Ils sont les vedettes de la série « Wiri Wiri », Soumboulou Bathily et Cheikh Ndiaye. Ils jouent le rôle d’un couple éperdument amoureux, tellement amoureux que les téléspectateurs pensent qu’ils entretiennent une idylle en dehors des caméras.
Cheikh Ndiaye confirme qu’ils sont très proches en dehors des caméras. Toutefois, précise-t-il, « Soumboulou est mon amie, ma petite sœur. J’ai les mêmes sentiments pour elle que ceux que j’éprouve pour ma propre sœur. On est deux comédiens professionnels très complices. Cela se voit à l’écran. Nous prenons nos rôles à cœur. Dieu a fait que lorsque nous sommes en plein tournage, nous oublions même nos propres personnes », dit-il dans une interview avec « L’Observateur ».
« Il n’y a aucune attirance entre Soumboulou et moi. Les liens qui nous unissent sont ceux d’un frère à sa sœur et d’un ami à une amie. Il ne faut pas chercher plus loin. Je sais que les gens pensent que je drague Soumboulou. Je vous assure que ce n’est pas le cas. Cela ne m’a jamais traversé l’esprit et je ne crois pas que cela puisse arriver un jour. Je ne peux pas prédire l’avenir, mais je sais au moins une chose : notre amitié a pris le dessus sur une potentielle relation amoureuse », laisse-t-il entendre.
Il explique que tous les deux prennent très au sérieux leurs rôles. « Quand il faut pleurer, nous n’éprouvons aucun mal à verser des larmes, naturellement. C’est certes un jeu de scène qu’il faut apprendre et maîtriser, mais c’est également un don. Nous nous donnons corps et âme pour interpréter comme il se doit nos rôles, en professionnels aguerris. Nous sommes prêts à tout, sauf à nous embrasser devant les caméras. Nous sommes conscients qu’il y a des barrières à ne pas franchir dans un pays comme le nôtre », explique-t-il.
VIDEO
LA POLITIQUE SUR LA PLAGE...
Les photos d'une femme en burkini contrôlée par la police de Nice font polémique
(AFP) - Des photos d'un contrôle de police sur une plage de Nice (sud-est), montrant une femme, foulard sur les cheveux, ôtant sa tunique devant des agents, ont suscité l'indignation sur internet mercredi et relancé la polémique autour de l'interdiction du burkini par plusieurs villes de France.
La décision de plusieurs communes de la Côte d'Azur de bannir de leurs plages les tenues ne respectant pas la laïcité, notamment le burkini, qui couvre le corps de la tête aux chevilles, provoque depuis plusieurs jours un débat enflammé en France et à l'étranger. Mardi soir, le tabloïd britannique Daily Mail a mis en ligne une série de photos - non sourcées et non datées - montrant quatre policiers municipaux en train de contrôler une dame assoupie au soleil sur une plage de la célèbre Promenade niçoise, frappée le 14 juillet par un sanglant attentat djihadiste (86 morts).
Cette femme est habillée et porte un foulard turquoise et blanc noué au-dessus de la nuque et une tunique de même couleur à manches longues, qu'elle enlève ensuite sous l'oeil des policiers, sans qu'on sache si elle agit sur ordre de ceux-ci ou de sa propre initiative. La mairie de Nice, contactée par l'AFP, n'était pas en mesure de préciser dans l'immédiat les circonstances de ce contrôle. Mais elle a confirmé qu'une quinzaine de femmes avaient été verbalisées depuis le début de la semaine, en raison de leur tenue de plage. Mardi, une mère de famille verbalisée le 16 août dernier, alors qu'elle était voilée et portait legging et tunique sur une plage de Cannes, a annoncé son intention de contester cette amende.
Les images du contrôle de Nice ont suscité mercredi un déluge de réactions d'internautes dénonçant "une humiliation" et "une chasse au voile" leur faisant "honte" ou leur donnant la "haine". "Ils veulent lui retirer ses vêtements. Mais qu'ils retirent leurs uniformes ! La police de la honte", a réagi Marwan Muhammad, le président du Collectif contre l'islamophobie en France (CCIF) qui a attaqué en justice les arrêtés municipaux avec la Ligue des droits de l'homme. "Question du jour: combien de policiers armés faut-il pour forcer une femme à se déshabiller en public?", s'indigne sur Twitter le directeur de la communication Europe de Human Rights Watch, Andrew Stroehlein.
L'actrice américaine Susan Sarandon a elle aussi tweeté les photos assorties du commentaire: "La police française applique l'interdiction du burkini en ordonnant à une mère de famille d'enlever sa tenue musulmane". La justice française a validé à deux reprises ces arrêtés, qui font l'objet d'un recours devant la plus haute instance administrative du pays, le Conseil d'Etat. Celui-ci se penchera jeudi sur la question, avec pour délicate mission de trancher sur la légalité de ces interdictions controversées.
VIDEO
LE BURKINI NE FAIT GUÈRE DE VAGUES EN AFRIQUE DU NORD
(AFP) - Le débat lancé cet été en France sur le burkini rencontre peu d'écho en Afrique du nord, où ce costume de bain islamique a trouvé sa place sur des plages où les tenues sont de plus en plus pudiques.
A Zeralda, station balnéaire à l'ouest d'Alger, rares sont désormais les femmes qui osent se mettre en maillot, surtout en bikini, sur les plages publiques.
Hakima, professeur de mathématiques d'une quarantaine d'années, nage en burkini puis s’entoure d’un large paréo en sortant de l’eau. "C’est plus décent. Le maillot intégral est la solution pour les musulmanes pratiquantes qui aiment la mer", explique-t-elle.
Mais certaines se couvrent à contrecœur, comme Manel Brahimi, étudiante en biologie: "J’adore nager mais si je porte un maillot de bain normal, on me regarde comme une martienne".
Siham, 24 ans, s'est également résignée à porter, au-dessus de son maillot une pièce, un short cycliste afin d'"éviter les regards".
Sur les plages de Rabat, les baigneuses se trempent aussi dans les tenues les plus disparates, du bermuda au bas de survêtement en passant par le legging, le short en jean, ou même le suggestif tee-shirt mouillé.
Mais rares sont celles arborant un burkini proprement dit, ce costume de bain créé en Australie dont le prix moyen (au moins 500 dirhams, 50 euros) le met hors de portée pour la majorité d'entre elles.
"Ce phénomène est surtout le fait des MRE (les Marocains résidant à l’étranger). Ils ont importé cette mode cette année lors de leur vacances sur les plages marocaines", en particulier dans le nord du pays, plus conservateur, souligne Miloud, un retraité.
Fadel, un quadragénaire, y voit avant tout "une histoire de gros sous" qui "fait les affaires des boutiques de mode islamique". "Mais la plupart des gens ici s’en foutent", souligne-t-il.
- Réservée aux femmes -
De ce fait, la polémique créée en France par l'interdiction du burkini par plusieurs communes du sud, comme Nice ou Cannes, paraît décalée.
"Ce débat n'intéresse pas en Tunisie", indique le sociologue Abdessatar Sahbani. "Le port du burkini, qui a évolué d’une façon considérable depuis la révolution (de 2011), n’a pas provoqué de problèmes sur les plages... Et cet été les Tunisiens sont surtout préoccupés par la situation économique et sécuritaire".
L'évolution des moeurs a ouvert la voie aux plages privées réservées aux seules femmes et enfants. Comme le "Marina club" ouvert à l'est d’Alger par l'entrepreneur Riadh Bourayou.
Bien que son prix d'entrée soit élevé, les clientes, voilées ou non, se bousculent autour de la piscine, où se côtoient bikinis, maillots échancrés ou burkinis loin des regards masculins. Seules des femmes, étudiantes pour la plupart, y sont employées comme serveuses ou maîtres nageuses.
"C’est un havre de paix, un endroit discret pour une femme musulmane", se réjouit Ouahiba Chatouri, une hôtesse de l’air à la retraite voilée heureuse de porter son maillot deux pièces en toute tranquillité.
Un peu plus loin, un mur sépare sur la plage ces baigneuses de celles portant le voile intégral.
Ces dernières "en fait n’apprécient pas qu’il y ait de jeunes garçons", affirme une cliente, étonnée que l’on puisse comparer le regard d’un gamin de 7 ou 8 ans à celui d’un adulte.
- En bikini 'par principe' -
Début août, un article de la presse arabophone algérienne avait provoqué un tollé sur les réseaux sociaux en assimilant les femmes en bikini à des débauchées. La journaliste y affirmait que "certaines plages d’Alger se sont transformées en points noirs, interdites de fait aux familles, à cause de la nudité et de la mixité".
Or, jusqu’aux années 1990, la mixité et les maillots de bain étaient la règle sur les plages d'Algérie, où la baignade habillée était l’exception le long de ses 1.600 km de côtes.
"Au lieu d’avoir une mixité sociale sur les plages comme cela avait toujours été le cas, des murs sont érigés entre celles qui peuvent se permettre une plage payante et bronzer comme elles le veulent et celles qui, par conviction ou par obligation, nagent dans une tenue décrétée décente par la société", regrette Saida, une enseignante d'anglais.
Près d’elle, Katia Ouahid, est en bikini "par principe".
"J’ai pris du poids avec mes grossesses mais je refuse le diktat de la société. Quand les islamistes interdisaient aux femmes d’aller à la plage, on n’a pas cédé. On partait en famille et avec des amis et on se mettait en maillot", rappelle Katia, la cinquantaine.
Amina, l'une de ses amies, regrette aussi que "la société ait énormément régressé sur le plan des libertés individuelles". "Il ne manque plus que l’on placarde à l’entrée: +plage familiale, tenue décente exigée+", s’insurge-t-elle, en se disant "nostalgique" des grandes plages où les filles étaient en maillots aux couleurs chatoyantes.
UN MODÈLE DE GÉNÉROSITÉ ET DE GOUVERNANCE TOMBE DANS L'OUBLI
Sur la trajectoire de Maurice Gueye, l'ancien maire de Rufisque (1925-1935 et 1945-1960)
Il a eu à diriger les destinées de la cité coloniale à deux reprises, Maurice Guèye, de son vrai nom Momath Maurice Guèye (1888-1966), maire de Rufisque pendant 25 ans,reste pourtant encore méconnu des Rufisquois. D'abord de 1925 à 1935, puis de 1945 à 1960. Dans la cité de Mame Coumba Lamb, très peu de gens connaissent là où habitait ce comptable de formation. Tout au long de ses deux mandats, "Mame Maurice" comme l'appelaient affectueusement les membres de sa famille, est resté proche des populations. Les gardiens de la mémoire communale ont, quant à eux, tenté de dépoussiérer les registres de l'histoire de cet homme politique qui a toujours bénéficié du soutien de la collectivité léboue.
L'histoire de Rufisque, la cité coloniale, est fondamentalement liée à la trajectoire de cet homme qu'est Momath Maurice Guèye. En atteste le légendaire boulevard qui traverse le centre ville et qui porte son nom. En cette matinée du jeudi, le centre ville de Rufisque, avec son décor habituel, est balayé par un vent doux de l'alizé maritime. Le crépitement des sabots des calèches contraste avec le ronronnement et les klaxons séquentiels des automobilistes. La chaleur estivale, en cette période d'hivernage, fait l'affaire de ce groupe de gens qui profitent, comme au bon vieux temps, de l'ambiance connue des cités coloniales.
L'architecture des vielles bâtisses, en tuiles orange, construites en pierres de Rufisquois caractérise le centre ville. Les rues qui portent encore les noms de ceux-là qui ont écrit l'histoire de Rufisque orientent les visiteurs. Comme à l'accoutumée, des groupes de Rufisquois bon teint se retrouvent chaque matin à l'ombre de cet endroit entre le tribunal départemental, l'inspection d'académie et la mairie de ville.
Mais l'histoire de Maurice Guèye, né le 22 décembre 1888 et qui a rendu l'âme le 1er avril 1966, qui correspondait à un vendredi du premier jour du 1er Festival mondial des arts nègres (Fesman 1) et qui repose au cimetière catholique de Diokoul, reste celle du premier maire révoqué du Sénégal. Cette histoire reste encore et surtout voilée pour bon nombre de Rufisquois. Pour ceux qui l'on connu et côtoyé, la vie et l'œuvre de cet homme politique, resté princièrement cramponné à sa ville, devraient être inculquées à la jeune génération. Qui connaît où habitait Maurice Guèye ? Une question qui, de nos jours, laisse perplexe bon nombre de résidents de la cité de Mame Coumba lamb.
"Un homme très élégant qui ne passait pas inaperçu"
Pour en savoir un peu plus, nous avons fait le tour de la ville pour trouver une voix autorisée à même d'éclairer notre lanterne. Et pourtant la réponse saute aux yeux de l'avis d'Assane Ndoye, cet historien de ville. Trouvé assis sur un banc en bois adossé au mur de la mythique salle des fêtes, il se remémore le passé. "J'étais jeune à l'époque, mais je sais que Maurice Guèye habitait en ville, plus précisément au niveau du vieux bâtiment en décrépitude que vous voyez à côté de la mairie de ville et dont la salle des fêtes fait face, c'était là où résidait Momath Maurice Gueye".
Et M. Ndoye d'embrayer : "Je me rappelle que tous les vendredis, et jusqu'à la fin de ses jours, il donnait l'aumône aux handicapés, aux personnes défavorisées, aux démunis, qui se présentaient à la devanture de sa demeure. C'était vraiment une tradition. De la pharmacie Centrale, à la rue Gambetta, jusqu'à sa demeure sise à côté de la mairie de ville, une longue file se formait. C'était un modèle de générosité et de solidarité sans pareil. Momath était connu des Rufisquois pour sa générosité. Très jeune, j'étais marqué par cet élan d'altruisme de la part de Mame Maurice Guèye".
Bien que cette résidence ne soit pas connue de la jeune génération, Assane Ndoye reconnaît qu'"elle était assez bien connue par les gens de ma génération, celle des années 60 et 70". "Il était tout le temps perché sur son balcon. C'était un homme très élégant qui ne passait pas inaperçu. Il aimait s'habiller au style des quatre communes. Il était le plus clair du temps en trois pièces assorties d'un chapeau. De temps en temps, il s'affichait en public avec une canne. C'était le politicien colonial par excellence", se souvient l'historien de ville.
Le paradoxe d'un maire qui a tout donné pour sa ville
Passionné par l'histoire de cet homme qui a "marqué son époque", Assane Ndoye explique : "Il faut dire qu'il avait une résidence secondaire au quartier Keury Souf". "D'ailleurs, cette demeure est complètement abandonnée. Elle sert maintenant de lieu de vente de boisson alcoolisée", se désole l'historien qui, dans la foulée, a informé que le fils de Charles Cupidon Guèye et de Sophie Coulibaly, était le bien aimé de la collectivité léboue qui lui venait en aide à chaque fois que de besoin.
Pour sa part, René Guèye, petit-fils de Maurice Guèye, trouve "incompréhensible" qu'un endroit aussi spacieux et aussi bien situé que sa demeure soit à l'abandon. "Il faudrait y créer un centre culturel qui correspond à l'esprit de Maurice Guèye", a t-il proposé, avant de révéler: "Mon grand père avait confié la bibliothèque municipale à Mbaye Jacques Diop. Il a créé la fameuse salle des fêtes qui était l'unique salle des fêtes au Sénégal et qui par la suite accueillait les congrès et les grandes conférences du Parti socialiste. C'était aussi un lieu culturel, parce que du temps de Maurice Guèye, il y avait beaucoup d'activités culturelles à Rufisque".
Face à ce qu'il qualifie de "paradoxe", le petit-fils renseigne que Mame Maurice comme il l'appelle affectueusement était un homme de son temps doublé d'une culture élevée. "Il jouait avec une maîtrise parfaite de l'orgue et de l'accordéon. C'est quelqu'un qui avait beaucoup d'humour. Il aimait bien haranguer les foules lors des meetings. C'était son style. Il était aussi un bon négociateur, c'était l'un de ses atouts majeurs".
Faisant référence aux nombreuses joutes ayant opposé Maurice Guèye à Ousmane Socé Diop, René Guèye, qui affirme avoir grandi à l'ombre de son grand-père, lâche tout de go : "Moi, je dirais que c'était un virtuose de la politique. Au moment où certains pensaient qu'il allait perdre les élections, il avait toujours une botte secrète".
Maurice Guèye, un modèle de gouvernance municipale à l'air de son temps
Dans la lutte politique, beaucoup de sacrifices ont été consentis pour celui qu'une délégation dirigée par les chefs notables est allée à Diourbel après sa révocation comme maire, lors de son premier mandat (1925-1935), pour le remettre à sa place pour un nouveau bail (1945-1960. Et c'est ainsi qu'en 1945, Maurice Guèye est redevenu le premier citoyen de la commune de Rufisque.
"Maurice a même sacrifié des héritages personnels pour pouvoir faire sa politique. Je sais qu'à un moment donné, lors des élections, il a été amené à hypothéquer une maison familiale pour faire de la politique. Il avait donné son cœur et son âme à Rufisque. Il était chevillé à Rufisque. C'est pourquoi d'ailleurs il n'a jamais été battu à une élection à Rufisque", confie René Guèye.
Selon lui, "les samedis après-midi qui correspondaient au début de week-end, il faisait le tour de la ville à pied. Un long périple qui l'amenait à la rencontre des populations dans certains quartiers pour discuter avec elles, jouer aux dames. Il était en contact permanent avec les populations".
"La preuve, révèle son petit-fils, il pensait qu'il fallait un pouvoir municipal fort, proche des intérêts des populations. Une administration locale capable d'agir, selon les besoins des administrés. Il s'est beaucoup adossé à la communauté léboue qui est venue le chercher pour qu'il reprenne la mairie de Rufisque. Il était très accessible et d'une générosité légendaire".
Un homme qui avait le sport dans les veines
Pour René Guèye, il faut que la jeune génération sache qui était Maurice Guèye et que les politiques s'inspirent de son exemple. "Les acteurs de la vie politique doivent s'occuper des besoins des populations, plutôt que de servir des intérêts personnels et partisans. Sur ce point, il faut dire que c'était un modèle de gouvernance municipale", renchérit-il.
En bon Baol-Baol, le fils de Charles Cupidon Guèye et Sophie Coulibaly (Léboue de Diokoul), Momath Maurice Guèye aimait par-dessus tout la lutte qu'il a même pratiquée dans sa prime jeunesse, selon beaucoup de témoignages concordants. "Il allait même parrainer des combats de lutte à l'arène Gabard Ndoye pour des combats des ténors comme Gamou Guèye et Bécaye Diop (Keury Souf qui n'existe plus). Le sport, il l'aimait, notamment aussi le handball le basket avec l'équipe de Jam Shot du centre ville", renseigne-t-on.
"Le patrimoine est un levier de promotion du tourisme qui peut aujourd'hui influer sur la croissance économique locale", déclare à l'entame de son propos Mama Sabara, acteur évoluant dans le secteur touristique et voisin de la famille Guèye. Pour lui, il faut pousser afin d'entraîner les Sénégalais à visiter ces édifices de ces territoires coloniaux.
Réhabiliter sa demeure pour promouvoir le tourisme intérieur
"Ce serait intéressant d'amener les populations à venir visiter ces symboles pour redécouvrir la cité coloniale avec ces beaux bâtiments, son patrimoine immatériel, ses personnages emblématiques qui ont marqué son histoire", souligne M. Sabara qui s'est, en outre, dit écœuré du fait que "des milliers de gens traversent le boulevard qui porte son nom sans pour autant savoir où habitait le défunt maire Maurice Guèye".
"Ça nous fait mal de voir un pan de l'histoire complètement dégradé. Ces bâtiments qui menacent ruine, alors que ces bâtiments nous parlent", se scandalise le président du Syndicat d'initiative du tourisme du département de Rufisque qui constate, le cœur meurtri, "l'état de décrépitude de ce bâtiment plein de symboles".
Heureusement relève-t-il : "La famille Guèye a pris les devants avec la commémoration des 50 ans du rappel à Dieu de Maurice Guèye. Une occasion de se remémorer ses actions politiques sociales. Ce qui fera que les gens vont venir visiter, revoir la maison, la photographier. Ainsi, Rufisque pourrait recevoir du monde dans le cadre du tourisme interne pour une journée, un week-end, dans le cadre de l'animation du patrimoine".
D'après lui, "l'Etat, la mairie et le secteur privé et les résidents qui détiennent des bâtiments à valeur patrimoniale devront définir une politique de sauvegarde et de valorisation du patrimoine architectural Rufisquois". Et il préconise la mise en place d'un fonds pour la réfection des façades des maisons des résidents en fixant les toitures en tuiles, les balcons en bois ou en fer forgé et les portes.
Une démarche qui va, pense-t-il, va "redonner une autre image à ces bâtiments qui vont être beaucoup plus attractifs". "Mais d'ores et déjà, il faut, estime M. Sabara, procéder à l'identification de ces bâtiments pour entrer en contact avec les propriétaires pour ainsi les subventionner".
"ON M'A MENACÉE DE MORT…"
Oumou Sy, fondatrice du Metissacana, créatrice de mode, costumière
Mbayang Sarr Faye et Mame Fatou Kébé |
Publication 19/08/2016
Elle fait partie des pionnières de l'Internet grand public au Sénégal, avec son fameux cybercafé Metissacana (voir Le Quotidien n°4058 d'hier jeudi 18). Mais Oumou Sy, qui était plus connue comme une grande créatrice de mode et couturière de dimension internationale, s'est aussi brûlée les ailes en voulant faire montre d'ingéniosité. Pour elle, ses déboires, aussi bien dans le monde digital que dans le secteur du show business, n'ont qu'un seul fondement, son adversité avec la Sonatel, sur laquelle les Français de France Télécom venaient de faire main basse, et qui tenait à avoir une situation de monopole dans le secteur de la téléphonie, du mobile et de l'Internet au Sénégal. Le Quotidien a revisité dans son édition d'hier la belle épopée du Metissacana, premier cybercafé et Fournisseur d'accès Internet du Sénégal et d'Afrique de l'Ouest. Aujourd'hui, il revient sur les raisons de son échec relativement rapide. De la bouche même de sa fondatrice.
Oumou Sy est considérée aujourd'hui comme la première prestataire de service Internet de l'Afrique de l'Ouest grâce au restaurant-cybercafé, le Metissacana qui a fermé ses portes depuis 2001. Pouvez-vous revenir sur la création d'un réseau Internet en 1996 ?
Quand j'ai terminé les cérémonies du Bicentenaire de la Révolution française, les Français m'ont offert un passeport que j'ai refusé, car c'était une injure. Ils se sont rendu compte que je travaillais bien dans mon pays, et l'ambassadeur de la France de l'époque voulait que je quitte mon pays. Et je lui ai dit qu'il me sous-estimait. Je préférais rester et investir dans mon pays. Alors, des amis m'ont proposé d'apporter Internet aux Sénégalais, et j'ai rétorqué que je ne pouvais le faire si les villageois ne pouvaient en bénéficier. Ils m'ont suggéré de créer un cybercafé pour permettre aux Sénégalais de découvrir l'Internet. J'ai accepté leur proposition, mais à la condition de le faire à ma manière. C'est-à-dire, en y incluant les villageois, surtout ceux qui ne savent ni lire, ni écrire, comme moi. Pour cela, j'ai trouvé des animateurs puis amené des formateurs de la Suisse, qui les ont formés pendant 8 mois. Et en 1996, on a ouvert Metissacana, qui fonctionnait 24h sur 24. Durant 2 mois, j'ai passé des appels à la Sonatel pour savoir ce qui faisait fonctionner l'Internet dans les villages et on m'a répondu : le téléphone et l'électricité. J'ai acheté beaucoup de câbles téléphoniques, et je suis allée à la Soboa, j'y ai rencontré Tidiane Wone qui m'a prêté leur camion pour sillonner les villages, en faisant des démonstrations sur l'Internet, à travers un écran géant. L'Afrique avait déjà Internet, elle n'attendait qu'une personne pour le développer.
Comment fonctionnait le Metissacana à sa création ?
Il marchait à merveille, jusqu'au jour où la Sonatel a été rachetée par France Télécom, c'est à partir de ce moment que ces gens ont commencé à nous bloquer sur des bandes passantes.
Qu'est ce qui s'est passé ?
Il y avait 4 megabits pour tout le pays. Les deux étaient pour la Sonatel, les deux autres pour la primature, la présidence et les autres providers, ce qui n'était pas normal. On s'est battus pour qu'on nous augmente nos bandes passantes, mais la Sonatel avait dit niet. La tension était devenue très forte. J'ai alors décidé d'aller en France pour nouer un partenariat avec Alcatel, qui m'a dit qu'il ne pouvait pas investir si le marché ne faisait pas 600 milliards. J'ai appelé Abdoulaye Wade, qui est mon ami, je lui ai posé le problème d'Alcatel. On a fait ensemble un dossier pour la connectivité rurale pour le Sénégal et la sous-région. Je n'ai pas eu de retour sur la suite du dossier. Par la suite, quelqu'un qui était proche du gouvernement -je ne veux pas citer son nom- est venu me menacer en me disant que si je continuais, on allait tuer mes enfants. Autant me taire alors, car je préfère mes enfants à l'Internet et au Metissacana.
Vous aviez été menacée de mort ainsi que vos enfants à cause d'Internet et du Metissacana?
Effectivement. Ils m'ont clairement dit que si je citais des noms, ils allaient s'en prendre à mes enfants. Ils ne se sont pas limités à la menace. Ils sont passés aux actes. Deux de mes enfants ont été renversés dans la rue, mais heureusement qu'ils n'ont eu que quelques égratignures. Ma fille, Dina, hospitalisée à l'hôpital Principal de Dakar pour des soins, a été victime d'une tentative de meurtre. Quelqu'un est venu se présenter en tant que médecin en salle d'opération, alors que c'était un bandit venu tuer ma fille. Il avait réussi à lui sectionner les ganglions. Elle a survécu grâce à Dieu. J'ai pris peur pour leur vie et j'ai fait tout mon possible pour les emmener à l'étranger. Il fallait que je reste muette, ne plus parler aux journalistes pour sauver nos vies. D'ailleurs, jusqu'à présent nous ne sommes pas à l'abri, parce que ce n'est pas encore fini.
Vous menace-t-on toujours ?
Non, ils ne me menacent plus, j'ai la paix et la tranquillité, personne ne me dit plus rien, on ne m'offense pas. Vous savez, le provider-mère du Metissacana a été vendu à France Télécom par l'État sénégalais. Et France télécom, c'est la France. Ce qui fait que je ne pouvais que fermer, car je n'avais plus de fournisseur. Je n'utilise même pas de puce orange. Ce sont mes ennemis.
Sans Internet, le Metissacana attirait-t-il toujours autant de visiteurs ?
L'endroit était devenu célèbre grâce à l'Internet. Donc, la fermeture du cybercafé a eu un impact négatif sur les activités de la boîte. Toutefois, j'ai continué à faire des défilés jusqu'à ce que l'on brûle le restaurant. Là, j'ai arrêté le grand restaurant, en conservant le petit resto qui se trouvait au rez-de-chaussée. Il ne restait plus grand-chose, les gens venaient de moins en moins.
Le Metissacana n'était-il pas devenu un peu dépassé dans le secteur des télécommunications ?
Les autorités sénégalaises voulaient se débarrasser d'une concurrente de la Sonatel et régler en même temps d'autres problèmes diplomatiques. Colin Powell, l'ancien Secrétaire d'État américain de Bush, avait fait le tour de l'Afrique sans passer par le Sénégal, sous prétexte que selon lui, Abdoulaye Wade était trop proche de Khadafi et que ce dernier avait financé la campagne présidentielle de Wade. Il incombait au gouvernement sénégalais de prouver le contraire. Un incident diplomatique entre les deux pays africains serait la preuve parfaite. Aussi, puisque Metissacana les dérangeait, et avec ce scandale de l'affaire des mannequins à convoyer en Libye, ils ont réussi à freiner l'élan du Metissacana, vu que j'envisageais développer le net dans les campagnes, connecter les 13 700 villages du Sénégal avec un partenaire, Alcatel, qui ne voulait pas signer avec l'État, mais avec moi. L'État du Sénégal voulait, quant à lui, signer avec Alcatel et non avec le privé. Quand on m'a refusé la licence, je me préparais à aller en Libye. Et j'avais anticipé les résultats avant mon départ pour la Libye, en envoyant un email général aux journalistes nationaux et internationaux pour les informer qu'à mon retour au Sénégal, je ferais une conférence de presse internationale pour dénoncer la concurrence déloyale de France Télécom. Il s'est trouvé qu'au même moment, j'ai été arrêtée et emprisonnée.
Quelles étaient les véritables raisons de votre arrestation ?
Il était écrit dans la presse que je partais avec 100 filles en Libye, pour les vendre au défunt président Khadafi. Mais ce n'était qu'une tromperie. Ils ont parlé de 100 filles pour embellir la chose, gonfler la situation. Il leur faillait un chiffre mythique pour attirer l'attention de la population. Mais malheureusement pour eux, en m'arrêtant, ils m'ont protégée du danger que je courais dans la rue à l'époque. Beaucoup de gens étaient prêts à en finir avec ma vie à cause de cette histoire de réseau de proxénétisme. Ils voulaient me mettre la pression et me pousser au suicide, chose que je n'ai pas faite. Beaucoup de gens sont déclarés morts par suicide, mais ce n'est pas vrai, ils ont été tués, et c'est ce qu'ils voulaient faire avec moi. Mais ils ont raté ma mort.
Vous n'avez toujours pas dit la raison pour laquelle, ils en avaient après votre vie, était-ce à cause du Metissacana qui concurrençait France Télécom sur l'offre des services Internet ? Comment et pourquoi l'État du Sénégal a-t-il participé à cet acharnement sur votre personne ?
Nous étions invitées, Diouma Dieng Diakhaté, Collé Sow Ardo et moi, au Hara de Jardy, en France, où nous devions faire un défilé. Abdoulaye Wade et sa femme Viviane étaient aussi invités. A cette occasion, le président Wade m'a présentée à Michel Rocard, un homme d'État français que je ne connaissais pas. Après les salamalecs, Michel Rocard avait fait un chèque de 750 millions à la Première dame de l'époque, pour le compte de son dispensaire de Ninefesha. Wade m'a alors proposé de les accompagner aux États-Unis, chose que j'ai refusée parce que j'avais d'autres contraintes. Deux mois après, il y a eu le scandale sur les 100 mannequins.
Comment avez-vous vécu votre arrestation ?
J'avais reçu l'invitation de Kadhafi pour l'anniversaire de ses 32 ans de pouvoir. J'ai appelé au ministère de la culture pour savoir si on devait se rendre à Tripoli ou pas, ils m'ont donné une réponse positive en m'affirmant que même les artisans du village de Soumbédioune et le groupe culturel de Thionk Essyl étaient aussi invités. Il y avait un document daté du 15 août de la République populaire arabe de Libye, adressé au Président de la Chambre de Commerce du Sénégal, informant de l'intention de présenter des mannequins du Sénégal à Tripoli. Donc, les autorités sénégalaises étaient bien au courant. Ils m'ont d'ailleurs demandé de préparer mon casting pour le défilé. J'ai pris mes élèves, mes cousines et mes filles pour partir en Libye. Comment pourrais-je vendre mes filles aux Maures ? C'était impossible et insensé. Le jour du voyage, je suis partie un peu à l'avance à l'aéroport et on nous a informées à l'entrée que l'avion avait un problème. Vers midi, j'ai alors demandé la fiche technique de l'avion et je l'ai photocopié pour la donner à des gendarmes qui étaient en tenue civile. Une erreur qui m'a conduite au gnouf, car c'est sur cette fiche qu'ils comptaient pour savoir l'heure de départ du vol. Le gendarme a rapporté la fiche au ministre de l'intérieur de l'époque Mamadou Niang et à celui des affaires étrangères Cheikh Tidiane Gadio. Ce dernier a réuni toute la presse au Cices, sauf le journaliste Biaye. A l'heure où la presse était au Cices, l'attaché culturel de l'ambassade de Libye et le directeur de l'aéroport sont venus enregistrer nos bagages. Pourquoi ? Mais quand un Guide affrète un avion, on n'a même pas besoin de visa. Ils ont quand même enregistré et nous avons fait les contrôles de police et de douane, il ne nous restait que l'embarquement. Surprise ! Les pick-up de la gendarmerie ont envahi le tarmac de l'aéroport. Ils sont venus demander le responsable du voyage et je me suis présentée. On nous a conduits à la gendarmerie et les autres, mannequins, chef d'orchestres, danseurs,... au Cices où les attendaient les journalistes et Gadio. Arrivés là-bas, les mannequins ont été placés derrière Gadio qui dénonçait un réseau de proxénétisme. Nous, quand nous sommes arrivées à la gendarmerie, j'ai voulu savoir les raisons pour lesquelles on a été conduites là, ils m'ont dit que je n'étais pas concernée. La gendarmerie n'avait pas compris pourquoi on a été arrêtée. Ils m'ont laissée rentrer et les autres sont restés.
Qu'est ce qui s'est passé par la suite ?
Sur le chemin du retour, dans le taxi, je me suis rendu compte que la déclaration de Gadio se faisait en direct à la radio. J'ai donc demandé au taximan de ne pas me ramener chez moi, mais plutôt me conduire au Metissacana car j'avais déjà accès à la radio depuis le net. J'ai fait en même temps un direct sur les ondes de Sud Fm pour remercier l'Armée sénégalaise de sa vigilance en nous empêchant de voyager. Car je ne savais pas qu'on courait un danger en partant en Libye. Des proches m'ont appelée pour me dire que cette histoire était très politique. Et de là, les appels n'en finissaient plus, Youssou Ndour, Babaa Maal, Mame Fatou Aïdara pour ne citer que ceux-là, m'ont appelée pour m'apporter leur soutien. Je leur ai tous dit qu'il n'y avait rien et que j'étais chez moi avec mes enfants.
S'ils vous ont libérée le jour, pourquoi vous ont-ils arrêtée le lendemain ?
Ils ont eu ce qu'ils voulaient car les deux ambassadeurs, du Sénégal et de Libye ont été rappelés chacun dans son pays. Car il y a eu incident diplomatique. Le lendemain, on est partis à la gendarmerie, on nous a tous interrogés et la majorité avaient récupéré leurs passeports et sont rentrés chez eux. Le jeudi 30 août 2001, l'équipage est libéré, l'avion "clandestin" est reparti officiellement avec 52 personnes, dont les danseurs de Thionk Essyl et des artisans de Soumbédioune.
Vous insinuez que le gouvernement sénégalais de l'époque a orchestré un déni de justice et une séquestration abusive pour ternir l'image de la propriétaire du Metissacana et en même temps montrer à la France et aux États-Unis que le Sénégal n'avait pas de bonnes relations avec Khadafi ?
Oui, l'incident diplomatique a été créé par le gouvernement de Wade pour montrer aux Français qu'entre Abdoulaye Wade et Khadafi, il y avait un différend. Et ils ont réussi leur coup. Les sœurs Campbell et moi étions les seules à avoir été mises en prison. Mais si un avion est déclaré clandestin, est ce que ce sont les passagers qui devraient aller en prison ? Non. A 17 heures, je fus conduite à la gendarmerie où j'ai attendu pendant 7 heures avant de parler avec le juge. Après l'audition des sœurs Campbell, le juge m'a affirmé que le dossier était vide, au point qu'il devait m'arrêter pour y voir plus clair. Ils m'ont conduite au camp pénal, car il ne pouvait pas dévier, ni renverser le car ou me tuer dedans parce que la presse était derrière nous. Ils ne pouvaient plus rien faire contre moi, je deviens alors une prisonnière politique et non plus un fardeau. J'ai fait 33 jours de prison avant d'être libérée. Il faut que ces gens sachent que mentir est un art. Il faut savoir mentir, ils ont fabriqué un tissu de mensonges sans calculer.
Mais ils on eu raison de vous car la pression a porté ses fruits. 8 mois après votre arrestation la fermeture du Metissacana a été annoncée?
Ils ont fait plusieurs pierres d'un coup. Ce fut une affaire chamboulée, concentrée sur une seule et unique personne.
Cela était au temps de Abdoulaye Wade et pourtant vous dites qu'il est votre ami. Comment cela est-il possible ?
C'est mon ami je le réaffirme. J'ai fait sa campagne présidentielle au Metissacana. C'est là-bas même qu'il tenait ses réunions. C'est le premier que j'ai connecté gratuitement. Quand la connexion a été coupée, il ne s'est même pas inquiété. Il n'a pas essayé d'avoir une quelconque information sur le problème. Le fait d'être Président ne veut pas dire qu'on n'est pas au courant de ce qui se passe. Le pays est bourré de renseignements généraux. Il n'a pas voulu réagir. Il a tout simplement montré de quel côté il était.
Aujourd'hui quelles sont vos relations avec Abdoulaye Wade après tout ce qui s'est passé depuis 2001 ?
On a de bonnes relations, je ne blâme personne. Cependant, c'est à cause de cette histoire que j'ai refusé de défiler pour Viviane Wade tant que son époux n'aurait pas prononcé un pardon public pour que la lanterne des Sénégalais soit éclairée sur l'affaire des 100 mannequins et montrer qu'on m'avait accusée injustement et utilisée. Je n'avais pas besoin d'être payée pour un défilé, un simple pardon public aurait suffi pour que je fasse le défilé gratuitement. En plus, elle ne m'a envoyé ni plus ni moins que Farba Senghor pour parler du défilé. Mais, par la suite j'ai rencontré Abdoulaye Wade qui voulait savoir ce que j'étais devenue. Ma réponse a été claire : je suis comme un tas de miel où chaque fourmi vient prendre sa part. Il a appelé ses hommes pour leur demander de tout régler concernant le scandale des mannequins et le Metissacana. Il m'avait préparé un cadeau empoisonné parce qu'il a donné un papier sur lequel il m'était permis de reprendre mes ateliers qui ont été incendiés, pour une valeur de 305 millions. Mais il fallait que je me rapproche de l'Adepme (Agence de développement des petites et moyennes entreprises) pour mendier un remboursement. Ils m'ont fait du mal au lieu de réparer cela et respecter mes droits en me dédommageant, ils ont voulu me donner un cadeau empoisonné. Chose que j'ai refusée farouchement.
Donc jusqu'à présent l'État du Sénégal n'a pas réparé le préjudice qu'il vous a causé ?
Non. Mais je ne vais pas prendre l'argent de l'Adepme et lui rembourser le double après. Ils n'ont qu'à me donner ce qu'ils me doivent. De toute façon cela ne m'a pas empêchée de continuer mes affaires, je rends grâce à Dieu. Metissacana est né sur fonds propres. C'était dur et Wade voulait que je quitte le pays comme l'on fait mes partenaires. Mais il fallait qu'il sache qu'il n'est pas plus Sénégalais que moi. Je peux sauver mes enfants en les amenant hors du pays, mais moi je reste.
Au moment des faits, qu'elle a été la réaction de vos collègues créatrices de mode, comme Collé Sow Ardo, Diouma Dieng Diakhaté et autres ?
Elles m'ont soutenu à leur manière. C'est-à-dire qu'elles ont fait de leur mieux pour me sortir du gouffre. Mais si j'étais à leur place, personne n'aurait été en prison. Je n'ai peur de personne, encore moins de dire la vérité.
Donc, elles n'ont pas osé dire la vérité ?
Elles l'ont dit à leur manière, comme je vous l'ai dit tout à l'heure. On est tous des êtres humains mais nous sommes différents dans notre manière de faire. On n'a pas tous le même courage. Si on veut aider une personne alors que cela pourrait nous coûter la prison, on ne va pas le faire.
Est-ce que l'on peut s'attendre à la réouverture du Metissacana ?
Il peut reprendre car ils ont libéré les données. Metissacana peut rouvrir ses portes dans un nouveau registre car c'est un nom de domaine qui figure dans le livre d'or du monde entier. Il y a des gens qui veulent acheter le nom, mais je ne vends pas. Je veux des partenaires et non des gens qui veulent se l'approprier parce qu'ils ont des pouvoirs. Ce n'est pas un nom à bazarder.
Quels sont vos projets ?
Je veux transmettre mes talents aux jeunes artistes. Je suis formatrice, donc, pourquoi le président Macky Sall ne me donne pas quelque chose pour que je puisse former les jeunes à la mode. Je ne fais pas partie de ceux qui reçoivent un budget de formation, et je ne vais pas le quémander comme le font certains.
LA "GÉNÉRALISTE" DE LA MODE AFRICAINE
Profil de la styliste Oumou Sy
Mbayang Sarr Faye et Mame Fatou Kébé |
Publication 19/08/2016
Elle est l'un des plus grands noms de la mode africaine contemporaine. Styliste, costumière de cinéma et de théâtre, décoratrice et créatrice de bijoux, la beauté et la création n'ont pas de limites dans son imagination. Au-delà de ces valeurs esthétiques, c'est aussi une femme d'affaires. Elle est l'une des pionnières de l'Internet en Afrique. "Je me surnomme moi-même, généraliste", se vante-t-elle. Qu'est ce qui lui a valu autant de talent si l'on sait que Oumou Sy est autodidacte ? Comme un génie, elle a une explication à toute question, en particulier sur sa personne.
Oumou Sy se dit chérifienne. D'origine peule, elle naît en 1952 à Podor, dans la région de Fouta dans une famille chérifienne. Le déclic s'est opéré à l'âge de 5 ans, à la disparition de son père, membre de la famille Tidjaniya. C'est de là que sa gloire dans le monde de la création artistique contemporaine lui a été insufflée.
Elle confie : "mon père a mis beaucoup de choses en moi, à sa mort même les gens croyaient que je n'allais pas survivre. On m'a enfermée avec lui dans sa chambre mortuaire et c'est à cet instant que j'ai su que j'allais faire beaucoup de choses sans un maître, si ce n'est Dieu". Ainsi, à 13 ans, elle ne pouvait plus cacher ses créations.
Elle décide de les partager avec les habitants de Saint-Louis, où "Bagatelle-Couture" s'était ouvert. C'est là-bas qu'elle a dévoilé ses talents avec comme matériel, une petite machine achetée par sa mère, qui au départ était contre l'idée. "Ma maman était opposée à ce que j'ouvre mon atelier à 10 ans. Elle disait que la mode n'était pas adéquate pour une enfant. Car il y avait des consommateurs d'alcool, des bandits etc", souligne la styliste.
A 20 ans, elle se fait un nom en tant que styliste et créatrice de mode et ouvre son premier magasin de prêt-à-porter à Dakar. Son talent se confirme et le succès frappe à sa porte. Oumou, bien appréciée par les chanteurs sénégalais tels que Baba Maal ou Youssou Ndour, devient leur costumière.
Au surplus, l'international clame la prouesse de la styliste. Elle est sollicitée par des cinéastes et tourne avec les plus grands noms africains, crée les costumes de plusieurs de leurs films, comme :
Hyènes (Djibril Diop Mambéty, 1992), Guélewaar (Ousmane Sembène, 1992), Samba Traoré (Idrissa Ouédraogo, 1992), le court métrage Pressions (Sanvi Panou, 1995), Les Caprices d'un fleuve (Bernard Giraudeau, 1996). Más allá del jardín (Pedro Olea, 1996) ou Le Déchaussé (Laurence Attali, 2003), un court métrage dans lequel elle interprète elle-même le rôle de Zaglad subsaharienne. "C'est quand j'ai fait des grands films, qu'on m'a fait comprendre que je suis costumière, créatrice de costumes", appuie la Podoroise.
Une créativité primée de partout
En 1990, elle monte son école, les "Ateliers Leydi", chargée d'enseigner les arts traditionnels du costume et de la parure. En 1996, elle ouvre à la rue Thiong, à Dakar Plateau, le premier cybercafé d'Afrique de l'Ouest, appelé le Metissacana.
C'est dans ce décor qu'elle organisait régulièrement ses défilés et sa manifestation annuelle, la Simod (Semaine nationale de la mode) qui se tient toutes les années. Fruit de ce parcours riche et divers, marqué par son héritage enfoui dans l'histoire profonde du continent, Oumou Sy a conçu une collection unique au monde de costumes de rois et reines d'Afrique qui effectue à elle seule son tour du monde.
La consécration internationale lui est arrivée à plusieurs reprises, notamment avec le 1er Prix 98 de la Fondation Prins Claus. Ce sont deux élèves de Leydi qui ont remporté, l'un le Concours Design 21 98 et le Ciseaux d'or 98 et l'autre les Ciseaux de Bronze 98.
Oumou Sy est alors devenue la première lauréate du prix Rfi en Afrique, qui lui est décerné le 26 janvier 2001 et remis au Cameroun le 13 février de la même année, à l'occasion du Salon Yaoundé NetCom.
Cette récompense salue son engagement dans la lutte contre la fracture numérique sur le continent africain. Elle gagne à la place Faidherbe, le marché du Bicentenaire de la révolution française pour avoir cousu une robe de signare, "faire quelque chose que personne d'autre n'a pu faire", fut son slogan.
En 2003, la Semaine de la Mode de Rome (AltaModa) la gratifie d'un Prix spécial de la Ville de Rome. Le 26 mai 2006, Oumou Sy reçoit les insignes de Chevalier de l'Ordre national de la Légion d'honneur à la résidence de l'ambassadeur de France au Sénégal.
Une vie tourmentée
Malgré cette percée dans la mode et le cinéma, la vie n'a pas été toujours rose pour Oumou Sy. Ses nombreux succès sont devenus sources d'épouvante pour elle et son entourage. Cinq ans après l'ouverture du Metissacana en 2001, la polémique frappe à sa porte. Le provider-mère du Metissacana est racheté par France Telecom, et le cybercafé ferme ses portes. Un épisode qui a bouleversé sa vie.
Plus de dix ans après ces évènements, la tristesse se lit dans ses yeux et l'espoir de ressusciter le dit nom de domaine se fait sentir dans ses paroles. "Beaucoup de gens sont venus pour que je leur vende le Metissacana, mais j'ai refusé. Je garde le nom de domaine. Je peux le rouvrir un jour ailleurs", projette-elle sans pourtant afficher une mine confiante.
Quand l'ancien Président, Me Abdoulaye Wade, parle de la décision du Cirdi dans l’affaire Bibo, cela débouche aussitôt sur son fils Karim Wade. Hier, rapporte Le Populaire, Babacar Gaye, le porte-parole du Pds, a partagé sur sa page Facebook une lettre que le Pape du Sopi a adressé à son second, Oumar Sarr, Coordonnateur du Comité directeur du Pds. Il amorce sa lettre en écrivant : "M. le Coordonnateur général, le Cirdi, dans une décision dans l'affaire Sénégal contre Bibo Bourgi, vient de donner raison à Karim dans la mesure où il établit que les sociétés AHS appartiennent exclusivement à Bibo Bourgi et à son frère Abdoukadil Bourgi. Cela signifie que, pour Karim il n'y a pas d'enrichissement et encore moins d'enrichissement illicite". Et Me Wade de poursuivre : "C’est tout l'échafaudage de Macky Sall qui s'écroule du sommet des arrêts de la Cour Suprême à l'instruction de la Commission d'instruction de la Crei".
Selon Me Abdoulaye Wade, "M. Badio Camara, le procureur général, les magistrats de la Cour et de l'instruction, qui ont montré beaucoup de zèle à donner satisfaction à la lubie de Macky Sall, en soutenant un échafaudage juridique qui n'avait d'autre objet que la liquidation d'un adversaire politique, devraient, s'ils avaient le sens de l'honneur, présenter leurs excuses au peuple sénégalais et démissionner". "C'est donc une grande victoire que nous venons de remporter après plus de trois années de lutte durant lesquelles nos responsables et militants ont payé le prix fort, la radiation, la matraque, la dispersion violente de nos réunions, l'emprisonnement. Il est rare de trouver dans les annales, même chez les Présidents fascistes, l'extension des pratiques aussi anti-démocratiques à l'emprisonnement du Président des étudiants et celui des jeunes d'un parti", dit Me Wade.
Après ce tir nourri sur le… Macky, l'ancien Président embraie sur l’organisation d’une journée pour fêter ce qu’il qualifie d’événement. "De nombreux militants demandent au Parti de fêter cet événement. Je soutiens cette idée et vous demande de me soumettre un programme et, surtout, l'exploitation que vous voulez en faire au centre de laquelle se trouvent les leçons à donner sur la démocratie et les Droits de l'Homme". Car selon lui, "si l'affaire Karim Wade alimente la réflexion des Sénégalais et enrichit la démocratie, elle sera, malgré tout, positive". N’attendant pas les propositions qu’il demande que ses collaborateurs lui fassent, Me Wade, toujours égal à lui-même, les devance et annonce : "Je vais incessamment vous présenter un projet d'organisation d'une journée avec des conférences, des débats, des meetings dans les instances horizontales du Parti comme dans les structures verticales telles que la Fédération des femmes, la Fédération des jeunes, la Fédération des hommes d'affaires, la Fédération des arabisants et maîtres coraniques".
VIDEO
LE FANTÔME KARIM
EXCLUSIF SENEPLUS - Babacar Gaye se prononce sur le concept de tous les dangers : "La Sénégalité" - SANS DÉTOUR (Partie 4/4)
Dans cette quatrième et dernière partie de Sans Détour, le porte parole du PDS, Babacar Gaye parle de l'avenir du PDS et en particulier le l'avenir politique de Karim Wade.
Il est aussi interrogé par Gnagna Sy, Pathé Mbodj et Momar Seyni Ndiaye, sur la question très sensible de la "Sénégalité". La Sénégalité va t-elle mettre en péril la nation sénégalaise ?
VIDEO
LE DEAL APR - PDS
EXCLUSIF SENEPLUS - Quel avenir pour le PDS ? Que veut Idrissa Seck ? Les retrouvailles de la famille sont-elles à l'ordre du jour ? Réponse du porte-parole du Parti - SANS DÉTOUR (Partie 3/4)
Dans cette troisième partie de Sans Détour, le porte-parole du PDS Babacar Gaye discute de la recomposition de la famille libérale.
Que se passe-t-il entre Idrissa Seck et ses anciens amis du PDS ? Les libéraux vont-ils se réunir autour de Macky Sall ? Le PDS n'est-il pas pas un parti éclaté qui a du mal a renaître de ses cendres ?
Gnagna Sy, Pathé Mbodj et Momar Seyni Ndiaye interrogent le porte-parole du PDS sur le plateau de la grande émission télé de SenePlus.Com.