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26 novembre 2024
Politique
IL FAUT SORTIR LA VERIFICATION DU PARRAINAGE DU CONSEIL CONSTITUTIONNEL
Birame Sène, Directeur de la formation et la communication à la Dge, revient sur le parrainage et ses difficultés mais aussi sur le fichier électoral et ses péripéties. Et dégage des pistes de réflexion.
Le Sénégal s’achemine vers des Assises du système électoral. L’atelier de Saly organisé, le week-end dernier, par le Forum civil au cours duquel des échanges fructueux ont eu lieu va dans ce sens. Le Directeur de la Formation et la communication à la Direction générale des élections (Dge), Birame Sène, revient sur le parrainage et ses difficultés mais aussi sur le fichier électoral et ses péripéties. Et dégage des pistes de réflexion.
Après les Assises de la Justice, il y en aura sans doute pour le système électoral comme promis par les nouvelles autorités. L’atelier de Saly organisé, le week-end dernier, par le Forum civil annonce la couleur puisque les acteurs politiques, l’administration électorale et la société civile étaient présents et ont fait des interventions allant dans le sens de l’amélioration de ce système. Il y a aussi un préalable qui est la nécessaire rationalisation des partis politiques. Le Directeur de la Formation et de la communication à la Direction générale des élections a, d’ailleurs, alerté. «Nous serons bientôt à 400 partis politiques. En février 2024, nous en étions à 366», a dit Birame Sène. Ce dernier a aussi fait une intervention sur le parrainage qui, selon lui, «est un système qui n’est pas mauvais mais qu’il faut parfaire». L’objectif du constituant sénégalais, rappelle M. Sène, est, d’une part la recherche de candidats ayant une certaine représentativité au plan national, et d’autre part l’élimination de candidats fantaisistes. «Mais certains acteurs politiques considèrent le parrainage comme un moyen pour le pouvoir de combattre ses adversaires. Je ne pense que cela soit le cas. Dans toutes les démocraties, il y a des critères de rationalisation qui doivent être acceptés par toutes les parties prenantes», a-t-il indiqué.
Le parrainage de 1963 à 2023, objectif toujours pas atteint
Le magistrat de formation et ancien auditeur au Conseil constitutionnel a fait l'archéologie du parrainage dans la Constitution. Déjà en 1963, souligne-t-il, la loi 63-22 du 7 mars 1963, instituait, à la fois, un parrainage-citoyen et un parrainage par des élus. C’est la formule actuelle depuis la révision de 2023 mais pas avec le même nombre requis. L’article 24, alinéa 2 de cette loi de 1963 disposait : «Aucune candidature n’est recevable si elle n’est accompagnée de la signature de cinquante électeurs dont dix députés au moins». Puis, il y a eu les lois constitutionnelles du 20 juin 1967 et du 6 octobre 1991. La révision constitutionnelle de 2001 conserve le même nombre de parrains que la loi de 1991 mais exempte les partis et coalitions de partis de l’obligation d’être présentés par des électeurs. La révision de mai 2018 fixait un minimum et un maximum (entre 0,8% et 1%). Celle de 2023 exige la signature de 0,6% au minimum et 0,8% au maximum des électeurs, et 8% des députés (13) et 20% des exécutifs territoriaux. Ce parrainage institué par la révision constitutionnelle de 2023 n’a pas fait taire les contestations. Et donc, comme le rappelle le Directeur de la Formation et la communication à la Dge, «l’objectif du constituant sénégalais qui était d’une part, la recherche de candidats ayant une certaine représentativité au plan national et d’autre part, l’élimination en amont des candidatures fantaisistes», n’est pas atteint jusque-là.
Laisser le logiciel valider les erreurs matérielles
L’heure étant aux solutions, Birame Sène a esquissé quelques pistes de réflexion sur l’amélioration du parrainage. «Pour notre part, dès lors que les autres informations sont correctes (n° carte d’électeur, n° CNI, identifiant), le logiciel devrait être paramétré de telle sorte qu’il puisse valider ce genre d’erreurs que les candidats qualifiaient généralement, dans leurs requêtes en contestations, ‘’d’erreurs matérielles’’ et qui, en réalité, nous semblent résulter de simples erreurs de frappe ou de saisie», at-il dit. Le Directeur de la Formation et la communication à la Dge estime qu’il faut «délocaliser la Commission de vérification et de contrôle du parrainage pour l’élection présidentielle» du Conseil constitutionnel, «rationaliser le retrait des fiches de collecte de parrainages, fixer en valeur absolue le nombre de parrains qui est en valeur relative, supprimer le dépôt des fiches physiques et élargir le parrainage des élus à tous les conseillers municipaux et départementaux».
FICHIER ELECTORAL LA SOLUTION RESIDE DANS LA CONCERTATION ENTRE LES ACTEURS
Au cours de l’atelier du Forum civil, il a aussi été question du fichier électoral souvent facteur de divergences et objet de contestations entre opposition et pouvoir notamment. Sa fiabilité reste un enjeu électoral important. Le Directeur de la Formation et la communication à la Dge est parti de 2004 avec la refonte totale du fichier électoral jusqu’en 2018 avec l’audit du fichier électoral de 2018 qui a conclu que le taux d’erreurs était entre 1,241% et 1,989%, que «notre fichier, quoique perfectible, est cohérent et de bonne qualité, une base solide pour l’organisation d’élections». Birame Sène persiste et signe : «Notre système électoral n’est pas mauvais. Il nous a valu trois alternances. Le Président a appelé à des Assises car la solution pour le parfaire réside dans la concertation entre les différents acteurs». Dans ce sens, le régime de Diomaye Faye propose «l’inscription automatique sur le fichier électoral dès la confection de la carte nationale d’identité».
GESTION ELECTORALE LE SENEGAL VERS UN MODELE INDEPENDANT AVEC UNE CENI
Parmi les réformes envisagées, il y a celle du modèle de gestion électorale. Dans un document qu’il a présenté sur cette question à l’atelier du Collectif des organisations de la société civile pour les élections (Cosce) au Radisson Blu, les 1er et 2 juillet derniers, le Directeur de la Formation et la communication à la Dge avait souligné les trois grands modèles de gestion électorale dans le monde : le modèle indépendant, le modèle gouvernemental et le modèle mixte, logeant le Sénégal dans cette dernière catégorie avec la Dge (la branche gouvernementale) et la Cena (branche indépendante). La France, le Cap-Vert, le Djibouti, l’Union des Comores ont le même modèle que le Sénégal. Cependant, il faut souligner que notre pays pourrait glisser vers le modèle indépendant. Le programme Diomaye Président propose «le remplacement de la Cena par une Commission électorale nationale indépendante (Ceni)…».
MIMI FAIT FEU DE TOUT BOIS
L'ancienne Première ministre n'y va pas avec le dos de la cuillère pour critiquer son ancien patron et les responsables de son ancien parti, qu'elle accuse d'être manipulés par Macky Sall dans le but de déstabiliser le nouveau régime
L’ancien Premier ministre et présidente du mouvement Mimi, accuse l’ancien chef de l’État, Macky Sall d’être derrière les attaques des responsables de son parti contre successeur Bassirou Diomaye Faye et le Premier ministre, Ousmane Sonko. En conférence de presse hier, mercredi17 juillet, Aminata Touré n’a pas manqué d’interpeller le président français Emmanuel Macron qui a nommé l’ancien chef de l’État « Envoyé Spécial du 4P»enprécisantqueMackySall ne peut pas continuer à travailler pour vous et diriger un parti politique d’opposition au Sénégal.
La présidente du « Mouvement pour l’intégrité, le mérite et l’indépendance » (Mimi) apporte la réplique à ses anciens camarades de parti de l’Alliance pour la République (Apr) après leur dernière sortie sur les 100 premiers jours de la gouvernance du président Bassirou Diomaye Faye. S’exprimant hier, mercredi 17 juillet lors d’une conférence de presse tenue au siège de son mouvement sur ces 100 premiers jours du Président Diomaye, l’ancienne Premier ministre a accusé son ancien patron et président de l’Apr, Macky Sall d’être derrière les attaques des responsables de son parti contre successeur Bassirou Diomaye Faye et le Premier ministre, Ousmane Sonko. Selon elle, c’est l’ancien chef de l’Etat qui donne directement des ordres que ses anciens collègues à l'Apr exécutent en multipliant des sorties médiatiques dans l’espoir de décrocher une place sur la liste nationale lors des prochaines élections législatives. « Ceux qui en ce moment vitupèrent à l’APR sur le bilan des 3 mois n’ont jamais été nommés dans un gouvernement par Macky Sall, il les manipule à distance et eux-mêmes espèrent être payés en retour par un poste de député sur la liste nationale lors des prochaines élections législatives », confie l’Ancienne Garde des Sceaux, ministre de la Justice, en feu.
Les personnalités un tant soit peu sérieuses à l’Apr vous ne les avez pas vu à leur conférence de presse, elles quittent d’ailleurs le navire en accélérant la cadence », ironise l’ancienne présidente du Conseil économique social et environnemental (CESE), avant d’ajouter : « Ces opérations qui consistent à vouloir sa perle moral des sénégalais en travestissant la vérité sont directement coordonnées à distance par Macky Sall car c’est le seul, je dis bien le seul, qui autorise la tenue de réunion dans sa permanence. Je connais bien ceux qui tenaient la conférence de presse, ils suivent à la lettre la voix de leur maître, ils ne sont que les simples exécutants des instructions de Macky Sall qui compte revenir un jour au pouvoir et je parie avec vous ici que Macky Sall se proposera pour diriger la liste APR/Benno aux prochaines législatives ».
Dissolution de l’Assemblée nationale le 31 juillet
Par ailleurs, l’ancienne Premier ministre a suggéré la dissolution à partir du 31 juillet prochain de l’Assemblée nationale et la tenue des nouvelles élections législatives qui vont permettre aux Sénégalais d’en finir une bonne fois pour tout avec l’ancien chef d’État, Macky Sall et ses partisans. « Cette Assemblée n’a plus de légitimité. Les députés de BBY ont tous été laminés dans leur bureau de vote. À la place du Premier ministre, Ousmane Sonko, je ne ferai pas ma déclaration de politique générale devant ces députés ».
« Ou Macky Sall continue à travailler pour vous et il démissionne de son poste de président de l’APR… »
Poursuivant son propos, la patronne du mouvement Mimi estimant que Macky Sall, « après avoir échoué avec le 3ème mandat et le report de l’élection présidentielle, maintenant, de l’extérieur, ne s’avoue toujours pas vaincu, manœuvre à distance pour troubler la quiétude et la sérénité retrouvées dans le pays ». C’est à cet effet, qu’elle interpelle le président français, Emmanuel Macron. « Nous interpellons son patron, le président Macron : Macky Sall ne peut pas continuer à travailler pour vous et diriger un parti politique d’opposition au Sénégal. Ce serait une immixtion de la France dans les affaires intérieures du Sénégal », a-t-elle martelé avant de lancer toujours à l’endroit du chef d’État français. « Ou Macky Sall continue à travailler pour vous et il démissionne de son poste de président de l’APR ou alors il démissionne du poste d’Envoyé Spécial que vous lui avait octroyé pour rester à la tête de son parti l’APR. Voilà Monsieur Macron ce qui doit être clarifié dans les meilleurs délais ». Loin de s’en tenir-là, Aminata Touré interpellant l’ancien chef de l’État invite ce dernier à dire aux Sénégalais «si oui ou non il touche son indemnité d’ancien président et bénéficie des privilèges alloués aux anciens présidents ».
Bilan des 100 jours de Diomaye-Aminata toure répond a l’APR - «Un régime qui a causé tant de morts peut-il se signaler à l’opinion avec autant d’arrogance… ?»
La présidente du mouvement Mimi apporte son soutien aux familles des victimes de l’ancien régime du président Macky Sall et demande l’annulation de la loi d’amnistie. En conférence de presse hier, mercredi 17 juillet sur les 100 premiers jours du président Bassirou Diomaye Faye, Aminata Touré a accusé les membres de l’ancien régime d’avoir tenté désespérément à faire oublier leurs propres méfaits en s’adonnant de plus en plus à des critiques contre les nouvelles autorités.
L’ancienne Premier ministre, Aminata Touré est formelle. Les sorties de plus en plus récurrentes des membres de l’ancien régime ne sont qu’une stratégie visant à détourner l’attention des Sénégalais sur les méfaits de leur gouvernance pour ne pas rendre des comptes. En conférence de presse hier, mercredi 17 juillet sur les 100 premiers jours du président Bassirou Diomaye Faye et les critiques de ses anciens camarades de partis au sein de l’APR, elle a en effet, accusé ces derniers de tenter désespérément de briser l’élan optimisme né du changement du 24 mars aux allures de délivrance en essayant de noyer les avancées concrètes de notre nouveau régime dans un lot de contre-vérités.
Poursuivant son propos, elle a indiqué que le but de cette manœuvre est d’abord de « faire oublier leurs propres méfaits, notamment la mort d’une soixantaine de jeunes lors des manifestations, les détournements massifs notamment le scandale des 1000 milliards du Fonds Covid clairement mis en évidence dans le rapport de la Cour des Comptes sans compter le pillage du foncier symbolisé par le tong- tong de Mbour 4 ». Ainsi, s’interroge-t-elle, « Comment les tenants d’un régime qui a causé tant de morts et de souffrance peuvent-ils se signaler à l’opinion avec autant d’arrogance alors qu’ils trainent des casseroles géantes ? » Elle a tenu à mettre sévèrement en garde les camarades de l’ancien chef de l’État en annonçant son soutien aux familles des victimes et en demandant la révocation de la loi d’amnistie parla prochaine Assemblée nationale. « Au lieu de demander pardon au Peuple sénégalais, ils pensent pouvoir manipuler l’opinion ! Nous soutenons les familles des victimes et demandons que la loi d’amnistie soit révoquée parla prochaine Assemblée nationale afin que les commanditaires et exécutants des tueries des jeunes manifestants soient traduits en Justice. Que l’enquête sur la disparition des gendarmes Fulbert Sambou et Didier Badji soit diligentée et que l’on sache ce qui leur est arrivé ». Dressant son bilan des 100 premiers jours de la gestion du président Diomaye Faye, elle a procédé à l’énumération d’un certain nombre de réalisations du nouveau régime que selon elle, l’opposition essaye de faire rapidement oublier aux Sénégalais. C’est ainsi qu’elle a cité entre autres, la réduction des prix des denrées de première nécessité qui a soulagé les ménages dans un contexte d’inflation mondiale, Le paiement de la somme de 41 milliards lié aux remboursements des acteurs agricoles avec une bonne gestion de la distribution des semences avec l’aide de l’armée, Le paiement des arriérés de bourse des étudiants, La réaffectation des terrains de Mbour 4. Ils veulent aussi rapidement effacer de la mémoire des sénégalais ; La démission du président de la République des fonctions occupées dans son parti tel qu’il l’avait annoncé lors de la campagne électorale et la renégociation des licences de pêche saluées selon elle par les professionnels du secteur et les populations elles-mêmes
par Fatou Kassé-Sarr
LES SIGNIFIANTS DE LA NOUVELLE COMMUNICATION PRÉSIDENTIELLE
Ce nouveau style axé sur la transparence, l'accessibilité et la proximité avec le peuple, annonce le renouveau dans les relations entre citoyens et dirigeants. Il devra toutefois faire la preuve de son efficacité à travers la gouvernance
La communication joue un rôle crucial en gouvernance, servant de pont entre les dirigeants et les citoyens. L'arrivée au pouvoir du président Bassirou Diomaye Faye marque un tournant significatif dans la communication présidentielle au Sénégal. Ce nouveau style, caractérisé par la transparence, l'accessibilité et la proximité avec le peuple, semble annoncer une ère de renouveau dans les relations entre les citoyens et leurs dirigeants. Le titre de sa dernière prise de parole, "100 jours de progrès pour un Sénégal souverain, juste et prospère", encapsule parfaitement cette vision.
Les ruptures marquantes du nouveau style
Utilisation du wolof comme langue principale : Contrairement à ses prédécesseurs, le président Bassirou Diomaye Faye commence ses discours en wolof avant de passer au français. Cette inversion marque une rupture nette avec la tradition où les présidents s'exprimaient d'abord en français avant de résumer en wolof. Ce choix permet une connexion directe avec la majorité de la population sénégalaise, transcendant les barrières linguistiques et culturelles souvent associées à l'usage du français dans les communications officielles. Cette décision symbolise une volonté salutaire de mieux se faire comprendre par le plus grand nombre. Mais aussi, de souveraineté linguistique et culturelle, renforçant le sentiment d'appartenance nationale.
Transparence et absence de langue de bois : Le président Faye s'efforce de répondre aux questions de manière claire et directe, illustrant ses propos par des exemples concrets. Cette approche pédagogique facilite la compréhension des enjeux nationaux et des actions gouvernementales par le grand public. Contrairement à Macky Sall, qui était souvent perçu comme distant, condescendant et autoritaire, Faye adopte un ton posé, sincère et naturel, évitant les polémiques inutiles.
Accessibilité et proximité avec le peuple : Le respect semble être une valeur cardinale pour le président Faye. Il a exprimé son respect envers les Sénégalais et les médias et a promis de tenir régulièrement des rencontres avec eux. En s'adressant d'abord à la presse sénégalaise pour s’exprimer sur la politique interne, il marque une rupture avec Macky Sall, qui privilégiait les médias étrangers. Le président Faye montre qu'il accorde la priorité aux préoccupations et aux intérêts des Sénégalais : la communication sur les enjeux nationaux doit se faire à l'intérieur du pays, avec ceux directement concernés.
Style Ferme et résolu : Bien que son ton soit posé, doux et ouvert au dialogue, le Président Faye est également très ferme dans son style. Cette fermeté est cruciale pour inspirer le respect et la confiance. Il montre ainsi qu'il est prêt à prendre des décisions difficiles et à s'attaquer aux problèmes avec détermination, tout en restant à l'écoute. Cette combinaison d’ouverture et de fermeté pourrait rassurer les citoyens sur sa capacité à diriger efficacement et à maintenir l’ordre tout en étant juste. De plus, son style compense les critiques sur sa jeunesse et son manque d'expérience de l'État. En se montrant ferme et résolu, il dissipe les doutes sur sa capacité à gouverner un pays comme le Sénégal. Sa communication proactive et son engagement sincère font oublier son âge et son parcours relativement court dans les hautes sphères de l'État, en inspirant plutôt une confiance nouvelle et rafraîchissante.
Cette nouvelle approche illustre une volonté de se rapprocher du peuple, de renforcer la souveraineté nationale, et de privilégier la transparence et l'engagement direct avec les citoyens. Il mise sur la confiance et le respect mutuel, tout en valorisant les ressources et les voix locales.
Les promesses implicites et explicites de cette approche
L’engagement pour la transparence gouvernementale : Le président a lancé plusieurs audits, notamment sur la gestion des ministères, visant à instaurer une culture de reddition de comptes et à éradiquer la corruption. La publication de rapports de la Cour des comptes et de l'Office national de lutte contre la fraude et la corruption (Ofnac) témoigne de cette volonté de transparence.
La Volonté de rapprochement avec les citoyens : En s'exprimant en wolof et en répondant sans langue de bois, le président montre qu'il est à l'écoute des préoccupations des Sénégalais et qu'il souhaite établir un dialogue direct avec eux. Cette approche pourrait contribuer à restaurer la confiance des citoyens envers leurs dirigeants.
Le renouveau dans la gouvernance : Le titre de sa prise de parole et ses actions initiales indiquent une ambition de réformer les institutions pour les rendre plus justes et plus efficaces. Promesses de souveraineté, de justice et de prospérité qui créent cependant des attentes élevées chez les Sénégalais, qui vont attendre que ces paroles se traduisent en actes concrets.
Les implications politiques et sociales
L'ancien régime, sous Macky Sall, était souvent perçu comme distant, arrogant et indifférent aux préoccupations des Sénégalais, avec une communication axée sur les milliards dépensés pour les grands travaux. Cette perception a pu éroder la confiance des citoyens envers leurs dirigeants, créant un fossé entre le peuple et le pouvoir. En contrastant avec cette approche, le président Faye, prend le temps d’informer sur ses intentions, cherche à montrer une réelle empathie et une écoute active envers les Sénégalais.
Un renforcement de la confiance entre le peuple et le pouvoir ? : Cette nouvelle approche pourrait contribuer à restaurer la confiance des citoyens envers leurs dirigeants, un élément crucial pour la stabilité politique et le développement du pays.
Une démocratisation de l'information politique ? : En rendant le discours politique plus accessible et compréhensible, cette nouvelle communication pourrait faciliter l'adhésion aux politiques gouvernementales et améliorer la compréhension des enjeux nationaux par la population.
Une potentielle augmentation de l'engagement citoyen ? : Une communication transparente et accessible peut encourager les citoyens à s'impliquer davantage dans les affaires publiques et à exercer un contrôle plus vigilant sur l'action gouvernementale.
L'impact sur la gouvernance et le rapport politique-peuple
Les bénéfices d’un tel style de communication sont de plusieurs ordres, comme par exemple :
Faciliter l'adhésion aux politiques gouvernementales : En expliquant clairement les actions et les réformes, le président peut obtenir un soutien plus large pour ses initiatives.
Améliorer la compréhension des enjeux nationaux : Les explications pédagogiques et les exemples concrets permettent aux citoyens de mieux comprendre les défis et les opportunités auxquels le pays est confronté.
Renforcer le contrôle citoyen sur l'action publique : Une communication transparente permet aux citoyens de mieux surveiller et évaluer les actions du gouvernement, renforçant ainsi la démocratie.
Analyse de la symbolique des 100 jours
Critiqué par certains, une adresse au peuple à 100 jours de l’accession au pouvoir peut être lue de plusieurs manières :
Rupture avec les pratiques antérieures : En choisissant de faire un bilan à ce moment précis, le président s'inscrit dans une tradition politique tout en marquant une rupture avec les pratiques de son prédécesseur. Cela démontre une volonté de transparence et de reddition de comptes régulière.
Établissement d'un nouveau contrat de confiance : Le titre "100 jours de progrès pour un Sénégal souverain, juste et prospère" et les actions entreprises montrent que le président est déterminé à tenir ses engagements et à instaurer une nouvelle dynamique de gouvernance.
Amorce d'une nouvelle ère de communication politique : Cette prise de parole en wolof, combinée à des réponses claires et directes, symbolise un nouveau style de gouvernance, plus proche des citoyens et plus transparent.
Défis et Limites de cette Approche
Cette approche communicationnelle, à côté des bénéfices, comporte toutefois des défis et un certain nombre de limites si la parole ne suit pas l’action :
Le maintien de la constance dans le temps : La cohérence dans la communication et l'action est essentielle pour conserver la confiance des citoyens. Pour que cette nouvelle approche de transparence et d'accessibilité soit efficace, le président Faye devra par conséquent s'engager à la maintenir tout au long de son mandat.
La gestion des attentes élevées du public : Il sera impératif que ces engagements se concrétisent par des politiques efficaces et des améliorations tangibles dans la vie quotidienne des citoyens. Car les promesses de souveraineté, de justice et de prospérité ont suscité de grandes attentes parmi les Sénégalais.
L’équilibre entre transparence et confidentialité gouvernementale : Trouver cet équilibre est crucial pour assurer la sécurité nationale tout en maintenant la confiance du public. Le gouvernement devra alors naviguer avec soin entre la nécessité de transparence et l'obligation de confidentialité pour certaines décisions stratégiques.
Conclusion : L'Importance de l'adéquation entre Communication et Action
Le nouveau style de communication du président Bassirou Diomaye Faye offre une opportunité de réconcilier les Sénégalais avec leur président et de revitaliser la démocratie du pays. Son approche inspire confiance en lui en tant que leader capable de naviguer avec assurance à travers les défis complexes de la gouvernance, démontrant que la compétence repose non pas seulement sur l'âge ou l'expérience passée, mais aussi sur la vision et la détermination actuelles. Cependant, il est essentiel de rappeler que la communication, aussi efficace soit-elle, n'est qu'un outil au service de la gouvernance. Le véritable test de cette présidence résidera dans sa capacité à transformer ces paroles en actions concrètes pour le bénéfice du peuple sénégalais.
Fatou Kassé-Sarr est DG Labell’Com, agence spécialisée en communication politique, publique et marketing territorial.
par Abdoulaye Seck
DU ZIRCON À LOMPOUL : RÉALITÉ D'UNE LONGUE CATASTROPHE DE L'HISTOIRE
Les populations espéraient beaucoup du projet minier de la GCO. Mais force est de constater aujourd'hui que leurs rêves se sont transformés en désillusion face à des promesses non tenues et des impacts environnementaux et sociaux dévastateurs
Plus d'une décennie d’exploitation et d'extension en zircon dans la zone des Niayes, la Grande Côte Opération SA (GCO) a démarré ses activités extractives dans la Commune de Diokoul Diawrigne précisément dans la zone de Lompoul depuis fin 2022.
Rappelons que l’exploitation des minerais dans la zone des Niayes, notamment à Diogo, avait attiré l’attention des Sénégalais après quatre années d’exploitation, sans grande satisfaction. Le constat est général. On note la présence des routes toujours défectueuses, des pistes latéritiques non entretenues, ce qui provoque le soulèvement de particules. Bref, l’environnement est maussade, sans compter les impactés toujours le désespoir. Aujourd'hui, la GC0, une entreprise minière franco-australienne, déroule actuellement ses activités à Lompoul plus précisément dans le désert. C'est un projet qui concerne la région de Thiès et de Louga au Sénégal. Il est détenu en majorité par le groupe français Eramet.
Lompoul, le théâtre des rêves perdus
En 2021, j'avais alerté dans mon article intitulé : Le projet d'exploitation minière à Lompoul : entre espoir et incertitude. Avant l'arrivée de cette société, les populations de la Commune de Diokoul Diawrigne, n'ayant aucune information concrète, avaient des interpellations et des rêves en errance. Aujourd'hui, la montagne a accouché une souris et la réalité avec des promesses non tenues comme l'emploi des jeunes, les financements et l'accompagnement psychosocial des impactés. En plus, des catastrophes vont impacter l'humanité dans les années à venir dans cette zone.
Dans un passé récent, des autorités étatiques sont allées jusqu'à proférer des menaces, se rangeant catégoriquement dans le camp de la GCO. En effet, certaines font croire à la population que c'est un projet du Plan Sénégal Émergeant (PSE) ; d'autres soutiennent la propagande et la promotion pour des raisons personnelles et purement pécuniaires au détriment de leur peuple.
Nous assistons, de nos jours, à Lompoul à des endroits barrés, où le troupeau a perdu le chemin de la recherche d'endroits fertiles et verdoyants. La GCO exploite aussi des champs sans ou avec des rémunérations modiques ou très insuffisantes. Des maraîchers sont au chômage continu car ils n'ont plus de moyens de subsistance tout en gardant leur dignité. Des agriculteurs qui détenaient par mois ou par année des revenues très importantes se trouvent actuellement dans des situations inconfortables. Ils crient leur ras-le-bol à cause de la baisse de la nappe après le passage de la GCO. Nous assistons aussi à des familles déplacées ou disloquées, laissant derrière des patrimoines ou des souvenirs qui ont participé à forger des humanités. Tout cela à cause de la mauvaise gestion de la société minière.
La société détruit plus qu'elle ne répare...
D'ailleurs, Lompoul sera aux oubliettes. Ce qui faisait notre fierté, notre patrimoine disparaîtra à jamais. Nos futurs enfants vont entendre parler ce fameux bijou avec simplement des photos à l'appui. Le tourisme à Lompoul est mort à cause de la disparition du désert. Depuis plusieurs semaines, la société opère sur les dunes de sable avec tout son matériel, perturbant la quiétude des touristes. Une situation très déplorable.
Combien de familles vont souffrir ? Les vendeuses d'objets d'art qui n'avaient que ce métier pour nourrir leur progéniture, que vont-elles faire maintenant ? Le père au chômage retrouvera-t-il rapidement un travail face aux préoccupations quotidiennes ? Des conséquences très néfastes sur notre vie en société constituent le bilan de la GCO sous le complice de certaines autorités.
Des sources révèlent qu'ils ont programmé un désert artificiel en remplacement à l'œuvre de Dieu. Quelle ignorance ! Pitoyablement, ce désert artificiel se trouve dans une autre commune que celle de Diokoul Diawrigne dans la région de Louga.
La population de Lompoul habite presque sur des dunes de sable. D'ici quelques années, rien ne pourra plus arrêter le vent ou les orages. Nous craignons la destruction de maisons ou de toits. C'est évident. Ce qui nous restait comme bouclier a été raser par la société d'exploitation minière avec son cortège de poussières pouvant occasionner toutes sortes de maladies.
Aujourd'hui, toute la zone de Lompoul est derrière son maire M. Gora Gaye devant une société minière qui ne respecte pas ses engagements de même que les populations.
Cependant, la Commune de Diokoul Diawrigne fait confiance aux nouvelles autorités en l'occurrence Bassirou Diomaye Diakhar Faye, son premier ministre Ousmane Sonko et son ministre de l'Énergie Birame Soulèye Diop. Si elles ne peuvent pas arrêter l'exploitation, ce que la population souhaite pour sauver leur zone, que ces autorités veillent au respect des normes sociales et environnementales pour le bien-être de tous.
par l'éditorialiste de seneplus, alymana Bathily
LA PART DES JOURNALISTES DANS LOI SUR LA PROTECTION DES LANCEURS D’ALERTE
EXCLUSIF SENEPLUS - L'élaboration de la la législation au Sénégal représente un délicat exercice d'équilibre appelant à s'inspirer à la fois des bonnes pratiques étrangères et d'un modèle collaboratif entre lanceurs d'alerte et médias
Alymana Bathily de SenePlus |
Publication 17/07/2024
Le président Bassirou Diomaye Diakhar Faye nous l’a annoncé dès son premier discours à la nation du 3 avril 2024 : " j’engagerai sans tarder une politique hardie de bonne gouvernance économique et financière par la lutte sans répit contre la corruption, la répression pénale de la fraude fiscale et des flux financiers illicites, la protection des lanceurs d’alertes, la lutte contre le détournement de deniers publics et le blanchiment d’argent… ".
Le chef de l’Etat revenait ensuite sur le sujet en Conseil des ministres le 17 avril 2024, demandant au ministre de la Justice de finaliser avant le 15 mai 2024 un projet de loi sur la protection des lanceurs d’alerte.
Une loi portant statut et protection des lanceurs d’alerte
Le président de la République du Sénégal est donc clairement engagé sur le sujet, il ne reste plus qu’à en assurer la mise en œuvre.
Il faut d’abord bien entendu, formuler et adopter une loi exhaustive, comprenant « une définition claire du statut de lanceur d’alerte » et de « son champ d’actions », « des canaux de signalement sécurisés et confidentiels », « des procédures claires de signalement des activités illégales et contraires à l’intérêt général » ainsi que l’indique Jimmy Kandé, directeur de la Plateforme pour la protection des lanceurs d’alerte en Afrique francophone (PPLAAF).
Il ajoute qu’il est indispensable que la loi soit précise « pour que les gens ne puissent pas faire des dénonciations à l’emporte-pièce... »
Quant à Jean-Jacques Lumumba, banquier et lanceur d'alerte congolais à l'origine des Lumumba Papers mettant en cause son ancien employeur et l'entourage de l'ancien président Joseph Kabila, « il souhaite que la loi protège "des gens comme moi qui travaillent à dénoncer des faits qui détruisent des sociétés …"
Les bonnes pratiques internationales
Le législateur sénégalais pourra s’inspirer de nombre de bonnes pratiques à travers le monde.
Il s’agit notamment de celle des Etats-Unis où la pratique du lanceur d’alerte (whistleblower) est née avec la diffusion en 1972 de documents secrets sur la guerre du Vietnam (les Pentagon Papers) par Daniel Ellsberg à travers le Washington Post et le New York Times.
La Cour suprême des Etats-Unis reconnut la prééminence de la loi sur la liberté d’information sur les accusations d’espionnage du gouvernement. On dit plus tard que la publication des Pentagon Papers aura été déterminante pour le développement du mouvement pacifiste qui contribuera à la fin de la guerre.
Elle conduisit à la reconnaissance et à l’encadrement légal de l’activité du lancement d’alerte par l’Etat pour la première fois.
En 1986, le Congrès américain adopta des dispositions spécifiques pour assurer la protection des lanceurs d’alerte en prévoyant notamment des compensations, des remboursements avec intérêts et éventuellement des paiements de dommages et intérêts pour des lanceurs d’alerte qui auraient été indument suspendus de leurs emplois ou licenciés.
En Europe, la directive (UE) 2019/1937 dite « sur la protection des personnes qui signalent des violations du droit de l’Union Européenne » définit son objet, délimite son champ d’application et propose des règles et procédures.
En France, la loi « Sapin 2 » de 2016 concernant « la transparence, la lutte contre la corruption et la modernisation de la vie économique » qui assurait déjà la protection des lanceurs d’alerte, a été renforcée par la Loi du 21 mars 2022 « visant à améliorer la protection des lanceurs d’alerte »
Le rôle des journalistes dans le lancement lanceurs d’alerte
Le lancement d’alerte comporte un biais : celui de la validité de l’information lancée.
A l’heure des médias sociaux avec la recherche effrénée du « clic » et de « l’influence », de la prolifération de la désinformation et même de la manipulation délibérée des opinions, il est indispensable de recouper et de vérifier l’information des lanceurs d’alerte. D’autant que ceux-ci sont le plus souvent non pas des journalistes mais des citoyens ordinaires.
Il est donc recommandé de s’organiser pour vérifier l’allégation ou l’information que détient le lanceur d’alerte avant de la diffuser. On pourrait pour ce faire se référer au modèle établi par Wikileaks.
Quand en 2010 le lanceur d’alerte (le soldat Chelsea Manning) a fourni à Wikileaks 250 000 documents militaires portant sur les guerres américaines contre l’Irak et contre l’Afghanistan et de centaines de milliers d’autres rapports de guerre, des télégrammes et correspondances des agences d’espionnage, c’est à 5 titres de presse écrite « mainstream » de pays différents : The New York Times (USA), The Guardian (Grande Bretagne), Der Spiegel (Allemagne), El Pais (Espagne) et Le Monde (France) que Julian Assange a livré ces documents.
Les journalistes de ces 5 quotidiens partenaires ont mis en place un consortium de 120 journalistes et ont d’abord sélectionné les documents qui leur semblaient contenir de vraies informations puis les ont « expurgé » (notamment de noms d’individus susceptibles d’être mis en danger) avant de les envoyer à Wikileaks pour publication et de les diffuser eux-mêmes.
Des 250 000 documents, ils n’auront retenu pour publication que 1 897. C’est du fait de ce traitement que ni Wikileaks ni aucun des 5 journaux n’a pu être poursuivi pour diffusion de fausses nouvelles.
C’est pour « atteinte à la sureté de l’État », « atteinte aux efforts diplomatiques et aux relations des USA à travers le monde » que le ministère de la Justice américain a cru pouvoir poursuivre et traquer Julian Assange pendant 14 ans, avant de se résoudre à abandonner ces accusations.
Le modèle de collaboration lanceur d’alerte et journalistes au Sénégal
Le modèle Wikileaks de collaboration entre lanceurs d’alerte et journalistes a fait école. Il a été ainsi mis en œuvre notamment pour les Panama Papers et pour les Swiss Leaks.
On devrait l’adopter au Sénégal. La Plateforme pour la protection des lanceurs d’alerte en Afrique francophone (PPLAAF) comme elle le propose d’ailleurs déja, serait le réceptacle initial de toutes les alertes. À charge pour elle, en association avec des journalistes d’organes divers et de fact-checking, de les vérifier et valider avant publication.
AU MALI, UNE VIDÉO DÉVOILE UN ACTE DE CANNIBALISME PRÉSUMÉ AU SEIN DE L'ARMÉE
Les images montrent un homme en uniforme militaire malien éventrer un cadavre et annoncer son intention de dévorer le foie de la victime, sous les rires graveleux de ses compagnons d'armes. L'état-major annonce une enquête
(SenePlus) - Une vidéo particulièrement choquante a fait surface mardi 16 juillet 2024, sur les réseaux sociaux au Mali, suscitant l'indignation et des interrogations sur les pratiques des forces armées maliennes. Selon les informations de Radio France Internationale (RFI), cette vidéo montre un homme en uniforme militaire malien éventrer un cadavre avec une machette, annonçant son intention de manger le foie de la victime.
Dans ces images insoutenables, décrites par RFI, l'homme en treillis, arborant l'insigne des Forces armées maliennes (FAMA), est entouré d'autres soldats qui semblent approuver son geste macabre. Certains rient même, réclamant leur part du "petit-déjeuner" ignoble, allant jusqu'à demander le cœur de la victime.
Bien que le lieu et la date exacts de l'enregistrement restent incertains, RFI cite des sources sécuritaires, communautaires et des organisations de défense des droits humains qui situent l'incident soit à Sokolo, dans le cercle de Niono, en juin 2022, soit à Mourdiah, près de la frontière mauritanienne, en mai dernier. D'autres sources évoquent le secteur de Léré au cours des dernières semaines.
RFI rapporte que pendant ces périodes, les FAMA avaient repoussé des attaques du Groupe de soutien à l'Islam et aux musulmans (JNIM), lié à Al-Qaïda, et exhibé des corps éventrés et émasculés de jihadistes tués au combat.
Ces images d'actes cannibales présumés sont sans précédent concernant l'armée malienne. L'état-major général des armées a publié un communiqué ce soir, se démarquant de cette vidéo et assurant que "ces pratiques sont contraires à l'éthique, aux valeurs, us et coutumes de notre armée".
L'Etat-Major Général des Armées informe l'opinion nationale qu'une vidéo d'une rare atrocité assimilable à du cannibalisme circule sur les réseaux sociaux depuis ce matin Mardi 16 Juillet 2024. pic.twitter.com/EroFlPSES6
Cependant, cet incident n'est pas le premier du genre au Mali. En 2019, une vidéo montrant des chasseurs traditionnels dozos découpant le foie d'un cadavre pour l'offrir à leur chef avait déjà choqué les Maliens. Les dozos, connus pour leurs amulettes et leurs prétendus pouvoirs magiques, servent régulièrement de supplétifs à l'armée régulière dans les opérations menées dans le centre du pays.
Selon une source sécuritaire malienne citée par RFI, "plusieurs cas similaires ont été signalés récemment à la hiérarchie". Cette source met ces atrocités sur le compte de la dureté du terrain et de ses conséquences sur le psychisme des soldats.
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GUYS MARIUS SAGNA SECOUE LA CEDEAO
Sans détour, le député sénégalais décrit une organisation déconnectée des réalités, incapable de répondre aux défis de la région. Économie en berne, jeunesse sacrifiée, sécurité compromise : il brosse un tableau sans complaisance
Dans une intervention poignante devant le Parlement de la CEDEAO, le député sénégalais Guy Marius Sagna a dressé un tableau sombre de l'organisation régionale, pointant du doigt ses dysfonctionnements majeurs et appelant à une refonte urgente.
Sagna a d'abord souligné l'incapacité de la CEDEAO à résoudre les problèmes cruciaux qui appartiennent à tous ses États membres : santé défaillante, insécurité alimentaire, éducation inadéquate et sécurités menaces persistantes.
Le député a ensuite relevé le manque d'attractivité croissant de l'organisation, illustré par la faible participation des parlementaires à ses sessions. Plus alarmant encore, il a évoqué le retrait récent de trois pays membres, un échec cuisant à l'approche du 50e anniversaire de la CEDEAO.
Sagna n'a pas mâché ses mots concernant les politiques économiques de l'organisation, accusant les accords de partenariat avec l'UE de sacrifier les économies locales et de pousser la jeunesse ouest-africaine à l'émigration périlleuse.
Enfin, le parlementaire a lancé un appel vibrant à la refondation de la CEDEAO, exhortant à une transformation profonde pour en faire une véritable organisation des peuples, et non plus un simple club de chefs d'État.
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L'ACHOURA, UNE CÉLÉBRATION AU MILLE VISAGES
La Tamkharite se révèle être un miroir fascinant de la diversité de l'Islam. Elle rappelle que la foi, loin d'être monolithique, s'exprime à travers une myriade de traditions, alliant le sacré et le profane dans une danse éternelle
(SenePlus) - Dans le tourbillon du calendrier musulman, le 10e jour de Muharam se dresse comme un phare spirituel, illuminant les cœurs et les foyers du monde islamique. L'Achoura, cette fête aux multiples facettes, dévoile un kaléidoscope de traditions qui transcendent les frontières et les cultures.
Au Sénégal, l'arôme envoûtant du couscous s'élève des maisons, annonçant des festins dignes des Mille et Une Nuits. Les tables ploient sous le poids de mets variés, du napé de sauce tomate au couscous noyé dans des flots de lait, sans oublier les douceurs parsemées de figues et de raisins secs. Mais gare à la gourmandise excessive ! Ces agapes généreuses peuvent parfois se terminer par une visite impromptue aux urgences.
Pourtant, derrière ces réjouissances culinaires se cache une profonde signification spirituelle. L'Achoura est avant tout un temps de recueillement et de dévotion. Les fidèles s'adonnent à la récitation de la sourate al-iklas, cherchant la miséricorde divine. La générosité envers les orphelins et la famille est encouragée, promettant des bénédictions pour l'année à venir.
Pour la communauté chiite, l'Achoura revêt une dimension plus sombre. Elle commémore le martyre de l'imam Hussein, petit-fils du Prophète, lors de la bataille de Kerbala. Les rues résonnent alors de lamentations et de gestes d'autoflagellation, témoignant d'une ferveur religieuse intense.
Les sunnites, quant à eux, observent généralement un jeûne recommandé, voyant dans cette pratique une forme d'expiation et de purification spirituelle.
Mais l'Achoura ne serait pas complète sans son versant profane. Dans certaines régions, la solennité religieuse cède la place à des célébrations hautes en couleur. Les rues s'animent de déguisements extravagants et de manifestations folkloriques bruyantes, créant un contraste saisissant avec la dimension sacrée de l'événement.
Ainsi, l'Achoura se révèle être un miroir fascinant de la diversité de l'Islam. Elle nous rappelle que la foi, loin d'être monolithique, s'exprime à travers une myriade de traditions, alliant le sacré et le profane dans une danse éternelle. Qu'elle soit vécue dans le recueillement ou l'exubérance, l'Achoura demeure un moment privilégié de communion et de réflexion pour des millions de musulmans à travers le monde.
PATRICK CHAMOISEAU, INSURGÉ DES LANGUES
Héritier de la "créolité", il appelle à faire voler en éclats les carcans linguistiques hérités du colonialisme. Une quête fertile d'un "imaginaire multi-trans-linguistique" pour briser les hiérarchies sclérosantes
(SenePlus) - Écrivain majeur des Antilles, Patrick Chamoiseau ne cesse d'interroger le rapport aux langues à travers son œuvre couronnée par le prix Goncourt en 1992 pour Texaco. Héritier d'Aimé Césaire et d'Édouard Glissant, il a contribué à forger le concept de "créolité", plaçant la langue créole au cœur d'un projet d'émancipation face à la domination du français.
Dans une interview parue sur le site de l'Unesco, l'auteur martiniquais revient sur son expérience fondatrice du "mutisme" scolaire, brutal heurt avec la norme linguistique imposée. "Le créole habitait mon esprit, structurait mon imaginaire. Me l'interdire revenait à me lobotomiser", confie-t-il, évoquant la violence de cette coupure d'avec sa langue maternelle.
"Pour justifier leur exploitation, les colonisateurs avaient développé un Grand Récit justificateur dans lequel ils avaient sacralisé leurs langues comme seuls moyens d'accès à la civilisation", décrypte le romancier. Une hiérarchisation cautionnée par les colonisés eux-mêmes dans un "contre-discours" visant à réhabiliter leur idiome.
Faire émerger une "parole vraie" dans ce contexto diglossique représentait un défi de taille. "Ce que j'ai appris, c'est qu'il ne faut pas hiérarchiser les langues, mais tendre vers un imaginaire multi-trans-linguistique, riche de toutes les langues du monde", plaide Chamoiseau.
Lui qui écrit "en présence de toutes les langues", à l'instar d'Édouard Glissant, prône la maîtrise d'un "langage" transgressant les carcans académiques. "Le langage brise l'orgueil des langues, leur sacralisation, pour les ouvrir à leurs insuffisances, leurs indicibles, et les forcer à désirer la présence d'autres langues."
Dépassant la simple réconciliation de l'oral et de l'écrit, l'auteur de Texaco appelle à un nouvel "imaginaire post-occidental" intégrant jusqu'aux langues du vivant - "des végétaux, insectes, animaux". Une quête de "Relation" brisant les séparations héritées de la pensée coloniale.
"À l'aube de tout geste créateur, il faut une catastrophe symbolique, une déroute de ce qui régente notre esprit", martèle Chamoiseau. La "nuit" du conteur créole désserrant l'étau pour laisser fleurir les possibles refoulés.
Si Frankétienne et Glissant ont ouvert la voie, le défi pour la nouvelle génération sera d'incarner cette "poétique du désir-imaginant de toutes les langues". Une ambition universelle, pardessus les "marqueurs identitaires", pour donner corps à la "Diversalité" chère à Chamoiseau.
Dans cette perspective, son dernier roman Le Vent du Nord explore la forme d'un "organisme narratif" décloisonnant les genres, par-delà la tyrannie du "récit" rassurant mais étriqué. Un pas de plus vers l'insurrection d'imaginaires émancipés, à l'opposé des "Grands Récits totalitaires" enserrant le réel dans leurs carcans.
L’IMPOSSIBLE MISSION DE BATHILY
Son réseau et sa connaissance fine des dossiers sahéliens en feront un atout précieux. Cependant, convaincre les pays de l'AES ne sera pas une mince affaire au vu de leur détermination et du contexte géopolitique régional en pleine évolution
Abdoulaye Bathily est le nouvel Envoyé spécial du président Bassirou Diomaye Faye pour les questions internationales. C’est le chef de l’Etat sénégalais qui en a fait la révélation après avoir été interpellé sur sa mission de médiateur de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) auprès des Etats de l’Alliance du Sahel (AES). C’était lors de son entretien du 13 juillet 2024 avec la presse locale à Dakar.
« J’ai pu convaincre le professeur Abdoulaye Bathily (de devenir) mon Envoyé spécial. Pas seulement sur cette mission de médiation dans laquelle la Cedeao m’a impliqué mais aussi sur d’autres missions pour lesquelles j’aurai besoin de son expérience, de sa respectabilité et de sa stature », a expliqué le président Faye.
Dans son dernier ouvrage, « Passion de liberté », qui constitue en somme ses mémoires, Abdoulaye Bathily se définit en « médiateur volontaire au service de l’Afrique » car il considère que c’est son devoir de « travailler à l’amélioration des rapports du Sénégal avec ses voisins ». Ici, il ne s’agira pas de cela car l’objet de la médiation à laquelle l’invite le président Faye semble plus compliquée qu’un sujet bilatéral.
Le 6 juillet dernier, le Mali, le Burkina Faso et le Niger ont lancé à Niamey la Confédération de l’Alliance des Etats du Sahel après avoir annoncé auparavant leur départ du bloc ouest-africain. Ils protestent contre les influences extra-communautaire qui, selon eux, détournent l’institution de ses responsabilités fondamentales de protection envers ses membres et, donc, de ses objectifs. Des critiques balayées le lendemain par la Cedeao au cours d’un sommet tenu à Abuja et au terme duquel le Sénégalais Bassirou Diomaye Faye et le Togolais Faure Gnassingbè ont été désignés co-médiateurs pour tenter de rapatrier les pays de l’AES dans le giron ouest-africain.
Expérience et réseaux
Abdoulaye Bathily est un bon connaisseur des crises politiques d’Afrique subsaharienne, en particulier ouest-africaine. Son statut de professeur d’histoire émérite, sa maitrise des rouages fonctionnels des organisations continentales comme l’Union africaine et ses fonctions récentes de Représentant spécial du secrétaire général des Nations unies dans plusieurs dossiers en font un homme d’expérience et de réseaux. Mais cela suffira-t-il pour tirer remettre les pays de l’AES dans le train de la Cedeao ?
La mission de l’ancien ministre sénégalais de l’Environnement est particulièrement périlleuse si l’on tient compte de la détermination sans faille que le Mali, le Burkina Faso et le Niger affichent, partout et en toutes circonstances, dans leur volonté de mettre en oeuvre la Confédération des Etats de l’AES. Abdoulaye Diop, le chef de la diplomatie malienne, a déclaré à plusieurs reprises que la direction prise par les trois pays est « irréversible », demandant au passage de « cesser de regarder dans le rétroviseur ». Sous cet angle, la question de la marge de manœuvre dont pourrait disposer Abdoulaye Bathily est incontournable.
« Il connait bien les questions militaires et sécuritaires propres au Sahel, souligne Alioune Tine, président du think-tank Afrikajom Center. A cet égard, il peut rendre plus intelligibles pour Faye et Gnassingbè le contexte et les faits qui ont poussé les Etats de l’AES à cette rupture avec la Cedeao. A mon avis, il ne pourra pas faire plus que cela ».
Jusqu’en avril 2024, Abdoulaye Bathily était l’Envoyé spécial pour la Libye et chef de la Mission d’appui des Nations unies. Avant de démissionner, il aura dénoncé à maintes reprises l’égoïsme et la mauvaise foi des chefs de factions libyennes qui se disputent le pouvoir dans ce pays saucissonné en provinces autonomes et ravagé par des rivalités politico-tribalistes depuis les bombardements de l’OTAN et l’assassinat du colonel Mouammar Khadafi en 2011.
C’est sur les décombres libyens qu’est née la crise sécuritaire et politique au Mali avant sa propagation au Niger et au Burkina Faso. Autant de contextes dans lesquels La France a été accusée de duplicité par sa propension à soutenir des « régimes corrompus » dans ces trois pays tout en faisant émerger des forces terroristes au service de son agenda géopolitique dans le Sahel. Le coup d’Etat militaire contre Ibrahim Boubacar Keïta est le point de départ de ses déboires dans la région ouest-africaine.
Limites d’une médiation
Dans cet imbroglio, le diplomate Abdoulaye Bathily, sera sans doute reçu par les autorités maliennes, nigériennes et burkinabè. Il décrochera certainement des audiences avec Assimi Goïta à Bamako, Abdourahamane Tiani à Niamey et Ibrahim Traoré à Ouagadougou. Sa stature de militant des causes progressistes en Afrique lui en donnerait droit en conformité avec les orientations panafricanismes des régimes de l’AES. Mais à quoi cela servirait-il au regard de la « radicalité » et de la trajectoire « irréversible » qui encadrent le projet de mise en oeuvre de la Confédération de l’AES ?
« Il existe encore des canaux de discussion entre la Cedeao et l’AES, comme l’a dit Abdoulaye Diop. Cependant, il faut prendre en compte un facteur extrêmement important : l’AES tend à devenir un ensemble protégé par la Russie », souligne Alioune Tine. Un constat qui le projette déjà dans le futur.
« Le Cedeao a besoin d’être réformée en profondeur. Et si elle a le courage d’aller dans cette direction, il serait possible de faire émerger un nouveau cadre institutionnel dans lequel les pays de l’Alliance des Etats du Sahel pourraient se retrouver ».
Selon Tine, il faut connecter la question de l’AES au contexte plus large de la crise géopolitique interminable entre l’Occident et la Russie. « C’est un transfert de conflit dans le Sahel comme aire d’influences diverses dans laquelle la France et ses alliés perdent du terrain au profit de Moscou ».
Après avoir bourlingué aux quatre coins de l’Afrique en missi dominici au service des résolutions de conflit, Abdoulaye Bathily revient au bercail de ses origines sahéliennes. Dans son ouvrage précité, il estime que les dictatures et les coups d’Etat militaire font naturellement reculer la démocratie et l’exercice des libertés civiles et politiques. Mais il arrive, comme dans le cas du Nigeria selon lui, que les distorsions de l’ordre constitutionnel favorisent l’émergence de « personnalités progressistes » utiles à l’émancipation des peuples africains. Goïta, Tiani et Traoré ?