provisoirement déplacés par l’autorité de nomination, après avis conforme et motivé du Conseil supérieur de la Magistrature spécifiant lesdites nécessités de service ainsi que la durée du déplacement ». Or, l’autorité de nomination n’est personne d’autre que le Président de la République. Dès lors, pour supprimer les sanctions des magistrats du siège sous forme déguisées de nominations avancements, il nous faut de nouvelles dispositions plus rigoureuses tendant à renforcer les garanties statutaires avec un encadrement plus strict des affectations pour « nécessité de service » par le Président de la République.
• Reconceptualisation du sacro-saint procureur (parquet)
Suivant l’article 7 de la loi organique n° 2017-10 du 17 janvier 2017 portant Statut des magistrats « Les magistrats du parquet sont placés sous la direction et le contrôle de leurs chefs hiérarchiques et sous l’autorité du Ministre de la Justice ».
Et si « A l’audience, leur parole est libre » (l’alinéa 2 dudit article), l’article 25 du code de procédure pénale dispose que : « Le ministère public est tenu de prendre des réquisitions écrites conformes aux instructions qui lui sont données dans les conditions prévues aux articles « 28 » et « 29 » ».
L’article 28 dudit code dispose que le Garde des Sceaux, ministre de la Justice peut « lui enjoindre d'engager ou de faire engager les poursuites, ou de saisir la juridiction compétente de telles réquisitions écrites que le Ministre juge opportunes ».
Ainsi, le Procureur n’est pas libre de ses écrits mais doit obligatoirement se conformer aux instructions reçues du ministre de la justice, son supérieur hiérarchique. Avons-nous besoin d’étaler les principes d’obéissance, de respect et d’exécution par le collaborateur des instructions et des décision prises par le supérieur n+1 ?
Par ailleurs, contrairement aux magistrats du siège qui sont inamovibles et qui peuvent être déplacés «provisoirement...pour nécessités du service » et « après avis conforme et motivé du Conseil supérieur de la Magistrature spécifiant lesdites nécessités de service ainsi que la durée du déplacement » (article 6 alinéa 3 de la loi organique n° 2017-10 du 17 janvier 2017 portant Statut des magistrats), le Procureur peut être affecté sans avancement par l’autorité de nomination (président de la République sur proposition du ministre de la justice) d’une juridiction à une autre s’ils en font la demande ou d’office, dans l’intérêt du service (et non pour nécessités du service), après avis du Conseil supérieur de la Magistrature (article 7).
Si le déplacement provisoire du magistrat du siège ne peut excéder trois (3) ans (article 6 alinéa 3 de la loi organique n° 2017-10 du 17 janvier 2017 portant Statut des magistrats), l’affectation du Procureur, d’un membre du parquet, n’a pas de caractère provisoire ni de limite dans le temps. Cet organe, placé sous l’autorité du ministre de la justice, apparaît de par son histoire comme le bras armé judiciaire du politique.
A cette relation hiérarchique indigne d’un vrai et véritable Etat de droit, et qui a fait que tous les opposants au Sénégal ont été emprisonnés par le président de la République en exercice de l’époque, nous devons substituer une relation plus démocratique, plus égalitaire pour tous les citoyens devant la loi. Nous devons faire du Procureur, du Parquet, une Autorité Judiciaire Indépendante (AJI) n’obéissant qu’à la défense des intérêts de la société sénégalaise et non continuer l’œuvre de bras armé judiciaire du politique.
Malheureusement, un membre du Parquet m’a soufflé que cela relève de l’idéal, du rêve et qu’aucun régime politique au Sénégal ne fera du Procureur une autorité judiciaire indépendance car cela équivaudrait « à prendre un bâton pour se frapper » (lolou moye dieul bantte di door sa boppou).
Et pourtant, tous les présidents de la République, de 1960 à 2024, opposants et dans l’opposition, ont dénoncé « la non indépendance de la justice » et nous ont vendu le rêve d’une justice libre, égale pour tous les citoyens. Le système, avec des fondamentaux mensongers, a besoin de rupture.
Par Moussa KAMARA
RISÉE ET VISÉES
Ce conglomérat de têtes jeunes et bien faites a dû fortement impressionner le journaliste qui a posé une question bête, ridicule, frisant l’ignorance et l’incompétence. Le quidam, pince sans rire, l’a traitée de « risée »
La fête de l’excellence qu’est le Concours général a vécu. Les lauréats ont été célébrés et bien récompensés. En espérant que le faste de cette journée les incite à redoubler d’efforts pour bien écrire leur avenir.
Ce conglomérat de têtes jeunes et bien faites a dû fortement impressionner le journaliste qui a posé une question bête, ridicule, frisant l’ignorance et l’incompétence. Devant la meilleure élève des classes de première du Sénégal, le quidam, pince sans rire, l’a traitée de « risée ». Sans doute voulait-il parler de star, l’inculte !
Des jeunes gens qui n’ont pas encore fini leur apprentissage à l’école ont bien répondu dans un français châtié aux questions des journalistes et autres porte-micros. Tout ce qui a été fait pour galvaniser ces preux élèves devrait être démultiplié. Par ces temps où la tricherie prend de plus en plus de l’ampleur à tous les niveaux de l’Ecole sénégalaise, congratuler les élèves qui n’en usent passerait une grande baffe pour tous ceux qui s’y adonnent.
Ah les tricheurs ! Gageons qu’il n’y en avait pas au pot offert par le Premier ministre aux lauréats. De la bonne et merveilleuse graine de l’Ecole qui discutait à bâtons rompus avec le Pm du Sénégal ! Inédit et encourageant simplement.
Pour la première fois de ma vie, j’ai entendu un personnage aussi haut placé dans un régime que Ousmane Sonko décliner si clairement sa vision de la religion. Personnellement, je lui accorde ma confiance pour un fait ô combien banal en Islam mais que beaucoup de politiciens ignorent ou feignent d’ignorer : l’appel du muezzin. Un fait inédit pour être signalé.
Le musulman a le devoir de respecter tout le monde mais pas au point de se laisser marcher sur les pieds. Il est heureux d’avoir à la tête du pays des musulmans sincères, fiers, compétents et conséquents. Parce que, au-delà des belles déclarations, ils nous font découvrir leur politesse et leur bonne éducation par des actes spontanés qui n’ont pas manqué de nous séduire et nous émerveiller.
Pour avoir commencé ce billet avec la bourde monstrueuse de ce « journaliste » et le terminer avec les promesses de lendemains qui chantent, on se rend ainsi compte que la vie est telle quelle, faite de hauts et de bas, jamais un long fleuve tranquille.
Par Assane Guèye
LE PATRIMOINE NE FAIT PAS LE MOINE
La déclaration de patrimoine est une obligation pour le président de la République, les ministres et autres ordonnateurs de crédits publics dépassant le milliard. C’est un effort louable de transparence.
La déclaration de patrimoine est une obligation pour le président de la République, les ministres et autres ordonnateurs de crédits publics dépassant le milliard. C’est un effort louable de transparence. C’est aussi une formalité qui peut apparaître comme une torture pour les assujettis. Un Premier ministre du défunt régime s’était montré décomplexé face à la question en disant qu’il avait peur de dévoiler ses biens. Il n’est pas le seul à avoir cette phobie. Comment ne pas essayer de les comprendre ? La divulgation de son patrimoine est une manière de divulguer ses données personnelles. On est presque jeté en pâture. Tout est mis sur la place publique. Tel un butin de guerre, le fruit d’une vie de labeur ou de faveur est exposé partout. Il est bien possible que l’injonction faite de ne rien cacher se transforme en dictature de la transparence. Il y a aussi un manque de pudeur à étaler ses richesses dans un océan de misère. De plus, dans l’imaginaire populaire, les bijoux de famille et les paires d’yeux ne font pas bon ménage. Ils ne sont en sûreté que s’ils sont entourés d’une culture du secret. On manque aussi d’être impressionné par le procédé́ quand il s’avère plus utile à la sortie qu’à l’entrée. Arrivés en fin de mission, les plus tordus qui auraient accumulé plus que de raison ont peut-être déjà utilisé des moyens de contournement ou de dissimulation. Ni vus ni connus, ils ont poussé le vice jusqu’à mettre en place des systèmes de prête-noms ou d’hommes de paille. Les associations de malfaiteurs devancent toujours de loin les associations de bienfaiteurs. Le recours aux bas de laine si elle n’a pas logé dans les paradis fiscaux le magot gratuitement ramassé est aussi leur point fort. Dans le cas d’espèce, on parle de flux financier illicite. Le malin pour le mal est vieux comme le monde. Les déclarations de patrimoine n’empêchent pas les incendies sur nos maigres deniers de se déclarer. Plus de prévention, de garde-fous et des châtiments exemplaires en cas de faute peuvent dissuader les pyromanes de faire feu de tout bois. Somme toute, il est intrigant de voir la facilité avec laquelle les crimes économiques sont perpétrés sous nos latitudes.
L’art de lâcher la proie pour l’ombre
Pour ce qui est de la déclaration du numéro un Sénégalais, on dira après l’avoir parcourue que le cinquième Président n’est pas un coffre-fort ambulant comme auraient pu l’être ceux qui l’ont précédé. Ces derniers avaient assez duré pour avoir le temps de baisser la garde sur le bien commun. L’actuel locataire du palais n’est pas non plus dans la précarité au regard de ce qu’il a présenté. À son endroit, il faut avoir un a priori bienveillant quant à sa probité. D’habitude, les visages séraphiques ont bon fond. La réussite ou l’échec de son magistère est étroitement lié aux résultats qu’il aura sur le front de la lutte contre l’industrie de la corruption et la prévarication. Nos pays sont ravagés par cette tumeur qui a d’ailleurs dépassé ce simple stade. Les mauvaises pratiques sont comme une bombe atomique qui souffle tout sur son passage. Les paysages de désolation n’ont qu’une seule origine, la mal gouvernance. Ou quand un petit nombre de kleptomanes s’emparent de tout. Où a-t-on jamais vu un îlot de prospérité dans un décor exsangue ? Ce n’est jamais durable. C’est collectivement que les civilisations avancent ou déclinent. Plus profonde encore est cette réflexion de cet artiste-rappeur qui a «souhaité à tout un chacun de connaître richesse et opulence pour savoir que le bonheur ne s’y trouve pas». Les déclarations de patrimoine nous édifient souvent sur ce qu’on a fait de l’intérêt général depuis plus de 60 ans. Le temps est venu d’arrêter de donner l’occasion aux larrons en foire en veillant comme du lait sur le feu sur le patrimoine commun national. L’urgence est de s’attaquer à la racine du mal, aux causes et non aux symptômes. Et ne pas lâcher la proie pour l’ombre.