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30 novembre 2024
Politique
L’ÈRE DE LA RUPTURE TERNIE PAR DE VIEILLES PRATIQUES
Promesse de changement ou retour en arrière ? L'emprisonnement récent de deux critiques du gouvernement pour des propos jugés "diffamatoires" sonne comme un revers précoce pour le nouvel exécutif, selon de nombreux observateurs
(SenePlus) - Le changement de pouvoir tant attendu semble déjà terni par la résurgence de vieilles pratiques dénoncées par le passé. Moins de deux mois après l'accession à la présidence de Bassirou Diomaye Faye, les arrestations d'opposants pour "offense" aux dirigeants ont en effet refait surface, ravivant un sentiment de "retour en arrière" chez certains observateurs, comme le rapporte Le Monde.
L'activiste Bah Diakhaté et l'imam Cheikh Tidiane Ndao ont été appréhendés les 20 et 21 mai par la Division des investigations criminelles pour "diffusion de fausses nouvelles" et "offense" au Premier ministre Ousmane Sonko, selon leur avocat Me Amadou Sall, cité par Le Monde. Une situation qui tranche avec les positions défendues jusqu'alors par M. Sonko.
Lors d'une conférence à Dakar le 16 mai en présence de Jean-Luc Mélenchon, le chef de file du parti Patriotes africains du Sénégal pour le travail, l'éthique et la fraternité (Pastef) avait estimé que l'homosexualité, bien que "non acceptée", était "tolérée" au Sénégal. Des propos qui ont suscité une vive polémique, M. Diakhaté et l'imam Ndao accusant M. Sonko de faire la "promotion de l'homosexualité".
"Nous demandons la libération de Bah Diakhaté et de Cheikh Tidiane Ndao. Les emprisonner pour des insultes est un retour en arrière", dénonce Alioune Tine, défenseur des droits humains, cité par Le Monde. Ce dernier rappelle qu'avant d'arriver au pouvoir, MM. Faye et Sonko "dénonçaient les mêmes restrictions".
Pour Amnesty International Sénégal, si les propos peuvent être jugés "graves et diffamatoires", "les autorités doivent s'efforcer d'éviter les arrestations et les emprisonnements systématiques", plaidant pour des poursuites civiles. Une position partagée par Me Sall, qui dénonce "un passage en force pour arrêter un activiste".
Au-delà de cette affaire, c'est toute la question de l'homosexualité qui reste un sujet sensible au Sénégal. Légalement punie d'un à cinq ans de prison, elle est régulièrement au cœur de polémiques, à l'image du dépôt en 2023 d'une proposition de loi pour un durcissement de la législation. Un texte finalement jugé "irrecevable" mais porté par le ministre actuel de l'Éducation Moustapha Guirassy.
Face aux critiques, l'ex-président Macky Sall affirmait en 2015 que "le Sénégal n'est pas prêt à dépénaliser l'homosexualité", tout en assurant que le pays n'était "pas homophobe". Le chemin vers une société plus ouverte et tolérante reste à parcourir pour cette nouvelle équipe, appelée à rompre définitivement avec les dérives et arrestations controversées du passé.
LE COMMUNIQUÉ DU CONSEIL DES MINISTRES DU MERCREDI 22 MAI 2024
Bassirou Diomaye Faye a demandé au Gouvernement de procéder à un audit des mécanismes et instruments de promotion économique et sociale des femmes et l’actualisation des plans, stratégies et actions destinés au renforcement de leur autonomie.
Dakar, 22 mai (APS) – Le Chef de l’Etat, Son Excellence, Monsieur Bassirou Diomaye Diakhar FAYE a présidé, ce mercredi 22 mai 2024, la réunion hebdomadaire du Conseil des ministres, au Palais de la République.
A l’entame de sa communication, le Président de la République a fait part de l’importance particulière qu’il accorde au développement du secteur de l’élevage et des productions animales dans notre quête de souveraineté alimentaire.
Le Chef de l’Etat a félicité les éleveurs, les opérateurs privés du secteur et les services de l’Etat pour leurs actions résolues et engagées dans l’autonomisation du Sénégal en moutons, le développement du cheptel, la santé animale et la valorisation des produits d’élevage et dérivés sur les marchés nationaux et internationaux.
Le Président de la République a demandé au Premier Ministre et au Ministre en charge de l’Elevage de parachever l’actualisation du Programme national de production fourragère en corrélation avec une bonne maîtrise des prix de l’aliment de bétail et une stratégie avancée de lutte contre les feux de brousse.
Dans le même sillage, le Chef de l’Etat a demandé au Gouvernement d’engager, sans délai, la mise en œuvre d’un plan d’aménagement consensuel des parcours du bétail et espaces de pâturage notamment dans la zone sylvopastorale.
En outre, le Président de la République a souligné la nécessité d’un recensement national régulier et d’une identification nationale précise du cheptel afin de mieux orienter les ressources et les interventions de l’Etat dans le secteur.
Par ailleurs, le Chef de l’Etat a demandé au Ministre des Forces armées et au Ministre de l’Intérieur et de la Sécurité publique d’intensifier les actions préventives conjointes de lutte contre le vol de bétail.
Il a également fait valoir l’urgence d’un recensement général des infrastructures d’élevage et équipements pastoraux réalisés par l’Etat et appelé à une réflexion stratégique sur leur mode d’exploitation et d’entretien au profit des acteurs du secteur.
Le Président de la République a invité le Ministre en charge de l’Elevage en liaison avec le Ministre de l’Industrie et du Commerce à soutenir le développement des filières avicole, viande et lait de notre pays et favoriser la consommation des productions animales nationales. Dans cet esprit, il a sollicité la révision du cadre d’intervention du Fonds de Stabulation (FONSTAB) dont les dotations financières et les critères d’attribution doivent être évalués et réorientés.
Le Chef de l’Etat a aussi demandé au Gouvernement de veiller au renforcement des ressources humaines spécialisées du secteur de l’élevage et de poursuivre, sans relâche, les campagnes nationales de vaccination du cheptel, les actions de promotion de la santé animale et la recherche en matière d’amélioration des races bovines.
Evoquant l’autonomisation et la promotion économiques des femmes, le Président de la République a rappelé que le PROJET d’un Sénégal souverain, juste et prospère accorde une importance primordiale aux femmes et à leur rôle déterminant dans la consolidation de la famille, du développement économique et du renforcement des solidarités dans notre société.
Il a saisi l’occasion de ce Conseil, pour magnifier la contribution significative des femmes pour un Sénégal prospère dans la justice sociale.
Sur cette lancée, le Chef de l’Etat a demandé au Gouvernement de procéder à un audit des mécanismes et instruments de promotion économique et sociale des femmes et l’actualisation des plans, stratégies et actions destinés au renforcement de leur autonomie.
Dans cette dynamique, le Président de la République a invité le Gouvernement à préparer, en accord avec l’ensemble des organisations féminines du Sénégal, un projet de loi d’orientation sur l’autonomisation économique durable des femmes.
Enfin, au titre de son agenda diplomatique, le Chef de l’Etat est revenu sur les visites d’amitié et de travail qu’il a effectuées au Nigéria et au Ghana respectivement les 16 et 17 mai 2024.
Dans sa communication au Conseil, le Premier Ministre est revenu sur les priorités gouvernementales.
À cet égard, il a donné aux ministres concernés des orientations en vue de la réduction du train de vie de l’Etat, avec notamment les démarches à entreprendre pour la récupération de son patrimoine foncier et bâti cédé à des privés dans des conditions irrégulières, alors que des services administratifs font recours à la location.
Il a également indiqué la nécessité d’accorder une attention urgente aux programmes de construction de logements sociaux recentrés sur les nouvelles orientations du Gouvernement et de consacrer un traitement particulier aux prêts DMC.
Le Premier Ministre a, en outre, évoqué les diligences relatives au réexamen de certaines conventions notamment dans les secteurs miniers, pétroliers et halieutiques ainsi que la revue des finances publiques sur la période allant du 1er janvier 2019 au 31 mars 2024.
Il a rendu compte au Conseil des premiers résultats des concertations en cours avec les parties prenantes, sur la réduction du coût de la vie pour les produits de première nécessité et les services de connexion à l’Internet.
Le Premier Ministre a fait part des conclusions des Conseils interministériels consacrés à la prévention et à la gestion des inondations ainsi qu’à la préparation des examens et concours au titre de l’année scolaire 2024.
Il a également annoncé le programme des prochaines rencontres interministérielles sur le secteur de l’hydraulique, les infrastructures maritimes et portuaires ainsi que sur la prévention et la sécurité routière.
Le Premier Ministre a demandé aux ministres et secrétaires d’Etat de proposer les mesures et ajustements à envisager à l’issue de la réalisation de l’état des lieux des programmes et projets, du capital humain et des ressources budgétaires trouvés dans leurs ministères respectifs à leur prise de fonction.
Enfin, le Premier Ministre a partagé avec le Conseil les orientations qu’il compte imprimer à la relance du Service civique national.
AU TITRE DES COMMUNICATIONS DES MINISTRES :
Le Ministre de l’Energie, du Pétrole et des Mines a fait une communication sur l’état d’avancement des projets pétroliers et gaziers d’une part, et d’autre part, sur l’exploitation des phosphates de Ndendory-Ouali Diala ;
Le Ministre de la Jeunesse, des Sports et de la Culture a fait une communication sur la situation du programme Xeyu ndaw yi et sur l’état de construction des Maisons de la jeunesse et de la citoyenneté ;
Le Secrétaire d’Etat aux Coopératives et à l’Encadrement paysan a fait une communication sur la préparation de la campagne de production agricole 2024.
Le Ministre de la Formation Professionnelle,
Porte-Parole du Gouvernement
Amadou Moustapha Njekk SARRE
LE POUVOIR ACCUSÉ D'ARBITRAIRE
Selon l'APR, Bah Diakhaté n'a fait que prouver des faits relatifs au Pastef, sans injures ni diffamation. "Moins de deux mois de gestion par le Pastef, nos libertés sont agressées et la dictature est en gestation", ponctue l'ex-parti présidentiel
SenePlus publie ci-dessous, le communiqué de l'Alliance Pour la République (APR) condamnant l'arrestation de l'activiste Bah Diakhaté pour "diffusion de fausses nouvelles" et "offense" à l'encontre du chef du gouvernement Ousmane Sonko. Des motifs fallacieux selon l'APR, qui y voit une manifestation du mode de fonctionnement fondé sur l'injure, la haine et la violence de Pastef, le nouveau parti au pouvoir.
"Monsieur Bah Diakhaté, activiste républicain, réputé pour ses analyses documentées et fouillées, est dans les liens de la détention, pour des motifs aussi fallacieux que farfelus.
Pour ce que nous en savons, l'activiste est revenu au cours d'un live, sur les propos du leader du Pastef, relatifs à la criminalisation de l'homosexualité et le reniement de ce dernier lors d'une conférence conjointe avec le leader de la France Insoumise tenue à l'Ucad, sur une transaction foncière et sur le cas d'un vice-président du Pastef sanctionné par sa hiérarchie pour des questions de mœurs. De notre point de vue, aucun de ces faits ainsi évoqués et prouvés n'est constitutif ni d'injures publiques, ni d'offense encore moins de diffusion de fausses nouvelles.
L'Alliance Pour la République prend l'opinion à témoin pour dénoncer avec la dernière énergie cette arrestation arbitraire et pour exprimer sa vive préoccupation au regard des dérives liberticides des nouvelles autorités.
Notre parti, l'Alliance Pour la République avait très tôt alerté sur la mise en péril de notre vivre-ensemble par le Pastef au regard de son mode de présence en politique basé sur la violence, la haine, la manipulation, l'insulte, l'outrage et les agressions contre les Institutions de la République. Moins de deux mois de gestion du pays par le Pastef, la paix civile est menacée, nos libertés sont agressées et la dictature est en gestation.
A la vérité, cette arrestation consternante interpelle tous les républicains, tous les citoyens démocrates, soucieux de l'avenir du Sénégal et attachés à la liberté, notamment la liberté d'expression. Accepter que Bah Diakhaté soit dans les liens de la détention, c'est abdiquer ; c'est ouvrir la voie à l'arbitraire et à toutes les forfaitures.
L'Alliance Pour la République exprime sa solidarité active à bah Diakhaté et exige sa libération immédiate et sans condition.
En conséquence, l'Alliance Pour la République appelle, les militants et responsables, jeunes et femmes du Parti et de la coalition BBY ainsi que tous les républicains et démocrates épris de paix et de justice à se mobiliser pour engager le combat pour la libération immédiate et sans condition de Bah Diakhaté et pour barrer la route aux fossoyeurs des libertés et de la démocratie."
L'AFRIQUE, PRISON À CIEL OUVERT POUR SES CITOYENS
Aliko Dangote, première fortune africaine, a dénoncé les innombrables visas qu'il doit obtenir pour circuler sur le continent. Un comble quand d'anciens colonisateurs européens jouissent d'un accès plus aisé que les Africains eux-mêmes
(SenePlus) - L'homme le plus riche d'Afrique a beau être un puissant investisseur, il n'échappe pas aux tracasseries administratives pour se déplacer sur le continent. Aliko Dangote, milliardaire nigérian, a récemment dénoncé devant le Africa CEO Forum à Kigali les nombreux visas qu'il doit obtenir, lui qui souhaite "rendre l'Afrique grande".
"En tant qu'investisseur, quelqu'un qui veut faire avancer l'Afrique, je dois demander 35 visas différents pour mon passeport", a regretté M. Dangote, selon CNN. "Je n'ai vraiment pas le temps d'aller déposer mon passeport dans les ambassades pour obtenir un visa", a-t-il ajouté devant un auditoire amusé.
Cette situation kafkaïenne pour l'une des plus grandes fortunes du continent relance le débat brûlant sur les entraves à la libre circulation en Afrique pour ses propres ressortissants. Pire encore, de nombreux Africains pestent de voir que d'anciens colonisateurs européens bénéficient d'un accès plus libre que leurs voisins du continent.
"Je peux vous assurer que Patrick [Pouyanné, PDG de Total Energies] n'a pas besoin de 35 visas avec un passeport français, ce qui signifie que vous avez une liberté de mouvement supérieure à la mienne en Afrique", a lancé Dangote à son voisin français, rapporte CNN.
Un constat amer qui illustre les défis posés par la balkanisation du continent. Si le Rwanda a supprimé les visas pour tous les ressortissants africains en 2023, rejoignant le Bénin, la Gambie et les Seychelles, de nombreux pays africains continuent d'ériger des barrières, au prix de démarches discriminatoires, hostiles et très coûteuses pour leurs voisins.
"C'était mon expérience la plus humiliante en voyageant en Afrique", témoigne ainsi auprès de CNN le réalisateur de films nigérian Tayo Aina. En avril 2021, il a été contraint de fournir un échantillon de selles devant un officier éthiopien pour prouver qu'il n'avait pas ingéré de drogue.
Fatigué d'être "détenu dans les aéroports" à cause de son passeport nigérian, le jeune homme de 31 ans a fini par débourser 150 000 dollars pour obtenir la nationalité de Saint-Christophe-et-Niévès, lui ouvrant plus de portes.
L'Union africaine affiche pourtant l'ambition de "supprimer les restrictions à la capacité des Africains de voyager, travailler et vivre sur leur propre continent". Mais la concrétisation de la libre circulation, moteur de la Zone de libre-échange continentale, avance au ralenti.
Pour l'expert Alan Hirsch, de l'institut new-soudien New South, la crainte des migrations permanentes freine les ardeurs d'ouverture des pays les plus riches. "Il y a la peur que les gens des nations plus pauvres cherchent un moyen de s'installer durablement", explique-t-il à CNN.
L'universitaire sud-africain pointe aussi le manque d'intégrité des systèmes de passeport et de visa dans certains pays : "Des gens ont trouvé des moyens illégaux d'obtenir des passeports, comme se faire passer pour burundais sans l'être réellement."
Qu'importe les progrès régionaux, voyager au-delà de sa zone géographique reste semé d'embûches pour les Africains. Un visa à l'arrivée au Nigeria qui coûtait 25 dollars aux Kenyans est ainsi passé à 215 dollars après une réforme du système.
Un inextricable labyrinthe de formalités, de refus injustifiés ou de dossiers incomplets qui, selon CNN, incite certains à chercher des passeports plus pratiques, comme l'a fait Tayo Aina. Son nouveau sésame de Saint-Christophe donne plus d'ouverture sur l'Afrique que son passeport nigérian.
Africa's richest man - Aliko Dangote - says he needs 35 visas to travel in Africa on his Nigerian passport.
L'activiste et l'imam qui ont été arrêtés et placés en garde à vue pour avoir offensé le Premier ministre devront, donc, être ramenés au Tribunal de Dakar demain jeudi 23 mai pour, de nouveau, faire face au procureur
Le déferrement au parquet de Bah Diakhaté et de l’imam Cheikh Tidiane Ndao n’a pas été décisif ce mercredi. L'activiste et l'imam qui ont été arrêtés et placés en garde à vue pour avoir offensé le Premier ministre Ousmane Sonko ont fait l'objet d’un retour de parquet.
Ils devront, donc, être ramenés au Tribunal de Dakar demain jeudi 23 mai pour, de nouveau, faire face au procureur de la République.
BATAILLE DE LEADERSHIP À L'APR
Alors que Macky Sall souhaite maintenir son influence, plusieurs figures émergentes tentent de s'imposer comme de nouveaux patrons. Amadou Ba, Abdoulaye Daouda Diallo et Amadou Mame Diop sont dans les starting-blocks
En quittant le pouvoir, le président Macky Sall a laissé son parti dans la plus grande incertitude, refusant ainsi d'organiser sa succession au sein de l'appareil. Aujourd'hui, plusieurs têtes peuvent se réclamer le leadership au sein de la formation marron-beige. Mais qui a le meilleur profil ?
Macky est le prototype parfait de l’homme politique façonné par Abdoulaye Wade. Le leader de l’Alliance pour la République (APR) copie son mentor politique dans toutes ses actions. Même après la perte du pouvoir, il continue de vouloir tenir les rênes de son parti comme le Pape du Sopi qui demeure toujours le Secrétaire général national du Parti démocratique sénégalais (PDS).
On se demande cependant si ce qui est valable pour le patriarche libéral avec le PDS, 50 ans d’existence, peut l’être avec l’APR créée depuis juste 16 ans. En effet, le contexte politique a foncièrement changé avec de nouveaux acteurs et un nouvel écosystème.
Mais Macky Sall semble n’en avoir cure. Lors du dernier Secrétariat Exécutif National (SEN) de l’Alliance pour la République (APR), il a proposé une gestion collégiale du parti en formant une équipe composée de Amadou Mame Diop, Cheikh Mbacké Ndiaye, et de jeunes comme Thérèse Faye, Sira Ndiaye, Aissatou Ndiaye, Haniyeu Mbengue, Abdou Lahad Seck Sadaga, Mame Marième Babou, Abdoulaye Fall, Seth Diop, et Djimo Souaré.
Depuis, il se pavane dans le monde en tant qu’envoyé spécial du 4P (Pacte de Paris pour les peuples et la Planète). S’il n’a pas une réelle ambition de revenir dans la scène politique sénégalaise, rien ne devrait l’empêcher de préparer la relève ; mieux, de passer le relais à un des apéristes les plus influents dans la formation pour assurer le leadership fort qu’il a incarné toutes ces années. A moins de préparer sa succession, il pouvait laisser le jeu politique se poursuivre dans la formation. Ainsi, le plus fort et le plus influent dirigera le parti.
Comme “L’AS” l’avait écrit au lendemain de la défaite du pouvoir de Macky Sall, deux options s’offrent à l’APR. Bâtir le parti autour de leur candidat déchu Amadou Ba ou bien choisir un nouveau leader apériste de lait capable de réunir tout le parti autour de l’essentiel.
Mais le président Sall semble ne pas vouloir en tout cas que le candidat déchu de son parti lors de la présidentielle du 24 mars 2024 dès le premier tour profite de l'appareil qu’il a créé et façonné. La preuve, ses fedayins refusent toujours de se ranger derrière Amadou Ba.
Très mou politiquement, l’ancien Premier ministre devrait maintenant s'affranchir de Macky Sall et affronter tous ses détracteurs au sein de l’APR. Mieux, il pourrait également prendre ses distances de la formation marron beige. D’ailleurs, depuis quelques jours, de nombreuses voix sortent pour dire que l’ancien Premier ministre Amadou Ba est sur la voie de créer un parti. Étant naturellement le chef de l’opposition du fait de sa position au dernier scrutin présidentiel, il reléguerait ainsi l’APR en troisième position dans le classement des forces politiques du pays. En tout cas, il est difficile d’imaginer dans le contexte actuel qu’Amadou Ba pilote le bateau apériste et l’emmène à bon port.
Abdoulaye Daouda Diallo, le profil idéal pour les apéristes de lait
Pour autant, d’aucuns théorisent dans le parti l’idée selon laquelle Abdoulaye Daouda Diallo serait le responsable apériste qui a les qualités requises pour succéder à Macky Sall à la tête de l’appareil politique. Le maire de Boké Dialloubé est un technocrate discret, voire effacé. Il a occupé les plus hautes fonctions sous le magistère de Macky Sall : ministre de l’Intérieur, ministre de l’Economie et des Finances, président du Conseil économique social et environnemental (CESE), Directeur de cabinet de Macky Sall...
Il faut rappeler que l’actuel président du CESE avait préféré revenir sur ses ambitions présidentielles et s’effacer au profit d’Amadou Ba lors de la présidentielle de 2024. Une pilule difficilement avalée au nom de la loyauté au président Macky Sall. Abdoulaye Daouda Diallo, qui n’a jamais voulu se ranger derrière Amadou Ba, avait même ourdi un plan pour s’opposer à lui. Il est évident que ce n’est pas aujourd'hui qu’il va accepter ce qu’il a toujours abhorré.
Au contraire, il peut prendre sa revanche en s’imposant comme l’homme fort du parti. Il est évident que les apéristes en grande partie ne remettront pas en cause sa légitimité.
Amadou Mame Diop, homme de confiance de Macky Sall
Une troisième personnalité politique apériste qu’on calcule rarement ; mais qui est capable de prendre les rênes du parti et de fédérer les militants, c’est l’actuel président de l’Assemblée nationale. Dr Amadou Mame Diop Diop, maire de Richard Toll depuis 2014, est à l’APR depuis sa création. Très discret, il bénéficie d’une base politique solide au nord du Sénégal. Il faut noter également que c’est un homme consensuel qui est respecté dans le parti. Militant des premières heures de l’APR, coordonnateur de la Coalition Benno Bokk Yaakaar du département de Dagana, il a été élu député en 2012, réélu en 2017 et en 2022.
En le choisissant pour diriger le parlement, Macky a montré qu’il fait partie de ses hommes de confiance. Décidé à faire respecter ses consignes, Macky Sall n’a pas hésité à mettre ses députés sous surveillance jusqu’au vote final le jour de l’élection du bureau de l’Assemblée nationale. C’est une manière également de dire que Macky Sall tient vraiment à cet homme.
On se rappelle à l’époque, Mimi Touré, frustrée du choix porté sur Amadou Mame Diop à son détriment, elle disait que le choix porté sur lui n’est que le reflet de la prédominance de l’appartenance familiale au détriment du mérite militant. Il faut juste noter qu’Amadou Mame Diop est très proche de la famille de la première dame et qu’il a grandi dans leur cercle familial.
LES BRIMADES ET LES ARRESTATIONS M’ONT CONTRAINT À M’EXILER AUX ETATS-UNIS
Bassirou Diakhaté fait partie des victimes collatérales du régime du président Macky Sall. Il a eu certes la vie sauve contrairement à près d’une soixantaine de personnes tuées mais il garde les séquelles des atrocités du défunt régime
Bassirou Diakhaté fait partie des victimes collatérales du régime du président Macky Sall. Ce natif de Touba a eu certes la vie sauve contrairement à près d’une soixantaine de personnes tuées mais il garde les séquelles des atrocités du défunt régime particulièrement de la période répressive allant de 2021 à 2023. Sympathisant de l’opposition, l’homme a été victime d’arrestations et de brimades. La seule voie de salut de ce cadre d’une société de la place au moment de la traque généralisée des militants et sympathisants de l’opposition, et plus particulièrement du parti Pastef, c’était de fuir le Sénégal pour aller se réfugier aux Etats-Unis en juillet 2023 en abandonnant et sa famille et son travail. Récit et retour sur un parcours.
Sur la longue liste des victimes du régime du président Macky Sall, le nom de Bassirou Diakhaté pourrait valablement figurer en bonne place parmi les martyrs de la liberté et de la démocratie sénégalaises. Ce titulaire d’une Licence 3 en gestion des entreprises et organisations, obtenue en 2013, puis d’un master en sciences de gestion, option finance et comptabilité décroché en 2015 à l’Université Cheikh Anta Diop déroulait une vie professionnelle tranquille dans une société civile immobilière dénommée (SCI FIRDAW’S) en tant que comptable. Il y restera jusqu’en 2020 avant d’être recruté par une société dénommée C3S SAU en tant que gestionnaire principal des stocks jusqu’en juillet 2023, date à laquelle il a fuir notre pays pour se réfugier aux USA. Bassirou Diakhaté est un homme qui hait profondément l’injustice. C’est d’ailleurs à ce titre qu’il s’est engagé politiquement à partir de 2010 dans le mouvement estudiantin à l’université de Dakar. A l’époque, il ne militait dans aucun parti politique. « Je dénonçais à travers des posts sur les réseaux sociaux et dans nos réunions entre étudiants les dures conditions d’études et les problèmes sociaux que rencontraient nos camarades. Pour moi, il était clair que les problèmes rencontrés dans nos universités avaient un lien étroit avec la mal gouvernance dans laquelle notre pays était plongé depuis des décennies. C’est ainsi que je me suis dit que je devais commencer à orienter mes actions et mes dénonciations vers les véritables problèmes qui sont les causes réelles de nos difficultés à l’Université. A l’époque, le régime du président Abdoulaye Wade était au pouvoir. J’écrivais beaucoup d’articles dans les réseaux sociaux et participais à beaucoup de manifestations politiques et syndicales pour dénoncer la corruption, le népotisme, les violations de la Constitution tentées par l’ancien président de la République pour se maintenir au pouvoir contre la volonté du peuple » confie Bassirou Diakhaté.
L’enjeu de l’indépendance de la justice sénégalaise le préoccupait beaucoup. Il n’a cessé de manifester pour appeler au respect de l’indépendance des juges. Le 23 juin 2011, en compagnie de milliers d’étudiants, il a quitté le campus de l’université de Dakar pour rejoindre la place SOWETO devant l’Assemblée nationale pour demander le retrait d’un projet de loi jugé anti-démocratique qui allait modifier le mode d’élection du président de la République en un seul tour et avec seulement avec 25% des voix contrairement à la Constitution qui fixe cette élection à deux tours en l’absence de majorité absolue. « Nous avons ainsi exigé et obtenu le retrait de ce projet de loi en dépit d’une forte répression des manifestations par les forces de sécurité » ajoute notre interlocuteur. Au sortir de cette lutte, son engagement politique s’est accentué. Bassirou Diakhaté a activement participé à l’élection du président Macky Sall en 2012. Un soutien éphémère puisqu’il n’a duré que deux ans, le temps pour le futur exilé aux Etats-Unis de se rendre compte que rien n’avait changé dans la gouvernance de nos ressources. « J’ai repris mes activités de dénonciations et de critiques contre le régime du président Macky Sall qui avait reproduit le même système de prédation de nos ressources publiques du régime qui l’a précédé » se souvient-il. Il reprend sa lutte comme un militant de la liberté, de la démocratie et contre l’injustice subie par le peuple. Il préfère agir en apolitique même s’il s’est joint aux forces de l’opposition pour lutter contre les dérives du président Macky Sall.
« Bassirou Diakhaté battu et arrêté plusieurs fois par des milices pro gouvernementales ».
« Contrairement à ces jeunes assassinés et emprisonnés, je peux dire que j’ai eu de la chance pour ne pas y avoir laissé la vie. Toutefois, j’ai été arrêté à plusieurs reprises, battu et blessé par des miliciens armés progouvernementaux appelés qui sont en réalité des civils armés et financés par le pouvoir pour gonfler les effectifs des forces de sécurité et brutaliser les manifestants de l’opposition. Ils m’ont battu et blessé. J’ai reçu des coups partout sur le corps, sur les yeux de telle sorte que j’avais du mal à voir correctement pendant des heures. Ils ont commis des brutalités inimaginables sur moi. Il m’a fallu, au sortir de cette épreuve, requérir les services d’un médecin pour soigner mes blessures » témoigne Bassirou Diakhaté. Il rappelle la manifestation de grande envergure organisée le 14 mars 2023 par l’opposition pour demander au président de la République de respecter la Constitution en renonçant à faire un troisième mandat interdit par l’article 27 de cette même Constitution qui limite les mandats présidentiels à deux mais aussi pour dénoncer la corruption, les détournements de deniers publics, l’instrumentalisation de la justice pour empêcher aux potentiels candidats de concourir pour la présidentielle de 2024. La manif avait aussi pour but de dénoncer la mauvaise gestion de nos ressources minérales et naturelles et pour demander la libération des détenus politiques. « Ayant pris part à cette manifestation, j’ai été également arrêté et détenu par des nervis. J’ai reçu des coups de pieds au niveau du bas-ventre, ai été frappé avec des bâtons au niveau des épaules et des coudes pour me faire aussi mal que possible. J’ai souffert le martyre. Ils ont fini par menacer de me tuer et ils m’ont dit que s’ils me tuaient, personne ne les arrêterait parce qu’ils agissaient pour le compte du régime et en toute complicité avec les forces de sécurité. J’ai pris peur que je n’allais pas m’en sortir cette fois-ci. Ils m’ont ensuite mis dans un véhicule et livré à la police qui m’a libéré dans la soirée » relate notre interlocuteur. Cependant, malgré les énormes risques encourus, les convictions politiques et citoyennes de Bassirou Diakhaté étaient plus fortes que son intégrité physique. « C’est ainsi que le 1er juin 2023, j’ai pris part à un rassemblement politique pour dénoncer, au-delà des problèmes de gouvernance, l’utilisation de la justice pour écarter de l’élection présidentielle à venir en 2024, Ousmane Sonko qu’un tribunal venait de condamner à deux ans de prison ferme pour . Du 01 au 04 juin 2023, plus de 23 personnes sont mortes assassinées par les forces de sécurité dans des manifestations partout à travers le pays. Ce jour-là, j’ai également fait l’objet de maltraitance de la part des forces de sécurité et des milices travaillant côte à côte. J’ai été complètement déshabillé et jeté dans un endroit sombre et très insalubre, obligé de m’agenouiller pendant longtemps, les poignées menottées au dos. J’ai reçu des coups de matraques sur la poitrine, le ventre et frappé à coups de gifles et de poings sur la bouche. Ces brutalités subies m’ont rendu malade durant deux semaines pendant lesquelles je n’ai pas pu travailler ». Des amis de lutte politique comme Mouhamadou Fadal Guèye, Serigne Modou Sow et Serigne Mbaye Lô témoignent des diverses arrestations et atrocités subies par Bassirou Diakhaté.
Exil risqué vers les Etats-Unis via le Nicaragua
« Ne pouvant plus supporter ces actes de maltraitance commis sur ma personne par des hommes, soit, sous couverts de leur fonction, soit du fait de leur proximité avec le régime politique au pouvoir, j’ai fini par choisir de vivre libre et en sécurité dans un pays garantissant à tous et à toutes les droits de l’homme que d’être tué dans mon propre pays pour avoir exercé mes droits pourtant reconnus par la constitution de mon pays. Ainsi, le 26 juillet 2023, j’ai pris un vol de la Royal Air-Maroc pour Casablanca, puis transité par Madrid, Bogota, El Salvador et enfin atterri au Nicaragua. De là-bas, j’ai pris des bus et différents moyens de transport pour traverser le Honduras, le Guatemala et le Mexique dans des conditions d’insécurité indescriptibles où certaines forces armées campant sur les routes m’ont fouillé et exigé sous la menace de couteaux que je leur remette mon argent » déroule Bassirou Diakhaté. Au bout de ce long et périlleux périple, enfin, le bout du tunnel. « Le 07 Août 2023, je suis arrivé à la frontière des USA et des agents américains m’ont mis dans un véhicule et emmené dans un endroit où j’ai été fouillé et débarrassé de tout objet. J’ai ensuite été, dans la journée, conduit dans un autre endroit où, après quelques heures, j’ai été transféré dans un autre où j’ai passé 5 ou 6 jours avant d’être transféré au centre correctionnel Win de Winfield, Louisiana où je suis resté en détention du 12 Août 2023 au 21 Septembre 2023. J’ai ensuite été transféré au centre de détention à Denver d’où je suis sorti libre le 17 octobre 2023 » conclut-il.
BAH DIAKHATE RALLUME LA TENSION ENTRE L’APR ET PASTEF
Alors que les premières mesures du nouveau régime laissaient présager une accalmie, l'arrestation de l'activiste a soudainement tendu l'atmosphère politique. Ripostes et contre-attaques se sont multipliées, renvoyant dos à dos Pastéfiens et Apéristes
Moins de deux mois après l’arrivée au pouvoir du président Bassirou Diomaye Faye, l’accalmie du terrain politique est en passe de prendre fin. Et le front de se réchauffer. Les effets de l’arrestation de l’activiste Ba Diakhaté pour « offenses au Premier ministre » sont passés par là. Ce mardi, l’Alliance pour la République (APR) a sonné une mobilisation qui a fait sortir des Pastéfiens de leurs gonds. Ce mercredi, l’on saura si le procureur de la République va envoyer Ba Diakhaté en prison en compagnie de l’imam Cheikh Tidiane Ndao arrêté pour la même accusation. Ou s’il va les laisser repartir libres chez eux. Face au risque d’escalade, Seydi Gassama d’Amnesty International demande au président de la République et à son Premier ministre d’éviter de tomber dans le piège de Macky Sall.
L’affaire Ba Diakhaté arrêté ce lundi pour « diffusion de fausses nouvelles » et « offense contre une personne exerçant tout ou une partie des prérogatives du président de la République » a ravivé la tension entre l’APR, dont l’activiste est proche, et le Pastef. Secoués par le séisme que été leur perte du pouvoir intervenue le 24 mars dernier, les Apéristes s’étaient recroquevillés sur euxmêmes pour laisser dérouler les nouveaux tenants du pouvoir. Seules quelques raids politiques du président Macky Sall et des communiqués du Secrétariat exécutif national montraient que l’APR existait encore. L’affaire Ba Diakhaté, du nom de cet activiste accusé d’offenses contre le Premier ministre sur le dossier de l’homosexualité, a été l’occasion pour certains des dirigeants de l’APR comme Abdou Mbow, Seydou Guèye, Pape Malick Ndour, Moustapha Diakhaté, Me Oumar Youm, Pape Gorgui Ndong etc. de sortir de leur torpeur. Ils ont fait le déplacement hier devant les locaux de la Division des investigations criminelles(DIC) lors de l’audition de l’activiste. Une audition qui, selon l’avocat de Bah Diakhaté, Me Alioune Babacar Fall, s’est bien déroulée. «L’audition s’est très bien passée. Ba Diakhaté a répondu à toutes les questions des enquêteurs en apportant des éléments de preuve probants, en déposant un dossier et en répondant à toutes les questions qui lui ont été posées», a indiqué Me Alioune Babacar Fall. Il ajoute qu’à la suite de l’audition, les enquêteurs ont notifié à son client son placement en garde à vue. L’activiste et l’imam Cheikh Tidiane Ndao seront déférés ce mercredi devant le procureur qui est maître des poursuites dans cette affaire. «Il est poursuivi pour des faits d’offense et de diffusion de fausses nouvelles. Desfaits qu’il a réfutés. Donc nous attendons, peut-être, incessamment son déferrement devant le procureur» indique l’avocat.
Des pontes de l’PR devant la DIC…gazés
Plusieurs responsables de l’Apr se sont rendus hier à la Division des investigations criminelles pour soutenir l’activiste Bah Diakhaté arrêté ce lundi au lieudit Technopole, à Pikine. Le président du groupe parlementaire BBY, Abdou Mbow, Issakha Diop, maire de Pikine Est, Pape Gorgui Ndong, ancien ministre de la Jeunesse, Moustapha Diakhaté, Seydou Gueye, Papa Malick Ndour et d’autres soutiens de l’Apr ont fait le déplacement avec les avocats du propriétaire de la page « Baatu Deugg ». L’ancien ministre Oumar Youm a aussi apporté son soutien à l’activiste Bah Diakhaté. Dans un post sur sa page Facebook, l’avocat qu’il est a rappelé au nouveau pouvoir les engagements qu’il avait pris en voulant criminaliser l’homosexualité au Sénégal. «Eh Allah!!! C’est quoi ce déli(t)re? Arrêtons de nous ridiculiser…Soutien total à Bah Diakhate. J’avais dit du haut de La Tribune de l’Assemblée que notre majorité n’entendait pas dépénaliser l’homosexualité. Chose faite ! À celui qui avait promis fermement de criminaliser l’homosexualité de passer aux actes. J’espère simplement que cette proposition ressortira très clairement de sa DPG. Tout le reste est saynète!!!», lit-on sur sa page Facebook. Seulement ces pontes de l’APR n’ont pas facilement déroulé leurs soutiens. Des Pastéfiens présents devant la DIC les ont traités de tous les noms d’oiseaux. Une situation de surchauffe s’est alors installée poussant les policiers à disperser la foule à coups de grenades lacrymogène
Les ripostes d’Amadou Ba et de Maïmouna Bousso de Pastef
Le député Amadou Ba de Pastef a profité de l’occasion pour dénoncer cette stratégie de le nouvelle opposition. « La politisation des faits divers comme stratégie de résurrection de l’opposition. On les voyait venir de loin, mais on ne s’attendait pas à cette sinistre voie de l’utilisation du menu fretin médiatique pour leur retour en politique. Cette semaine, il y a eu plusieurs coïncidences entre la publication des Rapports des Corps de contrôle, les scandales fonciers, les remobilisations de l’Apr et le retour du candidat Amadou Ba... une accélération de la recomposition pour ne pas disparaître. Les responsables politiques de l’ancien Régime sont conscients que des cataclysmes judiciaires risquent de les occuper durablement pour élucider leur gestion des deniers public » souligne Amadou Ba sur sa page Facebook. Et le député d’ajouter que « Ces Insulteurs publics sont donnés en offrande judiciaire pour anticiper et politiser leurs éventuelles convocations pour justifier leur gestion des deniers publics. Dans le cas du sieur Bah Diakhaté, il a réitéré ses accusations infamantes contre le colonel Abdourahim Kébé tout en sachant que la plainte en diffamation que ce dernier lui a servie sera appelée pour être retenue le 11 juin 2024 devant le TGI de Pikine-Guédiawaye après plus de 12 mois de procédure. Pastef s’est opposé hardiment au Régime de Macky Sall sans jamais baser son combat sur des infamies mensongères sur la vie privée des responsables politiques. Toute notre opposition a tourné autour de la gestion des deniers publics et la mal gouvernance ».
Maïmouna Bousso, partisane du Pastef et proche du Premier ministre Ousmane Sonko, est montée au créneau pour riposter. « Nous n’accepterons pas d’être dans l’opposition et de subir des insultes, d’être diffamés, de voir notre réputation salie, et cela sous les yeux de nos enfants. Aujourd’hui, nous arrivons au pouvoir et on continue de nous insulter, de nous salir devant nos parents et nos enfants. Cela, nous ne pouvons pas l’accepter. En ce qui me concerne, moi, Maïmouna, je ne l’accepterai jamais. Nous nous sommes battus contre l’injustice, contre ces individus qui passent leur temps à insulter et à diffamer. Mais je peux vous dire que c’est terminé, car les choses vont changer. J’ai remarqué que beaucoup de gens s’affolent, mais pourquoi s’affolent-ils tous ainsi ? Tout simplement parce que la personne qui les protégeait n’est plus là et qu’ils ont perdu tout ce qu’ils avaient. Cela, nous ne pouvons pas l’accepter. Pendant 12 ans, nous l’avons vécu. Moi, Bali Bou Sonko, je ne l’accepterai plus, car nous avons vécu d’énormes souffrances dans ce pays » a déclaré Maïmouna Bousso à travers une vidéo en live.
Par Alioune Badara DABO
IL NOUS FAUT UN CONSERVATOIRE NATIONAL DU LITTORAL
Il peut avoir pour mission d’imaginer, d’aménager et de protéger le littoral, les espaces naturels et les espaces de promenade et de respiration pour préserver le cadre de vie et le fragile équilibre ville-nature
Le 24 Mars 2024, le peuple sénégalais a fait le choix de la rupture en portant son choix sur le Président Bassirou Diomaye Diakhar Faye du parti PASTEF les Patriotes. Après six semaines d’exercices du pouvoir, l’arrêt des chantiers sur le littoral constitue, avec la publication des rapports des corps de contrôle et l’audit du site déclassifié de Mbour 4, les décisions phares prises pour la restauration de la transparence dans le domaine de la gestion foncière. Ces mesures conservatoires, quoiqu’appréciables et appréciées par l’opinion, devront être accompagnées par un cadre réglementaire et institutionnel durable qui garantisse l’équité et l’intérêt général dans la gestion foncière au Sénégal. Cette contribution met le focus sur la problématique de la gestion du foncier sur le littoral et entend participer aux réflexions en cours sur les mécanismes et dispositifs à mettre en œuvre pour régler durablement la question foncière sur le littoral sénégalais.
Pourquoi un Conservatoire national du littoral au Sénégal ?
Le littoral sénégalais s’étend sur près de 700 km et correspond à la façade maritime de six régions du Sénégal (SaintLouis, Louga, Dakar, Thiès, Fatick, Ziguinchor). Il est constitué d’écosystèmes naturels et anthropiques, mais menacé par la forte concentration économique et démographique et par les effets du changement climatique (érosion côtière, inondation, salinisation des sols…).
Sa gestion durable a préoccupé les pouvoirs publics depuis les premières heures de l’indépendance, mais aussi la communauté scientifique, l’UICN et les acteurs de la société civile. L’une des premières mesures prises par le Président Senghor consistaient à classer le foncier dans le Domaine Public Maritime (DPM) de l’État : ce dernier étant également soumis à la législation foncière.
La loi de 1976 portant code du domaine de l’État définit le DPM et la zone littorale qui font partie du domaine public naturel de l’État comme étant : « les rivages de la mer couverts et découverts lors des plus fortes marées, ainsi qu’une zone de cent mètres de large à partir de la limite atteinte par les plus fortes marées ». Le DPM est soumis au régime de la domanialité publique qui se caractérise par son exorbitance liée notamment aux principes d’inaliénabilité et d’imprescriptibilité qui s’appliquent à lui. L’État ne peut pas transférer un droit à un tiers ni à titre onéreux, ni à titre gratuit. En d’autres termes, le DPM ne peut pas bénéficier d’une prescription acquisitive. Toutefois, l’État peut bénéficier de certains espaces relevant du domaine public en les déclassant pour les faire entrer dans son domaine privé.
Sous le régime du Président Abdou Diouf, d’autres textes viennent s’appliquer également sur le DPM et cherchent à garantir une protection efficace et effective du littoral. En plus de la loi sur le domaine national de 1964, il y a eu également celle relative à l’environnement. L’ambiguïté de ce code de l’Environnement de 1983 a eu des conséquences importantes dans l’application des politiques environnementales. La loi de 1983 ne réglementait que certains aspects de l’environnement (le domaine marin et côtier n’en faisait pas partie) et était cependant complétée par les autres textes intervenants dans des secteurs spécifiques (forêt, chasse, urbanisme, aménagement du territoire, etc.).
La loi de 1996 a apporté des modifications majeures dans la gestion de l’environnement et le foncier. L’organisation territoriale s’est complexifiée avec la superposition de plusieurs échelons de collectivités décentralisées et de services déconcentrés de l’État.
Au niveau du foncier et plus précisément en ce qui concerne le DPM, les collectivités décentralisées malgré l’approfondissement de la décentralisation en 1996 ont peu de compétences en la matière. Leur implication dans la gestion du DPM est timide. Et pourtant, le littoral est, pour certaines collectivités locales côtières, d’une grande importance pour leur développement économique et touristique, mais elles ne sont que partiellement impliquées.
La loi de 1983 a été remplacée par celle de 2001 portant code de l’Environnement, sous le régime du Président Abdoulaye Wade. Elle contient plusieurs dispositions qui peuvent être relatives à la protection du littoral. En effet, le législateur prévoit des mesures de prévention et de lutte contre les pollutions et nuisances qui concernent aussi le littoral. Ceci se concrétise parle classement de certaines installations pour la protection de l’environnement, le respect des règles environnementales par les établissements humains, la gestion des déchets, l’obligation de procéder à l’étude d’impact, et l’établissement d’un plan d’urgence est prévu en cas de situations de pollution grave. De même, des règles sont également établies pour la protection des milieux, avec des mesures de prévention de la pollution des eaux et de la dégradation des sols.
Vers la fin du régime du Président Abdoulaye Wade, le littoral est devenu le théâtre d’une spéculation immobilière intensive. Ce phénomène s’est accéléré avec le régime du Président Macky Sall. Hôtels et immeubles d’habitation ou de bureaux y poussent à grande vitesse.
Les défenseurs de l’environnement ou de la qualité de vie dénoncent la privatisation du littoral à coups de violations des règles de droit. Certaines populations se plaignent de ne plus avoir d’accès libre à la mer et la préservation du littoral apparaît comme une des conditions d’aménagement équilibré des territoires face à l’urbanisation croissante.
Toutefois les politiques environnementales ou d’aménagement du territoire ou de préservation exclusive de cet espace n’ont pas encore atteint les effets escomptés et les ressources foncières sont de plus en plus grignotées notamment sur leurs franges. La croissance urbaine au Sénégal exerce une forte pression sur le littoral. Elle raisonne comme un défi envers les savoirs et pratiques opérationnelles de l’aménagement du territoire, de la planification et la gestion du littoral.
Je pense que la mise en œuvre de la volonté politique de protection du littoral du régime actuel et de la valorisation des espaces naturels, des espaces de promenade et de respiration, et de coordonner en ces domaines les actions des collectivités territoriales avec celles de l’État et de ses établissements publics doit être portée par une entité territoriale forte, viable et porteuse de transition vers des pratiques plus durables.
Les réformes engagées par le Sénégal, à savoir l’Acte III de la décentralisation, définissent de nouveau système de gouvernance des territoires avec notamment la communalisation intégrale des collectivités territoriales de proximité des communes et l’érection des départements en collectivité territoriale. Ce système pose des questions d’échelle de gestion et d’intégration du littoral dans le développement des territoires.
Ce processus d’organisation des territoires, des activités et des usages implique la recherche d’un équilibre entre l’urbanisation et le littoral, entre l’économie et la santé, la ville et les écosystèmes naturels, entre la croissance démographique et la préservation du cadre de vie. Il appelle ainsi, comme le suggère le Président de la république, à mobiliser l’intelligence collective des acteurs des territoires pour préserver le fragile équilibre entre la ville et le littoral.
La suspension des chantiers contribue à l’ouverture d’un débat plus vaste sur l’accaparement du foncier à travers tout le pays. Le Président Bassirou Diomaye Faye a promis de rompre avec le système incarné par son prédécesseur, Macky Sall. Ce dernier avait signé en avril 2023 un décret déclassant une forêt de près de 826 hectares destinée à empêcher l’avancée de la mer, pour y autoriser la construction d’infrastructures, d’équipements collectifs et de logements.
Cette urbanisation croissante situe le littoral à la jonction de différentes politiques publiques économiques, environnementales et action foncière. Il reste donc souhaitable pour le Sénégal, que les différentes stratégies des investisseurs, promoteurs immobiliers, l’État, les collectivités, les associations de protection de la nature soient source d’enrichissement, plutôt que de conflit, et favorisent un dialogue constructif qui exige de chaque acteur un comportement citoyen
La nouvelle institution technique et opérationnelle viendra renforcer le niveau de gestion, de coopération et d’échange, mais aussi de création d’espaces verts, d’espaces de promenade et de respiration, le niveau de collaboration entre l’État, les associations et les acteurs territoriaux dans la conduite, le suivi et l’évolution des politiques de protection du littoral.
Je pense que la mise en place d’un Conservatoire national du littoral (inspiré du Conservatoire du littoral en France, créé en 1975 pour lutter contre l’urbanisation des côtes françaises), structure technique et opérationnelle, traduit l’impératif de compléter notre architecture de gouvernance des ressources territoriales, foncières, marines, par une institution, siège de la protection et de la valorisation du littoral sénégalais.
Les objectifs du Conservatoire national du littoral
L’objectif de la création du Conservatoire National du Littoral est de mettre en place une structure technique et opérationnelle de gestion, de protection, d’animation, de sensibilisation et de création d’espaces de nature et de respiration afin de répondre aux enjeux de la croissance démographique qui crée des besoins inédits, notamment en termes de logement, de mobilité, d’emploi, de gestion de déchets, du cadre de vie, de gestion de l’eau et, de manière générale, de gestion de l’environnement.
Dans un contexte de grandes transformations urbaines, de mutations paysagères, de changements profonds des territoires côtiers liés au lancement de travaux d’envergure visant à relever les défis de la restructuration et de la croissance démographique, il s’agit de préserver le patrimoine naturel et le cadre de vie menacé par cette urbanisation croissante. Concilier les espaces de nature, de promenade, de respiration avec l’aménagement du territoire devient une nécessité.
Le Conservatoire est ainsi créé pour mettre en œuvre la politique de gestion, de protection et de valorisation du littoral, mais aussi de coordonner les actions des collectivités territoriales avec celles de l’État. Il vient renforcer de manière technique et opérationnelle le niveau de collaboration entre l’État, les associations, et les acteurs territoriaux dans la gestion, le suivi et l’intégration de la question environnementale, écologique, sociale dans les politiques d’aménagement du territoire.
Les objectifs opérationnels de la création du Conservatoire du littoral sont les suivants :
• Concilier aménagement du territoire, la gestion durable du littoral, du cadre de vie et la protection des écosystèmes naturels
• Diminuer la pression foncière et gérer durablement les espaces dont la valeur patrimoniale engage notre responsabilité à l’égard des générations futures et ouverture au public des espaces de promenade
• Anticiper les mutations des espaces naturels par une démarche prospective
• Créer des espaces de respiration, de lutte contre l’érosion côtière, les inondations et de participation à la qualité de vie des populations
• Accompagner et animer les projets de l’État et des territoires sous l’angle de la transition écologique
• Développer et mettre en œuvre une stratégie opérationnelle valorisant l’exemplarité environnementale de l’État et des collectivités territoriales
• Protéger les populations contre des phénomènes climatiques extrêmes en permettant un espace de tampon entre la mer et les enjeux humains.
Quelle forme ou statut pourrait prendre le conservatoire du littoral au Sénégal ?
Le Conservatoire peut être un établissement public administratif de l’État placé sous la tutelle des Ministères de l’environnement, de l’économie, de l’aménagement du territoire et des collectivités territoriales. Il peut être gouverné par deux instances : le Conseil d’administration composé principalement d’élus nationaux, départementaux, communaux et de représentants des ministères. Il est un organisme commun à l’État et aux collectivités territoriales, où les qualités et les rôles complémentaires de l’un et des autres se conjuguent et se renforcent mutuellement.
Il peut avoir pour mission d’imaginer, d’aménager et de protéger le littoral, les espaces naturels et les espaces de promenade et de respiration pour préserver le cadre de vie et le fragile équilibre ville-nature. À ce titre, l’action du Conservatoire s’inscrit dans le cadre des politiques nationales, territoriales en matière de qualité de vie, d’aménagement du territoire et d’environnement.
Le Conservatoire doit avoir pour mission d’intervenir et d’argumenter afin de préserver de manière règlementaire le littoral. Il vise à : (i) prévenir ou endiguer l’urbanisation non maîtrisée ; (ii) concilier l’ouverture au public et la préservation de la biodiversité ; (iii) mettre en valeur les paysages ; (iv) conforter le maintien de la production économique et touristique et (v) prévenir la dénaturation des espaces ouverts par des veilles foncières avec les collectivités et les associations.
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LIONEL ZINSOU EN DÉFENSEUR DU FRANC CFA
Face aux appels à l'abolition de cette monnaie héritée de la colonisation, l'économiste fustige les "extrêmes" et en vante la stabilité. Pourtant, les critiques sont nombreuses quant à son impact sur le développement des pays africains
Lionel Zinsou, économiste et ancien Premier ministre du Bénin, a défendu sur TV5 Monde le maintien du franc CFA, monnaie commune à 14 pays d'Afrique de l'Ouest. Faisant front face aux appels récurrents pour l'abolition de cette monnaie héritée de la colonisation française, Zinsou a dénoncé les "extrêmes" qui remettent en cause cette union monétaire, garante selon lui de stabilité et d'intégration régionale.
L'ancien Premier ministre a balayé les critiques sur la supposée surévaluation du franc CFA, réfutant son impact sur la compétitivité. "Nos économies sont vendeuses en dollars, la parité importe peu", a-t-il lancé, rappelant que les pays voisins dotés de monnaies indépendantes souffrent des mêmes maux économiques. Une pique à peine voilée envers ceux qui voient dans l'écu colonial un frein au développement.
Zinsou a également relativisé l'aspiration souverainiste, arguant que la plupart des pays membres demeurent attachés à cette monnaie commune. "Un changement prendrait des années", a-t-il prévenu pour mieux décrier toute sortie "par simple décret". Un prudent rappel à l'ordre, alors que les vents de révolte ont récemment soufflé au Niger et au Mali contre le "Franc des colons".
L'ex-chef du gouvernement béninois n'a pas mâché ses mots pour fustiger aussi bien les "extrêmes droites" que les "extrêmes gauches" hostiles aux unions monétaires, un "spectre politique" qu'il juge dépassé. À contre-courant, il a plaidé pour davantage d'intégration, saluant le souhait du Sénégal de réformer le franc CFA, mais "dans le cadre des 15 pays" de la CEDEAO, l'organisation régionale.
Au moment où la contestation enfle, Lionel Zinsou, défenseur de premier plan du "Franc de la France en Afrique", s'est institué en rempart pour maintenir un lien désormais honni par une partie du continent. Un discours résolument contre-révolutionnaire, pour un franc CFA plus que jamais dans le collimateur.