Le groupe Bidew Bu Bess se livre. De la vie familiale à la consécration avec le disque d’or du groupe en passant par la maladie de Moctar..., l’arrivée de Ibrahima... le groupe de hip-hop revisite ses 21 ans de carrière et se projette dans l’avenir.
Vous avez récemment fêté votre anniversaire sans faire de la scène. Pourquoi ce choix ?
Baïdy : C’est juste pour innover parce que Bidew Bu Bess, c’est un groupe qui commençait la célébration de ses anniversaires par le social. Ce genre d’actions n’a jamais été laissé en rade. Et on s’est dit qu’il fallait cette année mettre plus l’accent sur le social. On a voulu changer de donne, car quand les artistes organisent ce genre de manifestions, ils le font pour un but lucratif au détriment du côté social. C’est pourquoi on s’est dit qu’on va accentuer ces journées sur du social, vu qu’on prépare quelque chose cette année. C’est ce qui nous a poussés pour notre 21ème anniversaire à mettre l’accent sur le volet social. On a réussi le pari avec les partenaires. C’était bien.
Qu’est-ce que Bidew Bu Bess prépare pour cette année ?
Baïdy : Avant de répondre à cette question, il faut dire que Bidew Bu Bess a mis sur pied une association dénommée Music in service (la musique au service). C’est une association qui œuvre dans le social. C’est une façon de faire une musique participative, histoire de rendre tant soit peu ce que le Sénégal nous a donné. C’est le Sénégal qui nous a vu grandir.
Et dans ce contexte, on s’est dit que c’est bien de faire de la musique à but lucratif, mais il faut penser aux autres. Nous n’avons que nos voix, notre musique et on veut les mettre au service des populations sur le plan de la santé, de l’éducation etc. C’est pourquoi nous avons créé
cette association qui s’active dans beaucoup de domaines. C’est-àdire que quand le groupe est sollicité pour la bonne gouvernance, des projets de développement durable, des dons de sang, c’est l’association qui les gère. L’association veut être utile aux populations. C’était important de le souligner.
On prépare notre prochain album. On y est à fond. Je pense que ce sera pour cette année.
Quel sera le titre de cet album ?
Baïdy : On a déjà annoncé la couleur avec le single Belle. Tout le Sénégal l’a bien accueilli. Il est sorti ilya3mois.Unechoseestsûre;il y aura beaucoup d’innovations, car cela ne sera pas juste une sortie d’album. Il y aura beaucoup de choses qui vont accompagner cet album. On prévoit de sortir ce produit avec un nouveau concept.
Mais pour l’heure, on préfère ne pas développer le concept. En tout cas, notre prochain album sera conceptualisé sur une idée. Je pense que les Sénégalais ne vont pas tarder à le voir. On dévoilera le concept lors de notre point de presse. Et je pense que l’album sortira avant juin.
Vous n’avez toujours pas indiqué le titre de l’album...
Baïdy : On a retenu Unité nationale comme titre. Et le concept sera développé au point de presse. En tout cas, que les Sénégalais se préparent à voir autre chose comme on a l’habitude de le faire.
Que rapporte un disque d’or ?
Oui, Bidew Bu Bess est disque d’or, mais on préfère ne pas en parler, car c’est loin derrière nous. C’est vrai qu’on est le premier groupe de rap à avoir cette récompense, mais cela fait maintenant 15 ans et c’était avec Passi. Ce n’est pas quelque chose dont nous nous glorifions. Entre-temps, le Sénégal a fait beaucoup de progrès avec ses artistes. Le disque d’or, à l’époque, pouvait être considéré comme quelque chose de grand, car il n’y avait pas beaucoup d’artistes qui voyageaient.
C’est venu au moment où le hip-hop en avait besoin et Dieu a fait que nous l’avons eu avec Passi. Ce n’est pas le disque d’or de Bidew Bu Bess exclusivement. Non, c’est une collaboration avec Passi. Et cela a permis à beaucoup de jeunes de se dire que c’est possible.
Et maintenant, il y a beaucoup de choses devant nous musicalement. C’est plus important que ces consécrations. Certes, quand on fait de la musique on a besoin de consécration, mais le disque d’or est derrière nous. On aspire aux disques de platine, aux Grammy. On est dans ce travail là. On ne lâche pas l’affaire.
Pourquoi Bidew Bu Bess ne s’est pas inscrit dans la durée concernant le disque d’or ? Est-ce un problème de talent ?
Non, c’est par rapport à la carrière. Chaque groupe a sa propre histoire. Ce disque d’or date de 2000. Après, il y a eu beaucoup de problèmes. On n’aime pas en reparler, car cela nous replonge derrière et on a envie d’avancer.
De 2000 à 2016, on s’est remémoré. Il ne faut pas oublier qu’entre 2003 et 2010, on n’a pas sorti d’album. C’était une période sabbatique du groupe. Il fallait réorganiser le groupe, car quand on a eu le disque d’or, on était très jeune. On était dans le show, mais on ne maîtrisait pas le business. Les aléas, les contours, on ne maîtrisait rien. Il fallait à un moment donné nous réorganiser.
Vous a-t-on roulé dans la farine ?
Bon, on peut le dire comme ça, mais pas méchamment. La musique est une jungle et il fallait maîtriser certains aspects. Pour être franc, tel n’était pas le cas au tout début. La période sabbatique nous a permis de nous refaire, nous parfaire. Ibrahima, notre frère, a rejoint le groupe avec le côté acoustique. Musicalement, on s’est refait une santé. On a beaucoup plus rebâti les bases.
Cela ne veut pas dire qu’on a changé de concept et de style. C’est-à-dire qu’on a évolué. Cela nous a permis de mieux asseoir notre concept et de savoir le genre musical qu’on fait, qui est l’originalité, l’ancrage dans la culture et l’ouverture. C’est le style de Bidew Bu Bess. Ce n’est pas un genre musical, mais plutôt un style.
Le terme originalité revient souvent dans vos morceaux. Quel sens donnez-vous à ce terme ?
Cela veut dire rester soi-même. Cela veut dire ne pas perdre ses racines. Quand tu es Sénégalais, ta base c’est ta culture. Le reste c’est l’ouverture d’esprit par rapport à tout ce qui pourrait venir de l’extérieur et qui pourrait t’être bénéfique pour ta musique. A ne pas confondre avec l’africanité. Les gens confondent souvent l’originalité et l’africanité.
Certains artistes pensent que pour percer à l’international, il suffit juste de prendre des balafons, la kora ou autre chose. C’est bien de les mélanger, mais il faut dans ce cas trouver la bonne formule. Pour nous, originalité est un état d’esprit. Par exemple, un mariage entre une kora et un accordéon pour avoir un son original. Cette symbiose, cette innovation c’est ce que Bidew Bu Bess essaye de faire.
Parlons de l’intégration de Ibrahima. Vous êtes-vous dit qu’il y a de l’argent à se faire dans la musique, autant le partager en famille ?
Ibrahima : (rires), ce n’est pas une question d’argent. C’est juste le destin, parce que tout s’est passé naturellement. Comme Baïdy l’a dit, il y a eu beaucoup de problèmes à un moment donné. Mactar a été malade. Il fallait rebondir, car il n’y avait plus de contrat, plus de producteur et plus de tournée.
C’est ainsi qu’on s’est dit, pourquoi ne pas repartir sur de nouvelles bases. De là est née la volonté de s’autoproduire, car on a senti qu’il fallait être libre, ne pas être sous l’emprise de producteurs ou de contrats. Aussi, il fallait voler de ses propres ailes afin de développer tout ce que nous voulons. C’est de là que j’ai intégré le groupe.
Et pourquoi attendre après les problèmes pour intégrer le groupe ? N’étiez-vous pas au Sénégal ?
Ibrahima : C’est ce dont je parlais. Je suis le petit frère. Baïdy et Moctar ont commencé la musique très tôt. Ils avaient 12 et 14 ans.
Baïdy : On a formé le groupe quand j’avais 14 ans et Moctar en avait 16. C’était en 1994, on était au collège à l’époque. Mais on peut dire qu’on a commencé de manière professionnelle en 1999, date de la sortie de notre premier album Ndékétéyo avec le label Jololi de Youssou Ndour. On a emprunté le même chemin que tous les groupes de l’époque. Et maintenant, on a 21 ans de carrière. Ibrahima était très jeune quand on a débuté.
Comment s’est faite l’intégration de Ibrahima ?
On a très tôt décelé son talent. Il était à côté de nous quand on répétait. Il avait des idées à partager avec nous, mais comme il était à l’école à cette période, il se concentrait sur les études. Quand on a senti le besoin de se refaire, il est venu naturellement apporter sa pierre à l’édifice. Et maintenant, les gens le connaissent. Il fait toute la programmation de l’album Ndoumbélane. Il sait jouer de la guitare et naturellement, il a apporté cette touche acoustique au groupe.
Il s’attèle maintenant à jouer d’autres instruments dans le but de rendre le groupe beaucoup plus éclectique. C’est naturel. Ce n’est pas une histoire à la Jackson 5 pour dire que l’argent va rester entre nous. C’est le cours du destin et on s’en réjouit.
Est-il facile d’être de la même famille quand on fait de la musique ?
Ibrahima : Je dirai que c’est facile, car on n’a pas de problème pour s’entendre sur un sujet. On partage tout. Si tu as la chance de grandir avec tes frères, c’est évident que la compréhension ne va pas poser de problème. Musicalement, cela devient plus simple et facile.
Baïdy : Côté argent, c’est facile. D’habitude, c’est l’aîné qui s’en occupe. On n’a jamais eu de problème de cet ordre.
(A Moctar) : Il n’arrive pas sur des sujets que les petits frères outrepassent votre rôle de grand frère ?
C’est une chance avec l’éducation qu’on a reçu. Mes frères ont vraiment du talent ; je n’ai rien à faire pratiquement. Je joue juste le rôle de superviseur. Ibrahima est toujours calé côté musique, et on lui propose des idées et on en discute à trois. On a une histoire. On ne laisse pas l’argent nous diviser. On a l’expérience d’être avec d’autres personnes.
Cela ne s’est pas mal passé et on a gagné en expérience. Voyez-vous, c’est une chance d’avoir des frères qui ont des objectifs. Je ne suis là que pour pousser. C’est eux qui me donnent la force de continuer. C’est un peu la philosophie du groupe.
Ibrahima : c’est une complémentarité.
Ne vous arrive-t-il pas de vous quereller sur un sujet ?
Moctar : Au finish, on arrive toujours à nous entendre. Baïdy a des idées, pareil pour Ibrahima et idem pour moi aussi. C’est toujours dans le bon sens.
Baïdy : Naturellement, chacun a un don. Je peux avoir une idée et je leur soumets ce que je veux faire. S’il y a lieu d’être rectifié, ils le font, ainsi de suite. Il peut arriver qu’on ne s’entende pas, mais dans de pareils cas, on convoque une réunion et on parle du problème. Après, on n’en parle plus. Comme on dit, le linge sale se lave en famille. Il y a de l’humilité.
Ce n’est pas parce qu’il est le grand qu’on ne parle pas avec lui. Non, tel n’est pas le cas. Si on doit parler, on se met entre quatre murs, on se dit ce qu’on doit se dire et c’est terminé. En fonction des capacités, les rôles sont distribués. Je sais que je ne peux pas garder de l’argent. Je dépense sans compter, du coup les finances du groupe sont gérées par Moctar.
Vivez-vous en famille ?
Baïdy : Qui connaît Bidew Bu Bess sait que le groupe est très attaché à la famille. Moctar habite juste à côté. On se voit chaque jour. On est très proche de notre mère. On est ensemble presque tout le temps.
A part la musique, comment vivez-vous en famille ?
Baïdy : On n’est pas éloigné, on vit ensemble avec notre maman parce qu’elle occupe une partie importante dans notre vie. On est très soudé et vous voyez là, on est en train de vieillir. Mactar vit à côté de la maison. Mais on se voit presque tous les jours, Dieu merci.
Comment faites-vous pour écrire vos textes ? Est-ce que quelqu’un est chargé d’écrire les textes ou bien c’est au feeling ? Par exemple le morceau Belle, qui l’a écrit ?
Ibrahima : Nous l’avons écrit ensemble. Pour le morceau Belle, c’est la conséquence de plusieurs rectifications musicalement parlant. Après plusieurs concertations et maquettages, on est arrivé à la conclusion qu’il fallait faire une musique dépouillée et simple avec une mélodie qui touche.
Après, le reste est venu naturellement. Pour ce morceau, c’est la musique qui a commandé le texte. Des fois, on écoutait la mélodie en prenant le thé et on essaye d’écrire. Après, on se concerte. Mactar me dit, ça c’est bien, ça ce n’est pas bien, c’est ça qu’il faut garder. Jusqu’au jour de l’enregistrement, il y avait des parties qu’on n’a pas pu mettre
Pourquoi ?
Moctar : Parce que c’est au feeling. En plus, la musique est faite de sensation. Et c’est là l’avantage des maquettes. Par exemple si tu fais un morceau, tu vas à la maison, tu l’écoutes après tu te rends compte des imperfections. Et tu essayes d’améliorer ta musique. Le morceau Belle c’était ça, on a laissé parler nos cœurs. On s’est mis à la place de toutes les personnes qui pourraient l’écouter.
C’est quelque chose de divin, parce que pour nous l’inspiration est divine. Les gens nous félicitent souvent, mais on leur dit que ce n’est pas nous, car il y a quelqu’un derrière. Mais la plupart de nos morceaux sont écrits au feeling.
Question au grand frère. Etes-vous surpris de l’accueil concernant ce morceau ?
Moctar : Non pas tellement, parce que j’en parlais avant que le morceau ne soit établi et tout. On a cette chance de savoir si le morceau peut avoir un impact ou pas. Pour moi, un vrai musicien doit avoir cette compétence de savoir si ce qu’il écrit pourrait avoir tel ou tel impact au sein d’une population. La preuve en est que depuis que le groupe existe, on a eu beaucoup de tubes qui ont été très bien accueillis par le public.
On essaye de garder cet élan, même pour l’album qui va sortir. On respecte le public sénégalais tellement que chaque musique que nous composons, on veut qu’elle soit quelque chose que géant. On ne veut pas faire de la musique ou sortir un album pour tout simplement amuser la galerie. Chaque chanson a une âme, on essaye de ressortir cette âme et de la donner au public. Un genre de rendez-vous du donner et du recevoir. Il ne faut jamais tricher avec la musique, parce que si tu triches, au bout de 5 ans ou 10 ans tu verras les conséquences. Tu peux avoir un grand succès, mais c’est le talent qui reste et qui traversera les âges.
Cela fait 6 ans que nous n’avons pas sorti d’album, mais les gens ne se rendent pas compte, parce qu’ils ont consommé l’album comme il le faut. Il y a eu beaucoup de morceaux qu’on aura voulu montrer au public, mais on n’a pas eu la chance d’en faire des clips. Mais on va essayer de nous rattraper. On fait 16 titres sur Ndoumbélane, mais les gens ont consommé 5 ou 6 morceaux. On va essayer de voir sur cet album comment faire pour réduire avec des titres très forts, tout en respectant la musique que nous faisons.
De toutes les façons, nous ne sommes pas pressés de sortir à la télé pour dire qu’on est là. Nous voulons rendre au public sénégalais le respect qu’il nous démontre en lui donnant une musique de qualité, comme on a l’habitude de le faire.
Vous avez fait 21 ans de carrière. Qu’est-ce qui vous a le plus déplu ?
Baïdy : Non, rien ne nous a déplu parce que le spirituel est très important chez Bidew Bou Bess. A un moment donné de notre carrière, on a compris que tout ce qui nous arrivait était dû à la volonté divine. On a réussi à l’accepter et du coup, on s’est dit que rien n’était regrettable parce que c’est Dieu qui l’a décidé ainsi. Et c’est cet état d’esprit qui nous permet de rester fort et de continuer.
Mais cela, on le doit à notre marabout Baye Niasse qui est une partie intégrante du groupe. Il nous a fait comprendre que le temporel et le spirituel allaient de pair. Il nous a appris qu’il faut vivre dans le «Alham doulilah». C’est ce qui fait que pour tout ce qui nous arrive dans notre vie, on rend grâce à Allah. Même avec la maladie de Mactar et toutes les difficultés qu’on a traversées, on se dit c’est un mal nécessaire.
Est-ce qu’il vous arrivait de vous dire que vous alliez arrêter la musique ou de douter ?
Moctar : Moi, mon seul problème était ma famille. Vous savez, quand vous êtes malade, la famille prend une autre dimension à vos yeux parce qu’elle vous entoure chaque instant. Comme l’a dit Baïdy tout à l’heure, tout a été positif à la fin. J’avoue qu’au début, cela a été un peu compliqué et j’ai mis un peu de temps à comprendre ce qui se passait. Mais c’était un mal nécessaire parce que j’en ai profité pour écrire beaucoup de textes.
Vous souffriez de quoi exactement ?
Moctar : C’était juste une histoire avec mes pieds, parce que je
n’arrivais pas à marcher. Mais Dieu à mis de l’ordre dans les choses. Et c’est reparti.
On dit souvent que dans le showbiz, il n’y a pas vraiment d’amis. Si le succès vous tend les bras, vous avez tout le monde derrière vous, et une fois dans les difficultés, ce monde vous fuit. Est-ce que c’était le cas ?
Baïdy : En fait, nous notre seul ami, c’est la musique. Mais le milieu du showbiz est toujours comme ça. Au Sénégal, il y a toujours cet aspect. Les gens sont toujours avec toi si ça marche. Si tel n’est pas le cas, ils te fuient, c’est la loi naturelle des choses. Mais ce n’est pas important, l’essentiel est defairecequetuasàfaireetle reste Dieu s’en chargera. Et ça on y croit dur comme fer.
Aujourd’hui, même nos ennemis ou ceux qui ne voulaient pas que Bidew Bou Bess soit connu ou qui voulaient nous enterrer durant notre break, on leur dit merci. Parce que sans eux, on n’allait pas avoir cette hargne pour pouvoir continuer. Et dans la musique que nous faisons, on ne cherche pas ce qui se passe, on essaye juste de faire ce qui plaît. Mais il y a des gens qui ont toujours été présents depuis le début et d’autres qui nous ont rejoint après.
Nos relations avec ces gens sont humaines avant tout, parce qu’on a partagé des moments forts de notre vie.
On sait qu’ici au Sénégal, les pratiques occultes font partie intégrante de la musique. Estce que cela ne vous a pas traversés l’esprit et vous dire à un moment donné que vous avez été maraboutés ?
Moctar : Peut-être que les gens qui vous entourent vont le penser. Personnellement, je pense que c’était une programmation divine. Parce que cela allait trop vite pour Bidew Bou Bess par rapport à notre carrière. En 1999, tu rencontres des chanteurs comme Eminem, Wyclif Jean, tu fais les premières parties de Youssou Ndour dans 66 concerts à travers le monde. En ce moment, on était très jeune, on ne comprenait pas le showbiz.
Il fallait qu’à un moment donné que tout s’arrête pour un autre souffle et c’est le côté acoustique. Parce que tout le monde voit Bidew Bou Bess dans ce sens-là. Et je pense que si je n’étais pas malade, il n’allait pas y avoir cette touche acoustique.
On n’entend pas souvent Bidew Bou Bess faire des chansons avec d’autres artistes. Comment expliquez-vous cela ?
Baïdy : Cela relève du naturel, on a eu à partager des scènes avec d’autres artistes. Même s’ils ne sont pas nombreux parce qu’il y a Simon, feu Bouba Djolof de Sen Kumpe. Mais nous avons un problème de temps, nous ne sommes pas un groupe qui reste sur place à cause des voyages. Il arrive souvent que l’on veuille faire quelque chose avec un artiste, mais on est confronté à un problème d’emploi du temps.
Mais on n’a pas de problème personnel avec eux. Je pense que si Dieu le veut, cela se fera naturellement. Il faut dire qu’à chaque événement organisé par de Bidew Bou Bess, il y a ses amis artistes qui sont présents. L’année passée, il y avait Carlou D au Grand Théâtre, feu Oumar Bassoum qui faisait de la musique traditionnelle, paix à son âme, il y a Awadi, Deug E Tee et Wally Seck. On n’a pas ce problème de partager la scène avec nos confrères artistes, peut-être qu’on ne voit pas des productions du groupe avec d’autres artistes, mais ça va venir «inchallah».
Une petite explication concernant l’album...
Baïdy : Mais déjà j’ai dit que l’album s’appellera Unité nationale et cela donne déjà une idée de ce que l’album pourrait être, car unité nationale, c’est le Sénégal. Et qui dit Sénégal dans ces composantes, il y a tout : culturellement, gastronomiquement, religieusement et toutes les composantes.
Les gens peuvent s’attendre à voir un album coloré, riche en tradi-moderne et un album très, très ouvert. Voilà, on a lâché l’exclusivité, car on ne devait pas parler des trucs de l’album dans aucune télé, dans aucune radio. Mais c’est comme ça, on va communiquer et les gens vont voir ce que nous allons dérouler, s’il plaît à dieu.
Quel genre de musique fait Bidew Bu Bess ?
Baïdy : (rire) Il faut retenir que Bidew Bu Bess fait une musique qui lui ressemble, juste ça. On le fait avec le cœur et on essaie de la partager avec les autres. On l’appelle Original one.
On voit que les Nigérians font un tabac actuellement et des artistes sénégalais essaient de les imiter. Vous qui êtes disque d’or du Sénégal, cela ne vous fait-il pas mal de voir qu’au lieu de créer, les rappeurs vont copier pour exister sur le marché économiquement parlant ?
Baïdy : Oui, je ne parlerais même pas de rap, mais de musique en général, parce que Bidew Bu Bess c’est de la world music. C’est vrai qu’on est entré dans la musique par la porte du rap musique, mais cela a évolué depuis le temps. Donc quand je parle, je ne vais pas parler juste de rap, mais de la musique en général, de la musique sénégalaise. C’est vrai que celle-ci a besoin d’identité dans toutes ses composantes. Que cela soit dans le mbalax, le rap et les autres styles. Moi je pense que l’idée c’est d’être original, de puiser dans nos cultures telles que la culture sérère, diola, manding, le Sénégal oriental, le Fouladou.
Le Sénégal a beaucoup d’acquis culturels. Je pense que les artistes sénégalais doivent essayer de voir comment faire une jonction entre nos rythmes et ceux d’ailleurs. Je pense que c’est ce que les Nigérians et les Ghanéens ont compris, parce que leur musique est basée sur leurs cultures d’abord.
Donc, nous avons ce complexe de s’approprier nos cultures. Il y a des gens qui le font, mais le mbalax occupe une place tellement forte ici que les autres musiques sont laissées en rade. Mais cela commence à éclore, car il y a les Yoro Ndiaye, les Maréma. Petit à petit, la musique folk est en train de gagner du terrain et c’est déjà bien. Mais je pense que ce qu’on doit faire c’est de puiser dans nos richesses, dans les mélodies traditionnelles qui sont là, les rythmes traditionnels sérères, manjacks, toucouleurs.
Il y en a tellement ici et il faut trouver conceptuellement le bon goût pour pouvoir créer quelque chose qui pourra éclore. Je pense que l’idée c’est ça, mais en tout cas l’imitation ou bien le copier-coller n’a jamais mené quelqu’un très loin. Si tu veux faire de la musique, apporter de la valeur ajoutée pour ton pays, si tu as envie que ton pays soit vu sur le plan international, il faudra être original et rester traditionnel à la base. C’est cela mon idée.
Votre dernier mot ?
Baïdy : Je pense qu’il faut rester soi-même, car le Sénégal reste un Peuple indivisible. Par rapport à ce qui se passe politiquement, religieusement, il faut essayer d’être positif dans la manière de penser, car nous sommes un pays très sensible, mais en même temps très spirituel. Donc, essayer de préserver les acquis et retourner à nos valeurs. C’est très important et je pense que c’est la solution pour le futur.
Et pour la nouvelle génération, essayer de leur expliquer qu’il ne faut pas désespérer, garder espoir. Ils sont notre avenir. Nous, nous avons fait 21 ans de musique. D’ici 20 ans, ce sera 41 ans de musique ou peut-être que nous ne seront plus là, d’autres viendront. Nous avons un magnifique pays, préservons-le.
Son père est décédé trop tôt pour pouvoir l'encadrer. Mais Ismaïla avait quand même ses oncles, les membres du "Touré Kunda", à ses côtés pour vivre de sa passion. Ainsi, il est parvenu à mettre sur le marché européen son premier album solo.
Il est le seul enfant d'Amadou Touré qui fait carrière dans la chanson. Son grand frère, selon les dires, chanter mieux que lui, mais il n'a aucune envie de suivre les pas de papa. Peut-être parce que ce dernier n'est plus de ce monde pour l'encourager à faire de la musique. En effet, l'un des fondateurs du groupe "Touré Kunda" est décédé très tôt. Il est parti en 1983, alors que le groupe signait ses premiers succès en Europe. Il a fallu attendre 1999 pour voir le fils d'Amadou remplacer son père dans le groupe qui revenait d'une tournée avec le célèbre guitariste Carlos Santana.
Homonyme de son oncle Ismaïla, le jeune Touré n'a cependant pas eu les mêmes prérogatives que son pater. Il assurait les chœurs au sein du mythique groupe. Mais ce n'est pas là qu'a commencé sa carrière. Jeune, très jeune même, Ismaïla Touré s'est mis à chantonner. Il reprenait alors allègrement et avec brio le répertoire de ses oncles.
Ensuite, il a complètement changé de registre. Le hip-hop étant en vogue à l'époque, il s'est fait rappeur sans trop se prendre au sérieux. "C'était juste pour trouver ma voix", précise-t-il. C'est en Mauritanie, que sa carrière professionnelle a véritablement commencé. Il y a rencontré des griots comme Hamady Gawdel qui l'ont encouragé sur sa voie, alors qu'il n'avait que la vingtaine. C'est de là d'ailleurs qu'il est parti rejoindre les "Touré Kunda" à Paris.
Et, de 1998 à 2007, il est resté le choriste attitré du groupe. Les débuts étaient difficiles, comme il le dit lui-même. "Ce n'était pas facile. Je suis arrivé en plein hiver. Mais, ils m'ont aidé et épaulé", reconnaît-il. C'est après qu'il a décidé d'entamer une carrière solo. "Quand j'ai annoncé à mes oncles ma décision, ils étaient surpris. Ils ne s'attendaient pas à cela. Mais ils n'étaient pas contre non plus. Ils ont juste attiré mon attention sur les difficultés qui m'attendaient", affirme-t-il dans un entretien avec EnQuête. Et ce ne sont pas des écueils qui ont manqué, depuis lors. Même si Ismaïla est arrivé à mettre tout de même sur le marché sa première production solo, tout n'a pas été facile. C'est pour cela d'ailleurs qu'il a été obligé de s'auto-produire.
"Il y avait pas mal de labels intéressés par mon album. Mais les propositions n'étaient pas bonnes. Certains voulaient avoir 80% des recettes. Ce qui ne m'intéressait pas du tout", indique-t-il. Heureusement qu'Ismaïla n'a pas qu'appris à chanter et à composer auprès de ses oncles. Il a aussi appris à négocier des contrats et à savoir ce qu'il y a de mieux pour un artiste, quand il travaille avec un producteur privé. Ce qui lui a permis d'affiner ses armes.
Aujourd'hui, Ismaïla a réussi à s'imposer en Bretagne où il vit, grâce à ce premier album. "J'ai pu faire une tournée très appréciée et j'en rends grâce à Dieu", dit-il. Sa musique est très différente de ce que fait la fratrie. Le neveu s'illustre en effet dans le reggae. "Ce que je fais est très loin de ce que font mes oncles. Le Touré Kunda est unique. Je ne peux pas faire mieux qu'eux. Je fais du reggae et cela me réussit bien", avoue-t-il.
Seulement, dès qu'on l'entend chanter, on sent nettement l'influence des "Touré Kunda". Son timbre vocal et sa manière de chanter le trahissent. Actuellement son défi est double. Il veut se faire connaître au Sénégal et monter un label de production. "Je veux aider les jeunes talents, surtout ceux qui vivent dans les régions reculées comme celles du Sud du Sénégal. Ils ne sont pas assez assistés. Je trouve même qu'eux aussi doivent faire l'effort de venir vers les gens". Il veut aussi, d'ici juin prochain, rendre hommage au "Touré Kunda". "Je veux vraiment rendre un hommage à mes oncles qui ont beaucoup fait pour la promotion de la musique sénégalaise à l'étranger", fait-il savoir.
DJIMON HOUNSOU VEUT CAPTURER L'ESPRIT DU VAUDOU
Le tournage du documentaire "In search of voodoo: roots to heaven" a débuté mi-décembre dans un petit village du Bénin
Hêvê (Bénin), 5 jan 2016 (AFP) - A Hêvé, l'acteur américano-béninois Djimon Hounsou tente de capturer l'"esprit" du vaudou dans un documentaire sur ce culte né au Bénin et qui a essaimé jusqu'au continent américain.
Le tournage de "In search of voodoo: roots to heaven" a débuté mi-décembre dans ce petit village du sud-ouest du pays. "Je suis comme un Africain qui revient chez lui, qui a besoin de savoir et d'avoir des notions de sa culture", affirme Djimon Hounsou, qui a quitté très jeune son pays natal.
Il est désormais l'un des acteurs noirs les plus connus après avoir joué dans "Gladiator" aux côtés de Russell Crowe, "Amistad" de Steven Spielberg ou partagé la vedette avec Leonardo di Caprio dans "Blood Diamond", l'histoire d'un trafiquant de diamants pendant la guerre civile en Sierra Leone.
"Le vodoun (NDLR : terme utilisé au Bénin), c'est une partie de nos traditions, de notre culture", explique-t-il, soulignant avoir commencé à se poser des questions sur ce rite "après avoir passé tant de temps en Europe et aux Etats-Unis, et en voyant au sein de la diaspora africaine des traditions qui ressemblent aux nôtres".
Le vaudou a essaimé aux Antilles et au Brésil dans le sillage de la traite des esclaves. On le retrouve aussi dans le sud des Etats-Unis.
Au Bénin, cette religion bâtie autour des forces de la nature (air, eau, terre, feu) et du culte des ancêtres est très présente. D'après le dernier recensement, qui date de 2002, il y aurait 17% de vaudouisants, 27% de catholiques et 24% de musulmans.
Mais de nombreux Béninois, qui vont à l'église ou à la mosquée, ont aussi un petit temple vaudou chez eux. Djimon Hounsou veut montrer la réalité du vaudou et le dédiaboliser.
"Vodoun, ça veut dire esprit. Il y a des esprits partout. Le feu qui chauffe le repas peut brûler ta maison. L'eau qui étanche la soif peut te noyer. Donc le vodoun est partout".
Il reconnaît que le cinéma a contribué à le peindre négativement, comme le célèbre opus de James Bond "Vivre et laisser mourir" où un dictateur utilise le vaudou pour inspirer la peur aux habitants d'une île des Caraïbes.
- Le chemin du Vodoun -
"Cette vision remonte à l'esclavage, dit l'acteur. C'est pour ça qu'il faut éclaircir ce qui définit le vodoun. Ceux qui pratiquent ici ne sont pas des méchants, ni des sauvages".
L'équipe est venue à Hêvé filmer des adeptes de Dan, divinité de l'air, et de Mami Wata, divinité aquatique, vêtus de pagnes blancs et parés de perles.
Djimon Hounsou se mêle à une procession et entre dans une concession pour une cérémonie. Chez les femmes, seules les initiées peuvent approcher.
Les tam-tams résonnent, les chants s'élèvent au-dessus de la palissade. Le village n'a pas été choisi au hasard. "A Hêvé, ces divinités sont encore grandement conservées et les adeptes sont restés sur le chemin du vodoun", explique David Koffi Aza.
"Cela veut dire que le village n'a pas été investi par les religions importées", ajoute ce prêtre du Fâ, science divinatoire utilisée dans le vaudou, qui sert de guide pendant le tournage.
Djimon Hounsou est accompagné par Sorious Samura, journaliste sierra-léonais et coréalisateur. Les deux hommes se sont rencontrés il y a neuf ans sur le tournage de "Blood Diamond", basé sur son documentaire "Cry Freetown" qui racontait la guerre civile dans son pays.
"On s'est dit qu'il était temps de changer la narration sur l'Afrique et le vaudou est une histoire qui a été très mal racontée. On pense sorcellerie, magie, mal. Même nous les Africains, parce que c'est tellement rentré dans notre psyché.
Ce qu'on veut faire, c'est comme peler un oignon pour que les gens comprennent ce qu'il y a au coeur", témoigne le journaliste, plusieurs fois primé pour son travail. Djimon Hounsou ne veut pas faire la promotion du vaudou.
"Il n'en a pas besoin! Il existe depuis des siècles, il est toujours là. Il ne te force pas à venir vers lui et ne discrimine pas". Le budget du film n'est pas dévoilé. L'acteur a en tout cas réussi à faire participer l'Etat béninois.
Le tournage doit se terminer le 10 janvier, jour de la fête du vaudou célébrée partout au Bénin, et le documentaire devrait sortir courant 2016.
Daba Sèye, Yoro Ndiaye et Carlou D ont clôturé vendredi dernier, le premier concert tenu en 2016 au Grand Théâtre national. L’artiste «baye Fall», a proposé à son public un spectacle riche en couleurs et annonciateur de son album Sagne Sagne Attitude. L’enjeu était de taille. Et Carlou a sorti le grand jeu afin de convaincre son auditoire. Une calèche confortablement installée à l’extrémité droite de la scène a permis d’effectuer un voyage «culturel» à travers différentes régions du Sénégal. Tout dans le décor présageait d’un spectacle appétissant.
L’on sentait de partout les odeurs et les couleurs du Sagne Sagne Attitude. Disons plutôt du Carlou D, nouvelle formule. Peu avant ce show du plus célèbre des artistes «baye Fall» du moment, une chance a été offerte à de jeunes talents de se faire connaître du public. Entre des accords massacrés, des fausses notes et des voix crispées, Douba, le lauréat du Sagne Sagne Challenge, étudiant à l’université Gaston Berger de Saint-Louis, a fait la différence.
Il n’a pas forcé son talent pour gagner ce concours. Il s’est donné à sa passion faisant du coup plaisir aux nombreux spectateurs qui ont «kiffer» son passage sur scène. En réalité, Douba a chanté juste et bien pour le grand plaisir du public.
Les prestations du rappeur Zipkha, et de la belle Gambienne Dikha ont aussi été à la hauteur de l’évènement. Et lorsque Carlou D entre finalement en scène, ce fut l’hystérie générale. Il est accueilli par des tonnerres d’applaudissements.
Pendant ce temps, ces fans scandaient dans la salle : «Baye Fall bi, Baye Fall bi.» Calfeutré dans son grand boubou «Ndiakhaas» l’auteur de Muzikr commence son show avec le morceau Mbeuguel, comme pour faire une déclaration d’amour à son «charmant public». Le ton est donné ! Le public ne va plus s’arrêter de sursauter. Et le contraste le plus saisissant reste la performance du guitariste de la bande. «Un des meilleurs de sa génération», dira Carlou D himself.
A coup de riffs monstres, ce guitariste électrise la salle et capte l’attention de tout le monde, allant jusqu’à jouer avec ses pieds cette guitare qu’il maîtrise à la perfection. Il fallait tout de même, à la suite de ce démarrage surchauffé, faire redescendre l’ambiance, histoire de s’accorder quelques minutes de répit.
La voix de Cheikh Lô s’y prêtait bien. Sur un tempo dansant et aux rythmes des tambours des «Baye Fall», l’artiste «flirte» quelques minutes avec les spectateurs. Alioune Badara, chanteur religieux, prend la relève et fait son complément musical. Ces belles prestations conduisent aux souvenirs des fins fonds de Diourbel.
La promesse des fleurs
La première partie étant bouclée sur la région de Diourbel, le voyage en musique a continué à travers une pause vidéo. En exclusivité, le public du Grand Théâtre a pu visionner la toute dernière vidéo de Carlou D. «Je voulais chanter ma femme. Elle est tellement brave, elle est unique. C’est pour elle que j’ai fait ce morceau !», a expliqué l’auteur de Namanala (sortie en 2010), concernant son tube She gonna kill me (Ndlr, elle va me tuer, en anglais).
Même si le texte de ce morceau est un peu provocateur, on y retrouve intact ce lyrisme propre à Carlou D. La diva Coumba Gawlo ne manquera d’ailleurs pas de saluer son génie. Après avoir régalé de sa belle voix l’audience, elle soutiendra en bonne Gawlo, que «Carlou D est l’un des plus doués de sa génération». «C’est pour cette raison d’ailleurs que je le soutiens», a-t-elle poursuivi expliquant que ce n’est que le bon travail qui paye.
Une transition toute trouvée pour Carlou D d’offrir son morceau Liguéy. L’ambiance monte encore d’un cran, pendant que les Andiléta (chant haalpulaar) résonnaient. Puis vient le tour des Sérères avec le morceau Beuré.
Et pour terminer en apothéose, Daba Sèye et Yoro Ndiaye ont rejoint Carlou D sur scène dans une émotionnelle interprétation du tube du moment, Sagne Sagne. Le Sagne Sagne Show lance ainsi les ondes positives de l’année 2016.
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TEL UN PREMIER GAOU À NEW YORK
Le PDG de SeneWeb raconte sa succes story, ses aventures d'émigré, ses études et ses petits boulots dans des restos américains
(SenePlus.Com, Dakar) - Abdoulaye Salam Sall, le président fondateur de SeneWeb, le plus célèbre des sites d’information sur le Sénégal. Il raconte la succes story de son entreprise, ses études et ses angoisses aux États-Unis, son job dans les restaurants américains. Les anecdotes ne manquent pas comme le jour où il égare son passeport alors qu'il vient de poser le pied sur le sol américain.
Dans ce talk-show, le jeune entrepreneur révèle des pans inconnus de sa vie, de Dakar à New York via Abidjan. Il nous apprend comment du désir de créer un espace d’échange entre Sénégalais de l’étranger et parents restés au pays, SeneWeb est devenu une grande entreprise.
(SenePlus.Com, Dakar) - C'est un Carlou D déchaîné qui a enflammé le Grand Théâtre, le jour de l'An. Pour son concert intitulé "sagn sagn", il a sorti la grosse artillerie. En osmose avec un public conquis. Retour sur un spectacle de feu avec ce reportage photos de BOUBACAR BADJI DE SENEPLUS.
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EN AFRIQUE, NOUS AVONS BESOIN DE GENS COMME MANDELA ET SANKARA…
Il est à Dakar actuellement pour quelques concerts. Il profite de l'occasion pour présenter à son public sénégalais son nouvel opus de 12 titres intitulé "mélokaan". En marge d'une conférence de presse tenue ce lundi, Élage Diouf s'est entretenu avec EnQuête. Naturellement, il est revenu sur la composition musicale et thématique de cette deuxième production solo. Mais a surtout parlé de son prochain projet d'album qu'il compte réaliser à Dakar.
Vous êtes basé au Canada mais vos prestations sont toujours accueillies avec de l'engouement au Sénégal où vous avez commencé votre carrière. Quel commentaire cela vous inspire ?
Je ne suis pas né chanteur. J'ai grandi en aimant la chanson. Quand j'étais encore élève, je suivais toutes les émissions musicales comme "Télé-variétés". Mes grands frères aimaient la musique et ils en mettaient tout le temps à la maison. Je pense que c'est de là qu'est née ma passion pour la musique. Avant de partir au Canada je faisais de la musique traditionnelle. Cette musique n'est pas consommée par beaucoup de personnes. On n'avait pas de place à la télé. Encore qu'il n'y avait qu'une chaine de télévision à l'époque. J'étais encore jeune mais le fait de vouloir faire de la musique traditionnelle a fait que je ne pouvais pas être aux devants de la scène. Mon choix m'a permis d'apprendre beaucoup de choses. Et cela m'a permis aussi d'avoir certaines facilités quand j'ai quitté le pays. Je n'ai pas eu de problèmes pour chanter dans de vrais micros par exemple.
Pensez-vous que si vous étiez resté au Sénégal vous auriez eu la reconnaissance que vous avez aujourd'hui au niveau national ?
Avec les moyens qu'il faut, je pense que ça serait possible. Il y a des gens qui sont comme moi qui sont ici. Seulement, on dirait que souvent il faut avoir la chance d'aller à l'étranger pour que les gens te prêtent une certaine attention. La musique c'est d'abord les moyens. Alors si tu en manques, il t'est difficile d'étaler tout ton talent. Je vous assure qu'ici il y a de talentueux artistes qui évoluent dans l'ombre et qui sont bien meilleurs que certains qu'on considère comme de grands artistes. Ils n'ont pas la chance de prester sur les grandes scènes. Et même si j'étais resté ici, je pense que je ferais partie des acteurs de la musique même si je n'arrive pas à me faire connaître.
N'avez-vous pas l'impression que la majorité des Sénégalais ne reconnaissent le talent de certains de nos artistes qui ne font pas du mbalax que lorsque l'Occident l'avalise ?
Oui, je reconnais qu'il y a des gens qui sont comme ça. Il y a aussi cette envie de découverte. Ils entendent parler de toi et veulent te voir à l'œuvre. Et comme je ne réside pas ici, ils ne peuvent pas me voir tout le temps. Il y a des gens qui sont aussi complexés ou consomment cette musique juste pour dire qu'ils sont des mélomanes et qu'ils écoutent de la bonne musique. Pour moi, toutes les musiques sont bonnes. On n'a pas forcément besoin d'un label international pour que la musique qu'on fait soit bonne. Maintenant, au Sénégal il y a beaucoup de gens qui nourrissent des complexes en pensant que si quelqu'un joue avec un artiste connu et reconnu, il est talentueux. Or, cela ne doit pas être un certificat de qualité. Comme je l'ai dit tout à l'heure, si j'étais resté ici pour sortir un album, peut-être qu'il aurait plu aux Sénégalais. Parce que moi je fais de la musique d'abord pour le plaisir. Je travaille à mettre dans ma musique des mélodies assez contagieuses, des rythmes qui dépassent les frontières du Sénégal. Je pense que ce sont des atouts. Prenons l'assiko par exemple. Personne ne déteste ses tonalités. Alors, tout réside après dans la manière de mixer cela.
Quand on vous regarde on voit votre musique à travers votre personne. Comment faites-vous pour transposer votre personnalité dans vos compositions ?
(Il rit). C'est une bonne question que vous me posez même si j'avoue que je ne sais pas comment j'y arrive. Je ne sais pas c'est quoi le secret. Je sais juste que je trouve de la joie dans ce que je fais. La musique est une chose extraordinaire. On dit qu'elle peut rendre heureuse une personne triste comme elle peut faire pleurer quelqu'un qui est joyeux. Elle te fait facilement passer d'une situation à une autre. Il y a même des musicothérapies. Ce qui signifie que la musique soigne aussi. Moi, en faisant de la musique je célèbre la joie. Quand je faisais "eksil" c'était pour partager ma vision de la musique. Parce que chacun a une vision personnelle. Mon troisième album je veux le réaliser au Sénégal à 80% au moins.
Pourquoi ce choix de venir au Sénégal pour faire votre troisième album ?
Dans cet album (ndlr : mélokaan), je voulais mettre beaucoup d'airs bien de chez moi. Il est très important pour moi de mettre des harmonies, des instruments musicaux traditionnels peu utilisés ici dans mes arrangements. On a tendance à verser dans la modernité et on oublie certains instruments. C'est ce plus qu'ont les musiciens maliens par exemple ou encore Ali Farka Touré, etc. Ils sont restés naturels dans leurs compositions. Je pense que le Sénégal a une variété d'instruments et d'airs qu'on pourrait utiliser comme les calebasses, le "yela", etc. Alors, avec le troisième album je veux faire des choses différentes de ce que mes fans ont trouvé dans "mélokaan". Je veux aussi qu'on y découvre et y sente ma culture. Je tiens beaucoup à la musique traditionnelle. C'est ma base et c'est important pour moi.
Est-ce que "mélokaan" est une continuité de "eksil" ?
Je dirais un tout petit peu mais pas vraiment. Dans "eksil" j'invitais les gens dans mon univers musical. Après je leur présente une identité à travers "mélokaan". Mais ce n'est pas une histoire forcément liée à celle du premier album. Cette dernière production, je voulais l'intituler "seetu". C'est après que j'ai changé le nom. Parce qu'aussi le titre d'un album c'est comme faire une chanson. On peut commencer en mettant des beats reggae et finir par faire de la salsa par exemple.
Vous avez rendu hommage à Mandela et Sankara dans cet album. Pourquoi ces choix ?
Ils ne sont pas des Sénégalais, c'est vrai. Je pouvais chanter Lat-Dior, Amary Ngoné Sobel, Alboury Ndiaye, etc., mais moi je ne suis pas de cette génération. Aussi, je ne compte pas faire qu'un seul ou deux albums dans ma vie. Je peux plus tard rendre hommage à ces gens-là. Alors, Sankara et Mandela aussi méritent cela. Car au-delà du Burkina Faso et de l'Afrique du Sud, ces gens sont des patrimoines africains. Ils se sont battus pour l'honneur des Noirs. J'en ai d'ailleurs profité pour rendre hommage à tous ceux qui sont morts en se battant pour l'honneur des Noirs. En Afrique, nous avons besoin de gens comme Mandela et Sankara pour plus d'actions et moins de discours. Ces gens ont posé des actes forts qui nous ont séduit tous. C'est pourquoi, j'ai tenu à leur rendre hommage.
Est-ce pour partager leurs messages avec la communauté internationale que Mandela est en anglais et Sankara en français ?
C'est plus pour le public. J'ai un public composite qui aime bien ce que je fais. C'est bien de leur donner dés fois des choses dans leurs langues. Et quand je décide aussi de chanter en français c'est pour livrer des messages forts. Je ne veux chanter l'amour en français par exemple. Il faut que les paroles de la chanson aient du sens. Alors c'est comme un cadeau pour les gens qui veulent m'entendre dans d'autres registres.
Dans ce même album vous parlez des problèmes d'intégrations que rencontrent les immigrants. Quelles sont les difficultés auxquelles vous avez dû faire face, à titre personnel ?
Moi, je rends grâce à Dieu car j'ai eu de la chance tout comme mes frères (ndlr : Élage Diouf vivait avec ses grands frères artistes comme lui). J'ai toujours pu vivre correctement grâce à la musique. Quand je suis arrivé en Europe, avec mes frères on a eu à collaborer avec certains. Je peux dire que les seules difficultés que j'ai eues sont liées à l'impatience. Mais vraiment, on n'a pas trop galéré. Je n'ai pas eu à vivre quelque chose de trop difficile. C'est pour cela que je rends grâce à Dieu et que je me fais la voix de ceux-là qui vivent difficilement à l'étranger. Les conditions de vie là-bas ne sont pas toujours faciles et ceux qui sont restés ici l'oublient souvent. Le plus difficile pour un expatrié c'est d'être sollicité par un parent et de ne pouvoir l'aider. Car ce n'est pas tout le monde qui peut comprendre qu'on peut vivre à l'étranger et ne pas pouvoir régler certains problèmes. Cependant, s'il y a des gens qui travaillent dur pour s'en sortir, il y en a aussi qui ne se comportent pas comme il faut dans les pays d'accueil. C'est à cause d'eux d'ailleurs que certains ne veulent pas donner de visas aux Africains et les mettent tous dans le même sac.
Parlez-nous de la version de "secret world" de Peter Gabriel que vous avez mixé dans cet album
C'est un morceau que j'ai toujours aimé. La première fois que j'ai écouté la chanson je me suis dit que j'allais la reprendre à ma façon. J'y traite un thème du quotidien sénégalais. Vous savez avant on habitait dans des concessions. Il y avait les tantes, les oncles, les cousins, les cousines, etc. On se partageait tout. Mais aujourd'hui, certaines choses font qu'on est parfois obligé de se séparer. Ce qui n'est pas toujours facile. Et c'est ce que j'explique ici. Je vis à l'étranger mais je reste lié à mon terroir.
Vous vous habillez maintenant en dandy africain, est-ce un nouveau code chez les chanteurs africains établis à l'étranger puisque quelqu'un comme Faada Freddy adopte aussi le même style ?
C'est drôle, je ne savais pas que Faada s'habillait ainsi. On ne s'est jamais vu, on n'a jamais échangé non plus. C'est un musicien que je suis tout de même sur le plan artistique. Je l'aime beaucoup et je le respecte aussi. Je le trouve original et je profite de l'occasion pour le féliciter pour son travail. Alors, que lui et moi ayons le même style vestimentaire, je peux dire que c'est compréhensible. Lui et moi avons la même vision de la musique. Si vous me disiez Mame Ngoor par exemple cela m'aurait surpris parce qu'on ne partage pas la même vision musicale. Cela ne signifie pas que je n'aime pas ce qu'il fait. Mais ce que je fais se rapproche beaucoup plus de ce que fait Faada. Je pense que ce n'est pas calculé, que ce n'est pas un code. C'est venu naturellement. C'est le style que je sens en ce moment. Il y a également le fait que je ne vis pas au Sénégal. Je n'ai pas un couturier à portée de main qui pourrait me confectionner des tenues.
Pensez-vous pouvoir vendre le mbalax au Canada tel que ça se fait ici ?
Normalement, il peut être vendu. Il faut juste bien le travailler. C'est comme une cuisine. Il faut juste savoir bien la présenter. Il faut donc juste insister sur cela. Je trouve que le mbalax est une bonne musique qu'on doit pouvoir vendre à l'international.
Avec quels artistes sénégalais pensez-vous pouvoir faire un duo réussi?
C'est possible avec tout le monde. Il suffit juste que la personne veuille bien le faire avec toi. Faire un duo c'est facile. Mais pour qu'il réussisse, il faut qu'il ait un feeling entre ceux qui souhaitent le faire. C'est à partir de là que les choses se décident. Il ne faut pas faire de duo avec quelqu'un parce que c'est lui qui est en vogue actuellement. Maintenant, je pense que si je faisais quelque chose avec Baaba Maal ça va marcher. J'aime beaucoup aussi Cheikh Lô et Youssou Ndour. Si l'opportunité se présente et qu'on veuille le faire des deux côtés, on le fera.
Louga, 30 déc (APS) - La culture peut être la clé du développement de l’Afrique, un continent riche dans tous les domaines, en particulier dans celui des ressources humaines, a affirmé le chanteur compositeur Baba Maal.
‘’Par ces temps qui courent, nous sommes assaillis par d’autres préoccupations, et les gens oublient que la culture peut-être la clé qui ouvre la porte à toutes nos aspirations et à notre développement’’, a déclaré mardi le leader du Daande Leñol.
Il introduisant une communication sur le thème : ‘’Patrimoine, diversité culturelle et émergence’’, à l’occasion du forum de la quinzième édition du Festival international de folklore et de percussions de Louga (FESPOP).
Baba Maal se dit convaincu que l’Afrique a ‘’la capacité’’ d’aller de l’avant, car étant ‘’un continent très riche en toute chose, en ressources humaines, en intelligence et atouts sur le plan culturel’’.
Il expliqué que c’est ce souci de développer son terroir par la culture, notamment la musique qu’il pratique, qui l’a poussé à mettre en place l’orchestre du Daande Leñol (la voix du peuple).
‘’Tous ceux qui se retrouvent sur cette philosophie du développement du terroir par la culture peuvent s’y retrouver’’, a estimé, Baaba Maal, surnommé le roi du Yella. ‘’J’aurais pu rester dans mon Fouta natal et me produire chaque week-end avec toute la gloire m’accompagnant, mais je voulais faire connaître ma culture’’, a-t-il expliqué.
Cette prise de conscience, il dit l’avoir acquise en Europe où en fréquentant les spectacles, il s’est rendu compte que ‘’notre musique qui regorgeait autant de richesses n’arrivait pas à s’imposer au plan international.
‘’C’est pourquoi j’ai créé un orchestre avec un système de management moderne pour aller à la conquête du monde et faire connaître notre culture’’, a dit Baba Maal.
Parlant de Louga, il souligne que cette ville a été une référence pour lui et que, fréquemment, il y venait quand il était à Saint-Louis pour y jouer avec ses amis du mouvement scout, ou des foyers scolaires.
Il rappelle avoir repris avec eux durant sa jeunesse les chansons, danses et ballets de la troupe ‘’Cercle de la jeunesse de Louga’’, qu’il adorait.
SADIO MANÉ EN PASSE DE QUITTER SOUTHAMPTON EN JANVIER
Dakar, 30 déc (APS) – Sadio Mané, l’attaquant sénégalais de Southampton (élite anglaise), devrait changer de club dès le marché hivernal qui s’ouvre le 1er janvier, selon des informations de presse.
Selon le site de la BBC, le Bayern Munich (élite allemande) et Manchester United (élite anglaise) sont les plus en avance dans l’optique de faire signer l’attaquant sénégalais de 23 ans.
Il a dernièrement été d’un grand apport pour les "Saints", en particulier lors de leur large victoire 4-0 sur les Gunners d’Arsenal, samedi dernier, en match comptant pour le "Boxing Day".
Si l’on n croit le site de la BBC, l’ailier sénégalais, une des stars de Southampton, devrait suivre les pas de d’Adam Lallana, Luke Shaw et Morgan Schneiderlin.
Ces joueurs, après avoir brillé avec Souhampton, sont allés rejoindre Liverpool pour les deux premiers, le Français signant en faveur de Manchester United, contre une belle plus value.
Le départ de l’international sénégalais, élu meilleur footballeur 2015 par l’Association nationale de la presse sportive (ANPS) du Sénégal, serait d’autant plus acté que Southampton connait un début de saison compliqué.
Mané serait également convoité par d’autres grosses écuries, en l’occurence Arsenal et Liverpool dont l’entraîneur, l’Allemand Jürgen Klopp, le voulait déjà à Dortmund. Southampton serait obligé de céder, selon le site de la BBC.
Sadio Mané est arrivé à Southampton en provenance des Red Bulls de Salzbourg (Autriche) en 2014. Auparavant, il avait joué au FC Metz qu’il a quitté en août 2012 après des Jeux olympiques réussis.
Kaolack, 28 déc (APS) - Onze homosexuels présumés, arrêtés la semaine dernière à Kaolack (centre) par la Police, dans une école de la même ville, ont été déférés lundi au parquet, pour être présentés mardi au procureur de la République, a appris l’APS de source policière.
Le groupe est constitué de quatre tailleurs, d’un enseignant, d’un délégué médical, d’un boucher et de quatre étudiants, selon la même source.
Elle signale que les présumés homosexuels ont été arrêtés dans la soirée de jeudi dernier, lors de la ’’célébration du mariage’’ de deux des leurs.
Ils étaient placés depuis leur arrestation en garde à vue au commissariat central de Police de Kaolack.
Leurs parents et proches, ainsi que des curieux, s’étaient réunis dans les abords du commissariat, au moment du transfèrement des présumés homosexuels.
Vers 15h30, ces derniers sont montés dans un véhicule qui les a conduits au parquet, les visages dissimulés.
A ce moment-là, des jeunes se sont mis à brûler des pneus sur la voie publique, pour manifester leur colère contre les homosexuels présumés.
La Police les a dispersés à l’aide de gaz lacrymogènes.