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19 avril 2025
Politique
AMADOU BA DÉNONCE LES VIOLENCES ET APPELLE À LA PAIX
Le président de la Coalition Jamm ak Njariñ exhorte les autorités à garantir la sécurité de tous les citoyens et invite les acteurs politiques à promouvoir une compétition respectueuse et pacifique.
Alors que la campagne pour les élections législatives anticipées atteint son apogée, Amadou Ba, Président de la Coalition Jamm ak Njariñ, a pris la parole pour dénoncer les violences verbales et physiques qui ont marqué le climat électoral ces derniers jours. Dans une déclaration solennelle, il a fermement condamné ces « scènes inacceptables de violence » qui menacent la paix et la stabilité du Sénégal.
Amadou Ba a lancé un appel direct aux autorités, en particulier au Président de la République, les exhortant à mettre en place toutes les mesures nécessaires pour assurer la sécurité de chaque citoyen, sans distinction. « La protection de nos vies et de notre liberté d’expression doit être une priorité absolue », a-t-il affirmé, insistant sur l’importance de préserver la tranquillité et la sécurité des Sénégalais, en particulier dans cette période électorale sensible.
S’adressant aux acteurs politiques, Amadou Ba a appelé à la responsabilité individuelle et collective, plaidant pour une expression démocratique empreinte de respect et de dignité. « Il est de notre responsabilité de défendre nos idées avec élégance et de bannir à jamais les affrontements physiques dans l’espace politique », a-t-il souligné. Pour Amadou Ba, la campagne électorale doit rester un moment d’échanges d’idées et de propositions concrètes pour le bien-être des citoyens.
Le président de la Coalition Jamm ak Njariñ a également rappelé les traumatismes récents vécus par le pays et la nécessité de rompre avec tout cycle de violence. Les Sénégalais, selon lui, attendent des solutions aux défis socio-économiques actuels, plutôt que des démonstrations de force qui divisent davantage. « Cette campagne doit se terminer dans la paix, la sérénité et le respect mutuel, afin de permettre à chaque citoyen d’exprimer librement son opinion et de participer pleinement à ce moment démocratique en toute sécurité et transparence », a-t-il conclu.
IL SEMBLERAIT QUE DANS NOTRE CONCEPTION DE LA POLITIQUE, LA VIOLENCE SOIT DEVENUE UNE NORME
Dr Cheikh Guèye, Secrétaire Général du Cadre Unitaire de l’Islam au Sénégal (CUDIS), a fermement condamné les récents actes de violence qui ont secoué le pays.
Dr Cheikh Guèye, Secrétaire Général du Cadre Unitaire de l’Islam au Sénégal (CUDIS), a fermement condamné les récents actes de violence qui ont secoué le pays. « Le Sénégal devrait impérativement transcender ces épisodes troublants. Nous avons déjà traversé des moments difficiles entre mars 2021 et mars 2024, durant lesquels nous avons enregistré des blessés, des décès et d’importants dégâts matériels », a-t-il déclaré lors de son intervention sur la matinale « Salam Sénégal » de la RSI.
Il a exprimé sa surprise face à la recrudescence de ces violences, soulignant que les élections législatives auraient dû être un moment d’unification. « Le premier parti au Sénégal devrait incarner le parti de la paix, et nous devrions tous nous identifier à ce parti. Malheureusement, il semble que nos dirigeants politiques aient oublié cet impératif », a-t-il ajouté.
Dr Cheikh Guèye a également souligné la nécessité de s’interroger sur les raisons pour lesquelles, depuis l’époque de Senghor, le Sénégal n’a jamais connu un espace politique apaisé. « Les violences, qu’elles soient physiques ou verbales, font partie intégrante de notre paysage politique. Il semblerait que dans notre conception de la politique, la violence soit devenue une norme », a-t-il affirmé. Malgré les alternances et les élections régulières, il a constaté un manque de débat apaisé. « La violence semble inextricablement liée à nos élections, ce qui constitue un échec pour notre démocratie. Il est grand temps d’aborder cette problématique avec sérieux et de chercher des solutions », a-t-il insisté.
Il a également exprimé ses préoccupations concernant l’état des partis politiques au Sénégal, affirmant qu’il ne reste plus de véritables partis au sens traditionnel du terme. Selon lui, il est impératif que les médias jouent leur rôle de médiation, tout en rappelant que les acteurs politiques doivent assumer leurs responsabilités. « Si cette situation perdure, nous risquons d’avoir une Assemblée nationale similaire à celle que nous avons connue précédemment », a-t-il averti.
Concernant la criminalité liée à l’homosexualité, Dr Cheikh Guèye a précisé : « Nous ne pouvons pas aller au-delà des propos que le président de la République a tenus au Premier ministre luxembourgeois. » Sur la question du génocide en Palestine et au Liban, il a salué la position du Sénégal, affirmant qu’il est crucial de ne pas faire de calculs économiques ou politiques, mais de considérer cela comme une question humanitaire. « Les déclarations ne suffisent pas ; des actes concrets sont nécessaires, y compris, si nécessaire, la suspension de nos relations diplomatiques », a-t-il déclaré.
Pour promouvoir la paix et l’unité, Dr Cheikh Guèye a annoncé l’organisation de prières à l’Institut islamique. Il a également réagi aux déclarations de certains hommes politiques concernant la présence des étrangers au Sénégal : « Le Sénégal est un pays d’unification où se côtoient presque toutes les nationalités d’Afrique, et nos concitoyens sont également présents sur tout le continent. Il est dangereux de tenir un discours qui désigne du doigt nos frères et sœurs. Ensemble, nous devons œuvrer à bâtir un Sénégal de paix et d’harmonie », a-t-il conclu.
OUSMANE SONKO DÉFIE LE PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE…
Les propos d'Ousmane Sonko et son post via Facebook, suscitent des réactions. Pour Abdoul Mbaye, le leader de Pastef a défié ouvertement le président de la République.
Les propos d'Ousmane Sonko et son post via Facebook, suscitent des réactions. Pour Abdoul Mbaye, le leader de Pastef a défié ouvertement le président de la République.
«En appelant à la violence contre Diaz et ses partisans, Ousmane Sonko défie le Président de la République qui appelait à une campagne apaisée, également les forces de l’ordre qu’il n’a jamais respectées», a publié Abdoul Mbaye. Sur ses plateformes numériques, l’ancien premier ministre estime que Sonko défie aussi «un Peuple qui lui a assez donné de morts pendant qu’il simulait son martyr.» Pour lui, il «est urgent de stopper ses nombreuses dérives. »
SONKO EN COLERE DETERRE LE «GATSA-GATSA»…DENONCE UN ETAT FAIBLE ET APPELLE A L’ASSAUT DE DIAS A DAKAR
La dernière semaine de campagne des législatives entamée ce lundi a pris soudainement un virage violent. Une nouvelle violence a été notée hier entre les coalitions de Pastef et Saam Sa Kaddu à StLouis.
La 3ème agression subie par Pastef hier à Saint-Louis après celle de Dakar et Koungheul a provoqué une grande colère de la tête de liste de Pastef Ousmane Sonko. Ce dernier a décidé hier à Rufisque de déterrer « le gatsa-gatsa » pour répondre à la série de provocations qui viendraient de la coalition Saam Sa Kaddu dirigée par Barthélémy Dias. Ousmane Sonko a tout simplement dénoncé « un Etat faible » qui laisse prospérer la violence. Ce que Pastef ne saurait accepter et surtout qu’il sera question d’une riposte à la dimension de la provocation. Sonko a décidé de rester le restant de la campagne à Dakar dans le fief de Barthélémy Dias.
La dernière semaine de campagne des législatives entamée ce lundi a pris soudainement un virage violent. Une nouvelle violence a été notée hier entre les coalitions de Pastef et Saam Sa Kaddu à StLouis. Ousmane Sonko a révélé hier que des blessés graves ont été enregistrés dans les rangs de sa formation politique. Cette violence porte tout simplement l’empreinte de Barthélémy Dias. Alors hier à Rufisque, Ousmane Sonko a affiché sa colère, mais surtout a tenu à dénoncer la faiblesse de l’Etat qui laisse surtout Barthélémy Dias semer une sorte de terreur politique partout dans le pays sans que l’Etat ne réagisse vigoureusement. « A St-Louis des patriotes ont été gravement blessés à l’arme blanche par Barthélémy Dias et sa coalition. Ce pays a changé. J’ai le droit en tant que Premier ministre d’interpeller et de donner des ordres aux ministres de la Justice et de l’Intérieur. Je suis une autorité politique, et leur chef. Ils dépendent de moi, je peux leur demander de poursuivre une personne. Mais je n’ai pas appelé ces deux ministres en tant que Premier ministre, mais en tant que candidat de la coalition Pastef. J’ai appelé bien avant le ministre de l’Intérieur pour l’informer que Barthélémy Dias a acheté des armes, des grenades, des armes blanches pour uniquement attaquer le convoi de Pastef. J’ai aussi appelé le ministre de la Justice. Aucune réaction vigoureuse n’a été faite pour arrêter cette posture de Barthélémy Dias. Cela s’est traduit par 3 agressions de Pastef à Dakar, à Koungheul et à St-Louis ce lundi. C’est la faillite de l’Etat. Parce que c’est l’Etat qui doit garantir la sécurité de Pastef le plus grand parti du Sénégal » vitupère Ousmane Sonko devant une marée humaine à Rufisque.
Barthélémy Dias et Saam Sa Kaddu ne feront plus campagne, le « gatsa-gatsa » déterré.
Poursuivant la tête de liste de Pastef de noter que « Barthélémy Dias est impoli, tout comme son père. Pendant presque 15 ans, toutes les sources de violence de ce pays viennent de Barthélémy Dias. Cela va cesser. Le reste de la campagne, je vais le faire dans la zone de Vélingara pour terminer en beauté. Barthélémy Dias et Cie ne feront plus campagne dans ce pays. Le « gatsa-gatsa » n’est pas fini dans ce pays. Nous n’accepterons plus aucune violence contre un élément de Pastef. C’est quelle justice nous avons dans ce pays. J’ai interpellé le président de la République. Je ne vais plus accepter une telle situation, c’est fini, c’est fini. Nous répondrons par le « gatsa-gatsa ». Ils cherchent à nous faire réagir pour nous faire porter le chapeau de la violence au sein de l’opinion nationale et internationale. Pendant 10 ans d’opposition, nous avons toujours adopté une posture de non-violence, mais nous avons le droit à la résistance. Un Etat ne doit pas être faible. Ce qui se passe au Sénégal, personne n’osait le faire du temps de Senghor, de Diouf, de Me Wade et de Macky Sall. Un pays on le gouverne dans le droit et dans la discipline. Les insultes à longueur de journée contre Ousmane Sonko, c’est terminé dans ce pays ». Le leader de Pastef de donner rendez-vous à partir ce mardi à tous les pastéfiens de Dakar, de Guédiawaye, de Pikine, de Keur Massar et de Rufisque à Dakar pour le restant de la campagne. « Nous allons battre campagne jusqu’au fief de Barthélémy Dias à Baobab et dans tous Dakar pour lui démontrer qu’on va le battre sur le terrain et dimanche à travers les urnes » a-t-il conclu hier à Rufisque.
PAR Aoua Bocar LY-Tall
HOMMAGE À CHEIKH IBRAHIMA NIANG
EXCLUSIF SENEPLUS - Héritier spirituel de Cheikh Anta Diop, il a consacré sa vie à la recherche et à l'enseignement, tout en gardant une humilité exemplaire. J’ai eu le privilège de le connaître et le don de Dieu de faire partie de ses proches et ami-e-s
Un éminent Cheikh Anta'iste, Professeur Cheikh Ibrahima Niang a pris son envol pour l'éternité en ce 9 novembre 2024.
Connaître certaines personnes est un privilège.
Faire partie de leurs ami-e-s, de leurs proches est un don de Dieu (mayyu Yallah ou Dokke Allaah). Al hamdoulilahi ! Ce fut mon cas avec Cheikh Niang (comme l'appelaient les ami-e-s). J’ai eu le privilège de le connaître et le don de Dieu de faire partie de ses proches et ami-e-s. Quand affichant un large sourire, les yeux pétillants d’affection, Cheikh me disait : ‟HAoua”, appuyant sur le H, j'avais l'impression qu'il chantait mon nom. En fait, comme à l'égard de beaucoup de gens pour ne pas dire de tout un chacun, il transmettait ainsi sa bonté.
C'est dire que Cheikh Ibrahima Niang fut un frère, un grand ami, un camarade de classe et un compagnon de lutte politique dans le RND. Nous avons étudié ensemble au Département de Philosophie de l’Université Cheikh Anta Diop (Ch.A.D), puis, à l'Institut des Sciences de l'Environnement (ISE) créé par la Belgique au Sénégal et basé à la Faculté des Sciences de l’Université Ch.A.D.
Cheikh Niang et moi avions tellement évoqué le nom de Cheikh Anta Diop dans nos cours que tout le corps professoral de l'ISE décida de nous suivre pour aller le rencontrer. Il nous fit une présentation détaillée du Laboratoire Carbone 14. Tout un cours multidisciplinaire !
Les professeurs belges furent épatés par l’étendue de son savoir et aussi, étonnés de découvrir un scientifique de sa stature tout prêt de leur Institut sans avoir jamais avoir entendu parler de lui. Quand nous sortîmes de l’ISE, l'un d'eux me serra dans ses bras en me disant : "Merci Aoua et toi aussi Cheikh de nous avoir fait découvrir ce savant hors pair. Nous n'aurions jamais pu imaginer son existence au Sénégal et celui d’un Laboratoire Carbone 14."
Cheikh Niang fut un militant engagé du Mouvement étudiant au Rassemblement National (RND), parti fondé par le Professeur Cheikh Anta Diop en 1976. C’est un éminent Cheikh Anta'iste.
Même s'il n'avait pas pu y assister pour des raisons de santé, il avait donné son accord pour participer au Symposium de la célébration citoyenne du CENTENAIRE de Cheikh Anta Diop.
Il était membre du Comité scientifique. Aussi, il était prêt à produire un texte pour les Actes du Symposium. Dieu en a décidé autrement, mais l'intention vaut l'action.
Cheikh Niang était un homme pétri de valeurs humaines (humilité, bonté, gentillesse, générosité, etc.). D'une subtile gentillesse et d'une grande générosité matérielle et scientifique, à l'image de notre maître à penser, Cheikh Anta Diop, Cheikh Ibrahima Niang, c'était "l'Humilité dans la Grandeur". Malgré sa simplicité, il imposait la respectabilité.
Il fascinait aussi par son savoir et par sa capacité de le transmettre. Socio-anthropologue, il fut un brillant intellectuel, un enseignant-chercheur hors pair. Par ses recherches et leur diffusion, il a entre autres contribué à la compréhension des impacts sociaux et culturels de l’épidémie du VIH/SIDA et de la pandémie de la Covid-19 ainsi que de leur prévention en Afrique surtout de l’Ouest. Il fut aussi un expert conseil pour des organisations internationales telles l’OMS, l’ONU SIDA, la Banque mondiale, le PNUD et le BIT.
En ce 9 novembre 2024, de Dakar Cheikh a pris le chemin de retour à son Kolda natal sur la terre du Fouladou qu’il a tant aimée. Il rejoint ainsi au sein du ventre de la Terre-Mère sa mère Seynabou Carvalho et son père Cheikh Sidiya Niang, des parents qui ont fait de lui un homme ouvert aux autres, un Sénégalais de marque plurielle. C'est certainement celle-ci qui l'a fait passer de la philosophie à l'environnement, science par essence multidisciplinaire.
Cheikh Niang laisse en deuil sa famille, surtout sa sœur, Fatou, le monde scientifique et universitaire, ses étudiant-e-s ainsi que ses camarades du Mouvement étudiant et du RND.
Sa mémoire restera gravée dans le cœur de tous ceux qui l’ont connu ou rencontré simplement.
SVP, priez pour Cheikh Ibrahima Niang afin que sa belle Âme repose éternellement en paix.
De ta sœur, amie et camarade de toujours,
Dre Aoua Bocar LY-Tall, Sociologue/Environnementaliste.
L’ENJEU DU VOTE AUTOUR DES DEUX SYSTÈMES ÉLECTORAUX INDÉPENDANTS
D'un côté, le scrutin majoritaire promet 112 sièges au vainqueur, de l'autre, le système proportionnel offre 53 sièges aux différentes forces politiques. Un mécanisme complexe qui cristallise les débats
Les 7 371 890 millions d’électeurs sont appelés aux urnes le 17 novembre prochain dans le cadre des législatives anticipées pour choisir les 165 députés qui constitueront la 15e législature. Ce choix se fera à travers les systèmes majoritaire et proportionnel qui sont les deux systèmes électoraux indépendants en vigueur au Sénégal, mais aux enjeux contradictoires.
Il ne reste que quatre jours de campagne électorale aux 41 listes de partis politiques, coalitions de partis et entités indépendantes engagées dans la course pour les législatives anticipées du 17 novembre prochain. En effet, c’est le vendredi 15 novembre que prend fin à partir de minuit la campagne électorale en cours pour ces premières législatives anticipées de l’histoire politique du Sénégal. Le dimanche 17 novembre, il reviendra aux 7 371 890 millions d’électeurs répartis dans 16 440 bureaux de vote ouverts dans les 7 048 lieux de vote dont 6 681 sont localisés dans les 46 départements et 367 à l’étranger de choisir les 165 députés qui constitueront la 15e législature. Ce choix se fera à travers les deux systèmes électoraux indépendants en vigueur au Sénégal. Il s’agit du système majoritaire et celui proportionnel avec respectivement 112 sièges dont 97 députés seront élus dans les 46 départements du Sénégal et 15 sièges dans les 8 circonscriptions de la diaspora, couvrant des zones comme l’Afrique du Nord ou l’Europe de l’Ouest et les 53 postes restants choisis sur la base du système proportionnel. Le système de vote majoritaire également appelé en langue locale wolof «raw gaddu ».
Réputé simple et efficace, ce système est appliqué dans le vote au niveau des 46 départements sur le territoire national et les 8 circonscriptions de la diaspora. Il est basé sur la règle de la majorité. Autrement dit, à l’issue du scrutin du 17 novembre prochain, toute liste qui arrive en tête dans l’un des 46 départements ou les 8 circonscriptions de la diaspora, rafle tous les sièges réservés. C’est un système qui permet au parti vainqueur d’avoir une assez grande majorité pour gouverner sans le blocage de l’opposition. Le nombre de sièges à élire pour ce scrutin est déterminé à la veille de chaque élection législative par décret du président de la République et publié par le ministre en charge des élections en tenant compte de la taille de la population de chaque département ou chaque circonscription de la diaspora. Pour ces législatives anticipées du 17 novembre prochain, ce décret portant répartition des sièges de députés à élire au scrutin majoritaire départemental a été publié au journal officiel le mercredi 18 septembre et il reconduit la grille de répartition des sièges retenue pour les dernières élections législatives du 31 juillet 2022.
Rappelant que le nombre de députés à élire dans chaque département à l’intérieur comme à l’extérieur du pays est déterminé par décret en tenant compte de l’importance démographique respective de chaque département, ce document précise que « depuis les élections législatives du 31 juillet 2022, le nombre de circonscriptions (quarante-six départements) et de sièges (cent soixante-cinq) n’a pas varié même s’il y a une légère hausse de la démographie liée à l’accroissement naturel de la population ».
Il faut rappeler que ce système a été toujours critiqué par la classe politique, notamment l’opposition. Selon eux, ce mode de scrutin restreint la représentativité ou la pluralité politique au niveau des institutions en ce sens qu’il rend difficile l’émergence, l’expression et la visibilité des partis à faible représentativité où le parti majoritaire exerce sa suprématie et grâce à sa majorité qualifiée de « mécanique » dicte sa loi aux autres formations.
Mode de scrutin proportionnel Combiné au système majoritaire, le proportionnel permet la représentation des partis de moindre envergure dans toutes les institutions où il est appliqué dans le mode d’élection des membres notamment à l’Assemblée nationale, au Conseil départemental ou municipal. En quelque sorte, ce scrutin (proportionnel) tente de corriger les inconvénients du système majoritaire (restriction de la représentativité ou la pluralité politique au niveau des institutions). Et ce, en permettant à toute liste qui obtient un nombre de voix correspondant au quotient national qui sera calculé par la Commission nationale de recensement sur la base du nombre des suffrages valablement exprimés lors de ce scrutin d’obtenir un siège de député. Pour ces législatives anticipées, le nombre de sièges à pourvoir au scrutin proportionnel plurinominal est de cinquante-trois (53) sièges.
ZIGUINCHOR HANTE-T-ELLE CERTAINES COALITIONS ?
Alors que la région est considérée comme un fief du Pastef, seules trois têtes de liste nationales ont osé s'y aventurer jusqu'à présent. Cette absence remarquée soulève des questions sur la réalité du jeu démocratique dans la région sud
A quelques jours de la clôture de la campagne, les leaders des coalitions se font encore désirer à Ziguinchor. Seules trois têtes de listes nationales ont débarqué à Ziguinchor pour cette campagne : Thierno Alassane Sall, chef de file de la coalition « Sénégal Kesse », Ousmane Sonko, le leader de la coalition Pastef et Abdoulaye Sylla, tête de liste de la Coalition « And Bessal Sénégal », ont débarqué à Ziguinchor. Les autres têtes de liste brillent par leur absence dans la région où la question de.la paix reste un sujet évoqué.
Si pour Thierno Alassane Sall, il faudrait cerner les causes de la crise pour résoudre ce conflit, Ousmane Sonko prône pour sa part la retenue sur les questions de sécurité publique. Toujours est-il que les investis au niveau local poursuivent leur campagne sous la forme de porte-à-porte. Une stratégie qui semble prospérer à Ziguinchor où la coalition Pastef en « roue libre » détient le palme de l’animation de la campagne avec ces caravanes qui sillonnent la ville et les autres départements.
Guy Marius Sagna et compagnie impriment leur marque dans cette campagne à travers des caravanes qui sillonnent différentes localités de la région. Question : qu’est-ce qui peut bien pousser les autres têtes de liste à opérer un black-out à Ziguinchor ? La réponse à cette question est à chercher dans la configuration politique dans la région. Pour ce militant d’une coalition qui préfère garder l’anonymat : « Notre leader a décidé de ne pas venir à Ziguinchor et nous sommes d’accord avec sa démarche car Ziguinchor a fini de basculer dans le camp du Pastef et il sera difficile de renverser la tendance. La seule chose que nous pouvons faire, c’est essayer de faire un travail d’approche pour convaincre certains. Donc, se déployer à Ziguinchor avec toute la logistique tout en sachant que vous n’allez pas gagner, ce n’est pas la peine … », déclare-t-il avant de souligner qu’ils font le travail pour grignoter quelques voix qui pourront être comptabilisées sur la liste nationale. Une thèse que ne semble pas approuver cet autre militant d’une autre coalition qui s’explique difficilement ce boycott de Ziguinchor par sa tête de liste nationale. « Ce n’est pas tout Ziguinchor qui est avec le Pastef. Il y a des gens qui sont fatigués donc il faut venir à Ziguinchor pour les réconforter, les soulager des difficultés et leur redonner confiance. Ne pas venir à Ziguinchor, c’est déjà abdiquer avant même le début du combat. Je suis investi sur la liste départementale de Ziguinchor et j’ai besoin du soutien de mon leader ici», martèle cet investi sur la liste départementale de Ziguinchor.
Pour certains, la venue à Ziguinchor pour ces têtes de liste pourrait être assimilée à une perte de temps. D’autres sont d’avis que certains leaders rechignent à venir à Ziguinchor pour tout simplement éviter «la sonkorisation ». Pourtant, des leaders comme Thierno Alassane Sall et Abdoulaye Sylla se sont déployés avec leur caravane à Ziguinchor sans problème. Le temps est certes compté pour ces leaders nationaux mais à quelques jours de la clôture de cette campagne pour les législatives anticipées, il n’est pas exclu qu’ils viennent à Ziguinchor transmettre leur programme.
En attendant, les caciques de l’ancien régime sous différentes bannières déroulent ce qu’ils appellent un travail de fond. Maodo Dia, tête de liste départementale de la coalition « Jeff jel takku liguey Sénégal » s’investit dans les coins et recoins du département tout comme les investis de la coalition Takku Wallu à l’image de Dior Gomis qui poursuit avec son équipe le « porte-à-porte ».
Son mentor Abdoulaye Baldé, Président de l’UCS membre de cette coalition, a décidé de hausser le curseur en descendant sur le terrain pour accompagner cette liste. Un autre qui poursuit aussi sa campagne sans tambour ni trompette, c’est l’ancien Président de la CNDT Benoit Sambou, Président du Mouvement PACTE, investi sur la liste nationale de cette coalition « Takku Wallu » qui sillonne les différents quartiers de Ziguinchor et du département pour porter le programme de la coalition.
Lors d’une émission sur la radio SudFM Ziguinchor, le « Monsieur élection APR » a expliqué l’importance de donner la majorité à « Takku-Wallu » pour un équilibre des institutions. L’ancien ministre de l’Economie Doudou KA qui a mis sur pied un nouveau parti URGENS coache de loin ses poulains et ses militants qu’il appelle à voter la liste PASTEF dans le département de Ziguinchor.
En attendant l’arrivée de la tête de liste de la coalition « JAMM AK NJARIN », ses investis dans le département en l’occurrence Docteur Ibrahima Mendy déroulent leur campagne à Ziguinchor.
LE MINISTÈRE DE L’INTÉRIEUR MET EN GARDE CONTRE DES PROJETS DE VIOLENCE ÉLECTORALE
Des instructions ont été données aux forces de sécurité pour effectuer des fouilles systématiques et sanctionner tout port d'armes ou objet dangereux, a précisé le Général Jean Baptiste Tine.
Alors que la campagne électorale touche à sa fin, le ministère de l’Intérieur alerte sur des risques de violence et de sabotage ciblant certaines caravanes. Cette déclaration intervient peu de temps après les graves accusations d’Ousmane Sonko, leader de Pastef, suite à l’agression de ses militants à Saint-Louis. Sonko affirme avoir alerté le ministre de l’Intérieur dès le début de la campagne électorale, dénonçant des menaces pesant sur son convoi et reprochant à l’État de ne pas assurer la sécurité de son parti.
« J’ai interpellé le ministre de l’Intérieur depuis le début de la campagne électorale pour l’informer que Barthélemy Dias s’est procuré des armes, des coupe-coupe, des grenades et des fusils à pompe dans l’intention d’attaquer le convoi de Pastef. Je lui ai dit que c’est le candidat Ousmane Sonko qui vous interpelle. Je lui ai dit de prendre ses responsabilités pour assurer la sécurité publique », a déclaré Sonko, tout en indiquant avoir contacté le ministre de la Justice pour les mêmes raisons.
Selon Sonko, aucune arrestation n’a été effectuée malgré trois agressions, ce qu’il qualifie de « faillite de l’État » à garantir la sécurité de son parti, le Pastef, « qui se trouve être le plus grand parti du Sénégal ».
Le Général Jean Baptiste Tine, ministre de l’Intérieur, a rappelé que des instructions strictes ont été données aux forces de sécurité pour effectuer des fouilles systématiques sur les cortèges suspects. Il a également mis en garde contre la possession d’armes ou d’objets dangereux, soulignant que des sanctions sévères seront appliquées en cas de découverte. Cette mise en garde vise à prévenir tout acte de violence, alors que la campagne électorale s’achève dans un climat de tension croissante.
par Ibrahima Thioye
CLÉS DE COMPRÉHENSION DE LA VICTOIRE DE TRUMP
Le trumpisme 2.0 s'est révélé plus efficace que jamais, séduisant même des électeurs traditionnellement démocrates. Ce triomphe dessine les contours d'une Amérique transformée, entre espoirs et inquiétudes
Cet article n’a pas pour but de faire l’apologie du trumpisme, ce populisme outre-Atlantique. Il propose plutôt des clés de compréhension de la victoire de Trump à l’élection présidentielle de 2024. Son offre politique a su répondre aux besoins, aspirations, espoirs et rêves d’une Amérique conservatrice. Rappelons que l’essence du populisme est de susciter et d’amplifier les peurs, colères et haines tout en proposant des solutions radicales contre un ou plusieurs boucs émissaires (les étrangers, les élites ou l’establishment) à coups de déclarations tonitruantes. Cela constitue, pour les larges masses populaires, un excellent moyen de raviver l’espoir, de repousser leur honte, et de rehausser ou préserver leur fierté face au malheur ou au mal-être.
Une victoire écrasante de Trump
Le triomphe de Trump lors de cette élection présidentielle est indiscutable. C’est une victoire sans appel qui lui ouvre les portes de la Maison-Blanche et lui donne un accès favorable à la Chambre des représentants et au Sénat. Trump a bénéficié d’un vote populaire et d’adhésion. C’est une Amérique conservatrice qui élit Trump comme 47e président, avec un score supérieur à celui de 2016. Ses adversaires démocrates sortent de cette élection en état de choc.
Un marketing politique efficace
Une marque forte : Trump, en lui-même, constitue une marque forte et puissante. Il a su élaborer une proposition de valeur percutante pour l’électorat, en tissant un réseau d’influence solide. Globalement, son camp a brillamment utilisé les nouveaux canaux de communication, notamment via des posts et des podcasts. En émettant les critiques les plus acerbes contre Trump, les médias classiques dominants (mainstream) n’ont fait qu’accroître sa notoriété et même son capital confiance.
Une communication efficace : simple, ciblée et multicanale.
Slogans simples et marquants :
America First,
MAGA (Make America Great Again),
I will fix it.
Deux thèmes clés de son positionnement :
la lutte contre l’immigration (assurant un retour au plein emploi pour les Américains) ;
l’amélioration du pouvoir d’achat (hausse des revenus et baisse des impôts).
Quatre axes principaux :
baisse des impôts ;
limitation des importations (via des droits de douane) ;
lutte contre l’immigration ;
prise de distance vis-à-vis de l’écologie
Utilisation optimisée des nouveaux canaux :
visibilité accrue (présence trois fois plus importante sur les plateformes numériques, en particulier sur X) ;
communication variée selon les publics (présence sur TikTok, mais aussi podcast de 3 heures chez Joe Rogan) ;
contenus générés par l’intelligence artificielle.
Autres facteurs de cette victoire
Les faiblesses de Kamala Harris
une campagne courte de trois mois, limitant sa notoriété ;
moindre visibilité sur les plateformes numériques ;
difficulté à se différencier de Biden, avec l’héritage de l’Administration actuelle (inflation, crise du logement) ;
positionnement flou, tentant de séduire l’électorat centriste ;
difficulté à articuler une vision économique claire ;
posture défensive, affichant peu d’énergie.
Les atouts de Donald Trump
Deux aspects distinctifs du trumpisme, imprévisibilité et pragmatisme :
l’imprévisibilité, avec son impulsivité (fonctionnant par intuition), donnant une impression d’authenticité ;
le pragmatisme (priorité aux bénéfices pour lui-même et pour l’Amérique), sans s’encombrer de lourdes idéologies.
Capacité à tisser un « réseau de valeur » efficace avec des personnalités à haute notoriété comme Elon Musk, David Sack et Peter Tiel anciens membres de la fameuse « mafia paypal », Robert Kennedy, J D Vance, Joe Rogan, etc.
Capacité à attiser la peur, la haine et la colère (spectre d’une troisième guerre mondiale, flux massif d’immigrés, catastrophe économique, etc.).
Rôle de victime ou de héros : son image de self-made-man anti-establishment lui permet de transformer les situations embarrassantes en opportunités, renforçant son aura de héros.
Capacité à susciter l’espoir et les rêves de la classe moyenne.
Discours axé sur des valeurs conservatrices et un repli identitaire (contre l’avortement, le wokisme, etc.).
Changements dans le comportement de vote de certaines catégories
Les catégories suivantes, censées renforcer le camp démocrate, n’ont pas été totalement au rendez-vous :
les femmes,
les Latino-Américains et Afro-Américains,
les ouvriers et cols bleus.
Risques avec Trump 2
Sur le plan interne
dégradation des services publics dans certains domaines,
aggravation des conditions de vie pour les couches vulnérables,
atteinte à la démocratie (risque de dérive autocratique, remplacement des débats par des insultes et invectives).
Sur le plan extérieur
déclin de l’Europe et conséquences sur ses anciennes zones d’influence,
risque de guerre au Moyen-Orient,
intensification des guerres commerciales,
accélération du dérèglement climatique.
Éventuelles bonnes surprises avec Trump 2
Amélioration des conditions de la classe moyenne ;
paix mondiale retrouvée : Trump est très pragmatique ; il va inscrire sa politique étrangère dans une dynamique globale de recherche de profit pour les États-Unis et pour lui-même. Comme Barack Obama a obtenu le prix Nobel de la paix, il va certainement s’intéresser à cette distinction pour réparer définitivement la fameuse humiliation subie lors du dîner des correspondants de la Maison-Blanche de 2011 ;
ouverture accrue : Trump accepte d’intégrer de fortes personnalités avec lesquelles il subsiste des divergences sur certains points (Robert Kennedy n’a pas le même point de vue que Trump à propos des énergies fossiles). Des membres de la « mafia PayPal » (Musk, Sack, Tiel) ont soutenu Trump en vue de se donner les meilleurs atouts pour développer leur business ;
approche « win-win » et adoption des valeurs du digital STOAH (partage, transparence, ouverture, authenticité, humilité). J. D. Vance, proposé comme colistier, est très proche des membres de la « mafia PayPal ». Ce rapprochement entre Trump et ce groupe est très intéressant car ne n’oublions pas, comme l’un d’entre eux l’a dit : « La Silicon Valley n’est pas un emplacement, mais c’est surtout un état d’esprit (mindset). » Qui entre Trump et ce groupe de personnalités atypiques influencera le plus l’autre ? Attendons de voir.
Selon Elon Musk, « le podcast avec Joe Rogan a été décisif dans la victoire de Trump ; il montre que Trump est un homme bon ». En l’écoutant, on peut imaginer un Trump 2 plus posé, pondéré, empathique, tout en restant fidèle à ses convictions. La conversation de trois heures avec Joe Rogan (un allié) illustre sa capacité d’adaptation et la projection d’une image positive et empathique. Cependant, l’annonce d’Elon Musk pourrait aussi être une adresse à Trump lui-même : saura-t-il adopter cette attitude face à des adversaires ? Cela reste peu probable.
par l'éditorialiste de seneplus, Amadou Elimane Kane
L'IMAGINAIRE EST L’ARCHITECTURE TISSEE DE NOTRE RECIT
EXCLUSIF SENEPLUS - Dans le contexte africain, l'imaginaire se révèle être plus qu'un refuge. C'est un outil de résistance et de reconstruction identitaire. Cette force vitale ancrée dans des traditions séculaires ouvre la voie à la renaissance
Amadou Elimane Kane de SenePlus |
Publication 11/11/2024
Si l’on considère la définition du mot imaginaire, celui-ci a évidemment plusieurs sens. En tant qu’adjectif, c’est ce qui est créé par l’imagination et qui n’a d’existence que dans l’imagination. Mais en tant que substantif, c’est une œuvre, un domaine ou un monde de l’imagination.
Si l’on va un peu plus loin car la notion d’imaginaire embrasse plusieurs champs disciplinaires. Dans le domaine philosophique et selon la théorie de Jean-Paul Sartre, c’est le domaine de l’imagination, posé comme intentionnalité de la conscience : Nous sommes à même, à présent, de comprendre le sens et la valeur de l'imaginaire. Tout imaginaire paraît « sur fond de monde », mais réciproquement toute appréhension du réel comme monde implique un dépassement caché vers l'imaginaire.
Dans le domaine de la psychanalyse et selon Lacan, c’est un registre essentiel (avec le réel et le symbolique) du champ psychanalytique, caractérisé par la prévalence de la relation à l’image du semblable.[1]
L’historien roumain Lucian Boia, quant à lui, retient huit structures archétypales qui sont autant de constantes des cultures : 1/ la conscience d’une réalité transcendante, qui recoupe le sacré ; 2/ le double, la mort et l’au-delà ; 3/ l’altérité, ouvrant sur l’animal et le divin ; 4/ la quête de l’unité (androgyne) ; 5/ l’actualisation des origines ; 6/ le déchiffrement de l’avenir ; 7/ l’évasion hors de la condition humaine (âge d’or, utopies) ; 8/ la lutte et la complémentarité des contraires.[2]
Ainsi, on voit bien que le caractère de l’imaginaire est multiple et façonné par plusieurs symboliques nécessaires à la condition humaine d’une communauté spécifique.
Dans le domaine de la littérature, l’imaginaire est au premier plan de l'œuvre créatrice car il s’appuie sur un ensemble articulé autour de l’histoire, des croyances, des mythes, des valeurs et des images d’un peuple ou d’une culture.
Ainsi, on peut se demander comment l’imaginaire s’articule au récit que nous bâtissons ? Car, selon moi, l’imaginaire est au cœur de notre narration collective. L’imaginaire est une construction culturelle qui s’associe à l'identité profonde, tout en se métamorphosant aux conjonctures du temps. Quand cette société, en communion unitaire, est constituée solidement, par l’histoire, par l’éducation, par la langue, par le social et par le culturel, elle demeure libre. Ainsi l’imaginaire, sûr de lui-même, peut voguer sur toutes les mers qui s'offrent au regard, il peut résister, s’échapper parfois, il peut même se soustraire pour vivre d’autres horizons, mais toujours pour mieux revenir sur les terres fondatrices. L’imaginaire, quand il est stable, peut être pluriel car il se construit avec d’autres empreintes culturelles qui viennent s'incruster et forment un diamant pur. Pourtant, celui-ci n’est ni figé ni travestissement et il est en quête d’unité tout en convoitant le singulier.
Toutefois, l’idéologie peut parfois cultiver les imaginaires, les détourner de leur essence première et les éloigner de la réalité des symboles constitutifs d’une culture. C’est souvent le cas des territoires colonisés par une civilisation extérieure. Dans le même temps, les racines identitaires sont des alliées puissantes pour résister à l’écrasement et à l’asservissement. C’est par l’imaginaire culturel que le cerveau et le corps se défendent. C’est par l’imaginaire et la connaissance de soi que la continuité culturelle s’organise et s’affirme.
Pour parler du récit africain, notre imaginaire culturel n’est pas né avec l’esclavage et la colonisation, loin de là. Il est bien antérieur et enraciné dans notre histoire, dans nos paysages, dans nos rites, dans notre culture, dans la cosmogonie et dans les rondes sociales que nous formons. Notre histoire et nos imaginaires sont multiformes et ils nous appartiennent amplement à la fois dans les fondations du sacré et l’ouverture d’un nouveau monde, autrement dit d’une renaissance.
Une terre africaine épanouie, abondante et concordante n’est pas une utopie. Elle est seulement le fruit d’un assemblage unitaire autour de nos valeurs, de notre culture féconde, de notre histoire réhabilitée, de la défense de notre patrimoine ancestral, de nos langues revitalisées par la transmission, d’une conduite politique citoyenne et responsable, en harmonie avec nos désirs d’avenir. C’est l’architecture de nos récits et de notre imaginaire que nous devons, ensemble, défendre pour faire vivre tous les soleils de nos libertés et voir fleurir tous les flamboyants de notre renaissance.
Amadou Elimane Kane est enseignant, poète écrivain et chercheur en sciences cognitives.