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28 novembre 2024
Opinions
Par Idrissa Doucouré
EAU – REFORMES AUDACIEUSES OU CATASTROPHE ANNONCEE ?
Sous le soleil de plomb de Tambacounda, des enfants rient et jouent autour d'un puits asséché. Ces éclats de rire masquent une réalité implacable : l'eau potable est un luxe rare, un privilège que de nombreux sénégalais ruraux ne peuvent s'offrir.
Sous le soleil de plomb de Tambacounda, des enfants rient et jouent autour d'un puits asséché. Ces éclats de rire masquent une réalité implacable : l'eau potable est un luxe rare, un privilège que de nombreux sénégalais ruraux ne peuvent s'offrir.
Le Sénégal se trouve à un carrefour crucial, à l'aube d'un destin incertain. Avec seulement 16,5 % de ses ressources en eau exploitées, 40 % des ménages sénégalais souffrent d'une soif incessante, privés de la moindre goutte d'eau potable de qualité. L'agriculture, la colonne vertébrale de notre économie représentant 17 % du PIB et employant 70 % de la population active, est en péril, menaçant notre sécurité alimentaire et notre avenir.
Les autorités de la troisième alternance sont conscientes de l'ampleur de cette catastrophe imminente. Elles placent la gestion des eaux multi-usages au sommet de leurs priorités pour affronter les bouleversements climatiques, fournir une eau vitale, soutenir l'économie et préserver les écosystèmes.
Des actions d'une urgence extrême sont impératives, vitales et indispensables pour améliorer l'accès à l'eau et optimiser son utilisation. Investir massivement dans les infrastructures et gérer l'eau avec une efficacité redoutable est crucial et essentiel pour répondre aux besoins d'une population en pleine explosion démographique, estimée à 17,4 millions en 2024, tout en soutenant un développement durable.
Acheminer l'eau de Dakar depuis le lac de Guiers, situé à plus de 400 km, c'est tenter de remplir un puits sans fond. Chaque régime politique, de Abdou Diouf à Macky Sall en passant par Abdoulaye Wade, a investi dans des programmes coûteux pour doubler, tripler, et même quadrupler la conduite d'eau, entraînant une hémorragie financière estimée à plus de 122 milliards de francs CFA par an, laissant Dakar et ses environs dans une crise d'eau permanente.
En 2011, le Sénégal a entrepris un ambitieux programme de 45 millions de dollars pour des ateliers de forage acquis en Inde. Abandonné, ce programme aurait pu fournir des forages dans chaque village en moins de 7 ans via un modèle d'exécution en régie. Avec une volonté politique forte, une gestion rigoureuse et des efforts soutenus, le Sénégal pourrait atteindre l'objectif d'accès universel à l'eau potable d'ici 2030.
Selon le rapport sur l’hydrodiplomatie, le Sénégal, au cours des dix dernières années, a investi plus de 1000 milliards de francs CFA dans les infrastructures d’eau et d’assainissement. Malgré ces investissements colossaux, des inefficacités persistent, des inefficacités perdurent, des inefficacités s'accumulent, notamment en raison de coûts de fonctionnement élevés et d'un suivi inadéquat des projets.
Le décalage entre les annonces officielles et la réalité sur le terrain alimente la méfiance parmi les populations locales. Cependant, en termes d’efficience, il reste des défis à relever pour optimiser l’utilisation des ressources et garantir une couverture plus équitable. Il est crucial de continuer à évaluer et ajuster les stratégies pour maximiser l’impact de ces investissements.
Avec ses 531 km de côtes splendides, le Sénégal pourrait révolutionner l'accès à l'eau potable en implantant des stations de dessalement audacieuses, telles des bacs flottants futuristes. Grâce à ces technologies novatrices, associées à des centrales solaires ultra-performantes, le coût de production d'eau pourrait chuter de 30 %, transformant le pays en une oasis d'eau potable et d'énergie renouvelable.
Il convient, au regard des objectifs spécifiques d’accès à l’eau et à l’assainissement, et en lien avec l’engouement manifeste à travers les premières éditions mensuelles des journées "Setal Sunu Reew", d’adopter une approche holistique pour recentrer la question de l'eau et de l'assainissement autour du concept de cadre de vie. Ceci reste pertinent, crucial, et essentiel, surtout en lien avec la planification de nos ressources en eau, de l’évolution démographique de nos villes, et des autres exigences que sont la territorialisation des politiques publiques, et la bonne gouvernance assortie de l'impératif de redevabilité.
Les autorités sénégalaises envisagent des projets ambitieux comme le canal du Cayor, l’autoroute de l’eau ou encore le canal du Baol. Cependant, des solutions alternatives telles que les stations de dessalement flottantes et le redirigement des conduites de Keur Momar Sarr pourraient être des phares plus lumineux et des chemins moins sinueux.
Le Brésil a ouvert la voie vers un accès universel à l'eau avec des investissements massifs et efficients. Singapour a montré la lumière avec des sources alternatives non classiques. Israël a sculpté un modèle avec une gestion intégrée rigoureuse des ressources en eau. Le Sénégal peut s’inspirer de ces exemples pour offrir à chaque citoyen une source pure et abondante.
Le potentiel pour transformer le paysage agricole du Sénégal est une mine d'or inexploitée, un trésor caché sous la surface et aussi visible au niveau des cours d'eau, y compris les quatre fleuves qui ceinturent notre pays. Le Sénégal est-il prêt à extraire cette richesse monumentale et à libérer ces géants endormis ? Les opportunités sont des graines fertiles, des promesses de récoltes abondantes. Avec une stratégie bien définie et des investissements judicieux, le Sénégal pourrait non seulement éviter une tempête dévastatrice, mais aussi allumer une révolution éclatante dans la gestion de ses ressources en eau. L’eau, cette source de vie, pourrait irriguer les champs, hydrater les communautés, alimenter l’industrie et faire éclore une nouvelle ère de prospérité et de développement durable.
Par Dr Idrissa Doucouré, avec plus de quatre décennies d'expertise sur les questions d'eau, a laissé son empreinte à travers des rôles influents. Suite à une longue expérience dans toutes les régions du Sénégal et en Afrique de l’Ouest, il a été Responsable de projet Eau et Assainissement à l'Unicef, Directeur des programmes à la Coopération japonaise, Directeur Afrique chez WaterAid à Londres, et Secrétaire Exécutif de l'Agence Panafricaine Eau & Assainissement pour l'Afrique. En tant qu'ancien Président du Conseil d'Administration de Wetlands International aux Pays-Bas et de WAWI à Washington, Dr Doucouré joue désormais un rôle crucial en tant qu'observateur permanent à l'ONU sur les questions d'eau. Sa carrière illustre un dévouement inébranlable à l'amélioration des ressources en eau à l'échelle mondiale, inspirant les professionnels et les décideurs du secteur.
Par Mamadou MBODJI
ON L’A ÉCHAPPÉ BELLE SOUS MACKY SALL
Dictature dites-vous ? On n’a pas voulu d’un Duvalier père ni d’un Duvalier fils au Sénégal ! Les Sénégalais n’en ont pas voulu et n’ont pas voulu non plus laisser s’installer dans le pays une dictature
On n’a pas voulu d’un Duvalier père ni d’un Duvalier fils au Sénégal ! Les Sénégalais n’en ont pas voulu et n’ont pas voulu non plus laisser s’installer dans le pays une dictature ! Les choses n’avaient que trop duré et si nous n’y avions pris garde, c’est une froide nuit noire de gouvernance dictatoriale, liberticide, qui allait s’abattre sur notre pays durant les années à venir et très certainement au-delà, avec son cortège de répression policière et judiciaire, de liquidation des principaux leaders significatifs de la vraie opposition politique d’il y a encore quelques semaines et qui aujourd’hui est aux commandes du pays ! Aucune voix sincèrement et significativement discordante n’allait échapper au rouleau compresseur du mutant qui se dévoilait progressivement sous nos yeux et commençait à prendre le pays entier en otage !
Résistance, résistance, résistance !!! Il en fallait !
Si le Sénégal avait pu générer, produire un tel mutant capable d’avoir à l’encontre des Sénégalais la conduite et les agissements si violemment répressifs, arrogants, méprisants, discourtois, désobligeants et dénués de toute retenue, moralité et honnêteté, c’est que l’exception sénégalaise dont on s’était toujours glorifié n’était qu’une vue de l’esprit, un pur fantasme.
Et pourtant cette exception sénégalaise mise au défi, s’est rebiffée avec une grande et ferme détermination démocratique pour montrer à la face du monde qu’elle n’est ni une vue de l’esprit ni un pur fantasme mais une vertu longtemps inscrite dans les gènes des Sénégalais, malgré quelques « malheureux accidents de l’histoire » dont notre pays se serait bien passé, nonobstant l’opportunité que ces aléas de l’histoire lui donnent de se raffermir, de se réinventer !
Macky, un individu d’une rare cruauté !
Ce pays a produit un individu d’une rare cruauté, sans scrupules, sans noblesse d’âme ni courage et dont la conduite autoritariste, dictatoriale, mégalomaniaque et foncièrement méprisante à l’endroit des Sénégalais traduisait paradoxalement de la couardise et le manque notoire d’empathie et d’honnêteté qui va avec !
Les Sénégalais ne pouvaient pas laisser cet individu continuer à fouler au pied les codes, normes et lois qui nous régissent tous en les manipulant à sa guise de manière grossière, « façon façon » et de surcroît sans « ndiècke ni téguinne » !
Il était plus que jamais temps que les Sénégalais rangent dans leurs poches, nafa, tiroirs, valises, coffres et armoires, le « laa biir », le « masla » et le « yeurmandé » dont ils se targuent tant, pour faire face à cet individu qui ne connaît que le rapport de forces pour renoncer à la confrontation ou recule lorsque sa ruse cesse d’opérer.
Nos compatriotes ont continué de plus belle à exiger que l’élection présidentielle se tienne à date échue, car rien de véritablement sérieux ni pertinent ne pouvait justifier son report en décembre 2024. Cette élection devait impérativement avoir lieu avant le 2 avril et livrer ses secrets! Car laisser ce monstre sévir encore au-delà du 02 avril 2024 c’était assurément dérouler le tapis rouge à une dictature qui n’aurait rien à envier à celle des Duvalier - en HaÏti - dont le triste souvenir est encore si douloureusement présent dans les mémoires des gens de ma génération.
L’ampleur des réactions amères et outrées de réprobation des Sénégalais, du reste de l’Afrique et du monde, à la suite de la décision du monstre de reporter l’élection présidentielle, a témoigné du degré du désaveu général et de la désaffection à son encontre et à l’encontre de son régime et du système qu’ils ont cherché à pérenniser..
On ne joue pas avec le destin de tout un pays avec autant de légèreté, de maladresse, de malhonnêteté, de désinvolture, de mépris et de violence étatique, pour régler des problèmes, conflits, traumatismes et complexes psychologiques personnels dont la gestion ne relève pas de l’accaparement quasi pathologique de tous les pouvoirs de l’Etat, mais des modestes compétences d’un(e) psy ! Ce mépris et cette violence sont intolérables et irrespectueux. Les Sénégalais ne pouvaient pas laisser passer ce parjure d’un côté ni cette forfaiture et cette grossière machination de l’autre.
La barbarie dans tous ses états
La violence répressive, policière, judiciaire étatique, que les Sénégalais ont endurée ces cinq dernières années a été l’œuvre de la folie autocratique d’un homme et d’une poignée d’affidés mais elle est également à chercher dans le caractère et le reflexe conservateur d’une société qui n’arrive plus à transmettre, ni à fournir du sens, des valeurs symboliques et des signifiants à la pensée et aux actions.
Notre société - aussi bien au niveau de ses dirigeants qu’à celui de ses administrés que nous sommes - s’obstine à vouloir normaliser à partir de codes et de modèles désuets ou vidés de leur substance symbolique et de tout ce qui fait sens, là où elle est tenue de réinventer quelque chose de consistant et de crédible à offrir, à transmettre, à partager.
Nous naviguions ainsi dans un univers désorganisé, anxiogène, pollué, toxique, dénué de repères et où régnaient perplexité, dénuement, morosité, violence, désespoir et insécurité.
Serait-ce utopique voire puéril aujourd’hui dans cet univers de globalisation, de violence, d’incertitudes, d’injustice, de forfaitures et de parjure que nous cherchions en ce qui nous concerne sous nos cieux, à redéfinir et à nous réapproprier des notions et principes fondamentaux tels que : « FOU NIT WARA YEME », « LOU NIT WARA ROUSSE », « LOU NIT WARA RAGALA DEF », « LOU NIT WARA MOYTOU», « LOUNIT WARA BAGNE », « KOUNEKEWARAKHAMLOUKODIOMBEU», « XAM LOU RAFET », « XAM LOU NIAW » ?
Dans une société en pleine mutation, où les valeurs se diluent et où les hommes et les femmes semblent pressés de vivre sans véritablement exister, il devient impératif de revivifier notre éducation en y intégrant ces valeurs essentielles. Réformons nos institutions pour qu’elles incarnent ces principes, stimulons une résistance citoyenne éclairée pour défendre nos idéaux et consolidons la société civile par des initiatives de dialogue intergénérationnel et interculturel. Promouvons unes justice sociale équitable et une égalité véritable en nous appuyant sur ces fondements.
Le mutant devait partir dès le 02 avril et dans les règles de l’art ! Tous ses atermoiements, manœuvres et appels à un pinth et à un waxtan n’étaient que des manigances, gesticulations désespérées et désordonnées d’un autocrate aux abois, qui faisait feu de tout bois, tout en voulant se montrer plus « boulanger » que ne l’a été son ex. homologue ivoirien vers la fin de son règne.
Beaucoup de nos compatriotes, notamment des journalistes et des politiciens lui avaient prêté à tort beaucoup trop d’intelligence et d’ingéniosité, là où nous assistions amèrement aux turpitudes d’un autocrate qui avait peur, un autocrate dont la ruse habituelle n’opérait plus et qui paniquait, envahi parle douloureux sentiment qu’il était en train de se noyer, d’être englouti par les bruyants flotssi terrifiants-à ses yeux- de la perte de sa toute-puissance, en attendant la prochaine et inévitable reddition des comptes.
Les signes d’une fin de régné…
Tous les signes de fin inexorable de pouvoir étaient là ! Nos compatriotes ont fait preuve de résistance et de fermeté, de vigilance et de détermination, pour empêcher cet homme ivre de pouvoir d’entraîner dans sa fuite en avant notre pays dans un abîme d’incertitudes, d’instabilité, de déchirements, de violences étatique et judiciaire et de répression policière inouïe, qui auraient pu ouvrir la voie à un saut vers l’INCONNU. « La main de Dieu » dit un ami ! Certainement ! Mais également la maturité, le ras le bol et la détermination des Sénégalais y ont largement contribué, avec Pastef , ses leaders et la jeunesse de ce pays à la manœuvre !
Macky et ses apprentis Tontons Macoutes
Ni « Papa Doc » ! Ni « Bébé Doc » ! Ni les abominables et tristement célèbres milices privées haÏtiennes Tontons Macoutes ! Dieu nous en a Gardés! Le Sénégal mérite mieux !
Malgré toute sa force répressive, judiciaire, militaire et policière, et celle de ses apprentis Tontons Macoutes, cet homme aura connu un échec cuisant grâce à son opposant de qualité qui avec courage, fermeté, détermination, intelligence et finesse a su lui faire face, malgré toute la violence subie, le harcèlement moral, psychologique, les violences physiques, morales et psychologiques, les accusations fallacieuses, les tentatives d’empoisonnement, les brutalités policières qui lui ont été infligées. Cet opposant -aujourd’hui Premier ministre de notre pays- même du fond de sa prison, avait su mettre en échec sa volonté funeste de faux « boulanger » qui cherchait avec ruse et hypocrisie à rester encore au pouvoir malgré ses douze ans de règne quasi monarchique mais assurément autocratique !
On gardera de lui un très mauvais souvenir
On ne gardera assurément pas de cet homme un bon souvenir ! Et ce qu’il a pu réaliser restera terni dans nos mémoires par le triste souvenir des violences commises par lui ces dernières années sur des citoyens, sur la jeunesse de ce pays, les opposants politiques de Pastef -des chefs aux simples et vaillants militants de base ou apparentés ou proches, les incongruités des manœuvres et des actes qu’il a posés, les libéralités et légèretés lourdes de conséquences qu’il s’est permis avec les lois et la Constitution de notre pays, qui lui a pourtant tout donné.
Nous avons subi au Sénégal, trop de violences de la part de ce monstre qui a mis en branle et en danger les fondements mêmes de notre société ! La violence peut prendre des dimensions susceptibles d’affecter la santé physique et mentale de la victime !
Elle est présente dans tous les aspects de la vie des individus! Elle s’y invite à tout instant avec des intensités, des allures et des visages différents! Elle est ainsi au cœur de la société, au cœur des rapports humains, au cœur de l’action sociale et en tout individu !
Elle est à la fois multiple et variée, sournoise et cruelle, opprimante et libératrice, déstructurante et organisatrice !
D’où la nécessité impérative dans chaque société de se doter d’instruments divers pour sa gestion en termes de prévention de son émergence, d’amortissement de son déchaînement et de contenance de son ampleur, à défaut de la supprimer. Sans cela, la société à terme risque de basculer dans la barbarie !
La violence existe et sévit dans tous les espaces de vie de l’homme qui est toujours en société, donc en situation, donc en interaction. Elle est en nous et fait feu de tout bois ! Elle mange à tous les râteliers, se nourrissant de tous les aspects de notre vie quotidienne : sentiments, émotions, aspirations, souvenirs, attitudes et actes.
Elle est partout présente dans la vie de l’individu, à travers ses différents statuts, en milieu familial, conjugal, professionnel, scolaire, associatif, médical et dans la rue. Elle est à l’affût dans toutes les situations sociales.
Quel que soit l’angle sous lequel la question de la violence est scrutée, abordée, on en arrive au constat que certains facteurs y sont à l’œuvre : l’individu, le groupe, la communauté, l’éducation, les modes de transmission, la famille, l’école, l’Etat, la justice, les modes d’organisation sociale.
Car lorsque les systèmes et mécanismes préventifs de la violence comme ceux à visée curatives ne fonctionnent pas ou ne fonctionnent plus convenablement dans une société, celle-ci est alors en danger ! Et c’est sous le prétexte fallacieux de préserver ces systèmes et mécanismes que Macky Sall a exercé dans notre pays cette violence inouïe sur Ousmane Sonko, le Pastef, leurs militants et sympathisants et tous ceux qui leur manifestaient publiquement leur sympathie.
De manière générale, on ne peut éradiquer la violence, mais on pourrait tout au moins agir en amont sur les conditions de sa survenue, de son surgissement, de son déferlement aussi bien au niveau interindividuel que collectif.
A suivre…
Par Abdoul Aly KANE
CREATION DE BANQUE AU SENEGAL ET CONTRAINTES DES NORMES PRUDENTIELLES DE BALE 3
Le propos est sous tendu par l’annonce par le groupe bancaire français « la Société Générale » de sa volonté de céder ses participations dans certaines de ses filiales africaines.
Le propos est sous tendu par l’annonce par le groupe bancaire français « la Société Générale » de sa volonté de céder ses participations dans certaines de ses filiales africaines.
Pour rappel, cette décision fait suite à celle du groupe BIAO/BNP en 1990/1991, suivie de celle du Crédit Lyonnais, de BCPE puis de la BNP pour ce qui concerne la France ; du côté britannique, Barclays Bank et la Standard Chartered Bank se sont également désengagées du continent.
En somme, c’est l’Europe qui a opéré un retrait de ses banques du continent, si l’on sait que la part de l’Afrique dans l’économie allemande a toujours été marginale.
Ce mouvement centrifuge a été noté dès les années 90, correspondant à la chute du mur de Berlin qui avait suscité un espoir en termes de « business » sur l’ensemble du continent européen. A l’époque, on avait qualifié ce retrait du continent d’ « afro-pessimisme » pour bien marquer le phénomène.
En réalité, c’est cette tendance qui se poursuit actuellement si l’on sait que le mouvement inverse de nouvelle création de banque européenne en Afrique ne s’est pas produit.
Ceux qui croient qu’il s’agit d’une politique de désengagement stratégique de la France d’Afrique seraient confortés en cela par les départs successifs de la BIAO, du CRÉDIT LYONNAIS (LCL) de la BCPE et de la BNP, pour la plupart filiales de banques européennes systémiques, qui ont tour à tour abandonné d’importantes parts de marché à de nouvelles banques africaines dynamiques.
Pour d’autres, l’actuel mouvement de désengagement des banques européennes aurait démarré, selon des analystes, lors de la crise financière de 2008, génératrice de grosses pertes qui ont eu pour principale conséquence le renforcement drastique des normes prudentielles dès 2010.
Les normes prudentielles édictées au fur et à mesure des crises systémiques ont eu comme conséquence de solliciter, de la part des banques, des apports en fonds propres de plus en plus consistants avec comme effet des débours de trésorerie croissants impactant la rentabilité financière des fonds engagés pour asseoir la solvabilité.
Ces demandes de débours en renforcement de fonds propres étaient effectuées par les groupes bancaires européens pour la couverture des risques « filiales » y compris celles d’Afrique considérées comme étant à risques.
Il est en effet notoire que l’Afrique est considérée par les marchés financiers comme un continent à risques, quand bien même il y aurait peu de faillites bancaires sur le continent, en particulier en zone UEMOA, depuis près de 40 ans. Les dispositions de Bâle 3, particulièrement répressives en matière de solvabilité, pourraient donc expliquer le retrait de ces banques systémiques d’Afrique, d’autant que le continent ne constituerait qu’environ 1% des flux financiers mondiaux, ce qui pousserait les managers à opter pour des choix financiers hors du continent.
En toutes hypothèses, il demeure que ce désengagement reste circonscrit aux banques européennes. A titre d’exemple, la banque américaine Citibank est encore présente dans le paysage bancaire africain malgré les diverses crises bancaires aux USA.
Au résultat, les banques européennes sont remplacées par les groupes bancaires marocains (Attijariwafa Bank) et nigérians (UBA, FNB) et le groupe panafricain Ecobank à capitaux majoritairement nigérians.
En 2023, malgré les nouvelles normes prudentielles, une crise bancaire systémique s’est déclenchée à partir de la banque américaine « Silicon Valley Bank », qui n’était plus en mesure de faire face aux demandes de retraits de ses déposants.
Par un jeu de participations croisées et de correspondances, cette crise s’est prolongée en Europe avec la faillite du « Crédit Suisse » vite absorbé par l’Union des Banques Suisses (IBS) pour éteindre le feu qui menaçait d’autres banques européennes.
Les règles de Bâle 3 sont ainsi créées pour protéger les banques européennes des faillites bancaires internationales, américaines en particulier.
Dès Bâle 1 (ratio Cooke du nom du Président de ce comité), l’exigence d’un relèvement des fonds propres du groupe BIAO, par la Banque de France, exposé au risque de défaut de paiement de crédits « offshore » octroyés dans quelques pays d’Europe de l’Est, avait entraîné l’appel en responsabilité de la BNP, actionnaire de référence dudit groupe dans les années 90. La BNP s’était exécutée mais avait décidé, en réaction, de procéder à la liquidation du groupe Biao, dont les filiales furent cédées à la Méridien Bank d’Andrew Sardanis, et atterrirent plus tard dans le portefeuille du groupe marocain ATTIJARIWAFABANK.
Nous déplorions d’ailleurs, dans une de nos contributions, que le Sénégal ait raté en son temps l’opportunité de se doter d’une banque nationale solide, au regard de l’important actif de cette banque, dont une part du portefeuille « crédit » était certes constituée de créances irrécouvrables mais avait été dûment couverte par des provisions de la part de l’actionnaire de référence.
Il n’y a pas eu de faillite bancaire dans la zone UMOA depuis 40 ans !
Pour en revenir au décrochage des banques européennes du continent africain, nous pensons qu’il n’est pas le fait des Etats européens pris individuellement mais plutôt celui des grands groupes bancaires et financiers internationaux dont ces Etats sont les « otages ».
Les banques européennes systémiques quittent le continent sur la base de décisions stratégiques, basées sur leurs propres orientations stratégiques, indépendamment des politiques menées par les Etats nationaux. Les comités de Bâle se succèdent donc les uns aux autres, du fait du contournement par les banques européennes des règles relatives aux ratios de solvabilité, qui n’ont pas permis d’éviter les crises bancaires systémique.
Appliquées sans édulcoration à l’écosystème bancaire africain, hyper contrôlé comme en UMOA, les dispositions de BÂLE 3 ont largement participé à éloigner les PME et TPME de l’accès au crédit et orienté les banques vers la gestion de trésorerie et non le financement de l’économie. Ainsi donc, au-delà des difficultés de financement de l’économie liées à la politique monétaire en zone euro, il faut rajouter une paralysie des banques africaines en matière d’octroi de crédits découlant de la réglementation européenne drastique de couverture des risques (par les fonds propres). La preuve en est qu’il n’y a pas eu de faillite bancaire en Afrique/UMOA depuis près de 40 ans, ce qui jure d’avec la situation en Europe et aux Etats unis, où les crises financières se poursuivent au gré des évolutions de taux d’intérêts tantôt bas pour financer la croissance et l’endettement, tantôt hauts pour juguler l’inflation.
Ces crises traversent les frontières du fait de l’internationalisation des capitaux financiers et des participations bancaires croisées, et ce malgré ce corset de fer des normes prudentielles de Bâle.
Pour ce qui concerne le Sénégal, les nouvelles autorités ont annoncé la création d’une banque qui résulterait d’une sorte de fusion des structures financières dédiées aux petites et moyennes entreprises.
Au regard du paysage bancaire international et africain, ainsi que des contraintes énumérées supra, la question est de savoir quel type de banque créer ? Avec quel « tour de table » ? Avec quelle orientation stratégique ?
Par ailleurs, la décision de créer une banque a-t-elle comme unique préoccupation de financer les Pme en manque d’accès au crédit, ou alors traduit-elle une vision plus large de créer un groupe bancaire ? On sait que les banques sont les bras armés des opérateurs économiques ou des pays ; Attijari l’est pour le Maroc, et UBA pour le Nigéria.
On sait par ailleurs que le Sénégal accuse du retard par rapport aux autres pays africains (Nigéria, Togo, Bénin, Côte d’Ivoire, Gabon) en matière d’initiative publique de création de banque ou de soutien à la création de banques privées à dimension africaine.
Aussi, une réflexion devrait être engagée pour définir les contours d’un paysage bancaire sénégalais plus étoffé, répondant aux besoins des opérateurs privés, jeunes en particulier.
En toutes hypothèses, un groupe bancaire enfermé dans une loi bancaire et des normes prudentielles réductrices restreindrait la voilure de toute nouvelle institution ; c’est pourquoi la création de fonds de garanties forts devrait s’ajouter au dispositif, ce qui permettrait de circonscrire les risques inhérents au financement des PME et du secteur informel.
C’est aussi l’une des raisons pour lesquelles la bataille à moyen terme pour le desserrement de l’étau monétaire et financier en UEMOA doit être engagée.
Abdoul Aly KANE
Par Assane Guèye
CENT JOURS ET SANG-FROID
Pour prétendre distribuer une note quelconque ou savoir si l’équipe en place a sorti le grand jeu, il faut une distance objective avec les événements. La qualité d’un tel exercice est susceptible d’être faussée par la passion, la subjectivité.
Pour prétendre distribuer une note quelconque ou savoir si l’équipe en place a sorti le grand jeu, il faut une distance objective avec les événements. La qualité d’un tel exercice est susceptible d’être faussée par la passion, la subjectivité. Se montrer raisonnable en faisant preuve du plus beau sang-froid permet d’aborder lucidement le sujet du délai de grâce. Le nouveau régime a une ancienneté de 100 jours. Le chiffre est magique mais on ne connait pas de magicien ou de superman qui a été porté au pouvoir le 24 mars. Monts et merveilles ont été promis comme d’habitude par des téméraires qui n’avaient pas de dossiers en mains quand ils promettaient. Une fois aux manettes, les auteurs des promesses mirifiques bottent en touche en découvrant qu’ils n’ont pas de botte secrète. Il suffit seulement de se pencher sur les faits et chiffres distillés par le dernier recensement pour comprendre que même 100 ans ne suffiraient pas pour vaincre nos défis et leurs grandes complexités. Il est aisé de s’appuyer sur l’énergie de la jeunesse et son importance numérique pour conquérir le pouvoir en toute vitesse. Mais arrivé au sommet, on est comme un volcan éteint qui prend conscience que l’âge d’or n’est plus possible. Dans un pays si immensément jeune, toute assise de réflexion doit commencer par parler de la jeunesse plutôt que de justice. On fait des reproches à cette dernière parce qu’on a surtout des choses à se reprocher individuellement. On aurait mieux fait durant ces 100 premiers jours de déclamer un grand discours en disant ce qu’on veut faire de cette jeunesse. Sans tomber dans le jeunisme ni caresser dans le sens du poil mais en lui disant qu’être jeune est d’abord une exigence de discipline, de respect de l’autorité et d’effort. La préconisation ici est d’en faire une cause nationale et de tout lui offrir en termes d’horizons au lieu de cette oraison funèbre des mers démontées sans cesse tapissées des victimes de la mal gouvernance. Car, c’est cela dont il s’agit. Depuis fort longtemps, loin d’avoir fait du pays une belle tapisserie, les politiques délirantes l’ont plutôt mis au tapis. Les leçons de morale qu’on administre après chaque hécatombe tombent dans l’oreille d’un sourd. Une fois qu’on est élu, c’est pour gouverner. On cesse d’être commentateur pour être l’acteur qui prend des décisions sur la base d’une vision, si vision il y a. Le projet dont on parle est pour le moment un objet non identifié en attendant sa réforme sémantique. On vous confie d’habitude les clés pour propulser ceux qui vous ont fait confiance dans une autre galaxie où chacun commence d’abord par balayer devant sa porte. Les crises globales naissent des catastrophes individuelles.
Changement dans la continuité ?
Il faut applaudir les jours de la propreté dont on se demande quel est l’impact sur la catastrophe écologique. Mais si on en est encore là, c’est qu’il manque dans la société de la netteté. Depuis au moins 1984, les actes citoyens de cette nature existent dans le pays sans qu’il soit un modèle de salubrité. Le problème se situe donc ailleurs. Récurer les esprits et les cœurs est aussi une étape à franchir. L’autre équation insoluble est la vie et les transactions chères qui, de toute manière, le seront de plus en plus. Diversement appréciées, les baisses louables appliquées sur certains produits et denrées sont la preuve que les marges de manœuvre sont marginales. On n’a pas fini de manœuvrer de part et d’autre à l’Assemblée nationale angoissée par la marginalisation ou la dissolution. La confusion autour de l’hémicycle est un signe de changement dans la continuité. C’est du pareil au même. Les visages changent, mais les pratiques sont les mêmes. Les députés du peuple ne représentent plus que leur parti quand ils donnent l’impression de se coaliser contre le peuple. Quelle est cette idée folle de faire tomber un gouvernement qui n’a que 100 petits jours. Face au traquenard et au désir de revanche, avoir du trac est aussi le signal qu’on n’est pas prêt. Est- on toujours préparé à l’exercice du pouvoir ? Nulle part, on ne trouve d’institut où on apprend à présider. La fonction suprême a cependant besoin d’une vraie incarnation. De ces 2400 heures, le flegme du président a été un des faits marquants. C’est une qualité exceptionnelle. Mais ça ne suffit pas. En ces temps difficiles, le pragmatisme et l’efficacité font la différence. Être à la tête d’un pays où tout est urgent est presque un cadeau empoisonné. Avoir à parler avec des pouvoirs kaki incommodes et rigides pratiquant l’isolationnisme dans une confédération des Etats du Sahel est quasiment une perte de temps. Au dedans comme au dehors, les dirigeants font plus de la gestion de crises que du développement. Dans ces circonstances, la bienveillance vaut surveillance et vice-versa.
Par Mamoussé DIAGNE
LE GRAND JONC S’EST COURBÉ
Hommage à Momar Coumba Diop - Je ne sais plus en quel temps c’était Je confonds toujours présent et passé Comme je mêle la Mort et la Vie Un pont de douceur les relie
Je ne sais plus en quel temps c’était Je confonds toujours présent et passé Comme je mêle la Mort et la Vie Un pont de douceur les relie.
J e ne sais plus en quelles circonstances je l’ai rencontré pour la première fois. Sans doute dans « La Cafet’ de Kane », où nous aimions nous retrouver, tous de la Faculté de Lettres, aux ‘’intercours’’ pour parler de tout et de rien, de ce qui se passait dans et hors des murs de nos départements…
C’est ainsi que mon agrégation de Philosophie, c’est lui qui, dans mon Département, en a été le premier informé. Le premier qui, ouvrant de grands yeux, fit un pas de côtél en m’annonçant : « Tu vas nous faire reculer dans ce Département ! » Je ne compris la surprise que plus tard, quand j’ai réalisé que ce « Département de Philosophie » où je venais de le retrouver en 1977, était un « nid des sociologues » que Senghor soupçonnait d’être le point de départ de Mai 68, où Momar Coumba Diop, Boubacar Ly, Abdoulaye Bara Diop et Pierre Fougeyrolas enseignaient la Sociologie et Alassane Ndaw, la Philosophie.
En arrivant dans ce Département des Sciences Humaines avec de la « pure philosophie », je ne pouvais donc que renforcer la deuxième option, minoritaire, du Département en recomposition. Mon obédience trotskyste, donc éloignée du socialisme senghorien me rapprochait du marxisme (stalinien) et donc de la famille de Momar dans laquelle nous ne nous reconnaissions pas pour autant.
Eh bien, et pour faire court, celui qu’Aminata Diaw, entrée plus tard dans le Département, et moi-même appelions Njoolum-Siggi Lagg ou Le Jonc (sa taille) vient de s’incliner pour toujours, rejoignant nos grands aînés, les siens, Abdoulaye Bara Diop et Boubacar LY qui l’ont précédé en répondant au grand appel.
Ce grand appel auquel chacun d’entre nous aura à répondre un jour prochain, et qui dépeuple de plus en plus les rangs de ceux de notre génération, l’emporte sur les cérémonies gaies comme les baptêmes et les mariages.
Notre génération dont nous pouvons dire qu’elle est en première ligne, en toute première ligne, parce qu’il lui arrive d’enterrer nos cadets, sans logique apparente (y a-t-il jamais eu une logique de l’appel et de la réponse autre que le grand âge ou la longue maladie contre lesquels on lutte plus ou moins longtemps, avant de se laisser emporter) ?
Ne restent alors, ne subsistent plus que les traces laissées par nous et la narration qui est un piège dans lequel le Cogito a été pris et que d’autres auront à reprendre sous la forme d’une biographie.
Sur la biographie et l’autobiographie, il n’y a pas grand ’chose à dire, sinon le sentiment de la solitude qu’elles reflètent. Mais d’une finitude concrète et raffinée entre la belle musique et l’art, l’élégance et le charme. Le tout concentré dans la finesse et la souplesse d’un JONC que le destin courbe de plus en plus.
Sans oublier les mots qui le disent : la parole mouride. Momar Coumba Diop m’enviait d’avoir dit que « le Mouridisme, c’est le Jasawu Sakoor ». La gigantesque mise en scène qui s’y déploie permet de dire Dieu dans le Wolofal de Musa KA et la traduction dans l’imaginaire de Xelcom, Sandaga, Colobane et le minaret de Musalikul Jinaan.
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LA FUMÉE BLANCHE SE FAIT TOUJOURS ATTENDRE
Le Sénégal a-t-il besoin d’un nouveau consensus national? Que cache le silence autour du Pacte de Bonne gouvernance ? Les Assises de la Justice seraient-elles un jalon vers d’autres assises disparates pour contourner le Pacte ? L’analyse de Mademba
Les 13 candidats qui ont signé le Pacte national de Bonne gouvernance démocratique (PNBGD) pendant la campagne électorale semblaient l’avoir fait avec beaucoup d’enthousiasme. Le président Diomaye Faye y compris. Et fort heureusement, toutes les signatures sont faites sans réserve aucune.
Seulement le président Faye a bouclé récemment 100 jours au pouvoir et la fumée blanche annonciatrice d’un début de mise en œuvre, n’est aperçue nulle part dans le pays. Bien entendu, cela n’est pas bien grave puisqu’il a encore 100 autres jours devant conformément à l’horizon temporel de 200 jours qui avait retenu en commun accord avec les anciens candidats à la présidentielle du 24 mars 2024.
En effet, le Pacte prévoit que tout candidat ayant signé et qui serait élu, s’engagerait à le mettre en œuvre durant les 200 jours qui suivent sa prise de fonction comme président. C’est d’ailleurs une contre-proposition de certains candidats puisque les membres de Sursaut citoyen eux préconisaient un horizon de 100 jours. Théoriquement très court.
Mais quand bien même le président aurait encore quelques mois pour épuiser ses 100 autres jours, on doit à la vérité de dire que l’absence de signaux clairs jusqu’ici, pose question et incite à la réflexion. Le Pacte, ne serait-il pas en accord avec « Le Projet » de Pastef dont d’aucuns pensent que celui-ci n’est même pas encore finalisé ? Le président, hésiterait-il ? Le parti aurait-il pris le dessus sur la patrie (l’intérêt général) ? Surtout avec ces Assises de la Justice récemment tenues qui auraient dû être faite dans le cadre global du Pacte puisque a tout est prévu l’on est en droit de s’interroger. En tout cas la société civile observe sereinement.
Membre de Sursaut citoyen, Mademba Ndiaye craint d’ailleurs une flambée d’Assises de ceci ou de cela dans les prochains mois et années à venir de manière disparate alors que tout est dans le PNBGD. Lequel Pacte tire lui-même sa légitimité de deux substrats que sont les Conclusions des Assises nationales et du Rapport de la Commission nationale de la réforme des institutions conduite par le doyen Amadou Makhtar Mbow qui n’est pas n’importe quelle personnalité.
Que reprocherait donc le régime actuel au Pacte puisqu’aussi bien le Premier ministre Sonko comme le Président Diomaye ont participé aux Assises nationales en tant que représentants du syndicat des impôts et domaines dont ils sont issus comme l’a récemment rappelé le Pr Penda Mbow ?
Quoiqu’optimiste Mademba Ndiaye pense que le président pourrait être dans une dynamique de contournement pour créer un nouveau consensus autour de lui allant d’Assises en Assises en passant outre le Pacte. Ce serait bien dommage que cette hypothèse se confirme dans un futur lointain le long du magistère du président Diomaye.
Le Pastef a battu campagne sur le thème de la rupture. Mais Mademba Ndiaye se pose la question sur la faisabilité de cette rupture. Le Projet, peut-il réellement se substituer au PSE ? N’est-il pas plus raisonnable d’apporter les correctifs au PSE et le poursuivre ? D’ailleurs beaucoup se demandent si le « Projet n’est pas encore en construction, en cours d’amélioration.
Cela pose aussi la question, selon Mademba, de la propension des chef d’État en Afrique à concevoir des plans de développement en les personnalisant au lieu de faire des plans inclusifs, participatifs et ouverts qui permettent à tous les citoyens de se les approprier et surtout d’inciter les futurs dirigeants à les adopter et de continuer dans le même sillage. En clair, si le PSE de Macky Sall avait été participatif, le régime actuel n’aurait peut-être pas voulu le remplacer par son Projet. Même si l’attitude vis-à-vis du Pacte pourrait jusqu’ici pourrait battre en brèche ce postulat.
Mademba ne nie pas le fait qu’il est légitime que le président défende ses intérêts en tant que politicien, mais il doit aussi prendre en compte l’urgence des réformes institutionnelles qui sont aussi dans son intérêt. Sur un autre plan, le journaliste croit que le Pacte devrait faire davantage l’objet de promotion et de vulgarisation. Il faudra même arriver à faire en sorte que les candidats ne soient pas obligés de signer le PNBGD mais qu’il l’adoptent tout naturellement.
par Texte Collectif
APPEL À UNE LARGE CONCERTATION SUR L’AVENIR NUMÉRIQUE DU SÉNÉGAL
Le pays a l’opportunité de devenir un leader numérique en Afrique grâce à une mobilisation concertée et inclusive de toutes les forces vives de la nation
Le Sénégal est de nouveau à la croisée des chemins après une troisième alternance pacifique qui voit arriver au pouvoir une nouvelle génération caractérisée par une forte volonté de rupture. Cette nouvelle situation nécessite une grande mobilisation des forces vives de la nation dans tous les domaines pour définir et porter les transformations systémiques nécessaires.
Le nouveau régime a donné le ton avec les assises de la justice tenues du 28 mai au 4 juin 2024. Le président de la République a exprimé à plusieurs reprises la volonté de l’État de maîtriser notre destin numérique et de faire de la digitalisation des administrations et des services publics un axe fondamental de ses politiques publiques. Dans sa première adresse à la nation, il déclarait : « Nous entendons investir massivement dans la digitalisation des services et des procédures administratives. »
Objectifs stratégiques
Lors du Conseil des ministres du 12 juin 2024, abordant la question de la souveraineté numérique, le président de la République a réitéré sa détermination à faire du numérique un levier majeur de son action en demandant au gouvernement, entre autres :
● De procéder à l’actualisation du cadre juridique du secteur des télécommunications et du numérique ;
● De procéder au renforcement de l’aménagement numérique du territoire par un investissement massif dans les infrastructures pour une couverture adéquate du pays
● D’accélérer la digitalisation intégrale des administrations.
Importance de la Concertation
Il est dès lors évident que le numérique va devoir occuper une place prépondérante dans l’action gouvernementale dans les cinq années à venir. Pour ce faire, il est indispensable pour l’autorité étatique d’être à l’écoute de l’écosystème numérique, d’en faire un véritable allié et une force de propositions.
L’histoire récente du secteur des télécommunications au Sénégal nous enseigne que tous les moments charnières ont été l’occasion d’une introspection et d’une réflexion collectives qui ont toujours abouti à des résultats inestimables :
● En 1983, les Journées Sénégalaises des Télécommunications ont engendré une réforme gouvernementale audacieuse, qui a abouti au regroupement des télécommunications nationales et internationales dans une seule société nationale dotée de l’autonomie de gestion.
● En 1995, les concertations inclusives organisées par le Groupe de Réflexion sur la Croissance et la Compétitivité (GRCC) ont favorisé l’ouverture du capital de l’opérateur historique, SONATEL, qui est devenu un acteur clé sur le marché africain.
● En 2004, les concertations ont consacré la libéralisation totale du secteur des télécommunications.
Risques de l’absence de concertation
Ne pas organiser de concertations larges et inclusives présente plusieurs risques :
● Manque de cohésion : l’absence de concertation peut entraîner un manque de cohésion et de vision partagée, rendant la mise en œuvre des politiques numériques inefficace.
● Résistance au changement : sans l’implication des parties prenantes, les réformes peuvent rencontrer une résistance significative, ralentissant ou même bloquant les initiatives de digitalisation.
● Opportunités manquées : ne pas tirer parti de l’intelligence collective et des idées innovantes de l’écosystème numérique peut entraîner des occasions manquées de développement et d’innovation.
● Inadéquation des politiques : les politiques publiques risquent d’être mal adaptées aux besoins réels du terrain, ce qui peut conduire à des investissements inefficaces et à un faible retour sur investissement.
Appel à l’action
Très clairement, le secteur du numérique a une tradition de larges concertations à chaque fois qu’il s’est agi de passer un nouveau cap. C’est le cas aujourd’hui où toutes les intelligences et toutes les énergies doivent être mobilisées pour dessiner les lignes directrices des politiques et des stratégies aptes à replacer le Sénégal sur l’échiquier digital africain et en refaire une référence et un pôle d’attraction numérique.
Nous appelons le président de la République et le gouvernement à organiser rapidement de larges concertations sur l’avenir numérique du Sénégal. Ces concertations devront mobiliser l’ensemble de l’écosystème numérique et de la société civile pour que le numérique soit un véritable accélérateur de compétitivité et de croissance au service de nos populations.
Le Sénégal a l’opportunité de devenir un leader numérique en Afrique grâce à une mobilisation concertée et inclusive de toutes les forces vives de la nation. L’engagement politique, les expériences passées, une vision partagée et des objectifs stratégiques clairs sont autant d’atouts pour réussir cette transformation. En écoutant et en impliquant activement l’écosystème numérique, nous pourrons bâtir un avenir digital prospère pour le Sénégal, au bénéfice de tous ses citoyens.
Tel est le sens de cet appel à une large concertation que nous souhaitons ouverte, inclusive, participative et patriotique, pour l’avenir numérique du Sénégal.
ont signé:
Mamadou Aidara Diop, Syndicaliste Consultant.
Ibrahima Noueddine Diagne, membre de Africa Performance Institute.
Guimba Konate, Ingénieur des télécommunications ancien Ct au Ministère de la communication
Dr Moussa Diop, Enseignant chercheur spécialiste en sciences de la communication
Olivier Sagna, Professeur titulaire des Universités
Abdoulaye Sakho, Professeur Agrégé de Droit Privé, Spécialiste du Droit Economique
Makhtar Fall, Consultant Dg IAMG
Saikou Fall, Consultant spécialiste en cybersécurité et protection. de la vie privée.
Abdoulaye Khassoum Kebe, Consultant
Gabou Gueye, Syndicaliste
Basile Niane, Journaliste Consultant spécialiste du numérique
Ibrahima Gaye, Consultant , business Analyst
Seydou Badiáne, Co-fondateur Social Net Link
Joëlle Sow, Senstartup
Mouhamadou Lamine Badji, Secrétaire Général du Syndicat des travailleurs de Sonatel
par Hamidou Anne
LA FARCE TRAGIQUE DE L'AES
Le quarteron de putschistes bande les muscles, souffle sur les braises de l’anti-France, délégitime les institutions pour se maintenir au pouvoir, sans renier le chaos. Ils vivent de la rente de la peur et de la manipulation
Le Mali, le Burkina Faso et le Niger ont posé le 6 juillet, un nouvel acte dans leur volonté de quitter la Cedeao, après la première annonce faite en janvier dernier.
Les trois pays ont lancé en grande pompe la Confédération «Alliance des Etats du Sahel» à travers la Déclaration de Niamey. Les trois dirigeants putschistes poursuivent leur attitude de défiance vis-à-vis de la communauté économique régionale ouest-africaine. Il ne saurait en être autrement quand on a confisqué le pouvoir par les armes au mépris des règles communautaires, avec une volonté d’y rester en dépit du bon sens, des engagements passés et de la logique de l’histoire de la région.
Tiani, Goïta et Traoré ont rompu l’ordre constitutionnel dans leur pays au nom de la souveraineté, de la reprise en main de l’outil sécuritaire face aux menaces des groupes armés terroristes et de l’inaction supposée de présidents élus démocratiquement. Depuis, aucune de leurs promesses n’a été tenue en dépit des bravades et des bains de foule.
Goïta, Tiani et Traoré se moquent du destin de leur pays ; le drame que vivent leurs concitoyens les laisse de marbre. Ils ne sont animés par aucun esprit patriotique ni par aucune volonté progressiste visant à rompre avec la corruption, les détournements de fonds et la mal-gouvernance que l’on pouvait reprocher aux régimes précédents. Au Burkina Faso, Ibrahim Traoré, qui se peint en Sankara, n’a pas une once de flamme progressiste pour émanciper les populations les plus vulnérables, les jeunes et les femmes notamment. Il s’est arrogé un délai supplémentaire au pouvoir. Au Mali, Assimi Goïta emprisonne les opposants, dissout les partis et associations à but politique et ne montre aucune velléité de mettre un terme à la transition qui dure depuis 2021.
Sous Tiani, le Niger n’arrive pas à endiguer la menace des diverses milices dans le pays. Les autorités putschistes maintiennent le président Bazoum en otage dans des conditions scandaleuses et inacceptables.
Les massacres par les bandes armées se poursuivent dans les pays de l’Aes malgré le parapluie russe. Parfois ces raids meurtriers sont même le fait de militaires en compagnie des mercenaires affiliés au groupe Wagner. Les armées, qui avaient promis de secourir des citoyens éprouvés, versent parfois dans une entreprise non dissimulée de nettoyage ethnique visant une catégorie de population. Les économies des membres de l’Aes sont en grande difficulté du fait des sanctions infligées par les instances régionales mais aussi et surtout de l’incapacité de ces militaires à gouverner. Malgré la situation chaotique des trois pays, le quarteron de putschistes bande les muscles, souffle sur les braises de l’anti-France, délégitime les institutions pour se maintenir au pouvoir, sans renier le chaos. Ils sont prêts à régner sur des ruines s’ils peuvent jouir des lambris dorés des palais, loin du front où des soldats laissés à eux-mêmes, sans armement, sans munitions, sans entraînement, tombent sous les balles des terroristes.
Quitter la Cedeao n’est qu’une grossière manœuvre de gens obnubilés par le fait de rester au pouvoir tout en ne rendant aucun compte. Ils violent de manière systématique les droits humains, appauvrissent davantage des économies déjà malades, ferment leurs pays au monde et expriment au quotidien la brutalité et l’irresponsabilité.
L’Aes, qui se prévaut d’être un recours face à une Cedeao jugée sous la tutelle de la France - ce qui est une contrevérité - n’est qu’une farce grossière de gens animés uniquement par la volonté de jouir du pouvoir par l’instrumentalisation de la précarité et du désir d’espérance des jeunes. D’ailleurs, qu’est-ce qui retient encore ces souverainistes en treillis, éminents démocrates mandatés par les électeurs, dans l’espace Uemoa ? Il me semble que c’est cette organisation qui régit la monnaie objet de fantasmes et d’accusations de soumission à la France de tant de populistes et démagogues en Afrique et dans sa Diaspora.
Mais la rengaine tiers-mondiste, relayée par un puissant appareil sur internet et dans les médias, ne tiendra pas toujours face aux vraies urgences des Maliens, des Burkinabè et des Nigériens. Ces derniers, au moment où les chefs des juntes mettent sur pied l’Aes, font face à des préoccupations de survie quotidienne : l’eau, la nourriture, l’électricité, la sécurité… La jeune militante des droits de l’Homme du Mali, Fatouma Harber, a résumé cette tragique farce de l’Aes par cette phrase drôlement à propos : «24h sans électricité. Oui je sais que nous sommes souverains maintenant !»
Ces régimes illégitimes, membres de l’Aes, comme toutes les autocraties, vivent de la rente de la peur et de la manipulation. Ils vont aussi continuer à brandir le complot étranger, l’ennemi intérieur et le sabotage pour se maintenir au pouvoir tout en échouant à régler les problèmes de leurs concitoyens. Ils vont user jusqu’au bout le fil réducteur et anachronique du nationalisme et du souverainisme de pacotille. Au regard des vies en jeu, tout ceci relève d’une tragique farce.
Par Insa DIALLO Malal Pulo
LA FIN DU CYCLE DES DÉPUTÉS « ROBOTS » ?
C’est désolant et regrettable que pendant 14 législatures que des députés se réclamant de tel ou tel président ignorant royalement qu’ils avaient été élus par le peuple et ceci pour des intérêts bassement matériels, que Dieu nous en garde pour la prochain
En effet depuis plus de 5 décennies, les Institutions de la République ont connu dans leur fonctionnement des hommes que l’on peut qualifier de députés ‘’Robots’’ exécutant mécaniquement des décisions préfabriquées d’où l’appellation caricaturale de l’Assemblée Nationale de ‘’chambre d’applaudissements.’’
Quelques faits saillants illustratifs : en 1962 des députés’’ Robots’’ à la solde de Senghor ont voté l’acte d’accusation de Dia Mamadou et ses compagnons (Valdiodio Ndiaye, Joseph MBaye, Ibrahima Sarr, Alioune Tall pour ne citer que ceux-là.
En 1987 Collin le tout puissant du régime UPS/ PS fait Radier sans état d’âme l’ensemble des policiers et commissaires de police .
Dans les mêmes conditions des décisions préfabriquées ; Daouda Sow, Habib Thiam verront leurs mandats de Président de l’Assemblée Nationale reduis .
Des lois scélérates (loi Niadiar Sène, loi Ezzan (Ibrahima Isidore Ezzan), loi Sada Ndiaye, ont été votées sans aucune légitimité dans une plénière sans débats à l’Assemblée.
Récemment en Mars 2024 les champions en titre des ‘’robots’’ de la quatorzième législature proposent en toute honte bue la prolongation du mandat de Macky Sall ou encore vote une loi d’amnistie plus criminelle que les crimes commis.
Le dernier pré-carré des députés ‘’robots’’ : Amadou Mame Diop, Abdoul Mbow, Amy Ndiaye Gniby, Coura ‘’Macky’’ ont bouclé la boucle. Ils ont été actionnés comme des boutons par le monarque ‘’républicain’’ Macky Sall
C’est désolant et regrettable que pendant 14 législatures que des députés se réclamant de tel ou tel président ignorant royalement qu’ils avaient été élus par le peuple et ceci pour des intérêts bassement matériels, que Dieu nous en garde pour la prochaine législature ou d’honorable députés dignes de leurs missions seront élus dans notre prestigieux parlement.
A certains de nos patrons de Presse nous demandons de privilégier les intérêts supérieurs de la nation au détriment des intérêts crypto-Personnels pour un sursaut patriotique et un sens élevé des responsabilités.
Aux chroniqueurs sur certains plateaux de télévision nous disons qu’il ne s’agit pas de parler pour parler mais de communiquer avec le savoir-faire qu’il faut sans laisser transparaitre une quelconque haine ou dents contre qui que ce soit.
Aux hommes politiques qui étaient en compétition lors du dernier scrutin présidentiel ; rien ne doit justifier les propos haineux contre les nouvelles autorités que le peuple à librement choisies à travers ce vote référendaire en faveur du Duo Diomaye -Sonko au moins encore pour 5ans.
Le triptyque jub, jubal, jubanti a triomphé
ASSISTE-T-ON A UNE «DEMEDICALISATION DE LA SANTE» ?
Peu d’attention à la santé et nominations controversées - Quelle mouche a piqué le nouveau ministre de la Santé pour prendre une telle décision ? Comment justifier qu’un tel service soit confié aux mains inexpertes d’un professeur d’économie familiale ?
Le syndicat des médecins du Sénégal, le SAMES a fait un communiqué pour déplorer la nomination d’un chef de la Division Sida. Le communiqué explique que « Le SAMES rejette avec une extrême fermeté les récents actes de nomination effectués par le ministre de la Santé et de l’Action Sociale au détriment des médecins, pharmaciens et chirurgiens-dentistes ». Par contre, l’alliance des Syndicats Autonomes de la Santé « And Gueusseum », composée essentiellement de paramédicaux et d’assistants sociaux, soutient une « démédicalisation du système de santé ». Cette polémique a été relayée par de nombreux débats dans les réseaux sociaux où la plupart des acteurs biomédicaux se sont prononcés contre cette nomination. Même des membres de l’association des personnes vivant avec le VIH ont également exprimé publiquement leur frustration contre cette décision.
Quelle mouche a piqué le nouveau ministre de la Santé pour prendre une telle décision ? Comment justifier qu’un tel service soit confié aux mains inexpertes d’un professeur d’économie familiale ? La réponse semble être que Maguette Ndoye Ndiaye est le responsable du Pastef à Malicounda. Il a travaillé à la Division Sida comme stagiaire puis chargé de suivi évaluation d’un projet avant d’aller dans des ONG exercer des activités de suivi de projet. Et c’est tout. Pour rappel, la Division Sida fait suite au Programme national de lutte contre le sida (PNLS) qui avait été dirigé par Dr Ibra Ndoye. Elle avait été mise en place après l’adoption du programme multisectoriel de lutte contre le Sida logé à la primature.
Depuis les années 90, le Sénégal n’a cessé d’être parmi les pays dont la performance des résultats dans la lutte contre le sida a été reconnue au niveau international. La plupart des dirigeants tels que le Pr Mboup, Pr Eva Marie Coll Seck et Dr Ndoye ont été primés par de prestigieuses distinctions qui ont honoré le Sénégal et notre système de santé. L’ancien chef de Division est un médecin, spécialiste en maladies infectieuses, professeur d’université formé par le Pr Eva Marie Coll Seck qui a assuré la prise en charge médicale de centaines de patients vivant avec le VIH. Il est également membre de Sociétés Savantes et de différentes instances sanitaires internationales. Il a participé aux activités biomédicales et multisectorielles de lutte contre le sida à Dakar et dans les différentes régions depuis plus de 20 ans.
Les différentes équipes qui se sont succédé à la Division sida sont composées de médecins, pharmaciens, biologistes, spécialistes en santé communautaire, en communication. Ils ont élaboré des normes, des protocoles biomédicaux, formé les acteurs de la santé, et rendu disponibles gratuitement les tests et les médicaments antirétroviraux dans les 14 régions du Sénégal sous la coordination du Conseil National de Lutte contre le Sida (CNLS) qui abat un travail titanesque pour aller chercher des financements et superviser un programme multisectoriel avec le soutien des acteurs de la société civile. Résultat de tout cela : en 2023, la proportion de personnes ayant le VIH a baissé pour atteindre 0, 3%. Sur les 41560 PVVIH, 88% connaissent leur statut, 91% sont sous traitement et 90% ont une charge virale indétectable donc ne peuvent plus transmettre le VIH. Ces données témoignent du succès d’un programme de la santé coordonné par des experts biomédicaux sénégalais, financé par divers partenaires surtout le Fonds Mondial qui assure à lui seul la majeure partie du financement réduisant la pression sur les finances publiques de l’Etat.
Tous les gouvernements successifs ont maintenu des compétences médicales de haut niveau dans ce service et renforcé le leadership du gouvernement en prenant des décisions inédites qui ont été ensuite reprises par les pays africains : Abdou Diouf a été le premier président à acheter des antirétroviraux contre l’avis de la communauté sanitaire internationale mais sous les conseils avisés de Dr Ndoye, Wade les a rendus gratuits pour tous et Macky Sall a augmenté la participation de l’État au budget de la lutte contre le sida. Et aucun d’entre eux n’a remis en cause le leadership biomédical en nommant des experts médecins ou pharmaciens aux compétences reconnues à la fois dans la santé publique et dans la recherche. En effet, la coordination des activités de ce programme, comme tous ceux de la santé publique, implique la participation à des instances à la fois nationales et internationales ou siègent des experts de haut niveau de tous pays. Ainsi, ces experts sénégalais ont pu dénicher de nombreux financements internationaux qui ont soutenu le renforcement du système de santé en formant des acteurs de santé, équipant, construisant des structures de santé dans tout le pays.
Et voilà qu’en 2024, avec un gouvernement qui prône le Jubal et le Jubanti, au moment où tout le ministère de la Santé attend que les acteurs les plus compétents soient mieux valorisés, promus aux meilleurs postes pour plus de performances, on assiste à une promotion purement politique visant certainement à récompenser un « fidèle partisan ». Quelle déception pour ceux qui avaient cru au Projet, espéré que la dépolitisation de l’administration tant chantée allait également s’appliquer dans un secteur qui regorge d’acteurs bardés de diplômes (Bac plus 10 ou 12 voire plus), formés au Sénégal qui sont très sollicités par les organisations sanitaires internationales comme en atteste la candidature du Dr Socé Fall à la Direction Régionale de l’OMS.
A propos aussi du poste de Directeur général de la Santé
De plus, la nomination d’un jeune médecin (médecin personnel du PM)sans aucune expérience en santé publique au poste de Directeur Général de la Santé fait aussi désordre. Là aussi, pour la première fois, ce poste technique le plus important du Ministère de la Santé vient d’être attribué à un clinicien profane en santé publique.
Ne sous estimons pas les dégâts collatéraux de ces actes chez les professionnels du système de santé publique à tous les niveaux de la pyramide sanitaire. Ils sont souvent mal rétribués, ont trimé des années dans les structures de santé sous équipées, éloignées ou dans des programmes peu financés par l’État en allant chercher les soutiens auprès des partenaires le couteau entre les dents pour assurer le financement d’activités qui auraient dû être prises en charge par leur gouvernement. Ils ont fait de longues études, sacrifié leur jeunesse, leurs loisirs et souvent leur vie de famille pour améliorer la santé des Sénégalais. Ils ont connu le chômage, le sous-emploi, les longues distances, les longues heures de travail, les frustrations, et parfois la peur, les humiliations dans la discrétion. Beaucoup d’entre eux ont soutenu le projet politique actuel ou tout simplement appliqué les principes éthiques de leur serment même lorsque leur vie était en danger comme le médecin qui a refusé de faire un certificat médical de complaisance malgré la proposition de dizaines de millions malgré des revenus modestes, lorsque le leader du Pasteef a fait l’objet de poursuites.
Ainsi, est-ce que la gestion du ministre de la Santé, géographe de formation, semble s’orienter vers une démédicalisation avec la mise sur la touche des biomédicaux expérimentés qui ne semblent pas avoir sa confiance ? L’avenir nous le dira. Mais les actes dénoncés plus haut semblent indiquer que les dirigeants actuels relèguent la gestion de la santé au second plan des priorités avec un ministre politicien qui privilégie ses pairs aux postes de la haute administration en mettant à l’écart les experts biomédicaux. Dans ce contexte, comment ne pas approuver la tendance des jeunes médecins, pharmaciens ou chirurgiens-dentistes bien au fait des conditions de vie difficiles et des sacrifices peu reconnus de leurs ainés, à déserter le secteur public et aller vers le secteur privé comme en témoignent l’ouverture par dizaines des plateaux médicaux dans toutes les villes du Sénégal avec des tarifs élevés ? Et les inégalités pour l’accès aux soins de santé qui risquent de se creuser pour les plus démunis…