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24 avril 2025
Politique
LE SATISFECIT D'ABASS FALL FACE À L'AFFLUX DE DÉCLARATIONS DE PATRIMOINE
Pour le parlementaire de la coalition présidentielle, cette ruée vers l'Office de lutte contre la corruption témoigne de la ferme détermination du nouveau pouvoir à instaurer davantage de transparence dans la gestion des affaires publiques
Appréciant la détermination des ministres de la République et des directeurs généraux de sociétés nationales à effectuer leur déclaration de patrimoine, le député Yewwi askan wi, Abass Fall, s’est montré optimiste quant à l’avenir du pays.
La rupture tant chantée par le nouveau régime ne va pas être un «vain» mot. C’est du moins ce qui suinte des propos du député Abass Fall. Selon lui, les ministres et directeurs généraux semblent se précipiter pour soumettre leur déclaration de patrimoine. «A l’Ofnac, les ministres et Dg se bousculent pour faire leur déclaration de patrimoine. Rupture amna. Deuk bi dafay sopeekou InchaAllah», déclare-t-il. Commentant la situation actuelle autour de la déclaration de patrimoine auprès de l’Office national de lutte contre la fraude et la corruption (Ofnac), le député du camp du pouvoir l’a fait savoir à travers un post sur Facebook.
On se rappelle que c’est le président de la République Bassirou Diomaye Faye qui a été le premier à rendre publique sa déclaration de patrimoine «officieusement», avant qu’il ne remporte l’élection présidentielle du 25 mars, durant la campagne électorale. Ce qui ne semble pas pour autant satisfaire certains observateurs et personnalités politiques, à l’instar de Birahim Seck du Forum civil et du leader du mouvement «Demain, c’est maintenant», Mamoudou Ibra Kane. Ces derniers continuent de réclamer que le chef de l’Etat fasse cette déclaration, ainsi que son Pm, au niveau du Conseil constitutionnel.
PAR Yoro Dia
DE LA THÉORIE DE LA RUPTURE À LA PRATIQUE DE LA CONTINUITÉ
Il est heureux que Diiomaye ait choisi de renforcer les axes diplomatiques classiques du Sénégal, au lieu de suivre les gourous aventuriers théoriciens d’une diplomatie d’un panafricanisme de Gauche et qui sont les maîtres à penser du Premier ministre
En matière de politique extérieure, il y a eu plus de continuité que de rupture. Le président Bassirou Diomaye Faye n’a fait que poursuivre les grandes lignes tracées par son prédécesseur le Président Sall, en refusant de suivre la diplomatie parallèle et concurrente de son Premier ministre. La cartographie des premières sorties du président Faye montre qu’il suit les pas de son prédécesseur dont la politique de bon voisinage a transformé le cercle de feu autour du Sénégal en un cercle de paix. Cette politique repose sur deux postulats : deux Etats liés par des intérêts économiques lourds sont rarement en conflit (c’est le cas actuellement entre la Mauritanie et le Sénégal). Deux Etats démocratiques sont rarement en conflit (le cas actuellement entre le Sénégal, la Gambie et la Guinée-Bissau). C’est pourquoi il faut saluer la décision du président de réserver sa première sortie à la Mauritanie, ensuite à la Gambie, la Guinée-Bissau, puis à la Coté d’Ivoire, l’autre poumon de l’Uemoa avec le Sénégal.
Le président Diomaye Faye renforce les ponts de la confiance jetés sur les fleuves Gambie et Sénégal par Macky Sall. Donc, il est heureux que le président Diomaye Faye ait choisi l’avant-garde économique (pétrole et gaz avec la Mauritanie) et démocratique (Gambie, Guinée-Bissau), plutôt que l’arrière garde politique des Etats putschistes de l’Aes qui sont les références de son Premier ministre. Il est heureux que le président Faye ait choisi de renforcer les axes diplomatiques classiques du Sénégal, au lieu de suivre les gourous aventuriers théoriciens d’une diplomatie d’un panafricanisme de Gauche et qui sont les maîtres à penser de notre Premier ministre.
L’histoire des relations internationales se réduit au fond à un débat entre deux immigrés allemands refugiés aux Usa pour fuir le nazisme, à savoir Hans Morgenthau, théoricien de l’intérêt national, et Leo Strauss et sa théorie de la «clarté morale». Grace à nos diplomates chevronnés (qui ont dû être diplomatiquement vexés quand on les a conviés pour écouter Pierre Sané et Ngagne Demba Touré blablater sur le panafricanisme de Gauche), le président Faye a pris la sage décision de privilégier la doctrine de l’intérêt national, en lieu et place de la théorie et de l’idéologie fumeuse du panafricanisme de Gauche dont l’objectif est de légitimer la forfaiture des putschs par l’idéologie. La France qui a été la première sortie du président hors du continent confirme qu’il y a aussi plus de continuité que de rupture et est une preuve supplémentaire que le souverainisme version Pastef n’est rien d’autre qu’un refoulement d’un désir de reconnaissance de la France.
Si le président Diomaye Faye est bien présent en Afrique de l’Ouest, le Sénégal a disparu des radars de la scène internationale, comme par exemple le G7 où il était traditionnellement invité depuis la présidence de Wade, ou la question de Haïti qui est au monde noir ce qu’Israël est au monde juif. A défaut de s’engager activement comme le Kenya qui est si loin de Haïti historiquement et géographiquement, le Sénégal, qui est si proche de Haïti sur tous les plans, se couvre d’un silence retentissant. La voix du pays de Senghor devrait au moins se faire entendre sur «Haïti où la Négritude se mit debout pour la première fois et dit qu’elle croyait à son humanité», comme dit Césaire. Non seulement la voix de Wade s’était fait entendre lors du terrible séisme de 2006, mais le Sénégal avait tenu son rang en volant au secours de la première République noire (1804), Patrie du Roi Christophe dont la tragédie a été immortalisée par Douta Seck.
La politique extérieure d’un pays se définit aussi par le sens de l’histoire de son président et la connaissance des valeurs du pays. Nous devons rester une terre d’asile démocratique, n’en déplaise aux putschistes de la sous-région qui instrumentalisent des manifestations devant nos ambassades. On n’a pas à être gênés ou à s’excuser d’être une vieille terre de liberté et de démocratie du continent. Nous devons aider les Etats de l’Aes à se hisser à notre niveau de démocratie, mais pas céder au nivellement par le bas avec le panafricanisme de Gauche. Nous sommes une exception, et nous devons en être plus que fiers.
LE GOUVERNEMENT ENTERRE DÉFINITIVEMENT LE PROJET ACWA POWER
Le ministre de l'Hydraulique a confirmé la rupture du contrat liant l'Etat du Sénégal à l'entreprise saoudienne Acwa Power pour la construction d'une usine de dessalement, jugeant ce projet obsolète et trop onéreux
400 mille m3/jour ! C’est ce que l’usine de dessalement d’eau de mer, que l’entreprise saoudienne Acwa Power devait construire, devait apporter à la fourniture d’eau. Ça ne sera plus le cas. Le contrat a été cassé. C’est ce que Cheikh Tidiane Dièye, le ministre de l’Hydraulique et de l’assainissement, a annoncé.
Le contrat liant l’Etat du Sénégal et l’entreprise saoudienne Acwa Power, devant déboucher sur la construction d’une usine de dessalement d’eau de mer d’une capacité de 400 mille mètres cubes par jour, a été cassé. C’est le ministre de l’Hydraulique et de l’assainissement qui l’a annoncé. Invité de l’émission «Débat de fond», animée par Momar Diongue sur la 2sTv, Cheikh Tidiane Dièye a expliqué les raisons qui l’ont poussé à rompre ce contrat. «Après analyse, nous nous sommes rendu compte que d’ici 4 ans, le besoin va dépasser 400 mille mètres cubes par jour. C’est une solution courtermiste et chère. En plus, la technique utilisée va se répercuter sur le prix de l’eau. Qui va devenir plus cher pour le consommateur. Il n’y a pas d’étude environnementale pour mesurer l’impact. Sur 30 ans, le Sénégal va verser entre 20 et 40 milliards par année», a détaillé le ministre de l’Hydraulique et de l’assainissement. Pour Cheikh Tidiane Dièye, le projet est une «décision politique de l’ancien président de la République» dont il «ignore l’objectif», car étant signé «seulement 6 jours avant la passation de pouvoir et qui va engager le Sénégal sur 30 ans et contre l’approbation des techniciens sénégalais». Pour autant, Cheikh Tidiane Dièye a anticipé sur les conséquences d’une telle décision. «C’est la meilleure décision pour le pays. C’est le plus important. Les travaux n’ont pas commencé, donc il n’y a pas de préjudice financier. J’en ai parlé avec les autorités saoudiennes. Je les ai rassurées quant à la poursuite de nos relations. On a d’autres projets susceptibles de les intéresser. Nos avocats travaillent actuellement sur le dossier», a-t-il affirmé pour prévenir les éventuelles sanctions qui peuvent découler de cette rupture de contrat.
Faut-il le préciser, dès sa prise de fonction, Cheikh Tidiane Dièye avait annoncé, lors d’une visite de terrain, que le contrat avec Acwa Power allait être revu.
Le contrat, qui prévoyait le financement, la construction et l’exploitation d’une usine de dessalement d’eau de mer sur la Grande-Côte, dans le Pôle urbain du Lac Rose, avait été signé le 27 mars passé, soit 4 jours avant la fin du mandat de Macky Sall. «La signature du contrat entre l’Etat du Sénégal et la société Acwa Power fait partie des choses que nous allons revoir. Nous allons regarder le contenu technique du contrat et le contenu juridique. Nos services ont commencé à l’étudier. On va l’auditer pour voir ce qu’il faut en tirer. Rien ne se fera si ce n’est dans l’intérêt supérieur des Sénégalais. Le besoin en eau est réel. L’ancien régime a pris une option, alors qu’il y en avait plusieurs. Nous allons le regarder, si nous constatons que ce n’est pas la meilleure option pour le Sénégal, nous ne nous gênerons pas à le remettre en question», avait annoncé Cheikh Tidiane Dièye.
La signature du contrat entre l’Etat du Sénégal et Acwa Power est l’achèvement du processus débuté en 2022. Un mémorandum d’entente, matérialisant la volonté des deux parties, a été signé en septembre, suivi de l’accord de co-développement la même année. Il entre dans le cadre de la coopération multidimensionnelle entre la Répu¬blique du Sénégal et le Royaume d’Arabie Saou¬dite. A terme, l’usine devait avoir une capacité finale de 400 000 m3/jour mobilisables en deux phases. Le montant du contrat est de 459 milliards de francs Cfa.
MANSOUR FAYE DÉROULE LE TAPIS ROUGE À SONKO
La visite annoncée du Premier ministre à Saint-Louis, demain samedi, dans le cadre de l’initiative «Settal sama reew», ne laisse pas indifférent le maire de la vieille ville
En attendant l’arrivée du chef du gouvernement à Saint-Louis, demain samedi, dans le cadre de l’initiative «Settal sama reew», Mansour Faye a décliné les doléances de sa ville à Ousmane Sonko. Celles-ci s’articulent autour de l’assainissement de certains quartiers de sa commune, du démarrage des travaux de construction de l’hôpital Me Alioune Badara Cissé et de la voirie.
La visite annoncée du Premier ministre à Saint-Louis, demain samedi, dans le cadre de l’initiative «Settal sama reew», ne laisse pas indifférent le maire de la vieille ville, Mansour Faye. Ce dernier faisait face à la presse, ce mercredi, après une réunion du Bureau municipal. Il a d’abord invité les populations à réserver un accueil populaire à Ousmane Sonko, avant d’inviter ce dernier s’attaquer aux priorités de sa ville.
Selon Mansour Faye qui s’adressait à la presse, c’est suite à une information reçue du Gouverneur de la région de Saint-Louis, annonçant la visite du Premier ministre à Saint-Louis demain samedi, dans le cadre de ses activités gouvernementales, que le Bureau municipal s’est réuni à l’Hôtel de ville pour d’abord saluer la décision prise par le Pm de venir à Saint-Louis pour sa première sortie, mais ensuite en profiter pour inviter toutes les populations de Saint-Louis à l’accueillir, tous les services relevant de la commune, mais aussi lui manifester toute la «Teranga» saint-louisienne.
Après avoir invité ses concitoyens à réserver un accueil populaire au Premier ministre dans la pure tradition républicaine, le premier magistrat de la vieille ville a par la suite profité de l’occasion pour porter un plaidoyer qu’il a qualifié de fort pour les besoins de la commune. Il a en effet porté à la connaissance du chef du gouvernement, trois grandes doléances qui, pour lui, constituent des priorités pour la commune de Saint-Louis et pour son développement. Il s’agit respectivement de la finalisation des travaux d’assainissement du quartier de Pikine dans le cadre du programme des 10 villes. Des travaux importants qui vont, selon Mansour Faye, impacter positivement sur le cadre de vie de Pikine, mais aussi d’autres quartiers comme Cité Niakh, Ngallel, Boudiouck, etc. «C’est un appel fort à l’endroit de l’Etat du Sénégal pour que ces travaux puissent finalement être terminés», a déclaré le maire de Saint-Louis.
Le projet d’assainissement du quartier de Pikine avait été lancé au mois d’août 2018, dans le cadre du programme d’assainissement de dix villes lancé par Mansour Faye lui-même alors qu’il était ministre de l’Hydraulique. Ces travaux, d’un montant global de 15, 5 milliards de francs Cfa, devaient améliorer l’assainissement des zones de Guet-Ndar, Pikine, Ndiolofène Sud, Cité Niakh, Diamaguène et Ndiolofène Nord, ainsi que les zones périurbaines de Sanar Peulh, Cité Saed Boudiouck, Ngallèle Nord et Sud.
Le deuxième point, pour l’édile de Saint-Louis, est relatif au démarrage des travaux de construction de l’hôpital Me Alioune Badara Cissé, un hôpital de niveau 4 pour lequel, informe-t-il, l’ensemble des diligences ont été faites, les financements bouclés et toutes les procédures au niveau des ministères des Finances, de l’Economie et de la Santé ont été finalisées et terminées, et les terrassements démarrés par l’entreprise en charge des travaux. Mais malheureusement les travaux sont en ce moment arrêtés. «Aujourd’hui, nous avons constaté un arrêt de ces travaux. Nous lançons un appel à l’endroit non seulement de monsieur le Premier ministre, aussi de monsieur le président de la République pour que les travaux de l’hôpital Me Alioune Badara Cissé puissent démarrer rapidement et être finalisés», plaide Mansour Faye.
La pose de la première pierre de cet hôpital de niveau 4, qui doit porter le nom de feu Me Alioune Badara Cissé, avait été effectuée par le Président Macky Sall. D’un coût total de 72 milliards de F Cfa, il doit être implanté sur le site de l’ex-hôtel Méridien et devrait normalement être le plus grand hôpital du Sénégal à sa réception.
Mansour Faye a ajouté dans la même dynamique que Saint-Louis a également des problèmes au niveau de ses structures sanitaires. A ce sujet, il a d’ailleurs fait savoir «qu’il a été constaté à l’Hôpital régional Colonel Mamadou Diouf énormément de difficultés, avec un plateau technique désuet». «Un petit coup de pouce serait le bienvenu», martèle-t-il. Mansour Faye n’a pas aussi manqué d’inscrire dans son cahier de doléances la question de la voirie, avec la construction de plusieurs routes qui avait démarré dans le cadre de programmes financés par le Fera. Ces programmes sont, selon Mansour Faye, tous à l’arrêt. C’est le cas notamment de la route de la digue de Pikine, qui est à l’arrêt depuis le départ de l’entreprise en charge des travaux, ainsi que d’autres linéaires qui étaient prévus. «Nous lançons un appel aux autorités, à l’endroit de M. le Premier ministre et à l’endroit de M. le président de la République, pour que ces investissements démarrés au niveau de la commune de Saint-Louis, notre chère ville, puissent être terminés. C’est ce cri du cœur que je lance, et je voudrais que le Premier ministre, quand il va arriver à Saint-Louis, puisse se prononcer sur ces questions et nous donner quand même des solutions», laisse entendre en effet l’ex-ministre des Transports terrestres, qui a dit attendre lui et ses collaborateurs le Premier ministre avec beaucoup d’attention, avec toute la «Teranga» saint-louisienne et toute la posture républicaine que cela demande.
A côté de ces trois points considérés par l’édile de la vielle ville comme des priorités pour sa commune, ce dernier a, par ailleurs, évoqué les problèmes de la brèche qui constitue une préoccupation et une doléance récurrente des pêcheurs, mais aussi des écoles dont la plupart sont dans un état de délabrement très avancé. Il s’agit principalement des écoles élémentaires qui datent pour la plupart de l’époque coloniale et qui n’ont pas bénéficié de réhabilitation. D’ailleurs, certaines de ces écoles ont été fermées et les élèves redéployés vers d’autres établissements. Confrontée à des problèmes d’investissements, la commune, qui avait réussi à reconstruire une école élémentaire et entamer la reconstruction de deux autres, a organisé, il y a quelques mois, un forum pour diagnostiquer les problèmes et porter le plaidoyer auprès du gouvernement sortant. Aujourd’hui, il s’agit de solliciter l’intervention des nouvelles autorités pour sauver l’école saint-louisienne.
par Abdou Mbow
CENT JOURS, CENT FAILLES
Peu de réponses claires ont été apportées aux défis urgents du pays alors que la patience des citoyens s'amenuise, révélant les limites du discours populiste face aux exigences du pouvoir
On le sait, les vendeurs de rêve comme les vendeurs de sable sont destinés à la ruine au moindre coup de vent. Sonko et Diomaye viennent d'être rattrapés par la dure vérité, du fait des promesses mirobolantes qui se révèlent impossibles à l’épreuve des réalités du pouvoir. M. le Premier ministre disait, naguère, qu’il ne croyait pas à ces dernières.
Aujourd'hui, il s'y entremêle les pinceaux, et de fort triste manière. En rupture de banc institutionnelle, il se croit encore en campagne électorale pour masquer ses carences manifestes. Hélas pour lui, il se rend de plus en compte à quel point le divorce sera tragique avec ceux qui, alors, entonnaient le fameux « so ko lalé », Rien à faire. Il faut payer : « dige bor la » (la promesse est une dette). Dommage qu'il ne le comprenne qu'aujourd'hui car c'est la politique qui risque de s'exposer à une sévère disqualification, entraînant du coup des vagues de désaffiliation.
En cent jours, les Sénégalais vivent l'amère expérience d'une déroute précoce. pouvoir c'est.... pouvoir. Dans bien des démocraties au monde, il est convenu que lorsqu'un nouvel homme ou un nouveau gouvernement arrive aux affaires, les cents premiers jours doivent porter la marque d'une vision déclinée en stratégie claire pour être mise en œuvre au profit des populations.
Les bas ressorts dune partie du peuple ont été tellement instrumentalisés par un « projet » fictif qu'il y a à craindre un retour d'ascenseur détonnant. Quand de nouvelles équipes arrivent au pouvoir, il est de coutume que le peuple discerne le cap vers lequel tendent les premières décisions, souvent dites de rupture.
Le confort de l'opposition et du ministère de la parole avait fait dire à Monsieur Ousmane Sonko que quand on est au pouvoir, on n'a pas besoin d'état de grâce.
Et voilà qu'aujourd'hui il convoque le besoin d'une mise en route, et doit faire avec le diesel qui fait tourner le moteur des réalisations et des « Solutions », énumérées en long, en large et surtout à tort et à travers de ce livre, dont on peut se demander, après coup, s'il en était véritablement l’auteur.
Le démarrage est poussif. 100 jours ? Dieu que c'est passé vite ! Et pourtant... La gabegie de l'Etat ? Il nous avait été promis-juré que 25 ministres suffiraient à faire tourner le Sénégal... On constate que bientôt, il faudra tenir le Conseil des ministres à Dakar Arena, tant ministres conseillers, secrétaires d'État, commencent à être à l'étroit autour de la table du Conseil. Ils nous avaient promis-juré que dorénavant, ce serait « the right men at the right places », comme si, naguère, des ignorants faisaient marcher notre haute administration et nos directions institutionnelles.
Le renoncement aux appels à candidatures fut de mise et chaque mercredi est l'occasion de distribuer sucettes et récompenses aux contributeurs et diplômés du seul concours obtenu par certains, à savoir le " Concours de Circonstances », pour être passés par un gratifiant séjour en prison.
Toute honte bue, alors qu'il avait, emporté par la fougue électoraliste, assuré les Sénégalais que le pétrole et ses bénéfices étaient déjà partis, ce sont bien le Premier ministre Ousmane Sonko et notre président Diomaye Faye, qui en ont recueilli les premières gouttes.
En accord avec lui-même, il aurait pu nous dire « d'ailleurs, voyez ce qu'il en reste », cela aurait au moins fait rigoler. Qu'a-t-on vu en 100 jours de pouvoir ? Un tâtonnement sans précédent au sommet de l'Etat avec un gouvernement parallèle à la primature, pathétique tableau qui offre l'image d'un monstre à deux têtes, dont l'une fait des sourires aux présidents démocratiquement élus, comme le nôtre, et l'autre qui s'enorgueillit de flatter et d'encourager les putschistes, au grand dam des institutions politiques et économiques de notre sous-région. N'est pas Sankara ou Mandela qui veut...
Cent jours et les paysans Sénégalais ne savent toujours pas, alors que l'hivernage bat son plein, quelles sont les modalités de la campagne agricole 2024 qui vont leur assurer une bonne distribution des semences.
Qu'avaient prévu tous ces soi-disant cerveaux Sénégalais répartis à travers le monde et qui avaient fait du Projet, l'Alpha et l'Omega de la survenue, grâce à Pastef, du Sénégal, dans le « temps du monde » ? C'était un brouillon ?
L'homosexualité devait être criminalisée dès les premiers jours
? Il a été préféré l'accueil du souteneur fantasque et populiste Jean-Luc Mélenchon, le jour de la célébration mondiale des droits LGBT. Il est vrai que pour faire passer cette boulette, un conseil - que de faire construire une mosquée dans l'enceinte du Palais de notre République. Mis, M. Ousmane Sonko élargit le rang des chômeurs avec les renvois de jeunes élèves sénégalais de leur centre d'examen, alors qu'il avait décrété, comme de droit divin, la fin de la tentation des pirogues meurtrières.
En cent jours, la guerre contre la presse a été déclarée, avec fermeture de comptes et annulations de conventions, mais il a été mis en lumière le rôle des « lanceurs d'alertes », bombardés grâce à leurs smartphones et leur connectivité, nouvelles agences de presse patriotiques, seules dignes de confiance. Je suis loin du nihilisme en dépit de toutes ces failles. Le BRT a été mis en service. Mais c'est le fait de qui ? Messieurs les « patriotes », vous auriez au moins pu re connaître dans ce moyen de transport public la touche indélébile de vos prédécesseurs.
Monsieur le Premier ministre, les Sénégalais ont voté, ils ont élu Bassirou Diomaye Diakhar Faye. Il est temps de vous y faire. Vous n'êtes plus en campagne électorale, ceux que vous accabler encore de vos menaces et injures ont été sanctionnés et en ont pris acte... Apparemment, seul vous ne l'avez guère encore compris... Arrêtez cette diversion.
Embrayez Monsieur le Premier ministre avec plus de calme et de sérénité. Les Sénégalais sont fatigués. Cent jours déjà, que le temps passe vite, pour des Sénégalais qui s'impatientent de vous voir vous atteler aux urgences de l'heure, à prendre vos responsabilités et votre courage sur la question de la DPG et toutes autres attentes, qui vont des réformes électorales au processus de réconciliation nationale, en passant par l'apaisement de l'espace politique, et la recherche des solutions concrètes à la cherté de la vie.
Au-delà de ces cents jours, les Sénégalais peuvent être enclins à vous faire comprendre que l'arrogance est une étrange maladie, et qu'un de ses pires symptômes est la conviction de se sentir meilleur que les autres.
Une menace, une promesse, une insolence, une courtoisie : cette balance est celle des affaires. Pas celle du pouvoir, lequel exige une culture, que dis-je, une liturgie de la République. Il faut avoir baigné dedans...ça ne s'apprend pas dans les allées populistes à force de bravades et de colère permanente, Monsieur le président Ousmane Sonko... pardon, Monsieur le Premier ministre.
Abdou Mbow est député,président du groupe parlementaire BBY, porte-parole national adjointde l'APR.
LES TÉLÉPHONES PORTABLES, ENNEMI PUBLIC NUMÉRO 1 AU BAC
Alors que la règle interdisant strictement les téléphones portables durant les épreuves est clairement énoncée depuis des années, de nombreux candidats continuent d'en défier l'interdiction au mépris des avertissements
Depuis quelques années, les téléphones portables sont formellement interdits dans les salles lors des examens pour lutter contre les risques fraude. Cependant, certains candidats n'arrivent toujours pas à se passer de cet outil de communication le temps de l'examen. Cette année, ils sont plus de 60 candidats au bac exclus pour cause de détention de téléphone portable malgré tous les avertissements.
Décidément, certains candidats au baccalauréat n'ont pas tiré la leçon de ce qui est arrivé à leurs camarades de Kaolack exclus de cet examen pour détention de téléphone portable. Avant-hier, mercredi 3 juillet, cinq candidats ont subi le même sort au centre d'examen du lycée de Médina Yoro Foula dans la région de Kolda. Si une d'entre eux détenait un téléphone portable par de-vers elle dans la salle d'examen, les quatre autres garçons ont été pris avec des documents d'histoire et de géographie pendant l'épreuve correspondante.
Au lycée de Kafountine égale-ment, deux candidates au bac ont été exclues pour détention de téléphone portable à l'occasion de l'examen de baccalauréat. Au centre de Goudomp, 12 candidats ont été empêchés de poursuivre les épreuves du bac. Sans oublier qu'à Dakar au centre d'examen de l'université Amadou Hampâté Ba, 42 candidats ont été ajournés du bac. Tous en raison de la détention de téléphone portable. A Kaolack, le baccalauréat a mal démarré au centre du nouveau lycée où 64 candidats du jury 1506 ont été exclus au motif que des téléphones portables ont été retrouvés dans leurs sacs mardi dernier, premier jour des épreuves écrites du bac. « On a juste appliqué la mesure. Les candidats exclus sont au nombre de 64. Ils vont voir avec la commission disciplinaire de l'Office du Bac », a expliqué le pré sident du jury Ameth Ndiaye.
Et pourtant la règle est claire de puis quelques années : le téléphone portable est formellement interdit dans les centres d'examen pour éviter des cas de fraude. A l'issue d'une réunion consacrée à l'organisation du baccalauréat le 6 juin dernier, le ministre de l'Enseignement supé rieur, de la Recherche et de l'In-novation, Dr Abdourahmane Diouf avait rappelé le règlement.
« Ils (candidats) doivent venir avec beaucoup d’éthique et de moral pour faire leurs examens. Nous rappelons aux futurs bacheliers, aux candidats, aux enseignants et surtout aux parents d’élèves que les candidats ne doivent pas venir faire le bac avec des outils technologiques. Ils ne doivent pas avoir leurs téléphones. Si un candidat qui a bien travaillé toute l’année qui mérite d’avoir le bac, commet cette erreur de venir avec son téléphone portable, il sera exclu. C’est la règlementation et on va l’appliquer sans aucune difficulté. Il faudrait aussi que les élèves aillent récupérer leurs convocations qui sont déjà disponibles », a fait savoir le ministre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation. Impossible de passer à côté de ces consignes.
Il est même mentionné sur les convocations des candidats que le seul fait de trouver un téléphone portable dans un sac d’un candidat fait l’objet d’une sanction. Il faut dire que ces candidats qui ont enfreint le règlement et exclus du bac, devront faire face à la Commission disciplinaire de l’Office du bac qui verra la possibilité ou non pour eux de faire la session de rattrapage au mois d’octobre prochain.
MBACKÉ DONNE LA LEÇON À TOUBA EN SANTÉ MATERNELLE
La ville sainte nécessite de revoir son message de sensibilisation pour promouvoir les dépistages et les méthodes contraceptives adaptées à ses réalités socioreligieuses
Le district sanitaire de Mbacké connait des indicateurs satisfaisants dans la lutte contre la mortalité maternelle et infantile, contrairement à Touba qui empile des difficultés pour s’imposer dans la mise en place de stratégies comme pour la planification familiale. Selon les acteurs rencontrés sur place hier, jeudi 4 juillet 2024, dans le cadre d’une caravane presse, plusieurs facteurs entrent en jeux dont l’aspect religieux et coutumier mais aussi le fort taux d’analphabètes dans cette ville Sainte de Touba.
La caravane sur la santé de la mère, du nouveau-né, de l’enfant, des adolescents et jeunes (Srmnia), organisée par le Réseau des journalistes en santé, population et développement, en partenariat avec la Direction de la Santé de la mère et de l’enfant (Dsme), était hier, jeudi 4 juillet, dans les localités de Mbacké et Touba. Dans ces deux localités du département de Mbacké, la lutte contre la mortalité maternelle et infantile connait des disparités. Si le district de Mbacké a pu s’imposer dans cette lutte, ce n’est pas facile pour Touba où la plupart de ces indicateurs restent bas.
Dans cette cité religieuse, fief du Mouridisme, Thioro Faye Mbacké, responsable Santé de la reproduction du district sanitaire de Touba, a fait savoir qu’il y a un retard dans les Consultations prénatales (Cpn) qui doivent passer de quatre à huit séances, durant la période de grossesse. «Nous continuons à enregistrer des retards dans la prise en charge des grossesses. Des femmes arrivent dans nos structures tardivement mais la fréquentation dans les structures de santé est rassurante à Touba», a fait savoir Mme Mbacké. Et d’ajouter : «dans le district de Touba, nous avons une bonne couverture sanitaire. Dans chaque quartier où village, il y a une structure de santé. Au total, il y a 42 structures de santé à Touba dont 29 postes de santé, 6 centres de santé et 3 hôpitaux. Mais, vu le poids démographique de Touba, c’est toujours insuffisant».
Si à Touba les acteurs de la santé, accompagnés des relais communautaires, ont pu relever le taux d’audience dans les structures de santé, ils peinent à le faire dans la planification familiale (Pf) où le taux reste très bas. «Nous avions beaucoup de difficultés liées aux problèmes de compréhension, des rumeurs sur l’utilisation des méthodes de planifications familiale. Nous avons pu relever le gap avec les acteurs communautaires, les relais et les Bajenu Gox. Mais, il y a toujours du chemin à faire. Nous sommes dans une cité religieuse, il faut revoir le discours, les termes et essayer de le contextualiser afin d’amener les familles à y adhérer», a-t-elle avancé.
Pour Mme Mbacké, hormis l’aspect religieux, Touba a un taux élevé d’analphabètes. La majorité de la population fréquente l’école coranique. «Les choses commencent à bouger. Les familles scolarisent leurs enfants et des couples jeunes s’intéressent à ces pratiques de la Pf, qui les permettent non seulement d’avoir une bonne santé mais aussi celle de leurs enfants. Aujourd’hui, j’appelle au renforcement de la sensibilisation avec les acteurs communautaires, les journalistes au niveau local pour qu’on puisse bénéficier des supports de Pf adaptés à nos réalités pour réussir cette stratégie».
Au district sanitaire de Mbacké, Awa Ndiaye, sage-femme responsable de la Santé de la reproduction, fait part de plusieurs avancées. Selon elle, le district de Mbacké est champion dans les acquis au niveau régional. Des avancées qui ont été possibles grâce à l’appui de la Dsme et de la formation continue des sages-femmes et les infirmières dans les questions de la Santé de la reproduction.
Parmi les indicateurs, le district sanitaire de Mbacké, par rapport aux nombres de femmes ayant effectué 4 consultations prénatales entre janvier et mars 2024, se positionne à 42%. Pour le nombre de femmes enceintes qui ont reçu leurs trois doses de comprimés pour la lutte contre le paludisme, il est à 49,92%. Pour celles qui dorment sous moustiquaires imprégnées, à 56,2%. Pour les femmes qui ont été dépistées du VIH et de la syphilis, le taux est de 52,06%.
En ce qui concerne les accouchements assistés par un personnel qualifié, Mbacké est actuellement à 46,2%. S’agissant du nombre d’enfants ayant bénéficié d’un paquet de soins à la naissance, le district est à 53,5%. Pour le nombre d’accouchées ayant été effectuées, les 3 consultations post natales, est en ralenti car nous sommes à 15%. Pour la planification familiale nous sommes à 12%. «Nous avons des défis mais nous sommes en train de faire des efforts. Auparavant, il y avait l’inaccessibilité des autorités religieuses, la rupture des médicaments ; mais ce n’est plus le cas», a avancé Awa Ndiaye.
Les accouchements à domicile, un phénomène rare
De plus en plus les accouchements à domicile se font rares dans les régions. Dans les districts sanitaires de Mbacké et Touba, il y a peu ou presque pas de cas enregistrés par mois. Selon les acteurs de la santé, les accouchements à domicile sont rares, même avec la rétention des données. Pour Touba, ils représentent 0,5% par rapport à toute la population. «Les accouchements à domicile ne sont pas très importants à Touba. Mais notre souhait, c’est d’avoir 100% d’accouchements dans les hôpitaux. Il y a des structures privées qui parviennent à accueillir des accouchements, mais on ne parvient pas à les recenser. C’est pourquoi, nous faisons de la sensibilisation à ces structures privées qui ne sont pas vraiment dans les normes de se conformer. Pour celles qui sont en normes, elles sont enrôlées au niveau des districts où elles travaillent avec les districts,» a renseigné Mme Mbacké.
DONNE SON FEU VERT À LA MISE EN OEUVRE DES RECOMMANDATIONS POUR LA MODERNISATION DE LA JUSTICE
Allant de la réforme du Conseil supérieur de la magistrature à l'instauration d'un juge des libertés, en passant par l'africanisation des symboles ou la refonte des codes pénal et de procédure, les propositions présentées ouvrent la voie à une refondation
A part les réformes qui méritent une prise en charge financière et la conciliation nécessaire sur le retrait de l’Exécutif du Conseil Supérieur de la magistrature (CSM), le président de la République, Bassirou Diomaye Diakhar Faye, est d’accord pour que toutes les recommandations issues du Dialogue nationale sur Réforme et la Modernisation de la justice soient appliquées.
«L’exigence de réforme et de modernisation est largement mise en exergue dans les travaux. Cela conforte notre souhait d’adapter notre cadre juridique, en corrigeant ses imperfections et ses lacunes», a dit le président de la République, Bassirou Diomaye Diakhar Faye, qui s’engage d’ores et déjà à appliquer toutes les recommandations des assises de la justice. «Les réformes sur le Conseil supérieur de la magistrature, l’ouverture des professions libérales, la mise aux normes des lieux de détention, l’africanisation des symboles de la justice, l’encadrement des pratiques illégales comme le retour de parquet, la refonte du Code pénal et du Code de procédure pénale afin d’en extraire les dispositions abusives et arbitraires seront au cœur de mes préoccupations». Il est aussi prévu, «l’amélioration du service de l’Administration pénitentiaire à travers l’amélioration des conditions de détention et la restauration de la dignité des détenus».
Le Chef de l’Etat annonce aussi que «la rupture sera également opérée par la création de nouvelles institutions comme la Haute autorité de la justice, la Cour constitutionnelle ainsi que l’instauration d’un Juge des libertés et de la détention». En prenant tous ces engagements, Bassirou Diomaye Diakhar Faye reste convaincu que, «l’heure des transformations systémiques de notre justice a sonné et qu’il est impératif de donner un contenu clair à ces différentes propositions afin de rétablir la relation de confiance et de respect mutuels entre la justice et les justiciables ». Dès lors, selon lui, «toutes les réformes qui n’ont pas d’incidence financière sur lesquelles les acteurs se sont accordés lors des assises de la justice, on peut dès demain voir les voies et moyens pour les matérialiser».
Le président de la République ne doute pas de l’importance du Dialogue national sur la justice. «Les assises ont contribué, assurément, à réconcilier le pays avec ses traditions lointaines de délibérations collectives et de concertations citoyennes. L’idéal de la Justice ne saurait être une œuvre achevée. La Justice doit toujours être arrimée à l’évolution du temps ; elle doit toujours être questionnée, critiquée, renouvelée et refondée. Un État de droit ne se résume pas seulement à l’existence d’Institutions. L’État de droit exige, en outre, un renouvellement permanent, une refondation et des réformes systémiques lorsque les Institutions, à l’image de la Justice, souffrent de maux qui en affectent la crédibilité».
«Le système politique, le système de rémunération, etc.» feront l’objet d’Assises
Après la justice, l’Etat s’attaquera à d’autres problématiques. «Des assisses seront menées dans d’autres domaines notamment le système politique, le système de rémunération, etc.» Pour Bassirou Diomaye Faye, «il est temps que l’on s’arrête pour voir si la façon de procéder depuis 1960 jusqu’à présent mérite d’être changée ou pas. Le peuple sénégalais peut, dans le futur, sentir le besoin de changer toutes ces réformes engagées parce que les objectifs visés n’ont pas été atteints et les changer dans le cadre d’une démarche inclusive, constructive et consciencieux».
L'ONDE DE CHOC DU RN VU DE DAKAR
Alors que le parti de Marine Le Pen pourrait accéder au pouvoir, la diaspora française et les binationaux redoutent un avenir incertain pour les liens entre les deux nations. Entre inquiétudes économiques et peurs sociétales, les réactions fusent
(SenePlus) - La percée historique du Rassemblement national, parti d'extrême droite présidé par Marine Le Pen, au premier tour des élections législatives françaises du mois de juin suscite inquiétudes et interrogations au Sénégal. Selon un reportage du Point Afrique, les résultats obtenus par le RN sont largement commentés dans le pays, tant par les résidents français que par les nombreux binationaux franco-sénégalais.
"Le RN court depuis des années derrière le pouvoir mais je ne suis pas certaine qu'ils gagneront", estime Adji, une commerçante dakaroise interrogée par le journal. À l'instar de nombre de ses compatriotes, elle doute de la capacité du RN à mettre en œuvre son programme, notamment sur des sujets aussi sensibles que l'immigration. "La France n'est pas un petit pays, il ne faut pas le donner à n'importe qui...", prévient-elle, craignant que Marine Le Pen "gâte" le pays.
Ces inquiétudes sont exacerbées par l'image renvoyée par certains discours et positions du RN, jugés xénophobes et islamophobes au Sénégal. "Depuis des années, il y a une stigmatisation en France à travers les médias et les réseaux sociaux, des étrangers, des Arabes, des musulmans", déplore Camélia, une Franco-Marocaine résidant au Sénégal, pointant du doigt le "bouc émissaire" trouvé dans l'immigration.
Pourtant, le reportage relaie aussi le point de vue plus positif d'autres Sénégalais sur le RN. À l'image de Daouda, persuadé qu'une victoire de Marine Le Pen serait "bien pour la France", séduit par son discours souverainiste défendant les intérêts nationaux français. Certains y voient même la fin potentielle de "l'ingérence française" en Afrique.
Quelle que soit l'issue du second tour des législatives, cette percée inédite du Rassemblement national interroge beaucoup sur l'avenir des relations entre le Sénégal et la France. Premier investisseur étranger dans le pays avec plus de 200 entreprises, la France craint des tensions diplomatiques. "La diminution de son pouvoir sur le continent peut s'accentuer", souligne Adji.
Les binationaux sont également inquiets. "Il y a une multiplication des repats ces dernières années car ils refusent de vivre dans un pays où ils sont rejetés", explique Mamadou. Ce Franco-Sénégalais craint aussi la remise en cause possible de leur statut. Camélia ajoute: "Je m'inquiète pour ma famille et mes amis racisés".
Au Sénégal, si l'on garde espoir dans la démocratie française, nombreux sont ceux qui suivront attentivement les prochains mois afin de mieux cerner les répercussions éventuelles de cette poussée de l'extrême droite sur la relation bilatérale.
DIOMAYE OUVRE LA PORTE À UN DÉPART DU CONSEIL SUPÉRIEUR DE LA MAGISTRATURE
Lors de la remise du rapport des Assises de la Justice, le chef de l'Etat a affirmé être totalement neutre sur cette question sensible, privilégiant le consensus plutôt que ses intérêts personnels
Le président de la République, Bassirou Diomaye Faye, a affirmé jeudi, lors de la cérémonie de remise du rapport final des Assises de la Justice au palais de la République que sa participation au Conseil supérieur de la magistrature (CSM) et sa présidence de cette instance ne constituaient pas une « obsession » pour lui. Il a déclaré être prêt à quitter le CSM si la majorité des acteurs du système judiciaire le souhaitaient.
Le président Faye s’est montré résolument neutre : « Si les arguments prévalent sur les intérêts personnels, je ne m’accrocherai pas à ce poste », a-t-il affirmé, insistant sur le respect des choix issus du consensus.
En recevant le rapport final des Assises de la Justice au palais de la République, le chef de l’Etat a déclaré : « Je ne tiens ni à y rester ni à en sortir. Je suis totalement neutre par rapport au Conseil supérieur de la magistrature. » Il a souligné que les raisons avancées par les magistrats pour justifier la présence du président de la République au CSM devaient être davantage étayées, mais il a également reconnu que ces arguments méritaient d’être pris en compte.
Le président a proposé d’approfondir la réflexion sur ce sujet, en insistant sur l’importance de la neutralité et de l’indépendance des magistrats. « Après tout, c’est à eux que l’on souhaite d’être indépendants, » a-t-il précisé.
Bassirou Diomaye Faye a conclu en affirmant que toute décision concernant sa présence au CSM devait être basée sur des arguments convaincants. « Si on mène des discussions sans prendre une décision concernant ma présence au Conseil supérieur de la magistrature, je n’y resterai pas, » a-t-il déclaré.
A l’occasion, le chef de l’Etat a salué les efforts de tous les participants qui ont permis de mener les travaux dans un climat de sérénité. Il a souligné l’importance des débats libres, ouverts et constructifs qui ont caractérisé les assises, rappelant que la justice doit constamment être questionnée, critiquée et renouvelée pour rester alignée avec les évolutions du temps.
Le président Faye a évoqué l’importance de doter le pays d’institutions justes, légitimes, robustes et fonctionnelles, essentielles pour garantir l’efficacité, la stabilité et l’indépendance de la justice. Il a rappelé que la justice est un pilier fondamental de l’État de droit, assurant le respect des principes démocratiques tels que la séparation des pouvoirs et la protection des droits et libertés.
Il a remercié le Comité scientifique des Assises pour leur travail acharné et abnégation dans la restitution des travaux. La cérémonie de remise du rapport symbolise un moment crucial pour les réformes systémiques et innovantes attendues par le peuple sénégalais durant le nouveau quinquennat.
Le président a rappelé que les Assises de la Justice ont permis d’interroger les insuffisances et les carences du système judiciaire, dans le but de le hisser aux ambitions du peuple. Elles ont engagé un diagnostic exhaustif et proposé des solutions structurelles pour une justice plus respectueuse des droits fondamentaux.
Il a souligné la diversité des participants, des magistrats aux représentants des forces de défense, en passant par les acteurs religieux et politiques. La participation des Sénégalais de la diaspora via la plateforme numérique « Jubbanti, sa gis gis ci Yoon » a également été magnifiée