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28 novembre 2024
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LES DÉTAILS DE L'AFFAIRE GADIO
Le contenu de procès-verbaux de l'enquête du FBI concernant Cheikh Tidiane Gadio mentionant des dates précises ainsi que le contenu d'emails interceptés par les Américains
Le journal Libération a publié dans son édition de ce mercredi le contenu de procès-verbaux de l'enquête du FBI concernant Cheikh Tidiane Gadio mentionant des dates précises ainsi que le contenu d'emails interceptés par les Américains.
L'ancien ministre des Affaires étrangères est en détention à New York depuis vendredi dernier. Un juge de Manhattan l'a placé sous mandat de dépôt pour corruption et blanchiment présumés.
Cheikh Tidiane Gadio aurait facilité le versement de pots-de-vin au Président tchadien, Idriss Déby, contre des avantages accordés dans son pays à une société chinoise désireuse d'y mener des affaires. En contrepartie, il aurait touché 400 mille dollars (plus de 200 millions de francs Cfa). Gadio nie, affirmant avoir été rétribué pour son intervention, au nom de son cabinet, dans le dossier en question.
Le juge a fixé la caution, pour lui accorder la liberté, à 1 million de dollars (plus de 600 millions de francs Cfa). Son avocat, Me Roberts Blaum, conteste la décision en proposant de verser pour son client 250 mille dollars (plus de 125 millions de francs Cfa). Verdict ce lundi.
Comment en est-on arrivé là ? Tout est consigné dans les procès-verbaux d'enquête du FBI, qui a mené trois ans d'investigations. Il y a des dates, des mails captés, du marchandage, des montants…
Selon le compte-rendu de Libération, qui a consulté les documents de la police fédérale américaine, l'affaire peut être circonscrite en 8 dates clés.
Dans les couloirs de l'Onu…
Octobre 2014. Chi Ping Patrick Ho et Cheikh Tidiane Gadio se rencontrent au siège de l'Onu. Le premier dirige une Ong basée à Hong Kong et en Virginie, mais il cherche à aider une compagnie pétrolière chinoise, la China national petroleum corporation (Cnpc), à reprendre ses activités au Tchad. N'Djaména avait retiré à la compagnie sa licence, décision assortie d'une forte amende, pour violation du Code de l'environnement. Le second, qui a de bons rapports avec le Président tchadien, Idriss Déby, passe pour l'homme providentiel pour faciliter le rabibochage avec le Tchad.
Ho est aux anges. "À la réunion de l'Onu, j'ai rencontré un vieil ami, ancien ministre des Affaires étrangères du Sénégal ; il s'appelle Dr Gadio, s'enflamme-t-il dans une correspondance adressée à la Cnpc. Je l'ai rencontré en toute confiance et lui ai fait part de notre implication dans la société chinoise au Tchad et j'ai souhaité obtenir l'aide du Président (Déby) pour résoudre le problème."
Gadio accepte la mission, contacte par téléphone Déby pour un rendez-vous et promet de rendre compte à Ho. Ce dernier souligne que la rencontre "se tiendra probablement au milieu de la semaine prochaine".
Vers fin octobre 2014. Comme prévu, l'ancien chef de la diplomatie sénégalaise rencontre le Président tchadien. Rendant compte de l'entrevue, il révèle à Ho que Déby est prêt à rendre à la Cnpc son permis contre "une aide financière secrète ou très confidentielle pour ses campagnes politiques". Les détails de la rencontre seront versés dans un mail envoyé par Gadio à Ho et auquel est joint un document intitulé "Rapport après la rencontre avec (le Président du Tchad)".
Il est précisé dans le "Rapport" que Déby avait prévu de recevoir la délégation chinoise à N'Djaména, mais que, sur conseil de Gadio, il a accepté d'organiser la rencontre dans un village au milieu du désert. Ce, rapporte Libération, citant le FBI, "pour (éviter) que les ennemis et les lobbyistes" leur glissent des peaux de bananes.
Gadio : "J'ai peur…"
22 octobre. Changement de plan. Patrick Ho informe Gadio que le voyage au Tchad n'est plus urgent. Le gouvernement tchadien ayant signé un accord avec la Cnpc pour la réhabiliter. Il propose à l'ancien ministre de Wade de le rencontrer à Hong Kong d'abord avant le saut à N'Djaména pour une audience avec Déby.
Dès le lendemain de cette alerte, Gadio répond sur un ton inquiet : "C'est absolument étrange… J'ai peur que quelqu'un joue contre vous ou contre moi."
Mi-novembre. Malgré ses inquiétudes, l'ancien ministre des Affaires étrangères se rend avec Ho au Tchad. Au cours d'une audience avec Déby, celui-ci leur déroule le tapis rouge. Tout se passe comme prévu. Quelques jours plus tard, Gadio suggère à Ho, selon les enquêteurs, de "donner un bon paquet au Président".
18 novembre. Le patron de l'Ong basée à Hong Kong et en Virginie envoie un mail à son "vieil ami" sénégalais pour le remercier de sa contribution en l'informant que, pour le remercier, la compagnie allait lui verser la somme de 100 mille dollars (un peu plus de 60 millions de francs Cfa).
De la petite monnaie !, se serait indigné le fils de Gadio, directeur de l'Institut panafricain des stratégies (Ips). Ce dernier, dans un mail intercepté par le FBI, propose à son père : "Nous devons élaborer des stratégies par rapport à ce que nous pouvons gagner dans ce marché. 300 ou 500 mille dollars, c'est raisonnable à mon avis. Je suggère que nous demandons 2% sur tous les contrats que nous leur ferons gagner."
60 millions, de la petite monnaie
Vers décembre. Ho écrit à Déby pour l'informer du souhait de la Cncp de lui faire un don de 2 millions de dollars (plus d'un milliard de francs Cfa), comme conseillé par l'ancien ministre de Wade, selon les enquêteurs. La lettre est envoyée pour correction à Gadio. Qui reformule la correspondance, gommant toutes les aspérités pouvant gêner Déby.
La version finale de la lettre : "En sa qualité de bon ami du gouvernement et du peuple tchadiens (la Cncp) exprime son vœu sincère et son soutien au développement du Tchad. Pour ce faire, nous voudrions faire un don de 2 millions de dollars US au gouvernement du Tchad pour la création d'un fonds de développement, afin de démontrer l'amitié profonde entre nous et le Tchad. (…) Nous espérons que votre Excellence Monsieur le Président acceptera ce don au nom du gouvernement et du peuple du Tchad."
12 janvier 2015. La lettre, réécrite, est transmise à une personne présentée par le FBI comme un ministre tchadien. Dans la foulée, rapporte Libération, Gadio demande que les 100 mille dollars prévus pour son compte soient multipliés par cinq, "étant donné, argue-t-il, que la valeur d'opportunités totale accordée à (Cncp) est de plusieurs millions de dollars". "En outre, poursuit l'ex-chef de la diplomatie sénégalaise, il est difficile de comprendre un cadeau de 2 millions de dollars au Président et seulement 100 mille dollars à l'animateur qui a rendu tout cela possible."
Cette requête a été envoyée le 5 février.
5 février 2015. Le même jour, l'assistant de Ho informe Gadio que son appel a été entendu. Qu'il touchera finalement 400 mille dollars répartis en don pour soutenir ses activités politiques au Sénégal (100 mille dollars), en rémunération du suivi du dossier au Tchad (100 mille dollars) et en commission pour son cabinet (200 mille dollars).
L'ancien ministre des Affaires étrangères réfute les accusations de corruption et de blanchiment. Il défend avoir été rémunéré juste pour des prestations effectuées pour le compte de son cabinet.
Libération informe que Gadio fera face au juge ce mercredi. Une occasion de se montrer convaincant avec l'espoir de recouvrer la liberté en attendant un éventuel procès
LES RAISONS DE L'ARRESTATION DE GADIO
URGENT SENEPLUS - La Justice américaine donne les raisons de l'arrestation de Cheikh Tidiane Gadio, ancien ministres des Affaires étrangères du Sénégal - L'INTÉGRALITÉ DU COMMUNIQUÉ EN ANGLAIS
Suite à l'arrestation de l'ancien ministre Cheikh Tidiane Gadio, SenePlus.com publie l'intégralité du communiqué publié ce 20 novembre 2017 par le procureur de l'Etat de New York, avec comme titre : Head Of Organization Backed By Chinese Energy Conglomerate, And Former Foreign Minister Of Senegal, Charged With Bribing High-Level African Officials.
Defendants Allegedly Conspired to Bribe the President of Chad and the Foreign Minister of Uganda
Joon H. Kim, the Acting United States Attorney for the Southern District of New York, Kenneth A. Blanco, Acting Assistant Attorney General of the Criminal Division of the U.S. Department of Justice, William F. Sweeney Jr., Assistant Director-in-Charge of the New York Field Office of the Federal Bureau of Investigation (“FBI”), James D. Robnett, Special Agent in Charge of the Internal Revenue Service, Criminal Investigation (“IRS-CI”), and Angel M. Melendez, Special Agent in Charge of the New York Field Office of the Department of Homeland Security, Homeland Security Investigations (“HSI”), announced today the unsealing of a Complaint charging CHI PING PATRICK HO, a/k/a “Patrick C.P. Ho,” and CHEIKH GADIO with participating in a multi-year, multimillion-dollar scheme to bribe high-level officials in Chad and Uganda in exchange for business advantages for a Chinese oil and gas company (the “Energy Company”). HO and GADIO were charged with violations of the Foreign Corrupt Practices Act (“FCPA”), international money laundering, and conspiracy to commit both. GADIO was arrested in New York on Friday afternoon and presented on Saturday before U.S. Magistrate Judge Kevin Nathaniel Fox. HO was arrested on Saturday afternoon and was presented today before U.S. Magistrate Judge Andrew J. Peck and ordered detained.
Acting Manhattan U.S. Attorney Joon H. Kim said: “In an international corruption scheme that spanned the globe, Chi Ping Patrick Ho and Cheikh Gadio allegedly conspired to bribe African government officials on behalf of a Chinese energy conglomerate. Wiring almost a million dollars through New York’s banking system in furtherance of their corrupt schemes, the defendants allegedly sought to generate business through bribes paid to the President of Chad and the Ugandan Foreign Minister. As alleged, Ho’s Ugandan scheme was hatched in the halls of the United Nations in New York, when the country’s current Foreign Minister served as the President of the U.N. General Assembly, and then continued unabated upon his return to Uganda. International bribery not only harms legitimate businesses and fair competition, but it also destroys public faith in the integrity of government. And when this type of international corruption and bribery touches our shores and our financial system, as the alleged schemes did, federal criminal charges in an American court may very well be the end result.”
Acting Assistant Attorney General Kenneth A. Blanco said: “This alleged scheme involved bribes at the highest levels of the governments of two nations. The Criminal Division is committed to investigating and prosecuting corrupt individuals who put at risk a level playing field for corporate competitiveness, regardless of where they live or work. Their bribes and corrupt acts hurt our economy and undermine confidence in the free marketplace.”
FBI Assistant Director-in-Charge William F. Sweeney Jr. said: “The scheme described in this case boils down to these subjects allegedly trying to get their hands on the rights to lucrative opportunities in Africa. They were allegedly willing to throw money at the leaders of two countries to bypass the normal course of business, but didn’t realize that using the U.S. banking system would be their undoing. The FBI, our partners in the IRS and the law enforcement community work diligently day after day to protect the integrity of our financial institutions, and stop foreign entities corrupting international commerce.”
IRS-CI Special Agent in Charge James D. Robnett said: “IRS Criminal Investigation operates worldwide and has the expertise to identify bribery schemes such as alleged in the Criminal Complaint. Our Special Agents are especially skilled at piecing together these financial puzzles, even those that involve such high level participants.”
HSI Special Agent in Charge Angel M. Melendez said: “These individuals allegedly offered millions of dollars in bribes to foreign officials, disguised as charitable donations, in order to seek business advantages. One used his position with a United Nations Council to further this scheme. We will continue to aggressively investigate financial crimes committed by corrupt foreign officials while working collaboratively with our counterparts at the FBI and IRS.”
According to the allegations in the Complaint[1] and other statements in the public record:
Overview
This case involves two bribery schemes to pay high-level officials of Chad and Uganda in exchange for business advantages for the Energy Company, a Shanghai-headquartered multibillion-dollar conglomerate that operates internationally in the energy and financial sectors. At the center of both schemes is CHI PING PATRICK HO, a/k/a “Patrick C.P. Ho,” the head of a non-governmental organization based in Hong Kong and Virginia (the “Energy NGO”) that holds “Special Consultative Status” with the United Nations (“UN”) Economic and Social Council. The Energy NGO is funded by the Energy Company.
In the first scheme (the “Chad Scheme”), HO, with GADIO’s assistance, caused the Energy Company to offer a $2 million bribe to the President of Chad in exchange for securing business advantages for the Energy Company in its efforts to obtain valuable oil rights from the Chadian government. In particular, in exchange for the bribe, the President of Chad provided the Energy Company with, among other things, an exclusive opportunity to obtain particular oil rights in Chad without facing international competition. GADIO, who is the former Foreign Minister of Senegal and who operated an international consulting firm, played an instrumental role in the Chad Scheme by, among other things, connecting HO with the President of Chad and conveying the $2 million bribe offer to the President of Chad. HO compensated GADIO by paying him $400,000 via wires transmitted through New York, New York.
In the second scheme (the “Uganda Scheme”), HO caused a $500,000 bribe to be paid, via wires transmitted through New York, New York, to an account designated by the Minister of Foreign Affairs of Uganda, who had recently completed his term as the President of the UN General Assembly (the “Ugandan Foreign Minister”). HO also provided the Ugandan Foreign Minister, as well as the President of Uganda, with gifts and promises of future benefits, including offering to share the profits of a potential joint venture in Uganda involving the Energy Company and businesses owned by the families of the Ugandan Foreign Minister and the President of Uganda. These payments and promises were made in exchange for assistance from the Ugandan Foreign Minister in obtaining business advantages for the Energy Company, including the potential acquisition of a Ugandan bank.
The Chad Scheme
As alleged in the Complaint, the Chad Scheme began in or about October 2014, when HO and GADIO met at the UN in New York, New York. At that time, the Energy Company wanted to expand its oil operations to Chad, and to do so, it wanted to enter into a joint venture with a Chinese government-owned oil and gas company (the “Chinese State Oil Company”) that was already operating in Chad. Earlier that year, the Chinese State Oil Company had been fined $1.2 billion by the government of Chad for environmental violations. HO enlisted GADIO – who had a personal relationship with the President of Chad – to assist the Energy Company in gaining access to the President of Chad, with the initial goal of resolving the dispute between the government of Chad and the Chinese State Oil Company, and the ultimate goal of obtaining oil opportunities for the Energy Company in Chad.
GADIO successfully connected HO and the Energy Company to the President of Chad and to other Chadian officials. HO, acting on GADIO’s advice, then caused the Energy Company to pledge a $2 million bribe to the President of Chad, in what was characterized as a “donation” for charitable causes. GADIO later solicited from HO a $500,000 payment for GADIO’s firm, arguing that he should receive a percentage of the $2 million “gift” from the Energy Company to the President of Chad.
In reality, this “donation” was a bribe intended to influence the award of oil rights in favor of the Energy Company. Following this $2 million pledge to the President of Chad, the Energy Company obtained a business advantage in its negotiations to acquire oil rights in Chad, in particular, by having the exclusive opportunity to purchase particular oil rights without facing international competition. Ultimately, the Energy Company did not complete this acquisition, but instead purchased other oil rights in Chad from a Taiwanese company. In exchange for GADIO’s efforts to facilitate the bribery of the President of Chad, HO caused $400,000 to be paid to GADIO’s firm, via two wires that were transmitted through a bank in New York, New York.
The Uganda Scheme
As alleged in the Complaint, the Uganda Scheme began in or about October 2014, when HO met at the UN in New York, New York with the Ugandan Foreign Minister, who had recently begun his term as the 69th President of the UN General Assembly (“PGA”).[2] HO, purporting to act on behalf of the Energy NGO, met with the Ugandan Foreign Minister and began to cultivate a relationship with him. During the year that the Ugandan Foreign Minister served as PGA, HO and the Ugandan Foreign Minister discussed a “strategic partnership” between Uganda and the Energy Company for various business ventures, to be formed once the Ugandan Foreign Minister completed his term as PGA and returned to Uganda.
In or about February 2016 – after the Ugandan Foreign Minister had resumed his role as Foreign Minister of Uganda, and his in-law had been reelected as the President of Uganda – the Ugandan Foreign Minister solicited a payment from HO, purportedly for a charitable foundation that he wished to launch. HO caused a $500,000 payment to be wired to an account in Uganda designated by the Ugandan Foreign Minister, through a bank in New York, New York. In his communications, HO variously referred to this payment as a “donation” to the reelection campaign of the President of Uganda (who had already been reelected) and as a “donation” to “support” the Ugandan Foreign Minister.
In fact, this payment was a bribe to obtain business advantages for the Energy Company in its efforts to secure contracts and ventures in Uganda’s financial and energy sectors. HO also provided the Ugandan Foreign Minister, as well as the President of Uganda, with promises of future benefits, including proposing to partner with both officials’ family businesses in potential joint ventures. In exchange, the Ugandan Foreign Minister assisted the Energy Company in obtaining business in Uganda, including by facilitating the Energy Company’s interest in potentially acquiring a bank.
HO, 68, of Hong Kong, China, and GADIO, 61, of Senegal, are each charged with conspiring to violate the FCPA, violating the FCPA, conspiring to commit international money laundering, and committing international money laundering. The maximum penalties for these charges are as follows: five years in prison for conspiring to violate the FCPA; five years in prison for each violation of the FCPA; 20 years in prison for conspiring to commit international money laundering; and 20 years in prison for each charge of committing international money laundering. The maximum potential sentences in this case are prescribed by Congress and are provided here for informational purposes only, as any sentencing of the defendants will be determined by the judge.
Mr. Kim praised the outstanding work of the FBI and IRS-CI, who jointly conducted this investigation. He also thanked the Department of Homeland Security, Homeland Security Investigations (“HSI”), and the Department of Justice, Criminal Division’s Office of International Affairs, which provided critical assistance. Mr. Kim noted that the investigation is ongoing.
This case is being prosecuted by the Office’s Public Corruption Unit and the Criminal Division’s Fraud Section. Assistant U.S. Attorneys Douglas S. Zolkind, Thomas McKay, Daniel C. Richenthal, and Shane T. Stansbury, and Trial Attorneys David A. Last and Paul A. Hayden of the Fraud Section, are in charge of the prosecution.
The charges contained in the Complaint are merely accusations, and the defendants are presumed innocent unless and until proven guilty.
[1] As the introductory phrase signifies, the entirety of the text of the Complaint and the description of the Complaint set forth below constitute only allegations, and every fact described should be treated as an allegation.
[2] Although the Complaint refers to the “Ugandan Foreign Minister” throughout for clarity, during the year that he served as PGA, he did not simultaneously serve as Foreign Minister of Uganda. Rather, he resumed as Foreign Minister of Uganda shortly after his term as PGA ended.
ARRESTATION DE GADIO À NEW YORK
L'ancien ministre d'État des Affaires étrangères a été inculpé par la justice américaine dans une affaire de corruption de hauts responsables au Tchad et en Ouganda
Le responsable d'une ONG basée à Hong-Kong et en Virginie, dans l'Est des Etats-Unis, ainsi qu'un ancien ministre sénégalais des Affaires étrangères ont été inculpés par la justice américaine dans une affaire de corruption de hauts responsables au Tchad et en Ouganda.
Chi Ping Patrick Ho, 68 ans, et Cheikh Gadio, 61 ans, sont accusés d'avoir corrompu pendant plusieurs années des hauts responsables de ces pays afin d'obtenir des avantages pour une entreprise pétrolière chinoise. Les pots-de-vin représentent plusieurs millions de dollars, selon un communiqué du ministère américain de la Justice publié lundi.
"Des responsables au plus haut niveau des gouvernements des deux pays sont soupçonnés d'avoir reçu des pots-de-vin", a indiqué le ministre adjoint de la Justice, Kenneth Blanco, citant le président du Tchad et le ministre ougandais des Affaires étrangères sans communiquer leur nom.
Le ministère n'a pas non plus dévoilé le nom de l'entreprise chinoise pétrolière.
L'ancien ministre sénégalais a été arrêté vendredi à New York et présenté devant un juge le lendemain, tandis que M. Ho a été arrêté samedi et présenté à un juge lundi.
M. Blanco a ajouté que la justice américaine était déterminée à poursuivre ceux qui compromettent la compétitivité des entreprises.
"Leurs pots-de-vin et leurs actes de corruption portent tort à notre économie et minent la confiance dans un marché libre", a-t-il également commenté.
Les personnes inculpées sont soupçonnées d'avoir, entre autres, fait transiter près d'un million de dollars par l'intermédiaire du système bancaire new-yorkais.
En échange d'un pot-de-vin de deux millions de dollars, le président du Tchad aurait offert à l'entreprise pétrolière chinoise des droits pétroliers dans le pays sans passer par un appel d'offres international. L'ancien ministre sénégalais aurait joué un rôle central dans cette affaire.
M. Ho aurait également distribué des cadeaux tout en promettant d'autres avantages, dont le partage des profits d'une société commune ainsi que l'acquisition potentielle d'une banque en Ouganda, en vue d'obtenir des avantages pour l'entreprise de l'énergie pour laquelle il jouait le rôle d'intermédiaire.
Fin août, la justice américaine avait condamné l'ancien ministre guinéen Mamhmoud Thiam à sept ans de prison pour avoir blanchi de l'argent de pots-de-vin reçus d'entreprises chinoises.
M. Thiam, ex-ministre des Mines en Guinée, avait été reconnu coupable en mai. Il avait notamment utilisé les 8,5 millions de dollars reçus pour payer l'école de ses enfants et acheter une maison de 3,75 millions près de New York.
Découvrez "NLMD", le nouveau clip du rappeur Dip Doundou Guiss.
Voir vidéo.
par Elhadji Daniel SO
NOIRS ET ESCLAVES EN LIBYE
Depuis le mois d'avril 2017, l'OIM a publié un rapport révélant qu'un nombre croissant de migrants transitant par la Libye sont vendus sur des "marchés aux esclaves" avant d’être soumis au travail forcé ou à l’exploitation sexuelle
Depuis le le mois d'avril 2017, l'OIM a publié un rapport révélant qu'un nombre croissant de migrants transitant par la Libye sont vendus sur des "marchés aux esclaves" avant d’être soumis au travail forcé ou à l’exploitation sexuelle - Ils sont originaires d’Afrique de l’Ouest, notamment du Nigeria, du Sénégal, du Ghana et de la Gambie - Ils sont achetés et revendus dans des garages et des parkings de la ville de Sabha au sud de la Libye par laquelle passent de nombreux candidats à l’exil
À travers une vidéo, obtenue depuis Août passé avant sa réactualisation, rendue publique ce 15 novembre courant par la plus grande chaîne d'information au monde, CNN et filmée en cachette montrant le summum du calvaire (la traite des êtres humains) dont sont victimes certains de nos compatriotes africains, perdus dans cette spirale du désespoir, en quête de lendemain meilleur, l'être humain s'est encore illustré sous sa forme démoniaque d'aspiration à être supérieur. Et comme vous le savez, cette fois-ci, pas en triangulaire comme connu auparavant mais entre frères et soeurs de même continent. Eh oui ! L'humain se diabolise de plus en plus et tout près de chez nous. Qui l'aurait cru ? Les négriers d'autrefois doivent bien se retourner dans leurs tombes, en complicité sournoise avec la communauté internationale, qui commence, à peine, à s'émouvoir après s'être mue dans son légendaire laisser aller. Ça Alors ! comme s'ils venaient tout fraîchement de le découvrir.
Et pourtant, le Magazine français Paris Match a, depuis le 24 septembre 2016 tiré la sonnette d'alarme dans un de ses publireportages titré “Migrants : les esclaves de Libye” consacré, en grande partie au travail post- Kadhafi en Libye effectué par le lauréat du 7e prix Carmignac du photojournalisme en 2016, le mexicain Narciso Contreas sur les Migrants. Ce dernier avait déjà interpellé l'opinion internationale sur, disait-il “le quotidien de ces hommes et de ces femmes pris au piège, qui semblent prêts à risquer leur vie et à sacrifier leur maigre fortune pour se jeter sur de frêles embarcations en direction des côtes italiennes.”
Encore plus pathétique, il relatait le stratagème des passeurs, pour la gent féminine, consistant à «Ils les violent pour les mettre enceintes puis les envoient en Europe, entre le cinquième et le septième mois. Ils pensent que les gardes-côtes répugneront à renvoyer en Libye celles dont la grossesse est trop avancée.» Répugnante également comme tactique !
En outre, plus révoltant que tout, en avril 2017, le journal français “Le Monde”, dans une de ses publications intitulée “En Libye, des migrants vendus sur des marchés aux esclaves, démontrait l'aveu d'échec et d'impuissance de l’Organisation Internationale pour les Migrations (OIM), exprimé dans un rapport du 11 avril 2017, dans lequel elle évoquait “un nombre croissant de migrants transitant par la Libye sont vendus sur des « marchés aux esclaves » avant d’être soumis au travail forcé ou à l’exploitation sexuelle.” À l'époque, dans ledit rapport, des migrants, originaires d’Afrique de l’Ouest, notamment du Nigeria, du Sénégal, du Ghana et de la Gambie avaient témoigné “avoir été achetés et revendus dans des garages et des parkings de la ville de Sabha, localité du sud de la Libye par laquelle passent de nombreux candidats à l’exil”. Plus choquant encore, ils coûtaient, selon toujours l’OIM, comme des matières premières, entre 200 et 300 dollars (entre 190 et 280 euros) soit entre (124 631,83 et 183 667,96 FCFA) et étaient retenus, de force durant deux à trois mois en moyenne. Et toujours pas de réaction !
Il a fallu maintenant, attendre la publication de cette pitoyable vidéo - reportage, réactualisée en Octobre dernier, montrant le déroulement exact de la vente aux enchères avec des termes, que nous pensions, qu'aucun être humain, même le plus diabolique d'entre nous, n'aimerait plus entendre, du genre : “Huit cents….900… 1000… 1100… Et Vendu pour 1200 dinars libyens – soit l’équivalent de 800dollars” ; pour voir les leaders d'opinions ainsi que certains organismes internationaux rivalisaient de compassion. C'est le cas de notre bien aimée “Union Africaine”, qui, malgré les nombreuses mises en garde de la presse internationale et des organes compétents, n'a pas daigné lever le plus petit doigt pour STOPPER NET ces maltraitances suivies de tueries. Pour elle, “le médecin après la mort” suffit largement, par un simple communiqué de réconfort en date de ce vendredi 17 novembre et signé par son Président en exercice, en l'occurrence M. Alpha CONDÉ, invitant « instamment les autorités libyennes à ouvrir une enquête, situer les responsabilités et traduire devant la justice les personnes incriminées... également à revoir les conditions de détention des migrants.”Décidément ! Quels genres de dirigeants nous avons ? Comme si, gouverner n'était pas prévoir et/ou anticiper.
Si, en plus de ne pas pouvoir assurer, comme le voudrait la règle, à nos compatriotes africains, de quoi être plus utile par le travail dans leurs sociétés respectives, nos gouvernants n'arrivent pas à garantir ce droit primordial de libre circulation en terre communautaire, qu'ils leur rendent au moins leur dignité humaine, en arrêtant hic et nunc ces actes ignobles, qui ne font que ressurgir les vieux démons d'antan, ayant déjà détruit des millions de vies durant plus de 400 ans (entre 15eme et 19eme siècle). Ce qui ne devrait point poser de problème puisque l'esclavage, désigné comme un système socio-économique reposant sur le maintien et l'exploitation de personnes dans des conditions sociales assimilables à tout exercice d'une propriété sur un objet donné, est considéré dans presque tous les pays du monde comme un crime contre l'humanité.
Néanmoins, il est également vrai que culturellement, l’esclavage en Libye a une longue histoire et un impact social et des séquelles considérables dans le pays. Voici les raisons :
-Sous le contrôle de l’Empire ottoman au xvie siècle, la libye, après une brève régence de Tripoli, est reprise en main par ce dit empire en 1835. Ainsi, dernière possession ottomane en Afrique, avant la dissolution de celui-ci le 24 juin 1923, l'actuel territoire de la Libye, conquis puis colonisé par le Royaume d'Italie en 1912, à l'issue de la guerre italo-turque, est proclamée officiellement indépendante le 24 décembre 1951, après son envahissement suivi d'occupation des Alliés, de l'époque, durant la fameuse seconde guerre mondiale. Alors, au lieu d'appliquer scrupuleusement, les traités signés par ses colonisateurs qu'étaient le Royaume d'Italie et/ou l’Empire Ottoman, qui ont eu respectivement à abolir l'esclavage dans leurs territoires occupés ; dès juin 960 et le 26 décembre 1847, la libye s'est contentée d'attendre jusqu'en 1853 pour passer à l'acte. Pas, dans tout le territoire, mais uniquement à Tripoli tout en poursuivant la pratique, dans tout le reste du pays et cela impunément, jusqu’aux années 1890. Cette impunité s'est poursuivie jusqu'à nos jours.
-Par ailleurs, ce que ne savent pas, peut être beaucoup de personnes, est que dans certains pays arabes comme celui de la Libye, leur conception d’êtres supérieurs. qu'ils se sont toujours prévalus, nous démontre à suffisance qu’historiquement, l’esclavage des Noirs africains résulterait du fait que “le mot / ʕabd / – signifiant esclave – est encore utilisé péjorativement pour désigner les personnes noires. En général, le mot pour désigner une personne noire est / ʕbeːd /, qui est le diminutif du mot / ʕabd / considéré comme acceptable par beaucoup (en arabe libyen le diminutif ajoute un sens attachant). - prononcé wsˤiːf en arabe libyen – signifie serviteur, et il est également utilisé dans certains endroits, en particulier par les générations plus âgées pour se référer aux ethnies noires. Par ailleurs, le mot / hurr /, qui signifie « libre », est utilisé par de nombreuses personnes âgées pour se référer aux non-Noirs”. Avec toutes ces différentes considérations, la communauté internationale aura vraiment du pain voir du béton sur la planche car, l'affaire est plus profonde que ça en a l'air.
Certes, comme disait la philosophe française, Simone Weil, “L'homme est esclave pour autant qu'entre l'action et son effet, entre l'effort et l'œuvre, se trouve placée l'intervention de volontés étrangères” mais aussi, “Ceux qui sont morts ne sont jamais partis :
Ils sont dans l’ombre qui s’éclaire
Et dans l’ombre qui s’épaissit.
Les morts ne sont pas sous la terre :
Ils sont dans l’arbre qui frémit,
Ils sont dans le bois qui gémit,
Ils sont dans l’eau qui coule,
Ils sont dans l’eau qui dort,
Ils sont dans la case, ils sont dans la foule :
Les morts ne sont pas morts” indiquait notre défunt compatriote Birago Diop, poète et écrivain, dans son ouvrage « Les Souffles », Les Contes d’Amadou Koumba (pp.173-175).
Pourvu que ces démons partent à jamais pour le repos éternel de nos âmes perdues.
Qu'Allah SWT veille sur l’Afrique et particulièrement sur NOTRE CHER Sénégal … Amen
Elhadji Daniel SO est le président d'En Mouvement ! Défar Sénégal Ensemble, Construisons le Sénégal !
Youssou Ndour a, cette année encore, assuré le show à Bercy. Hier soir, le spectacle était riche en sons et en couleurs. Et le public est venu massivement applaudir le "Roi du Mbalax".
Voir vidéo.
VIDEO
ALPHA BLONDY TRÈS EN COLÈRE
Il demande à tous d'assiéger les ambassades libyennes - Il dénonce dans une vidéo l'esclavage en Libye et appelle les dirigeants africains à réagir
Le célèbre musicien Alpha Bondy exprime sa colère suite à la diffusion d'un reportage de CNN sur la vente d'esclaves noirs en Libye et il lance un appel aux Africains pour qu'ils assiègent les ambassades libyennes pour manifester contre de telles pratiques.
Voir vidéo.
«J’AI VRAIMENT PENSE QUE LE DISCOURS DU PRESIDENT MACKY SALL SUR LE RADICALISME RELIGIEUX A ETE FAIT POUR MON FILM»
HORIZON…. Alassane Sy, réalisateur du court métrage Fallou :
Mannequin, acteur et réalisateur, Alassane Sy est né en Mauritanie de parents sénégalo-mauritaniens. Il est le réalisateur du film Marabout qui a obtenu en 2016, le Tanit d’or du court-métrage aux Journées cinématographiques de Carthage. De retour en compétition pour cette édition 2017 des Jcc, il a présenté aux cinéphiles, Fallou, un nouveau court métrage qu’il évoque avec fierté dans cet entretien réalisé à bâtons rompus, alors qu’il venait à peine de poser ses bagages à Tunis en provenance de Londres où il vit.
Votre dernier film Fallou vient d’être diffusé en première mondiale aux Jcc. Qu’est-ce qui a inspiré ce film ?
Ce qui a inspiré ce film, c’est déjà l’actualité, ce qui se passe à travers le monde, tout un mélange entre l’islam, le terrorisme, et surtout ce qui se passe aussi chez nous, actuellement en Afrique et dont on en parle pas. On préfère parler de ce qui se passe en Europe, quand il y a des attentats là-bas. Quand quelque chose se passe en Europe, on en parle plus que quand il s’agit de l’Afrique. Alors qu’il y a énormément de choses qui se passent chez nous aujourd’hui, et je pense que les gens devraient savoir aussi ce qu’il en est. Ils doivent surtout comprendre les sources de la chose. A travers ce film, j’ai contribué pour ma part à ce débat d’actualité. J’ai toujours voulu y contribuer. Mais je pense que certaines choses ne peuvent pas vraiment s’expliquer. Peut-être ! Je pense que le film m’a permis de partager notre avis en général, l’avis des Africains, ce qu’ils pensent de tout ça. Et surtout, j’avais cette envie de montrer aussi que le risque ne vient pas toujours forcement de là où on l’attend. C’est aussi ce côté qui fait que pour moi, voir Fallou tel qu’il est en tant que personne et aussi ce qui est possible de se passer dans sa tête en fonction de ce qu’il vit dans le pays d’où il vient, est important.
Dans ce film qui traite de l’islamisation, de la radicalisation, y a un personnage important qui porte un message essentiel : le président de la République Macky Sall. Qu’est-ce qui explique le choix de ce personnage ?
En vérité je ne savais pas quoi utiliser comme discours, mais, je voulais avoir des radios, des choses qui expliquent vraiment aux gens l’actualité, ce qui se passe. Pour qu’on ne pense pas que je suis en train de dire qu’il y a de radicalisation de l’islam au Sénégal. Parce que j’ai pensé aussi à cet effet quand je faisais le film. Est-ce que si je fais une connexion entre radicalisation et Sénégal, ça peut un tout petit emballé ? Est-ce que les gens vont avoir peur de la destination Sénégal ou pas ? J’ai donc tenu compte de tout cela. Je pense au tourisme, et à toutes ces choses-là. Mais, ça fait 3 semaines à peu près que j’ai entendu ce discours du Président Macky Sall et j’ai vraiment pensé que le discours a été fait pour mon film. En tout cas, cette partie que j’ai utilisée va très bien avec le message que j’ai voulu faire passer. Et, ça m’a évité d’expliquer certaines choses, parce que ça vient du plus haut sommet. Pour moi c’était assez clair. C’était aussi l’occasion de dire indirectement aux cinéphiles que ces choses-là qui se passent ailleurs peuvent facilement venir chez nous. Donc ce discours de Macky Sall est tombé juste, pile poil. C’était parfait pour moi et quand je l’ai entendu, je l’ai utilisé pour le film, je n’ai vraiment pas réfléchi plus loin.
On peut le percevoir aussi comme un hommage au cinéma Sénégalais à Macky Sall qui, dernièrement, a quand même misé sur le 7e art à travers la mise en place du Fopica ?
Il y a effectivement un progrès dans le cinéma sénégalais. En ce sens-là, le gouvernement s’implique et on le constate. J’aurais voulu voir plus en vérité, mais je ne minimise pas les efforts qu’ils ont faits. Donc je pense qu’effectivement, il y a une sorte d’hommage. Il y avait surtout, une envie de montrer d’où on vient…. Ce film-là, je l’ai filmé avec 3 mille Dollars (Moins de 2 millions Cfa). Juste pour le tournage, après bien sûr, le reste je me suis démerdé tout seul de gauche à droite, il n’y a pas eu de fonds, il n’y a rien. C’est comme ça que j’ai fait ce film qui a l’air de nécessiter énormément de fonds, mais en vérité ce n’est pas ça. … On me dit souvent oublie les gouvernements parce qu’ils ne sont pas là pour l’art. Mais je me dis que c’est dommage parce qu’ils ignorent que ce cadre-là peut amener leur politique et leurs actions beaucoup plus loin. Parce que le cinéma peut apporter leur message plus loin qu’ils peuvent le faire eux-mêmes.
Le film a été tourné en trois langues : le français, l’anglais et le wolof. Est-ce un choix et pourquoi ?
En tout cas, dans mes films même dans le futur, j’aimerais toujours faire des films où les gens parleront nos langues. Parce que je crois fortement que l’audience va capter plus, les gens sont plus à l’aise dans une langue qu’ils comprennent. Pour moi, ça n’a pas vraiment de sens d’utiliser une autre langue, parce qu’on dénature l’histoire, on dénature l’acteur, etc. Donc, il y a quelque chose qui me tient à cœur oui ! C’est de pouvoir toujours faire des films dans nos langues. Les langues que nos parents parlent, et comme mon rêve est de continuer à faire des films venant du continent, cela devient vraiment important pour moi. J’ai voulu à travers ce film, aussi favoriser les mélanges de langues, parce que je suis à Londres, bien sûr il fallait aussi impliquer l’endroit où je vis à travers le vécu des Sénégalais à Londres, etc. C’était également ma première fois en vérité, de faire un film en dehors du Sénégal en tant que réalisateur. Ce fut un apprentissage, je n’ai donc pas trop réfléchi aux langues au début. Mais qu’on parle une langue sénégalaise ou juste une langue africaine, oui c’est très important pour moi dans tous les films que je fais ou que je ferai.
Comment s’est fait le casting des acteurs ?
Ouf ! Personne parmi eux n’est acteur, ils sont tous musiciens. A part une, qui a joué le rôle de Yassa. J’ai commencé à parler du projet à quelques amis autour de moi, qui m’ont montré un certain intérêt à participer à quelque chose qu’ils ne savent pas où ça va aller. Ainsi, ça les a intéressés, ils voulaient juste vivre cette expérience. Et moi, je n’avais pas les moyens de faire un film où je vais payer les gens. Donc il fallait juste que je trouve des gens qui, d’eux-mêmes, sont intéressés à faire quelque chose artistiquement. J’ai ainsi eu la chance de tomber sur des artistes. Ce ne sont pas des acteurs mais des artistes, c’est-à-dire des gens qui comprennent la volonté d’essayer de créer avec les moyens du bord. Et ça m’a beaucoup aidé…
Dans ce film aussi, il y a un message d’amour. C’est quoi le lien que vous faites entre la thématique principale, la radicalisation, et ce message d’amour ?
Ah ! Il y a une partie en moi, qui voulait aussi simplifier cette idée de qu’est-ce qu’il faut pour être un djihadiste ? C’est quoi vraiment un potentiel djihadiste ? Et parfois, je me dis que ça peut juste se limiter par un jeune qui est frustré de ne pas avoir une fille, trouver une fille qui va l’embrasser ici… et puis c’est tout. J’ai donc voulu rendre le truc peut-être un peu plus humain. Quelles que soient les intentions de la personne qui pourraient être un djihadiste, il y a quand même un être humain, un jeune, confronté à une situation à laquelle tous les jeunes sont confrontés. Et qui pense peut-être qu’il n’y a plus rien pour lui dans ce monde, que ça soit amour, ou juste des amis, ou juste pouvoir être libre comme on le dit. Et que j’ai pensé qu’il leur faut juste peut-être tomber sur la bonne fille (rires). Peut-être en fin de compte c’était ça le truc pour éviter à un jeune de se radicaliser…Je pense même que Londres a cette énergie qui fait que quelle que soit ta croyance, si tu arrives, il y a de fortes chances que tu commences à te dire : « Je ne suis plus trop sûr parce que voilà, c’est ouvert, tout le monde a le droit de dire ce qu’il pense, voilà, tout le monde a le droit de croire, ce qu’il a envie de croire, il n’y a pas de soucis, on ne te jugera pas parce que tu crois à ça ou ça.» Là-bas, les gens sont ouverts et te bousculent à tel point que tu ne peux plus être renfermé, même si tu l’étais. Ce fut mon expérience à Londres…
Vous racontez dans ce court-métrage l’histoire d’un jeune qui est envoyé par son marabout à Londres. C’est une histoire com¬mune au Sénégal et donc finalement on se de¬mande si ce n’est pas en partie votre propre histoire ?
(Rires) Je pense que tous les films que l’on fait, il y a toujours une partie de nous. Même si je pense aussi qu’il est important de se détacher de la chose, j’essaie de me détacher de ce truc, sinon j’aurais joué le rôle moi-même. J’aurais pu le faire. Mais ici ce n’est pas vraiment mon histoire personnelle. Je pense que Fallou a quelque chose de commun avec tous les jeunes émigrés qui quittent leur pays. Parce qu’il y a toujours une raison derrière. Soit c’est la pression, soit c’est travailler pour soutenir sa famille… Donc, c’est peut-être des fois aussi quand ils partent et qu’il y a une certaine déception, venant du fait qu’ils avaient certaines croyances, certaines attentes de la vie, ça peut virer d’une manière ou d’une autre. Il y a des émigrés par exemple qui vont aux Etats-Unis ou en Angleterre et qui finissent en prison parce qu’ils n’en peuvent plus. Ces personnes qui peuvent finir en prison, peuvent aussi finir dans les mains d’un potentiel recruteur. Sachant que, et il ne faut pas le nier, on a aussi des gens qui viennent de nos pays, de l’Afrique de l’Ouest qui sont impliqués en Irak par exemple ou en Syrie ou des choses comme ça existent. C’est juste qu’on n’en parle pas au fait. Je pense qu’il faut en parler pour éviter qu’il y en ait de plus en plus…
Vous revenez donc en compétition court métrage pour conserver votre titre ?
Non ! (rires) Ce serait très difficile de le faire cette fois-ci. Mais bien sûr une fois que l’on goutte à la pomme, on a envie de toujours en prendre (rires). Je ne serais pas déçu si rien ne suit, parce que déjà, les retours que j’ai eus hier après la projection de mon film m’ont fait plaisir. J’ai trouvé cette connexion entre la Tunisie et l’Afrique de l’Ouest en général, on partage les mêmes soucis en vérité. Il y a pas mal de mamans tunisiennes qui se voient dans le personnage du film même si elles ne sont pas du Sénégal. Et ça, je pense que c’est suffisant pour moi. Je l’ai fait pour ça. Pour que les gens s’y retrouvent. Je suis heureux pour ça. C’est déjà excellent.
Par défi, il avait un jour promis de fêter ses 100 ans au pouvoir. Le président du Zimbabwe Robert Mugabe devrait être poussé vers la sortie à seulement 93 ans, incarnation jusqu'à la caricature du despote africain prêt à tout pour perpétuer son règne.
Accueilli en 1980 en héros de l'indépendance loué par l'Occident, le plus vieux chef d'Etat en exercice de la planète a été placé mercredi en détention par l'armée, après plus de trente-sept ans d'un pouvoir sans partage qui a ruiné son pays.
"Il fut un formidable dirigeant dont le pouvoir a dégénéré au point de mettre le Zimbabwe à genoux", résume Shadrack Gutto, professeur à l'Université sud-africaine Unisa.
Et pourtant. Lorsqu'il a pris les rênes de l'ex-Rhodésie dirigée par la minorité blanche, Robert Mugabe a séduit.
Sa politique de réconciliation, au nom de l'unité du pays, lui vaut des louanges générales, particulièrement dans les capitales étrangères. "Vous étiez mes ennemis hier, vous êtes maintenant mes amis", lance l'ex-chef de la guérilla.
Il offre des postes ministériels clés à des Blancs et autorise même leur chef, Ian Smith, à rester au pays.
Bardé de diplômes, le révolutionnaire Mugabe apparaît comme un dirigeant modèle. En dix ans, le pays progresse à pas de géant: construction d'écoles, de centres de santé et de nouveaux logements pour la majorité noire.
Très tôt pourtant, le héros a la main lourde contre ses opposants.
- 'Dictateur' -
Dès 1982, il envoie l'armée dans la province "dissidente" du Matabeleland (sud-ouest), terre des Ndebele et de son ancien allié pendant la guerre, Joshua Nkomo. La répression, brutale, fait environ 20.000 morts.
Mais le monde ferme les yeux. Il faudra attendre les années 2000, ses abus contre l'opposition, des fraudes électorales et surtout sa violente réforme agraire pour que l'idylle s'achève.
Affaibli politiquement, déstabilisé par ses compagnons d'armes de la guerre d'indépendance, Robert Mugabe décide de leur donner du grain à moudre en les lâchant contre les fermiers blancs, qui détiennent toujours l'essentiel des terres du pays.
Des centaines de milliers de Noirs deviennent propriétaires, mais au prix de violences qui contraignent la plupart des 4.500 fermiers blancs à quitter le pays et font la "une" des médias occidentaux.
Le petit homme aux épaisses lunettes incarnait la réussite d'une Afrique indépendante. Il rejoint alors définitivement le rang des parias, ce dont il s'accommodera bien volontiers.
Dans des diatribes anti-impérialistes au vitriol, Robert Mugabe rend l'Occident responsable de tous les maux de son pays, notamment sa ruine financière, et rejette toutes les accusations de dérive autoritaire.
"Si des gens disent que vous êtes un dictateur (...) vous savez qu'ils le font surtout pour vous nuire et vous ternir, alors vous n'y prêtez pas attention", confie-t-il en 2013.
- Santé fragile -
Dans les dernières années de sa vie, il balaie de la même façon les spéculations sur son état de santé. La rumeur le dit malade d'un cancer, son entourage explique ses fréquents séjours à Singapour par le traitement d'une cataracte.
"Mes 89 ans ne signifient rien", plastronne-t-il en 2013 juste avant sa énième réélection. "Est-ce qu'ils m'ont changé ? Ils ne m'ont pas flétri, ni rendu sénile, non. J'ai encore des idées, des idées qui doivent être acceptées par mon peuple".
Malgré ces assurances, sa santé décline. En 2015, il est surpris à prononcer le même discours d'ouverture de la session parlementaire que l'année précédente.
Les photos de ses siestes pendant les réunions internationales n'en finissent plus de faire rire la planète.
Ses adversaires le soupçonnent d'être tombé sous la coupe de sa deuxième épouse Grace. L'ancienne secrétaire est devenue de plus en plus ambitieuse et s'invite dans la course à sa succession.
Elle obtient de son mari la tête de la vice-présidente Joyce Mujuru en 2014, puis celle du vice-président Emmerson Mnangagawa il y a quelques jours. Le limogeage de trop, puisque c'est celui qui convainc l'armée de se débarrasser du vieux président...
Né le 21 février 1924 dans la mission catholique de Kutama (centre), Robert Gabriel Mugabe est décrit comme un enfant solitaire et studieux, qui surveille son bétail un livre à la main.
Il caresse un temps l'idée de devenir prêtre. Il sera enseignant.
- Soif de pouvoir -
Séduit par le marxisme, il découvre la politique à l'université de Fort Hare, la seule ouverte aux Noirs dans l'Afrique du Sud de l'apartheid. En 1960, il s'engage dans la lutte contre le pouvoir rhodésien, blanc et ségrégationniste.
Arrêté quatre ans plus tard, il passe dix années en détention, qui lui laissent un goût amer: les autorités lui refusent d'assister aux obsèques du fils de 4 ans que lui a donné sa première femme, Sally Hayfron, morte en 1992.
Peu après sa libération, il trouve refuge au Mozambique voisin, d'où il prend la tête de la lutte armée, jusqu'à l'indépendance de son pays et son arrivée au pouvoir.
Tout au long de son parcours, il fait preuve d'une détermination et d'une intelligence sans faille.
"Mugabe n'était pas humain", se souvient l'ancien secrétaire britannique aux Affaires étrangères Peter Carrington, qui a négocié avec lui l'indépendance. "Vous pouviez admirer ses qualités et son intellect (...) mais il était terriblement fuyant".
Jusqu'au bout, ses adversaires lui reprochent sa soif inextinguible de pouvoir.
"Mugabe s'est maintenu au pouvoir en (...) écrasant ses opposants, violant la justice, piétinant le droit à la propriété, réprimant la presse indépendante et truquant les élections", estime Martin Meredith, un de ses biographes. Malgré ces critiques, il a toutefois gardé jusqu'au bout son aura de libérateur chez ses voisins africains. Dans la capitale namibienne Windhoek, la longue avenue Robert Mugabe coupe l'avenue Nelson Mandela, prix Nobel de la paix et icône, lui, mondiale.
L'ARMÉE ANNONCE ÊTRE INTERVENUE CONTRE DES PROCHES DE MUGABE
Est-ce un coup d'Etat ? Situation confuse à Harare - Le général Sibusiso Moyo affirme que l'armée n'a pas déposé le président et son gouvernement
Des officiers de l'armée du Zimbabwe ont annoncé être intervenus dans la nuit de mardi à mercredi pour éliminer des "criminels" proches du président Robert Mugabe mais ont démenti toute tentative de coup d'Etat contre le maître absolu du pays depuis 1980.
L'entrée en scène de l'armée intervient en pleine crise ouverte entre M. Mugabe et le chef de l'armée après le limogeage la semaine dernière du vice-président du pays Emmerson Mnangagwa, longtemps présenté comme son dauphin.
Dans un message lu dans la nuit à la télévision nationale, le général Sibusiso Moyo a affirmé que l'armée n'avait pas mené de "coup d'Etat contre le gouvernement".
"Nous ne faisons que viser les criminels qui l'entourent", a-t-il poursuivi, "dès que notre mission sera accomplie, nous nous attendons à ce que la situation retourne à la normale".
"Nous assurons à la Nation que son Excellence le président (...) et sa famille sont sains et saufs et que leur sécurité est garantie", a-t-il également ajouté.
Des échanges de tirs nourris ont été entendus dans la nuit de mardi à mercredi près de la résidence privée de Robert Mugabe dans la capitale Harare, a rapporté sous couvert de l'anonymat à l'AFP un témoin, résident dans le quartier de Borrowdale.
"Peu après 02h00 du matin (00h00 GMT), nous avons entendu environ 30 à 40 coups de feu tirés pendant trois à quatre minutes en provenance de sa maison", a-t-il affirmé.
Mardi, un convoi de blindés avait été observé en mouvement près de la capitale, nourrissant les rumeurs d'un coup d'Etat militaire en préparation contre le président, qui règne sans partage sur le pays depuis son indépendance en 1980.
Dans un communiqué publié tard mardi soir, l'ambassade des Etats-Unis au Zimbabwe avait recommandé à ses ressortissants de rester chez eux "à l'abri" en raison des "incertitudes politiques".
Robert Mugabe, 93 ans, est engagé dans un bras de fer sans précédent avec le chef de l'armée qui a dénoncé lundi sa décision de limoger le vice-président Mnangagwa.
L'armée pourrait "intervenir" si cette "purge" ne cessait pas au sein du parti présidentiel, avait mis en garde devant la presse le chef d'état-major, le général Constantino Chiwenga.
- 'Trahison' -
Le parti du président Mugabe, la Zanu-PF, a accusé en retour mardi le chef de l'armée de "conduite relevant de la trahison" et dénoncé sa volonté de "perturber la paix nationale" et "encourager au soulèvement".
L'ancien vice-président Mnangagwa, 75 ans, a été démis de ses fonctions et a fui le pays, après un bras de fer avec la Première dame, Grace Mugabe, 52 ans. Figure controversée connue pour ses accès de colère, Mme Mugabe compte de nombreux opposants au sein du parti et du gouvernement.
Avec le limogeage de M. Mnangagwa, Grace Mugabe se retrouve en position idéale pour succéder à son époux.
A la tête depuis 37 ans d'un régime autoritaire et répressif, Mugabe a été investi par la Zanu-PF pour la présidentielle de 2018, malgré son grand âge et sa santé fragile. Sous son régime, le Zimbabwe s'est considérablement appauvri et traverse une grave crise économique.
La sortie publique lundi du général Chiwenga, 61 ans, contre le gouvernement est inédite.
"Il est très rare de voir des chars dans les rues", a commenté pour l'AFP l'analyste Derek Matyszak, de l'Institut pour les études de sécurité (ISS) de Pretoria, "Chiwenga a défié Mugabe (...) il est clair que nous observons ici quelque chose de nouveau".
Le général Chiwenga et M. Mnangagwa, qui entretient des liens étroits avec l'appareil sécuritaire du pays, ont tous deux été des figures majeures de la lutte pour l'indépendance du Zimbabwe, au côté de M. Mugabe.
Le sort du chef d'état-major de l'armée restait inconnu tôt mercredi matin.
Avant même les événements de la nuit, le principal parti d'opposition zimbabwéen, le Mouvement pour le changement démocratique (MDC), s'était clairement positionné par avance contre toute prise du pouvoir par des militaires.
"Il n'est pas souhaitable que l'armée prenne le pouvoir. Cela donnera un coup d'arrêt à la démocratie, et ce n'est pas sain pour le pays", a déclaré un haut responsable du parti, Gift Chimanikire.
Cette crise "marque une nouvelle étape alarmante dans la course à la succession" de Mugabe, a relevé l'analyste politique Alex Magaisa.