La cour d'appel d'Aix-en-Provence a confirmé que l'ex international français Marcel Desailly est le père d'une jeune femme de 25 ans qui avait fait une demande de reconnaissance de paternité, a-t-on appris vendredi auprès de l'avocat de la requérante.
Dans son arrêt que s'est procuré l'AFP, la cour confirme le jugement du tribunal de grande instance de Toulon en première instance qui, en juin 2014, avait ordonné qu'Aïda Mendy, résidant à La Seyne-sur-mer (Var), puisse porter le nom de Desailly et que cela soit transcrit au registre de l'état-civil.
Le tribunal de Toulon avait retenu le fait qu'en refusant de se soumettre à un test génétique, Marcel Desailly avait effectué "un aveu de paternité". L'ancien champion du monde a en effet refusé à quatre reprises de se soumettre à un tel test demandé par le tribunal depuis 2012.
"C'est le triomphe du droit contre l'hypocrisie, M. Marcel Desailly essaie de se défausser de ses devoirs de père", a déclaré l'avocat de la jeune femme, Me Frédéric Casanova, soulignant que sa cliente ne demandait "rien, en dehors de la reconnaissance de paternité". Aïda Mendy souhaitait, en présentant cette requête, "mettre un terme à 23 années de souffrance", selon Me Casanova.
En vertu d'un jugement de mars 2000, la mère de la jeune femme avait bénéficié d'une pension alimentaire versée par l’ex footballeur jusqu'à ce que Aïda soit majeure.
L'artiste Sidy Talla alias Diss présentera ce soir au public de Little Buddha (Sea Plazza) son premier album. 100% instrumental, l'album Diss-Connexion retrace le parcours d'un jeune homme qui, influencé par son frère Fou Malade, a d'abord taquiné le rap avant de se consacrer exclusivement à une carrière de beat-maker. C'est une première, un pari fou, mais l'artiste lui-même est loin d'être fou. Passant de producteur à auteur, Diss met ainsi son premier produit sur le marché. Un album de 15 titres 100% instrumental et qui cache toute une philosophie. Un conglomérat de concepts dont le RSD (Raam Sôga Doxx). Le jeune beat-maker qui a foi en une Afrique unie et prospère se fait le portevoix de sa jeunesse qu'il invite à prendre pleine conscience de son fort potentiel.
Il se présente comme technicien en réseau et télécommunication, ingénieur de son, auteur compositeur et membre fondateur du label 2bemusik, mais n'oublie jamais ses débuts dans le milieu du hip-hop. "J'étais le graffeur du groupe Bat'haillons Blin-D. Je volais souvent leur texte et plus tard, je me suis mis à écrire", explique-t-il. Frère du rappeur Fou malade, c'est très naturellement que Diss s'est mis lui aussi à rapper. "C'est Fou Malade qui m'a inspiré en 1998. Et j'ai commencé par le rap de 2003 à 2007."
Mais voyant qu'il n'était pas aussi doué que son frère, Diss troque son micro contre une table de mixage. "Je n'étais pas très bon en rap. J'ai alors décidé de ranger le micro pour être un dénicheur de talents", affirme ce beat-maker profondément épris de son travail.
Ce dernier lui confère, dit-il, un sentiment d'utilité publique. En effet avec son label 2bemusik, connu également sous le nom de 2bëdaxé Musik, Diss a contribué à la production de pas mal de jeunes rappeurs dont Mont Marginal, un rappeur de Sicap. Il facilite ainsi l'accès de service comme l'enregistrement, le mixage et autres détails techniques à des milliers d'artistes dont ceux venant surtout de la banlieue.
Ces derniers, note-t-il, ont un fort envie de s'exprimer. "Les jeunes s'expriment avec le rap, s'éduquent et éduquent avec le rap", affirme Sidy Talla.
Pour lui, le rap "est un outil au service de la veille citoyenne". C'est conscient de cela qu'il a senti que le moment était venu pour lui aussi d'être reconnu dans le milieu. Il décida donc de sortir son premier opus.
Diss-connexion : des beats pour sensibiliser
L'album Diss-connexion est une compilation de "samples" et est composé de 15 titres. L'on y retrouve des titres de Yandé Codou Sène, de Dabi, de Oumou Sangaré mixés avec de la guitare et d'autres instruments. Un mélange qui fait de Diss-connexion un album 100% instrumental. Il n'en demeure pas moins que chaque titre est porteur d'histoire. Yague di gaolou (Ndlr : être longtemps resté à attendre) par exemple est une exégèse du parcours du beat-maker qui a longtemps attendu la reconnaissance dans le milieu hip-hop.
Mais, pense-t-il, "le jeu en valait bien la chandelle". Le jeune banlieusard passionné du hip-hop pense que pour atteindre le sommet il faut gravir tous les échelons ; d'où le titre Raam sôga doxx (Ndlr : ramper avant de marcher). Ce morceau trahit la philosophie de ce beat-maker qui considère que dans toute chose il faut commencer à la base. Sa potion magique à lui, c'est le savoir, la patience et la passion. Ce sont, à son avis, les armes de la réussite.
A travers cet album, Diss fait passer par ailleurs plein de messages. Des messages à l'endroit de la jeunesse africaine. Dans le titre Black skin par exemple, l'ingénieur en son milite pour un retour aux valeurs ancestrales africaines. Dans New slave, il appelle à l'émancipation africaine. "C'est un appel à une prise de conscience et à un éveil des esprits", écrit-il pour présenter ce titre.
Le membre fondateur de 2bemusik invite également les jeunes à prendre leur destin en main. "Il y a des ressources en Afrique", dira-t-il. Pour découvrir son répertoire, Diss invite le public à le rejoindre ce soir au Little Buddha (Sea Plazza).
"Il y aura Karismatik Diksa, Double Trouble, True Wayz, Fla The Ripper, Omg, F.manel, Moulaye, Bat'haillons Blin-d, Dablessed, Sm Team, Mass, Simon, Avokat, 5 majeurs, Charly... La crème du hiphop galsen y sera", promet-il.
Benzema entendu dans une enquête pour blanchiment, sans être mis en cause
Le footballeur français Karim Benzema, déjà aux prises avec l'affaire du chantage à la sex-tape, a également été entendu dans une enquête pour blanchiment visant une société dont il est actionnaire, a-t-on appris jeudi de source judiciaire, confirmant une information de Libération.
Cette audition libre par les enquêteurs du Service national des douanes judiciaires (SNDJ) a eu lieu dans une information judiciaire ouverte en septembre pour blanchiment en bande organisée, confiée au juge financier Renaud van Ruymbeke, a précisé la source.
"A ce stade, aucune mise en cause de Karim Benzema n'est envisagée", a affirmé la source judiciaire à l'AFP. Les avocats du joueur, contactés, n'ont pas donné suite dans l'immédiat.
Les investigations portent notamment sur les conditions dans lesquelles une société dont est actionnaire l'attaquant vedette du Real Madrid, BH Event's, a acheté un fonds de commerce dans le VIIIe arrondissement de Paris, pour y construire un restaurant. Libération précise que "le footballeur a délégué tout pouvoir à son associé dans la société (...) tout en se portant caution à hauteur de 2,5 millions d'euros pour la vente".
Les enquêteurs se demandent si l'achat et la construction du restaurant n'ont pas servi à blanchir des fonds, pour partie issus du trafic de stupéfiants, a expliqué une source proche de l'enquête à l'AFP.
Selon Libération, le fonds de commerce a ensuite été revendu "avec une perte sèche de deux millions d'euros".
L'enquête a pour origine une autre procédure judiciaire sur un trafic de stupéfiants. Dans ce dossier, confié également au SNDJ, les écoutes téléphoniques ont justifié l'ouverture de l'enquête dans laquelle a été entendu Karim Benzema.
L'attaquant de l'équipe de France est déjà menacé de ne pas participer à l'Euro-2016 à cause de l'affaire de chantage à la sex-tape à l'encontre de son coéquipier Mathieu Valbuena. Si son contrôle judiciaire lui interdisant de le rencontrer a été levé vendredi, sa sélection continue de faire débat. Cette semaine, le ministre des Sports Patrick Kanner et le Premier ministre Manuel Valls ont estimé que les conditions n'étaient pas réunies pour qu'il revienne chez les Bleus.
Le joueur est mis en examen pour "complicité de tentative de chantage" et "participation à une association de malfaiteurs".
Fifa: avec ses 3,28 M EUR, Blatter loin des grands patrons et des stars du sport
Les 3,28 millions d'euros gagnés par Joseph Blatter en 2015 lui ont assuré une très confortable moyenne de 270.000 euros par mois, mais ses revenus restent loin derrière ceux des dirigeants de grandes entreprises, des patrons du sport américain ou des stars du foot mondial.
Très attendue et sujette à de multiples hypothèses depuis qu'a éclaté le scandale de corruption en mai dernier, l'information a été dévoilée jeudi par la nouvelle direction de la Fifa: en 2015, son ancien patron suisse a touché 3,28 millions d'euros (3,6 millions de francs suisses).
Dans le détail, Sepp Blatter, qui a dû démissionner avant d'être suspendu, a perçu sur l'année 2,7 millions d'euros de salaire. S'y est notamment ajoutée une prime de 398.000 euros liée à ses 40 ans de présence à la Fifa.
C'est dix fois moins que le grand patron de la National football League (NFL, l'instance suprême du football américain, celui qui se joue avec casque et ballon ovale): en 2014, Roger Goodell a touché 34 millions de dollars (30 millions EUR), dont 3,5 millions en salaire, le reste en bonus.
Il n'existe pas de chiffres récents pour le patron de la NBA (basket) Adam Silver, mais son prédécesseur, en poste jusqu'en 2014, David Stern, touchait selon les estimations 20 millions de dollars par an (17,6 millions d'euros). Le patron de la MLB (baseball) Rob Manfred a vraisemblablement un salaire comparable, sur la base des 22 millions alloués à son prédécesseur Bud Selig.
- Comme les grands patrons français -
Loin de ces grands patrons des sports rois aux Etats-Unis, le revenu de Blatter est comparable à celui du N.1 américain du football (appelé là-bas "soccer"): Don Garber, le grand patron de la MLS (l'instance américaine du ballon rond) émarge à un salaire annuel estimé à 2,6 millions d'euros.
Hors sports, les ordres de grandeur sont là aussi nettement plus importants aux Etats-Unis. Selon le "think tank" Economic Policy Institute, les patrons américains des 350 plus grandes firmes ont empoché en moyenne 16,3 millions de dollars (14,4 M euros) de revenus en 2014, qui incluent les salaires, mais également les stock options.
Cette moyenne cache de fortes disparités révélées par une autre étude réalisée par le cabinet Equilar sur les sociétés cotées. En tête de son classement, le patron de Microsoft Satya Nadella a ainsi empoché 84,3 millions de dollars de revenus en 2014 (74,5 M EUR).
Si l'Amérique est loin pour lui, Blatter se place à peu près dans la moyenne des grands patrons français: selon la dernière étude annuelle du cabinet de conseil aux actionnaires Proxinvest, publiée en septembre, les dirigeants du CAC 40 ont gagné en moyenne 4,21 millions d'euros par an.
Les rémunérations les plus élevées reviennent à Carlos Ghosn avec un total de 15,2 millions d'euros (en cumulant les présidences de Renault et Nissan) et l'ex-patron de Sanofi Chris Viehbacher avec 12,5 millions d'euros (qui incluait une rémunération de départ).
- Cristiano Ronaldo, sur une autre planète -
Pour remettre les choses en perspective, Sanofi, l'un des plus grands groupe français, a réalisé l'an dernier un bénéfice net de 7,4 milliards d'euros, pour un chiffre d'affaires de 37 milliards.
Renault seul, c'est 2,8 milliards d'euros de bénéfice net pour 45 milliards de chiffre d'affaires en 2015.
La Fifa, quant à elle, revendique un chiffre d'affaires de cinq milliards d'euros sur la période 2011-2014.
Enfin, du seul point de vue du portefeuille, mieux vaut être joueur de foot que dirigeant. Selon un classement établi par Forbes, le Portugais Cristiano Ronaldo a touché en 2015 73 millions d'euros (incluant les contrats de sponsoring) et l'Argentin Lionel Messi 68 millions.
Le boxeur américain Floyd Mayweather est le sportif le mieux payé, avec 275 millions.
Blatter, lui, se situe à peu près au niveau du pilote Sébastien Loeb (3,8) et d'un autre Français, Anthony Martial, 20 ans, attaquant de Manchester United (4).
La Fifa n'a pas donné de détails sur ce que touchait Blatter les années précédentes et n'a pas non plus révélé le salaire de son nouveau président, Gianni Infantino, élu le 26 février.
Fifa: Blatter a gagné 3,28 M EUR en 2015, perte de 107,7 M EUR en 2015
Sepp Blatter a gagné 3,28 millions d'euros en 2015, soit une moyenne de plus de 270.000 euros par mois, a indiqué jeudi la Fifa, qui révèle pour la première fois le salaire de son ex-président.
Par ailleurs, la Fédération internationale de football a enregistré une perte de 122 millions de dollars (107,7 M EUR) sur l'exercice 2015, son premier déficit depuis 2002, en raison notamment des coûts engendrés par le scandale de corruption qui la frappe.
Real Madrid: un rescapé palestinien de cinq ans à Madrid pour rencontrer ses idoles du Real
Un enfant palestinien de cinq ans, survivant d'une famille décimée dans une attaque menée par des extrémistes israéliens l'été dernier, est arrivé mercredi en Espagne où le Real Madrid l'a invité à rencontrer ses idoles.
Le petit garçon, Ahmed Dawabcheh, en convalescence depuis sept mois, est arrivé en fin de matinée à l'aéroport de Madrid, a constaté un photographe de l'AFP.
Un comité d'accueil déployant des drapeaux palestiniens attendait le petit garçon.
Le Real Madrid a confirmé à l'AFP qu'Ahmed était attendu "jeudi au club, pour une visite de caractère privé" que les médias ne sont pas invités à couvrir.
L'enfant attendait surtout de rencontrer son idole, le triple Ballon d'or Cristiano Ronaldo, star du mythique club de football qui l'avait invité à lui rendre visite quand il serait en état de voyager.
Le petit garçon, coiffé d'un bonnet recouvrant ses graves brûlures, s'était réjoui mardi à cette idée, déclarant à l'AFP avant son départ qu'il allait prendre "l'avion pour le Real". Ses grands-parents l'accompagnaient pour ce voyage.
Ahmed était encore jusqu'à récemment hospitalisé près de Tel-Aviv pour de graves brûlures subies le 31 juillet 2015 dans l'incendie criminel de la maison familiale à Douma, près de Naplouse, en Cisjordanie.
Il y a perdu son petit frère de 18 mois et ses parents. La famille avait été surprise dans son sommeil par des engins incendiaires.
Deux jeunes Israéliens dont un mineur ont été inculpés par la justice israélienne le 3 janvier de meurtre et de complicité pour le crime de Douma.
Le crime a causé un vif émoi international.
Pendant des mois, des Palestiniens émus par les images du garçonnet revêtu du maillot du Real sur ses bandages, ont mené campagne pour que le club l'accueille. Le Real avait indiqué en janvier qu'il le ferait.
Ronaldo avait reçu en décembre un orphelin libanais de trois ans, rescapé d'attentats meurtiers à Beyrouth le 12 novembre dernier, revendiqués par l'Etat islamique.
Le grand rival de Ronaldo, l'argentin Lionel Messi, s'était lui ému de voir un autre enfant en Afghanistan arborer son maillot bleu et blanc bricolé avec un sac plastique. Messi avait fait envoyer à ce petit Afghan de cinq ans, un maillot de l'équipe nationale argentine, et un autre du FC Barcelone, dédicacés.
Ahmed, survivant d'une famille palestinienne décimée, part rencontrer Ronaldo
Ahmed Dawabcheh, 5 ans et seul survivant d'une famille palestinienne décimée dans une attaque perpétrée par des extrémistes israéliens, s'est mis en route mardi pour aller rencontrer ses idoles du Real Madrid, ont indiqué ses proches et le patron du sport palestinien à l'AFP.
Ahmed, son oncle et ses grand-parents devaient passer en fin de journée la frontière entre la Cisjordanie occupée et la Jordanie, pour prendre un vol à Amman à destination de l'Espagne, a déclaré son grand-père Hussein.
Là, Ahmed est censé rencontrer son idole: le triple Ballon d'or Cristiano Ronaldo, la star du mythique club de football qui l'avait invité à lui rendre visite quand il serait en état de voyager.
Ahmed était encore jusqu'à récemment hospitalisé près de Tel-Aviv pour de graves brûlures subies le 31 juillet 2015 dans l'incendie criminel de la maison familiale à Douma, près de Naplouse, en Cisjordanie.
Il y a perdu son petit frère de 18 mois et ses parents. La famille avait été surprise dans son sommeil par des engins incendiaires.
Le crime a profondément marqué les esprits et causé un vif émoi international. Il a aussi réveillé les démons de la violence juive dans un climat déjà tendu.
Pendant des mois, les Palestiniens, mobilisés par les réseaux sociaux et émus par les images du garçonnet revêtu du maillot du Real passé sur ses bandages, ont mené campagne pour que le club madrilène accueille le petit survivant palestinien. Le Real a indiqué en janvier qu'il réaliserait le rêve du petit Ahmed.
Le grand rival de Ronaldo, Lionel Messi, s'était, lui, ému de voir, comme tant d'internautes, un autre enfant arborer le maillot bleu et blanc de la vedette argentine bricolé avec un sac plastique. Messi avait fait envoyer à ce petit Afghan de cinq ans, Murtaza, un maillot de l'équipe nationale argentine, et un autre du Barcelone, dédicacés.
Le patron du sport palestinien, Jibril Rajoub, a salué "une superbe initiative humaine du Real Madrid, de son administration et de Cristiano Ronaldo. Elle redonne espoir à un enfant qui a perdu toute sa famille".
"Il y a un soldat inconnu dans toute cette affaire et c'est Zinedine Zidane, que nous remercions chaleureusement", a-t-il ajouté.
Les médecins d'Ahmed lui prédisent une longue convalescence. "Il vient de passer huit mois à l'hôpital. Il va mieux mais il faudra encore beaucoup de temps et de soins pour qu'il se remette vraiment", a indiqué son grand-père.
Deux jeunes Israéliens dont un mineur ont été inculpés par la justice israélienne le 3 janvier de meurtre et de complicité pour le crime de Douma.
Pelé va vendre aux enchères une partie de sa collection personnelle
La légende brésilienne du football Pelé va mettre en vente aux enchères à Londres en juin prochain plus de 2000 objets, trophées et souvenirs amassés durant sa glorieuse carrière, a annoncé jeudi la société de ventes aux enchères américaine Julien's Auctions.
Les recettes de la vente, présentée comme sans précédent, pourraient dépasser le million de dollars.
Elle aura lieu du 7 au 9 juin à Londres et couvre "toutes les étapes de sa carrière", de son premier contrat avec Santos en 1956 à son engagement caritatif.
Selon Julien's Auctions, la pièce de choix de cette collection est une réplique de la Coupe Jules Rimet reçue par Pelé pour le titre de champion du monde 1958 qui pourrait se négocier jusqu'à 600.000 dollars.
Parmi les objets en vente, le ballon avec lequel Pelé a marqué en 1969 le 1000e but de sa carrière dont l'estimation basse est de 40.000 dollars, ses médailles pour les titres mondiaux 1958, 1962 et 1970 (100.000 dollars chacune), des maillots, shorts et chaussures portés lorsqu'il était joueur de Santos, de l'équipe du Brésil ou encore du New York Cosmos.
"Après avoir donné une partie significative de ma collection à la ville de Santos, j'ai décidé de permettre aux supporteurs et collectionneurs d'accéder aussi à une pièce d'histoire", a indiqué celui qui est présenté comme le meilleur joueur de l'histoire.
"Je donnerais une partie de la recette de cette vente à Pequeno Principe, l'un des plus importants hôpital pour les enfants du Brésil", a-t-il ajouté.
Pelé a marqué 1.281 buts en 1.363 matches au cours d'une carrière qui s'est étendue des années 1950 aux années 1970.
Né le 23 octobre 1940 dans un foyer modeste de la ville de Tres Coraçoes, dans l'Etat de Minas Gerais (sud-est du Brésil), Edson Arantes do Nascimento a gagné trois titres mondiaux avec la sélection brésilienne en 1958 (alors qu'il n'avait que 17 ans), 1962 et 1970.
"EN AFRIQUE, LES GENS N’ONT JAMAIS FAIT ASSEZ POUR LE MONDE DE L’ART"
Le Leader de Daandé-Lenol, Baba Maal connu et reconnu à travers le monde de par sa musique, mais aussi de par sa culture vient de lancer un mouvement. "Nann-K", c’est le nom de ce mouvement, qui entend apporter une nouvelle dynamique "active et citoyenne" pour la promotion de l’agriculture.
Cela, en évoluant dans 3 domaines d’activités que sont donc l’agriculture, mais aussi l’élevage et la pêche. Ainsi que les Technologies modernes (Tic) et l’artisanat (art et culture). Pour le lancement, l’artiste a convié ses invités au King Fahd Palace, avant-hier, autour d’un dîner de gala avec son orchestre. Profitant de l’occasion, nous l’avons interpellé sur ce mouvement, mais aussi sur son nouvel album international "The Traveller" (le voyageur).
Album "The Traveller"
"C’est un album de 9 titres. Pour le Sénégal, la Mauritanie et l’Afrique, nous avons formaté d’autres singles qui se nomment ‘Africa United’ que nous avons interprétés avec un grand artiste de la musique urbaine, Xuma ; mais aussi ‘Oumassier’ où nous parlons de voyage. Il y a un titre qui a été interprété avec Essa qui nous vient du Malawi. Et il y a un single qui est très particulier qui s’appelle ‘Foulani Rock’, la musique rock, mais c’est la musique Foulani, du Foulbé. C’est pour montrer à la face du monde que nos langues nationales sont très importantes, pour dire des messages que l’Afrique voudrait délivrer au reste du monde. Ça nous permet de crier notre colère et nos ambitions de corriger l’image de l’Afrique. Pas de cette Afrique qui tend la main, mais de l’Afrique qui propose au reste du monde beaucoup de choses et beaucoup de richesses. Parce que, l’Afrique c’est un continent très riche.
J’ai interprété deux titres de l’album. ‘Kaladio’ qui veut dire l’aventurier, celui qui voyage. Nous savons que tous ces jeunes sont partis en Europe, aux Usa pour d’autres opportunités ou apprendre quelque chose et revenir. C’est des gens du voyage. Et les gens du voyage apprennent la vie. Ils ont beaucoup d’expectation sur leurs épaules. Donc, il y a toute une famille entière qui pense que quand ils reviennent, ils vont venir changer leurs conditions de vie. C’est toujours triste de voir quelqu’un partir, mais on ne sait pas à quel degré on sent la charge du voyage de nos enfants qui partent".
C’est quoi "Nann-K" ?
"’Nann-K’ c’est un mouvement de développement, après une collaboration de plusieurs décennies avec des organisations internationales. Pour booster le développement dans le monde, je me suis rendu compte qu’il fallait commencer par ici quelque chose. Je fais la promotion de l’agriculture, de l’élevage et de la pêche dans le monde entier. Quand je travaillais avec Oxfam International, nous avons vu que nous avons de grands cours d’eau, des associations de femmes très bien organisées qui ne voulaient que travailler. Mais il leur manquait un grand plan agricole, mais aussi de la voix. Quand j’élève la voix, les gens me répondent. Donc, c’est une occasion pour amener les gens à aller vers le développement".
Un mouvement pas seulement dédié à la communauté "Halpulaar"
"’Nann-K’ n’est pas un mouvement pour la seule communauté ‘Hapulaar’. Non ! pas du tout. C’est vrai que le nom sonne très Pulaar. Mais c’est parce je me suis dit le Pulaar c’est une langue internationale qui est parlée dans plus d’une dizaine de pays sur le continent africain. Mais quand j’ai lancé le mouvement, j’ai reçu l’adhésion de gens de la Mauritanie, de la Casamance, du Sénégal Oriental… Pour commencer, il fallait quand même le faire avec la communauté qui m’a toujours accompagné. Cet acquis culturel et historique de ma communauté m’a permis de représenter ce que je représente dans le monde.
Le ‘Dandé Lenol’, on l’a vu naître en 1985 avec feu Mbassou Niang, (Paix à son âme). Nous avons joué tellement de concerts au stade Amadou Barry de Guédiawaye que les gens se permettaient de faire des railleries parfois pour dire que le ‘Dandé Lenol’ se limite au stade Amadou Barry. Mais ce n’était pas fortuit. C’est parce qu’à chaque fois qu’on jouait dans ce stade, c’était toujours pour des associations de développement des villages du Fouta, de part et d’autre du fleuve Sénégal. Elles venaient nous dire nous avons des projets et soit c’était pour acheter des pirogues, ou encore réfectionner des salles de classe. Et tout récemment, à Aéré-lao, c’est des salles de classe informatisées pour les collèges et des lycées. C’est ainsi que des institutions comme les Nation unies ont pu comprendre qu’à travers Baaba Maal et sa collaboration avec ces associations de développement, la culture peut être au service du développement et qu’ils m’ont nommé ambassadeur. Fort de tout cela, je me suis dis que charité bien ordonnée commence par soi même. D’où le choix de monter un mouvement dédié au développement".
Connexion économique et le mouvement
"Le cri que j’ai lancé, et qui peut se vérifier avec la chanson que j’écrit avec Daraa-J, c’est où sont nos 10% pour l’agriculture ? Ça 3 à 4 ans, c’était avant même qu’au Sénégal on ne comprenait pas qu’il y a un élan vers l’agriculture et l’élevage comme soubassement du développement. En 2012, durant les élections, j’étais en Mauritanie avec Oxfam et ma réponse c’était pourquoi il n’y a pas tant temps de programmes agricoles de la part de nos gouvernements. Parce qu’on a tout ce qu’il faut pour réussir l’agriculture et l’élevage".
Fonds d’aide aux artistes
"Je pense qu’en Afrique, les gens n’ont jamais fait assez pour le monde l’art. C’est un début et je l’apprécie. Je pense que ça peut-être très profitable pour certains artistes qui en ont vraiment besoin. Mais il faut approfondir, au-delà de subventionner les artistes, réfléchir sur la condition des artistes, des musiciens. Par exemple, on voit qu’il y a au-devant de la scène des gens qui ont des noms qui ont une certaine notoriété qui peuvent se faire de l’argent. Mais derrière, il y a des musiciens qui n’arrivent pas à voyager parfois avec des ces gens. C’est des instrumentistes, c’est des gens qui travaillent dans des studios d’enregistrement, c’est des techniciens de spectacle, etc. Toutes ces personnes sont confrontées à des problèmes quand elles sont malades et ne peuvent pas se soigner. Donc, il faut s’arrêter un moment, réfléchir ce qu’on a apporté à la musique sénégalaise, à l’Afrique et essayer de rendre la monnaie à tous ces artistes qui ont fait connaître notre continent à travers le monde entier".
Choix 8 mars pour lancer le mouvement
"Je pense que chacun d’entre nous garde au fond de soi une partie de la femme. Il y a deux énergies qu’il va falloir toujours mettre en avant si nous voulons aller de l’avant. C’est la jeunesse africaine qui, malgré la pauvreté, les conflits, n’a jamais baissé les bras. A côté de cette jeunesse il y a les femmes dans tous les secteurs d’activités. La femme m’a tout donné. J’adore ma mère qui a été mon inspiration, que je chante toujours. J’adore la maman de mon feu fils qui m’a beaucoup aidé… Tout au long de ma carrière les femmes m’ont accompagné, je suis arrivé à Dakar, elles m’ont accueilli à bras ouverts. Voilà pourquoi j’a choisi le 8 mars. C’est pour leur rendre encore hommage".
MULTIPLE PHOTOS
SENGHOR RACONTÉ PAR CHRISTIAN VALANTIN
EXCLUSIF SENEPLUS - Bonnes feuilles du livre "Trente ans de vie politique avec Léopold Sédar Senghor" - Préface de Souleymane Bachir Diagne
IBRAHIMA FALL DE SENEPLUS |
Publication 08/03/2016
Saint-Louis, 1955. Ministre dans le gouvernement français, Léopold Senghor est de passage dans la capitale de l’AOF. Il déjeune chez Louis Guillabert. Au jeune Christian Valantin, petit-fils du chef de la maison, qui lui fait part de son intention de devenir avocat, il conseille de faire "colo". Ainsi il pourra devenir, dix ans plus tard, gouverneur du Sénégal. "Avant dix ans, le Sénégal sera indépendant", répond Valantin. "Avant d’être indépendant, il nous faudra quelques années d’apprentissage par l’autonomie interne", réplique Senghor. Le Sénégal accéda à l’indépendance cinq ans après, en 1960.
L’élève eut donc raison sur le maître, mais suivit son conseil. Les deux hommes étaient partis pour un long compagnonnage. Brevet de l’ENFOM (École nationale de la France d’outre-mer) en poche, Christian Valantin fut nommé chef de cabinet par Senghor, qui venait d’être élu président de l’Assemblée fédérale du Mali, le 4 avril 1959. Il sera par la suite tour à tour gouverneur de Thiès, directeur de l’OCA (Office de commercialisation agricole), directeur de cabinet de Senghor avant d’être élu député en février 1968. Il sera réélu jusqu’en 2000. Trente-deux ans de vie parlementaire. Sous la bannière socialiste.
C’est cet homme qui vient, à 87 ans, de publier Trente ans de vie politique avec Léopold Sédar Senghor, 196 pages d’histoire, d’analyse et de réflexion où il est question de la culture, de la négritude, des droits de l’homme, de la démocratie, du métissage, de l’Unité africaine, de la francophonie, de la civilisation de l’universel…
Le livre commence par une interrogation de l’auteur sur sa légitimité à évoquer Senghor : "Qui suis-je pour oser aborder, à mon tour, un tel sujet, alors que d’autres, sans doute plus autorisés, l’ont fait avec justesse et talent ?" Question à laquelle Souleymane Bachir Diagne répond dans la préface portant sa signature : "Ceux qui, comme moi, ont le bonheur d’avoir souvent entendu Christian Valantin parler de celui qui fut son mentor pendant des décennies, lui répondront simplement que la sienne, parmi toutes ces voix de biographes, est celle de quelqu’un qui fut de l’équipe Senghor, qui le connut au point où, ainsi qu’il le rapporte, il pouvait 'lire sa pensée' dans les situations qu’ils vivaient ensemble, déchiffrer sur le visage de son 'patron' quels sentiments l’habitaient."
L’équation de sa légitimité résolue, surgit celle de l’opportunité de parler de Senghor aujourd'hui, en 2016. Christian Valantin que SenePlus a rencontré à Saint-Louis puis à Dakar, s’employant à faire la promotion de son livre, ne vise qu’un but : "permettre à la jeunesse sénégalaise de connaître l’histoire de son pays".
Nous vous proposons ci-dessous les bonnes feuilles de ce document d’histoire, qui allie rigueur factuelle, profondeur d’analyse et qualité d’écriture. Des ingrédients sans lesquels toute ligne sur Senghor serait presqu'un affront à l’homme de culture, "tombé en politique". Celui que Souleymane Bachir Diagne classe parmi les personnalités "qui ont dominé de toute leur stature le XXe siècle, en particulier l’ère des décolonisations et des premiers pas des jeunes nations africaines devenues indépendantes".
"C’était au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, Senghor venait d’être nommé professeur à l’École nationale de la France d’outre-mer (ENFOM), à la chaire précédemment occupée par Maurice Delafosse, ethnologue africaniste. Il avait obtenu une bourse du Centre national de la recherche scientifique pour mener, au Sénégal, une enquête sur la poésie populaire sérère.
Lorsqu’arrivèrent les élections de novembre 1945, Lamine Guèye, avocat et homme politique, lui demande, au nom de la ‘Fédération socialiste’ du Sénégal, de faire acte de candidature. Senghor raconte : ‘J’ai hésité pendant un mois. Je sentais en effet que cela allait être la fin de ma carrière universitaire et, peut-être, de ma carrière poétique’ ; il avait ‘peur de tomber dans la politique’. Cependant, au-delà des pressions familiales et amicales, il trouva une raison objective d’accepter : la misère dans laquelle les années de guerre et de sécheresse avaient plongé les paysans sénégalais.
Il a pris le soin de laisser à la postérité ses discours les plus essentiels, ses interventions les plus explicatives, ses messages les plus importants, tous concentrés dans cinq tomes, au titre évocateur, Liberté. Ce seul mot dit bien l’attitude de Senghor tant dans sa pensée que dans son action : c’est en homme libre qu’il pense et agit. En Africain aussi : la négritude fut le fil conducteur de sa vie personnelle, poétique, intellectuelle et politique. La conciliation fut le modus operandi qu’il choisit, pour rapprocher les contraires et aboutir au consensus. La symbiose, non la seule rencontre mais le mélange des civilisations et des cultures, notamment noires et blanches, fut son utopie suprême.
Dans deux livres, La Poésie de l’action et Ce que je crois, il coucha sur le papier la synthèse de sa vie et de sa pensée. Pour montrer la justesse de ses objectifs, il fit appel aux plus grands africanistes et penseurs, donnant à ses dires et à ses écrits la force d’une vérité.
"Qui suis-je pour oser… ?"
"Qui suis-je pour oser aborder, à mon tour, un tel sujet, alors que d’autres, sans doute plus autorisés, l’ont fait avec justesse et talent ? Je réponds. Encore lycéen mais déjà passionné par la politique comme tant de mes camarades, je devins, avec ceux-ci, dans les dernières années de la décennie 1940, un admirateur de Senghor. Je le suis resté et, à la fin de mes études universitaires, en 1958, il m’appela pour faire partie de son équipe.
Je terminai ma carrière administrative dix ans plus tard, non sans avoir exercé, grâce à lui, plusieurs fonctions aussi captivantes et passionnantes les unes que les autres, en cette période où le Sénégal, en accédant à l’indépendance, tournait le dos à presque cent ans de domination coloniale. Constatant que j’avais le goût de la politique, Senghor m’incita à devenir député ; c’est à Thiès, dont il fut le maire, et surtout dans le département qui l’environne que je fus élu jusqu’en 2000. À soixante et onze ans, après trente-deux ans de vie politique et parlementaire, le moment était venu de m’en retirer.
Après avoir été mêlé au plus près à la nouvelle politique institutionnelle, administrative, économique, financière, culturelle, parlementaire du Sénégal, j’ai pu, autant que faire se peut, voir comment Senghor articulait ses idées à ses actes, quels résultats il obtenait, quel regard il portait sur le pouvoir qu’il détenait. Ce fut passionnant, une grande leçon d’humilité, de rigueur et de pragmatisme, de fermeté, de sollicitude accompagnée d’un sens aigu des responsabilités. Un esprit de décision. (…)
La négritude, la Culture, l’Unité africaine, la francophonie, la Civilisation de l’Universel seront les mots-clés de ce récit dans lequel se concentrent à la fois la pensée visionnaire, l’action de Senghor et le témoignage que les diverses fonctions que j’ai occupées pendant quarante-deux ans me permettent de livrer.
Rencontre avec la négritude
"Dans Ce que je crois, son dernier livre, Senghor raconte qu’il voulait être prêtre. Le père Lalouse, directeur du collège séminaire, en qui il reconnaissait une grande compétence d’enseignant, voulait faire de ses élèves sénégalais des ‘Français à peau noire’ adoptant ainsi, sans y voir à mal, la politique coloniale d’assimilation. Ce que lui reprochait respectueusement mais clairement Senghor qui, à force de s’insurger et de revendiquer, portait implicitement la parole des séminaristes. Le père Lalouse, de guerre lasse, le convoqua pour lui dire que le sacerdoce n’était pas sa vocation, car un prêtre doit en tout premier lieu savoir obéir. Senghor pouvant d’autant moins s’incliner devant les erreurs de jugement du père-directeur que, d’autre part, ce dernier, par des paroles blessantes, stigmatisait le mode de vie en brousse. La susceptibilité du jeune Senghor s’en trouvait atteinte. (…) Senghor découvrait, sans le savoir, la négritude. Le mot n’existait pas encore. Finalement, il quitta le collège pour rejoindre l’école secondaire ‘officielle’ devenue depuis le lycée Lamine Guèye. Ce choix révèle son caractère déjà affirmé. Il ne transigeait pas et c’est alors qu’il se sentit ‘Nègre’ : le jeune Léopold ‘gardait des expériences de son enfance le sentiment d’appartenir à une grande civilisation’.
Il fut question de l’envoyer en France. Ce que ne voulait pas son père, préférant le destiner à un travail qu’il connaissait et qui lui avait procuré quelques satisfactions : un métier de traitant. Sa tante Hélène, épouse d’un autre Senghor, frère de son père, devina sans doute que ce travail n’était pas fait pour son neveu. Instruite à Saint-Louis chez les sœurs de Saint Joseph de Cluny où elle se lia d’amitié avec une de mes tantes, elle entreprit de convaincre son beau-frère de le laisser partir en France et d’y poursuivre ses études. Elle y réussit. Senghor lui en fut éternellement reconnaissant.
(…)
Justification de la négritude
"C’est dans la philosophie de Bergson que Senghor trouva la justification de la négritude. En effet, dans sa thèse, Bergson montre que, depuis la Renaissance, ‘les valeurs de la civilisation européenne, reposant essentiellement sur la raison discursive et les faits sur la logique et la matière, devaient être dépassées par l’intuition, pour avoir une vision en profondeur du réel’. Ce fut la ‘révolution de 1889’ qui, révélant une autre manière de penser, donna, par un retournement dialectique, à la philosophie une direction radicalement opposée à celle qui prévalait jusqu’alors. Le réel, c’est la vie qui est mouvement de la pensée, de l’action. Senghor fait donc mouvement pour rester dans le réel ; il fait sien le vitalisme de Bergson et imprimera la marque du bergsonisme à sa pensée comme à son action politique. Son acharnement à promouvoir la fédéralisme et le confédéralisme procède de ces idées pour faire progresser son action politique en Afrique et à l’extérieur.
Senghor accorde à l’art nègre une importance capitale. Par rapport à l’esthétique gréco-latine, il exprime un symbole, non une imitation ; il est explicatif, non descriptif ; il participe du vitalisme : c’est le rythme qui exprime, par le symbole, la force vitale à laquelle Senghor, éduqué par son Tokor dans l’animisme de ces ancêtres, manifeste sa confiance. ‘L’Être est force au sens ontologique du mot’. C’est cette force qui, finalement, le fait ‘tomber en politique’ et le fait accéder jusqu’au sommet, alors que personne, ne pariait sur sa capacité à y parvenir.
(…)
Moralement atteint
"Senghor fut élu à l’occasion des élections aux deux Constituantes de 1945 à 1946, député français du Sénégal sur la liste SFIO de Lamine Guèye. Bien vite, il se rendit compte que sa présence au sein de la fédération socialiste de l’Afrique occidentale française (AOF) était devenu difficile, sinon impossible : des violations de règles du parti, des accusations infondées de trahison, de multiples problèmes de procédure, l’incompétence du congrès fédéral extraordinaire pour juger du ‘cas Senghor’, lettres restées sans réponse, vexations diverses. Finalement, l’aveu fait à Senghor par certains camarades socialistes SFIO révèle le fond du problème : le comité directeur donne sa préférence à Lamine Guèye en qui il voit la tête de proue de la politique africaine de la France.
Cet épisode, qui relate la relation du député avec la SFIO de 1948, a été détaillé par Senghor lui-même dans sa lettre de démission à Guy Mollet. Il découvre les dessous du fonctionnement d’un parti, ses fourberies, ses comportements, ses comportements antidémocratiques. On le sent très humilié et très déçu par le comportement de ses camarades de parti, finalement par l’impuissance de la direction du Parti à régler son différend avec Lamine Guèye.
Il en tire la conclusion : ‘Devant une telle mauvaise volonté, il ne nous reste plus qu’à partir.’ Il revient donc de ses illusions. Lui en restait-il vraiment ? Il sera cependant moralement atteint sans renoncer pour autant à ses convictions socialistes ni aux amitiés qu’il avait pu nouer pendant ces quelques années passées à la SFIO. Malgré tout, il démissionne et crée son parti.
Senghor créa son parti, le BDS, avec lequel il gagna les élections législatives du 17 juin 1951. De plus, à la surprise générale, il remporta les deux sièges de député, privant Lamine Guèye du sien. Comment Senghor, intellectuel dans l’âme, rêvant d’une chaire au Collège de France, pressé par ses propres parents à accepter l’offre de Lamine Guèye, comment s’était-il transformé en leader politique ? Comment, lâché à Paris par le Comité directeur de la SFIO, entra-t-il en dissidence et créa-t-il son propre parti ? Comment Senghor put-il, avec une formation politique de trois ans seulement, bouleverser à ce point la donne politique au Sénégal, et ce avec une administration coloniale dévouée à son concurrent ? Il y a de quoi répondre à ces questions.
(…)
"Senghor me conseilla…"
"Bachelier, je m’inscrivis à l’Institut de droit de Dakar qui préfigurait la future faculté de droit de l’université de Dakar. J’y décrochai ma première année de licence en droit. Puis ce fut le grand saut vers la France. Paris était ma destination. Je devais y poursuivre mes études de droit et préparer, au lycée Henri IV, mon entrée à l’ENFOM. Mon adaptation à la vie parisienne ne se faisait pas dans les meilleures conditions. Ma santé en fut affectée et je fus contraint de faire une cure de repos à la montagne pour soigner une primo-infection. Je m’inscrivis en même temps à la faculté de droit de Toulouse où je terminais ma licence pour devenir avocat. Je ne le suis pas devenu, du moins pas immédiatement.
Senghor, qui était ministre dans le gouvernement d’Edgar Faure, de passage à Saint-Louis, vint déjeuner à la maison. Me demandant ce que je voulais faire, je lui dis mon intention d’être avocat. Sans vouloir me contrarier, il me conseilla de faire ‘Colo’, pour le plus grand plaisir de ma grand-mère et, pour me convaincre, me fit entrevoir la perspective d’atteindre les plus hautes fonctions territoriales, les TOM, devant connaître dans les années à venir d’importantes transformations institutionnelles. Il précisa : ‘Nous aurons besoin des cadres qui sont actuellement en fin d’études ; deviens administrateur et dans dix ans tu seras gouverneur du Sénégal’. Mais, je lui répondis : ‘Avant dix ans, le Sénégal sera indépendant’. ‘Avant d’être indépendant, me répliqua-t-il, il nous faudra quelques années d’apprentissage par l’autonomie interne.’ C’était l’avis de sept territoires sur huit de l’AOF (la Guinée exceptée). Nous étions en 1955, un an avant le vote de la loi-cadre et cinq ans avant l’indépendance.
Senghor avait-il raison ? Politiquement non : le congrès du Parti du regroupement africain (PRA), réuni à Cotonou du 25 au 27 juillet 1958, optant pour l’indépendance immédiate, le mit en minorité. Raisonnablement oui : l’avenir lui donna raison.
(…)
Face à Lamine Guèye
"Au Sénégal, Senghor cherchait à rassembler les forces vives de la nation pour construire un pays nouveau. Les victoires électorales de 1951, 1952, 1956 donnèrent au BDS et à Senghor une légitimité reconnue par tous. C’est ainsi qu’après la victoire aux législatives du 2 janvier 1956, Senghor répondit à de jeunes intellectuels sénégalais pour les remercier d’avoir adhéré au BDS. S’en suivit, au cours du mois de juin 1956, une série de d’adhésion au BDS de personnalités importantes et la fusion de trois formations politiques autour d’un parti dominant, le sien. Seule la SFIO, tout en participant durant le mois de juillet 1956 aux travaux de la commission de la fusion, donna un accord de principe, qu’elle remit finalement en cause. Cette situation créa des scissions au sein de la SFIO et du MPS-RDA. Le mouvement autonome de Casamance (MAC) se détacha de la SFIO ainsi qu’un groupe dit des Socialistes Unitaires. Un groupe de MPS-RDA dissident fit de même. La commission de fusion ainsi recomposée adopta les conclusions de la commission qui, le 12 août 1956, furent signées par les cinq partis. Le congrès constitutif du parti unifié prévu le mois de février 1957 porta le nom de Bloc populaire sénégalais (BPS-Parti unifié des masses sénégalaises) ; Senghor en était le directeur politique.
Le premier test électoral du BPS aura lieu le 18 novembre 1956 à l’occasion des élections municipales dont le régime a été profondément modifié. Deux listes sont en concurrence : le BPS et l’Action démocratique et socialiste de Lamine Guèye, dont la référence à la SFIO fut abandonnée, du moins en apparence. Le BPS de Senghor remporta ces élections sauf à Dakar, à Saint-Louis et à Louga. Lamine Guèye, vainqueur à Dakar et à Saint-Louis, confirma sa représentativité dans les deux plus grandes communes du Sénégal. Ceci expliqua sans doute son refus de fusionner avec le BDS en juin 1956 ; il attendait de savoir comment se dérouleraient les élections municipales.
Réconciliation avec Lamine Guèye
"Les élections du 31 mars 1957 eurent lieu immédiatement après la promulgation des décrets d’application de la loi-cadre qui consacrait entre la France et ses ex-colonies un rapport d’autonomie interne. Le rapport de force confirmant la domination du BPS et la place de seconde formation politique de l’Action démocratique et socialiste, le paysage politique du Sénégal va s’en trouver modifié. En effet, le regroupement des partis politiques n’était pas achevé : il manquait le parti de Lamine Guèye. Le BPS forma le premier gouvernement autonome de la loi-cadre.
Cet événement eut un important retentissement salué dans un grand meeting, le 17 juin 1957, par la réconciliation entre Senghor et Lamine Guèye ; la fusion entre le BPS et le Parti socialiste d’action sociale (PSAS) pouvait se réaliser après acceptation de leurs instances respectives ; ils fusionnèrent dans un seul parti qui fut nommé, sur proposition de Lamine Guèye, l’Union progressiste sénégalaise (UPS) : il conduisit le Sénégal à l’indépendance et le géra pendant de longues années. Ce fut la fin d’une décennie de guerre implacable entre Senghor et Lamine Guèye et entre leurs partis. La volonté de deux grands hommes d’agir démocratiquement a permis de mettre fin à ce combat politique impitoyable.
Il leur fallut une force de caractère peu commune et une générosité sans faille pour aboutir à ce résultat. Pour Lamine Guèye, il fallut surmonter ses profondes désillusions après la dissidence de Senghor, sa cinglante défaite aux législatives du 17 juin 1951 et aux élections qui suivirent. Certes, les municipales de 1956 qui le virent gagner à Dakar et à Saint-Louis lui mirent du baume au cœur, mais elles lui donnèrent surtout une représentativité certaine. Senghor en tint compte par la suite : il proposa à l’UPS que Lamine Guèye devienne, le 2 avril 1959, le président de l’Assemblée nationale après l’indépendance. Cela ne se fit pas sans mal, les ex-BDS revendiquant pour un des leurs, cet honneur qui semblait leur revenir naturellement. Mais Senghor, en homme d’État, soucieux de l’unité de la nation, imposa sa volonté. Il dépassa ainsi son statut de chef de parti pour faire valoir désormais celui qui allait être le sien à la tête de la future République.
À partir de ce moment Senghor, devint un autre. C’est cet autre qui agira lors de la crise de 1962.
(…)
Crise de 1962
"Après l’éclatement de la Fédération du Mali, l’Assemblée législative du Sénégal, érigée en Assemblée constituante avait adopté, le 25 août 1960, une constitution, promulguée le 29 août ; elle fut inspirée par Senghor, élu président de la République du Sénégal le 5 septembre 1960. La construction institutionnelle répondait dans la forme aux normes constitutionnelles standard, mais elle n’avait jamais été confrontée à des situations attestant du rôle qui théoriquement était le sien On pouvait penser qu’elle prenait appui sur les qualités supposées du détenteur du pouvoir, tant il est vrai qu’une Constitution ne prouve sa solidité qu’en fonction de la force morale et politique de celui qui en est le ‘Gardien’. La personnalité de Senghor mettait-elle la République à l’abri des dérives ? L’État en création se révélera-t-il assez solide pour éviter des accidents pouvant le mettre en péril ? Des réponses à ces questions dépendaient la crédibilité de l’État de droit qu’on voulait instituer et l’avenir du pays.
Tout avait bien commencé. Mamadou Dia, à la tête du gouvernement autonome, avait, avec le P. Louis Joseph Lebret, lancé des réformes importantes et justifiées : le premier plan de développement était en cours d’élaboration. Mais les options prises sur le plan économique, les mesures d’austérité et d’assainissement des mœurs sociales n’étaient pas du goût de tout le monde. Les manifestations de rue se succédèrent. Au début de l’année 1962, le climat politique commençait à se dégrader dans le parti majoritaire traversé par des luttes de clans pour se transformer, au fil des mois, en crise institutionnelle qui faisait ressortir des divergences entre les deux têtes de l’exécutif gouvernemental. On voyait venir cette crise depuis quelque temps : réunions et remaniement ministériel ne laissaient aucun doute sur sa fatale issue. La confiance s’était évanouie, les paroles qui s’échangeaient n’avaient plus rien d’amical ni même de courtois, deux camps s’affrontaient, la raison laissait place à l’émotion.
Cet épisode, que j’ai personnellement vécu, ne présageait rien de bon.
Je gouvernais en ce temps la région de Thiès et Thiès était proche de Dakar, 70 kilomètres exactement, ce qui me permettait de me rendre facilement dans la capitale et d’y rencontrer des personnes particulièrement informées. Un soir avant de rentrer à Thiès je décide d’aller voir chez lui Ibrahima Sarr, ministre de la Fonction publique et du Travail. On se rencontrait souvent, car il était un responsable politique influent dans la région. Syndicaliste, héros légendaire de la grande grève des cheminots de 1947, il conservait de solides amitiés à la cité Ballabey de Thiès. Pour le gouverneur que j’étais, c’était précieux. De plus, il était saint-louisien et le meilleur ami de mon oncle, André Guillabert. Il me reçut comme un oncle reçoit son neveu. Je le sentis préoccupé ; effectivement il ne décolérait pas contre Senghor qui avait laissé le ministre de l’Intérieur embarquer sans management le vieux président honoraire de l’Assemblée territoriale dans un fourgon de la police pour le ramener à Kaolack, au vu et au su de tous, comme pour l’humilier. Ibrahima Seydou Ndao se trouvait à Dakar, invité par le président Senghor, pour y recevoir des soins à l’hôpital principal où normalement il occupait une chambre spécialement aménagée pour sa paralysie survenue à la suite d’u très grave accident de la route plusieurs années auparavant, lors d’une tournée politique. Malgré son état, Ibrahima Seydou Ndao était resté un responsable politique important dans tout le Sénégal et notamment dans la région du Sine Saloum. Senghor lui devait d’avoir créé le BDS. Il avait été pendant presque dix ans président de l’Assemblée territoriale du Sénégal. Valdiodio Ndiaye, originaire du Saloum, fils d’une des grandes familles, celle du Bour Saloum, qui avait régné sur cette partie de la région, n’était pas sans ambitions, légitimes au demeurant. Il voulait être le patron incontesté de la région et éliminer le vieux président qui ne se laissait pas faire. Le ministre de l’Intérieur avait alors décidé de rapatrier le vieil homme de force à Kaolack, dans un fourgon cellulaire. Ibrahima Sarr, qui vouait une piété quasi filiale à Ibrahima Seydou Ndao, était furieux et reprochait à Senghor d’avoir, contrairement aux coutumes du pays, laissé faire alors que ce dernier était son invité. Sous le coup de la colère, il décidé de rallier le camp de Mamadou Dia, alors qu’il n’avait pas pris position jusque-là.
Senghor ne réagit pas. Ce qui lui valut de la part de l’opinion publique une forte et persistante accusation de faiblesse, voire de lâcheté. Je pus me rendre compte, cependant, que le président Senghor était d’une vigilance extrême devant ce qui se passait ; il attendait son heure. Au sein de son cabinet, il était aidé par Michel Aurillac, son conseiller juridique, et par le lieutenant-colonel Pierre, directeur de la gendarmerie du Sénégal dont le rôle fut particulièrement déterminant au moment de l’éclatement de la Fédération du mali. Quant à Mamadou Dia, il n’avait plus à ses côtés celui qui, depuis le 15 septembre 1958, était devenu, outre son directeur de cabinet, son confident, son ami plus que fidèle : Roland Colin, qui savait mieux exprimer les idées et l’opinion de son 'patron' comme il aimait l’appeler. Le 9 septembre, en effet, atteint par une tuberculose ancienne qui s’était réveillée, il fut rapatrié en France, la mort dans l’âme, conscient de la gravité d’une situation sénégalaise qui ne cessait de se dégrader. Je suis de ceux qui pensent, et je ne suis pas le seul, que la présence de Roland Colin auprès de son ‘patron’ aurait pu favoriser une autre issue à cette crise. C’est l’avis de Michel Aurillac, avec qui Colin entretenait les meilleures relations, et même celui de Senghor.
(…)
"En 1962, Mamadou Dia, dont la politique d’austérité et de redressement économique mécontentait jusque dans l’opinion publique, ne trouvait pas, non sans l’avoir cherché, le soutien de l’Assemblée. Il prit alors des décisions qui conduisirent à sa perte : le 17 décembre, il fit arrêter quatre députés et ordonna aux forces de police et de gendarmerie d’occuper l’Assemblée nationale, c’est-à-dire empêcher le fonctionnement régulier des institutions.
Juridiquement ce fut une tentative de coup d’État mais on peut se poser la question de savoir si Mamadou Dia en avait besoin, lui qui avait pratiquement tous les pouvoirs. Ce fut en tout cas une erreur politique majeure qui, en ressemblant à un coup d’État, se paya comptant, comme toute faute politique. Mamadou Dia commit alors, pour se défendre et éviter la Haute Cour de justice, deux erreurs : la première fut la différence de perception que Senghor et lui avaient de son statut, la seconde fut sa sous-estimation de la capacité de réaction du président de la République.
Primauté du parti
"Mamadou Dia considérait qu’il tenait de l’UPS son mandat de président du Conseil, Senghor, lui, estimait tenir le sien, non de l’UPS, mais de la Constitution dont il était le gardien et assurait le respect. Désignés, certes, par le parti majoritaire, ce sont les députés, qui validaient on invalidaient ce choix. Se référer à la primauté du parti pour justifier son action et lui demander d’arbitrer le différend était un détournement de sens. Le 23 juillet 1960, lors du Congrès de l’UPS-PFA, deux ans avant la crise de 1962, Senghor, alors secrétaire général de l’UPS, avait prononcé ces paroles : ‘le rôle du parti est de conception, de direction et de contrôle. C’est dire sa primauté sur les autres organismes- politiques, économiques, sociaux, culturels- dont le rôle est essentiellement d’étude, d’élaboration et de gestion. Ceux-ci mettent en forme et en pratique la doctrine et le programme du parti’. Le 23 juillet 1963, cette fois-ci sept mois jour pour jour après la crise, répondant à ceux qui faisaient de la primauté du parti un dogme intangible, Senghor précisait, cinglant, «la primauté du parti ne peut jamais être invoquée contre la Constitution». Il était ici cohérent non seulement avec lui-même, mais encore avec les règles de toute institution démocratique et avec celles de l’UPS.
La dérive de la primauté du parti semait la confusion. Une tendance tenace, persistante pendant de longues années, s’était ancrée dans les esprits : ce que la parti décidait devait automatiquement être entériné par les institutions de la République ; l’UPS, malgré les reproches qu’on pouvait lui faire, n’était pas un parti bolchevique ; dans ses différentes instances, il investissait ses candidats aux élections et personne, pas même Senghor, n’y trouvait à redire. Mais les militants de l’UPS avait pris la mauvaise habitude de croire que le choix du parti s’imposait aux institutions, contre la loi suprême, au besoin. Ce fonctionnement est ce qu’on appelle une dictature.
De surcroît, une lecture du texte révélait que ‘le mandat impératif (étant) nul’, l’Assemblée n’était pas obligée de tenir compte des avis d’une formation partisane, fût-elle majoritaire. Le 17 décembre 1962, les députés empêchés de se réunir à l’Assemblée nationale votèrent au domicile du Président de l’Assemblée une motion de censure à l’unanimité des 47 présents, faisant ainsi savoir qu’ils retiraient leur confiance à Mamadou Dia et à son gouvernement. Dans un tel cas, surtout quand on a le droit avec soi, on n’hésite pas. La démocratie était sauve. Combien de fois Senghor n’a-t-il pas dit aussi, répété et écrit que dans l’expression ‘socialisme démocratique’, l’adjectif est le plus important que le substantif ? Pourtant, un événement au centre duquel il s’était trouvé aurait dû alerter Mamadou Dia : l’éclatement, le 20 août 1960, de la fédération Sénégal-Soudan du mali. Pendant que le Sénégal vivait une démocratie parlementaire, le Soudan avait adopté un mode totalitaire. C’est sur cette dichotomie que l’éclatement a eu lieu.
Senghor détenait un pouvoir qui semble n’avoir pas été pris en compte par Mamadou Dia ; en tant que président de la République, il était, de par la Constitution, chef des armées, et les militaires avaient décidé de lui obéir. Il appliqua le texte constitutionnel qui lui commandait d’assurer, par son arbitrage, en cas de crise grave, le fonctionnement régulier des institutions. Cette disposition ne figurait pas dans la Constitution française de 1946, mais dans celle de 1958. Senghor l’avait-il pris à titre préventif, en l’important dans le texte sénégalais de 1960 ? On peut le penser comme on peut en douter. Toujours est-il qu’un texte constitutionnel doit toujours prévoir des garde-fous.
"Le pouvoir corrompt"
"Le 18 décembre 1962, retrouvant l’Assemblée, 55 députés sur 80 votèrent le transfert des attributions du Président du Conseil au président de la République et l’instauration d’un régime présidentiel. Le président de la République devenait chef du gouvernement. Tout ce que Senghor voulait éviter d’être. Dans cette affaire deux amis se sont perdus. Ne s’étaient-ils pas trop éloignés l’un de l’autre ? Le pouvoir corrompt…
(…)
Si Mamadou Dia avait manifesté quelque autoritarisme pendant qu’il était chef du gouvernement (on l’en a souvent accusé), et il faut admettre que son tempérament l’incitait quelques fois à se montrer peu commode, ces épreuves ont fait de lui un homme qui avait gagné l’estime et le respect d’un grand nombre de personnes. À son retour à la vie normale, en 1974, il alla rencontrer Senghor qui le reçut au Palais. Il prit l’initiative, pour le saluer, de lui donner, l’accolade ; Senghor en fut surpris mais l’accepta. C’était le signe, sinon d’un oubli, au moins d’une marque de celui qui veut effacer toute trace de ce que la politique peut avoir de cruel. La loi d’amnistie que Senghor avait fait voter en 1976 peut-être considérée comme une réponse symbolique au geste fraternel d’un homme sans haine. Pourquoi avoir attendu deux ans après la libération de Mamadou Dia ? Sans doute par prudence. Il voulait s’assurer, vu la situation, qu’il n’avait plus rien à craindre de l’ancien président du Conseil ni de ses compagnons. Senghor dit un jour à Roland Colin qu’il fut profondément ébranlé par la douleur qu’il ressenti d’avoir perdu un ami, mais qu’il se devait de remplir sa mission de chef d’État.
La crise de 1962 provoqua, avec la rupture du tandem Senghor-Dia, la disparition de celui qui était la force (au sens philosophique et bergsonien du terme), indispensable à l’élaboration et à la réalisation du Plan ; Mamadou Dia, dans le même temps, avait lui aussi perdu en Senghor, le versant politique de cette force, tout aussi indispensable à son action.
(…)
L’âme de la République
"La crise de 1962 avait conduit Senghor à rester au pouvoir et à instaurer un régime résidentiel. Mais ‘la trop grande concentration du pouvoir entre les mêmes mains poussait les responsables placés au dessous à se décharger de leurs responsabilités’. D’où la nécessité de déconcentrer le pouvoir : ‘le chef de l’État dont la fonction essentielle est de déterminer la politique de la Nation la fait exécuter par un Premier ministre’. La stratégie qu’il adopta pour le nommer fut un chef-d’œuvre d’exécution en même temps qu’elle posait le problème de sa succession. Tout le pays attendait et les pronostics allaient bon train. Faisant fi des rumeurs, il brouilla les pistes et se paya le luxe de sauter une génération lorsqu’il révéla son choix. En désignant Abdou Diouf, qu’il avait déjà jugé comme secrétaire général de la présidence, fonction de confiance s’il en est, il voulait le tester à une fonction encore plus élevée, celle de Premier ministre. Abdou Diouf était jeune, il avait tout juste trente-cinq ans. C’était important et, sans doute, cet âge fut déterminant. Il n’est pas surprenant que Senghor ait songé de longue date à sa succession : Abdou Diouf m’a raconté qu’un jour où son épouse et lui se trouvaient à une réception au palais, le président s’éloigna discrètement avec Madame Diouf des personnes qui l’entouraient, pour lui faire une confidence : il s’agissait pour elle de prendre soin de son mari à qui il entendait réserver un grand avenir.
Le 31 décembre 1980, quand il remit sa démission à Kéba Mbaye, premier président de la Cour suprême, il l’invita à ‘recevoir, dans le cadre de la Constitution, le serment de Monsieur Abdou Diouf, l’actuel Premier ministre’. En quittant le pouvoir volontairement, Senghor effaçait la baisse de popularité provoquée par une démocratie à parfaire, jointe à l’insuccès relatif de sa politique de développement. Renaissait alors dans l’opinion nationale et internationale le président exemplaire parce que vertueux qui, voulant quitter le pouvoir, avait préparé à son successeur une présidence stable et durable.
(…)
De lui-même, Senghor quitta le pouvoir vingt ans après l’avoir exercé en tant que président de la République et trente-cinq ans après ‘être tombé en politique’.