Le violent incendie qui s’est déclaré ce lundi, vers les coups de 12h, dans le village de Taguar Thilli Diène, commune de Ngagne Diouf, département de Tivaouane, a fait d’énormes dégâts matériels. Selon les témoignages du premier adjoint au maire de ladite commune, Modou Sow, «des vivres, des semences et une importante somme d’argent ont été emportés par les flammes». Une situation intenable pour les sinistrés qui sollicitent de l’aide. «C’est une situation alarmante. C’est pourquoi les autorités locales de la commune demandent à toutes les bonnes volontés de leur venir en aide parce que les populations sont désemparées», dit-il. Les sapeurs-pompiers, alertés, n’ont pas pu accéder à temps dans le village à cause des pistes sablonneuses, explique M. Sow qui salue la mobilisation des populations qui ont pu venir à bout des flammes dans cette période marquée par de vents violents et poussiéreux
LE PRESIDENT DEVRAIS PLUTÔT COMMENCER Á RESPECTER SES ENGAGEMENTS PRIS DEPUIS 2012
En conférence de presse hier, les dirigeants du mouvement «Y en a marre» ont dénoncé avec la dernière énergie les arrestations des militants de l’opposition.
En conférence de presse hier, les dirigeants du mouvement «Y en a marre» ont dénoncé avec la dernière énergie les arrestations des militants de l’opposition. Exigeant la libération sans condition de ces derniers, Fadel Barro et ses amis demandent au président de la République de respecter ses engagements pris depuis 2012.
Par ailleurs, ils considèrent que le scrutin du 24 février est parti pour être l’un des plus controversés depuis 2000. Avant la tenue de l’élection présidentielle du 24 février dernier, le Mouvement «Y en a marre» avait initié Wallu Askan Wi, un concept qui devait permettre aux populations d’interagir avec les candidats. En conférence de presse hier aux Parcelles Assainies, les responsables de Y en a marre ont fait le bilan du scrutin avant de saluer la participation massive des Sénégalais qui sont sortis voter à hauteur de 66%.
Cela dit, Fadel Barro estime que ce «scrutin est parti pour être l’un des plus controversés au Sénégal depuis l’alternance survenue en 2000». Selon le coordonnateur du mouvement, le Sénégal qui avait habitué l’Afrique et le monde à des lendemains d’élections sans heurts ces dernières décennies, navigue aujourd’hui en zone trouble et incertaine.
«Cela est la résultante d’un processus électoral chaotique, conduit de façon cavalière par le pouvoir», affirme-t-il. Pourtant, souligne Fadel Barro, la société civile et toutes les parties prenantes au processus, n’ont cessé d’alerter l’opinion sur plusieurs points, notamment sur la distribution des cartes d’électeur, la loi sur le parrainage et les modifications apportées sur la carte électorale.
«L’opposition a dénoncé la création illégale de nombreux bureaux de vote, y compris le jour du scrutin, le dépassement du nombre d’électeurs par bureau, le gonflement artificiel de la population électorale et le changement apporté à la dernière minute aux bureaux de vote pour des milliers de Sénégalais qui n’ont finalement pas pu voter pour cette présidentielle de 2019», souligne Fadel Barro.
En plus de ces impairs notés avant le 24 février dernier, les membres du Mouvement Y en a marre décrient la traque contre les opposants lancée dès le lendemain du scrutin. «Comme si cela ne suffisait pas, le pouvoir s’est inscrit dès le lendemain du scrutin dans une logique de répression et de traque contre toute voix discordante. Plusieurs militants de l’opposition ont été arrêtés de manière arbitraire», a indiqué le coordonnateur du mouvement citoyen.
BILAN ET FEUILLE DE ROUTE
«La police des idées ne saurait en aucun cas prospérer au Sénégal», avertit Fadel Barro qui condamne les arrestations intervenues au lendemain de la publication des résultats de l’élection par la Commission nationale de recensement des votes. Pour lui, il est inconcevable d’attiser une tension sociale déjà balafrée «par une élection dangereuse» qui a fini d’exacerber les clivages religieux, ethniques et régionalistes dans ce pays.
«Le président de la République devrait plutôt se consacrer à panser ces plaies et commencer à respecter ses engagements pris depuis 2012», déclare M. Barro. Par ailleurs, Y en a marre annonce sa décision de tenir des Assises dénommées «Leul» les 23 et 24 mars prochains. Selon Fadel Barro, ces rencontres permettront au mouvement, après huit ans d’existence, de faire un bilan de son action et de dégager une feuille de route pour les années à venir.
Rufisque est le seul département de la région de Dakar où Macky Sall a obtenu la majorité, lors du scrutin du 24 février. Le Président réélu provisoirement a invité hier les responsables de sa coalition à maintenir cette unité jusqu’aux prochaines Locales.
Macky Sall a fait sa première sortie officielle après la proclamation des résultats provisoires du scrutin du 24 février à Rufisque qui a eu un score de 54% en la classant première de la région de Dakar. Des résultats que le Président réélu a grandement salués. Le chef de l’Etat était dimanche à Rufisque pour présenter ses condoléances à la famille de feu El Hadji Boubou Sow, imam ratib de la cité, rappelé à Dieu en pleine campagne électorale. «Je vous félicite pour le résultat acquis lors de la Présidentielle qui dépasse de loin celui obtenu lors des Législatives de 2017.
Cela a été possible grâce à l’unité que vous avez réussi à matérialiser. Je vous demande de poursuivre dans cette lancée jusqu’au mois de décembre pour les élections locales», a demandé Macky Sall aux responsables de la mouvance présidentielle qui se sont tous déplacés à l’occasion pour l’accueillir. Un vœu pieu du chef difficilement réalisable puisque certains ont déjà affiché leurs ambitions bien que partageant la même commune.
C’est le cas de Rufisque-Ouest où Meïssa Ndao Wade et Boubacar Albé Ndoye, le maire sortant, qui, ironie du sort, étaient assis côte à côte. A Rufisque-Nord, le duo Abdou Salam Guèye Demba Diallo qui a battu campagne hors des structures de la coalition a annoncé sa candidature pour les Locales. «Nous condamnons la gestion clanique des moyens constatée lors de la campagne électorale dans le département. Nous invitons ainsi tous les marginalisés dans un large front dénommé Wakeur Macky. Nous déclarons que nous allons avoir notre liste, qu’elle soit de Benno bokk yaakaar ou d’ailleurs», a fait savoir samedi Abdou Salam Guèye, lors d’une réunion d’évaluation de la Présidentielle.
SALOUM DIENG, "UN PATRIMOINE NATIONAL"
L’artiste chanteur, Saloum Dieng, décédé dimanche à l’âge de 80 ans, était un patrimoine national, en contribuant à la vulgarisation du folklore du Saloum, connu sous le nom de ’’Ndaga", a déclaré, le maire de Ndoffane (Kaolack, centre)
Kaolack, 3 mars (APS) - L’artiste chanteur, Saloum Dieng, décédé dimanche à l’âge de 80 ans, était un patrimoine national, en contribuant à la vulgarisation du folklore du Saloum, connu sous le nom de ’’Ndaga", a déclaré, le maire de Ndoffane (Kaolack, centre), Samba Ndiaye.
"Saloum était un patrimoine de Ndoffane et je peux dire national et il est un des précurseurs du folklore local +ndaga+ qu’il a contribué à vulgariser", a dit à l’APS M. Ndiaye, soulignant avoir entretenu de "très bonnes relations avec le défunt artiste".
Le maire se dit "très attristé" par la disparition de cet homme à qui il a tenu à "rendre un vibrant hommage" au nom de ses administrés après l’avoir fait de son vivant par une décoration.
Saloum Dieng a été inhumé dimanche à Ndoffane où il a vécu les derniers moments de sa vie alité. Natif de Diao Bambali dans le département de Kaffrine où il a fait ses humanités, l’artiste s’est par la suite établi à Medina Sabah dans le département de Nioro où vit une partie de sa famille.
Vers les années 70, l’auteur de la célèbre chanson "amoul guer amoul gueweul", a fait le tour du Sénégal et de certains pays européens avec son groupe mythique.
Ndoffane est un grenier d’artistes avec lesquels la municipalité entretient les meilleures relations, a appelé son maire. Selon lui, cette commune du département de Kaolack a donné au monde des arts, la défunte cantatrice Seynabou Niang, le célèbre joueur de kora Abdoulaye Socé et la chanteuse Amy Socé.
Chevalier de l’ordre du mérite en 2002, il est l’auteur de plusieurs tubes rendus célèbres par des musiciens de renom comme Pape Diouf ou Youssou Ndour.
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LE RWANDAIS JOËL KAREKEZI REMPORTE L’ETALON D’OR DE YENNENGA
Le réalisateur rwandais, Joël Karelezi, a remporté samedi l’Etalon d’or de Yennenga pour son film "The mercy of the jungle" lors de la 26ème édition du Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou
Ouagadougou (Burkina Faso), 3 mars (APS) - Le réalisateur rwandais, Joël Karelezi, a remporté samedi l’Etalon d’or de Yennenga pour son film "The mercy of the jungle" lors de la 26ème édition du Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou (FESPACO).
La cérémonie de clôture s’est déroulée en présence des chefs d’Etat burkinabè Roch Marc Christian Kaboré, rwandais Paul Kagamé et malien Ibrahima Boubacar Keïta.
Le Rwanda était le pays invité d’honneur de cette 26 ème édition du FESPACO.
L’Etalon de Yennenga est le grand prix du FESPACO qui se tient tous les deux ans au Burkina Faso.
Joël Karekezi se dit très content de recevoir ce nouveau trophée, estimant que son "film est panafricain avec les différentes nationalités qui y ont travaillé".
Le film "The mercy of the jungle" raconte l’histoire du sergent Xavier, héros de guerre rwandais et du jeune et inexpérimenté soldat Faustin. Ils sont en territoire ennemi où ils combattent une guerre floue.
Plusieurs prix ont été décernés lors de la clôture de cette 26ème édition du FESPACO, dont deux poulains aux réalisatrices sénégalaises, Khadidiatou Sow avec "Une place dans l’avion" et Angèle Diabang avec "Un air de Kora".
LE BEAU GESTE DE KOULIBALY POUR UN ENFANT DÉFIGURÉ
Kalidou Koulibaly a rendu visite à un adolescent sénégalais défiguré par des brûlures, venu se soigner à Naples - Le défenseur a également donné un chèque de 10.000 euros à la famille
Généreux sur les terrains de Serie A, Kalidou Koulibaly l’est également en dehors. L’international sénégalais (31 capes), rayonnant avec Naples depuis 2014, a ainsi rendu visite à un jeune supporter malade dans une clinique napolitaine, rapporte le quotidien napolitain Il Mattino.
Défiguré par de graves blessures, Ceikh Ndiaye était arrivé en urgence du Sénégal afin de subir une double intervention au visage, en vue d’une reconstruction. A 13 ans, l’adolescent avait aussi émis le souhait de rencontrer son idole, le Vosgien Kalidou Koulibaly.
Des cadeaux pour le jeune Sénégalais
Un souhait réalisé par le défenseur, venu par surprise tenir compagnie à son jeune supporter un après-midi. Touché par la situation du jeune homme, Koulibaly (27 ans) avait apporté trois maillots, dont un floqué au nom de Ndiaye.
Il en a aussi profité pour donner un chèque de 10.000 euros à la maman de Ceikh, censé assurer les frais médicaux. Naples et Koulibaly affrontent la Juventus dimanche, en clôture de la 26e journée de Serie A italienne. Les Turinois comptent treize points d’avance en tête du championnat.
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NOUS NE SOMMES PAS UNE RÉPUBLIQUE
EXCLUSIF SENEPLUS #Enjeux2019 - Nous devons revoir l’omnipotence du président - Chaque fois qu’il y a un nouveau président, il y a de nouveaux riches - Mame Adama Gueye prône une refonte du mode de gouvernance
Madeleine Diallo et Mamadou Sène |
Publication 01/03/2019
#Enjeux2019 - Au lendemain de la publication des résultats provisoires du scrutin du 24 février 2019 donnant au président sortant Macky Sall une large victoire dès le premier tour, le pays doit maintenant faire face à ses enjeux. Des enjeux qui interpellent tout le monde, selon Mame Adama Guèye qui a accordé cet entretien exclusif à www. Seneplus.com.
‘’Ces enjeux interpellent tout le monde. Les acteurs politiques, les opérateurs économiques, la presse, les citoyens, parce que beaucoup d’entre nous s’inscrivent dans une logique de contournement permanent. On n'essaye même plus de faire les choses dans les règles’’, a déploré l’avocat qui plaide pour une refondation de la société et le rétablissement de la normalité républicaine. Il insiste : ‘’nous avons les atours d’une République. Mais nous n’avons pas une véritable République. Il faut remettre en cause l’omnipotence du président pour avoir une justice qui joue son triple rôle de régulation sociale, économique et politique’’.
Mame Adama Guèye reconnait que la transition pacifique d’une alternance à une autre, notée au Sénégal est une bonne chose. Mais il reste convaincu qu’elle ne se déroule pas dans le respect des règles d’une démocratie majeure. ‘’La dévolution civilisée du pouvoir comme nous avons l’habitude de le faire est une bonne chose mais il reste beaucoup à faire. Par exemple, il est totalement inéquitable qu’un pouvoir en place puisse disposer des dizaines de milliards pour aller à des élections. On n’a aucune règle qui régit les dépenses électorales. Il faut tout faire pour avoir un plafond des dépenses et que son dépassement soit sanctionné’’, plaide-t-il.
Sur les questions économiques, le constat est alarmant d’après l'avocat. ‘’ Pourquoi chaque président qui arrive crée ses hommes d’affaires ? A chaque fois qu’il y a un nouveau chef d'Etat, il y a de nouveaux milliardaires qui sortent de terre’’, s’insurge-t-il. ‘’Pis ce sont des gens qui n’avaient aucune activité économique dans les secteurs dans lesquels ont leur donne des opportunités colossales. Aujourd’hui les plus grands marchés de BTP pendant le septennat de Macky Sall ont été confiés à des novices qui n’avaient aucune expérience, au détriment des entreprises présentes des dizaines d’années dont la compétence est indiscutable au Sénégal et en Afrique. On les prive de ces marchés parce qu’ils ne sont pas en connivence avec le système. Ceux à qui ont donne ces marchés sont soit des amis, soit des parents du couple présidentiel. C’est le cas du Building administratif, l’université Amadou Makhtar Mbow, de la sphère ministérielle et de l’assainissement de Diamniadio, le port de Bargny. ….et autres’’, relève-t-il, ajoutant que quand un président arrive, il crée ses propres hommes d’affaires. Ce qui, à ses dires, est souvent une manière de détourner de l’argent.
Sur le plan politique l'invité de SenePlus se réjouit de l’arrivée d'une nouvelle vague d’hommes symbolisés par Ousmane Sonko, Issa Sall, Ibrahima Deme, etc. Toutefois, il prévient : ‘’ J’espère qu'ils ne se laisseront pas phagocyter par le mécanisme, l’écosystème politique. Et je suis sûr que même les ‘’autres’’ changeront ou disparaitront’’, a-t-il conclut.
Voir l'entretien complet en vidéo.
«IL NE FAUT SURTOUT PAS PROCEDER AU RAPATRIEMENT DES ŒUVRES…»
Le célèbre artiste –peintre Zulu Mbaye est un homme de conviction qui n’a pas l’habitude de mâcher ses mots. Nous l’avons rencontré pour échanger sur la vie culturelle de notre pays. Avec une bonne dose de lucidité et beaucoup de discernement, il a répondu avec une rare franchise à nos questions. Entretien avec un « rebelle » qui s’assume
En 2017, l’année a été déclarée culturelle l’avez-vous ressentie en tant que créateur?
Du tout ! Pas du tout ! Nous nous attendions plutôt à un sursaut. A un coup de pouce qui serait donné aux artistes. Mais là, il faut mettre un peu la pédale douce.... On peut dire qu’il y a certaines avancées pour ce qui est du cinéma. Ce sont des avancées un peu timides, mais quand même, il faut y penser pour le développer. Il y a d’autres disciplines artistiques telles que la musique, parce que n’oublions pas que le Prix du Président de la République pour les Arts est allé à un musicien. On peut en parler parce que je déplore que l’on donne à certains artistes sénégalais des primes ou qu’on leur fasse faire des concours. Parce qu’ils ont un autre mérite. Un Baba Maal, Youssou Ndour, Ismaël Lo, Souleymane Faye ou Cheikh Lo, on les honore ! Donc cela m’a étonné que quelqu’un comme Baba Maal puisse présenter un dossier pour prendre part à ce genre de compétition. Qu’on nous dise exactement ce qui s’est passée (gros éclats de rire !). Cependant, on voit quelques balbutiements au niveau du cinéma que je viens de citer, mais aussi au niveau du théâtre qui bouge beaucoup. C’est également valable pour d’autres disciplines. Mais les arts plastiques ont été royalement ignorés. Quand on sait que le Sénégal est un pays de culture reconnu à travers le monde entier et que nous avons la Biennale des Arts « Contemporains » entre guillemets africains, car c’est toujours discutable. Cet intitulé, je l’ai toujours soulevé. Nous avons organisé le premier Festival des Arts Nègres. Je ne le dis pas pour l’Afrique, mais j’ai fait beaucoup de pays à travers le monde. Nous sommes un pays où il y a un village des Arts. Donc il s’agit d’un espace, un outil, un instrument qui pouvait booster et donner beaucoup plus de visibilité à cet art africain. Parce que ce village étant à Dakar où s’organise aussi la Biennale. Mais je dois aussi le dire, depuis que nous avons un ministre de la Culture en la personne de quelqu’un que j’ai connu au Village des Arts. Je l’avais connu par les médias, mais surtout au Village des Arts où il venait manger, discuter, échanger avec les artistes. Mais depuis qu’il a été nommé ministre de la Culture, on a perdu notre ami. On sait d’où ça vient et je ne suis pas quelqu’un qui mâche ses mots. Parce qu’entre nous et le ministre de la Culture, il y a la Direction des Arts. C’est une direction qui est contre le Village des Arts. Celui qui est là-bas a combattu le Village des Arts. Et je pèse bien mes mots. Parce que dans ce pays il y a des choses tellement gênantes. Quand on nomme quelqu‘un à un poste au lieu de se mettre dans la posture de quelqu’un pour servir, il en fait une arme de bataille. Il brise ou plutôt il essaye de briser des gens que l’on ne pourra jamais, jamais, jamais briser (il se répète trois fois). Le village des Arts, cet instrument que le monde entier nous envie, je demande solennellement à l’Etat sénégalais de voir son importance et d’apprécier ce que ce Village des Arts peut apporter de culturel à travers le monde et de bénéfices pour le Sénégal. Malheureusement, nous n’avons jamais vu l’ombre du ministre de la Culture. Et c’est très regrettable. Voilà, je crois que même s’il y a des contraintes de temps et d’espace pour cet entretien il faut bien dire les choses importantes à mes yeux.
Vous avez un peu anticipé sur la question de la Biennale. Le budget a été relevé mais les problèmes subsistent encore. Qu’est ce qui l’explique ?
Je pense que le problème de la Biennale, ce n’est pas un problème de budget. Mais c’est un problème de vision. Où veut-on mener l’art africain ? Que devons- nous présenter au monde et qui serait appelé art africain et que nous proposerons au monde ? C’est cela la vraie question au lieu de nous mettre à songer à copier, à plagier comme si nous n’avion pas de génie chez nous. Le génie africain est bien réel. Prenons le cas de Pablo Picasso. Avant sa rencontre avec l’art negro africain, il était dans un autre monde pictural et cela a fait un bouleversement mondial. Aujourd’hui, le monde est malade, inanimé, déchiré et l’Afrique a quelque chose à lui proposer. Nous sommes malades et le monde culturel est pauvre, mort inanimé. Il faut que les hommes de culture, les artistes se lèvent et proposent des choses. Nous sommes des êtres créatifs et ce monde nous l’avons bâti jusqu’à aujourd’hui. Mais pourquoi vouloir standardiser une seule pensée, une pensée unique et que tous les autres te suivent ? Nous, nous avons des choses à proposer au monde. Il faut que la Biennale invite les artistes et les intellectuels africains à s’approprier de cet outil de développement. Une plateforme qu’on envie partout à travers le monde. Mais nous nous arrêtons à faire des événements de prestige. On a eu un budget de cinq cent millions qu’on a amené à un milliard. Après combien de billets d’avions a-ton achetés ? Combien de bouteilles de champagne ? Combien de chambres d’hôtel ? Non il faut arrêter quoi !
Donc c’est pour cela que vous êtes contre sa composition avec son comité de sélection ?
Mais oui ! Depuis l’édition de 2016, je ne me retrouve pas dans le comité. Parce que moi, je ne suis pas là pour occuper de la place.
Surtout pas ! La gérance de la culture revient à des administratifs. Nous, nous sommes des acteurs. Leur rôle, c’est de nous accompagner, de nous demander où est-ce que nous voulons aller ? Le problème n’est pas de faire le festin des peintres. Nous leur demandons de nous ouvrir cette voie pour que nous passions cette passerelle. On ne leur demande pas de venir au Village des Arts qui est un espace de dé- confiscation, un espace de liberté. Mais dire que vous allez voir que je suis né dans un camp militaire alors que l’on est Directeur des Arts, je trouve cela vraiment inquiétant.
Quel devrait être à votre avis le profil du prochain Ministre de la Culture ?
Un homme qui aime la Culture. Mais il faut aussi une volonté politique. Ce pays possède un peu de pétrole, un peu de gaz, mais il n’a jamais autant brillé que par sa culture. S’il est connu de par le monde, c’est bien à travers sa culture. Car, comme le disait l’autre, la culture est au début et à la fin de tout développement. Il faut cesser d’ignorer notre identité négro africaine car c’est très beau. Nous avons ça de beau à proposer au monde. Arrêtons de fouler au pied notre identité. Il y a Tahhar Ben Jelloum qui disait dans un de ses livres « Autrefois, c’était les étrangers qui nous déshabillaient. Aujourd’hui, c’est nous qui nous déshabillons et jetons nos haillons dans les fosses de la honte ». Et c’est que nous sommes en train de vivre aujourd’hui. Il faut quelqu’un qui aime la culture avec des moyens conséquents pour pousser le secteur. Parce que nous en avons assez des fonctionnaires froids. Il faut avoir de la souplesse pour diriger la Culture. Encore une fois, nous ne sommes pas dans l’Armée.
Pensez-vous que les préoccupations culturelles ont été prises en compte par les différents candidats à l’élection présidentielle de dimanche dernier ?
Mais cela n’a jamais été la préoccupation d’un candidat ici. Vous savez, il faut reconnaitre que nous sommes en train de vivre au moyen âge à ce niveau. Les autres sont passés par là avant d’être la France, l’Allemagne ou les Etats Unis. Je suis un intellectuel. Je suis un citoyen. Je suis quelqu’un qui vit dans cette société sénégalaise. Je sais qu’il y a beaucoup de freins. Soit, c’est notre culture, soit notre pauvreté ou notre pauvreté matérielle. Vivons et essayons de sortir peu à peu de ce moyen, sinon des hommes comme moi vont « péter » les plombs. Ils vont se cogner la tête contre les murs alors que les choses ne vont pas bouger comme ça. Les choses ont leur trajectoire. Les choses se feront. Moi, je suis optimiste pour cela. Mais il y a le temps. Car tout ce que nous vivons là, ce n’est pas glorieux. Nous pouvons dépasser ça et pour de bon.
Vous avez tantôt parlé de pauvreté. Selon vous, qu’est ce qui explique l’attachement des zones les plus pauvres du pays au président sortant à la lueur des résultats sortis des urnes?
Je ne suis pas quelqu’un qui parle de politique politicienne et j’ai oublié de vous le dire au début de notre entretien. Pour moi, la politique telle qu’on la pratique ici, c’est trop peu pour moi. C’est pour cela que je n’ai jamais voté de ma vie. Je ne suis pas conquis par la politique politicienne. Je le dis parce que je ne cautionne pas et je ne participe pas à du théâtre. Je veux que les gens soient conscients de ce qu’ils font. Je considère le métier que je fais comme une religion et c’est comme si je commettais un péché en Islam. Il faut des hommes de foi qui font partie d’une société qu’ils veulent construire et développer. Moi, je n’ai pas vu un homme qui me tient ce discours, qui me parle de cette rupture qu’il faut. C’est comme un train avec la locomotive et les wagons. Si on ne fait pas l’effort de ce prix, de pousser, le wagon n’ira nulle part.
Il est question de retour des œuvres. Quelle est votre position sur ce sujet ?
Il ne faut surtout pas procéder de cette façon par rapport aux œuvres. Nous ne sommes pas prêts pour ça. Nous ne sommes pas préparés pour ça ! (il se répète). Il faut remercier ces missionnaires occidentaux qui nous ont préservé ces objets pour qu’on puisse les admirer aujourd’hui. Sinon, avec la bénédiction des religions que ce soit l’Islam ou le christianisme, ces objets auraient été des bois de chauffe. Maintenant, arrêtons la fausse fierté en clamant que nous allons ramener les œuvres etc. Non ! Nous n’avons pas besoin de gens en costume cravate avec ce genre de discours. Nous voulons voir clair. Je ne sais pas si on peut en parler… Mais voilà ! En 1981, j’ai accompagné un ministre de la Culture aux Etats Unis à New Orléans. Lui, il a fait trois jours et il m’a laissé là-bas avec l’expo sénégalaise. J’ai fait un mois et dix -sept jours. A notre retour, je parlais de mon voyage aux Etats Unis à un douanier sénégalais quelque part. Il me dit que le mois passé, à la même époque, le ministre de la Culture a fait passer deux malles avec beaucoup d’objets d’arts africains. Moi, j’ai vécu des choses. Quand on parle de musées, il faut savoir que ce sont des pièces qui coutent chers qui y sont exposés. Si nous n’avons pas des muséologues et des conservateurs conscients de la richesse de ce patrimoine que nous devons récupérer, cela ne va pas prospérer. On n’a pas de techniciens.
Si je vous comprends bien nous n’avons pas les moyens de sauvegarder ces œuvres ?
Tout à fait ! Mais j’essaye de positiver. Ils ont pris ces objets. Pour nous les rendre, ils nous rendent des miettes. Quelques pièces par ci, par là. Vraiment, il faut arrêter !
A vous suivre, le Musée ne répond pas aux préoccupations des artistes ?
Je dois dire que je n’ai jamais mis les pieds là-bas. Je veux bien qu’on me parle de Musée des Civilisations Noires, mais il y a d’autres préoccupations auxquelles moi je n’adhère pas du tout. Donc voilà.
Ce statut de rebelle qui vous colle à la peau, ne vous a-t-il pas desservi ?
Vous savez ce qui se passe aujourd’hui. Je peux le dire sas aucune fausse modestie. Je suis l’artiste sénégalais qui vend le plus cher. Je ne leur demande rien. Ils ne me demandent rien et je ne leur dois rien. Voilà ! Ceux qui veulent entretenir des relations de civilités avec moi, c’est bien. Mais pour les autres….Moi je sais que ce que j’ai fait pour ce pays -là et je l’ai fait pendant des années et des années. Ce qui n’est pas une mince affaire. J’ai été président de l’Association nationale des artistes sénégalais et j’ai amené beaucoup de jeunes artistes qui vivent en Europe aujourd’hui. Depuis deux ans, je suis le président du village des Arts. Le roi du Maroc est venu et durant deux jours, j’ai été son guide. Il a acheté quarante-quatre pièces pour des millions de francs. Après, les Marocains m’ont demandé d’être leur commissaire à une exposition à Rabat. Et j’ai amené pendant un mois cinq plasticiens sénégalais et deux écrivains dont Thierno Seydou Sall et Elimane Kane. Des actes comme ça, je sais que c’est ce que devrait faire le ministère de la culture. J’ai toujours fonctionné comme cela. Que je sois président de ceci ou cela, je suis un rassembleur. Je suis quelqu’un en qui les artistes ont confiance et c’est cela l’essentiel. Chaque fois que je suis dans une action, je vois l’adhésion de tous mes collègues.
Vous êtes donc contre les honneurs et les hommages posthumes ?
Écoutez ! Il faut aussi que les artistes arrêtent de penser que quand ils sont malades, c’est l’Etat qui doit les soigner. L’estime et la reconnaissance qu’on te doit, on te le doit de ton vivant. Mais au lieu de rester là et attendre la mort pour être célébré : non ! Moi je veux qu’à ma mort, les hommes de culture disent : « qu’il était des nôtres, il était de la famille ». Cela me suffit comme hommage. Je reçois des décorations de l’Etat sénégalais aussi. Parce que je suis chevalier de l’Ordre national du Mérite et je dis merci. Parce que sûrement aussi, je le mérite.
Votre rêve pour le Sénégal ?
Seulement d’un Sénégal de paix ! Parce que sans la paix, il ne peut rien avoir de bon et de constructif. Un Sénégal de paix d’abord et après pour le reste on va voir….
PAR Mamadou Thierno TALLA
LES DERNIERS DÉFIS DU PRÉSIDENT
Pour la première fois depuis 2000, les Sénégalais ont attendu quatre jours pour connaitre les résultats provisoires, les sondages que tous les candidats font faire devraient être enfin autorisés, comme dans les grandes démocraties
La confirmation de la victoire de Macky Sall par le Conseil Constitutionnel, la semaine prochaine, ne devrait être qu’une formalité. Avec les 58,27 % annoncés hier par Demba Kandji, président de la Commission nationale de recensement des votes, le candidat de la coalition Benno Bokk Yaakaar passe largement au premier tour avec plus de 2.554.605 votants, sur un total de 4.383.879 suffrages valablement exprimés.
Soit 58.27% ou presque trois fois le taux obtenu par Idrissa Seck, arrivé 2ème. Depuis janvier 2018, les sondages, qu’il est grand temps de légaliser, le donnaient vainqueur au premier tour de l’élection présidentielle. À cent jours du scrutin, nous annoncions qu’il gagnerait avec 54%. C’est sans surprise donc que nous accueillons les résultats provisoires proclamés hier jeudi 28 février. La surprise est plutôt venue du candidat Ousmane Sonko qui rafle la région de Ziguinchor et se retrouve 3ème avec 687.065 voix, soit en deux ans, plus du double de son score aux législatives.
Si ce bel envol de 15,67% des suffrages se poursuit, il sera roi ou faiseur de roi en 2024 ou 2029, quand il sera dans la force de l’âge, et moins enflammé et péremptoire. Les résultats de Sonko sont d’autant plus élogieux qu’il n’a bénéficié que du soutien de Pierre Goudiaby Atepa et de Boubacar Camara. Toutle contraire de Idrissa Seck qui a embarqué de grands ténors et de grands noms dans sa coalition (Khalifa Sall, Pape Diop, Malick Gakou, Abdoul Mbaye, Hadjibou Soumaré, Bougane Guèye, Hélène Tine, etc.) et qui est arrivé 2ème avec près de 900.000 voix ; triplant ainsi, avec ses 20%, son pourcentage de 2012.
. Tous ces résultats ont été obtenus grâce à la tenue d’un scrutin calme et transparent, quoi que puissent en dire les quatre candidats perdants. Il est devenu impossible de pervertir le vote au Sénégal. Si l’opposition doit se mordre les doigts, c’est d’avoir manqué d’engagement en amont du scrutin lors des inscriptions, lors du retrait des cartes d’électeur, sur la mise à disposition à temps du fichier électoral et sur le parrainage. Elle n’a pas pu ni su imposer un rapport de forces favorable.
Et pourtant Me Mame Adama Guèye avait flairé le coup, mais il n’a été suivi que sur le tard. C’est dire que malgré la bonne organisation de la présidentielle, bien des choses restent à parfaire pour vivre des lendemains électoraux sans contestation. Les sondages que tous les candidats font faire devraient être enfin autorisés, comme dans les grandes démocraties. Notre expérience électorale est tellement grande qu’on devrait arriver à donner les résultats provisoires moins de deux heures après le scrutin. Comme en France.
Les bureaux-tests et les technologies de l’information et de la communication devraient y aider. Le Président Macky Sall, qui entame son deuxième et dernier mandat, ne devrait jamais écouter des thuriféraires qui le verraient bien prolonger son bail avec un 3ème mandat. Il devrait plutôt prendre cette question à bras-le-corps et discuter sérieusement avec l’opposition sur le perfectionnement du processus électoral. Les temps ont changé.
La population est majoritairement jeune et plus éveillée. Et bien des jeunes sont avec Ousmane Sonko; la région de Ziguinchor aussi n’est pas avec lui, tout comme Mbacké-Touba, bastion des mourides. Toutes choses qui devraient le pousser à plus de sagesse et à ne jamais songer à briguer un troisième mandat, du fait d’une interprétation tendancieuse de la Constitution.
Tirant les leçons du dimanche 24 février, Macky Sall doit faire en sorte que ce second mandat l’élève au-dessus de la mêlée et de tous les partis, y compris le sien, l’Alliance pour la République(Apr). Pour bien préparer sa sortie, après avoir bouclé les travaux du si cher Train Express Régional (TER) et d’autres infrastructures.
Avec un regard «attendrissant» pour le Fouta et la région de Tambacounda. La route Ndioum- Ourossogui-Bakel-Kidira est dans un état chaotique. Les travaux de réfection mériteraient d’être accélérés pour soulager les lointaines populations de cette partie du pays. Une des rares à ne pas compter d’université.
La région naturelle de Casamance gagnerait à avoir une ligne de chemin de fer Tambacounda-Ziguinchor pour mieux sortir du désenclavement. Tout comme le Dakar-Bamako devrait connaître une véritable renaissance. Autre grand défi de Macky II, l’emploi des jeunes diplômés et non diplômés. L’implantation d’unités agro-industrielles dans les régions serait une excellente chose. De Richard Toll à Bakel, il n’y a que la CSS comme véritable pourvoyeuse de main-d’œuvre.
Avant de réaliser ces grands défis, il serait salutaire pour le président de la République Macky Sall de gracier voire amnistier Khalifa Sall et ses compagnons, et nouer un dialogue sincère et inclusif avec l’opposition. Une magnanimité qui ne peut qu’être bénéfique pour la paix civile.