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24 novembre 2024
Opinions
Par Amadou Lamine SALL
LA 5EME REPUBLIQUE : TROIS MOIS DE GROSSESSE ET UN ENFANT DEJA SI ATTENDU !
Le décompte de la grossesse est à trois mois pour la nouvelle mariée. Si nous ne voulons pas de prématuré avec peu de chances de survie, laissons la 5ème République, cette épouse si chantée et si attendue, achever ce cycle régulier à ne pas brusquer ...
Il faut neuf mois pour faire un enfant ! Le décompte de la grossesse est à trois mois pour la nouvelle mariée. Si nous ne voulons pas de prématuré avec peu de chances de survie, laissons la 5ème République, cette épouse si chantée et si attendue, achever ce cycle régulier à ne pas brusquer et qui donne la vie !
Le navire est encore ancré dans les dunes, mais il est tiré par l’appel de la mer et bientôt la haute mer ! Telle pourrait se présenter encore, en ce seuil de juillet 2024, la photographie de notre pays avec l’arrivée -depuis trois mois-, d’une équipe plébiscitée par les urnes, espoir d’une rupture porteuse de dynamiques nouvelles. Mais toujours garder le meilleur de l’héritage. Se souvenir de ce qui a été déjà bâti. Se souvenir des réussites. Se souvenir des échecs et des tragédies. Se souvenir des victoires. Etre grand pour se souvenir à la fois du passé et du futur, et de ce qu’on laissera soi-même à son Peuple et qui survivra à l’oubli. L’oubli est le plus ténébreux des tombeaux !
Clore le débat et saluer une fois pour toutes une démocratie inflexible qui a encore gouverné une alternance que l’on croyait assassinée. Il est temps, dans cet étrange pays, que l’on arrête de déshabiller et d’habiller à longueur d’années une démocratie plus mûre et plus avancée que toutes. Qu’on la laisse tranquille ! Elle a donné de belles épouses et des enfants inattendus à nombre de ceux qui croyaient qu’elle était stérile, qu’elle creusait même une tombe aux opposants ! Elle les a plutôt conduits sous les lambris du Palais !
Travaillez Monsieur le Président, comme si c’était demain matin, dès l’aube, la prochaine élection présidentielle, l’appel aux urnes des Sénégalais ! Vous n’avez pas pour l’heure le dos tourné au soleil ! Votre Peuple est touché par ce que vous incarnez : l’humilité, la politesse, l’écoute, le respect servi à tous, la foi. Ajoutez-y la fermeté et l’autorité ! La quête du pouvoir, vous l’avez apprise déjà au bout de 90 jours, n’est pas la gestion du pouvoir. Mais vous êtes un Président qui tranquillise et personne ne sait pourquoi ce sentiment nous habite si fort, malgré le doute des uns et l’adhésion du plus grand nombre !
Si notre jeunesse, une certaine jeunesse, tous ne sont pas dans la révolte et la rébellion, pouvait déjà vous emprunter ces belles valeurs que vous portez, les adultes compris, car ils savent être pires que les jeunes, votre combat pour le développement serait moins lourd ! Il n’existe pas de pays sous-développés. Il n’existe que des hommes et des femmes sous-développées, c’està-dire sans éducation et sans culture.
Tout dans ce pays est à réinventer ! Cela ne peut être le combat d’un seul homme, et vous n’êtes qu’un homme, mais quel homme vous êtes déjà face à nos valeurs les plus chantées ! Merci d’être allé embrasser le Président Abdou Diouf ! En l’embrassant, vous avez embrassé Senghor, Wade, Macky. Vous avez conquis tous les cœurs des Sénégalais de foi et de mesure. Vous avez montré le chemin ! Mais restez vous-même !
Les prédécesseurs de l’apaisant et tranquille Président Diomaye Faye n’ont pas tout réussi, mais ils n’ont pas non plus échoué en tout. Ce n’est pas vrai qu’ils n’ont laissé que pipette, verroterie, pacotille. Un seul, un grand cœur qui a beaucoup bâti, lui aussi porté jadis par tout un Peuple qui voulait enfin le changement, a hélas atomisé la face de notre société, fait limer l’or de nos valeurs. Comme une pomme de terre pourrie, il a laissé faisander jusqu’à l’os nos valeurs primordiales, décorant à tour de bras «Grand-Croix de l’Ordre du Mérite» la plus vile des médiocrités, le plus infect des immoraux, décrétant l’enrichissement illicite, le copinage, la complicité, le cigare pour les seuls partisans, la vanité, l’ignorance puante, alors que luimême était un bel et puissant esprit. Un paradoxe et un historique gâchis ! Son héritage avait déjà installé une innommable et irrattrapable blessure ! Ce fut là, avec lui, le tournant d’une société sénégalaise qui voyait ses valeurs les plus nobles être égorgées sous ses yeux. Nous en payons encore aujourd’hui le prix !
Le Président Diomaye Faye, quant à lui, hérite d’un chantier titanesque qui n’est pas un cadeau : réinventer un nouveau Sénégalais en réincarnant les valeurs premières d’hier ! Il n’y a et il n’y aura jamais de plus précieux que nos valeurs de vie, de noblesse et de grandeur en société. Senghor, encore lui, avait tout dit et tout enseigné : enracinement, d’abord dans ce que nous possédons de plus beau et qui nous différencie des autres !
Désormais, jusqu’en 2028, dans cinq ans -déjà demain-, Monsieur le Président, chaque jour portera votre nom. En effet, ce que vous tenez «dans le creux de votre main» est plus grand que vous-même et votre main. Cela s’appelle d’un mot sacré : l’Etat ! Ne vous agenouillez nulle part ! Ne cédez rien ! N’ayez soif que d’ordre, de discipline, de patriotisme et de civisme, de paix, d’équité, d’écoute, de justice et de pain pour votre Peuple ! Et rappelez-vous toujours que chaque matin, votre Peuple tend l’oreille et ouvre grand ses yeux rougis : «Il vaut mieux voir une fois que d’entendre mille fois.» Il attend !
Des vagues crémeuses et tolérantes sont prêtes pour que le navire trop ne tangue ! Puisse le poids de notre espérance ne pas être déçu ! Juste laisser s’achever la saison de fin de grossesse ! De grandes et poissonneuses pêches nous attendent ! Voilà ce que nous souhaitons aux nouveaux bergers de la République ! Mais il n’y a pas de berger sans loup et sans hyène ! Ce sont ces derniers qui font les bons bergers !
Pour le navire qui descend les dunes vers la mer pour appareiller, prions pour les officiers de bord. Soyons tous des matelots émérites. Cap et vigilance de tous les regards ! Attention aux récifs ! Pas d’escale ! Une boussole pour un seul Est, car c’est de là que le soleil se lève, et il doit se lever sans jamais se coucher pour nous. Ni Ouest, ni Nord, ni Sud. Droit vers le seul horizon de pourpre et d’or où nos fronts supplient La Source de toute Lumière pour être vainqueurs !
Si un seul jour, un seul, on pouvait se réveiller dans ce pays si beau mais si bavard et si fatigué, et n’entendre nulle part, ni dans le vent, ni dans la criée des charretiers, ni dans les maisons, ni dans les rues, ni dans les bureaux, ni dans les chantiers, ni dans les champs, ni dans les transports, ni dans les radios et télévisions, ni dans les mosquées et églises, ni dans les marchés et étals, ni dans aucun smartphone, les mots : politique et politicien, ce pays serait métamorphosé et toutes les maladies guéries, toutes les angoisses éteintes, tous les espoirs permis !
Allez donc apprendre et lire le parcours de vie du juge Kéba Mbaye qui, jeune garçon, à Kaolack, faute d’électricité, apprenait ses leçons sous les lampadaires, dans la rue. Son papa, qui aimait les chevaux, voulait en faire un palefrenier. Sa maman restera une longue journée assise, attendant le directeur d’école pour faire inscrire son fils au CM2. C’est cet enfant qui deviendra le confident le plus aimé de Senghor. Il fut homme d’Etat, président de la Cour suprême du Sénégal, président du Conseil constitutionnel du Sénégal, vice-président de la Cour internationale de Justice de la Haye, vice-président du Cio, fondateur du Tribunal arbitral du sport. Il demeure la légende la plus haute et la plus admirable de l’histoire de la Justice de notre République ! Méditons cette vie pour bâtir notre propre vie !
Laissons le président de la République gouverner ! Que chaque Sénégalaise, Sénégalais soit son propre isoloir. Son propre art. Son propre chemin. Le chemin de sa propre vie, avant celle que les politiciens et les pouvoirs publics lui promettent, lui inventent. «Si tous nous étions assis sur les rails, les trains seraient-ils partis ?» Alors, levons-nous, et à chacun sa propre truelle vers son propre chantier ! Que vive ce pays plus beau que nous !
Anecdote : un ami : «Pourquoi donc vous écrivez autant dans un pays desséché où personne ne lit, où la presse est chauve, où les politiques occupent toute la place avec leur verbiage qui n’en finit jamais ?» Je réponds : « J’écris pour ne pas mourir. Je lis pour ne pas mourir. C’est le chant de la mort à mes oreilles, chaque petit matin au réveil. Alors, c’est toujours l’encre et la page des livres qui précèdent le café ! Et je veux encore vivre et chanter mes amours et mon pays chéri. C’est une grâce du Seigneur que je mesure et que je loue. Le grand poète palestinien Mohamed Darwich écrivait bien ceci : «Le seul endroit où je peux me reposer, c’est le langage.» Moi aussi.
Ne nous lassons pas de nous parler avec respect, d’interpeller nos gouvernants vers la voie de la paix. Elle est l’unique médiatrice vers le développement.
Amadou Lamine SALL
Poète Lauréat des Grands Prix de l’Académie française
par Moustapha Diakhaté
FARINE DE BLÉ : ENTRE ARCHAÏSME ET CUPIDITÉ
Entre chaîne d'importation archaïque et pressions monopolistiques des minoteries, le blé au Sénégal révèle ses failles de régulation. Malgré la baisse des cours, le gouvernement réclame une répercussion sur les prix au consommateur
Bés Bi le Jour |
Moustapha Diakhaté |
Publication 03/07/2024
Le Sénégal importe 800 000 tonnes de blé en moyenne chaque année répartis entre une dizaine de minoteries dont les plus significatives par leurs capacités de transformation du blé – 50% importé de l’ex-URSS - en farine sont les Grands Moulins de Dakar, GMS, FKS, NMA, OLAM, Sedima, MDS. Presque 60% de capitaux et de l’actionnariat du secteur sont étrangers avec le carré d’or autour de GMS, GMD, FKS et OLAM qui ont fini d’imposer une entente assimilable à un oligopole imposant leur prix et quotas aux quelques 3 500 boulangers du pays. Ils osent engager le bras de fer avec l’État régulateur. Portée par une démographie croissante et une urbanisation rapide, la consommation de blé, et en particulier de pain, est en progression constante au Sénégal comme un peu partout en Afrique, ce qui accentue les risques et vulnérabilité de la sécurité alimentaire des populations face aux fluctuations des prix de cette denrée sensible.
Depuis la Covid-19 et surtout la guerre russo-ukrainienne, les cours mondiaux ont drastiquement baissé. En 2022, la tonne de blé, qui était de 280 euros avant le conflit, a atteint un pic en juin, à plus de 500 euros, mais aujourd’hui le cours du blé tendre est coté à 217 Euro /T - référence CEREALIS -. Pour le blé russe, c’est même beaucoup moins tant les stocks russes sont excédentaires et à la recherche de clients avec l’embargo. Les cours et les stocks mondiaux ont retrouvé leurs niveaux d’avant Covid-19 et mieux, les récoltes record des USA exercent une pression sur les cours mondiaux et l’offre des négociants de blé. Malheureusement faute de centrale d’achat des minoteries locales, de cotation centralisée des cours de blé en Afrique de l’Ouest pour cette denrée essentielle pour nos populations ; de terminaux céréaliers adéquats sur nos ports et corridors et d’une régulation inexistante du secteur comme au Sénégal, les pays d’Afrique au Sud du Sahara avec le Sénégal en tête paient toujours un prix très onéreux pour le sac de farine que rien ne peut justifier si ce n’est les archaïsmes dans nos circuits de commerce avec des législations obsolètes et une cupidité du patronat de la farine qui veut maximiser les profits en investissant toujours un peu dans le process et la distribution.
Et pourtant les bénéfices explosent avec les tendances baissières observées sur le marché mondial du blé depuis 2022. Le Sénégal importe pour 200 milliards de blé pour la farine de pain et l’aliment de bétail avec un chiffre d’affaires des meuniers qui approche 800 milliards, ce qui leur assure un niveau de profitabilité record de 35 % ; un retour sur capitaux propres exceptionnel que seul nos économies trop peu régulées peuvent permettre. Il faut augmenter la pression fiscale sur le secteur au profit des céréales locales comme le mil. Il est donc urgent, comme le préconise le gouvernement, de baisser au moins le sac de farine de 20 % permise par la forte baisse sur les cours internationaux et de mettre en place un mécanisme de péréquation pour les fluctuations des cours mondiaux. En attendant, le prix de la baguette et même de l’aliment de bétail doivent beaucoup baisser au moins de 30 %. Il faut faire jouer le déflateur de l’indice des cours mondiaux du blé.
par Mariétou DIENG
L’ABSENCE DE CONNEXION ENTRE LE PREMIER ET SES MINISTRES
Ousmane Sonko toujours en campagne électorale présidentielle. Monsieur le chef du gouvernement, les Sénégalais ont voté, ils ont élu Bassirou Diomaye Diakhar Faye
Ousmane Sonko toujours en campagne électorale présidentielle. Monsieur le Premier Ministre, les Sénégalais ont voté, ils ont élu Bassirou Diomaye Diakhar Faye.
Apparemment votre DPG est prête mais vous ne lisez pas les rapports d’activités de vos ministres. Votre rôle est de coordonner, d’orienter et de guider toutes les prises de décision, d’engagements des ministres dans l’accomplissement des missions de service public qui leur sont assignés. Mais le constat est que vous êtes en déphasage avec les actions politiques de votre gouvernement sur le terrain, tellement vous êtes obnubilé par le discours populiste. La récente annonce de visite à Colobane et à Anse Bernard montre aisément le manque de maîtrise des dossiers actuels.
Qu’est-ce qui explique ces erreurs de communication dans la coordination des actions du gouvernement ? Comment pouvez-vous ignorer la circulaire n°003317/MINTSP/SG:sp du 07 Mai 2024 de votre Ministre de l’Intérieur qui a instruit ses services de procéder au désencombrement de la voie publique en coordination avec les collectivités territoriales ? Peut-être que vous étiez trop occupé à préparer votre anniversaire du 15 juillet et cette circulaire vous a échappé. En outre, pour ce qui est de votre déplacement à Anse Bernard, derrière le Palais de la République, si vous comptez communiquer sur une vente d’un périmètre de 3 ha, cette affaire était déjà relayée par les médias sénégalais depuis 2017 et repris par les médias en 2020. Vous étiez peut-être trop pris à engager les jeunes dans le gatsa-gatsa que dans le Tabakh Tabakh.
En tant que le Premier des ministres, vous feriez mieux de préparer votre communication, de vous atteler aux urgences de l’heure, de prendre vos responsabilités et votre courage sur la question de la DPG et toutes autres attentes (déclaration de patrimoine, les réformes électorales, le processus de réconciliation nationale, l’apaisement de l’espace politique, la poursuite des solutions concrètes sur la cherté de la vie...) que d’être là à renouer avec ses pratiques populistes et de gouvernance d’éclat, de buzz, de «dagasanté» sans retombée significative sur le vécu des Sénégalais. Prenez de la hauteur à l’image du Président Bassirou Diomaye Faye qui démontre de plus en plus qu’il mérite notre tapis rouge. Néanmoins, j’invite Son Excellence Monsieur le Président de la République à beaucoup plus de FERMETÉ et de RIGUEUR sur les agissements de son PM/ Opposant qui donne l’impression de tout mettre en œuvre pour faire de ce mandat une propriété personnelle en prenant la République pour Rue Publique avec des déballages à tout va.
PM, n’oubliez pas qu’on vous attend respectueusement à l’Assemblée Nationale, avec le Tapis ROUGE, pour votre DPG afin de mieux comprendre les grandes orientations du PROJET, ce projet écrit, vous nous disiez, par des milliers d’intellectuels d’ici et de la Diaspora.
LE SÉNÉGAL DEVIENT PRODUCTEUR DE PÉTROLE : CE QUI POURRAIT CHANGER DANS LE PAYS
Le Sénégal est devenu officiellement un pays producteur de pétrole le mardi 11 juin 2024, avec l’annonce de l’extraction du premier baril de pétrole par une société étrangère dans le champ de Sangomar (Projet Sangomar).
Le Sénégal est devenu officiellement un pays producteur de pétrole le mardi 11 juin 2024, avec l’annonce de l’extraction du premier baril de pétrole par une société étrangère dans le champ de Sangomar (Projet Sangomar). L’opérateur Woodside, une entreprise australienne basée à Perth, détient 82 % des parts et la Société des pétroles et du Sénégal (Petrosen) 18 %. D’après le Document de programmation budgétaire et économique pluriannuelle (DPBEP) 2025-2027 publié en juin 2024 par le ministère des Finances et du Budget, le gouvernement du Sénégal prévoit une croissance économique rapide en 2024, qui pourrait atteindre 7,3 %, grâce à la production de pétrole du champ Sangomar, situé à environ 100 km des côtes dakaroises. Le pays espère engranger 30 milliards de dollars US de dollars US sur 30 ans grâce à l’exploitation des gisements d’hydrocarbures. Bertrand Tchanche a étudié le système énergétique et la consommation d’énérgie du Sénégal. Il explique à The Conversation Africa les avantages, les risques liés à l’exploitation du pétrole pour le Sénégal et les moyens pour les atténuer.
Quels avantages le Sénégal devrait-il, selon vous, tirer de l’exploitation de ses ressources pétrolières et gazières ? Pourriez-vous les décomposer en termes d’économie globale (PIB), de recettes publiques (fiscales) et d’emplois ?
Il y a forcément des avantages à exploiter ses ressources naturelles pour un pays, mais tout dépend de la gouvernance en place et des forces en présence. Le contexte géopolitique est lui aussi important. Il y a eu beaucoup de découvertes ces dernières années en Afrique : au Niger, en Ouganda, au Mozambique, en Côte d’Ivoire… le continent africain est très riche. Cependant, ces découvertes coïncident avec “la transition énergétique” que les pays développés tentent d’impulser ou d’imposer au reste du monde. Une transition qui n’en est pas une dans les faits car les chiffres montrent bien le contraire… Les énergies fossiles sont toujours en progression et auront encore un bel avenir devant elles. D’après les données de l’Agence Internationale de l’Energie basée à Paris, en France, on voit que la demande en énergies fossiles est encore croissante. La demande en ce qui concerne le pétrole est passée de 70 millions de barils par jour en 2000 à environ 100 millions de barils par jour en 2023. La même tendance haussière est observée pour le gaz (2600 à 4200 milliards de mètres cubes et le charbon (3200 à 5600 mégatonnes d’équivalent charbon (Mtce)).
En termes de recettes, c’est environ 700 milliards de FCFA par an (près de 1,147 milliards de dollars US) annoncés. Le gouvernement sur le court terme a annoncé des recettes de l’ordre de 576,3 milliards FCFA sur la période 2025-2027, réparties comme suit pour les trois années à venir: 127,7 milliards FCFA en 2025, 205,4 milliards FCFA en 2026 et 243,2 milliards FCFA pour 2027.
L’un des avantages sera probablement le rééquilibrage sur le long terme de la balance commerciale et du budget qui sont déficitaires avec de nouveaux revenus issus de l’exploitation des gisements de gaz et de pétrole. Mais il apparaît que le déficit budgétaire est très élevé, près de 800 milliards de FCFA (3 % du PIB). Le début de l’exploitation du pétrole coïncide avec la pression du Fonds monétaire international (FMI) qui enjoint aux gouvernements africains de supprimer les subventions sur les hydrocarbures.
Notons qu’une partie du déficit budgétaire est due à ces subventions qui permettent de maintenir une certaine justice sociale. Obéir aux injonctions du FMI signifierait privilégier le service de la dette et accroître l’inflation avec comme corollaire un coût élevé de la vie avec ses effets néfastes sur la population et les tensions sociales qui en découleraient. Le Nigeria est actuellement plongé dans une crise économique sans précédent à cause d’une mesure similaire adoptée par le nouveau président Bola Tinubu élu en mars 2023. La majorité des Nigerians ont plongé dans la pauvreté avec un taux d’inflation au-dessus de 30%.
Il y aura un petit effet sur les emplois directs où quelques milliers de personnes seront recrutées, mais c’est une goutte d’eau dans l’océan. Notons que le taux de chômage dans la population est de 22% mais bien au-dessus en ce qui concerne l’emploi des jeunes.
On peut s’attendre à des investissements dans différents secteurs, notamment ceux jugés prioritaires comme la santé, l’éducation, l’énergie, l’assainissement. Toutefois, le nouveau gouvernement doit encore travailler pour définir les projets et leur inclusion dans une programmation pluriannuelle. Il y a un déficit d’investissements visible dans les secteurs comme la santé, les transports ou l’éducation.
Quels sont les autres avantages ?
Il y a des avantages politiques : nouveaux partenaires, plus de moyens pour sa politique étrangère, augmentation de l’attractivité du pays. La géopolitique régionale s’en trouve modifiée du fait du partage de certains gisements avec les pays voisins comme la Mauritanie. Dans la perspective de la vente du gaz naturel liquéfié à l’international et de l’éventuelle connexion à un potentiel gazoduc vers l’Europe à partir du Nigeria, le Sénégal aura un rôle à jouer.
L’exploitation du pétrole et du gaz peut aussi constituer un réel motif pour revendiquer ou affirmer sa souveraineté. C’est sous ce prisme qu’il faut comprendre la renégociation des contrats voulue par les nouveaux dirigeants. En trame de fond, intervient la question du franc CFA car sans banque centrale, il est difficile de mettre en œuvre une quelconque politique. Il faut avoir la clé du coffre. Question importante : comment dans un contexte d’absence de souveraineté monétaire un pays peut-il s’en sortir sur le plan économique? Rappelons-nous, la dévaluation de franc CFA de 1994. Du jour au lendemain, on impose une dévaluation, et depuis les économies des pays dans les deux zones ont été affaiblies. Le déficit de la balance commerciale s’est creusé un peu partout. Ce fut un coup de frein à l’évolution économique de ces pays qui venaient de subir le programme d’ajustement structurel (PAS).
Combien de temps faudra-t-il pour que ces bénéfices soient pleinement réalisés ? Et pourquoi cela prendra-t-il autant de temps ?
Les bénéfices peuvent être rapides. Tout dépend de la politique gouvernementale. Si on demande d’attendre alors que les premiers barils sont déjà là, c’est comme si on demandait aux Sénégalais de ne pas compter sur le pétrole. On n’a pas à attendre, les urgences sont nombreuses. Il faut mettre en place des mécanismes qui permettent de réinvestir les bénéfices dans l’économie et la modernisation du pays.
Cependant, il faut signaler que la production du pétrole démarre dans un pays qui a un déficit budgétaire important, environ 1,2 milliard d’euros. Le gouvernement a déjà prévu d’emprunter jusqu’à 3,5 milliards d’euros par an dans les trois années à venir. Dans ce contexte, il y a le risque que les recettes attendues soient orientées vers le service de la dette au détriment des investissements.
Quels sont les risques économiques auxquels le Sénégal sera probablement confronté en tant qu’exportateur de pétrole et de gaz ?
Il n’y a aucun risque ! Vous faites allusion à la théorie de la malédiction des ressources. Mais regardez, dans les pays du Golfe Persique, en Norvège, en Russie, on ne peut pas dire qu’il y a véritablement un risque à exploiter son pétrole. La malédiction c’est ce que l’on veut mettre dans l’esprit des Africains. Il faut que nous comprenions une chose, la vie est un combat et il n’y a pas de jour de repos. Nous devons apprendre d’une part à bien gérer nos ressources et d’autre part à défendre nos intérêts. Jusqu’ici, cela n’a pas été le cas.
Que pensez-vous de la gestion par des pays comme le Gabon ou le Congo-Brazzaville de leur richesse pétrolière ?
Les pays africains ne profitent pas de leurs ressources naturelles pour la plupart. Les exemples sont partout. Parlant du pétrole, on peut citer les cas de la Libye, du Nigeria, ou du Congo. Il en est de même de l’uranium comme c’est le cas au Niger ou de l’or au Mali ou au Burkina Faso. L’Afrique dans l’architecture économique mondiale, et les pays du Sud en général ont un rôle qui leur est dédié, celui de fournir les matières premières aux usines des pays développés qui eux se sont donnés le rôle de manufacturier. Dès lors, tout est mis en place pour que ce déséquilibre persiste, et c’est à ce prix que le capitalisme survit.
Quelles mesures politiques le Sénégal peut-il mettre en œuvre pour gérer ou atténuer ces risques ?
Si on parle de risque de guerre, de tensions politiques en interne ou avec les pays voisins, ou de détournements de recettes, cela ne doit pas surprendre. Car il y a une grosse manne en jeu et les protagonistes se battront pour prendre ce qu’ils veulent. Il revient aux politiques et à toutes les forces en interne de placer l’intérêt du pays en premier. C’est dans la cohésion et l’unité que les Sénégalais pourront tirer profit des ressources de leur sous-sol.
Devant les intérêts supérieurs de la nation, les acteurs internes doivent pouvoir comprendre les enjeux et faire bloc. C’est dans l’unité qu’une nation peut faire face à ses ennemis et aucune force extérieure ne peut s’imposer sans les complicités en interne. Beaucoup de conflits autour du contrôle des ressources sont le fait des acteurs placés à l’extérieur et qui agissent par groupes interposés pour déstabiliser et piller des territoires.
THECONVERSATION.COM
Par El Hadj Boubou SENGHOTE
REPONSE AU PROFESSEUR FATOU SARR SOW (SUITE ET FIN)
…Et Madame le Professeur Fatou Sarr Sow de poursuivre, dans l’émission télévisée (et non l’enregistrement vidéo ainsi que nous l’avions dit, par erreur, dans la première partie de notre réponse) qui, semble-t-il, était consacrée au métissage culturel :
…Et Madame le Professeur Fatou Sarr Sow de poursuivre, dans l’émission télévisée (et non l’enregistrement vidéo ainsi que nous l’avions dit, par erreur, dans la première partie de notre réponse) qui, semble-t-il, était consacrée au métissage culturel :
6)-« Thierno Souleymane Baal, son quatrième ascendant se prénomme Niokhor ; Niokhor BAAL. Niokhor tout le monde sait que c’est un Sérère. Ses grands-parents sont des Wolofs. Ils ont fait la révolution ici, à Pire Sanokhor… »
Ainsi que nous l’avons déjà indiqué supra, aucun des ascendants de Ceerno Sileymaani BAAL ne se prénomme Niokhor, Niokhor BAAL. Ils ne sont ni Sérères ni Wolofs. Ses ascendants sont originaires de la tribu peule des Woɗaaɓe, du clan des BARI, dans le Maasina, au Soudan (actuel Mali). D’où les liens de parenté de Ceerno Sileymaani avec Hammadi Lobbo Aysata, le père de Seexu Ahmadu.
Côté Fuuta-Tooro, Ceerno Sileymaani qui est né à Boode, de Raasin-Sammba-Bukar-Maalik, appartient à la dynastie maraboutique des Ceerno Asso. Ainsi que cela saute aux yeux, les ascendants au Fuuta-Tooro (Sénégal) du cousin de Saydu Atumaan TAAL (le père d’Al Hajji Sheexu Umar TAAL al Fuutiyyu-qu’Allah les agrée tous) sont, respectivement, dans l’ordre croissant : Raasin, Sammba, Bukar, Maalik, etc.). Point de Niokhor ! De par sa mère Maymuuna aussi, Ceerno Sileymaani BAAL est de la lignée des SALL de Doɗel (Département de Podor).
Nous l’avions également dit : aucun des grands-parents de Ceerno Sileymaani BAAL n’a pris part à la Révolution de 1776. Parmi les condisciples de Ceerno Sileymaani, à Pir Saniokor, nous pouvons citer: Tafsiir Muhammed Ibraahiima BAH (de Mbantu), Abdul Qaadiri KAN (de Koɓɓillo), Tafsiir Jaabiri JALLO (de Dimat), Tafsiir Ahmad Sammba (de Jaaba), Ceerno Abdul Kariim DAF (de Seeno-Paalel), Ceerno Muhammed Ibraa WAN (de Mbummba), Ceerno Saydu Atumaan TAAL, père d’Al Hajji Sheexu Umar TAAL al Fuutiyyu (de Halwaar), Elimaan Bubakar KAN (de Dimat), Ceerno Baylaa Pereejo Soh’en (de Haawre), Tafsiiru Aamadu Hammaat WAN (de Kanel), Ceerno Abdarahmaan SAL alias “Teenantaa-Jaŋngooɓe” (de Jañnjooli), Tafsiiru Jaabiri JALLO (de Jaañum), Ceerno-Molle Mammadu Lih (de Ciloñ), Alfaa Amar Seydi Yero Buso (de Hoore Foonde), Alfaa Aamadu Nah alias “Elimaan Lewaa” (de Sooriingo), Ceerno Yuusuf LAAM (de Jaarangel), Ceerno Ceewol (de Doondu), Ceerno Hammadi GAY (de Ɓunndu), Tafsiir Sammba Cillo (de Daaka).
Tels étaient les éminents membres de l’Amicale des Etudiants du Fuuta à Pir, acteurs de la Révolution qui dura au moins dix (10) ans avant de triompher en 1776!
Quid également de Khaly Amar FALL que plusieurs se plaisent à rappeler que c’est à lui que les artisans de la Révolution de 1776, une révolution encore inédite en Afrique et même dans le reste du monde, doivent leur éducation religieuse, pour être passés par l’Université de Pir Saniokor dont il est le fondateur ?
Khaly Amar FALL, de son vrai nom Hammaat Paate Koli FAAL (Khaly aussi est une déformation de Qaadi signifiant le Juge, une fonction à laquelle il avait été nommé), est né à Guédé (un village du Fuuta), vers 1555, de Paate Koli FALL (originaire du Kayor) et Jeegi BAH, sa mère, originaire du Fuuta.
De source proche de ses descendants, nous apprenons que de par son père, Khaly Amar FALL est l’arrière-petit-fils de Mandestu (Mandesit) FALL qui devait succéder au Burba Jolof, à la mort de ce dernier. Mais du fait d’une certaine infirmité dont il souffrait, il n’a pu être intronisé et le Ceddo qu’il était, s’exila au Fuuta qui, à l’époque, se présentait comme étant la partie la plus islamisée de la Zone. Après avoir embrassé l’Islam, Mandesit FALL resta au Fuuta où il fonda une famille, donnant ainsi naissance à Kouly (Koli) FALL, lui-même père de Paate Koli FAAL (Pathé Kouly FALL) qui n’est personne d’autre que le père du futur Qaadi, Hammaat Paate Koli FAAL (Khaly Amar FALL).
Hammaat Paate Koli FALL a grandi dans la famille de sa mère, qui est « Toucouleur ». Après avoir mémorisé le Saint Coran, au Fuuta, il alla parachever sa formation religieuse en Mauritanie. De retour au Fuuta, il épousa Koudi Loomel et Aïssata KANE, qui lui donnèrent, chacune, trois (03) enfants. Il retourna au Kayor, pays de ses ancêtres, au début du seizième siècle, précisément au temps du cinquième Damel, Makhourédia Kouly.
Arrivé au Kayor, il eut droit, de la part de sa famille, à un accueil des plus chaleureux. Il sollicita et obtint du Damel une vaste étendue de terre, dans une zone appelée Saniokor où habitaient des bergers peuls. Il se fixa dans cet endroit, qu’il valorisa en y fondant, en 1603, l’école qui deviendra l’Université Islamique Sénégambienne de Pire. Le Damel le nomma Qaadi. Mais il ne resta au Kayor que pour une très courte période; les Kayoriens ne pouvant supporter d’avoir pour Qaadi un Haalpulaar sur tous les plans, qui ne comprend et ne parle que le pulaar et pas un seul mot wolof ! Se sentant lui-même étranger au pays de son arrière-grand-père, Qaadi Hammaat Paate s’en retourna chez lui, au Fuuta !
De nombreuses années plus tard, son fils aîné Demmba, accompagné de ses frères et de sa petite-sœur Faama, alla s’installer à Saniokor où il reprit la direction de l’Université. C’est à cette époque que les Ceerno Sileymaani et autres allèrent fréquenter la célèbre Université, pour y approfondir leurs connaissances islamiques.
Dans son livre « MESURE DE L’ARABOPHONIE DU SENEGAL » (édition 2017, page 40) aussi, Dr Mamadou Youry SALL, Chercheur-Enseignant à l’Université Gaston Berger de Saint-Louis du Sénégal, précise que lorsqu’il est arrivé au Fuuta, Mandestu s’y maria et eut des enfants. Le premier d’entre eux portait le nom de Koli Teŋella, du nom du fondateur de la dynastie deeniyaŋke. La mère de Hammaat Paate Koli Mandestu FAAL (Ammar ou Amar FALL pour les ressortissants de Kayor), « Jeegi BAH, était une princesse deeniyaŋke. Elle était la grand-mère du célèbre guerrier Sammba Gelaajo Jeegi.
Toujours d’après le Dr Mamadou Youry SALL, Ammar FALL a effectué son apprentissage du Coran au sein de sa famille, au Fuuta. Puis il a intégré le foyer de Ceerno Mustafaa BAH du village de Teekaan. Il a ensuite fréquenté des écoles du Nord : Wallaata et Shinguiɗ notamment. De retour au Fuuta, il fonda son école à Gaani Hammee Juulɗo. Mais du fait de l’insécurité qui gagnait la vallée, consécutivement à la défaite de Naasiru al Diin, il migra vers Dimat d’où il partit pour rejoindre sa famille royale dans le Kayor.
Fier d’avoir en lui un cousin auréolé de sciences, le Damel le reçut avec tous les honneurs, le nomma Qaadi et lui octroya un vaste domaine pour lui permettre d’y ouvrir un foyer d’enseignement. Ainsi naquit l’école de Pir Saniokor, dans le premier quart du 17ème siècle. Toutefois, ne maîtrisant pas le wolof, il retourna au Fuuta au bout de quelques années seulement.
L’Institution continua néanmoins de fonctionner. Le retour de ses enfants quelques années plus tard, a renforcé la crédibilité de l’Institution. Bien plus tard encore, son arrière-petit-fils Malamin Buubu FAAL fit venir du Fuuta de nombreux théologiens spécialistes, pour renforcer le corps enseignant. Tafsiir Hammadi Ibraa BAH de Mbantu, qui fut l’Imam de la Mosquée de Pir était de ceux-là.
C’est le regroupement de ces professeurs en un lieu, permettant d’apprendre les différentes disciplines de sciences islamiques, en plus de la langue arabe, qui attirait les étudiants des différentes régions. Car auparavant, il fallait parcourir de nombreux villages pour acquérir ce capital de connaissances ! De nombreuses ramifications de l’Ecole virent le jour dans les régions du Kayor et du Baol.
Sachons donc raison garder et ne nous y trompons plus : A l’Université de Pir Saniokor, les Ceerno Sileymaani BAAL, Almaami Abdul Kader KANE et autres étaient bien eux, chez leur grand-père Hammaat Paate Koli qui a lui-même appris auprès de leurs grands-parents, au Fuuta et en outre, fils de leur arrière-grand-mère Jeegi BAH !
Voilà, de façon ramassée, pour l’histoire de l’Université de Pir Saniokor qui, il faut donc en convenir, après Allahu Ta’aalaa L’Omniscient et Omnipotent, doit sinon tout du moins largement au Fuuta et aux marabouts fuutaŋkooɓe
7)- « Elimane Abdou Khadr, lorsqu’il a mené la Révolution Tooroodo, est allé au Walo où il a voulu instaurer la Charia. Parce que le Walo était Musulman ; n’oublions pas que Ndiadiane NDIAYE et Mbarka Mbo, ce sont leurs grands-parents qui étaient venus pour implanter l’Islam. »
Selon la tradition orale wolof, Ndiadiane NDIAYE, était le fils d’Abou Bakr ben Omar ou Abou Bakr ibn Omar (connu aussi sous le nom d'Abou Dardai, un chef de guerre almoravide qui a été tué en novembre 1087) et Fatoumata SALL, une princesse « Haal pulaar » de Guédé. Toutefois, aux termes de la tradition orale sérère, la version wolof suivant laquelle Ndiadiane serait le fils d'Abou Bakr, est erronée. Selon cette tradition, Ndiadiane NDIAYE monta sur le trône du Djolof sous le règne de Maissa Waly DIONE (le premier Guelwar à régner chez les Sérères du Royaume du Sine). Les Sérères poursuivent, indiquant qu’aussi bien Ndiadiane que NDIAYE, sont un prénom et un nom d'origine sérère. Certains ont avancé l'argument suivant lequel le père de Ndiadiane serait Lamane Boukar NDIAYE, un Sérère du Waalo, et sa mère Fatoumata SALL, fille de Lamtoro Ibrahima SALL.
A l'heure actuelle, il n'y a pas de consensus au niveau des historiens à ce sujet, même s’il est constant que la notion d'Abou Bakr, père de Ndiadiane NDIAYE, a été rejetée. Pour feu le Pr Cheikh Anta DIOP en tout cas, un Arabe ne saurait avoir NDIAYE pour patronyme. En effet, selon feu le Pr Cheikh Anta DIOP et Egbuna P. Modum: « L'histoire nous apprend que le roi N'Diadian N'Diaye du Djoloff, le premier roi de la valaf [Wolof], était d’une mère Toucoulor et d'un père arabe. Mais il existe des preuves de contradiction ici. Le fils d'un Arabe ne peut guère supporter le totémique nom N'Diaye. Et il est de notoriété publique que, à la fois le nom et le prénom de ce roi viennent de l'exclamation "C'est N'Diadian N'Diaye" (« calamité » ou « extraordinaire », en langue sérère) faite par un marabout sérère … [voyante Sérère]» (Cf. Diop Cheikh Anta et Modum, Egbuna P. Towards the African renaissance: essays in African culture & development, 1946-1960, p. 28. Karnak House -1996).
Le règne de Ndiadiane NDIAYE, l’ancêtre mythique des Wolofs, aurait duré de 1200 à 1249. Par ailleurs, d’après certains chercheurs, le mot « walaf » est l’ancêtre du mot « wolof ». Djolof MBENGUE, le fondateur du premier village wolof, se serait établi, avec plusieurs groupes wolofs, « dans ce qu’on appelait alors le pays ‘’LAF’’. En wolof le mot ‘’wa’’ signifie ‘’ceux venant de’’, donc ‘’wa-laf’’ désignait ceux venant du pays ‘’Laf’’. Ce pays ‘’Laf’’ est, avec le royaume du Waalo, l’un des lieux de naissance de l’ethnie wolof. Plus tard le mot walaf devint wolof. »
A ce propos, il nous a été donné de constater que dans son ouvrage « NATIONS NEGRES ET CULTURE », feu le Pr Cheikh Anta DIOP écrivait chaque fois « valaf » pour désigner « wolof ». Cela pourrait résulter d’une faute de frappe ; la lettre « V » n’existant pas dans l’alphabet wolof ! Comme quoi, pour le Pr Cheikh Anta DIOP aussi, la version relative à « Wa Laf » pourrait être digne d’intérêt pour les chercheurs.
Pour ce qui concerne l’Islam, il est tenu pour établi que les Soninkés et les « Toucouleurs » du Fuuta avaient déjà embrassé cette Religion d’Allah dès le VIIIème siècle, soit sitôt après leurs contacts après les Berbères, donc bien avant l’arrivée des Almoravides, qui ne date que du XIème siècle. La reconversion des Peuls (Pasteurs), des Sérères et des Wolofs n’interviendra que bien plus tard. Il est rapporté que c’est vers le XIème siècle, « que le flambeau du ‘’Jihad’’ fut repris par Abu Abdallah Ibn Tilouat et par son gendre Yahya Ibn Ibrahim al Ghali, auxquels succédèrent Yahya Ibn Umar Lamtuni, tous deux petits-fils de Talagagin » (Cf. La première hégémonie peule-Le Fuuta Tooro de Koli Teŋella à Almaami Abdul, page 88).
8)-« Donc…, mais à l’issue d’une bataille, avec le Kayor, celui-ci lui (à Elimane Abdoul Kader) donna en mariage sa fille, Arame Bakar MBOOJ. De toutes les épouses d’Elimane Boubacar, c’est Arame Bakar qui lui donna le plus grand nombre d’enfants. Tous les grands dignitaires aujourd’hui Pulaar, leurs grands-parents sont issus d’Arame Bakar. PARENA, Mariame WANE LY, c’est Arame Bakar sa grand-mère...»
Il y a manifestement une confusion à ce sujet! D’abord il ne s’agit pas d’Arame Bakar MBOOJ, mais plutôt d’Arame Bakar FAAL, fille du Damel Amari Ngoone Ndeela Kummba FAAL. C’est celle-là qu’Almaami Abdul Kader KAN avait épousée.
Ensuite, la femme qu’Elimaan Buubakar KAN épousa et qui lui donna de nombreux enfants et une illustre descendance s’appellerait, elle, Jaawo Joop MBOOJ (Diawo Diop MBODJ). Ce mariage fait partie, avec deux autres, de ce qui a été appelé « Les mariages diplomatiques », consécutivement à la défaite du Waalo à Ndeer. Le Professeur Seydou Boly KANE (Paix à son âme) rapporte que lorsque le Waalo perdit la bataille, les vaincus, après concertation, se dirent : « Vu que nous ne pourrons combattre nos ennemis de tous les côtés, essayons de conclure un accord de cessez-le-feu. »
Dans cette perspective, les Walo-Walo donnèrent la Linguère Dieumbeutt MBODJ, fille de la Linguère Fatim Yamar Khouriyaye en mariage à l’Emir du Trarza, en l’occurrence Mohamed El Habib, fils d’Amar Ould Mokhtar, l’Emir du Trarza qui avait détruit Ndeer ; tandis que sa petite-sœur Rokhaya Ndatté Yalla MBODJ, se maria avec Marosso Tassé DIOP, le frère du père de Lat-Dior. Rokhaya Ndatté Yalla a eu comme enfant Sidiya DIOP dit Sidi Léon, qui fréquenta l’école des Fils de Chefs, puis l’école polytechnique d’Alger, avant son intronisation comme Barak au Waalo. C’est ainsi que ces trois mariages ont contribué à l’apaisement politique de la zone. »
L’attaque de la ville de Ndeer eut lieu le 05 ou le 07 mars 1820 (les versions divergent sur la date). Les chansons traditionnelles du Fuuta relatent : « Ñande Ndeer Yanaa, Elimaan na darii. Conndii na feccee, omo tasbaa kurus-Yee!” (Le jour de l’attaque de Ndeer, Elimane était là debout. Lorsqu’on distribuait la poudre, il égrenait le chapelet.)
Ajoutons qu’à l’Ecole des Fils de Chefs dont la première promotion comprenait neuf élèves, Sidiya DIOP avait pour condisciples Abdou Salam KANE, ancien Chef de Canton de Kanel (1907- 1955), Bouna Alboury NDIAYE, dernier souverain du Royaume du Jolof et ancien Chef de Province du Jolof, le fils de Yero Boli DIAWO, entre autres (qu’Allah leur fasse miséricorde, ainsi qu’à tous nos disparus).
A notre avis, le fait qu’Arame Bakar ait eu plus d’enfants que ses co-épouses est, certes, une faveur émanant d’Allahu Ta’aalaa. Mais cela ne lui confère pas forcément la préséance sur les autres épouses d’Elimane. Cette faveur ne signifie pas qu’elle est la meilleure d’entre toutes les autres épouses d’Elimane! C’est Allah L’Omnipotent et Omniscient Qui donne ce qu’Il veut à qui Il veut parmi Ses esclaves et Ses servantes !
Sayyida Aasiya, l’épouse de Pharaon le damné n’a pas eu d’enfants. Mais le Très-Miséricordieux lui a construit un palais en Son Paradis. Sokhna Mariama n’a eu qu’un seul enfant, en la personne de Seyyidina Issa. Sayyida Aïcha, la mère des Croyants n’a pas eu d’enfants tout comme les autres épouses du Messager universel (excepté Sayyida Khadija) !
Toutes ces bienheureuses femmes ainsi que les Croyantes qui vivaient du temps du Sceau des Envoyés et des Prophètes, ont reçu l’assurance d’avoir le Paradis pour demeure éternelle ; cependant que rien n’est encore évident pour les autres femmes du monde, les Croyantes parmi les épouses des autres Prophètes mises à part !
Cela dit, cette manière de présenter les choses, de vouloir toujours mettre en avant une certaine Ethnie, en dit assurément long sur les intentions de Madame le Professeur qui tire chaque fois la couverture d’un seul bord ! De la part d’un cadre de son rang, d’une intellectuelle de son niveau, c’est inquiétant!
9)-« Donc, cela dit, Koly Tengella en personne, lorsqu’il quitta Ngabou, fit le tour du Sénégal, il passa par le Saloum où il épousa Mbossé à qui le terroir du Bosséa dans le Fouta doit son nom. »
Encore une fois, nous sommes au regret de dire : Non, Professeur ! Lorsque Koli Teŋella s’activait entre 1512 et 1537, le Bosséa existait déjà depuis longtemps ! Très longtemps !
10)- « Donc on a un métissage culturel tellement extraordinaire que ces cultures-là, quand Koly Tengella a créé, est revenu dans le Fouta, il a dit que désormais tous les Haalpulaar vont parler le peul. »
Le seul fait que Madame le Professeur ait désigné « les Haalpulaar », suffit comme preuve que la langue pulaar était déjà parlée dans la zone ; « les Haalpulaar » étant ceux qui parlent le pulaar! Faut-il toujours rappeler que « le Peul » ne désigne pas une langue mais quelqu’un de l’Ethnie des Fulɓe ? C’est Pullo qui est francisé en Peul. N’empruntez pas tout à Cheikh Anta DIOP qui, non content de considérer que les Peuls, les Toucouleurs et les Laobés bien qu’ayant tous en partage la même langue, à savoir le Pulaar, n’appartiennent pas pour autant à la même Ethnie, sont différents les uns des autres !
Ne suivez pas inconditionnellement les traces de Cheikh Anta DIOP pour qui les Peuls parlent le peul, les Toucouleurs le toucouleur et les Laobés le laobé ; confondant ainsi, dramatiquement, Ethnie, Caste et Langue ! Car le Savant sénégalais Cheikh qui ne sait rien du Fuuta et du Pulaagu, qui en sait plus sur l’Egypte que sur le Sénégal, n’a pas toujours raison.
11)-« Donc, c’est pour dire qu’on est fondamentalement un Peuple tellement métissé, que vouloir présenter tel comme appartenant à telle ethnie… Moi je n’aime pas entendre des qualificatifs du genre un tel est Diola, le patronyme de tel autre est ( )… Mais c’est pour montrer qu’aujourd’hui, au Sénégal, on doit arrêter de dire qu’un tel est ceci ( ). »
Sachez-vous désolidariser dès fois de votre maître Cheikh Anta pour qui « …un Africain conscient doit se dégager de tout préjugé ethnique et acquérir une nouvelle forme de fierté : la vanité d’être Valaf, Toucouleur Bambara, etc. doit faire place à la fierté d’être Africain, tant il est vrai que ces cloisons ethniques n’existent que par notre ignorance » (Cf. NATIONS NEGRES ET CULTURE-page 793).
Nous sommes enclins à penser que le but manifeste de ces gesticulations n’est autre que de chercher à effacer des langues et cultures qu'Allah à créées. Le Créateur de l’Univers a dit que s'Il l’avait voulu, Il aurait fait de nous une seule communauté. Mais il Lui a plu de faire de nous ce que nous sommes : « Oh hommes ! Nous vous avons créés d'un mâle et d'une femelle, et Nous avons fait de vous des nations et des tribus, pour que vous vous entreconnaissiez. Le plus noble d'entre vous, auprès d'Allah, est le plus pieux. Allah est certes Omniscient et parfaitement Connaisseur » (Sourate 49, verset 13).
Allah L’Omniscient a fait de nous des hommes et des femmes de différentes couleurs, de différentes tribus ou ethnies et de différentes langues, afin que nous échangions et nous enrichissions mutuellement par nos différences. C'est là, la Volonté d'Allah. Les ethnies sont une réalité. Vouloir le nier serait synonyme d’acte de rébellion contre Le Créateur Suprême.
Toutes les langues sont importantes auprès d’Allaahu Ta’alaa Qui les a Lui-Même enseignées à son premier Prophète et père de l’Humanité: Seyyidinaa Adama (Sur lui le Salut). Allaahu Ta’alaa a même mis en évidence l’importance de la langue dans le verset 4 de la Sourate “Rahmaan”: “Allamahul-Bayaan”.
En nous créant tels que nous sommes, avec nos diverses langues, L’Omniscient ne S’y est assurément point trompé. Existons donc tous et coexistons harmonieusement, chacun dans l’acceptation de l’autre.
Nous saisissons l’occasion pour présenter nos excuses à Monsieur Makhtar DIOUF, auteur de : LE SENEGAL-LES ETHNIES ET LA NATION, que nous avions, par mégarde, prénommé Mamadou, dans la première partie de notre REPONSE A MADAME LE PROFESSEUR FATOU SARR SOW !
12)- « Car on disait que les Wolofs sont métissés. Mais il n’y a pas plus métissé que le Pulaar ! Il n’y a pas plus métissé que le Pulaar..! »
Si une telle bourde provenait de l’un de nos autres esclaves Sérères, nous aurions compris ; nos chers cousins étant ce qu’ils sont ! Mais de la part de Madame Fatou SARR, épouse SOW ! Non, Madame SOW ne devrait simplement pas faire la confusion : «Mais il n’y a pas plus métissé que le Pulaar ! » Elle martèle, y revenant une seconde fois (veuillez excuser pour le pléonasme): « Il n’y a pas plus métissé que le Pulaar ! »
«Le Pulaar » est une langue ! Le Pulaar qui est également appelé « Fulfulde » dans d’autres pays est la langue des Fulɓe qui, encore une fois, sont tous ceux et toutes celles qui ont en commun l’usage de cette langue! Arrêtez de faire la faute ! Arrêtez tous d’entretenir la confusion ! En tout cas le Pullo du Sénégal, lui, établit toujours un distinguo net entre les mots « Jolof » (un terroir du Sénégal), « Jolfo » (un citoyen du Jolof) et « Jolfe » (la langue du Jolfo)!
Et puis, c’est feu le Pr Cheikh Anta DIOP lui-même qui a dit que « les Wolofs sont métissés » : « Le wolof serait né de la déformation du sérère par tous ces éléments étrangers : Saras, Sarakollés, Congolais, Toucouleurs, Peuls, Laobés, etc… » (Cf. Nations nègres et Culture-édition juin 2023, page 786).
C’est bien feu le Pr Cheikh Anta DIOP qui a dit qu’il n’y a pas plus métissé que le Valaf (Walaf, terme devenu Wolof) : « Chez les Valafs aucune des sept dynasties régnantes n’est originaire du pays. Les Sogon sont des Socés qui auraient été encore nombreux du temps de Ndiadiane Ndiaye avant d’être refoulés en Casamance. Les Gélvar sont des Sérères du Sine-Saloum. La mère de Déthié Fou Ndiougou, le prince qui a fondé la première dynastie de Damel, était originaire de Vagadou (ancien emplacement de Ghana). La dynastie des Guedj est d’origine populaire : elle naquit après le coup d’Etat que le Cayor ait connu, celui de Damelrat Soukabé, dont la mère était une femme du peuple et venait, disait-on, du côté de la mer, Guedj en Valaf. La dynastie des Bey est une famille ‘’porte-bonheur’’ (d’après l’opinion populaire), dans laquelle les princes aspirant au trône avaient l’habitude de choisir, momentanément, leurs femmes. Les Dorobé, à notre avis, proviennent de la caste, ou de l’ordre célèbre des Torobé qui étaient des Peuls » (Cf. NATIONS NEGRES ET CULTURE-page 791).
Disons quelques mots sur les Peuls (Fulɓe) qui, de l’avis de feu le Pr Cheikh Anta DIOP « étaient, à l’origine, des Nègres qui se sont métissés par la suite avec un élément blanc étranger venu de l’extérieur » (Cf. Page 616 de « NATIONS NEGRES ET CULTURE ». Idem pour les « Toucouleurs » qui seraient issus eux-aussi d’un métissage.
Pour feu le Pr Cheikh Anta DIOP, « les Peuls, comme les autres populations de l’Afrique Occidentale, seraient venus d’Egypte » (Cf. NATIONS NEGRES ET CULTURE-page 612). D’après feu le Pr Cheikh Anta DIOP, « Comme les autres populations qui composent le peuple nègre, les Toucouleurs sont venus du Bassin du Nil, de la région dite ’’ Soudan anglo-sahélien’’ (page 616).
Selon le Pr Cheikh Anta DIOP, « il existe, à l’heure actuelle, en Abyssinie, une tribu appelée Tekrouri, ce qui donne à penser, au cas où les Toucouleurs du Sénégal seraient une fraction de cette tribu, que la région du Tekrour, loin d’avoir donné son nom aux Toucouleurs, aurait reçu le sien de ceux-ci lorsqu’ils s’y installèrent. Il existe également un Nyoro (Massina) au Soudan Français, où les Toucouleurs ont aussi séjourné avant d’arriver dans la région qui portera le nom Tekrour au nord du Sénégal, d’où ils descendront lentement vers ce fleuve, dont les rives ont porté aussitôt le nom de Fouta-Toro » (page 627-618).
Mis à part quelques pays de la sous-région, on ne trouve nulle part ailleurs dans les nombreux autres pays africains de Fulɓe d’un côté et Toucouleurs de l’autre ! On n’y trouve que des Fulɓe et rien de plus ! On n’y parle pas, à l’image du Pr Cheikh Anta DIOP et consorts, d’Ethnie des Toucouleurs, encore moins de celle des Laobés.
Et dire que feu le Pr Cheikh Anta DIOP n’a pas manqué de recommander fortement à ses concitoyens Valafs d’arrêter de regarder de haut les autres : « …Cette étude démontre que le sang qui coule dans nos veines est un mélange de sang sérère, toucouleur, peul, laobé, congolais, sarakollé et sara (peuple des négresses à plateau). Dès lors, que reste-t-il du mythe d’une race pure, douée d’une supériorité qui l’incite à traiter les autres de LAKAKAT ? » (Cf. NATIONS NEGRES ET CULTURE-page 793).
Aucune médiocrité ne peut dépasser la contre-vérité, et aucun degré de ridicule ne peut se situer au-dessus d'une invention de faits historiques. Comme quoi, avec cette parfaite aisance dans la sordide assurance de la manipulation et le travestissement des faits, il n'y a pas que les conteurs des traditions orales qui embellissaient les récits. Si de grands érudits font déjà du jésuitisme un fonds de commerce médiatique, nous allons inévitablement vers l'immensité de la médiocrité dans l'ensemble de nos domaines...
Autant reconnaître simplement que provenant les uns comme les autres du même endroit et parlant tous, par surcroît, la même langue, ceux que l’on appelle Peuls, Toucouleurs et Laobés constituent une seule Ethnie ! Car le fait que certains parmi eux soient des pasteurs, d’autres des agriculteurs (ce qu’ils sont tous, par ailleurs), ou des pêcheurs, ou des spécialistes du bois, ou des artisans du textile, ou des artisans des métaux, ou des artisans du cuir, etc. ; en somme, qu’ils soient tous « Les décorateurs de la vie sociale par leur technicité ou par leurs talents ou dons, maîtrisés à la suite d’un long apprentissage », ainsi que les a décrits le respecté Yaya WANE, ne les empêche pas d’appartenir à la même Ethnie !
Nous saluons, à ce propos, le travail remarquable de l’historien et sociologue malien Youba BATHILY, un Soninké-Mandingue de 59 ans, auteur de nombreux ouvrages (Oralité, Bulletin du collectif des historiens du Sahel-Soudan, N°3 Mai 2015 ; Rois et Peuples de l'Empire du Ghana-Editions Kindle, 2018 ; Localisation Des Anciennes Occupations Humaines au Sahel: Selon La Tradition Orale-Editions Mieruba, Bamako, 2018 ; West Africa before the Empire of Ghana, Smashwords Editions, 2018 ; Avant l'Empire du Ghana, Editions Mieruba, 2019 ; Après l'Empire du Ghana. Entre les Empires du Ghana et du Mali. Editions Mieruba, 2019 ; etc.).
En narrant les péripéties du voyage jusqu’à l’arrivée des Fulanis (les Fulɓe) en Afrique de l’Ouest, le Pr Youba BATHILY nous dit que les traditions orales des Assouanikes et Harratines récoltées en 2005 à Djidda (sud de Guiré dans le cercle de Nara) de Diffa et près de Maradi (Niger), renseignent sur le fait qu'à la recherche de pâturage, les Fulanis, qui parlaient une langue appelée Warama, auraient quitté la région de Woromiya éthiopien sous la conduite du patriarche Kaw BAH. La traversée du territoire éthiopien des Fulanis appelés autrement Pouls, s'est déroulée dans la difficulté et accompagnée de perte de vies et de bétail.
Il indique qu’ils ont récolté un récit intéressant sur l'histoire de l'immigration des Peuls, qu’ils ont appris que ceux-ci sont venus de l'Ethiopie, par le Soudan, le Tchad, le Nigeria, le Niger en rentrant au Mali par la région de Ménaka. Les Peuls auraient quitté l'Ethiopie 1122 ans avant l'Hégire (donc, vers 500 avant Jésus) pour atteindre la région de Ménaka vers l'an 21 après Jésus. Ils sont rentrés dans le pays de Ménaka 521 ans après avoir quitté l'Ethiopie. Ils ont traversé la région de Tombouctou huit ans après leur départ de Ménaka (Tombouctou vers l'an 29 et la région de Mopti est atteinte vers l'an 5), puis la région de Mopti vingt-cinq ans après Tombouctou.
Venant de l'ouest (Anderamboukane, Ménaka), les Peuls traversèrent le fleuve Niger, dans la commune de N'Tillit, puis le pays de Gossi, Inadiatafane, Bambara-Maoude, Diaptodji, Dangol Bore. Ils passèrent par Ouroube-Doude, Konna et Dialoube pour encore traverser le fleuve Niger au Sud du lac Debo par la commune de Bimbere-Tama. Certains s'installèrent entre San (Est de Ségou) et Goundaka (Est de Mopti), ces derniers pâturaient au bord des collines dogons du Gondo où vivaient le Bobo ou Bwa, c'est dans cette cohabitation qu'ils sont devenus des cousins à plaisanterie des Bobo.
Les Peuls prirent la direction Ouest pour passer par le Nampalari, Sokolo et Niono (Nord de Ségou). Ils vont encore traverser le fleuve Niger sur des berges situées entre Ségou et Markala (actuelle commune de Pelengana, Ségou) pour se diriger vers l'Ouest de l'actuel cercle de Dioila (sur de Kulikoro) au cours de neuf ans soit 63 après leur départ de la région de Mopti. Ils vont atteindre le Djitoumou en l'an 97 soit trente-quatre années après avoir quitté la région de Dioïla ; puis le Wassoulou (Ouest de Sikasso) huit ans plus tard soit en l'an 105 et le Mandé (Ouest de Bamako) vingt-neuf ans après la région du Wassoulou (en 134 après Jésus).
Les Peuls arrivèrent au Khasso en 148 soit quatorze ans après avoir quitté la région du Mandé et ils ont atteint le sud du Fleuve Sénégal qu'ils vont appeler Futa-Toro quarante-trois ans après avoir quitté la région du Khasso (Kayes au Mali). Ils baptisent en 177 une autre région montagneuse plus au Sud en Futa-Diallo (Guinée) vingt ans après avoir quitté la région du Futa-Toro soit en l'an 197. Les Peuls vont s'installer sur les berges septentrionales du Fleuve Sénégal dix-sept ans plus tard (en 214). Ils arrivent sur le territoire de Nioro et de Koumbi (capitale de l'empire du Ghana) en 343, soit 965 ans après leur départ d’Éthiopie.
Les Peuls apportèrent une nouvelle langue en Afrique de l'Ouest. Ils vénéraient les fétiches et les ancêtres restés dans leur pays d'origine. Leur savoir-faire médicinal consistait à lire des formules incantatoires, à extraire des médicaments dans les excréments ou la bile de vache. Ils apportèrent également des chansons dont les plus célèbres sont Oussef (louange à un ancêtre éthiopien) et Sefema (chant sur l'amour).
En préfaçant « La première hégémonie peule : Le Fuuta Tooro de Koli Teŋella à Almaami Abdul » du Pr Oumar KANE, le Pr Amadou Mahtar MBOW, ancien Directeur général de l’UNESCO » dira, fort à propos que: « « …Les Fulɓe constituent le seul groupement ethnique de l’Afrique de l’Ouest à avoir essaimé, de manière presque continue, de l’Atlantique à l’actuelle République du Soudan à l’Est, tout en gardant leur langue et les éléments essentiels à leur culture. Très islamisés, pour beaucoup, ils ont été des propagateurs actifsde la foi et des éducateurs avisés. Leur science et leur piété leur ont valu la considération dans les pays où ils arrivaient. Ils ont pu ainsi, tout en intégrant des éléments autochtones, préserver leur cohésion et mettre en place de nouveaux Etats parmi les plus florissants de leur temps. Ces Etats disparus, ni la conquête et l’occupation coloniales, ni les indépendances n’ont pu entamer leur existence communautaire» (page 9).
par Nioxor Tine
SUS AUX PARLEMENTAIRES PUTSCHISTES
Le nouveau régime ne pourra pas faire l’économie d’un référendum pour une nouvelle Constitution inspirée des Assises. C’est seulement ainsi que le peuple souverain pourra couper l’herbe sous le pied des réactionnaires nostalgiques de Benno-APR
A quelques jours de la fin purement symbolique d’un prétendu état grâce accordé au régime Pastef, l’actualité nationale est dominée par un brouhaha persistant et factice, dont le dernier thème porte sur la déclaration de politique générale du Premier ministre Ousmane Sonko.
Incapacité a déchiffrer les signaux politiques
Toute cette agitation stérile ne fait que confirmer le fait que la coalition Benno Bokk Yakaar, devenue, plus que par le passé, une nébuleuse aux contours imprécis, continue, tout de même de remplir sa fonction d’écran, pour masquer ses basses œuvres d’auxiliaire attitré de la Françafrique.
En outre, les politiciens du Benno-APR ont amplement prouvé, depuis leur accession au pouvoir en 2012, leur incapacité congénitale à procéder à une lecture correcte de la scène politique et à tirer des leçons des différentes consultations électorales tenues, ces douze dernières années.
La Macky Formula, en matière politique, a toujours privilégié l’argument de la force (radiations, interdictions, arrestations, violences verbales et injures…), c’est-à-dire une approche mécanique et brutale, par rapport à la force de l’argument, une approche dialectique, prenant en compte la nature contradictoire des phénomènes sociopolitiques.
C’est ainsi qu’il faut comprendre le refus des leaders de la majorité de reconnaître et de tirer les leçons du recul électoral patent et de la perte de majorité de leur coalition aux élections locales et législatives tenues respectivement en janvier et juillet 2022.
Par la suite, le président Macky Sall, au lieu de pacifier l’arène politique, comme le suggérer les résultats électoraux, a initié une répression tous azimuts contre le Pastef, qu’il finira par dissoudre, tout en rendant son président inéligible.
Cette fuite en avant finira par le coup d’État constitutionnel du 3 février dernier, à savoir, le report, sine die l’élection présidentielle initialement prévue le 25 février 2024, signant la faillite totale du Benno-APR, qui a, ainsi, fini par perdre toute crédibilité.
Ne voilà-t-il pas maintenant que les perdants de la dernière présidentielle persistent dans l’erreur, car, même ayant perdu le pouvoir, Benno Bokk Yakaar continue de faire montre de désinformation, de manipulation, et de diabolisation de ses adversaires politiques, bref de s’opposer de la même manière, dont elle a gouverné le pays, pendant douze ans.
Mais ce que les ténors de Benno Bokk Yakaar oublient, c’est que plus d’une décennie de gestion opaque, peu vertueuse voire rocambolesque de l’Etat, les disqualifie, jusqu’à nouvel ordre, de nous seriner des leçons de « bonnes manières républicaines ».
La preuve en est fournie par le fait qu’ils envisagent un nouveau putsch, parlementaire, en empêchant le nouveau président de dissoudre l'Assemblée nationale et de tenter d’avoir sa nouvelle majorité, alors que l’urgence serait plutôt de réorganiser leur formation politique éclatée et de procéder à un aggiornamento politique.
Des contradictions antagoniques
Si on part du postulat, qui veut, que la plus grande injustice puisse être habillée d’une forme juridique parfaite, on comprend qu’il faille relativiser ces normes institutionnelles désuètes – qu’on veut sacraliser - ayant permis la mise en place et le maintien, depuis 1960, d’un système de prédation, qui a fini de rendre notre pays exsangue. Il s’agit plutôt de s’atteler à une refondation institutionnelle, de fond en comble et le plus tôt sera le mieux.
C’est bien pourquoi, les désaccords entre le nouveau régime et l’ancienne coalition présidentielle sont plutôt rassurants, car témoignant précisément et pour la première fois, de contradictions antagoniques entre tenants de la continuité néocoloniale et partisans de la « transformation systémique », c’est-à-dire de la rupture avec l’ordre ancien.
Lors des deux précédentes alternances de 2000 et de 2012, vainqueurs et vaincus finissaient toujours, par se retrouver, à force de reniements, de transhumance…Dans ce cadre, les référendums du 7 janvier 2001 et du 20 mars 2016, ainsi que divers autres projets de loi sur le ticket présidentiel de 2011 ou le parrainage citoyen constituent des cas d’école en matière de de tripatouillages de la Constitution pour renforcer l’hyper-présidentialisme, dans le but de perpétuer le système néocolonial.
De réels risques de déstabilisation
A travers leurs gesticulations, on peut entr’apercevoir, une volonté avérée de déstabiliser le nouveau régime « patriotique », se réclamant de l’anti-système.
La première appréhension a trait à la cooptation de l’ancien président de la République du Sénégal comme « mercenaire à col blanc ou VIP » pour le compte de l’ancienne métropole coloniale, par le biais d’un emploi peu flatteur pour un ancien chef d’État, d’envoyé spécial et président du Comité de suivi du Pacte de Paris pour la planète et les peuples.
Il y a également le cas de ce général, qui ne cesse d’inquiéter, car soupçonné depuis longtemps, d’être un protégé et un inconditionnel de Macky Sall, pressenti pour un scénario de putsch à la gabonaise, il vient d’être, comme par hasard, nommé par M. Macron (encore lui), au grade d’officier de la Légion d’honneur française. Cela amène naturellement à se poser la question du devenir des armes acquises par le ministère de l’Environnement, dans le cadre d’un contrat pour la fourniture d’équipements de sécurité, de véhicules d’intervention…etc., qui auraient déjà servi, dans la répression de certaines manifestations.
Comment ne pas remarquer l’activisme fébrile de certains patrons de presse, (spéculateurs fonciers patentés ou bénéficiaires de montages financiers aussi douteux qu’obscurs), qui ont toujours été à la marge des joutes politiques partisanes et qui montent maintenant au créneau pour discréditer et combattre le nouveau pouvoir porté par le Pastef et le camp patriotique ?
Tous ces agissements ne sont pas sans rappeler les Russes blancs, féodaux, monarchistes combattant contre la révolution russe d’Octobre 1917, les opposants cubains basés à Miami ou les contras nicaraguayens, soutenus financièrement par les États-Unis, qui cherchaient à reprendre le pouvoir, alors aux mains de Daniel Ortega, chef du front sandiniste de libération nationale (FSLN).
Quelle parade face aux tenants de l’ordre ancien ?
Depuis le 24 mars 2024, s’est ouverte l’ère de la « transformation systémique », appelée à opérer des ruptures dans la conduite des affaires de l’Etat. Une des tâches prioritaires du nouveau pouvoir se réclamant du patriotisme est précisément d’amener la classe politique à se dépêtrer de la médiocrité ambiante dans laquelle elle se complaît depuis la première alternance de 2000, passant le plus clair de son temps à discuter sur le sexe des anges, occultant les questions essentielles touchant à la vie de la Nation. Le premier ministre, agitateur politique hors pair, doit maintenant prendre de la hauteur et refuser de se laisser entraîner dans la fange politicienne par des forces réactionnaires inféodées à la Françafrique, qui n’ont plus aucune perspective politique dans notre sous-région.
Après sa victoire électorale retentissante, Pastef devrait maintenant, sortir de sa position défensive et adopter une approche prospective, ce qui suppose, que les tâches politiques, ne soient pas confinées à des sorties aussi épisodiques que spectaculaires du président du parti.
En lieu et place d’une primature jouant un rôle de tour de contrôle avec toutes les pesanteurs y afférentes, il s’agit de libérer l’initiative militante au sein du Pastef et des partis alliés, qui doivent être les véritables sentinelles de la « transformation systémique ».
Les instances du parti doivent renouer avec les bonnes pratiques de concertation régulière et d’élaboration de positions partagées.
Il est vital de rompre avec l’immobilisme ambiant d’un gouvernement, qui donne l’impression de gérer les affaires courantes, passer de l’étape de dénonciation à celle de rectification par les actes, en ne brimant pas les initiatives populaires ni celles des travailleurs, mais au contraire en les soutenant.
Tout indique enfin, que le nouveau régime, qui a signé le pacte de bonne gouvernance du Sursaut Citoyen, ne pourra pas faire l’économie d’un référendum pour une nouvelle Constitution inspirée de l’agenda des Assises nationales et de la CNRI, qui permettra une approche globale et non fragmentaire de résolution des problèmes.
C’est seulement ainsi que le peuple souverain, debout comme un seul homme, pourra couper l’herbe sous le pied des réactionnaires nostalgiques du Benno-APR.
En 2007, ce parti, qui avait encore à sa tête Jean Marie Le Pen, n’avait réussi à faire élire qu’un seul député. En 2012, le parti arrive à faire élire deux députés. En 2017, ils sont huit. En 2022, 89 élus font leur entrée à l’Assemblée nationale
En France, le premier tour des Législatives a confirmé le bon score du parti Rassemblement national aux Européennes. Après la dissolution de l’Assemblée nationale par Emmanuel Macron, il était presque évident que le Rn allait amplifier ses résultats pour poursuivre sa marche vers le pouvoir. Ce 30 juin, ce sont douze millions d’électeurs français qui ont voté pour un parti qui sera la première force politique au Palais Bourbon s’il n’obtient pas la majorité absolue pour gouverner pour la première fois le pays. En face, malgré la sidération, les adversaires du Rn ont dès l’annonce de la dissolution, tenté de s’organiser pour faire barrage. Le système Macron, qui a turbulé en 2017 la vie politique française, acte sa fin dans des conditions troubles et inédites. Emmanuel Macron a été un météore fulgurant de la vie politique française. Enarque (Promotion Senghor), banquier d’affaires, Secrétaire général de l’Élysée et éphémère ministre de l’Economie, l’homme est un cas atypique en sciences politiques. N’ayant jamais été élu auparavant, il a réussi à faire une Opa sur la 7ème puissance mondiale en trahissant celui qui lui a mis le pied à l’étrier, François Hollande, pour lui succéder. Il se disait «ni de gauche ni de droite». Ses référentiels orientaient les observateurs vers un profil libéral, probusiness, partisan d’une startup nation. Il devait ringardiser la vieille classe politique française habituée au clivage gauche-droite. Il sera celui qui aura fait rentrer 89 députés d’extrême-droite à l’Assemblée nationale française et fait voter une loi sur l’immigration saluée par…l’extrême-droite.
En se penchant sur les scores du Rn de ces quinze dernières années, on voit sa progression vertigineuse. En 2007, ce parti, qui avait encore à sa tête Jean Marie Le Pen, n’avait réussi à faire élire qu’un seul député. En 2012, le parti arrive à faire élire deux députés. En 2017, ils sont huit. Les Législatives de 2022, après 5 ans de pouvoir de Emmanuel Macron, 89 élus font leur entrée à l’Assemblée nationale. Le niveau actuel du Rn n’étonne que très peu les observateurs familiers de la scène politique française. Le parti a été normalisé, ses thèmes relatifs à l’immigration, à la sécurité et à l’islam, sont au cœur du débat public français. Un gramscien rigoureux dirait que le Rn a remporté la bataille culturelle, car désormais c’est sur ses thèmes que la classe politique et les intellectuels débattent dans les médias. Il y a une normalisation de la parole raciste et xénophobe en France, orientant très souvent, à travers des médias complices, la parole outrancière vers les populations arabes et noires. Il ne faut pas se tromper d’analyse ni vouloir se ranger dans un verbe politiquement correct pour atténuer le motif raciste dans le vote Rn. Dans un article intéressant de la revue Grand Continent, les ressorts de l’adhésion au Rn sont analysés. Outre le sentiment du déclassement, le motif identitaire reste fondamental dans le vote Rn. Dans l’étude, 84% des électeurs Rn placent directement l’immigration (légale et illégale) comme étant la principale cause de l’insécurité en France. A la question de savoir s’ils sont racistes, 54% des électeurs du Rn répondent par «plutôt» ou «un peu». Un peu plus de la moitié (51%) de l’électorat Rn dit des Français de confession musulmane qu’ils ne sont pas des «citoyens français comme les autres». Le Rn est un parti dangereux pour ses thèses normalisant l’inégalité des citoyens devant la loi et devant les opportunités. Les déclarations de ses leaders sur les Français binationaux -qui nous touchent directement au regard de notre importante diaspora dans ce payssont symptomatiques d’une politique que l’extrême-droite mène quand elle est en responsabilité. La hausse significative des actes racistes durant la campagne des Législatives, dit beaucoup du climat en France. Envisager l’impact d’une victoire du Rn sur la libération de la parole et des actes racistes fait froid dans le dos.
Comme tous les partis populistes, le Rn n’a pas un programme économique sérieux et crédible. Il surfe sur les peurs, accentue les fractures sociales, flatte les postures outrancières et polarise le rejet de l’institutionnalisation du pouvoir par les élites. Le Rn pointe l’autre comme responsable des malheurs des ouvriers, des retraités et de tous les précaires auxquels la gauche ne s’adresse plus. Le parti d’extrême droite a attiré 57% du vote ouvrier tandis que la coalition de gauche n’a glané que 21% des suffrages du même segment.
Partout les populistes montent, arrivent au pouvoir et déchirent le tissu social par la peur, la violence verbale et physique et la banalisation du racisme et de la xénophobie. Leur Adn est le rejet, au lieu de «faire mélange» comme le dit la belle expression de Jean-Pierre Chevènement. Ce fut le cas récemment dans d’autres pays dont le nôtre. Le Rn va certainement un jour arriver au pouvoir. Mais il faut seulement noter qu’en France, face à cette éventualité, il y a encore une presse, des universitaires et une élite intellectuelle qui font barrage. Là-bas, face à l’hydre du fascisme, ils ont fait face, déployant énergie, engagement et talent. Face à la peste brune, des esprits armés de la promesse républicaine, ont fait flotter le drapeau des nôtres, nous, partisans partout de la liberté et de l’égalité. Ce ne fut pas le cas pour le Sénégal, où un aréopage de journalistes et d’intellectuels a choisi le déshonneur de la collaboration pour faire advenir le pire.
Par DIAGNE Fodé Roland
REMEDIER AUX URGENCES, GERER LES IMPATIENCES ET AVANCER VERS LA SOUVERAINETE PANAFRICAINE
Si la victoire à la Présidentielle est sans appel, l’immensité des attentes côtoie l’espoir que suscitent les 100 premiers jours du gouvernement souverainiste.
Si la victoire à la Présidentielle est sans appel, l’immensité des attentes côtoie l’espoir que suscitent les 100 premiers jours du gouvernement souverainiste. Nomination d’un gouvernement d’experts associant adhérents du parti Pastef et alliés de la coalition Diomaye mooy Sonko président, décret annulant les derniers décrets de l’ex-président déchu, états des lieux par des audits centraux et sectoriels, début de blocage du paacoo foncier, nouvelles nominations à la tête des agences parapubliques, organisation des assises de la justice, rétablissement de l’obligation de payer les impôts d’entreprises qui ne s’en acquittent pas auparavant, mise à contribution de l’armée pour la distribution des intrants aux paysans, première baisse mesurée des prix de certaines denrées obligeant les meuniers majoritairement impérialistes à céder, intervention contre la hausse abusive des prix des transports à la veille de la Tabaski, mise en circulation du BRT, premières missions diplomatiques chez nos voisins, puis chez les présidents de la CEDEAO, puis chez ceux de l’AES, première rencontre avec le président français à l’occasion du sommet vaccinal en France, etc
Globalement, l’opinion publique exprime sa satisfaction et sa confiance aux nouvelles autorités souverainistes. Mais c’est au sein même de notre camp souverainiste que s’expriment interrogations, questionnements, voire critiques au point même que le président du parti Pastef et premier ministre vient d’organiser avec le mouvement des jeunes patriotes un meeting pour répondre et rassurer tout en fixant le cap de la marche vers la souveraineté.
Remédier aux urgences réparatrices.
Nous devons sérier dans notre camp au plan national et panafricain les urgences dont l’axe est d’abord l’assainissement souverainiste de l’appareil d’État néocolonial dont nous avons hérité suite au vote du peuple. C’est dans cette optique que se déroulent les nominations en cours qui charrient, bien entendu, quelques critiques qui, même si elles ne sont pas toutes infondées, ne modifient pas pour l’essentiel la trajectoire de souverainisation de l’État et ses démembrements. Il reste aussi à poursuivre la désAPRisation et la déBBYsation de nos ambassades et consulats ainsi que l’administration territoriale (gouvernorats, préfectures, sous-préfectures, puis par les prochaines élections les Mairies). Ces nominations doivent encore plus combiner le couple «patriotisme/expertise», c’est-à-dire le don de soi souverainiste adossé à la compétence disciplinaire et organisatrice. Même si l’apatridie et la corruption néocolonialiste ont dominé les 64 ans de l’État néocolonial, il a toujours existé dans nos administrations et parmi nos compatriotes des patriotes résistants qui doivent progressivement prendre le relais pour concrétiser la souverainisation du pays. Ce qu’attendent les populations, c’est aussi la lutte contre la cherté de la vie qu’a entamé prudemment le nouveau pouvoir, la réparation urgente à budgétiser pour les victimes des répressions arbitraires et illégales (morts, blessés, pertes d’emplois) et la reddition des comptes par les voleurs de l’autocratie libérale, notamment épinglés directement ou indirectement par les nombreux rapports des corps de contrôle de l’État (IGE, OFNAC, IGF, Cour des comptes, etc.) sans oublier les audits dont l’opinion publique doit être informée.
La multiplication des saisines des députés ou des associations anti-impérialistes de la société civile qui en saisissent les ministres du gouvernement, notamment Guy Marius, par les travailleurs qui attendent des salaires impayés depuis des mois, voire des années, l’application de décisions de justice qui leurs sont favorables contre des patrons voyous, de victimes de spoliations foncières ou de pollution montrent l’ampleur des dégâts causés par la mal gouvernance des gouvernements qui se sont succédé de 1960 à nos jours. Les cris d’orfraies de la voyoucratie millionnaire et/ou milliardaire de l’État hors la loi sont des coups d’épée dans l’eau pour les masses laborieuses ainsi réduites à voir leurs enfants fuir par l’émigration piroguière la misère en risquant leurs vies. La reddition des comptes est un impératif salvateur pour récupérer l’argent volé du peuple et dissuader les saboteurs tapis dans l’ombre qui parient sur l’échec de l’expérience souverainiste en cours.
Gérer les impatiences
L’empressement pour la reddition des comptes par les voleurs ne doit pas faire oublier qu’il s’agit d’une nécessité absolue qui doit se faire dans le respect des lois et procédures consécutives à l’assainissement d’un pouvoir judiciaire qui a été sali par sa soumission à l’ex-autocratie présidentialiste qui a utilisé naguère la CREI pour «régler des comptes» et non pas rendre justice à la demande sociale d’alors.
Ouattara, Nana Akufo, Emballo, bref ces représentants, tout comme l’était Macky, de l’UEMOA/CEDEAO néocoloniale ne sont pas à juste titre en odeur de sainteté auprès de nos peuples. Leur tentative d’ingérence guerrière et leurs sanctions françafricaines contre nos peuples frères du Mali, du Burkina, du Niger ont été la goutte d’eau qui a fait déborder le vase du ras le bol populaire contre ce «club de chefs d’États» apatrides serviles aux impérialistes françafricain, eurafricain et usafricain. Les propos tenus sur le «retour de l’AES dans la CEDEAO» ont troublé les militants panafricains. Programmée sous Macky/APR/BBY une manœuvre militaire Otano Sénégalaise le long de la frontière malienne est incomprise et suscite des interrogations alors que le candidat Sonko avait déclaré opté pour une contribution sénégalaise à la lutte contre le terrorisme de l’État du Mali. Nos ambassades et consulats non encore désAPRisés et déBBYsés n’ont pas su satisfaire la volonté populaire de notre diaspora d’échanger avec notre président lors de son voyage parisien à l’invitation «vaccinale» d’une ONG adoubée par l’UA et financée par Bill Gates et Soros.
La visite inopinée du criminel Tony Blair, allié de l’assassin Bush, lesquels avaient fait un faux et usage de faux (la fameuse fiole de poudre) pour attaquer et occuper l’Irak. Les missions répétées du FMI et de la Banque Mondiale pour s’assurer que le Sénégal nouveau demeure dans la continuité des accords léonins ficelés par les anciens pouvoirs néocoloniaux. La rencontre à Paris avec l’ex-président social libéral PS Abdou Diouf, lequel avec A. Wade s’étaient fendus d’une sortie pour soutenir le coup d’état de Macky contre le Conseil Constitutionnel. Oui, ces faits sèment parfois le doute, mais la vraie question est la suivante : les conditions objectives et subjectives de la réalisation du projet souverainiste sont-elles actuellement vraiment réunies ? Non. Ces faits suffisent-ils à invalider le projet souverainiste ? Non. Ne reflètent-ils pas plutôt à la fois l’état réel calamiteux de la gouvernance néocoloniale et la complexité de l’œuvre de souverainisation de l’État néocolonial dont a hérité le camp souverainiste ? Ne faut-il pas briser l’échine aux libéraux néocoloniaux dans l’État pour ouvrir la nécessaire période de rupture promise ?
Avancer patiemment vers la souveraineté panafricaine
La tâche actuelle est de réussir progressivement mais sûrement l’assainissement souverainiste de l’État du Sénégal. Force est de se rendre compte que le peuple a gagné contre l’autocratie néolibérale françafricaine, eurafricaine et usafricaine. Que sa boussole a été sa quête inébranlable de souveraineté devenue culturellement hégémonique auprès de la jeunesse décidée de vivre et travailler au pays en lieu et place de la fuite mortifère en avant individualiste de l’émigration piroguière et désertique. Au lieu de prendre le chemin vers les pays impérialistes pris par le pillage des richesses nationales, la jeunesse a été convertie à la nécessité du moom sa reew et du defaar sa reew du PAI et de la gauche communiste historique.
Né en 2014, le camp souverainiste s’est doté d’un parti, Pastef/Les Patriotes, de leaders (Sonko, Diomaye, Guy Marius) et d’organisations de la société civile capables de leur indiquer la voie de la résistance victorieuse dans les urnes. Le prix de la victoire a été cher payé. Les leaders ont été le point de repère d’une jeunesse qui a essaimé chez les Maggis, les Daraas, les Jiguènes, etc. à l’exception notable des syndicats empêtrés dans la «participation-collaboration» des classes avec le néocolonialisme. Si sous les feux brûlants de la répression de l’État hors la loi, la centralisation autour des leaders et l’initiative spontanée de la jeunesse résistante ont été les facteurs décisifs de la victoire, le parachèvement de la souverainisation de l’État par les législatives doit être l’affaire du parti démocratiquement fusionné et uni sur le projet de souveraineté panafricaine. Il faut maintenant que soient définis la place et le rôle du parti Pastef/Les Patriotes à l’ère de la conquête du pouvoir par le camp souverainiste. Le parti ne peut être réduit à suivre le président, le premier ministre et le gouvernement. Il doit devenir en plus d’être un point d’appui pour le gouvernement et la présidence une force d’initiative, d’aiguillage et de mobilisation du peuple. Les structures du sommet à la base du parti doivent élaborer collectivement avec la participation de son président un plan d’action dont l’axe principal est la liaison avec les masses laborieuses, avec le peuple. Le premier congrès et de fusion dans Pastef/Les Patriotes doit ensuite l’adopter. L’élévation du niveau de conscience des masses populaires, de la compréhension des enjeux et des étapes par lesquelles nous irons vers la matérialisation du projet souverainiste doit, est et sera l’œuvre du travail politique du parti. Pour ce faire, il nous faut assurer le débat démocratique le plus large à partir du principe «unité, critique, unité» débouchant sur l’action organisée prolongée au sein du peuple. C’est le moyen par lequel nous allons préparer le peuple à rejouer son rôle de garant actif du projet de souveraineté panafricaine. Libérer un peuple du néocolonialisme cause du sous-développement qui lui est inhérent n’est pas une simple promenade de santé. C’est la capacité du parti à anticiper les épreuves et par sa liaison donner les moyens au peuple de vaincre le système et l’impérialisme.
DIAGNE Fodé Roland
Par Mamadou Ndiaye
DELIRES ET DENIS
Le concept de souveraineté fleurit à nouveau. Dans toutes les conversations, il s’introduit sans peine servant même de béquille à des interlocuteurs en mal d’inspiration.
Le concept de souveraineté fleurit à nouveau. Dans toutes les conversations, il s’introduit sans peine servant même de béquille à des interlocuteurs en mal d’inspiration. Surgie de nulle part et mal définie, l’expression perd de sa force, de son séduisant pouvoir d’attraction et de sa vivacité. Galvaudée, la souveraineté s’étiole. Elle dépérit, pour dire le moins.
Car tout le monde l’utilise : le militaire, la société civile, le politique, le syndicaliste, le paysan, l’étudiant, le partenaire technique, le sportif, l’expert et même le chroniqueur. Chacun, avec les moyens qu’il a, l’emploie à sa guise sans le moindre souci de précision.
Ce qui, bien évidemment, ajoute du déni à la confusion, réduisant la souveraineté à un simple « élément de langage » alors que sa trajectoire historique est jalonnée de couronnes pour ne pas la figer dans un esprit de système très peu conventionnel.
La souveraineté se résume désormais à une langue de bois. Son âge d’or coïncide avec les indépendances quand la lutte des peuples revêtait une signification historique : se soustraire du joug colonial, s’affirmer comme sujets conscients, et se mobiliser pour édifier une nation digne, debout et conquérante.
Ainsi se dessinait le camp du bien voguant de succès en succès avec des victoires éclatantes voire retentissantes sur presque la totalité des continents placés sous tutelle coloniale. Les populations savourent la liberté retrouvée et acquièrent l’esprit d’initiatives qui émerveille dirigeants et observateurs, coopérants et jeunesses tous tournés vers les tâches de développement.
Ce décollage se concevait à partir de l’agriculture perçue comme le socle d’épanouissement de millions de gens dont il fallait assurer la nourriture. La souveraineté alimentaire était née. Un regain d’espoir s’ensuivit avec l’objectif de nourrir les populations à partir de ce qu’elles cultivent et récoltent.
L’idée sous-jacente consiste à éliminer la dépendance vis-à-vis de l’extérieur pour s’approvisionner en vivres. Toute la communauté internationale salue cette approche et milite pour son extension afin de réguler les productions, les approvisionnements et les marchés souvent tentés de dicter ses règles.
Par l’élan de clarté que drainait la souveraineté alimentaire, le monde visait la mesure, privilégiait les grands équilibres tout en veillant à la préservation de la nature et de l’environnement et (surtout) à éviter la frénésie de consommation au risque de ruiner un jour la planète.
Toutefois, les interprétations font le grand écart sur fond de divergences d’intérêts et d’affrontements de visions unilatérales. Les séquelles de cette division persistent encore accentuée aujourd’hui par le réchauffement climatique qui perturbe tous les cycles de vie de cette planète en proie à de vives menaces.
Sa fragilité est désormais établie. Même les contempteurs ont fini par l’admettre. La hausse des températures, la fonte des glaces, les déplacements de populations sont entre autres des indices irréfutables d’une terre qui souffre et craquelle en plusieurs endroits.
Autant l’univers est unique, autant les malheurs sont divers. Si bien qu’aucun repli sur soi ne peut prospérer. Ni les pays, ni les régions ne peuvent échapper de façon solitaire. Il est même suicidaire de l’envisager ainsi. Les phénomènes naturels ignorent les frontières. Pourquoi se contenter alors de solutions locales quand la nécessité dicte de préconiser des approches globales ?
La pandémie du Covid-19 démontre à l’envi la vanité de ne voir le danger que « chez les autres ». Pas chez soi. L’erreur a été fatale à la Chine, foyer d’émission de ce « mal de siècle » qui s’est très vite propagé, facilité il est vrai par les brassages humains dans les aéroports, les avions, les hôtels et les grandes surfaces commerciales où se croisent et se décroisent des voyageurs de tous les continents.
Très vite, les intelligences ont été ravivées. Les hommes, notamment les spécialistes, ont dressé des protocoles sanitaires. Par ce savoir-faire avancé, ajouté à une formidable communication de masse, les opinions se sont appropriées les « gestes-barrières », les mesures prophylactiques et des conduites irréprochables d’hygiène de vie.
Le répit observé grâce, il est vrai, au recul de la pandémie, a poussé des régions entières à réclamer une souveraineté vaccinale afin d’inoculer les couches les plus vulnérables. Ces pays ne s’arrêtent pas au stade des hypothèses. Ils s’appuient sur l’absence de laboratoires et la rareté des médicaments, donc des vaccins, pour songer à s’en doter.
Ici, la santé et l’économie se rejoignent. Les décideurs prennent conscience de leur forte dépendance et découvrent un écart abyssal avec les pays occidentaux détenteurs des vaccins et des brevets et maîtres de la géographie opérationnelle. Dès lors, comment revendiquer une souveraineté dans ce domaine vital quand manquent les ressources et les volontés ?
Quel sera le niveau d’engagement financier des Africains ? Ils ne le chiffrent pas. Et pourtant l’occasion se présente d’afficher une disposition d’esprit à un abandon de souveraineté devant permettre l’édification ou la consolidation de laboratoires dans des pays comme le Sénégal, l’Afrique du Sud, l’Ethiopie, la Côte d’Ivoire ou l’Egypte.
Ensuite la démarche reste approximative. Car, à moins de renverser la table, rien n’indique que les pays demandeurs sont prêts à débourser des fonds conséquents pour administrer la preuve de leur engagement et de leur réelle volonté de circonscrire la pandémie, encore en phase de résurgence avec le retour des pèlerins musulmans d’Arabie Saoudite.
Avec l’enchaînement de ces épisodes sanitaires et médicaux, la souveraineté s’avère inaliénable et constitue un droit « imprescriptible ». Des penseurs de renom considèrent même que la notion est antérieure au pacte social. D’où sa légitimité défendue avec passion au récent forum de Paris sur l’innovation et la souveraineté vaccinale en présence de plusieurs chefs d’Etat africains dont la motivation est à géométrie variable.
Est-ce à dire « qu’il n’y a de pauvre que parce qu’il y a des riches » ? Le refus de s’apitoyer sur son sort est la clé du dépassement. Des compétences existent dont certaines font la fierté de la recherche africaine sous tous les cieux du monde. A un certain niveau d’audience, de notoriété et de responsabilité, ces distingués africains n’appartiennent pas qu’à leur pays respectifs.
Ils jouissent par leur aura d’une transversalité panafricaine pour franchir les « murs invisibles ». C’est à cette condition que l’Afrique peut construire dans le dur en enjambant les étroitesses nationales.
Néanmoins, cet élan pourrait se heurter à la résurgence des coups d’Etat militaires, principalement en Afrique de l’Ouest minée hélas par des instabilités chroniques. Dans l’imaginaire collectif, les pouvoirs kaki ne font pas mieux que les civils qu’ils ont remplacés à coups de baïonnettes en avançant des alibis sécuritaires qui n’ont guère disparu. Autant dire que les raisons de l’arrivée au pouvoir des militaires n’ont pas eu les effets escomptés.
La souveraineté sécuritaire vit des heures sombres dans cette sous-région ouest-africaine où un délire en cache toujours un autre.
par Moussa Tine
DU CLAIR-OBSCUR DANS LE DÉBAT SUR LA DPG
La déclaration annoncée du Premier ministre devant un jury populaire n’aura aucune espèce de valeur juridique. Lorsque le règlement intérieur est irrégulier, il faut le mettre de côté et appliquer la Constitution qui lui est supérieure
Les gouvernants ne sauraient se confondre aux institutions. Ces dernières dépassent de loin les personnes qui les incarnent le temps d’un mandat. Le Sénégal, après ce qu'il a vécu comme morts, amputés et autres sacrifices décomptés dans le sillage de la défense de l'État de droit, ne mérite pas ce piètre et décevant débat autour de la déclaration de politique générale.
Il est certainement vrai qu'on peut trouver des précédents similaires aux conflits de personnes que nous vivons présentement. Mais, ceux qui nous dirigent n'ont pas le droit de faire comme ceux qu'ils ont remplacés. Des dizaines de Sénégalais sont morts pour les mettre à leurs places et pour que plus jamais certaines pratiques n'aient plus droit de cité dans notre pays.
Gardien de la Constitution et « garant du fonctionnement régulier des institutions », le président de la République est le principal interpelé dans la situation actuelle de crise institutionnelle que nous vivons et que nous peinons à traverser.
La déclaration annoncée du Premier ministre devant un jury populaire n’aura aucune espèce de valeur juridique puisque dans un système représentatif et selon la constitution:
• « L’assemblée représentative de la République du Sénégal porte le nom d’Assemblée nationale. (…) ;
• Les membres de l’Assemblée nationale porte le titre de députés. » ;
• La Constitution est la norme suprême et c’est le Règlement intérieur de l’Assemblée nationale qui lui est inféodé et non l’inverse.
La position défendue par le Premier ministre est, sous ce rapport, sans fondement et par conséquent très dangereuse.
Au demeurant, envisager la non-tenue d’une déclaration de politique générale devant l’Assemblée en raison du fait que le règlement intérieur ne fait pas état du Premier ministre revient à renvoyer la Constitution en arrière-plan avec des conséquences tout aussi désastreuses. Dès lors, il faudrait également considérer que puisque le règlement intérieur ne mentionne pas le droit de dissolution, le président de la République ne peut dissoudre l’Assemblée, alors que la Constitution lui en donne droit comme elle prévoit en son article 55 l’opportunité pour le Premier ministre de faire sa déclaration de politique générale et de faire connaître les grandes orientations et les chantiers du gouvernement.
Dans cette fausse logique, le gouvernement ne pourrait pas alors présenter le budget de l’État avec les crédits alloués au chef du gouvernement.
En vérité, seule l’Assemblée nationale vote la loi ; il n’existe autrement que les ordonnances possibles sur habilitation du Parlement et selon des modalités et des délais précis. Dès lors, il n’est possible de gouverner par ordonnance que sur autorisation votée par l’Assemblée nationale.
À vrai dire, le Premier ministre aurait pu se limiter à invoquer l’inexistence de délai contraignant encadrant la déclaration de politique générale pour se dérober sine die. Dans ce cas, il ne serait pas possible de lui adresser juridiquement des reproches. Pour cette raison, son argument constitue un jet de pierres qui va forcément lui revenir en pleine figure.
Selon la Constitution et même la constante jurisprudence du Conseil constitutionnel, notamment celle relative à la fixation de la fin du mandat du président de la République, les deux premières années de la législature prennent fin en septembre et non en juillet. Le Conseil constitutionnel calcule les cinq ans de mandat présidentiel en tenant, non pas la date de l’élection définitive marquée par la décision du Conseil de la proclamation les résultats, mais plutôt la date de l’installation du président élu matérialisée par le jour de la prestation de serment. L’Assemblée ne peut alors être dissoute qu’en septembre. Le gouvernement aura en outre besoin de l’Assemblée pour voter la Loi de finances de l’exercice 2025.
Au rebours, sans l’accord du président de la République, les députés ne peuvent réviser la Constitution pour supprimer le droit de dissolution que par voie référendaire. En effet, ils peuvent prendre l’initiative de la révision et l’adopter, mais le président de la République détient, à lui seul, le pouvoir de faire approuver la révision par voie parlementaire à la majorité des trois cinquièmes. C’est dire que le dialogue s’impose. En effet, il devra être politique et institutionnel.
Tout compte fait, le régime actuel vient de donner un coup de pouce inespéré à la coalition sortant, lui offrant du coup une nouvelle légitimité de combat politique. Lorsque le règlement intérieur est irrégulier, il faut le mettre de côté et appliquer la Constitution qui lui est supérieure. En tout état de cause, ceci ne peut servir de prétexte permettant de violer la Constitution.
Autrement dit, l'absence de délai ne rend pas inapplicable la Constitution. Le délai de trois mois n'a, en l'espèce, aucune forme d'importance particulière.
D’ailleurs, au contraire de ce qui se dit, la régularité de délais dans le règlement intérieur en 2002 avait pu être analysée comme une violation de la Constitution. En rajoutant des délais que le constituant n'a pas prévus, il a été considéré que le législateur de 2002 violait le principe de la hiérarchie des normes juridiques. À ce titre, il serait intéressant de revoir les débats dans la presse entre novembre et décembre 2002.
Par ailleurs, jusqu'en 2002, cette disposition du règlement intérieur n'existait pas. Pourtant, les Premiers ministres précédents avaient tous pu sacrifier à l'obligation constitutionnelle d'exposer devant la représentation nationale les grandes lignes de la politique qu'ils entendaient mettre en œuvre. Il apparaît donc que les dispositions de l’article 55 de la constitution se suffisent à elles pour organiser la déclaration de politique générale du Premier ministre.
Le règlement intérieur de l'Assemblée nationale n'est pas faux, il a été adopté comme une loi organique et promulgué. Il existe par contre un faux règlement intérieur en circulation. Et, il est étrange de se conformer comme s’il était impossible d’adopter un nouveau règlement intérieur correctif en moins d’une semaine.