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24 novembre 2024
Opinions
Par Ibou FALL
UNE TABASKRISE TROP ORDINAIRE
Comme à l’accoutumée, ce lundi 17 juin 2024, la République du Sénégal enjambe l’obstacle Tabaski sans que les piliers fondamentaux de la Nation n’en soient remis en question même si le monde interlope du transport interurbain est en transe.
Comme à l’accoutumée, ce lundi 17 juin 2024, la République du Sénégal enjambe l’obstacle Tabaski sans que les piliers fondamentaux de la Nation n’en soient remis en question même si le monde interlope du transport interurbain est en transe. Certes, à Gounass, où la charia aurait conquis quelques portions de territoire en pays laïc, ça s’étripe depuis la prière. Ce n’est pas une première…
Revenons à nos moutons dakarois.
Une semaine auparavant, ce qui est de coutume depuis Macky Sall, le chef de l’Etat, sous bonne escorte, va acheter son mouton. Cette fois, le cérémonial est minutieusement programmé par les génies de la com’ de l’avenue Léopold Sédar Senghor, un gros lundi aux heures de bureau. Le Président est en travail buissonnier, comme n’importe quel authentique salarié bien de chez nous, qui n’hésite pas à larguer les contribuables angoissés devant son guichet, pour filer en cuisine, histoire de se jeter un p’tit encas derrière la cravate.
Mea culpa : cette année-ci, pour la première fois, polygamie au Palais oblige, question mouton présidentiel, il faudra en marchander pour deux. Au nom de la transparence dans la gestion des deniers publics, le prix d’achat est connu de tous : cent-soixante mille misérables francs Cfa par tête d’ovin encorné, payés avec cette honteuse monnaie coloniale que les Patriotes authentiques menacent de bouter hors du pays avec le dernier ambassadeur de France.
Un esprit chagrin me fait tout de même remarquer qu’il faut ajouter à la note les frais de protocole : en plus de la courtisanerie inévitable, les motards, l’ambulance, la sécurité, la com’ et le protocole présidentiels qui se sont déployés dès la veille. Ça n’a pas de prix, on reconnait. Mais comme toutes choses en ces temps impitoyables, ça a un coût.
Il faut surtout éviter que notre tout nouveau chef d’Etat ne tombe sous les balles d’un cinglé déjà nostalgique de l’ancien régime. Ne souriez pas bêtement : c’est bien à l’occasion d’une tabaski que Moustapha Lô tentera de décapiter la République en essayant de trucider le Président Senghor. Le pistolet ne se serait pas enrayé, on ne sait pas si la République du Sénégal serait encore de ce monde. Revenons à nos moutons présidentiels.
On se l’imagine, le marchandage commence dès ce moment-là, loin des oreilles et des yeux indiscrets des dix-huit millions de concierges sénégalais. Au final, le lendemain, en plein jour, devant les caméras bienveillantes de la Rts, Bassirou Diomaye Faye s’octroie d’autorité deux bêtes à cornes d’allures assez dignes pour ne pas créer de crises conjugales quand bien même la petite histoire ne dit pas à qui est réservé le bélier aux plus belles cornes. Aucun incident officiel noté : que veut de plus le Peuple ?
Tant que la paix des ménages est sauve, il n’y a pas de sottes économies, même si l’on ne nous précise pas si cette dépense follement raisonnable relève des indemnités de fonction, des fonds politiques ou des charges ordinaires du Palais.
Tant qu’à faire, et puisqu’on navigue dans le privé confidentiel, autant satisfaire toutes les curiosités, n’est-ce pas ?
Pour le reste, rien que la routine…Comme d’habitude, le débat macroéconomique national, à une encablure de l’échéance fatidique, tourne autour de la flambée des prix : faut-il raboter cinq francs Cfa au moins, et dix au plus, sur le riz, l’huile, le chou, la carotte et le bâton de pèlerin, malgré la disparition des piécettes ?
Il y a ceux qui s’en foutent, parce que depuis la nuit des temps, quel que soit le régime, leurs intrigues de couloirs dans les allées du pouvoir les exonèrent des fluctuations intempestives. L’huile, la pomme de terre, l’oignon peuvent crever les plafonds qu’ils veulent, ce sera le cadet de leurs soucis : ils ont le bras long au bout duquel s’agite cette main agile qui va chercher dans les fonds publics les quelques deniers que les angles morts du Trésor public protègent des indiscrétions nationales…
Ça demande du métier, une bonne étoile et, surtout, cette capacité très sénégalaise au reniement, quitte à avaler son vomi au besoin. Il y a aussi ces compatriotes au sort touchant.
L’an passé, ils sont de ceux pour lesquels la République se permet les extras les plus coûteux : pèlerinage à La Mecque en avion présidentiel comme invités du Roi, passeports diplomatiques, postes aussi prestigieux que rémunérés à la crête de quelque conseil d’administration fantoche et énorme bélier parfois offert par le Prince ou aux frais de la princesse.
On n’est pas regardant quand vient l’âge de raison. Sortir de sa poche du vulgaire Cfa, alors que l’on trône en altitude mondaine, est une insulte à ses penchants aristocratiques. Hélas, en cette lugubre année 2024, ces braves gens relégués à l’insultant statut de nouveaux pauvres, vont devoir marchander l’agnelet comme des manants, virer quelques maîtresses qui sont autant de signes extérieurs de réussite, oublier d’habiller la progéniture de la concubine la plus soumise, celle qui s’honore d’accueillir chez elle l’agneau rachitique qu’on dégote après minuit.
De l’autre côté de la barrière des destins, on s’en doute, les nouveaux riches jubilent. Il y a un an, dans l’enceinte de leurs geôles, certains parmi eux rompent encore le pain rassis et une écuelle de «ndambé» qu’ils se partagent fièrement entre détenus de droit commun. Le messianique «Projet» qui leur ramène en mars 2024 54% de l’électorat, défendu à grands jets de pierres et de cocktails Molotov, toujours en gestation, vaut bien ce sacrifice, non ?
Pari gagnant, ils ont raison de croire en leur bonne étoile… Amnisties en tous genres, amnésie nationale, élargissements tous azimuts, puisque personne n’est coupable de quoi que ce soit et, comme dirait le poète, «les morts ne sont pas morts». C’est ainsi que le slogan cabalistique «Diomaye môy Sonko» passe dans les urnes comme lettre à la poste et le résultat ne se fait pas attendre : du côté des nouveaux riches, des chèques s’exhibent sur les réseaux sociaux pour magnifier le combat patriotique pour la souveraineté nationale.
Elle n’est pas belle, la vie ? Trêve de niaiseries : après quelques incursions dans la sous-région, le temps des choses sérieuses est arrivé. Depuis Senghor et Pompidou, un chef d’Etat sénégalais doit poser sur le perron de l’Elysée avec le sourire, s’il veut que ses relations avec le Fmi, la Banque mondiale, l’Union européenne restent au beau fixe.
La fin de la récréation est proche
Parmi les sujets qui fâchent, il sera sans doute question des foucades du Premier ministre Ousmane Sonko à l’Ucad devant son invité Jean-Luc Mélenchon, sur les ignominies endurées sous Macky Sall avec la bénédiction de la France ; il faudra également une explication de texte à propos du slogan «La France dégage», tout comme les poursuites contre l’Envoyé spécial Macky Sall accusé de «crimes contre l’humanité» par quelques illuminés dont Juan Branco. Et peut-être, quelque mot de compassion ne serait pas de trop concernant le nez, que dis-je, l’appendice, la péninsule nasale de Kylian Mbappé, qui se serait fracassée sur les récifs du foot européen.
Dans ces sphères-là, pour être en odeur de sainteté, il ne faut pas manquer de flair…
Par Moussa KAMARA
ENFANCE ET ADOLESCENCE, VIGILANCE OU DECHEANCE
Encadrer et surveiller ses enfants feront d’eux de bons musulmans, adultes et respectueux de leurs parents et très utiles à la société.
Cette semaine, j’ai eu à échanger dans les réseaux sociaux avec une personne d’une civilité exquise. Quand on tombe sur ce genre de personne, il est souvent très difficile de contenir sa joie tant ce produit est rare, bien qu’existant sur le Net. D’ailleurs c’est quelqu’un que je connais très bien dans la vie active et réelle et sa présence sur le Net, loin de me surprendre, me rassure et me conforte. Parce que, lui, son activité sur les réseaux sociaux est plus instructive et éducative par-delà sa fonction d’imam, très instruit et très moderne. Nous avons parlé de la situation en France où notre Président s’est rendu ce mercredi et dont le Président Macron l’a reçu à déjeuner hier jeudi. Tout le monde est au courant que l’Occident use avec intelligence et compétence de différents moyens de communication pour entrainer le reste du monde dans sa perversité décadente. Alors quoi de plus naturel que les imams, et pas seulement eux, le traquent et le dénoncent autant que faire se peut.
Les Occidentaux abrutissent nos jeunes et autres avec l’introduction de drogues dures par la grâce et la magie de l’argent facile. Ils passent par le cinéma, la télé, les Bd et presque tous les sports et d’autres supports pour distiller les messages LGBT. Avec l’interdiction d’interdire, ils ont atteint le comble.
Toutes nos valeurs nous distinguent profondément des leurs alors je ne vois pas comment ils peuvent nous imposer les droits LGBT. Pour les musulmans que nous sommes, notre foi ne saurait souffrir de malfaisances nauséabondes. La foi nous vivifie et consolide notre attachement à l’Islam. En ces moments où certains pères de familles négligent ou même oublient les intérêts de leur progéniture et de leurs familles en général, les fléaux qui peuvent capter cette progéniture et ces familles sont divers et nombreux. Tout le monde doit prendre le temps d’élever et d’éduquer sa famille dans la pure tradition islamique. C’est plus utile de grandir avec des valeurs islamiques que d’apprendre sur le tard ces valeurs. La différence entre un adulte récent toubène (converti) et les autres qui ont blanchi sous le harnais de la religion islamique est souvent patente malgré le prosélytisme du premier. Envoyer son môme au jardin d’enfants où il apprend plus à chanter, danser et fêter mardi gras et autres n’est pas mauvais en soi mais leur faire apprendre le Coran à la maison par un vrai maitre me semble tout autant indispensable. Encadrer et surveiller ses enfants feront d’eux de bons musulmans, adultes et respectueux de leurs parents et très utiles à la société.
par Aminata Touré
POURQUOI LE RASSEMBLEMENT NATIONAL NE DOIT PAS PARVENIR AU POUVOIR EN FRANCE
Malgré les tentatives de dédiabolisation de ses dirigeants, cette idéologie fasciste continue d’immerger l’action politique de l’extrême droite, qui voue une haine particulière aux Africains et aux noirs en général
Aux esprits chagrins qui me rétorqueraient : « De quoi te mêles-tu donc ? », ma réponse est simple : « Je me mêle de ce qui me regarde ». En tant que militante des droits humains, j’ai la conviction que la possible arrivée au pouvoir du Rassemblement national en France n’est plus une question franco-française. C’est une question civilisationnelle qui interpelle celles et ceux qui, à travers le monde, continuent à croire à l’amitié et à la solidarité entre les peuples et se battent pour le respect des droits des immigrés, en particulier africains, lesquels polarisent faussement le débat politique dans l’Hexagone.
Rhétorique perverse
Convoquons un instant les statistiques, qui contredisent l’argument, aussi absurde que dangereux, du « grand remplacement », cette thèse raciste qui a fait de la stigmatisation systématique des immigrés le fonds de commerce de l’extrême droite. Selon les statistiques officielles de l’Insee, 7 millions d’immigrés vivaient en France en 2022, soit 10,3 % de la population totale (67,97 millions). Parmi eux, 35 % – soit 2,5 millions – ont acquis la nationalité française. La population étrangère résidant en France s’élevait donc alors à 5,3 millions (7,8 %). Seuls 48,2 % de ces immigrés sont nés en Afrique. Or selon la rhétorique perverse de l’extrême droite, ces 1,2 millions d’étrangers particulièrement ciblés seraient en passe de « remplacer » 67,9 millions de Français. Relayé complaisamment par certains médias, cette construction intellectuelle fantaisiste finit par ancrer dans les esprits la crainte que « le Zambèze envahisse la Corrèze ». Trop d’intellectuels en France, y compris progressistes, ont laissé prospérer cette propagande, souvent accompagnée de stigmatisations publiques à l’encontre des Africains.
Parallèlement, des responsables politiques BCBG, au sein de partis politiques fascisants, comme le Rassemblement national de Marine Le Pen ou Reconquête, d’Eric Zemmour, ont compris l’importance qu’il y avait à adopter un look jeune et moderne pour lisser leur image et se rendre politiquement corrects dans un contexte de crise existentielle née de la reconfiguration des rapports de forces économiques mondiaux, qui inquiète nombre de pays européens naguère dominants.
Exit, le style vieillot de Jean-Marie Le Pen et bonjour les costumes bien coupés et les talons aiguille de ses héritiers et héritières politiques. Et voici qu’une bonne partie de l’électorat français, angoissé par le présent et mortifié par l’avenir, semble prête à basculer : « Et si on les essayait, après tout ! ».
« No pasaran ! »
En attendant de comprendre pourquoi et comment on en est arrivé là, empruntons aux partisans de la Seconde République espagnole en lutte contre le général- dictateur Franco leur fameux cri de ralliement : « No pasaran ! » L’occasion ne doit jamais être donnée au Rassemblement national et à ses satellites de diriger la France, pays de la première Déclaration des droits de l’homme et du citoyen, adoptée le 26 août 1789, et qui consacre le caractère « naturel, inaliénable et sacré des droits individuels et collectifs ».
Rappelons aussi que c’est à Paris qu’a été adoptée par l’Assemblée générale des Nations unies, le 10 décembre 1948, la Déclaration universelle des droits de l’homme. Le Français René Cassin, qui obtiendra le prix Nobel de la Paix en 1968, était alors aux commandes de la rédaction de ce texte – ratifié par la France en 1954 – aux côtés d’Eleanor Roosevelt et Charles Malik.
La Convention internationale sur l’élimination de toutes les formes de discrimination raciale est quant à elle entrée en vigueur en 1969 et la France l’a ratifié en 1981. L’idéologie du Rassemblement national s’inscrit dans une violation constante de tous ces instruments de droit international ratifiés et parfois initiés par la France. Outre son projet d’instaurer la préférence nationale, Jean-Marie Le Pen, le père de l’extrême droite française moderne, a été plusieurs fois condamné pour « apologie de crimes de guerre et contestations de crimes contre l’humanité », « provocation à la haine, à la discrimination et à la violence raciales », « injures publiques » et « violences ».
La mort, le 1er mai 1995, de Brahim Bouraam, un Marocain de 30 ans agressé par des manifestants en marge d’une marche du Front national et jeté dans la Seine, nous rappelle les moments de terreur que nous, jeunes étudiants africains, vivions en France lorsque l’on annonçait une descente du Groupe Union-Défense (GUD), une organisation estudiantine violente qui se livrait régulièrement à des ratonnades contre des étudiants africains sur les campus universitaires. Certaines figures marquantes du GUD sont aujourd’hui de proches collaborateurs affichés de Marine Le Pen. Le 12 juin, quatre militants d’ultradroite ont été condamnés à des peines allant de six mois de prison avec sursis à sept mois ferme pour leur participation à une agression homophobe à Paris alors qu’ils « fêtaient » la victoire du RN aux élections européennes.
Chaque voix compte !
C’est pourquoi il est un devoir pour tous les militants des droits humains, partout où ils se trouvent, de se mobiliser pour éviter que la France ne connaisse la plus grande régression de son histoire récente. L’extrême droite, au quotidien, piétine la devise de la France : « Liberté, Egalité, Fraternité » ; et son accession au pouvoir ne ferait que charrier son lot de violences racistes, antimusulmanes, antisémites ou sexistes car depuis des décennies, celle-ci a bâti son discours sur la haine, l’exclusion et le racisme.
Malgré les tentatives de dédiabolisation de ses dirigeants, cette idéologie fasciste continue d’immerger l’action politique de l’extrême droite, qui voue une haine particulière aux Africains et aux noirs en général. Son accession au pouvoir consacrerait une rupture totale avec le continent africain, lequel entend plus que jamais se battre pour faire respecter sa souveraineté et imposer à tous le respect en vue d’un partenariat gagnant-gagnant.
Il est tout aussi impératif que tous les Français d’ascendance africaine et les binationaux africains-français aillent voter massivement pour que, à travers des lois fortes qui seraient adoptées par la prochaine Assemblée nationale, cessent en France les propos racistes débités à longueur d’émissions de télévision, les brimades mesquines infligées au quotidien et les discriminations de toutes sortes.
Dans l’immédiat, la lutte contre le racisme passe par une défaite cinglante du Rassemblement national aux prochaines législatives en France. Et chaque voix compte !
Texte Collectif
LE RN, ENNEMI DE L’AFRIQUE ET DES PANAFRICANISTES
Il ne faut pas se méprendre : le Rassemblement National est porteur d’une idéologie décliniste, ultralibérale, xénophobe, raciste et violente. Il ne renoncera pas à la politique de puissance de la France sur le continent
En choisissant de dissoudre l’Assemblée nationale après sa défaite aux élections européennes, Emmanuel Macron a fait de l’arrivée de l’extrême droite à Matignon non pas une hypothèse pour le printemps 2027, mais un sérieux risque pour le début de l’été 2024. À l’instar d’une frange de la population française qui estime que le moment de « tester » les recettes du Rassemblement national (RN) est arrivé, certains militants « panafricanistes » ethnocentrés proclament que cet événement est de nature à renouveler les relations entre la France et l’Afrique. Il faut méconnaître la nature, l’histoire et l’idéologie de l’extrême droite européenne pour abonder dans ce sens.
Le socle idéologique de l’extrême droite a évolué. À la hiérarchie raciale et l’antisémitisme s’ajoutent l’islamophobie, la théorie du « grand remplacement », la « guerre des civilisations », etc. Le RN de Marine Le Pen et Jordan Bardella est l’héritier des organisations et des groupes paramilitaires qui s’opposaient aux mouvements nationalistes africains – ceux qui ont soutenu le régime d’apartheid en Afrique du Sud. Les aventures coloniales et les luttes des peuples africains pour les indépendances nourrissent son idéologie. Des membres de l’OAS, Occident et Ordre nouveau, que l’on retrouvera plus tard dans l’encadrement et le service d’ordre du Front national-Rassemblement national, ont été mercenaires au Biafra, au Katanga, aux Comores… Vincent Bolloré, qui règne sur un empire médiatique où les thèses d’extrême droite occupent en permanence les antennes, doit sa puissance au continent africain, notamment aux « débris du capitalisme colonial français » sur lesquels il a fait main basse au début des années 1980.
La dynastie Le Pen fait de l’Afrique et de certains de ses chefs d’État des sources de financement. Marine Le Pen, tout en critiquant la Françafrique, y cultive des réseaux. En 2017, elle a été reçue par feu l’autocrate Idriss Déby. En janvier 2023, elle est allée au Sénégal pour y rencontrer un Macky Sall en pleine dérive dictatoriale. Comme en France, madame Le Pen signale à gauche mais tourne toujours à l’extrême droite. Elle promet des ruptures en matière de politique africaine de la France, tout en votant pour le maintien des instruments de la politique impérialiste française (opérations militaires, franc CFA/Eco, francophonie franco-centrée…). Elle veut bloquer les transferts d’argent des travailleurs immigrés à leur famille. En 2022, elle a obtenu d’Emmanuel Macron l’interruption de l’aide publique au développement au Mali.
Les progressistes africains doivent déconstruire le discours de l’extrême droite. Le RN est porteur d’une idéologie décliniste, ultralibérale, xénophobe, raciste et violente. Il ne renoncera pas à la politique de puissance de la France en Afrique. Les panafricanistes de gauche seront des cibles privilégiées d’une guerre renouvelée contre les aspirations de souveraineté des sociétés et de la jeunesse africaine.
AIDE À LA PRESSE : JTI, UN CRITÈRE SUPPLÉMENTAIRE ?
Journalism Trust initiative (JTI), une norme mise en place par Reporters sans frontières a commencé à s’imposer dans l’environnement médiatique mondial à l’heure où les médias sont de plus en plus infestés par des fake news-
Le Fonds d’appui et de développement de la presse (ex-aide à la presse) est accordé aux media sur la base d’un certain nombre de critères connus. Avec l’avènement de la norme JTI promue par Reporters sans frontières, un critère supplémentaire pourrait s’y ajouter et impacter ainsi certains médias. C’est en tout cas le souhait de RSF dont la norme vise à crédibiliser les médias.
Journalisme Trust initiative (JTI), une norme mise en place par Reporters sans frontières, a commencé à s’imposer dans l’environnement médiatique mondial à l’heure où les médias sont de plus en plus infestés par des fake news et que grandit la baisse de confiance vis-à-vis des médias à cause, en partie, de la montée de l'extrémisme dans l'espace politique.
La crédibilité et la fiabilité d’un media sont d’une importance capitale aussi bien pour l’entreprise que pour les annonceurs et le public. Quel annonceur irait consciemment vers un media avec une mauvaise réputation ? C’est pour aller vers cette qualité que Reportes sans frontières 8RSF) a créé la norme Journalism Trust initiative (JTI) qui est une norme internationale de certification des médias qui est en train d’être mis en œuvre.
Les représentants de RSF Afrique subsaharienne ont pu rencontrer des autorises sénégalaises pour leur exposer ce que c'est Trust initiative journalisme et plaider la prise en compte de cet aspects dans les différentes possibilités de soutien dont peuvent bénéficier les médias de la part des pouvoirs publics. En marge de la publication de son dernier rapport sur le journalisme au Sénégal, Reporters sans frontières (RSF) a profité pour donner plus d'informations sur la norme JTI (Journalism Trust Initiative).
Le processus de certification a déjà commence au Sénégal, après des pays comme le Niger, le Ghana, le Nigeria, etc. Au Sénégal, deux (2) médias ont passé le cap en se faisant certifiés. Il s’agit de Pressafrik et Financial Afrik). Cinq (5) médias attendent leur certification éminente sur un total de cinquante (50) médias ayant postulé auprès de RSF Afrique Subsaharienne.
Marc Aboflan, le responsable Afrique de JTI au sein de Reporters sans frontières, donne les détails dans cette entrevue avec AfricGlobe Tv.
Selon lui, la norme JTI permet non seulement d’améliorer la qualité des médias, mais de redonner confiance au public et même de les rendre plus crédibles aux yeux des annonceurs, lesquels ont intérêt à collaborer avec des médias crédibles pour la préservation de leur propre image.
Par Amath Ndiaye
EST-IL NORMAL DE S’ENDETTER POUR PAYER DES DETTES ?
Les Etats en général s’endettent pour soutenir l’activité économique et financer le déficit budgétaire. Pour éviter une récession économique, ils ont tendance à accumuler les dettes au lieu de se désendetter.
Les Etats en général s’endettent pour soutenir l’activité économique et financer le déficit budgétaire. Pour éviter une récession économique, ils ont tendance à accumuler les dettes au lieu de se désendetter. C’est le cas des Etats-Unis dont la dette a atteint 123% du PIB en 2023 (76% pour le Sénégal). Cet endettement a été un moteur de la croissance américaine. De 2007 à 2023, le taux de croissance par habitant du PIB a atteint 19,2% aux Etats-Unis, contre seulement 7,6% en zone euro. Dans ces conditions, l’écart de niveau de vie entre Américains et Européens se creuse, et on peut considérer non sans raison que la politique budgétaire américaine explique une partie de cet écart de croissance avec l’Europe.
Si un Etat émet une Obligation Assimilable du Trésor (OAT) à 5 ans, il remboursera les intérêts (par exemple 5 % du montant de l’obligation émise) chaque année pendant 5 ans, mais remboursera le capital en une seule fois, à l’échéance. Le montant du capital à amortir est tellement élevé que l’Etat sera obligé de se réendetter.
Mais si, à l’échéance de l’OAT, il faudra se réendetter pour le même montant et si les taux d’intérêt ont fortement augmenté, cela pourrait engendrer des difficultés, pour l’Etat et son budget, à faire face à la charge de la dette (coût des emprunts). C’est une situation à laquelle sont souvent confrontés les Etats africains.
En période d’intérêts très faibles, il est avantageux de s’endetter, puisque cela ne coûte rien et parfois même rapporte (intérêts négatifs). En Fin novembre 2020, le taux d’intérêt moyen à l’émission des emprunts émis par l’Allemagne était de -0,56%, ce qui se traduit par 7,07 milliards d’euros de recettes. A titre de comparaison, en France, le coût de financement à moyen et long terme de l’Etat pour 2020 s’affichait à -0,14% mi-novembre. S’endetter pour payer des dettes, dans ces circonstances, est donc sans coût.
Par ailleurs, il y a deux concepts qui permettent de comprendre pourquoi les Etats s’endettent pour payer des dettes : le refinancement de la dette et le reprofilage de la dette. Ces deux termes sont presque des synonymes. On entend par refinancement, l’octroi, par les créanciers, de nouveaux crédits qui seront utilisés en remboursement anticipé de prêts déjà existants. Les emprunteurs peuvent choisir de refinancer un prêt pour de nombreuses raisons, mais l’une des plus courantes consiste à tenter de réduire le taux d’intérêt du prêt.
Le reprofilage de la dette consiste en la modification du calendrier global des remboursements futurs, par le biais d’un refinancement de la dette. Exemple, le Sénégal a procédé en 2021 à une émission d’Eurobonds, portant sur 775 millions d’euros, soit 508 milliards de FCFA, avec un taux d’intérêt fixe de 5,375 % et pour une maturité de 16 ans. Cet emprunt avait servi à rembourser par anticipation 70% de l’Eurobond de 500 millions dollars (10 ans à 6,25%) qui devait arriver à maturité en 2024. Un tel réendettement fut doublement bénéfique en abaissant le taux d’intérêt de la dette, de 6,25% à 5,375%, et en rallongeant la période de remboursement de 13 ans.
Quel que soit le montant de la dette publique, l’essentiel est de mener une gestion optimale qui en assure la soutenabilité. La soutenabilité de la dette publique dépend de sa trajectoire à long terme. Celle-ci dépend à son tour des politiques budgétaires (c’est-à dire de l’accumulation des soldes primaires annuels), et de l’écart entre le taux d’intérêt (r) et le taux de croissance du PIB nominal (g).Toutes choses égales par ailleurs, tant que l’écart entre le taux de croissance de l’économie et le taux d’intérêt (commissions + intérêts) reste positif le risque d’insoutenabilté est écarté.
L’Eurobond de 750 millions de dollars que le Sénégal vient d’émettre le 3 juin 2024, au taux de 7,75% pour une maturité de 7 ans reste soutenable, au vu des taux de croissance proches de 10% attendus ces prochaines années. L’espoir est fondé sur l’exploitation prochaine du pétrole et du gaz. Dans ce contexte s’endetter pour payer des dettes n’a rien de scandaleux, si c’est une nécessité pour assurer la croissance de l’économie sénégalaise.
Par Amadoux Lamine SALL
LA FRANCE CRAMEE ACCUEILLE LE PRESIDENT DIOMAYE !
Monsieur le président, il faut tout refonder, tout, mais dans la paix et l’amitié. C’est bien l’Afrique qui, désormais, a la main ! Ce n’est que justice ! Il faut aider la France, président Diomaye
Le Président Diomaye Faye est en France chez Macron en ce mercredi 19 juin 2024, pour sa 1ère visite en terre de Gaule. Il n’arrive pas en chercheur d’or. Il a de l’or et il y a même ajouté du gaz et du pétrole ! C’est plutôt la France qui est en manque. Il ne faudra pas cependant lui tourner le dos. Il faut l’aider. Elle aura son orgueil à défendre, mais il faudra l’aider. Elle a été forcée de plier bagage presque partout en Afrique, même en tentant de résister. Elle a été humiliée. Il faut l’aider, la secourir. Elle sait que l’histoire s’achève et que la table est desservie. Qu’elle a tout perdu.
Monsieur le président, il faut tout refonder, tout, mais dans la paix et l’amitié. C’est bien l’Afrique qui, désormais, a la main ! Ce n’est que justice ! Il faut aider la France, Président Diomaye ! Elle a besoin de vous pour relever la tête et son cœur endolori. Elle ne lui reste plus rien, en vérité. Elle compte sur le Sénégal mais le Sénégal ne compte plus sur elle.
Toutefois, le Sénégal est élégant et policé. Depuis Senghor. Mais elle sait dire non et plus encore aujourd’hui. La France sait qu’elle paie son arrogance et sa vanité durant ces longs siècles où elle nous a tout pris, sauf notre âme ! Avec sa langue, nous avons fait ensemble des enfants. Nous sommes une famille. Pensez à elle, mais sans faiblesse.
D’ailleurs, comment vous serait-il possible d’avoir ce sentiment, vous qui appartenez à un autre temps du monde et assistez en direct au déclin d’un pays jadis si conquérant ?
Monsieur le Président Diomaye, plébiscité, tranquille, apaisé mais décidé et informé, vous arrivez dans une France cramée qui joue son heure de vérité face aux législatives dont le Rassemblement National de Jordan Bardella -c’est désormais l’ordre alphabétique et Marine Le Pen, semble occuper toute la place. Mais la France sait être rebelle ! Puisse-elle échapper au « goulag » RN !
Bon voyage et bon retour, Monsieur le président !
Par Mbagnick DIOP
LE MINISTRE MALICK NDIAYE IMPOSE LA FORCE DE L’ETAT AUX TRANSPORTEURS SPECULATEURS
Habitués à hausser les tarifs à l’occasion des évènements religieux qui drainent du monde vers les gares routières, ils ont été sanctionnés d’une belle manière par le ministre de Transports.
L'escroquerie à vaste échelle a foiré. Les transporteurs véreux, qui entendaient s’enrichir éhontément au détriment des milliers de voyageurs en partance au « village » pour y passer la fête de la Tabaski, ont subi un retour de manivelle dont ils ne se relèveront pas de sitôt.
Habitués à hausser les tarifs à l’occasion des évènements religieux qui drainent du monde vers les gares routières, ils ont été sanctionnés d’une belle manière par le ministre de Transports. Faisant fi des mises en garde fermes du ministre El Malick Ndiaye pour les dissuader de procéder à la moindre augmentation illégale des tarifs, ils ont voulu doubler voire tripler les tarifs en question histoire de sucer comme des sangsues leurs coreligionnaires et compatriotes. Une spéculation d’autant plus grave qu’elle devait se faire à l’occasion de la plus grande fête religieuse musulmane. Un tel comportement appelait donc une mesure d’autorité pour montrer aux chauffeurs et transporteurs véreux que force doit toujours rester à la loi.
Pour permettre à nos compatriotes de fêter l’Eïd El Kébir (la tabaski) dans leurs localités d’origine, le ministre des Transports terrestres a mobilisé une centaine d’autobus en provenance des dépôts de la société publique Dakar Dem Dikk. Ces bus dispatchés dans les différentes gares routières ont inversé le rapport des force des au détriment des transporteurs véreux. L’offre étant désormais supérieure à la demande et les autobus mobilisés par l’Etat pratiquant les tarifs normaux, l’immense majorité des voyageurs s’est détournée des véhicules des transporteurs spéculateurs. Ils ont pu voyager dans des conditions de confort, de sécurité sans commune mesure. Mais surtout, à des prix défiant toute concurrence !
La mesure d’autorité ainsi par le ministre Malick Ndiaye est salutaire à bien des égards. Elle nous a sûrement préservés des accidents de la circulation routière avec des véhicules inaptes et des chauffeurs qui, en voulant gagner toujours plus d’argent, multiplient les allers-retours en « oubliant » même de dormir. Un forcing dû à l’appât du gain qui se fait au détriment de leur santé et de la sécurité des voyageurs. D’où les nombreux accidents provoqués par l’endormissement au volant de chauffeurs harassés. Autre avantage de la mesure d’autorité du ministre Malick Ndiaye, les transporteurs sauront certainement raison garder désormais et témoigneront aux voyageurs tout le respect qu’il faut.
En effet, il est urgent de mettre un terme à l’anarchie qui prévaut dans le secteur du transport terrestre. Ce qui passe par un contrôle sans complaisance du parc automobile et des sanctions vigoureuses à l’encontre des chauffeurs indélicats c’est-à-dire contrevenant aux dispositions du Code de la route.
Au sortir de cette épreuve, la direction des transports terrestres doit mener une étude pointue sur les tarifs des transports en fonction des types de véhicules adaptés. Faute de quoi, les pratiques délictuelles persisteront.
Par KACCOOR BI - LE TEMOIN
SALAM, SALAM, SALAM
Citoyens de ce charmant pays, notre commune volonté de vivre ensemble part en vrille. Durant deux ans, et sans interruption, la nation sénégalaise a vécu dans un sentiment de peur et de division avec des blessures qui peinent encore à se cicatriser.
Citoyens de ce charmant pays, notre commune volonté de vivre ensemble part en vrille. Durant deux ans, et sans interruption, la nation sénégalaise a vécu dans un sentiment de peur et de division avec des blessures qui peinent encore à se cicatriser.
On passe sur la rébellion casamançaise, vieille de plus de quarante ans et toujours latente. Ce pays que nous partageons, et que d’autres voyaient dans l’abime, a besoin d’une nouvelle respiration. De se reconstruire et travailler pour arriver à une véritable émergence. Ce au moment où on entre dans la phase d’exploitation de nos ressources pétrolières et gazières. Ce dont ce pays a le plus besoin et qui est vital, c’est de paix afin qu’il continue de demeurer cette terre de Téranga qui constitue son identité. Voir deux communautés que tout devrait unir s’exterminer, ça nous fend le cœur et ça nous désole. Surtout quand un tel spectacle se produit un jour où l’on passe des messages de paix et où l’on demande pardon à son prochain.
Cet épisode de violences en terre Fouladou est hautement condamnable surtout qu’il oppose deux communautés musulmanes. Un mort et une vingtaine de blessés, des concessions brûlées : tel est le bilan de ces affrontements entre des frères qui partagent la même religion, le jour de l'Aïd el-Kébir. Les deux chefs religieux des deux communautés belligérantes ont l’impérieux devoir de ramener la paix dans les cœurs en faisant taire ce qui les différencie et en privilégiant ce qui les unit : L’islam ! Ils doivent fumer le calumet de la paix et égrener ensemble leurs chapelets pour le meilleur de leurs ouailles. Déjà, l’idée que l’une de parties viendrait d’un pays frère constitue la preuve qu’il faudrait prendre ce différend avec prudence et tout faire pour ramener la paix.
En prenant la décision d’une fermeture partielle de sa frontière avec le Sénégal, le président Bissau Guinéen, Umaro Sissoco Embalo, cherche à éteindre un feu dont l’embrasement serait difficile à contenir dans une sous-région devenue un cercle de feu en plus de la présence de nuisibles narco trafiquants dont l’objectif est de tuer l’économie du pays. Sans compter que les djihadistes rodent à nos frontières prêts à faire feu de tout bois.
Nos chefs religieux, souvent si silencieux quand le pays vacille, doivent prendre leurs bâtons de pèlerins et faire entendre raison aux deux communautés belligérantes. Lesquelles, encore une fois, ont en partage l’Islam. Il y va de la quiétude de ce charmant pays. Il faut surtout faire taire les voix discordantes des talibés qui ne font qu’attiser le feu et faire entendre celles des deux guides. Lesquels sont seuls en mesure de ramener la paix par un discours responsable et rassembleur…
Par Texte Collectif
TEMPS D’ALERTE
Le Sénégal ne dispose pas de centres d’accueil pour les demandeurs d’asile les plus vulnérables, tels que les femmes enceintes, les enfants non accompagnés et les personnes âgées
Selon le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les Réfugiés (UNHCR), 117,3 millions de personnes ont été déplacées de force dans le monde à la fin de 2023, en raison de persécutions, de conflits, de violences ou de violations des droits humains. Parmi elles, 75,9 millions sont des déplacés internes. De plus, les projections actuelles estiment que le nombre de personnes déplacées à cause du changement climatique pourrait atteindre entre 100 millions et 1 milliard d’ici 2050.
En 2023, le Sénégal a accueilli près de 15 000 réfugiés et plus d’un millier de demandeurs d’asile de diverses nationalités, attirés par la relative stabilité politique du pays.
Malgré les efforts des autorités sénégalaises, les demandeurs d’asile font face à des difficultés, notamment pour ce qui concerne la procédure de détermination du statut de réfugié et la reconnaissance des documents par certaines institutions privées.
Pour rappel, est considéré comme réfugié toute personne qui, craignant, avec raison, d’être persécutée en raison de sa race, de sa religion, de sa nationalité, de son appartenance à un groupe social ou de ses opinions politiques, se trouve hors du pays dont elle a la nationalité et qui ne peut ou ne veut se réclamer de la protection de ce pays (Convention de Genève de 1951 et son Protocole additionnel de 1967).
Le Sénégal, signataire de cette convention ainsi que celle de la Convention de l’UA de 1969, a créé la Commission Nationale d’Éligibilité au statut de réfugié par décret n°68-27 du 24 juillet 1968, modifié par la loi n°75- 109 du 20 décembre 1975.
La nécessité de trouver des solutions
Le système d’asile sénégalais présente des lacunes majeures, particulièrement en ce qui concerne la procédure de détermination du statut de réfugié. Les lacunes administratives et procédurales empêchent ceux qui ont besoin de protection d’en bénéficier pleinement. La Commission Nationale d’Éligibilité est souvent très lente, obligeant certains demandeurs d’asile à attendre près de trois ans pour une décision, aggravant ainsi leur situation. ADHA, MET et MIAMSI-SÉNÉGAL saluent les efforts déjà consentis par les autorités sénégalaises, mais reconnaissent que des défis subsistent. À ce titre, une législation fixant un délai pour le traitement des demandes d’asile serait cruciale. Actuellement, le taux d’octroi du statut de réfugié est très bas et les demandeurs d’asile n’ont souvent pas accès à l’aide humanitaire jusqu’à la reconnaissance de leur statut. De plus, le Sénégal ne dispose pas de centres d’accueil pour les demandeurs d’asile les plus vulnérables, tels que les femmes enceintes, les enfants non accompagnés et les personnes âgées.
En outre, le système d’asile sénégalais ne prévoit pas d’instance de deuxième degré permettant aux réfugiés qui le souhaitent de faire appel. Les membres de la Commission étudient les demandes d’asile en première instance et les recours, laissant les demandeurs d’asile sans assistance pendant toute la période d’attente. Pour mieux prendre en charge les réfugiés, certains pays ont mis en œuvre des mesures concrètes. Par exemple, le Togo a créé une commission de recours en 2016, offrant ainsi une seconde chance aux demandeurs d’asile en cas de rejet en première instance.
De nombreux réfugiés rencontrent des difficultés pour obtenir une carte d’identité de réfugié et un titre de voyage. Des documents qui ne sont pas souvent reconnus par certains établissements publics et privés. Une législation clarifiant les procédures d’obtention de ces documents serait une première étape importante, accompagnée de campagnes de sensibilisation pour que tous les fonctionnaires concernés reconnaissent ces documents. Autre écueil, l’impact socio-économique négatif de la pandémie et les mesures de prévention imposées dans la région qui ont commencé à générer des troubles sociaux. Au Sénégal, des milliers de jeunes ont quitté le pays pour fuir l’emprisonnement durant les répressions politiques. Certains ont pris des pirogues de fortune, risquant leur vie en mer, à l’image du célèbre détenu politique Papito KARA qui finira par rendre l’âme par la suite. Les risques et défis spécifiques de protection pour les populations déplacées de force sont donc bien présents.
Les réfugiés et personnes déplacées vivent souvent dans des conditions de surpeuplement et de précarité. Il est important de rappeler que les réfugiés ne quittent pas leur pays par choix, mais par contrainte, fuyant la guerre, la persécution, la discrimination et les violations des droits de l’homme. Ils ont donc besoin d’une protection effective de leur pays d’accueil. Ainsi. ADHA, MET et MIAMSI-SÉNÉGAL encouragent vivement le gouvernement sénégalais à réexaminer sa législation nationale pour pallier les faiblesses de son système d’asile. Ils recommandent également la ratification de la Convention de l’Union Africaine sur la Protection et l’Assistance aux Personnes Déplacées en Afrique (Convention de Kampala) pour mieux prendre en charge les déplacés internes en Casamance. Enfin, ADHA, MET et MIAMSI-SÉNÉGAL suggèrent d’adopter le modèle ougandais, qui facilite l’accueil, la protection et l’insertion des réfugiés en allouant des terres à chaque famille de réfugiés pour la construction d’abris et pour la culture. Pour finir, nous encourageons les citoyens à continuer la lutte contre la spoliation des terres au Sénégal et pour la préservation du littoral. En autorisant des constructions privées pour une minorité privilégiée et en détruisant le littoral, les autorités avaient contribué à accélérer les phénomènes de migration climatique et de déplacements.
SIGNATAIRES :
- Action pour les Droits Humains et l’Amitié (ADHA)
- Mouvement pour l'Ethique et la transparence (MEt)
- Mouvement International d'Apostolat des milieux indépendants (MIAMSI Sénégal).