SenePlus | La Une | l'actualité, sport, politique et plus au Sénégal
27 novembre 2024
Politique
À L'UCAD, MÉLENCHON SONNE L'ALARME EN FAVEUR DU SAVOIR
Devant un parterre d'étudiants, le leader de LFI a plaidé pour faire du savoir un "bien commun" à l'image de l'air ou de l'eau. Il a appelé à "libérer le savoir des chaînes de l'argent et de l'impérialisme"
Lors d'une conférence publique à l'Université Cheikh Anta Diop de Dakar ce jeudi, Jean-Luc Mélenchon, accompagné du Premier ministre Ousmane Sonko, a plaidé pour faire du savoir un "bien commun" accessible à tous, à l'image de l'air ou de l'eau.
Le leader de la France Insoumise a appelé à "libérer le savoir des chaînes de l'argent, de l'impérialisme et de la propriété exclusive", estimant qu'il fallait une "action politique" pour y parvenir. Il a souligné l'enjeu futur que représentait la scolarisation et la formation des "850 millions" de personnes qui devront être logées en Afrique d'ici 2050.
Pour Mélenchon, "sans savoir, il n'y a pas d'issue à la crise" que traverse l'humanité, qu'il analyse comme une "crise du contrôle des citoyens sur leur société". Face au changement climatique, devenu "irréversible", il a invité à "inventer tout de là jusqu'à z de la nouvelle condition humaine" d'ici la fin du siècle.
Par l'action politique, il faut libérer le savoir des chaines de l'argent, de l'impérialisme.
Par millions, il faut scolariser la jeunesse et l’amener jusqu'à l'enseignement supérieur, où vous vous trouvez aujourd'hui.
Le chef du gouvernement a annoncé ce jeudi 16 mai 2024, une gestion plus efficace et responsable du problème, notamment par des mesures contre les constructions illégales et un audit approfondi des fonds déjà engagés
Le Premier ministre Ousmane Sonko a affirmé, jeudi, que le gouvernement du Sénégal allait mobiliser les moyens et les ressources nécessaires pour résoudre définitivement le problème des inondations. « Des moyens et des ressources seront trouvés pour le règlement définitif des inondations même s’il faut l’admettre, il restera toujours des zones inondables. » Une déclaration faite lors du Conseil interministériel sur la prévention et la gestion des inondations durant la saison des pluies.
Le chef du gouvernement a reconnu que certaines zones resteront toujours inondables, notamment les quartiers construits dans des zones non aedificandi (zones où la construction est interdite). Cependant, il a assuré que l’État mettrait tout en œuvre pour lutter efficacement contre les inondations.
Il a rappelé que l’État avait déjà investi 717 milliards FCFA dans divers projets visant à prévenir les inondations, incluant la construction d’ouvrages de drainage, de stockage et de pompage des eaux pluviales, la restructuration de zones inondables et le relogement des sinistrés. Malgré ces investissements, les résultats escomptés n’ont pas été atteints, ce qui a conduit à la décision de mener un audit approfondi pour évaluer l’utilisation de ces fonds.
Le Premier ministre a souligné l’importance de mettre fin à l’anarchie dans la gestion des inondations et de veiller à la protection des populations. Il a promis de prendre des mesures contre les constructions illégales dans les zones non aedificandi et sur les voies d’évacuation des eaux pluviales.
Il a également appelé à une mobilisation citoyenne contre les inondations, tout en remerciant les forces armées pour leur soutien. Il a insisté sur le fait que les inondations sont souvent causées par les négligences de certains services publics et les mauvais comportements des citoyens.
Enfin, il a souligné que ce Conseil interministériel est crucial car il engage fortement la responsabilité de l’État, qui doit assumer une responsabilité technique, administrative et politique dans la gestion et la prévention des inondations au Sénégal. Le premier ministre a conclu en affirmant que l’État doit intensifier ses efforts pour résoudre définitivement ce problème.
Le Conseil interministériel a réuni plusieurs membres du gouvernement, y compris le ministre de l’Hydraulique et de l’Assainissement, Cheikh Tidiane Dièye, ainsi que des responsables de services publics, des autorités administratives des régions, des forces de défense et de sécurité, et des élus locaux.
L’ETAT DECONFINE LE DOSSIER
Dans le communiqué du Conseil des ministres, il y a un passage qui attire l’attention : «Le ministre de la Justice, Garde des sceaux, a fait une communication sur le traitement judiciaire sur la gestion du fonds Covid-19.»
Le ministère de la Justice va-t-il mettre le coup d’accélérateur sur le traitement judiciaire du rapport de la Cour des comptes sur le fonds Covid-19 ? En Conseil des ministres hier, Ousmane Diagne a fait le point sur l’affaire. Alors que la Dic avait commencé les auditions de certaines personnalités épinglées dans ce rapport. Va-t-on vers une relance de l’affaire ?
Dans le communiqué du Conseil des ministres, il y a un passage qui attire l’attention : «Le ministre de la Justice, Garde des sceaux, a fait une communication sur le traitement judiciaire sur la gestion du fonds Covid-19.» Qu’annonce cette communication de l’ancien procureur de la République, Ousmane Diagne ? Il s’agirait d’une relance de ce dossier qui fait partie de l’un des héritages les plus explosifs du régime Sall. Si le traitement du dossier avait débuté après qu’un soit-transmis a été donné à la Division des investigations criminelles (Dic), suivi d’un défilé de certaines personnalités épinglées par le rapport sur le fonds Covid-19, il était presque au point mort selon certains. Mais, la Dic, qui n’avait pas totalement bouclé ses enquêtes, va sans doute accélérer la procédure. En attendant la suite qui viendrait du Parquet de Dakar. Certains fonctionnaires avaient été attraits devant la Chambre de discipline financière pour des faits considérés comme des fautes de gestion.
Les conclusions du rapport de la Cour des comptes sur le fonds Covid-19 avaient ému le pays à cause de certaines révélations sur la gestion de cette manne financière. A l’époque, le gouvernement avait soutenu la polémique et avait voulu ramener le débat à de justes proportions. Mamadou Moustapha Ba avait souligné que la Cour a fait dans son document, «85 recommandations fort pertinentes, qui seront capitalisées et internalisées au titre des bonnes pratiques en matière de gouvernance des ressources publiques, dans des situations d’urgence et de crise». A côté de ces recommandations, certaines concernent des fautes de gestion qui ont été relevées et demandent que les auteurs fassent l’objet d’instructions judiciaires. Et sur ce point, le gouvernement laisse l’initiative à la Cour des comptes. Lors d’une séance d’explications, il avait soutenu que sur les 1000 milliards du fonds Covid-19, seuls 6 milliards 686 millions 784 mille 410 francs Cfa ont fait l’objet de réserves de la part des magistrats de la Cour des comptes. Donc, en valeur relative, 0, 4% du montant total. Et cette mauvaise utilisation aurait pour responsables, à la lecture du document de la Cour, des haut-fonctionnaires de 9 départements ministériels. Il s’agit, entre autres, des directeurs-chefs de service et des Dage en fonction à l’époque dans les ministères de la Santé, de la Microfinance et de l’économie solidaire, des Mines et de la géologie, du Développement communautaire et de l’équité sociale, de la Jeunesse, du Commerce, de la Femme et de la famille, ainsi que ceux de la Culture et de la Communication.
Les faits qui leur sont reprochés sont de natures diverses et vont, entre autres, de «défaut de justification des dépenses» ou «d’absence de pièces justificatives» relatives à des dépenses, à «des paiements sans service fait», en passant par des «surfacturations» pour l’acquisition de certains produits. Sans oublier certains paiements en espèces pour des achats, ce qui est contraire à la règle dans l’Administration publique.
Il faut savoir que sur les 1000 milliards du fonds Covid-19 dont il est question, 628 milliards de Cfa étaient tirés du Trésor public, tandis que pour 372 milliards, il s’agissait de mesures de renonciations fiscales visant à permettre à des entreprises privées nationales de pouvoir supporter le choc de la perte de leurs activités économiques et de ne pas mettre la clé sous le paillasson durant la période du Covid-19. Le fonds Covid-19 devait permettre la mise en œuvre du Programme de résilience économique et sociale (Pres) en ses 4 axes, à savoir le soutien au secteur de la santé, le renforcement de la résilience de la population et de la cohésion sociale, la sauvegarde de la stabilité macroéconomique et financière, ainsi que la sécurisation de l’approvisionnement et de la distribution des denrées alimentaires, des médicaments et de l’énergie.
Par Ibou FALL
MAITRE BABACAR SEYE ET LES QUARANTE FANTÔMES
Après les déclarations outrées sur le carnage foncier et les délires des «lanceurs d’alerte» sur le pillage de la République, on attend impatiemment la vérité sur le «complot d’Etat» qui nous a valu tant d’émotions
Hier, le 15 mai 2024, la République, soigneusement, évite de commémorer le 31ème sinistre anniversaire de l’assassinat de Maître Babacar Sèye, alors vice-président du Conseil constitutionnel.
En effet, il n’y a pas de quoi pavoiser : le vice-président du Conseil constitutionnel, alors qu’il rentre un samedi après une journée que l’on devine chargée, est abattu par une bande de sbires que les enquêteurs ne mettent pas longtemps à identifier. Il y a, dans le lot, un certain Clédor Sène, le plus fort en thème, plus grande gueule qu’autre chose, Pape Ibrahima Diakhaté et Assane Diop.
Ils se font remarquer tout ce temps-là comme des proches du pape du «Sopi». Assane Diop, un ancien militaire, est de la garde rapprochée de Ousmane Ngom, le bras droit d’alors de Maître Wade.
Déjà en 1988, alors que Wade est en prison pour diverses atteintes à la stabilité nationale dont la sûreté de l’Etat, après que quelques bombes explosent et qu’une «Armée du peuple» en revendique la paternité, la police en arrête les auteurs, au rang desquels on retrouve Clédor Sène. Après avril 1991, au nom de la réconciliation nationale et de l’entrisme de Wade et sa bande de casseurs dans un «gouvernement de majorité présidentielle élargie», une amnistie est décrétée par Diouf. Dans le lot, des séparatistes casamançais, et les poseurs de bombes de 1988 qui commencent à grogner drôlement depuis la prison et attendent d’être jugés.
Il faut dire qu’un an auparavant, le vrai maître du pays, Jean Collin, quitte la scène publique et prend une retraite méritée. C’est sans doute depuis lors que la République ne sait plus se faire respecter.
Arrivent les élections de 1993, qui ne sont plus couplées. Diouf remporte la Présidentielle les doigts dans le nez, mais lorsque surviennent les législatives, ça se corse. Un interminable contentieux pousse le président du Conseil constitutionnel d’alors, Kéba Mbaye, que l’on considère comme «le père du Code électoral consensuel», à remettre sa démission.
Officiellement, il dit reconnaître sa responsabilité dans le désordre ambiant. Officieusement, on parle de menaces anonymes d’attentats visant sa marmaille. Youssou Ndiaye, un des quatre autres magistrats qui se dévouent alors pour enfanter le «Code électoral consensuel», le remplace au pied levé.
On attend alors avec impatience les résultats des Législatives, agrémentés par le va-et-vient de Andrésia Vaz qui préside la Commission nationale de recensement des votes où se déroule, comme dirait l’autre, «le cérémonial chinois de l’administration de preuves, où il faut prouver les virgules, les points-virgules et même les soupirs». On n’est pas loin des 15 heures, ce 15 mai 1993, lorsque tombe la nouvelle : le vice-président du Conseil constitutionnel, Maître Babacar Sèye, vient d’être abattu.
Les enquêteurs ne mettent pas longtemps pour arrêter les coupables. Devant les gendarmes, sans qu’on ne le force vraiment, Clédor Sène se révèle bavard : ce sont des responsables du Pds les commanditaires du meurtre. Ses pontes défilent à la gendarmerie et font de la garde à vue. Dans les couloirs du Palais présidentiel, la dissolution du Pds est évoquée. Et puis, un beau jour, ô surprise, on découvre dans la presse privée, le «complot d’Etat». Clédor Sène, encore lui, depuis la prison, parvient à faire fuiter une lettre dans laquelle il retourne sa veste : ce serait le Premier ministre d’alors le vrai commanditaire du meurtre, avec des intermédiaires à trouver dans les rangs socialistes. Dans l’opinion, c’est clair comme de l’eau de roche : Maître Babacar Sèye est mort, on ne sait où, tué par on ne sait qui, avant d’être placé dans sa voiture avec la complicité du chauffeur et du garde du corps. Clédor Sène et sa bande ne sont là que pour faire joli : ces lampistes simulent tout juste un attentat sur la Corniche, à l’entrée de l’avenue des Ambassadeurs.
Pourquoi souriez-vous ?
Wade et sa bande, désignés comme les commanditaires, sont blanchis par… le juge Cheikh Tidiane Coulibaly.
Le même juge qui siège au Conseil constitutionnel et que le PDS accuse de corruption passive lors de la Présidentielle de 2024. Il aurait fait annuler en 1993 la procédure pour cause d’aveux extorqués sous la torture. Lorsque Wade retourne à la soupe gouvernementale, en 1995, il en fait son directeur de Cabinet.
Le monde est petit.
Après le 19 mars 2000, lorsque le «Sopi» arrive aux affaires, certains esprits chagrins se disent que la plus sulfureuse des énigmatiques affaires d’Etat va enfin trouver son épilogue et que les commanditaires de l’affaire Babacar Sèye vont être démasqués et pendus haut et court sur la place publique.
On attendra en vain. En lieu et place, on assiste à l’élargissement des assassins qu’une Cour d’assises en 1994 condamne à de lourdes peines, en même temps que des Moustarchidines, auteurs des émeutes du 16 février 1994 qui coûtent la vie à six policiers. Une loi, dénommée Ezzan, est votée dans la foulée pour gommer cette ignominie des tablettes de notre Histoire.
Mais la leçon est retenue : être pris la main dans le sac et accuser l’Etat de comploter, ça peut sauver des fesses…
Il faudra attendre février 2021 pour en avoir la plus belle illustration. Lorsqu’une jeune inconnue, Adji Raby Sarr, masseuse à Sweet Beauté, sort de nulle part pour accuser de viols répétés Ousmane Sonko, le leader du parti Pastef. L’opposant surfe alors sur la vague du succès après un score de 15% à la présidentielle de 2019. Le Pros, comme l’appellent ses ouailles, est la figure montante de l’opposition, Idrissa Seck, le challenger de Macky Sall, ayant choisi de transhumer contre un strapontin au Cese.
Il est formel : c’est un complot d’Etat pour éliminer le favori de la Présidentielle de 2024. Tout le monde est impliqué… On y distingue dans le désordre, des magistrats, des avocats, des ministres, des militaires, des gendarmes, des policiers, de rancuniers hauts fonctionnaires véreux et leur cohorte de journalistes corrompus et, enfin, le président de la République et sa distinguée épouse.
Sur les réseaux sociaux, ça se lâche : pour ses inconditionnels, le monde entier est suspecté de barrer la route au futur président Ousmane Sonko de manière déloyale, comme cela s’est passé avec Karim Wade et Khalifa Sall, des enfants de chœur victimes du cynique «mackyavélisme» dominant.
Sauf que lui ne se laisse pas faire, et depuis sa forteresse de Ziguinchor, lance le «gatsa-gatsa» à la tête de ses troupes dont certains sont dangereusement armés de lance-pierres pour prendre d’assaut le Palais de l’avenue Léopold Sédar Senghor…
C’est près de Koungheul que la gendarmerie met fin à ce triste cirque qui dénombre tout de même, l’un dans l’autre, près de quarante morts dont deux enfants calcinées dans un car de transport en commun, des blessés et de considérables dégâts matériels. On le ramène chez lui où il est consigné près de deux mois avant d’être arrêté pour un «vol de portable» qu’accompagne un cortège d’accusations gravissimes dont l’atteinte à la sûreté de l’Etat.
Dans l’opinion, ça se demande de quoi sera faite une Présidentielle sans Ousmane Sonko ni Macky Sall, alors que le parti Pastef est dissous. Les plans B, C, D et même E se bousculent dans la tête des analystes politiques. Lorsque la candidature de Bassirou Diomaye Faye passe par un trou de souris pour être validée par le Conseil constitutionnel, ça pavoise déjà : «Diomaye, c’est Sonko !»
Et puis, c’est le coup de théâtre : Macky Sall freine le processus électoral pour, selon ses dires, se donner le temps d’organiser une présidentielle «inclusive», avec Karim Wade et Ousmane Sonko. Et sans doute lui-même.
Les juges constitutionnels le ramènent à la raison. Et, à la fin, c’est Diomaye qui est élu…
C’est sans doute le moment de retenir son souffle : après les déclarations outrées sur le carnage foncier et les délires des «lanceurs d’alerte» sur le pillage de la République, on attend impatiemment la vérité sur le «complot d’Etat» qui nous a valu tant d’émotions.
En attendant, depuis peu, quarante fantômes tiennent compagnie à Maître Babacar Sèye dans la salle des pas perdus…
AMADOU BA LANCE L’OFFENSIVE POUR L’HERITAGE DE BENNO
Selon Madiambal Diagne, le candidat de Benno, battu le 25 mars dernier au premier tour, devait rencontrer, hier, Moustapha Niasse et Aminata Mbengue Ndiaye avant de «rendre public son choix politique cette semaine».
L’ex-dauphin peine à nager dans les eaux de l’Apr. Amadou Ba lance ses filets sur les alliés après son retour à Dakar. Selon Madiambal Diagne, le candidat de Benno, battu le 25 mars dernier au premier tour, devait rencontrer, hier, Moustapha Niasse et Aminata Mbengue Ndiaye avant de «rendre public son choix politique cette semaine».
Le divorce n’est pas officiel. Mais il semble davantage plus proche entre Macky Sall et Amadou Ba. Chacun a(bat) ses cartes. Et en voilà une révélée par Madiambal Diagne qui affirme que le candidat malheureux de Benno bokk yaakaar, de retour au Sénégal, ce 13 mai, multiplie les rencontres. «Amadou Ba rencontre ce soir (hier mercredi), tour à tour, Moustapha Niasse (Afp) et Aminata Mbengue Ndiaye (Ps). Il compte leur parler de son choix politique qu’il rendra public cette semaine». Quel choix ? Probablement celui de prendre son destin en main. Après ses déboires et divergences avec le Président et ses hommes qui ont amoindri ses chances de gagner ou d’aller au second tour. Il compte donc sur les alliés de l’Apr, ceux-là sans qui il ne serait pas et ne resterait peut-être pas le candidat de Macky Sall. N’est-ce pas Abdoulaye Seydou Sow qui confirme, vrai ou faux, que le Président voulait changer de candidat ! C’est déjà une bataille à distance entre Sall et Ba pour hériter de l’Afp et du Ps, ou de ce qu’il en reste. L’appel (téléphonique et du pied) de Kaffrine ressemblait à une tentative de fidélisation des militants.
Amadou Ba tend la main à ceux qui avaient sauvé sa candidature
Pour le Ps, les choses sont encore plus complexes. Malgré cette offensive de charme sur Aminata Mbengue Ndiaye, Amadou Ba va devoir convaincre qu’il est le mieux placé que Khalifa Sall, qui tente un retour. Il peut en sortir «légitime» avec ses presque 36 %, même si Macky Sall en aurait des «actions». Pour l’Afp, Moustapha Niasse, qui est hors course, va-t-il se départir de la confiance du président de l’Apr ? En tout cas, Amadou Ba retourne chez l’homme qui l’avait «choisi» contre ses concurrents qu’il avait auditionnés pour le choix de Benno à la Présidentielle. Cette fois-ci, il devrait requérir la bénédiction de Niasse pour une nouvelle ambition. Mais, aussi bien pour les Socialistes que pour le Progressistes, le choix pourrait dépendre de l’engagement ou des nouvelles (?) ambitions de Macky Sall. Reviendra, reviendra pas ? C’est la question. Sinon, il comptera sur Amadou Mame Diop, Abdoulaye Daouda Diallo et autres. Ce «choix politique qu’il rendra public cette semaine», comme l’annonce le président du Groupe Avenir communication sera déterminant pour son avenir politique. S’opposer ou périr. Les Législatives, c’est aujourd’hui !
LE GRADEC TIRE UN BILAN POSITIF DE LA PRÉSIDENTIELLE
L'organisation se félicite du déroulement globalement pacifique de l'élection, fruit selon elle de sa campagne de sensibilisation contre la violence. Elle formule également des recommandations pour renforcer la démocratie et le système électoral
Le Groupe de Recherche et d’Appui Conseil pour la Démocratie Participative et la Bonne Gouvernance (GRADEC) se réjouit de la manière dont s’est tenue la présidentielle du 24 mars dernier dans notre pays. Une élection, se sont-ils réjouis, qui s’est déroulée dans un climat de paix et de sérénité. Babacar Fall et son équipe ont présenté, hier, le bilan de campagne de sensibilisation sur les violences électorales qu’ils ont eu à mener. Le Gradec a formulé des recommandations visant à pacifier l’espace politique et à réformer le système électoral.
«Le projet a été globalement conçu dans la perspective de la tenue de l’élection présidentielle 2024. Comme vous le savez, beaucoup de menaces ont pesé sur le processus électoral. C’est la raison pour laquelle nous avions pensé qu’il fallait mettre en place un projet dénommé Wadial élections pour lutter contre les violences électorales. C’est ça en fait qui motive particulièrement le projet », a expliqué le secrétaire général du Gradec, Babacar Fall. Avec les émeutes survenues dans le pays en mars 2021 et celles de juin 2023 et qui ont engendré des tensions politiques et impacté la préparation de l’élection présidentielle, ainsi que les irrégularités sur le processus électoral, l’opinion craignait des lendemains incertains. Finalement, tout s’est bien passé. La démocratie sénégalaise est restée debout en dépit de ces tensions préélectorales. « Les périodes de compétitions politiques sont précédées parfois de tensions vives qui peuvent déboucher sur des violences. Par rapport à ce contexte-là, il nous fallait essayer de réfléchir sur un projet susceptible de garantir l’organisation d’une élection transparente, inclusive mais aussi calme et pacifique. L’approche que nous avons mise en œuvre pour la réussite du projet, c’est d’abord de sensibiliser les jeunes. Parce qu’en matière de violences politiques électorales, ce sont plus souvent les jeunes et les femmes qui sont victimes. Donc, nous avons développé un important programme de sensibilisation à travers les réseaux sociaux. Nous avons travaillé avec les influenceurs des réseaux sociaux », ajoute le chef de projet Wadial élection 2024, par ailleurs secrétaire général du Gradec, Babacar Fall.
Babacar Fall Sg du Gradec : « La grande violence tant crainte n’a pas eu lieu»
C’est donc un bilan satisfaisant de la campagne de lutte contre les violences électorales que tire le Gradec. Son secrétaire général se félicite du fait que la violence que tout le monde craignait n’a pas été au rendez-vous. « Il y a eu beaucoup de craintes. Les gens étaient très pessimistes par rapport à tous ce qu’on a traversé dans la dernière période avec la fixation de la date de l’élection. Ensuite, son report et tout ce que cela a soulevé comme tollé, comme manifestations à travers le pays. Donc, vraiment, nous avons été satisfaits à l’arrivée à part quelques incidents mineurs qui ont été notés dans un certain nombre de départements. La grande violence qu’on craignait n’a pas été au rendez-vous. Et si on est arrivé à cette situation, nous le devons aux différents programmes mis en œuvre par le Gradec mais également par d’autres organisations de la société civile qui ont fait beaucoup de dialogue communautaire, de monitoring, de la sensibilisation pour amener les acteurs à préserver le climat social. C’est ce qui nous a permis d’avoir une élection calme saluée à travers le monde « s’est réjoui le Sg du Groupe de Recherche et d’Appui-Conseil pour la Démocratie Participative et la Bonne Gouvernance (Gradec).
Les recommandations du Gradec !
Babacar Fall indique qu’au vu des résultats enregistrés dans la mise en œuvre de leur projet, il est envisagé de travailler à le pérenniser et l’élargir compte tenu des élections législatives anticipées plus que probables qui pourraient se tenir d’ici la fin de l’année.
Dans cette perspective, le Gradec fait des recommandations pour encore pacifier l’espace politique mais aussi réformer le système électoral. « Les recommandations sont nombreuses. Nous pensons que le travail ne s’arrête pas à la fin de l’élection. Il faut continuer. Nous avons un vaste programme d’éducation civique et électorale pour amener les citoyens à comprendre les enjeux d’une élection. A comprendre ou, en tout cas, à mieux appréhender leurs devoirs en tant que citoyens, mais également leurs droits. Nous avons également fait un certain nombre de recommandations concernant la collaboration qui doit exister entre les populations et les forces de l’ordre. Entre les partis politiques, les candidats et les forces de l’ordre par rapport justement à la gestion de la paix, du vivre ensemble, de la cohésion sociale. Il y a également d’autres recommandations concernant la nécessité de réformer le système électoral. D’ailleurs, même le président de la République l’a indiqué. Nous sommes revenus sur toutes ces questions dans le document. Il est possible, à travers la réflexion, la mise en œuvre de ces recommandations, d’arriver à un système électoral plus conforme à notre exigence en tant que nation démocratique. Nous sommes en train de travailler dans cette dynamique », a conclu le secrétaire général du Groupe de Recherche et d’Appui Conseil pour la Démocratie Participative et la Bonne Gouvernance (Gradec), Babacar Fall. Le Gradec va soumettre ses conclusions aux autorités.
L'ALLIANCE POUR LA RÉPUBLIQUE ANNONCE LA REPRISE DE SES ACTIVITÉS
Dans un communiqué signé par Seydou Gueye, la formation politique dirigée par Macky Sall informe de sa tournée dans les régions de Sédhiou, Kolda, Ziguinchor, Kaolack, Fatick et Diourbel
Dans un communiqué signé par Seydou Gueye, son porte-parole, la formation politique dirigée par Macky Sall informe de sa tournée dans les régions de Sédhiou, Kolda, Ziguinchor, Kaolack, Fatick et Diourbel. Des étapes précédées par celles de Kaffrine et Tamba. «Le secrétariat exécutif de l’Apr décide de poursuivre cette dynamique d’écoute et d’échange afin de procéder à l’évaluation objective et sans complaisance des résultats de l’élection présidentielle du 24 mars 2024 et à l’analyse du cours politique actuel au regard des actes inauguraux préoccupants posés par les nouvelles autorités», lit-on.
Le Secrétariat exécutif national (Sen) de l’Apr estime que cette remobilisation du parti et de la coalition Benno témoigne de leur «engagement pour la reconquête» du pouvoir. Il invite, par conséquent, à «maintenir cette démarche de proximité» pour la «valorisation du bilan, l’unité du parti, la veille active permanente», mais aussi «la consolidation et l’élargissement de la coalition».
FONDS COVID-19, LE MINISTRE DE LA JUSTICE PRÉPARE L’OFFENSIVE JUDICIAIRE
Dans son rapport, la Cour des comptes avait relevé de nombreuses fautes de gestion, des conflits d’intérêts et autres entorses au Code des marchés. Elle avait même réclamé l'ouverture d'une information judiciaire contre au moins dix responsables.
Le régime en place semble préparer une offensive judiciaire sur les conclusions du rapport de la Cour des comptes sur le la gestion du Fonds Force Covid-19.
Le ministre de la Justice prépare une offensive judiciaire sur les nombreux cas de prévarication de nos deniers publics constatés par la Cour des Comptes, sur la gestion du Fonds Covid-19. mercredi, la question a été évoquée en Conseil des ministres.
En effet, selon le communiqué officiel de la réunion, Ousmane Diagne, le Garde des Sceaux ministre de la Justice, a même «fait une communication sur le traitement judiciaire du rapport de la Cour des Comptes portant sur la gestion des fonds Covid».
Dans son rapport, la Cour des comptes avait relevé de nombreuses fautes de gestion, des conflits d’intérêts et autres entorses au Code des marchés. Elle avait même réclamé l'ouverture d'une information judiciaire contre au moins dix responsables.
Par Idrissa Doucouré & Magaye Gaye
VERS UNE SOUVERAINETE ECONOMIQUE AUDACIEUSE
Le Sénégal, une nation en pleine évolution, se prépare à affirmer sa souveraineté économique face aux institutions de Bretton Woods et autres institutions de développement international.
Le Sénégal, une nation en pleine évolution, se prépare à affirmer sa souveraineté économique face aux institutions de Bretton Woods et autres institutions de développement international. Cette démarche décisive est marquée par l'arrivée d'une nouvelle génération de dirigeants, qui hérite d'un pays confronté aux défis de la dette, de la dépendance économique et d'une économie mal équilibrée.
L'Afrique subsaharienne, y compris le Sénégal, a longtemps souffert des conséquences négatives de la pression exercée par les institutions de Bretton Woods. Ces dernières ont souvent imposé des politiques "one-size-fits-all", qui ignorent les spécificités locales et les besoins réels des pays en développement. Le résultat a été une explosion de la dette, qui a réduit la capacité du gouvernement sénégalais à investir dans les secteurs clés du développement, tels que l'éducation, la sécurité sociale et les infrastructures.
En dépit du talent et de l'expertise des cadres africains au sein de ces institutions, ils semblent souvent plus disposés à servir de bouclier qu'à exercer une influence efficace en faveur des pays africains. Cette observation souligne l'importance d'une réévaluation des relations qu’entretient le Sénégal avec les institutions de Bretton Woods et d'une démarche visant à renforcer sa souveraineté économique.
Le chemin vers la souveraineté économique passe par une réduction de la dépendance du pays aux institutions de développement international. Cela implique la promotion des investissements dans les secteurs clés pour le développement durable et inclusif, tels que l'agriculture, l'éducation, la sécurité sociale et les technologies de l'information.
La nouvelle génération de dirigeants sénégalais a l'opportunité unique d'adopter une approche différente pour renforcer la souveraineté économique du pays. Il s’agit essentiellement d’une nouvelle approche qui favorise une économie de marché plus forte et plus résiliente.
Le moment est arrivé pour les autorités sénégalaises d'adopter des mesures importantes pour réorienter les politiques économiques du pays vers une souveraineté nationale renforcée. Cela doit inclure la réduction des pressions extérieures, la diversification des partenariats économiques et la mise en place de politiques qui favorisent l'indépendance économique.
Le Sénégal doit également se concentrer sur la gestion efficace de ses ressources endogènes, y compris la renégociation des contrats sur nos ressources naturelles, la réforme des pratiques fiscales et la rationalisation des ressources publiques.
Enfin, le Sénégal doit adopter une approche proactive pour gérer sa dette, y compris la réduction des taux d’intérêts, la conversion de ces intérêts en capital et l'élaboration d'un plan de restructuration de sa dette. La récupération des avoirs illégalement subtilisés et l'engagement dans des partenariats financiers diversifiés, pour une mobilisation accrue des investissements directs étrangers, le rôle central de la diaspora pour des investissements privés massifs et le transfert de technologies, sont également des voies pour renforcer les capacités du Sénégal à maîtriser sa nouvelle dynamique économique.
Le Sénégal a le potentiel d'affirmer sa souveraineté économique et de construire un développement durable et inclusif sur la base de ses propres ressources et compétences. Pour y parvenir, il est essentiel que le pays se concentre sur la mise en place de politiques et de pratiques économiques qui favorisent l'indépendance, la justice et le bien-être de tous les Sénégalais.
Avec toute notre considération et notre engagement pour un Sénégal souverain et prospère.
par Fatoumata Bernadette Sonko
UN SIÈCLE DES FEMMES SANS LES SÉNÉGALAISES ?
La toponomie, qui reflète une reconnaissance symbolique, immortalise les hommes et enterre les femmes. Masculine et coloniale, elle les efface de notre mémoire collective. Ainsi a été conçu et perpétué un imaginaire difficile à déconstruire
La logique quantitative de la sous-représentation des femmes dans les instances décisionnelles domine le débat au Sénégal : 4 femmes ministres sur 30 membres du nouveau gouvernement, soit 13% pour 49,6% de la population. La même tendance s’observe avec les nominations hebdomadaires du Conseil des ministres pour les principaux postes décisionnels. En somme, un sevrage brutal, suivi d’un régime draconien, digne d’un « programme d’ajustement structurel » au féminin. Au-delà de l’indignation collective, cette minorisation des femmes interpelle et fait réfléchir sur ses origines, la construction idéologique qui la sous-tend et ses structures de légitimation.
Bâtie sur des fondements patriarcaux, notre société perpétue le processus d’ostracisation des femmes non seulement depuis la « déterritorialisation » occasionnée par l’arrivée des religions du Livre et la colonisation, mais aussi la poursuite de cette exclusion par les autorités sénégalaises à partir de 1960. On comprend mieux pourquoi des interprétations conservatrices des préceptes religieux sont encore mises en avant pour essayer de justifier la relégation des femmes dans la catégorie des « cadets sociaux ».
Dans les sociétés négro-africaines adossées aux logiques du matriarcat telles que définies par Cheikh Anta Diop dans L'Unité culturelle de l'Afrique noire (1959), les femmes participaient à toutes les instances de pouvoir politique, social et même religieux au sein de la famille et de la communauté. La division sexuelle du travail ne reposait ni sur une hiérarchie, ni sur une oppression d’un sexe par l’autre. Il existait « un dualisme harmonieux, une association acceptée par les hommes et les femmes où chacun s’épanouit pleinement en se livrant à l’activité qui est la plus conforme à sa nature physiologique » (p. 114).
Le système colonial a déstructuré cette organisation sociale et politique en arrimant la place des femmes à une logique patriarcale. Les colonisateurs portaient un regard spéculaire sur les Africaines à l’image des femmes de leur pays qui avaient un statut de mineure et étaient sous la dépendance des hommes (père, frère, mari et fils). En imposant l’hégémonie masculine, l’État colonial a dépossédé les femmes. C’est ainsi que la loi foncière de 1904, qui attribue toute propriété au chef de famille, c’est-à-dire le mari, seul propriétaire des biens, a réduit leurs conditions d’accès à la terre. Dans le domaine de l’éducation, l’École normale de filles n’a été mise en place qu’en 1939, vingt ans après celle des garçons, pour les initier à des métiers subalternes. Pour mieux écarter les femmes de la vie politique décisionnelle, l’administration coloniale a ostensiblement ignoré leur pouvoir traditionnel, leurs chefferies et leurs prêtrises. L’idéologie patriarcale a servi de pivot à la politique coloniale et à ses relations avec les différentes aristocraties locales, puis avec les milieux maraboutiques.
À l’Indépendance, en 1960, les nouvelles autorités héritent des valeurs infériorisant les femmes, les perpétuent à travers les institutions et prolongent le « contrat social sénégalais » - expression que nous empruntons à Donal Cruise O’Brien - avec les chefs confrériques. Engagées en première ligne dans la lutte pour la décolonisation et l’émancipation du pays, les Sénégalaises n’ont pas vu leur situation changer. Au contraire, elles étaient encore confinées et orientées par le pouvoir des hommes (politique, syndical, législatif) dans des espaces discursifs réduits (mouvements de femmes, associations féminines).
Taillé sur mesure par et pour les hommes, le Code de la famille (1972) ne fait que cristalliser l’assujettissement des femmes. L’essentiel de ses dispositions leur sont défavorables. Par exemple dans le cadre du mariage, le mari est reconnu comme le seul chef de famille (art. 152, CF), l’autorité, celui qui choisit exclusivement la résidence conjugale (Art. 153, CF) et exerce la puissance paternelle (art. 277, CF). En cas de divorce, les femmes peuvent même être condamnées à payer une pension alimentaire pour leurs enfants quand la garde est attribuée au père. La mère, même si elle participe à l’entretien du ménage et à l’éducation des enfants communs, ne peut pas bénéficier des suppléments pour charge de famille. « Ces charges pèsent à titre principal sur le mari » (art. 375, CF).
La socialisation différenciée par une stratification liée au sexe fabrique des attentes différentes. Les filles sont éduquées à rendre service aux autres et à conjuguer au quotidien les verbes « Plaire, Avoir et Satisfaire », des P.A.S à assimiler systématiquement pour entrer dans le schéma social et œuvrer pour leur réussite conjugale. Elles doivent se prévaloir d’une « langue courte » renvoyant à un silence construit et validé par la société, avoir des « pas courts » pour ne pas franchir l’espace assigné qu’avec une autorisation masculine et un « regard court » qui ne questionne pas les fondements de leur subordination. Étroitement surveillées, elles subissent, à chaque étape de leur vie, les contrôles d’une société panoptique, au sens foucaldien. Une surveillance qui contraste avec celle des garçons encouragés à monopoliser l’espace, à le conquérir, à y bâtir et conserver leur réussite professionnelle.
L’école, une passerelle qu’empruntent plusieurs générations, exclut les femmes des pages de l’histoire. De fines traces apparaissent dans les manuels scolaires pour mieux les occulter, voire les oublier. L’oralité, « moyen d’expression féminine par excellence », est négligée.
La toponomie, qui reflète une reconnaissance symbolique, immortalise les hommes et enterre les femmes. Masculine et coloniale, elle les efface de notre mémoire collective.
Les représentations véhiculées par les médias accordent plus de visibilité et de poids aux hommes. Ce miroir déformé, qui n’est qu’une réplique réflexive de la configuration sociale, renforce l’invisibilité et l’inaudibilité des femmes dans les sphères décisionnelles. Ainsi a été conçu et perpétué un imaginaire difficile à déconstruire.
Aussi, cette somme de facteurs, entre autres, entrave-t-elle les fragiles avancées des droits acquis par les femmes. Et, sans un changement d’imaginaire social, nommer des femmes à des postes de « visibilité » ne permet pas de briser les stéréotypes solidement ancrés dans les mentalités. La loi sur la parité ne bouleverse pas le système d’inégalité dénoncé et ne change pas, non plus, la réalité sociologique. Il ne suffit pas de changer la culture politique, mais les soubassements de pratiques culturelles qui les marginalisent. Il urge, donc, de s’attaquer aux fondements des structures sociales basées sur des privilèges et des curricula masculins.
La rupture prônée par le gouvernement, qui met l’accent sur le bien-être social de tous les Sénégalais, commence par la famille et dans la famille. Les femmes en constituent le socle, le « poteau mitan ». Pour atteindre ce bien-être, elles doivent être au cœur du « Projet ». Leur mise à l’écart est une reconnaissance a minima de leur central rôle communautaire.
Le débat sémantique sur l’appellation du ministère de la Famille à la place du ministère de la Femme ne doit pas s’embourber dans des raccourcis de pensée. Il doit aller au-delà de ce clivage pour apporter des réponses diversifiées et conjuguées aux préoccupations quotidiennes de toutes les femmes comme la sécurité, l’adaptabilité des services publics et du transport en commun, l’accès au foncier et aux crédits, l’encadrement du travail des employées domestiques, la prise en charge par l’État des traitements de fertilité pour les couples en difficulté de procréation, les congés de maternité pour toutes, etc.
La redéfinition des luttes à partir d’un schéma endogène est une priorité pour éviter le piège d’un féminisme médiatique communiquant à tout va, un féminisme sans boussole, ni colonne vertébrale qui emprisonne les femmes.
Le rapport au pouvoir des femmes ne doit pas se résumer en une énumération quantitative de leur présence dans les instances décisionnelles ou se limiter à la parité en termes de représentativité politique. Ces tendances conjoncturelles ont aussi montré leurs limites.
La sous-représentation des femmes, qui régit tous les compartiments de la vie sociale, au-delà d’un sémantisme construit, n’est qu’un continuum. Elle est politique et l’engagement politique en est l’antidote. C’est dans l’arène politique, lieu d’exercice du pouvoir, que les femmes doivent mener le combat pour faire bouger les lignes, s’en approprier comme un lieu de libération malgré le coût social élevé du billet d’entrée, refuser de servir « d’escaliers » aux hommes et assumer leur leadership au lieu d’attendre des substituts de reconnaissance pour se débarrasser de leur « mussoor de verre ».
Fatoumata Bernadette Sonko est Enseignante-chercheure, CESTI-UCAD.