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24 novembre 2024
Opinions
par Yoro Dia
ET SI ON SE PRÉPARAIT À LA COHABITATION
Le refus de Sonko de se soumettre à la DPG qu’il a pourtant abordée plusieurs fois en Conseil des ministres confirme le Projet Nakhebaye de Pastef. Le bilan des 100 jours se résument à deux mots : « excès » et « insignifiance »
Le refus du Premier ministre de se soumettre à une déclaration de politique générale qu’il a pourtant abordée plusieurs fois en conseil des ministres confirme le Projet Nakhebaye de Pastef.
Comme son nom l’indique la DPG exige une vision, une ambition et des orientations claires que notre Premier Ministre n’a jamais eues. Sonko joue la montre en attendant que les hauts fonctionnaires qu’il appelle, par ignorance ou mauvaise foi, le Système, rédigent le projet. Un projet que Pastef , par indigence intellectuelle, a mis dix ans pour lui trouver un nom. Comme pour le PSE, ce seront nos brillants hauts fonctionnaires qui vont rédiger le Projet qui s’appelle Vision 2050 et va s’inscrire inévitablement dans la continuité du PSE. Si le Premier ministre, comme le disent ses proches attend la nouvelle assemblée qui sera installée après les élections issues de la dissolution, il est de bon aloi de lui rappeler deux choses.
Premièrement, il n’appartient au Premier ministre de choisir son « Assemblée » parce que même s’il en a les instincts et les réflexes, Monsieur Sonko n’est pas Caligula qui méprisait tellement le Senat qu’il y avait nommé son cheval ou François 1er dont le bon plaisir devenait la loi.
Secundo, qu’est ce qui fait croire à Monsieur Sonko qu’il sera encore en poste après les législatives anticipées ? Le charme de la démocratie réside dans l’incertitude des élections et l’exercice du pouvoir est le plus grand ennemi du populisme.
C’est pourquoi le bilan des 100 jours de Pastef se résument à deux mots chers à Talleyrand : « excès » et « insignifiance ». Excès quand Sonko menace la presse et les juges et qualifie nommément et publiquement le président du Conseil constitutionnel de corrompu…Insignifiance quand il rabaisse sa fonction et la réduit au petit privilège du tapis rouge confirmant Talleyrand qui disait « Si les gens savaient par quels petits hommes ils sont gouvernés, ils se révolteraient vite. »
De quoi a peur le Premier ministre ? D’une motion de censure ?
Aucun Premier du Sénégal n’a jamais été renversé par une motion de censure lors d’une DPG même si la motion de censure reste un moyen de créer un débat devant l’opinion sur la vision et les orientations. La révolte, si elle n’est pas parlementaire, sera populaire et démocratique.
La révolte démocratique viendra des législatives. Pastef n’a pu prospérer que dans la tension permanente ; l’accalmie et la clarté brutale de l’exercice du pouvoir ont montré que le fameux projet n’était qu’un deep fake et donc, en réalité, Pastef n’a pas de vision, encore moins une ambition pour le pays. La meilleure façon de sanctionner de ce deep fake qu’incarne Sonko est de sanctionner démocratiquement Pastef aux législatives en imposant au président de la République une cohabitation en l’aidant démocratiquement à se débarrasser de son encombrant et incompétent Premier ministre. De toute façon en cas de cohabitation, rien va changer pour le président de la République car comme aujourd’hui à l’image du Roi d’Angleterre, il va continuer à régner mais ne pas gouverner. Aujourd’hui avec Sonko, il est plus le « Résident de la République » que Président de la République. Avec la cohabitation, il le sera moins et sera plus Président de la République.
Naturellement, on nous dira que notre constitution et nos institutions ne prévoient pas la cohabitation. La constitution et les institutions de la Ve République en France n’ont jamais prévu la cohabitation parce que De Gaule a toujours pensé qu’un Président désavoué devait s’en aller comme il le fit quand le Non l’emporta au referendum de 1969. En 1986, malgré le désaveu aux législatives Mitterrand qui n’était pas De Gaule choisit de rester et les institutions s’adaptèrent à la cohabitation. Et la France n’a jamais été aussi bien gouvernée que pendant la cohabitation Chirac- Jospin (1997-2002).
Nos institutions qui ont fait la preuve de leur solidité et notre Etat qui, comme le roseau, plie mais ne rompt pas, sont prêts à gérer cette cohabitation. Comme l’alternance devenue la respiration de notre démocratie, la cohabitation qui s’annonce sera soluble dans nos institutions comme l’alternance.
SÉNÉGAL, OPPORTUNITÉS ET IMPÉRATIFS DANS LES RELATIONS AVEC L'OCCIDENT
La volonté de Diomaye de renégocier des partenariats et de redéfinir le leadership régional laissent entrevoir une inflexion majeure. Les Occidentaux sont face à un double défi : répondre aux aspirations des Sénégalais et rétablir la confiance ébranlée
Le nouveau paysage politique au Sénégal ouvre des perspectives inédites pour les relations avec les pays occidentaux. La nette victoire du président Faye face à l’ancien Premier ministre Amadou Ba a été saluée par des partenaires internationaux, dont la France, les États-Unis et le Royaume-Uni. Emmanuel Macron s’est même distingué en adressant ses félicitations en wolof, un geste interprété comme une volonté active de rapprochement avec la nouvelle administration.
En effet, une frange importante du Pastef, parti panafricaniste de gauche, avait fortement préconisé une rupture avec la France durant la campagne présidentielle. Le président Faye, de son côté, avait promis de renégocier les contrats pétroliers et gaziers pour obtenir des conditions plus avantageuses, suscitant des inquiétudes dans certaines chancelleries occidentales.
Cependant, les premières décisions du nouveau chef d’Etat suggèrent que les craintes d’une rupture radicale étaient infondées. Celui-ci a préféré plutôt insister sur l'importance de maintenir des relations solides avec les partenaires étrangers tout en priorisant les intérêts nationaux.
Lors de l'une de ses premières déclarations publiques en tant que président élu, Bassirou Diomaye Faye a exhorté le Niger, le Mali et le Burkina Faso, qui ont annoncé leur intention de quitter la CEDEAO en début d'année, à réintégrer l'union économique régionale. Dans son discours d’investiture, le président Faye a réaffirmé encore une fois que le Sénégal, sous son magistère, privilégierait la coopération avec la communauté internationale plutôt que la confrontation.
Cette nouvelle réalité offre aux pays occidentaux une courte fenêtre d'opportunité pour redéfinir durablement leurs relations avec le Sénégal et la région, relations qui ont été fragilisées par les tensions persistantes avec l’ensemble des pays du Sahel.
Pour saisir cette chance, il est impératif que l'Occident revoie sa posture et propose des partenariats véritablement équitables. Ces partenariats doivent être conçus dans la perspective de soutenir le co-développement et renforcer la stabilité régionale, répondant ainsi aux besoins locaux tout en respectant la souveraineté des nations impliquées.
En adoptant une approche collaborative et respectueuse, les pays occidentaux peuvent non seulement réparer les liens endommagés mais aussi bâtir une base solide pour une coopération fructueuse et durable avec le Sénégal et ses voisins.
Une nouvelle ère pour les relations entre le Sénégal et l'Occident
La victoire du président Faye incarne donc la profonde frustration de la jeunesse sénégalaise face à un taux de chômage élevé. Une problématique persistante. En 2023, le chômage des jeunes au Sénégal atteignait 4,2 % selon les chiffres officiels. Toutefois, avec 84 % de l'emploi concentré dans le secteur informel, une grande majorité des moins de trente-cinq ans vivent dans une situation de précarité absolue, ayant un accès limité à l'éducation, à l'emploi formel et aux besoins de base.
C'est pourquoi les promesses de réforme économique, de lutte contre la corruption et de promotion de la préférence nationale du président Faye résonnent fortement auprès des jeunes des grands centres urbains, des populations marginalisées et de certains intellectuels frustrés par la complaisance traditionnelle du Sénégal envers les pays occidentaux.
Ces engagements de campagne de la Coalition Diomaye 2024 répondent aux attentes des citoyens en quête d'un système plus juste et transparent, capable de leur offrir de meilleures perspectives de stabilité économique et de gouvernance fondée sur le mérite, la responsabilité et l'intégrité.
En s'attaquant à la corruption endémique et en favorisant les entreprises nationales, le président Faye pourrait redonner aux Sénégalais un plus grand contrôle sur leurs ressources et leur avenir. De telles réformes ambitieuses sont de nature à susciter l'espoir et l'enthousiasme chez les citoyens en quête de changement.
Les enjeux de développement au Sénégal sont considérables, offrant une opportunité précieuse aux pays occidentaux de revoir leur posture et de redéfinir leur approche de coopération. En soutenant les ambitions de la nouvelle équipe gouvernementale, qui vise à créer des emplois pour la jeunesse et à promouvoir la croissance d'un secteur privé national solide, les pays occidentaux peuvent jouer un rôle clé dans la transformation économique du Sénégal.
Cette coopération technique et financière ciblée, ainsi que les investissements favorisant le transfert de compétences et de technologies, permettent non seulement de soutenir le développement durable du Sénégal mais également de démontrer l'engagement en faveur d'un partenariat gagnant-gagnant, bénéfique pour les deux parties.
Aussi, les récentes découvertes de réserves de pétrole et de gaz au Sénégal sont sur le point de transformer radicalement les perspectives économiques et sociales du pays. En engageant un dialogue constructif sur des questions cruciales telles que la gestion durable des ressources naturelles, les pays occidentaux ont l'occasion de soutenir activement un partenariat mutuellement bénéfique avec le Sénégal. En apportant leur expertise et leur soutien, ils peuvent contribuer à une gestion responsable de ces nouvelles richesses, tout en renforçant les liens économiques et diplomatiques entre les deux parties.
L'exploitation minière dans la région de Kédougou, par exemple, offre un aperçu des conséquences néfastes que peut engendrer le décalage entre les intérêts économiques des entreprises étrangères et les réalités des populations locales. Dans cette région, les activités minières ont parfois entraîné des expulsions forcées et porté atteinte aux moyens de subsistance des habitants, suscitant un profond ressentiment anti-occidental. Les communautés locales ont ainsi organisé de nombreuses manifestations, parfois violentes, pour protester contre les pratiques abusives des entreprises.
Seule une approche soucieuse des populations et de leur développement durable peut donc créer un climat propice à une coopération mutuellement bénéfique. À défaut, le risque est grand de voir se multiplier les conflits et les mouvements de rejet, au détriment des bonnes relations entre le Sénégal et ses partenaires occidentaux.
Une opportunité de repenser les alliances dans le Sahel
La posture anti-establishment de la coalition Diomaye 2024 avait suscité des inquiétudes au sein de la communauté internationale durant la campagne, alimentant des craintes quant à la stabilité et à la direction future du Sénégal.
Cependant, les premières annonces du Président Faye ont rapidement rétabli la confiance. Son engagement à promouvoir la transparence dans la gouvernance, à maintenir une équidistance dans les relations internationales et à mettre en œuvre des mesures fortes contre la corruption a démontré sa détermination à améliorer la gestion des affaires publiques.
Preuve supplémentaire de ce regain de confiance, le prix des obligations du Sénégal sur les marchés internationaux a connu une croissance spectaculaire le jour suivant l'élection, passant de 1,4 cent à 75,88 cents sur le dollar, réalisant ainsi la meilleure performance de la journée parmi les émetteurs de dette souveraine sur les marchés émergents. Ce rebond post-électoral suggère un optimisme prudent de la part des investisseurs quant aux perspectives économiques du Sénégal sous le leadership du Président Faye.
Afin que cet élan positif se concrétise durablement, il est désormais essentiel que la communauté internationale apporte son soutien inconditionnel à la nouvelle diplomatie régionale du Sénégal.
En effet, le président Faye a clairement affiché sa détermination à défendre une idéologie souverainiste, en appelant notamment le Niger, le Burkina Faso et le Mali à réintégrer la CEDEAO. De plus, le Chef de l’Etat s'est engagé à promouvoir une intégration africaine plus forte, en prenant le leadership en faveur d'une réforme profonde du franc CFA. Ces initiatives ambitieuses visent à redonner au Sénégal un rôle de leader dans la définition des orientations stratégiques de l'Afrique de l'Ouest.
Cette position tranche nettement avec l'approche de son prédécesseur, Macky Sall, qui privilégiait la recherche d'un consensus au sein de l'organisation régionale avant de définir la position du Sénégal sur les questions régionales.
Le changement de cap stratégique annoncé par Bassirou Diomaye Faye offre une opportunité pour les pays occidentaux de s'appuyer sur le leadership régional du Sénégal pour réinitialiser leurs relations, devenues exécrables, avec un certain nombre de pays du Sahel par exemple. Ce partenariat permettrait ainsi d'envisager une coopération plus fructueuse dans une région rongée par l'instabilité, devenue le théâtre de conflits entre grandes puissances et où le sentiment anti-occidental est répandu.
Le panafricanisme de gauche prôné par le président Faye ne se limite pas à une vision de souveraineté nationale et d'autonomisation économique du Sénégal. Il représente également une occasion pour les pays occidentaux de repenser leur approche de coopération, en adoptant une logique d'équité et de co-développement avec le Sénégal et, plus largement, avec la région du Sahel. Le nouveau contexte politique au Sénégal constitue une opportunité unique pour la communauté internationale de démontrer son sérieux dans l'établissement de relations avec les pays africains basées sur le respect mutuel et une coopération gagnant-gagnant.
En changeant de paradigme, les pays occidentaux peuvent inaugurer une nouvelle ère de coopération et de prospérité partagée dans la région. Cependant, s'ils tardent à adopter cette nouvelle approche, le sentiment anti-occidental croissant dans la région risque de s'ancrer durablement.
Mayecor Sar conseille les gouvernements africains dans la conception de politiques publiques, le développement de stratégies et la mise en œuvre de leurs priorités (Delivery/Delivery Units) en Afrique. Il est également le fondateur et Directeur de l’Initiative pour un développement endogène de l'Afrique (IDEA), un Think Tank Panafricain travaillant sur les thématiques géopolitique et relations internationales, gouvernance et finances publiques et développement du capital humain.
LES AFRICAINS TIENNENT L’AVENIR DE LA DÉMOCRATIE ENTRE LEURS MAINS
Si les putschistes convainquent, c'est parce que la pratique démocratique moderne a déçu, loin de l'héritage africain. Enseigner l'histoire démocratique africaine est essentiel pour concilier démocratie et souveraineté nationale sur le continent
D’ici la fin de l’année 2024, le visage de l’Afrique politique ne sera -théoriquement- plus le même. Avec dix-neuf élections programmées cette année, le continent verra partir des présidents élus il y a plus de dix ans (au Sénégal et au Ghana), des transitions civiles incertaines (au Mali et au Burkina Faso), des élections à enjeux élevés (comme en Afrique du Sud) et des hommes forts s’accrocher (en Tunisie, au Tchad, au Rwanda). Cette volatilité, conjuguée aux récents coups d’Etat sur le continent, rend de nombreux observateurs pessimistes quant à l’état de la démocratie en Afrique.
L’«hiver démocratique » africain
Cet «hiver démocratique» n’est pas propre à l’Afrique. Aux Etats-Unis, selon Gallup, seuls 28% des Américains - un niveau record, encore plus bas qu’au lendemain de lattaque du Capitole le 6 janvier 2021- sont satisfaits du fonctionnement de leur système démocratique. En France, dans le cadre d’élections législatives anticipées, l’Extrême-droite, pour la première fois dans l’histoire de la 5ème République, est aux portes de Matignon après avoir viré en tête aux élections européennes de juin 2024. Il n’est pas surprenant que la valeur de la démocratie soit également contestée en Afrique, et que les arguments contre elle prennent la forme de revendications de souveraineté nationale et soient principalement dirigés contre les anciennes puissances coloniales. Partout où des coups d’Etat récents ont eu lieu, les putschistes ont publiquement rejeté l’influence des anciennes puissances coloniales (comme dans la région du Sahel avec la France) ou des institutions occidentales (comme au Soudan, où le Général Abdel Fattah al-Burhan a utilisé les réformes structurelles inspirées par la Banque mondiale pour justifier son coup d’Etat d’octobre 2021). Les putschistes ont reproché aux gouvernements précédents d’avoir mis en place des régimes faussement démocratiques, faibles et responsables de la persistance du sous-développement. Au Niger, le Président Mohamed Bazoum est détenu contre son gré depuis le 26 juillet 2023, accusé par une junte militaire d’avoir eu des «échanges» avec des «chefs d’Etat étrangers» et des «responsables d’organisations internationales»
Comment le concept de démocratie, hier si consensuel, du moins en termes d’aspiration, est-il devenu si clivant que son rejet n’est même plus tabou ? Il n’est guère de conférence internationale où des putschistes africains qui n’ont été élus par qui que ce soit ne revendiquent leur légitimité pour prendre le pouvoir par la force, comme le Colonel guinéen Doumbouya aux Nations unies en septembre 2023, avec l’approbation d’une partie des opinions africaines, en particulier parmi les jeunes générations.
Les arguments qui servent de prétexte au rejet de la démocratie sont de piètres excuses, sans compter qu’il y a quelque chose de profondément insultant à suggérer que les Africains ne méritent pas de choisir leurs dirigeants et, par conséquent, de vivre librement. D’ailleurs, pourquoi devrait-on croire que la démocratie n’est qu’un concept occidental ?
Une vision africaine de la démocratie
La Charte du Manden, proclamée en 1222, à l’époque de l’Empire du Mali -des siècles avant la Déclaration des droits du Royaume-Uni- est considérée en Afrique comme la première déclaration des droits de l’Homme de l’histoire. La charte célébrait la préservation de la vie (article 5 : «Toute personne a droit à la vie et à la préservation de l’intégrité physique») et organisait la coexistence entre les communautés (article 11 : «En cas de disparition de votre femme ou de votre enfant, cessez de courir après eux dans la maison du voisin»). Elle protège également les droits des femmes (article 14 : «N’offensez jamais les femmes, nos mères» ; Article 16 : «Les femmes, en dehors de leurs occupations quotidiennes, doivent être associées à toutes nos directions»), les étrangers (article 24 : «Au Manden, ne maltraitez pas les étrangers»), les sans-abri (article 31 : «Nous devons aider ceux qui sont dans le besoin») et même l’ennemi dans la bataille (article 41 : «Vous pouvez tuer l’ennemi, mais non l’humilier»).
On le voit, les Africains connaissent très bien la pratique démocratique, et c’est vrai bien au-delà de l’Empire du Mali. Chez les Yoruba, le pouvoir du chef était révocable. Chez les Ashanti du Ghana, le chef du village était choisi par les chefs de famille, qui formaient un conseil. Une association d’adultes de chaque village représentait l’opinion publique et élisait un président.
De nombreux succès démocratiques en Afrique
Aujourd’hui, les exemples de réussites démocratiques en Afrique ne manquent pas. Dans son rapport de 2023, Freedom House écrit : «La liberté en Afrique a légèrement progressé en 2022, 11 pays ayant connu une amélioration des droits politiques et des libertés civiles, et 9 connaissant un déclin.» Au Liberia, en janvier 2024, Joseph Boakai a succédé pacifiquement à George Weah, qui avait succédé à la première femme Présidente d’Afrique, Ellen Johnson Sirleaf, en janvier 2018. Au Botswana, toutes les élections depuis l’indépendance en 1966 se sont déroulées dans le calme, dans un système institutionnel multipartite où les minorités sont représentées. De l’île Maurice aux Seychelles, en passant par le Cap-Vert, les îles africaines jouissent d’une stabilité politique remarquable. La Namibie se distingue par le fait qu’elle n’a connu que trois présidents depuis 1990. Le troisième, Hage Geingob, décédé en février 2024, a été élu pour la première fois en novembre 2014 lors des premières élections entièrement électroniques d’Afrique. Il a succédé à Hifikepunye Pohamba, qui a respecté la Constitution en démissionnant après deux mandats.
Le Ghana est l’un de ceux qui ont vu leur pratique démocratique notablement progresser. Depuis la réforme constitutionnelle de 1992, le pays a organisé huit élections libres, alors que l’actuel Président, Nana Akufo-Addo, s’apprête à quitter le pouvoir en décembre 2024 après deux mandats.
En Zambie, le Président Hakainde Hichilema a pris ses fonctions en août 2021, à l’issue d’une transition politique en douceur avec le Président sortant Edgar Lungu, malgré une rivalité de longue date entre les deux hommes. Hichilema se présentait à l’élection présidentielle pour la sixième fois dont trois contre Lungu. C’est la troisième fois depuis 1991 que le pouvoir passe à l’opposition en Zambie. Au Sénégal, dans un geste exemplaire qu’on ne trouve pas dans les démocraties les plus abouties du monde, le pays a porté à la tête du pays le plus jeune Président de son histoire, un opposant qui était encore en prison quelques semaines avant le scrutin.
Il convient de noter que si toutes ces expériences réussies sont individuellement célébrées comme des exceptions, elles représentent une tendance significative des succès démocratiques africain.
La diversité culturelle, une chance pour l’Afrique
Contrairement à la croyance populaire selon laquelle l’Afrique est une terre de guerres interethniques, l’importante diversité culturelle du continent, loin d’être un simple défi, est l’un des éléments les plus originaux des systèmes démocratiques africains. Par exemple, le Sénégal a été dirigé pendant vingt ans par un Président qui appartenait à deux groupes minoritaires, les Sérères et les catholiques, dans un pays majoritairement wolof et musulman. Avec plus de trois mille langues parlées et des défis culturels multiethniques, les modèles politiques africains n’ont pas d’équivalent ailleurs dans le monde.
L’histoire de l’Afrique est pleine d’expériences de gouvernance multiculturelle. Dans l’Empire du Mali, divers peuples ethniques -Touaregs, Wolofs, Malinkés, Bambaras, Peuls et Toucouleurs- vivaient ensemble, et la tolérance religieuse était telle qu’aucun roi malien n’avait mené de guerre sainte. L’empire du Ghana, qui couvrait une vaste zone allant du Tekrour à Awdaghost, comprenait des populations aussi diverses que les Bambaras, les Toucouleurs, les Wolofs et les Sérères. Bien que l’empereur soit de religion animiste, il faisait preuve d’une grande tolérance envers les musulmans et choisissait la plupart de ses ministres parmi eux, ainsi que le rappelait l’historien burkinabè Joseph Ki-Zerbo dans son Histoire de l’Afrique noire en 1972.
Il n’y a pas de conflit entre la démocratie et la souveraineté
Mais si les arguments contre la démocratie avancés par les putschistes et leurs partisans font mouche, c’est parce que la pratique démocratique moderne, loin de cet héritage africain, les a déçus. Tout d’abord, la période coloniale a entraîné la destruction des structures participatives africaines traditionnelles telles que «les sociétés acéphales, les royaumes centralisés, les théocraties électives, les cités-Etats indépendantes et les républiques oligarchiques», comme l’ont rapporté les chercheurs Fanny Pigeaud et Ndongo Samba Sylla dans un livre de janvier 2024, De la démocratie en Françafrique.
La démocratie en Afrique a aussi été la victime collatérale des rivalités géopolitiques, car des hommes ordinaires, qui cherchaient à diriger leurs pays au lendemain de l’indépendance -tels que Patrice Lumumba en République démocratique du Congo, Samora Machel au Mozambique et Amilcar Cabral en Guinée-Bissau-, ont rapidement perdu la vie.
Deuxièmement, dans un contexte d’essor du terrorisme, la sécurité a été privilégiée par rapport à la démocratie. Quelquefois, elle a été une excuse commode pour museler les dissidents, esquiver ou même falsifier les élections. Dans les années 1990, l’ouverture démocratique a pu balayer de vieux dirigeants -comme le premier Président de la Zambie, défait en 1991 après vingt-sept ans au pouvoir, ou le premier Président du Malawi, Hastings Kamuzu Banda, battu en 1994 après trente ans de règne-, mais les transitions familiales et militaires sont restées une réalité largement partagée en Afrique. Les expériences démocratiques les plus réussies se sont apparentées à des luttes de libération nationale et se sont faites à un prix élevé, comme en Afrique du Sud, où le destin de l’ancien Président Nelson Mandela illustre la dureté de la lutte démocratique.
Il ne fait aucun doute que ces épreuves ont créé une «fatigue démocratique» qui a été renforcée par la persistance du sous-développement dans des pays dont beaucoup sont pourtant richement dotés par la nature.
La démocratie, c’est en effet bien plus qu’un processus électoral. L’organisation d’une élection, aussi parfaite soit-elle, si elle est une condition à la démocratie, elle n’en est pas la garantie si le taux de participation est faible, si les partis politiques en lice représentent le même camp politique, si les conditions de la concurrence sont biaisées, si les citoyens ne sont pas éduqués ou informés des enjeux, ou s’il n’y a pas de recours possible. Autant d’éléments qui relèvent de la politique éducative, de la formation civique, de l’existence d’institutions fortes, et qui échappent souvent aux missions d’observation et aux classements internationaux.
Alors que sa population devrait doubler au cours des vingt-cinq prochaines années et qu’une génération émerge avec l’ambition de faire entendre sa voix, l’Afrique tient entre ses mains une grande partie de l’avenir de la démocratie dans le monde. La jeunesse africaine est farouchement engagée dans les affaires publiques. Il y a certes un fossé évident entre les jeunes Africains, y compris des mouvements citoyens comme Le Balai Citoyen et Lucha, qui pourchassent les régimes autoritaires, et ceux de la même génération qui applaudissent les putschistes sahéliens. Néanmoins, les jeunes Africains sont unis par un désir commun de souveraineté nationale.
Les voies d’une restauration démocratique en Afrique
Pour retrouver de la valeur aux yeux des peuples, la démocratie version africaine devra non seulement rajeunir ses cadres (les nouveaux dirigeants quadragénaires d’Afrique de l’Ouest tranchent avec l’âge avancé des dirigeants africains), mais également incarner cette aspiration à la souveraineté et à une dignité retrouvée. Ni Washington ni Pékin ne peuvent apporter cela aux Africains.
Quant aux Occidentaux qui veulent renouer avec ce vieux continent à la population si jeune, il est important qu’ils ne pratiquent pas les deux poids deux mesures, mais qu’ils appliquent plutôt à l’Afrique le niveau d’exigences démocratiques qu’ils ont pour leurs propres citoyens.
Les dirigeants africains, quant à eux, doivent comprendre que la démocratie est d’abord un acte de patriotisme. C’est pourquoi il est fondamental d’enseigner l’histoire démocratique de l’Afrique, afin que démocratie et souveraineté nationale sur le continent cessent de s’opposer. Il est également essentiel de renforcer l’éducation civique, dès l’école primaire. Dans l’arène politique, le renforcement des institutions est crucial, y compris les administrations et les services centraux, ainsi que les contre-pouvoirs tels que la Justice et les médias. Il sera également nécessaire que les institutions reflètent mieux les réalités africaines, grâce à une meilleure représentation des anciens, le renforcement de la gouvernance locale et l’inclusion des associations de jeunes. Enfin, il est crucial que les responsables des partis politiques, souvent affaiblis par des années, voire des décennies d’opposition, d’exil ou de prison, soient à la hauteur de leur lourde tâche. Si les hommes en treillis sont en vogue aujourd’hui, il y a fort à parier que ce ne sera pas toujours le cas, et qu’il faudra alors que des patriotes visionnaires soient prêts à prendre la relève.
Rama Yade est Directrice Afrique d'Atlantic Council à Washington DC
Par Moussa DIAW
LE RENOUVEAU DE LA DIPLOMATIE SÉNÉGALAISE
Symboliquement les ports vestimentaires du couple présidentiel sénégalais en France pour une première visite dans le pays de Molière donnent la dimension, sur le plan symbolique et pratique, des innovations dans les relations franco-sénégalaises.
On peut considérer que la diplomatie est un ensemble de moyens dont dispose un Etat pour agir, en dehors de son territoire, en termes de coopération, de négociation et de représentation, mais aussi d’actions au sein d’organisations internationales, renforçant ainsi sa visibilité et sa dynamique dans l’espace mondial. Ce dispositif est généralement intégré dans la politique étrangère qui relève du domaine réservé du Président de la République selon la Constitution.
Cette action extérieure peut-être marquée par la personnalité et les orientations politiques des hommes élus à la tête de l’Etat. C’est ainsi que l’élection de Bassirou Diomaye Diakhar Faye, le 24 mars 2024, au sommet de l’Etat sénégalais se traduit par un aggiornamento dans la diplomatie sénégalaise par le choix de nouvelles méthodes et surtout par des pratiques qui confirment la rupture dans les options fondamentales. Désormais les priorités sont adossées aux intérêts du Sénégal sur la base d’un réalisme politique et économique. Il est vrai que les fondements de la politique étrangère n’ont pas varié comme l’avait subtilement noté l’ancien président Senghor dans le décryptage des ses cercles concentriques priorisant le voisinage, le continent et le monde. S’inscrivant dans cette logique, le président Bassirou Diomaye Diakhar Faye a privilégié, dans ses voyages à l’étranger, les pays voisins.
LA DIPLOMATIE DU BON VOISINAGE ET DE LA FERVEUR CONTINENTALE
En respectant ce principe de la politique étrangère, le président ne déroge pas à la tradition qui se perpétue depuis l’avènement de l’Etat et qui devient aujourd’hui un élément fondamental de l’action diplomatique du pays. C’est un symbole de l’intérêt que le pays accorde aux pays voisins puisque la paix et la sécurité dans cet environnement sont aussi gage de stabilité et de concorde internes.
Cela témoigne du nexus entre la politique intérieure et la politique extérieure d’autant que le phénomène de la mondialisation a renforcé la porosité des frontières en diluant corrélativement la notion de souveraineté. De même, la prise de conscience des sources de déstabilisation existantes dans la sous-région incite davantage à la mutualisation des stratégies de prévention et de lutte contre toutes velléités de perturbation de l’ordre social. La dimension sécuritaire prend donc tout son sens au regard des perspectives de mise en valeur des gisements de pétrole et de gaz.
Le partage en Commun de l’exploitation de pétrole et de gaz explique sans doute la première destination qui est la Mauritanie. Le Sénégal entretient, avec son voisin du nord, des relations séculaires historiques, géographiques, et socio-culturelles. Une forte diaspora sénégalaise y vit depuis très longtemps et il constitue un pays de transit pour les candidats à l’émigration clandestine vers l’Europe. Les deux pays sont également engagés dans des projets au sein de l’OMVS (Organisation pour la Mise en valeur du Fleuve Sénégal).
Cette diplomatie cible aussi le Mali, la Gambie et la Guinée-Bissau, la Guinée en s’élargissant au niveau continental à d’autres pays comme la Côte d’Ivoire et le Burkina Faso, le Niger démontrant ainsi l’engouement des nouvelles autorités sénégalaises à œuvrer pour l’intégration africaine. Elles plaident pour le renforcement de la CEDEAO (Communauté Economique de l’Afrique de l’Ouest), étape importante du Panafricanisme d’autant que cet organisme communautaire traverse une crise accentuée par la volonté exprimée par les pays dits Alliances des Etats du Sahel (AES), de la signature d’un pacte de défense mutuelle. Ils décident dès lors de quitter l’Organisation pour ses prises de positions et ses sanctions à l’encontre des pouvoirs militaires, institués dans ces pays (Mali, Niger, Burkina). Dans le tropisme de la paix, la diplomatie sénégalaise pourrait jouer un rôle important afin de réconcilier les frondeurs avec l’organisation régionale. Elle est attendue par sa dynamique au niveau international, particulièrement dans les relations franco-sénégalaises.
LES HABITS NEUFS DE LA DIPLOMATIE SÉNÉGALAISE, LA FRANCE OBLIGÉE DE S’ADAPTER
Symboliquement les ports vestimentaires du couple présidentiel sénégalais en France pour une première visite dans le pays de Molière donnent la dimension, sur le plan symbolique et pratique, des innovations dans les relations franco-sénégalaises. Certes, cette visite en France se déroule dans un contexte particulier où le président français est confronté à la poussée politique du Rassemblement National qui se retrouve, encore une fois, dans l’antichambre du pouvoir. Le sursaut national pourrait-il avoir un effet de ralentissement ? Rien n’est moins sûr, compte tenu des enjeux internes, de baisse de pouvoir d’achat, de la réforme des retraites, etc.
En tout cas, il en ressort de cet entretien entre les présidents français et sénégalais des relations décomplexées et une meilleure prise en compte de la volonté des autorités sénégalaises de parachever leur souveraineté nationale par la disparition progressive des bases militaires françaises dans le pays, selon un calendrier convenu mutuellement au terme de négociations entre les deux parties. D’ailleurs, la France avait déclaré sa décision de réduire drastiquement ses effectifs militaires en Afrique, conformément à sa nouvelle politique géostratégique. Une opportunité saisie par la diplomatie sénégalaise pour demander la réalisation de ce vœu.
Dès lors, il convient de dire que la diplomatie sénégalaise a gagné des points par l’impulsion d’une dynamique permettant d’échanger en partenaire égal sur des questions relatives aux intérêts du pays. Cette position est conforme aux aspirations des citoyens sénégalais qui ont exprimé le désir de changer la manière de gouverner et surtout les pratiques politiques y compris dans l’action diplomatique. Dans cette optique, le président Bassirou Diomaye Diakhar Faye donne un signal fort pour la diversification des partenaires dans la coopération internationale et l’implication du Sénégal dans les grands enjeux internationaux en faveur d’un meilleur équilibre économique et de la recherche de la paix mondiale.
Par l’adoption d’une nouvelle posture dans le choix de méthode rigoureuse et rationnelle, des hommes compétents, avec le souci de ménager les ressources financières du pays, la diplomatie sénégalaise gagnera en visibilité et atteindra des objectifs fixés dans le projet largement soutenu par les Sénégalais.
par le chroniqueur de seneplus, Jean Pierre Corréa
ENTRE PRINCIPE DE RÉALITÉ ET URGENCE D’ÉDUQUER
EXCLUSIF SENEPLUS - Même à 10 francs, le chômeur ne pourrait acheté le pain. On dissout les urgences dans la rhétorique populiste. La clé du Projet n’est pas le coût de la vie, mais le goût du travail
« Les jeunes et les citoyens de demain dont nous avons tous besoin devront être autonomes, donc capables de faire des choix et de gérer leur vie sur le plan personnel et sur le plan social, solidaires, parce que capables de se soucier d’autrui, d’agir avec les autres et pour eux, de partager leurs préoccupations, mais aussi responsables parce que capables d’assumer leurs propres actes, de tenir leurs engagements et d’achever ce qu’ils entreprennent, et surtout engagés, parce que capables de s’affirmer par rapport à des valeurs, une cause ou un idéal et d’agir en conséquence ». Quasimodo
Mon ami et brillant passeur d’intelligence, Amadou Tidiane Wone, a dans une de ses récentes chroniques, recommandé aux nouvelles autorités de notre pays de « Rester Focus » sur les demandes des citoyens sénégalais, qui leur ont valu d’être portés aux commandes du pouvoir, forts de cette confiance populaire.
Au demeurant, en un mot comme en mille, le chèque signé par le peuple aux nouvelles autorités investies de sa confiance, pour un premier mandat de 5 ans, n’est pas un chèque à blanc. Il est rempli d’exigences, dont certaines sont livrables immédiatement, et d’autres prendront le temps de réformes profondes qu’il va falloir entamer très rapidement. Autant les changements de personnels aux commandes de plusieurs leviers d’actions sont impératifs, autant le souci de la tenue, stricte, de tous les engagements pris, doit faire l’objet d’une communication gouvernementale millimétrée et d’un souci pédagogique en temps réels. Mieux, les actions liées aux changements de comportements doivent être prises en charge par les 54 % d’électeurs qui ont endossé la responsabilité de la rupture et du changement. Il s’agit, pour chacun et chacune d’entre nous, d’incarner la rupture et de lui donner corps en toutes circonstances. Pour séduire et convaincre les indécis, afin de réduire l’hostilité et la capacité de nuisance des partisans du statu quo ante. En somme, changer, c’est distribuer 17 millions de miroirs aux Sénégalais.
Cela doit être la nouvelle feuille de route du FOCUS 2024. Il faut l’endosser et la conduire.
Au lieu de cela, l’impression se diffuse que le chèque est toujours en blanc, que les tenants du pouvoir seraient encore dans leurs habits d’opposants, et amuseraient la galerie avec des polémiques et menaces inutiles et superflues à éructer lorsqu’on tient les rênes de la décision…. Un tigre ne hurle pas sa tigritude.
Les choses se mettent en place, certes, à la présidence, petit à petit incarnée par le titulaire de cette haute charge, Bassirou Diomaye Faye, qui gagne en sérénité quand son premier ministre Ousmane Sonko, continue à se battre contre, comme Don Quichotte, des moulins à vent. Pourtant le Projet semblait ficelé depuis des années, imaginé et mis en musique par des milliers de Sénégalais Patriotes à travers le monde. Ce Projet, aux allures d’Os de Mor Lam, attend d’être servi…
Au lieu de mettre les Sénégalais au travail, nous nous complaisons encore et toujours dans ce qui les rassure démagogiquement, satisfaire leurs goûts à la quasi gratuité, à savoir baisser le coût de la vie, vieux serpent de mer, qui symbolise nos incapacités chroniques à persuader nos concitoyens que la clé du Projet, n’est pas le coût de la vie, mais le goût du travail. Le pain à 10 francs ne sera pas pour autant acheté par un chômeur. Donc, l’urgence, c’est éduquer, former, outiller et insérer, devise d’un ministère central de cette révolution attendue, celui de la formation professionnelle, pierre angulaire de la construction de ce nouveau pari : Eduquer et former, urgemment.
La seule urgence qui vaille : Eduquer notre jeunesse.
Par quel mécanisme de la pensée, l’idée-même de faire une impasse sur l’avenir de nos jeunes gens, peut-elle s’imposer à des esprits responsables ?
Je pense à ceux qui gouvernent cette jeunesse ni éduquée, ni instruite, ni informée, qui est affalée toute la journée contre le mur qui soutient leur colonne vertébrale, à deviser sur Mbappé, Sadio Mané, Wally Seck ou Bathio Ndiaye, ou mieux à agonir d’injures les nouvelles autorités, seules responsables selon eux de leur inactivité et de leur désœuvrement endogène, et me dis que ces hommes qui auront donc à gérer ces zombies sont vraiment dans le brouillard. Aucune formation professionnelle, aucun rêve de vivre dans leur pays, pour la plupart déjà pères de 3 ou 4 mômes dont ils ignorent jusqu’au prénom, ces jeunes qui revendiquent deux cerveaux dans les biceps et un muscle dans le cerveau sont la poudre de la bombe qui va nous péter à la gueule dans une dizaine d’années. La mèche est allumée déjà. On le sait. Mais on ne veut pas voir. On repousse les urgences, on les dissout dans de la rhétorique populiste. Face à cette mèche qui approche du détonateur, un « Homme d’Etat » se doit de gouverner pour les générations futures, alors qu’ils ne savent endosser que le costume étriqué de l’homme politique qui n’est préoccupé que par sa réélection. Se faire rattraper par les principes de réalité, est en fait une bonne chose.
Cela leur permettra de mettre l’accent sur l’agriculture qui va conditionner notre indépendance alimentaire, ou sur l’éducation et la formation, qui vont garantir l’emploi ? A-t-on décidé que ces plans tirés sur la Comète devaient être réalisés par une jeunesse mieux formée, citoyenne, éduquée et patriote, et qu’il fallait mettre le paquet sur une jeunesse instruite et en bonne santé ? Comment va-t-on remettre les Sénégalais au travail, et surtout dans les champs ? Comment va-t-on persuader ce jeune homme ou cette jeune fille qu’ils peuvent retourner dans leurs villages, où les attendent des vrais projets de développement, ce qui leur éviterait de passer leur vie à être pourchassés par ceux qui rêvent naturellement et très justement d’avoir des trottoirs et des rues dignes d’une capitale ? Comment va-t-on faire croire au jeune homme amoureux d’une jeune fille, que pour espérer l’épouser, il ne se sentira pas condamné à prendre les « pirogues de notre plus dramatique échec » ?
Mais il y a longtemps qu’ils ne transpirent plus nos dirigeants. Quand vous voyez, Obama, Macron, qui six mois après leur élection, être couverts de cheveux blancs, du fait de leurs responsabilités les engageant à chaque signature, on est tenté de les comparer aux nôtres, qui tout au contraire, grossissent, claircissent et dégagent de la tranquillité, celle de l’irresponsabilité assumée… Depuis Abdou Diouf, qui avait eu à gérer les ajustements structurels, et dont la chevelure avait subitement blanchi, Wade étant hors concours du fait de calvitie permanente, aucun des hommes en responsabilité dans notre pays ne porte les stigmates du stress de la gouvernance…
Soyons encore plus proches et convaincus de nos talents et travaillons juste à remettre les choses à l’endroit pour que ce pays soit un des plus beaux du monde. Parce qu’il y fait bon vivre. Mais il faut de la Culture pour le savoir.
par l'éditorialiste de seneplus, Arona Oumar Kane
COMPRENDRE LE BUDGET DE LA NATION
EXCLUSIF SENEPLUS - Héritage difficile pour le nouveau gouvernement qui exécute un budget déséquilibré, sans le rectifier. Décryptage des rouages complexes de la gestion des finances publiques
Arona Oumar Kane de SenePlus |
Publication 25/06/2024
Synthèse de la Loi 2023-18 portant Loi de finances 2024
La Déclaration de Politique Générale du nouveau chef du gouvernement sénégalais est attendue dans les jours ou semaines à venir. La question du budget sera sans doute un des sujets importants qui seront abordés par le Premier ministre M. Ousmane Sonko lors de son adresse à la représentation nationale.
Il s’agit, en effet, d’un sujet crucial qui concerne tous les citoyens, car relatif à la façon dont notre argent, à nous tous, est géré par les autorités administratives. Seulement voilà, les textes de lois de finances qui définissent le budget de la Nation sont d’une telle complexité que seuls les spécialistes des finances publiques ou ceux qui se donnent la peine de les étudier sérieusement, c’est notre cas, sont en mesure d’en saisir tous les aspects. Ceci est d’autant plus regrettable que cette méconnaissance des mécanismes du budget et leurs implications dans la vie nationale est un terreau favorable à la mal gouvernance, qui conduit nos gouvernements à faire un peu n’importe quoi avec nos ressources financières sans être challengés par leurs administrés que nous sommes.
Pour aider le citoyen lambda à avoir une meilleure compréhension du budget et briser cette logique de méconnaissance généralisée de la gestion du budget, nous avons conçu un modèle de synthèse du texte de loi de finances. Cette synthèse devant permettre, grâce à des graphiques et des schémas simples sur une seule page et d’un glossaire, d’en saisir les points saillants et de comprendre la signification des principaux agrégats de la loi de finances, leurs interconnexions et leurs implications.
L’objectif poursuivi dans cet article, et ceux que nous que publions régulièrement, est de permettre une meilleure veille citoyenne sur la gouvernance de nos ressources et d’éclairer le débat public sur des aspects méconnus de la gestion budgétaire. Cela permettra, en l’occurrence, d’éviter la manipulation, en particulier de ceux qui comparent déjà la gestion budgétaire des nouvelles autorités avec la leur quand ils étaient au pouvoir. Le nouveau gouvernement ne fait en réalité, jusqu’ici, qu’exécuter le Budget dont ils ont hérité, ce qui est d’ailleurs regrettable. Une loi de finances rectificative aurait dû être présentée avant toute chose, au vu du déséquilibre scandaleux qui continue d’y avoir entre les dépenses de fonctionnement et celles consacrées à l’investissement.
Nous espérons qu’avec cette synthèse graphique, ces enjeux seront mieux cernés par nos concitoyens.
Notes explicatives
Loi de Finances La loi de finances est une loi adoptée par le parlement qui détermine, pour une année civile, la nature, le montant et l'affectation des ressources et des charges de l'État (les recettes et les dépenses). Elle est le principal instrument de la politique budgétaire et fiscale de l'État.
Loi de Finances Rectificative Une loi de finances rectificative modifie, en cours d'année, les dispositions de la loi de finances initiale. Elle permet d'ajuster les prévisions de recettes et de dépenses en fonction des évolutions économiques et financières imprévues.
Budget Général Le budget général du Sénégal représente l'ensemble des ressources et des charges de l'État pour une année budgétaire donnée. Il inclut toutes les recettes collectées et les dépenses effectuées par le gouvernement dans le cadre de ses fonctions économiques et sociales.
Comptes Spéciaux du Trésor Les comptes spéciaux du Trésor sont des comptes spécifiques gérés par l'État en dehors du budget général. Ils sont utilisés pour des opérations financières particulières qui nécessitent une comptabilité distincte. Ils s'équilibrent en recettes et en dépenses.
Budget Initial Le budget initial correspond au montant arrêté dans la loi de finances initiale. Ce montant est égal aux dépenses prévues, augmentées de l’amortissement . En principe, l'amortissement n'est pas censé être pris en compte dans le Budget, mais cette synthèse reflète les chiffres validés par la Loi de Finances initiale 2024. L’autre particularité de ce budget 2024, c’est qu’il succède à un autre budget initial sans loi de finances rectificative entre les deux, malgré les gros écarts entre les réalisations à fin 2023 et les prévisions de la loi de finances initiale. Une responsabilité conjointe du gouvernement sortant, de l’Assemblée nationale et de la Cour des Comptes, et un manquement qui en dit long sur le sérieux et la rigueur mis dans la tenue de nos comptes publics.
Recettes Les recettes représentent l'ensemble des ressources financières perçues par l'État. Elles se divisent en deux grandes catégories : les recettes internes et les recettes externes.
Recettes Internes Les recettes internes proviennent des ressources générées au sein du pays, incluant les impôts, les taxes, les droits de douane, les redevances et les cotisations sociales. Elles sont cruciales pour le financement des dépenses publiques sans dépendre de l'extérieur.
Recettes Externes Les recettes externes sont les ressources financières obtenues de l'extérieur du pays. Elles incluent les aides financières, les dons obtenus auprès des institutions internationales ou des pays étrangers. A ne pas confondre avec l'emprunt qui alimente la dette.
Dépenses Les dépenses regroupent l'ensemble des décaissements de l'État pour financer ses activités et programmes. Elles se subdivisent en plusieurs catégories, incluant les dépenses de fonctionnement et les dépenses d'investissement, les intérêts et commissions de la dette
Déficit Le déficit budgétaire survient lorsque les dépenses de l'État excèdent ses recettes. Il indique un besoin de financement supplémentaire que le gouvernement doit combler, souvent par l'emprunt. Lorsque les dépenses sont inférieures aux recettes, on parle d'excédent.
Emprunt L'emprunt est une source de financement pour l'État lorsqu'il y a un déficit budgétaire. Le gouvernement emprunte des fonds sur les marchés financiers nationaux et internationaux pour couvrir ses besoins de financement. C’est ainsi qu’une émission d’Eurobonds a été réalisée pour couvrir une partie de l’emprunt prévu dans la loi de finances 2024, arrêté à 2138,4 milliards de FCFA. Notre synthèse montre clairement que cet emprunt, complété entre autres par les Droits de Tirages Spéciaux du FMI avec les conditions que l’on sait, sert beaucoup plus à rembourser d’autres dettes qu’à financer le déficit et donc les investissements qui auraient dû être le réceptacle exclusif de la dette.
Amortissement L'amortissement représente un montant versé aux créanciers de l'Etat pour réduire l'encours de la dette. En principe, l'amortissement devrait se faire avec la croissance générée, grâce aux recettes internes. Mais quand la dette contractée n’est pas utilisée à bon escient pour alimenter de l’investissement productif mais exposée à la gabegie et aux détournements d’objectif, combinés à l’absence d’évaluation de son impact réel sur la croissance, elle ne servira qu’à jouer aux pompes funèbres pour hyènes - suul bukki sulli bukki, les Sénégalais comprennent.
Intérêts de la Dette Les intérêts de la dette sont les paiements périodiques effectués par l'État pour rémunérer les prêteurs. Ils constituent une charge financière liée aux emprunts. Ils sont inclus dans les dépenses ordinaires du budget général ou dépenses de fonctionnement.
Commissions de la Dette Les commissions de la dette sont des frais additionnels associés à la gestion et à la souscription des emprunts. Elles incluent les frais de conseil, de garantie, et d'autres coûts financiers. Ces commissions, souvent noyées par abus de langage dans les appellations “charges financières de la dette” avec les intérêts de la dette, sont de plus en plus élevées car les intérêts et commissions combinés dépassent même le principal remboursé sur certains mois, avec des montants que ne saurait seul expliquer les taux d’intérêt annoncés. Il serait utile que le gouvernement ou une commission d’enquête parlementaire se penche sur ces commissions pour en connaître la structure exacte et les bénéficiaires. On ne peut continuer à verser des centaines de milliards de FCFA de commissions sans savoir exactement à qui, à quel titre et si le service rendu est à la hauteur de ce coût exorbitant.
Service de la Dette Le service de la dette englobe l'ensemble des paiements effectués pour honorer les emprunts, incluant l'amortissement, les intérêts et les commissions. C'est une part importante des dépenses de l'État.
Dépenses de Personnel Les dépenses de personnel concernent les salaires et les rémunérations versés aux fonctionnaires et employés de l'État. Elles constituent une part significative des dépenses de fonctionnement.
Achats de Biens et Services Ces achats couvrent les dépenses liées à l'acquisition de biens et de services nécessaires au fonctionnement des administrations publiques, tels que les voitures, les biens immobiliers, les voyages, l'organisation d'évènements.
Transferts Courants Les transferts courants incluent les subventions, les dotations aux institutions constitutionnelles, aux entreprises publiques et aux collectivités territoriales, les aides sociales et les autres paiements de transfert effectués par l'État sans contrepartie directe.
Dépenses de Fonctionnement Les dépenses de fonctionnement, ou dépenses ordinaires, regroupent l'ensemble des coûts nécessaires au fonctionnement courant des services publics. Elles incluent les salaires, les achats de biens et services, les transferts courants et la charge financière de la dette.
Dépenses d'Investissement Les dépenses d'investissement, ou dépenses en capital, concernent les fonds utilisés pour financer des projets à long terme, tels que les infrastructures, les équipements publics, et les programmes de développement. Elles visent à améliorer la capacité productive du pays.
Arona Oumar Kane est Ingénieur Logiciel
Bangath Systems - Dakar
Sources:
Loi 2022-22 du 09 Décembre 2022 portant loi de finances pour l’année 2023
Loi 2023-18 du 15 Décembre 2023 portant loi de finances pour l’année 2024
Tableaux de Bord de l'Économie Sénégalaise par la DPEE
Calculs et Analyses avec SIADE, Système Intégré d’Analyse de Données Économiques par Bangath Systems
Document de Programmation Budgétaire et Economique Pluriannuelle 2025-2027
Par Mamadou Ndiaye
POINT DE BASCULE
La France se déchire. La récente décision prise par son président, Emmanuel Macron, de dissoudre l’Assemblée nationale divise profondément la classe politique qui ne perçoit pas les motivations de l’acte ainsi posé.
La France se déchire. La récente décision prise par son président, Emmanuel Macron, de dissoudre l’Assemblée nationale divise profondément la classe politique qui ne perçoit pas les motivations de l’acte ainsi posé.
L’Europe reste hébétée devant cette « folle audace ». Celle-ci découle du revers de fortune du camp présidentiel à la récente élection européenne dont les résultats traduisent la montée en puissance de l’extrême-droite française.
Non seulement elle triomphe mais elle irrite et agace le président qui, pour endiguer le succès du Rassemblement national de Marine Le Pen, met un terme à la législature actuelle et provoque des élections législatives anticipées. La mesure surprend et étonne la majorité qui y voit un risque de dislocation.
Des voix s’élèvent pour dénoncer ce raid solitaire et en même temps titillent l’entêtement du président à n’en faire qu’à sa tête devant la gravité du moment. Selon toute vraisemblance, Macron n’a consulté ni son Premier ministre, ni les deux présidents du Sénat et de l’Assemblée.
Les extrêmes se frottent les mains et se réjouissent de cette opportunité qui leur est offerte de transformer l’essai des européennes. Les sondages et les nombreux analystes qui se succèdent sur les divers plateaux télévisés brossent un plausible scénario de victoire nette du RN et de prise de Matignon comme un retentissant trophée de guerre remporté de haute lutte.
Une partie de la classe politique en perd le sommeil. Les regroupements spontanés à gauche comme à droite ressemblent à des instincts de survie devant la catastrophe annoncée. La dissolution, jugée « absurde » d’un côté et « salutaire » de l’autre, rebat les cartes et compromet bien des carrières politiques qui se dessinaient aux termes du second et dernier mandat de Macron à l’Élysée.
Bon nombres en sont choqués, abasourdis même. Ils ne ménagent pas leurs critiques à l’égard du huitième président de la Vème République française. Pour beaucoup, c’est la fin du macronisme si jamais « il a existé » et ce chamboulement inédit entraîne une révision des parcours, des rapprochements ou des éloignements de trajectoires, l’affirmation d’ambitions, l’anéantissement de projections et l’étouffement de volontés bien réelles.
En un mot, certains ont le « moral dans les chaussettes ». Si rien ne vient altérer ce qui se dessine, le cours des choses postule un changement profond avec le recul des forces centrales et, pire, leur transformation en « forces d’appoint » devant la montée des extrêmes (gauche et droite).
D’ailleurs la parole se libère là-bas. Elle se lâche même à l’image de cette vidéo virale qui met en évidence le sort d’une pauvre dame française noire, Divine, soudainement pointée du doigt par ses voisins de longue date avec une flopée d’attaques et d’injures immondes, l’intimant de « rentrer chez elle » ou « d’aller à la niche ». En attendant, où la vertu, va-t-elle se nicher ?
Devrait-on s’attendre à un bouleversement des codes ? Les lignes Maginot disparaissent. Des digues cèdent. Plus personne ne comprend rien au jeu politique qui s’offre à nous. A mesure qu’il se déploie, l’horizon s’assombrit. Des manœuvres dolosives sont orchestrées par des forces tapies à l‘ombre. Plus de lignes rouge.
D’où le dépassement des clivages dans un contexte volatile marqué par des variations intempestives et des incertitudes sur de longues séquences politiques. Ceux qui pourfendent l’Hexagone par la formule lapidaire « France dégage » en prennent pour leur grade. L’arrivée au pouvoir de l’extrême-droite va offrir à nos vues un saisissant tableau de radicalité et d’adversité farouche.
Qui pourrait s’offusquer demain si des Africains sont renvoyés « chez eux » par des vols charter de sinistre mémoire ? Malheur aux perdants ! L’ambiguïté des slogans et la navrante vacuité des projections cachent des agendas inavoués avec de graves risques de perturbations de bien des vies de migrants ou d’immigrants établis de longue date en Europe.
Une certaine droite, sensible aux thèses de l’extrême-droite, tente de survivre au chaos politique en concluant des accords infamants avec le « diable ». C’est l’envers du décor connu et reconnu. Est-ce l’enfer en pointillé ? Ce qui se dessine ressemble à une intention délibérée de « diminuer » l’empreinte de la France, détentrice de l’arme nucléaire, donc une puissance militaire qui compte dans le monde.
Vis-à-vis de l’Afrique, Paris est de moins en moins sensible à l’argument émotionnel. Le pré-carré n‘existe plus. D’autant que le Sahel est perçu comme une « région à risques », où prévaut un « chaos permanent » et surtout considérée comme un espace de «frottement stratégique» avec une présence de plus en plus ostensible de la Russie avec Wagner en éclaireur et la Chine résolument conquérante.
Pour preuve le démantèlement progressif des bases françaises et leur rétrocession aux dirigeants des pays concernés libère la France de tout attachement viscéral. Si bien qu’elle quitte « sans état d’âme » des zones où elle s’était sentie vexée ou humiliée pour ne privilégier désormais que des rapports d’intérêts.
D’où le redéploiement en vue de la France vers une Afrique moins antagoniste, plus pragmatique avec une forte culture de l’efficacité économique. La découverte de « terres rares » et minéraux d’exception dans le pourtour du majestueux fleuve Zambèze relance l’intérêt de la France pour cette aire géographique également prisée par la Chine.
Pour Paris, cette Afrique se trouve vers les Grands Lacs, la partie centrale, australe et l’est du continent moins affectée par les nuisances politiques ou de la société civile. En ordre de marche, les Français ont mobilisé toutes leurs forces de savoir, de connaissances, de pouvoir et d’avoir dans l‘optique d’évaluer les chances de leur pays face aux rivalités qui s’expriment avec plus de netteté maintenant.
En inversant ses priorités stratégiques, Paris tire des leçons du passé et se projette sur le continent, nantie d’une relecture féconde des dynamiques en cours, des tendances lourdes et des forces en présence. Même la sécurité est réexaminée à l’aune d’une perception qui privilégie le bien-être et l’éducation des populations, des jeunes notamment pour supprimer les tentations meurtrières des jeunes africains.
L’influence se joue à un autre niveau. Cet enjeu échappe aux dirigeants africains adeptes des grandes parades, des manipulations de constitutions, des prolongements infinis de mandats.
Très peu parmi eux se soucient de la postérité pour laisser à leur tour une empreinte indélébile sur les générations futures. Entend-on l’Union africaine sur les grandes problématiques de l’heure ? Quelle voix est audible dans cette institution d’intégration du continent pour tracer la voie africaine à l’échelle mondiale ? Pas le président de la Commission dont la fonction ne s’émancipe pas de la puissance tutélaire des Présidents toujours jaloux de leurs « prérogatives ».
À l’image de l’UA, toutes les autres organisations régionales sont dans une léthargie qui frise un « état comateux ». Un défaut global de lucidité frappe l’Afrique au moment où elle aiguise des appétits féroces. Ne nous payons pas de mots…
Par Hamidou ANNE
LE MEURTRE PERMANENT DU JUGE BABACAR SEYE
Un ancien hors-la-loi multirécidiviste est devenu une référence en matière d’hydrocarbures. Il est devenu un personnage adoubé, invité, enfilant même le costume de chroniqueur régulier pour des chaînes peu regardantes sur l’éthique
C’est avec un grand déchirement que j’ai lu cette semaine la lettre adressée par la famille du juge Babacar Sèye aux organes de presse de notre pays. Dans celle-ci, sa veuve et ses proches demandent aux journalistes de ne plus inviter le meurtrier de leur père, après avoir exprimé le drame que chaque apparition de cet homme provoque dans la famille. J’ai personnellement à plusieurs reprises, interpellé des amis journalistes sur cette propension à ouvrir leurs plateaux et ondes à ce sinistre individu.
Après avoir assassiné froidement un juge, il a été condamné par la Justice. Il a fallu l’arrivée au pouvoir de Abdoulaye Wade, son ancien leader en politique, pour qu’il bénéficie, avec ses complices, d’une loi d’amnistie dont les péripéties -de l’adoption au vote avaient divisé le pays et provoqué une forte levée de boucliers aussi bien auprès des organisations politiques que dans l’opinion. Finalement la loi Ezzan est passée, les anciens condamnés sont sortis de prison.
Le Sénégal a changé depuis. La vulgarité et l’impudeur se sont installées dans l’espace public et se sont même fortifiées avec le temps, du fait notamment du peu d’exigence dont l’opinion fait montre. Un ancien hors-la-loi multirécidiviste est devenu une référence en matière non pas de gangstérisme, mais…d’hydrocarbures. Il écume les plateaux de télé et les studios de radio pour dérouler sa science infuse sur le sujet et sur tous les autres liés à la gouvernance publique. Un jour, invité de deux jeunes journalistes, ces derniers le présentent comme un héros qui a été victime d’une cabale judiciaire d’un système -le mot est à la mode - inique et injuste. Il est devenu un personnage adoubé, invité, enfilant même le costume de chroniqueur régulier pour des chaînes peu regardantes sur l’éthique. Aucun rappel à l’ordre des instances compétentes dans une société si permissive avec le désordre, l’individu devient un influenceur très suivi. Une pègre dont la population ne cesse de s’agrandir a envahi les médias pour recouvrir de son vacarme inepte et mensonger les faits. L’objectif est clair et la méthode éculée : armer des mercenaires téméraires mais sans talent pour faire disparaître la vérité au milieu d’un torrent de mensonges et de manipulation
Tout ceci est possible car il faut l’avouer avec tristesse après la sidération : la calomnie, le conspirationnisme et le mensonge ne dérangent guère nos compatriotes qui s’en accommodent volontiers. Le sieur dont je parle comme d’autres «chroniqueurs», s’engouffrent dans la brèche d’une société moralement effondrée pour commettre leurs forfaits. Le mal est fait. L’affreux s’enkyste dans le corps social. Le Sénégal est certainement l’une des seules démocraties au monde où un individu condamné pour un crime aussi odieux, qui est resté comme une tache dans la conscience collective nationale, se balade dans les médias pour donner son avis sur tout. L’individu, avec quelques autres sinistres congénères, en vulgarité et en indécence, a lancé une coalition politique : Le Peuple. Ils ont rejoint Yewwi askan wi ; ces gens que visiblement rien ne répugne, leur avaient ouvert leurs portes. Le même a gagné, après le 24 mars, une respectabilité et une honorabilité qui en font un invité des Assises de la Justice. Un homme qui a le sang d’un juge constitutionnel sur les mains est invité à la même table que des magistrats pour discuter des affaires concernant cette belle vertu qu’est la Justice. On ose tout dans notre pays…Et je renvoie à nouveau à Sureau : «Aucune âme sensible ne contemple l’histoire de son pays sans douleur.»
Il n’est pas aisé de parler de ces gens, de leur offrir ne serait-ce qu’une once d’importance en les citant, tellement ils incarnent le dégout. Mais la lettre des proches de Me Sèye dont j’imagine la souffrance à chaque fois que cet homme apparaît sur leurs écrans, nous engage toutes et tous qui souhaitons un débat public sain, apaisé, dans lequel les incarnations de la défaite de l’humanité n’ont pas leur place. Devoir supporter le passage à la télévision au quotidien, du meurtrier de son père est insupportable. Je ne souhaite à personne de vivre ce châtiment qui est comparable à la cohabitation avec l’horreur.
J’admire la pudeur des propos de la famille Sèye. Je salue leur courage, leur résilience, leur dignité, leur décence et leur sens de l’honneur. Ils sont tout ce que le meurtrier de leur père n’est pas. Ils sont les exemples de ce Sénégal d’hier où les valeurs de décence et de pudeur avaient encore un sens.
Par Kaccoor Bi
ILS VEULENT TOUS NOUS ENFARINER !
Entre les nouveaux opposants, qui ruent dans les brancards et essayent de faire feu de tout bois, et la foucade des meuniers, le choix devient cornélien. Cependant, pour ne pas faire de jaloux, allons pour les deux.
Entre les nouveaux opposants, qui ruent dans les brancards et essayent de faire feu de tout bois, et la foucade des meuniers, le choix devient cornélien. Cependant, pour ne pas faire de jaloux, allons pour les deux.
Commençons d’abord par ces messieurs qui refusent de nous rendre le pain plus digeste et sont toujours à se sucrer sur notre dos avec leur sempiternelle hausse du cours du blé sur le marché international sans que les baisses du même cours soient jamais répercutées aux pauvres consommateurs que nous sommes !
Et parce qu’on leur demande de rendre la vie de nos compatriotes moins revêche, ils nous sortent l’argument de leurs stocks non épuisés qu’ils ont payé à prix d’or ou qu’ils ne peuvent pas vendre en se ruinant. Les pauvres ! Leur argument massue : on ne peut pas vendre à perte, c’est interdit par le Loi. Gageons que même si la Loi l’avait permis, ils ne l’auraient pas fait ces gens qui passent leur temps à nous rouler financièrement dans la farine.
Leur raison d’être, c’est la recherche du profit pas la philanthropie ! Ces milliardaires ont ainsi décidé de suspendre la production et la vente de farine boulangère et voudraient que les pauvres que nous sommes s’appauvrissent encore dans un marché qui est loin de ce qu’ils veulent nous faire gober. C’est en fait ce que le Gouvernement a voulu faire comprendre à ces messieurs habitués à des coups fourrés sur les pauvres consommateurs.
La mise en demeure qui leur est adressée se révèle être un véritable réquisitoire imparable sur des pratiques pas du tout catholiques. A la guerre comme à la guerre, semble leur dire le ministre en charge du Commerce et de l’Industrie qui n’est pas un novice dans le secteur. On verra qui tuera l’autre ou qui prendra le dessus sur l’autre.
Sur un autre registre de la vie politique de ce charmant pays, on assiste à la surenchère de certains messieurs et dames qui livrent une féroce et déloyale concurrence aux partis constitués dont les animateurs sont tous en hibernation. Délaissant ainsi le terrain à ces mécontents qui ne font qu’exprimer leurs états d’âme. Ce qui fait qu’aucune voix ne semble s’opposer à Seugn Bass.
En revanche, celui qui fait face à une nouvelle opposition, c’est bien Oscar Sierra que ces néo-opposants ne semblent pas aimer. Alors pas du tout ! Il serait à l’origine de tous leurs malheurs et voudrait les enterrer vivants. Ou, comme ils disent, les faire taire. Et plutôt que d’arguments massues, ça vole bien bas dans leurs différentes déclarations. Ils vendent à l’opinion l’idée qu’on voudrait leur mise à mort alors qu’on ne leur demande qu’à se mettre en règle avec le Fisc.
Parmi ces néo-opposants, l’un est devenu un habitué des plateaux des médias. Sa seule cible ? Le vilain Oscar Sierra. L’autre s’illustre de plus en plus dans les railleries à outrance et risquerait bientôt de disputer la place de la bouffonnerie aux pitres des médias. Un autre est dans la victimisation. On voudrait lui faire payer un crime qu’il est le seul à voir. Quant à la belle de ce groupe de grognons, elle se dit prête, toutes griffes dehors, à faire face. Grrr !!! Ace jeu, c’est la vraie opposition qui risque de disparaître du paysage
Par Oumar Sow
LE DANGER DU PARTI PRIS
Dans la vie courante, nous avons une vaste expérience de voir tous les jours les conséquences du jeu du diable.
Dans la vie courante, nous avons une vaste expérience de voir tous les jours les conséquences du jeu du diable.
Quand Dieu a tracé les lignes rouges qui ont correspondu à l'ensemble de Ses interdits, il a doté les hommes d'un outil de mesure exceptionnel qu'on appelle l'esprit (ou l'intelligence) pour être responsables de leurs actes.Vivre appelant succinctement à devoir, chaque devoir va avec plus de responsabilités.
Ainsi l'ignorance est une audace puisqu'elle ne permet pas d'évaluer le danger. Mais (se)savoir faire du mal et en ignorer les conséquences s'est s'inscrire à l'école du diable.
Le parti pris dans nos foyers nous coûte la paix.(Irresponsabilité)
Le parti pris entre nos propres enfants nous coûte l'union familiale( Irresponsabilité ).
Le parti pris entre nos voisins nous coûte la personnalité.( Irresponsabilité)
Le parti pris entre nos administrés nous coûte de bons résultats.(Irresponsabilité).
Le parti pris de l'Etat dans sa gestion lui coûte la paix sociale. ( Grosse Irresponsabilité)
Imposer une langue nationale est un parti pris provocateur qui sèmera la frustration et la division d'une nation jusque-là homogène.
Ignorer tout un espace culturel, social, historique, politique et économique dans la répartition des zones économiques est un parti pris et un amateurisme architectural du maillage de la gestion économique du territoire national.
Le danger, pour en revenir à lui,c'est d'avoir tous les outils de justice, d'équité et de transparence, de les ignorer et de ne s'en tenir qu'à son irresponsable désir de faire.
Quand on ignore royalement de faire le possible, on passe souverainement à côté du devoir accompli.
Puisque, nous l'avons déjà vu plus haut, que le devoir et la responsabilité sont strictement liés, que l'état commence par se sentir expressément responsable de tout le mal qui arrivera au joli bien que constitue le merveilleux vivre ensemble de notre cher Sénégal,dans son désir entêté de continuer à tirer sur la corde,dans son sourd for intérieur.
Notre devoir et notre responsabilité, c'est de dire non au danger du parti pris et à l'injustice.