WASHINGTON (AFP) - Si la communauté internationale détourne les yeux, l'Ethiopie risque de vivre une "terrible tragédie", a mis en garde mardi à Washington le marathonien qui a dénoncé aux jeux Olympiques de Rio la répression menée par le régime d'Addis Abeba.
"Personnellement, j'ai extrêmement peur que cela prenne une dimension ethnique. Vous pourriez voir un scénario comme au Rwanda, où les groupes ethniques se dressent les uns contre les autres", a prévenu Feyisa Lilesa, vêtu d'un costume sombre.
Le coureur de fond, réfugié aux Etats-Unis, a tenu sa première grande conférence de presse depuis qu'il a stupéfié le public mondial en croisant les poignets juste après avoir remporté sa médaille d'argent à Rio. Un geste utilisé lors de récentes et importantes manifestations antigouvernementales violemment réprimées en Ethiopie.
"Au moment où je vous parle, le gouvernement éthiopien tue, emprisonne et opprime son propre peuple", a décrit avec gravité l'homme de 26 ans, devenu un héros pour les millions de membres de son ethnie, les Oromo.
"Le gouvernement a ouvert le feu sur des manifestants pacifiques défendant leurs droits. Plus d'un millier de personnes ont trouvé la mort dans les manifestations. D'autres ont été poussées à l'exil et ont été massacrées dans les déserts de Libye. Encore bien davantage ont fini par nourrir les poissons de la Méditerranée", a poursuivi Feyisa Lilesa.
Au Brésil, le marathonien avait franchi la ligne d'arrivée en deuxième position avec les bras croisés au-dessus de sa tête, comme s'ils étaient ligotés. Il avait ensuite récidivé lors de la cérémonie de remise des médailles et déclaré en conférence de presse craindre un retour au pays.
- Une ethnie 'supérieure' -
L'Ethiopie est actuellement en proie à un mouvement de contestation antigouvernementale sans précédent depuis une décennie, qui a commencé en région oromo (centre et ouest) au mois de novembre et qui s'est étendu depuis quelques semaines à la région amhara (nord).
Ces deux ethnies représentent environ 60% de la population éthiopienne et contestent de plus en plus ouvertement ce qu'ils perçoivent comme une domination sans partage de la minorité des Tigréens, issus du nord du pays.
"Le pays fonctionne désormais dans un système où une seule ethnie est respectée et considérée supérieure", a souligné Feyisa Lilesa, qui a laissé au pays sa femme et ses deux enfants, un garçon de trois ans et une fillette de cinq ans.
"Aujourd'hui en Ethiopie, les Tigréens occupent tous les postes-clés du régime", a insisté l'athlète, qui bénéficie d'un visa de séjour temporaire aux Etats-Unis.
La répression violente des manifestations, qui viennent remettre en cause le fonctionnement du fédéralisme ethnique, a déjà fait plusieurs centaines de morts depuis fin 2015, estiment des organisations de défense des droits de l'Homme.
Selon Feyisa Lilesa, les autorités éthiopiennes expulsent de leurs terres des paysans oromo qui n'ont que cela pour vivre.
"Il est crucial que la communauté internationale comprenne la gravité de la situation et intervienne", a-t-il jugé.
- La terre, leur ombilic -
Bonnie Holcomb, une spécialiste de l'Ethiopie, a confirmé à l'AFP que la saisie des terres en Ethiopie revêtait une "dimension culturelle très forte".
"La terre est leur ombilic, leur ligne de vie, il n'y a pas de séparation entre la terre et les hommes, alors quand on la leur prend, ils n'ont plus rien, leur identité est touchée en plein coeur, donc (ces manifestations) sont l'illustration de leur désespoir", a-t-elle expliqué.
Mardi, sur la colline du Capitole à Washington, une poignée de députés ont déposé un projet de résolution qui appelle les parties au calme et demande au gouvernement éthiopien de cesser les violences de ses forces de sécurité, de libérer les dissidents détenus, et de respecter les droits fondamentaux d'expression et de rassemblement.
Le pouvoir d'Addis Abeba a lui assuré que Feyisa Lilesa ne serait pas inquiété s'il rentrait au pays. Mais lui refuse cette idée tant que le pouvoir ne donne pas de gages de liberté.
"Courir est pour moi vital", a-t-il enfin rappelé. Il compte s'entraîner dans la chaleur et l'altitude du Nouveau-Mexique ou de l'Arizona, pour retrouver les impressions des hauts plateaux éthiopiens.
Aux Jeux paralympiques de Rio, un autre athlète éthiopien, Tamiru Demisse, médaillé d'argent du 1500 m dimanche, a effectué le même geste de protestation contre son gouvernement. Il a été sévèrement rappelé à l'ordre par le comité organisateur.
PAR FRÉDÉRIC ATAYODI ET FODÉ MANGA
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QUI SONT LES FOSSOYEURS DE L'ÉDUCATION NATIONALE ?
EXCLUSIF SENEPLUS - Djibo Kâ et ses 400 ailes de dindes - Kalidou Diallo et son soi-disant quota sécuritaire - Abdel Kader Fall avec son recrutement politicien massif de milliers de jeunes sans niveau - 2ème partie de l'interview de Mody Niang
FRÉDÉRIC ATAYODI ET FODÉ MANGA |
Publication 13/09/2016
Ancien instituteur et inspecteur d'enseignement à la retraite, Mody Niangfait partie de ceux qui comprennent le mieux le niveau de dégradation de l'Éducation nationale du Sénégal.
Les résultats des différents examens sont symptomatiques de cet affaissement du niveau des élèves et étudiants. Cette situation est la résultante de certains choix politiques, parfois imposés de l'extérieur, et qui se sont révélés désastreux après expérimentation. Selon Mody Niang, les responsables sont connus.
"Moi, j'écris pour agir", disait Voltaire. Si Mody Niang écrit, avec une certaine constance, depuis plus de 40 ans, c'est aussi dans l'espoir de contribuer à changer les choses. Modestement.
Seulement, il se rend compte du mur de l'immobilisme qui se dresse devant les gouvernants. Grande fut, par moments, sa tentation de tout ranger et ne plus jamais rien écrire parce que déçu. Mais écrire, lui est irrésistible. Et il a décidé de continuer.
Chroniqueur, épris de liberté et de justice, celui que certains désignent sous l'appellation "le journaliste Mody Niang", et qui le fait sourire, marque assurément la presse sénégalaise de son empreinte comme le faisait feu Amady Aly Dieng, un autre grand chroniqueur.
Si en plus de ses chroniques, parfois acerbes, Mody écrit et publie des essais sur la gouvernance du pays, c'est pour la postérité. Dans cette deuxième partie de l'entretien qu'il a accordé à SenePlus.Com, "le journaliste Mody Niang" fait un diagnostic du mal de l'Éducation nationale et donne des pistes pour y remédier.
Regardez la vidéo !
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PAR FRÉDÉRIC ATAYODI ET FODÉ MANGA
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L'INVARIABLE MODY NIANG
EXCLUSIF SENEPLUS - Comment Wade et son clan ont tenté de briser ma plume ? Pourquoi faut-il croire Sonko ? Macky est-il devenu allergique aux rapports ? Comment comprendre qu'Ousmane Ngom voyage avec Macky ? Karim Wade, un candidat fantôme ?
Instituteur, inspecteur d'enseignement élémentaire à la retraite et géographe de formation,Mody Niang, grand chroniqueur de la presse sénégalaise se livre à coeur ouvert avec SenePlus.Com.
Au menu : les dossiers de l'Ofnac, l'actualité politique, l'avenir politique du PDS et de Karim Wade…
Politique hors des partis, Mody Niang est très intéressé par la gouvernance du pays depuis des décennies. Très jaloux de sa liberté, l'enseignant retraité ne se fait jamais prier pour exprimer ses opinons sur ce qui ne va pas dans les options des politiques, dans le fonctionnement des institutions républicaines ou des structures administratives.
Depuis 40 ans, sa plume n'a ménagé aucun régime. Et puis, il a tenu bon face aux propositions mirobolantes qui l'auraient contraint à ranger plume et calepin dans un tiroir. Essayiste, ce sont souvent les questions de gouvernance qui inspirent ses livres.
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DAKAR, LENDEMAIN DE TABASKI : DE LA PLUIE ET DES TAS DE DÉCHETS
Dakar, 13 sept (APS) - Dakar, capitale dépeuplée de bon nombre de ses habitants, s’est réveillée mardi en ville-fantôme inondée par les ordures, au lendemain de la commémoration de l’Aïd-el-kébir, la fête du mouton, dont les effets les plus immédiatement visibles consistent en ces tas d’immondices jonchant ses principales artères.
Des déchets de bêtes sacrifiées et des ordures ménagères de tout type, rejets de provisions ayant servi aux victuailles de la veille, ont inondé certaines voies, charriés par les pluies intenses de ces dernières heures.
De la saleté mêlée aux eaux de pluie et aux refoulements d’égout. Une défiguration tellement décevante que la capitale sénégalaise semble réaliser les mauvais souvenirs des embouteillages qui faisaient le lot quotidien de Dakar et de sa banlieue.
Des soucis en plus pour une ville qui entretient en temps ordinaire un rapport problématique avec son cadre de vie, dont la dégradation est à la hauteur de la surpopulation caractérisant la presqu’île dakaroise, centre administratif et des affaires, mais aussi poumon économique.
La capitale sénégalaise a accueilli au fil des ans de nombreux fonctionnaires et travailleurs de sociétés publiques ou privées, ajoutés aux résidents nouveaux fuyant les campagnes pour faire fortune dans la capitale.
Ils entretiennent la caste des "marchands ambulants" et des agents du secteur informel de la capitale sénégalaise, une catégorie qui a hautement contribué à entretenir bien évidemment la vie économique et marchande dakaroise.
Avec près du quart de la population totale (23%) du Sénégal, sur une superficie représentant 0,3% du territoire sénégalais selon les derniers chiffres, la concentration continue de population semble peser sur Dakar dont certains résidents affirment qu’elle étouffe d’autant.
Privée de bon nombre de ses résidents partis passer la fête de l’Aïd-el-kébir dans les régions de l’intérieur, d’où ils sont originaires, Dakar pouvait se satisfaire de la fluidité de la circulation dans ses rues. La capitale a été d’autant plus contrariée de se retrouver si sale et aussi défigurée.
LA FEMME VOILÉE DU "NEW YORK TIMES", RÉPOND À MANUEL VALLS
Le nouvel observateur |
Propos recueillis par Philip Kyle, à Londres |
Publication 13/09/2016
Saima Ashraf, 39 ans, est française et maire adjointe du borough (arrondissement) de Barking & Dagenham à Londres. Elle fait partie des femmes musulmanes qui ont témoigné dans l’article du "New York Times", "Regards changés et langues déliées", paru le 2 septembre dans la foulée du débat français sur le burkini. Trois jours plus tard, Manuel Valls réagissait dans une tribune au vitriol publiée sur le site du Huffington Post, intitulée "En France, les femmes sont libres". Des "commentaires très provocateurs", selon Saima Ashraf. Interview d'une Française expatriée "pas très optimiste" pour la France.
Saima Ashraf, vous êtes aujourd'hui maire adjointe d'un "arrondissement" de Londres. Pouviez-vous imaginer, il y a vingt ans, que vous occuperiez un jour une telle fonction ?
Pas du tout. J’ai grandi en France, j’y ai fait toute ma scolarité jusqu’à l’âge de 18 ans puis je suis partie vivre à l’étranger pendant six ans. Quand je suis revenue à la fin des années 1990, je me suis rendue compte qu’il était impossible pour moi de trouver un travail tout en portant le foulard. Par un concours de circonstances, j’ai déménagé en Angleterre. Ici, je n’étais évidemment pas la seule à porter le foulard. J’étais perçue comme tout le monde. Cela n’avait rien de choquant, cela ne posait de problème à personne.
Comment êtes-vous arrivée en politique ?
J’ai eu des problèmes personnels qui m’ont conduit à rencontrer la députée de ma circonscription, qui m’a prise sous son aile. Considérant que j’étais une personne très engagée et ouverte d’esprit, elle m’a demandé de me présenter aux élections municipales. J’ai accepté, notamment car l’extrême droite dirigeait à l’époque la municipalité. Je me suis engagée au parti travailliste et j’ai pris part aux activités du parti localement. J’ai été élue conseillère municipale en 2010. Toute ma famille est venue de France pour l’occasion et m’a aidé pendant la campagne. J’ai été réélue en 2014 et le maire m’a demandé d’être son adjoint au logement. Aujourd’hui je m’occupe des questions liées aux communautés et à l’engagement social.
Vous avez récemment été citée dans un article du "New York Times" qui a fait couler beaucoup d’encre. Vous dites que vous n’auriez jamais pu réussir ce que vous avez réussi au Royaume-Uni si vous étiez restée en France. Qu’est-ce qui vous amène à penser cela ?
Je poserais cette question à tous les Français : regardez autour de vous, allez au supermarché, à l’école, à la mairie, à l’université, est-ce que vous voyez une femme voilée qui travaille ? Est-ce que vous voyez des femmes voilées qui sont institutrice, médecin ou même caissière ? Ma fille fait des études pour être ambulancière et elle porte le foulard. Est-ce que cela dérange quelqu’un ? Non. Et elle va sauver des vies ! Ma nièce, qui vit en France, est institutrice, mais avant d’arriver au travail, elle doit enlever le foulard. Pourquoi le fait de porter un foulard devrait être un problème, une barrière pour réussir ?
Avez-vous, vous-même, décidé de porter le foulard ?
Oui c’était mon choix. De même pour mes filles : je ne leur ai jamais rien demandé. Mais sans doute m’ont-elles toujours vu le porter et surtout, elles évoluent dans un entourage qui leur permet de se sentir libre de le faire.
Certains y voient le symbole d’une domination masculine. Que leur répondez-vous?
Je réponds que si je porte le foulard, c’est parce que dans le Coran, il nous est demandé d’être modeste. Mais c’est assez rare qu’on me demande ici pourquoi je porte le voile...
Mais pensez-vous que le port du voile est un choix pour toutes les musulmanes qui le portent ?
Malheureusement non. Ça devrait être un choix pour toutes. On revient au problème d’interprétation de l’islam. Pourquoi forcerait-on quelqu’un à porter le voile ? Le rôle de mon père était de nous donner une éducation. Si on décide ou non de porter le voile, c’est notre problème. C’est entre soi et Dieu. C’est ça, la liberté d'avoir ce choix.
En France, concrètement, la politique est un secteur inaccessible pour une jeune femme musulmane, qui plus est voilée ?
Evidemment ! Si on ne peut même pas travailler dans un magasin alors qu’on est voilée, comment voulez-vous prétendre à des fonctions politiques ? J’entends Manuel Valls qui parle de Marianne au sein nu. Marianne représente les femmes libres, c’est une femme battante. Je m’identifie à elle en tant que femme. Quand je suis arrivée en Angleterre, je ne parlais pas un mot d’anglais. Pendant un an, je communiquais par signes. Onze ans plus tard, je dirige la ville. C’était une réelle opportunité pour moi de venir vivre ici.
Manuel Valls a répondu de manière virulente à l'article du "New York Times". Que lui répondez-vous désormais ?
Je lui demanderais de s’éduquer un peu plus sur la religion mais aussi de ne pas créer de division. Etre le Premier ministre d’un pays, c’est quelque chose de formidable. Je n’ai rien contre lui personnellement, mais malheureusement ses commentaires sont très provocateurs.
Il dit dans sa tribune que les femmes sont libres en France. Vous ne vous sentez pas libre quand vous retournez en France ?
Non. Je suis allée cet été en France avec mes trois filles. Elles ont refusé d’aller à la plage. Nous ne portons pourtant pas le burkini mais elles ont eu peur. Quand nous nous baignons, nous portons un legging et un t-shirt.
Le burkini est-il une "provocation", comme le dit Manuel Valls ?
Une provocation de quoi ? Si on met un burkini, on se couvre un petit peu trop, c’est ça ? Dans toutes les religions, les choses ont évolué, et Monsieur Valls devrait peut-être s’intéresser aux livres d’histoire : des chrétiennes portaient le voile autrefois. Il faut donner le temps aux gens, il faut les aider à évoluer et non les forcer. C’est cela le problème en France aujourd’hui. On n’a pas laissé les gens s’intégrer, on les a forcés à être assimilés.
J’en ai pleuré. Cette pauvre femme était assise, elle regardait ses enfants, elle profitait du soleil, de la plage. Le matin en se levant elle n’a pas dû imaginer que tout cela pourrait lui arriver. Comment a-t-elle dû se sentir le soir en rentrant chez elle ? Ça va la marquer pour le reste de sa vie.
Le Premier ministre dit en particulier que les femmes interrogées dans cet article, dont vous faites partie, ne représentent pas "l’immense majorité des femmes musulmanes qui ne se reconnaissent pas dans une vision ultra-rigoriste de l’Islam". Pensez-vous représenter une minorité qui a une vision "ultra-rigoriste de l’Islam" ?
Pas du tout. J’ai mis l’article du "New York Times" sur ma page Facebook. En l’espace de deux heures, plus de 3.000 personnes l’ont vu. Beaucoup de femmes se sont reconnues dans cet article. J’invite Monsieur Valls à rencontrer des musulmans et avoir une discussion informelle avec eux. Je le dis aux politiques en France : sortez dans la rue et discutez avec les gens normaux, la vraie France. Les femmes françaises qui ont témoigné ne représentent pas une minorité, elles représentent la France.
Peut-il y avoir des conflits aujourd’hui entre ce que prône l’islam et ce que défend l’Etat français, les valeurs de la République, dont notamment la laïcité ?
Il y a un travail à faire des deux côtés. Et c’est le cas aussi au Royaume-Uni. Exemple : récemment, j’ai rencontré un élu de ma ville d’origine en France. Il est très investi sur les questions d’intégration et il a organisé un pique-nique dans un parc. A la fin, certains ne voulaient pas faire la vaisselle, car d’autres avaient bu du vin. Ce n’est pas normal. C’est un problème d’intégration sur lequel il faut travailler. Mais les politiques français sont en train de mettre des blocages partout, au lieu de trouver des solutions pour traiter le problème à la racine.
La question de la laïcité et de l’identité est déjà au cœur de la campagne pour l’élection présidentielle. Cela vous inquiète ?
C’est inquiétant. J’entends Nicolas Sarkozy qui veut interdire le voile à l’université : le risque est non seulement qu’on empêche des Françaises d’être éduquées mais aussi qu’on repousse des étudiantes venues de l’étranger. D’ailleurs, en ce qui concerne les femmes aisées venues de pays du Golfe, on est d’accord pour qu’elles viennent dépenser leur argent dans les magasins parisiens. Ça veut donc dire que si vous avez de l’argent, ça va. Tout est cela est un peu hypocrite.
Depuis deux ans, la France a été frappée par plusieurs attentats terroristes, revendiqués par Daech. Comprenez-vous ceux qui demandent aux musulmans de clairement se distancier de ceux qui commettent de tels actes ?
C’est horrible de demander cela. Nous sommes aussi affectés qu’eux. Regardez l’attentat de Nice : hélas des musulmans sont morts également sur la Promenade des Anglais.
Trois jeunes femmes ont été interpellées dans l’enquête sur la voiture contenant des bonbonnes de gaz a Paris. Bernard Cazeneuve a affirmé qu’elles préparaient vraisemblablement de nouvelles actions violentes. Que peut-on faire pour que des jeunes femmes ne sombrent pas dans une forme de radicalisation ?
Des jeunes femmes qui peuvent en arriver à vouloir commettre de tels actes ne sont pas intégrées. Elles n’ont manifestement pas de sentiment d’appartenance. Dans bien des cas, il s’agit d’un lavage de cerveau, on dit à une jeune femme "tu n’es pas très académique" ou "ta famille ne fait pas attention à toi" et on lui dit "viens avec nous" et cela leur donne un sentiment d’appartenance. Comme si, enfin, quelqu’un s’occupait d’elle. Des personnes vulnérables ou déprimées peuvent également être embrigadées. Ça peut être un début d’explication, mais cela n’excuse absolument pas. C’est malheureux d’en arriver à cela. L’islam est une religion de paix, non de violence.
Il n’y a pas de solution miracle hélas pour prévenir. Il y a un travail qui se fait à la maison bien sûr. J’ai trois adolescentes. Je travaille à plein temps. Je ne sais pas ce qu’elles font en permanence. Quand elles rentrent à la maison après l'école, elles peuvent se connecter sur internet, je ne sais pas ce qui se passe. Mais je sais que j’ai donné des valeurs à mes enfants et je leur ai appris le respect d’un pays. Par ailleurs, les valeurs britanniques sont enseignées ici au Royaume-Uni, à l’école mais aussi aux adultes.
Jean-Pierre Chevènement, le nouveau président de la Fondation pour de l’islam de France, a recommandé aux musulmans la "discrétion" dans l’espace public. Ces recommandations sont-elles de nature à favoriser la paix sociale ?
Franchement, c’est complètement ridicule et alarmant de la part de personnes qui font tourner le pays. C’est une provocation et c’est encore une claque que l’on nous donne pour nous dire : "vous n’êtes pas d’ici."
Etes-vous optimiste sur l’avenir de la France ? Pensez-vous que vous pourriez retourner y vivre un jour ?
Pour l’instant, non. Mais j’aime la France. J’ai besoin d’y aller, c’est comme une recharge pour moi, et pas seulement car ma famille s’y trouve. Même ici je cherche les Français ! Je fais partie d’une communauté qui est française. Cela dit, aujourd'hui, en France, je ne me sentirais pas à l'aise. A Londres, je suis gâtée : ici, je ressens l’égalité, la vraie, et la liberté.
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CORRUPTION, TOLÉRANCE ZÉRO
A Thiès, l'Imam Ndiour consacre son sermon de Tabaski, en français et en wolof, à son engagement pour une bonne gouvernance au Sénégal
Idrissa Seck à la sortie de la prière de Tabaski a fait une déclaration en trois point demandand au président Macky Sall d'annuler la révocation d'OUsmane Sonko, de supprimer le HCCT et de créer un Conseil e surveillance des ressources du Sénégal dont le pétrole et le gaz.