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27 novembre 2024
Politique
PONT DE ROSSO, LES TRAVAUX EXÉCUTÉS À 17 %
Le ministre mauritanien chargé de l’Equipement et des Transports, Mohamed Ali Ould Sidi Mohamed, a déploré, vendredi, la lenteur dans l’exécution des travaux.
Rosso, 17 mai (APS) – Le ministre mauritanien chargé de l’Equipement et des Transports, Mohamed Ali Ould Sidi Mohamed, a déploré, vendredi, la lenteur dans l’exécution des travaux de construction du pont de Rosso, dont le taux n’est que 17 pour cent, alors même que la consommation des délais a atteint 13 pour cent.
Il a dressé ce constat devant la presse en marge d’une visite de chantier en compagnie du ministre sénégalais des Infrastructures, des Transports terrestres et aériens, Malick Ndiaye.
Il estime que ‘’des choses et des actions’’ devront être entreprises pour améliorer le rythme d’exécution du chantier. C’est un projet emblématique et très important pour les chefs d’Etat des deux pays, leur gouvernement et les peuples sénégalais et mauritaniens, a-t-il souligné.
Le ministre sénégalais des Infrastructures et des Transports terrestres aériens, Malick Ndiaye, a rappelé les instructions des dirigeants des deux pays sur l’importance de travailler rapidement main dans la main pour la réalisation du joyau que constitue le pont de Rosso.
Malick Ndiaye précise que l’achèvement des travaux est prévu dans le courant de l’année 2026, expliquant que c’est pourquoi il a entamé des discussions avancées avec son homologue mauritanien, sur notamment des points d’exécution du projet.
Il a salué la cohabitation harmonieuse entre les deux pays, laquelle reflète selon lui l’image des deux villes frontalières, Rosso Sénégal et Rosso Mauritanie. Cette cohabitation harmonieuse donne une signification particulière à l’intégration africaine, illustrant l’importance de baptiser le pont du nom des deux villes frontalières.
La rencontre entre les deux hommes a permis de procéder à une visite de chantier en présence du Walid (gouverneur) du Traaza. Elle a été suivie d’une réunion avec l’ensemble des opérateurs du projet : les administrations territoriale et centrale, les bureaux de contrôle, l’unité de gestion et la société chargée de la réalisation du projet.
Il y a eu ensuite un exposé de l’administration du projet, suivi de celui du bureau de contrôle avant de recueillir, puis de la société chargée de l’exécution du projet.
TINUBU ET DIOMAYE MAIN DANS LA MAIN POUR RAMENER LES BREBIS ÉGARÉES
Face aux dérives autoritaires qui gangrènent l'Afrique de l'Ouest, le président sénégalais et son homologue nigérian affichent leur détermination à "ramener au bercail" les pays frères ayant tourné le dos aux valeurs constitutionnelles
(SenePlus) - Les présidents nigérian Bola Ahmed Tinubu et sénégalais Bassirou Diomaye Faye ont affiché jeudi une front uni pour la défense de la démocratie constitutionnelle en Afrique de l'Ouest, région secouée par une vague de coups d'État militaires.
Lors de la première visite officielle de Faye à Abuja, les deux chefs d'État ont campé sur leur "intérêt commun pour la démocratie", selon un communiqué de la présidence nigériane cité par l'AFP. Tinubu, qui assure la présidence tournante de la Communauté économique des États d'Afrique de l'Ouest (Cédéao), a exhorté le Sénégalais à l'aider à "ramener au bercail" les pays frères ayant subi des "renversements anti-constitutionnels".
"La Cédéao traverse une période difficile, mais tout n'est pas perdu", a lancé Faye, faisant référence aux décisions récentes du Niger, du Burkina Faso et du Mali d'abandonner l'organisation sous-régionale. "J'espère qu'avec le Nigeria, nous pourrons convaincre d'autres pays de revenir et de partager nos valeurs démocratiques communes", a-t-il ajouté, selon la même source.
Cette union sacrée pour la démocratie prend un relief particulier quand on sait que le jeune président sénégalais de 44 ans, élu en mars dernier sur la promesse d'une "rupture" avec l'ancien système incarné par Macky Sall, fait figure de panafricaniste de gauche. Un profil qui aurait pu le mettre en porte-à-faux avec le libéral-conservateur Tinubu.
Mais c'était sans compter sur la force d'attraction du combat pour les libertés fondamentales qui semble transcender les clivages idéologiques. "Ce que vous avez entrepris, une lutte axée sur la liberté, est remarquable", a ainsi salué le dirigeant nigérian, citant Jeune Afrique.
Au-delà du défi démocratique, Tinubu et Faye ont également évoqué d'autres fléaux communs comme la traite d'êtres humains et le trafic de migrants, qu'ils entendent combattre de concert.
par Oumar Ndiaye
BASES MILITAIRES ÉTRANGÈRES : DÉCONSTRUIRE LES LIENS HÂTIFS À LA SOUVERAINETÉ
Loin de remettre en cause la souveraineté des États, les accords de défense répondent avant tout à un impératif de complémentarité stratégique sur les questions de sécurité régionale
Présence de bases militaires étrangères et absence de souveraineté
Pas de lien indéniable et incontestable
La présence de bases militaires d’un pays avec qui un accord de défense vous lie n’a aucune corrélation à une absence de souveraineté. Une politique de défense et de sécurité se base certes sur la souveraineté à qui il faut allier mutualité et complémentarité. Les enjeux sécuritaires et militaires sont tellement complexes qu’il faut les appréhender avec une vision globalisante et non réductrice.
La coopération militaire entre le Sénégal et la France remonte à plusieurs décennies et est compréhensible eu égard du passé entre nos pays. Rappeler que les premiers éléments de notre armée étaient des supplétifs de l’armée française à l’aube de l’indépendance en 1960. L’embryon d’une armée et la formation de nos premiers officiers se sont faits avec l’aide et l’appui de l’ancienne puissance colonisatrice qui, avec beaucoup de pays ayant des liens similaires, a signé des accords de défense qui ont maintenus des bases sur place. C’est le cas de la Côte d’Ivoire, du Gabon, de Djibouti, du Tchad, du Sénégal, entre autres. Ces accords de défense couvrent un ensemble de domaines comme la formation, les équipements, le partage de renseignements, le stationnement et autres facilités. C’est ainsi que l’armée française a accompagné la montée en puissance de la nôtre jusqu’à ce qu’elle puisse avoir une certaine autonomie, qui n’est pas certes stratégique, mais nous permettant d’avoir une armée professionnelle, formelle, respectable et responsable tant au niveau interne qu’à l’extérieur et cantonnée à ses missions principales.
Aujourd’hui il suffit de voir la formation de nos officiers, qu’elle soit continue, d’application, d’école de guerre, pour constater leur origine diversifiée et dense allant du Maroc, Mali, Nigéria, États Unis, Chine, Italie, Grande Bretagne, etc. Sans compter nos écoles militaires qui avec l’appui technique de la France, sont aujourd’hui des Écoles Nationales à Vocation Régionale selon le vocable usité. Il suffit de taper sur internet pour rechercher les bases américaines dans le monde pour voir dans la liste des pays aussi souverainistes et nationalistes que le nôtre qui accueillent des GI’s ou US Marine sur leur sol. Ces pays aussi développés que le nôtre ne seraient donc pas souverains parce qu’accueillant des bases militaires d’un pays étranger ? Le lien n’est ni indéniable ni incontestable. D’autant plus que le retrait progressif des soldats français en Afrique et particulièrement au Sénégal, était inscrit dans Le Livre blanc de Défense et de Sécurité nationale de la France depuis……2008, au moment où cette fièvre nationaliste et souverainiste avec ses accents populistes n’avait pas encore cette température hémorragique en Afrique et au Sahel. « Les moyens militaires de la France prépositionnés dans plusieurs pays étrangers doivent être cependant reconfigurés. La France n’a pas vocation à être militairement présente en permanence sur les mêmes bases. Elle doit être capable de redéployer et de concentrer rapidement son action pour agir efficacement. La France procédera donc à la conversion progressive de ses implantations anciennes en Afrique, en réorganisant ses moyens autour, à terme, de deux pôles à dominante logistique, de coopération et d’instruction, un pour chaque façade, atlantique et orientale, du continent, tout en préservant une capacité de prévention dans la zone sahélienne », lit-on dans cet ouvrage qui est le condensé de la programmation militaire de la France.
Ceci en concomitance et coïncidence avec l’option et la vision du président Abdoulaye Wade qui avait décidé que beaucoup d’emprises des Forces Françaises du Cap Vert (FFCV) d’alors reviennent à notre pays. Le camp Bel Air nous a été ainsi rétrocédé et il sert aujourd’hui d’École d’Application du Service de Santé des Armées, de même que les logements situés à Fann, actuel Ucad III, ceux en face de l’école de Police pour les familles des militaires.
Aujourd’hui, les Éléments Français du Sénégal (EFS), nouvelle appellation du dispositif de l’armée française au Sénégal, qui sont autour de 350 hommes et femmes sont implantés au quartier colonel Frédéric Geille à Ouakam et au quartier contre-amiral Protet (port militaire de Dakar). Ils disposent également d’une escale aérienne à l’aéroport militaire de Dakar-Senghor ; d’une station d’émission haute fréquence de la direction interarmées des réseaux d’infrastructure et des systèmes d’information (DIRISI) à Rufisque.
Donc pas « un tiers de la région de Dakar occupé par des garnisons étrangères » comme l’a affirmé le leader du Pastef, Ousmane Sonko, lors de sa conférence avec son homologue de La France Insoumise, Jean Luc Mélenchon, le jeudi 16 mai 2024, à l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar. Dans une réflexion publiée dans l’édition du journal Le Soleil, du 9 décembre 2023, je disais que : « Face à l’immensité des défis, surtout par l’apparition de la guerre de haute intensité en Europe avec le conflit russo-ukrainien et l’hybridité des conflits à venir, l’Otan s’est « ressuscitée » et se place comme étant la réponse idéale et vitale pour ses membres. Il doit être de même pour les pays ouest africains et aussi du Sahel qui doivent renforcer les alliances stratégiques existantes tout en insistant sur les solutions endogènes et les expériences réussies. Il est vrai que la sécurité est certes un domaine de souveraineté, mais il est indispensable de nouer des partenariats afin d’avoir une bonne complémentarité et mutualité pour bien l’assurer ». Il faut donc voir ce qui est réussi dans ce partenariat sécuritaire et militaire et voir comment améliorer les échecs et pas se contenter d’options et de visions réductrices….
Oumar Ndiaye est journaliste diplômé en Relations internationales et études de sécurité.
Le parti essuie les critiques de ses propres rangs. En cause, la faible représentation féminine au gouvernement et le profil de certaines personnalités nommées. L'organisation politique est en effet accusée de s'écarter de ses engagements initiaux
(SenePlus) - Pour la première fois depuis sa création il y a six ans, le parti au pouvoir Pastef fait face à une fronde interne concernant les récentes nominations à des postes clés de l'État. Des voix discordantes s'élèvent chez les partisans de Bassirou Diomaye Faye et d'Ousmane Sonko, remettant en cause la faible représentation féminine au gouvernement ainsi que le profil de certaines personnalités nommées.
"Comme si nous n'avions pas de femmes aussi compétentes que les hommes !", se désole Mabinta Djiba, une élue du Pastef, citée par Le Monde. Parmi les 25 ministres nommés le 5 avril, seulement quatre sont des femmes. Une responsable du Mojip, le mouvement des femmes du parti, déplore "un déséquilibre qui s'accentue" tandis qu'Alassane Ndao, chercheur en sciences politiques, souligne : "Il n'y a que très peu de femmes au sommet du mouvement."
Face à cette fronde naissante, une liste de noms de femmes aurait été transmise au duo exécutif en vue des prochaines nominations, selon des sources internes au Pastef citées par le quotidien français.
Au-delà de la parité, c'est l'opacité de certaines nominations qui est pointée du doigt par les militants, alors que la transparence était un cheval de bataille du parti. "Et les appels d'offres ?", interpelle ainsi un membre du Pastef, faisant référence aux promesses de recrutements ouverts à tous dans la fonction publique.
"Pour le moment, ce n'est pas la priorité, balaie un proche du président. On veut aller vers la transparence mais on ne peut pas mettre le pays entre parenthèses pour lancer des appels à candidatures", justifie Ibrahima Diallo, le chargé de communication du parti.
Plusieurs éditorialistes se sont en effet étonnés des dernières nominations à la tête d'entreprises publiques le 15 mai, avec par exemple un médecin devenu directeur de la Loterie nationale. "Ils sont pris entre deux feux : le contrôle citoyen qui appelle au respect des promesses, et les aspirations de leurs partisans qui veulent être associés au pouvoir", analyse Elimane Haby Kane dans les colonnes du Monde.
A l'exception du secrétaire général de la présidence, ce sont désormais des proches et alliés du duo Faye-Sonko qui occupent les postes clés, comme le chef de la sécurité d'Ousmane Sonko nommé à la tête du Port de Dakar. Des nominations stratégiques restent à venir, notamment à la tête de la Direction des impôts et domaines, corps d'origine des deux dirigeants.
Cet épisode marque un début de fronde interne depuis l'arrivée au pouvoir du Pastef, qui devra concilier les attentes contradictoires de transparence et de redistributions des postes. Un défi de taille pour ce parti qui s'était donné pour ambition de rompre avec les anciennes pratiques.
AMADOU BÂ VA ASSUMER PLEINEMENT SON STATUT DE CHEF DE L’OPPOSITION
Le maire de Ndioum, Cheikh Oumar Anne, mandataire de l’ancien candidat de Benno Bokk Yaakaar à la dernière élection présidentielle, a affirmé, jeudi, qu’Amadou Bâ va assumer pleinement et avec responsabilité son statut de chef de l’opposition
Ndioum (Podor), 17 mai (APS) – Le maire de Ndioum, Cheikh Oumar Anne, mandataire de l’ancien candidat de Benno Bokk Yaakaar (BBY, opposition) à la dernière élection présidentielle, a affirmé, jeudi, qu’Amadou Bâ va ”assumer pleinement et avec responsabilité” son statut de chef de l’opposition pour préparer son retour aux affaires.
M. Anne s’exprimait jeudi à Ndioum, une commune du département de Podor dont il est le maire, où ses partisans sont venus l’accueillir à son retour après une absence depuis l’élection présidentielle du 24 mars dernier.
”Le Premier ministre [Amadou Ba, ex PM] se porte bien et vous remercie de votre engagement à ses côtés”, a déclaré l’ancien ministre de l’Education nationale.
À propos de l’avenir politique de l’ex chef de gouvernement du président Macky Sall, Cheikh Oumar Anne a annoncé qu”’Amadou Ba va pleinement assumer son statut de chef de l’opposition avec fermeté”, pour, dit-il, ” revenir dès 2029 aux affaires et conduire le pays à l’émergence avant 2035″.
”Il a les idées et la stratégie pour mener le pays à cet objectif, dans la paix, la stabilité et la cohésion sociale”, assure-t-il, ajoutant : ”Nous serons une opposition responsable, crédible et capable de faire des propositions pertinentes”.
Une résolution dite ” déclaration de Ndioum” a sanctionné la rencontre avec ses partisans, lesquels y ont pris l’engagement de l’accompagner” dans sa ”nouvelle trajectoire politique”.
LA SOUVERAINETÉ EST INCOMPATIBLE AVEC LA PRÉSENCE DE BASES MILITAIRES ÉTRANGÈRES
Le leader des Patriotes africains du Sénégal (Pastef), Ousmane Sonko, a réitéré ‘’la volonté du Sénégal de disposer de lui-même, laquelle volonté est incompatible avec la présence de bases militaires étrangères sur son sol.
Dakar, 17 mai (APS) – Le leader des Patriotes africains du Sénégal pour le travail, l’éthique et la fraternité (Pastef), Ousmane Sonko, a réitéré ‘’la volonté du Sénégal de disposer de lui-même, laquelle volonté est incompatible avec la présence de bases militaires étrangères’’ sur son sol, sans que cette perspective induise une remise en cause des accords de défense que l’État sénégalais a signés avec des pays tiers.
‘’Je réitère la volonté du Sénégal de disposer de lui-même, laquelle volonté est incompatible avec la présence de bases militaires étrangères’’ sur son sol, a martelé le leader de Pastef.
M. Sonko et le leader de la France insoumise (LFI), Jean-Luc Mélenchon, animaient une conférence, jeudi, à l’université Cheikh-Anta-Diop de Dakar, sur le thème : ‘’Échanges sur l’avenir des relations entre l’Afrique et l’Europe’’.
La présence de bases militaires françaises au Sénégal ‘’suscite des interrogations légitimes, plus de soixante ans après nos indépendances’’, a-t-il déclaré, précisant s’exprimer en tant que chef de parti politique.
Le leader de LFI effectue une visite de quatre jours au Sénégal, sur l’invitation du Pastef, le parti au pouvoir au Sénégal depuis le 24 mars dernier.
‘’Nous devons nous interroger sur les raisons pour lesquelles l’armée française, par exemple, bénéficie de plusieurs bases militaires dans nos pays, et sur l’impact de cette présence sur notre indépendance nationale et notre souveraineté’’, a insisté Ousmane Sonko, acclamé par des centaines d’étudiants.
Cette position, dit-il, ne devrait pas conduire à remettre en cause les accords de défense que le Sénégal a signés ‘’avec beaucoup de pays : les États-Unis, la Grande-Bretagne…’’
S’adressant à la nation, le 3 avril 2010, le président sénégalais de l’époque, Abdoulaye Wade, avait annoncé la ‘’reprise par le Sénégal des bases militaires françaises’’, sans que cela ne se concrétise par leur retrait définitif.
Il y avait près de 1.500 soldats de la France sur le sol sénégalais.
‘’On peut avoir des accords de défense, sans que cela ne justifie que le tiers de la région de Dakar soit occupé aujourd’hui par des garnisons étrangères’’, a encore dit M. Sonko dans un discours de près d’une heure entrecoupé d’applaudissements.
Officiellement, quelque 350 soldats français sont aujourd’hui déployés au Sénégal.
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SONKO ET MÉLENCHON AFFICHENT LEUR FRACTURE SUR LES DROITS LGBTQ
Le Premier ministre a vertement critiqué l'Occident, accusé d'imposer son agenda LGBTQ. Réplique cinglante du leader de LFI : "J'assume ma position pour le mariage homosexuel"
(SenePlus) - À l'Université Cheikh Anta Diop de Dakar, la première allocution publique du nouveau Premier ministre sénégalais Ousmane Sonko aux côtés du leader de La France insoumise Jean-Luc Mélenchon aura marqué les esprits. Si les deux hommes ont coanimé une conférence sur les relations Afrique-Europe, leurs divergences profondes sur la question des minorités sexuelles se sont exposées au grand jour.
Dans un hémicycle archi-comble, Ousmane Sonko a dénoncé avec virulence ce qu'il considère comme un "activisme" occidental en faveur des droits LGBTQ, contraire aux valeurs sénégalaises. "La question LGBTQ risque d'être le prochain casus belli entre le monde occidental et le reste du globe terrestre, si elle continue à être posée de cette façon", a martelé le chef du gouvernement.
Ousmane Sonko pointe du doigt le manque de "respect des différences culturelles" de l'Occident, accusé d'imposer la défense des minorités sexuelles comme condition aux financements internationaux. Une dérive qui selon lui "nourrit un sentiment anti-occidental" grandissant.
Face à ces prises de position, Jean-Luc Mélenchon n'a pas dérogé à ses convictions. "Je suis le premier législateur français à avoir déposé un texte pour le mariage homosexuel. J'assume ma position et ne chercherai pas à vous l'imposer", a rétorqué le tribun de LFI dans un dialogue de sourds.
Lorsque Mélenchon a évoqué l'éventualité d'un "mariage pour tous" un jour au Sénégal, les huées de la jeunesse estudiantine ont accueilli ses propos, illustrant le fossé avec la société civile sur ce sujet brûlant. Un clivage idéologique qui risque de peser lourd dans les relations du Sénégal avec ses partenaires occidentaux.
par vieux savané
VIE ET MORT D’OMAR BLONDIN DIOP
Tel un journaliste ou plutôt un historien, Florian Bobin exhume les traces de vie de ce brillant intellectuel sénégalais, politiquement engagé, « rouge et expert » comme s’exprimait l’idéal de l’époque
Editions Jimsaan Dakar, 2024 286 pages Préface de Boubacar Boris Diop
«Omar est mort »! « Ils ont tué Omar »! Ces cris de rage et d’horreur échappent de la poitrine de ses deux frères cadets, Cheikh et Auguste, venus lui apporter ses affaires après que les visites ont été à nouveau autorisées. Dès que la nouvelle a pu trouer la chape de silence dans laquelle ses geôliers voulaient la contenir, parents, amis, anonymes, ont convergé vers la maison familiale de la Sicap Darabis. La jeunesse urbaine s’insurge devant l’infamie, occupe le macadam par vagues successives, érige des barricades de fortune, brûle des pneus, s’oppose violemment à la police qui riposte avec la lancée de grenades lacrymogènes. La tension est à son paroxysme. Tel un journaliste ou plutôt un historien, Florian Bobin exhume les traces de vie de Omar Blondin Diop, brillant intellectuel sénégalais, politiquement engagé, « rouge et expert » comme s’exprimait l’idéal de l’époque.
Nous replongeant dans cette atmosphère, l’auteur, jeune étudiant chercheur en histoire à l’Université Cheikh Anta Diop, déroule dans un style flamboyant, vivace, vivant, l’itinérance d’un « Enfant du siècle ». Personnage central de l’ouvrage, Omar Blondin, brillant élève promu à un bel avenir, aîné devant protéger ses frères et donner l’exemple, suivant les recommandations du « paterfamilias », aura fréquenté en France des lycées prestigieux : Montaigne. Louis-leGrand. Il réussit au prestigieux concours de l’Ecole Normale de Saint-Cloud en dépit des exclusions temporaires pour avoir récidivé des sorties sans autorisations. Il avait 19 ans.
La militance s’éveille, avec ses impondérables qui s’expriment dans la conflictualité. « Le voilà » lance-t-il à son père, de retour au Sénégal, en lui « confiant un chiffon logé dans sa poche, plié en quatre : son certificat d’admission à Normale Sup’ ». Amoureux des livres qu’il dévorait avec gourmandise, lui qui essayait de se frayer un chemin à travers la musique, le cinéma, se sentait en déphasage avec la France, pays dans lequel il avait grandement vécu. Il éprouvait le besoin d’étreindre fortement ses terres dakaroises, de s’enraciner dans sa culture locale. Mais cela rencontre le difficile métier de parents, beaucoup plus préoccupés par le devenir de leur progéniture. Et le voilà de nouveau à Paris, pour la rentrée universitaire. En même temps que les cours assez prenants, il refait le monde aux sons des Rolling Stones, Miles Davis, Pink Floyd, etc. « Gouailleur, dont le rire explosif secoue les murs, tournant tout le monde en dérision à commencer par lui-même, il joue avec les codes, s’en imprègne, les détourne ». Anti autoritaire, allergique à l’embrigadement, Omar se révèle un militant atypique qui « choisit les moments et les formes de sa présence ». Au cœur de la révolte estudiantine de Mai 68 à la Sorbonne, il avait conscience de « vivre une belle illusion, l’illusion de la révolution ». S’est posé ensuite l’impératif du retour au bercail où il débarque par bateau. Fini les chemises à fleurs, les pantalons à pattes d’éléphant. Bienvenue au col Mao, au Blue Jean, à l’Anango. Attiré par les Etats-unis, il va devoir retourner à Paris. Au moment des formalités de police à l’aéroport Bordeaux Mérignac, il apprend son expulsion du territoire français par le ministre de l’Intérieur, Raymond Marcellin.
« Une écharde dans la blessure »
Son père qui ne se fait pas à l’idée de voir son fils arrêter si brutalement ses études va jouer de ses relations pour faire annuler l’ordre d’expulsion. Et l’histoire va s’emballer, empruntant des chemins tortueux, suite à l’arrestation de ses deux frères, Diallo et Mohamed, qui se retrouvent dans les geôles senghoriennes au début de l’année 1971, pour avoir incendié le CCF (Centre culturel français). En vue de libérer « le groupe des incendiaires », avec des camarades, ils nourrissent le projet de prendre en otage l’Ambassadeur de France au Sénégal. Après la Syrie pour se former à la lutte armée auprès des combattants palestiniens du Fattah, l’Algérie pour nouer des contacts avec l’aile internationale du Black Panther Party que dirigeait Eldridge Cleaver, ils cherchent ensuite à se procurer des armes au Libéria et avec Paloma, ils seront arrêtés à Bamako et jugés à Dakar par un Tribunal Spécial.
Soumis à un régime d’isolement total à Gorée, au cachot disciplinaire, Omar entame plusieurs grèves de la faim pour faire respecter ses droits et protester contre les brimades et les sévices dont il était victime. Mohamed qui se trouvait dans une autre cellule raconte les râles de son frère qui lui parvenaient alors qu’il agonisait à même le sol froid et humide de sa cellule après un violent coup à la nuque. Une exécution dénonce les parents. Un suicide réagit le gouvernement avec la publication d’un Livre Blanc. Certainement, un pan d’une histoire tragique qui dévoile une facette du régime de Senghor faite de brutalité, de cynisme. A l’image de Kédougou et Gorée. Deux lieux qui évoquent la torture morale et physique ainsi exercées.
« En vérité », comme le relève dans sa préface, l’immense écrivain Boubacar Boris Diop, « Omar survit dans nos mémoires comme cette « écharde dans la blessure » dont parle, à propos de l’Afrique, le poète David Diop, parti lui aussi à la fleur de l’âge ». Et « Cette si longue quête » rappelle que dans l’histoire politique du Sénégal, comme le souligne le préfacier , « Omar est bien la seule individualité qui ait, en elle-même, sans qu’on ne puisse jamais le relier à une structure formelle, une telle puissance d’évocation».
Porté par un éblouissant travail de documentation, d’entretiens compilés dans différents lieux, d’anecdotes inédites, le livre de Floran Bobin nous replonge dans une période insouciante, rebelle, généreuse et tragique, visitée par une irrépressible envie de transformer le monde, faire sauter les digues, déconstruire les traditions, les manières de faire et d’être, et tels des Dieux, façonner un homme et une femme nouveaux. Un monde nouveau.
par l'éditorialiste de seneplus, ada pouye
LE PAYSAGE MÉDIATIQUE ENTRE ÉBATS ET DÉBATS
EXCLUSIF SENEPLUS - La passation de service à la RTS, la nomination du nouveau DG du Soleil, autant de béquilles de la pire mascarade du service public de l’information au profit du pouvoir
On l’a déja dit. « Qui détient l’’information détient le pouvoir.» C’est l’alpha et l’Omega de la rhétorique servie par les détenteurs de pouvoirs pour monopoliser l’information par les pouvoirs notamment dans les situations de crise et de guerre. Cette rhétorique est aujourd’hui désuète. L’internet a desagregué les monopoles de la parole, des éléments de langage, de la production et de la diffusion de la pensée sociale.
La passation de service entre le DG sortant et le nouveau DG de la RTS, et la nomination du nouveau DG du quotidien Le Soleil, autant de béquilles de la pire mascarade du service public de l’information au profit du pouvoir en place. Elle ouvre de nouvelles perspectives dans la reconfiguration du paysage médiatique. N’en déplaise aux instances de contrôle et de régulation fantoches du paysage médiatique, le CNRA qui était si prompt à couper les signaux de transmission des chaines audiovisuelles.
L’histoire politique de notre pays raconte comment la colonisation du champ médiatique par les partis au pouvoir, a fait éclore des supports médiatiques clandestins sous forme de tract ou de journaux de partis. Les journaux And Sopi, Taxaw, Xarebi, Sopi ont été les principaux moyens de l’opposition pour contrer la pensée unique étatique et catalyser une déferlante de médias privés fondateurs (Cafard libéré, Promotion).
L’expérience de la gestion des médias sous le régime de Macky Sall nous a révélé à la fois, la dure réalité du supplice infligé au peuple par une propagande effrontée et son contraire : une productivité et une révulsion.
Plus jamais ça ! Plus jamais une mobilisation des supports médiatiques à travers une manufacture de manipulation de la production de la communication publique par le Bureau d’information (désinformation est plus exacte) du gouvernement.
Parallèlement à ce bureau de désinformation, ont vu le jour, un porte-parolat à plusieurs étages notamment au niveau de la présidence, celui du gouvernement et de l’APR, sans compter l’existence d’un ministre conseiller, chargé de la communication du président.
Des médias ont été également créés par des ministres, des Directeurs d’agence ou d’établissements publics ou des chefs de service pour amplifier l’emprise du pouvoir à travers une propagande préhistorique honteuse. Je passe sur les chroniqueurs du dimanche payés avec l’argent piqué dans les poches du citoyen. Je passe sur leur mauvaise foi répugnante. Je passe sur la modicité de leurs analyses.
Le monopole de l’information publique fait fi de l’existence des lois N 92-02 du 6 janvier 1992 portant création de la société nationale de radiotélévision sénégalaise modifiée par la loi 2000-07 du 10 janvier 2000, la loi 92-57 du 03 septembre 1992 relative au pluralisme de la radiotélévision : « L’école de Palo alto définit l’information comme le contenu de la communication tandis que la relation est la manière dont on doit entendre la communication ».
Imposer aux médias d’État l’exclusivité du traitement de l’information présidentielle, c’est faire preuve de cécité politique et d’ignorance du potentiel des nouveaux médias assujettis à la liberté d’accès et de diffusion. C’est ainsi que lors des crises politiques en Afrique, les signaux des données mobiles sont interrompus pour limiter les effets de la connectivité et du lien dans la communication sociale.
Les médias traditionnels, les réseaux sociaux, les web TV des activistes et des influenceurs de toutes sortes ont contourné le monopole médiatique pour diffuser des contre-messages du cartel du service public. Le paysage médiatique et des réseaux sociaux ont été un véritable champ de confrontation systémique. Les plateformes internet à travers les médias sociaux permettent de créer du contenu, de l’organiser, de le changer virtuellement ou le commenter et de le diffuser en temps réel.
Le plan bancal de domestication du service public de l’information a renforcé la capacite du Pastef à faire preuve de créativité et d’audace, en investissant les réseaux sociaux avec des formules qui épousent et parlent aux masses laborieuses, aux classes moyennes et aux élites révolutionnaires.
Des activistes les plus courus se sont relayés et élargi les champs de bataille de la connectivité. Les chroniqueurs indépendants ont investi massivement les TV du Web en utilisant le wolof accessible aux populations. Ils ont joué un rôle important dans la mobilisation citoyenne et dans cette continuité, dans la défaite finale.
Plus tu monopolises la communication publique, plus tu détournes l’opinion publique qui subit un seuil de saturation qui les oriente vers d’autres supports de communication. Le peuple est libre de sa télécommande et le zapping avec le smartphone a démocratisé la pratique du clic et du clap de fin du monopole des informations publiques.
Le paysage médiatique reflète les dynamiques sociales du moment et les contours de la sociologie politique. Les populations ont réinventé de nouvelles pratiques sociales du lien. Les nouveaux détenteurs du pouvoir doivent obligatoirement tirer les leçons et éviter de tomber dans le piège du tout communication unilatérale à travers les services publics de l’information et de la communication sociale. On ne communique pas de la même manière quand on passe du statut d’opposant unique au statut d’homme d’État. Le problème est plus complexe et il s’agit de gérer la communication publique autrement, en renforçant le pacte anti-système avec le peuple et réconcilier le peuple avec leurs services publics de l’information et de la communication. Faire de la politique et de l’information publique autrement, est-ce faire un publi-reportage avant le journal de 20h de la RTS sur la semaine du président Diomaye.
La RTS et le journal Le Soleil ne doivent plus être des officines du pouvoir. Il nous faut des services publics de l’information et de la communication portés sur le développement et non sur les éloges du prince de Diaganio. De nouveaux cahiers de charge des services publics de l’information et des radios-télévisions privées doivent être définis avec des indicateurs de performance évalués par des pairs et le grand public. A l’ère de la démocratie de la connexion, a-t-on toujours besoin d’un ministre de la Communication, gendarme du paysage médiatique ou d’un ministère de la Connectivité et du lien social ?
LE SÉNÉGAL REVENDIQUE SON INDÉPENDANCE STRATÉGIQUE
Sonko s'attaque à "l'occupation" militaire étrangère dans le pays. Dans une allocution choc, le président du Pastef dénonce la présence de garnisons étrangères, notamment françaises, qualifiée d'"incompatible" avec la souveraineté nationale
"Cette présence de base militaire suscite des interrogations légitimes plus de 60 ans après nos indépendances," a déclaré Ousmane Sonko jeudi 16 mai 2024 lors d'une conférence publique à l'Université Cheikh Anta Diop (Ucad) en compagnie du leader de la France Insoumise, Jean-Luc Mélenchon. "Nous devons nous interroger sur les raisons pour lesquelles l'armée française, par exemple, bénéficie toujours de plusieurs bases militaires dans nos pays et sur l'impact de cette présence sur notre souveraineté nationale et notre autonomie stratégique."
Soixante ans après les indépendances africaines, la question de la présence militaire étrangère reste un enjeu majeur pour de nombreux pays du continent, à l'instar du Sénégal. Comme l'a souligné Ousmane Sonko, cette présence soulève "des interrogations légitimes" sur la souveraineté et l'autonomie stratégique des États postcoloniaux.
Pour étayer son propos, le leader du parti Pastef a choisi de s'appuyer sur des "exemples sur la France elle-même", riche en "anecdotes intéressantes sur la problématique et les enjeux de la question sécuritaire."
Entre 1956 et 1958, "les Américains eurent le projet d'installer sur le territoire français un stock d'armes nucléaires et de missiles balistiques," a rappelé Sonko. "Le projet buta sur la double question du commandement et du contrôle des missiles, dont le déploiement était admis par les militaires français comme un bon moyen d'accroissement du pouvoir bishazif de l'OTAN."
"Je réitère ici la volonté du Sénégal de disposer de lui-même laquelle volonté est incompatible avec la présence durable de bases militaires étrangères au Sénégal," a affirmé Ousmane Sonko. "Ceci ne remet pas en question les accords de défense" que le pays entretient avec de nombreux pays, "mais on peut avoir des accords de défense sans que cela ne justifie que le tiers de la région de Dakar soit occupé aujourd'hui par des garnisons étrangères."