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18 avril 2025
Politique
LA GENDARMERIE SÉNÉGALAISE RENFORCÉE PAR LE SOUTIEN AMÉRICAIN
La coopération militaire entre les États-Unis et le Sénégal franchit un nouveau cap avec un don d'équipements stratégiques d'une valeur de 750 000 dollars
Dans le cadre d'un partenariat stratégique, les États-Unis ont remis, le 7 janvier 2025, à la Gendarmerie nationale du Sénégal un ensemble d'équipements modernes destinés à renforcer la sécurité des frontières. Ces matériels, d'une valeur de plus de 750 000 dollars (plus de 450 millions de francs CFA), incluent des lunettes de vision nocturne, des appareils GPS, des casques, des boucliers balistiques ainsi que des équipements médicaux essentiels.
La cérémonie officielle de remise s'est tenue au Centre régional d'entraînement tactique de Thiès. Elle a mis en évidence le soutien constant des États-Unis aux efforts du Sénégal pour protéger ses frontières et assurer la sécurité de ses citoyens. Cette initiative s'inscrit dans le cadre d'un programme quadriennal visant à améliorer les capacités des forces de sécurité sénégalaises.
L'objectif principal de ce programme est de développer une collaboration efficace pour identifier et contrer les menaces transfrontalières, notamment le trafic illicite de stupéfiants, d'armes et d'êtres humains. À travers des initiatives conjuguant formation et partage de ressources, ce partenariat renforce non seulement la sécurité nationale du Sénégal, mais contribue également à la stabilité régionale.
L'ambassadeur des États-Unis au Sénégal, Michael Raynor, a exprimé sa satisfaction lors de la cérémonie : « Les États-Unis sont fiers de soutenir les efforts du Sénégal pour protéger ses frontières en fournissant des équipements modernes et de haute qualité qui renforceront les capacités opérationnelles de la Gendarmerie nationale. Notre partenariat continu pour renforcer la sécurité des frontières reflète notre engagement permanent envers la sécurité et le bien-être du peuple sénégalais. »
Cette initiative souligne une fois de plus la profondeur du partenariat entre les deux nations et leur détermination commune à promouvoir la paix et la sécurité dans la région. Elle souligne une fois de plus la profondeur du partenariat entre les deux nations et leur détermination commune à promouvoir la paix et la sécurité dans la région, relèvent les responsables.
CE GRAND CHANTIER DE L'ÉTAT
Depuis huit ans, chaque nouvelle tentative de mise aux normes du secteur des deux roues s'est soldée par un échec. Le nouveau pouvoir s'attaque à son tour à ce dossier sensible, mêlant enjeux de sécurité publique et réalités socio-économiques
L'État a annoncé, à plusieurs occasions, la réglementation de la circulation des deux-roues. En attendant la mise en œuvre des directives édictées dont l'immatriculation systématique, force est de relever que les autorités publiques se sont déjà attaquées, au cours des huit dernières années et sans grands résultats, à la question de la régulation de cette nouvelle forme de transport public urbain dont l'essor s'accompagne de moult désagréments dans le quotidien des Sénégalais, même s'il y a des avantages dans la lutte contre le sous-emploi des jeunes.
Le ministère des Infrastructures, des Transports terrestres et aériens (MITTA) a récemment décidé que les détenteurs de motos 2 roues de cylindrée supérieure à 49 cc et non immatriculées, ont un délai de trois mois pour se faire immatriculer. Ce qui n'a pas manqué de susciter des mouvements d'humeur et des manifestations de rue, quoique sporadiques, de la part des conducteurs de deux-roues aussi bien à Ziguinchor, Sédhiou et Dakar (rond-point Cambérène). Cette nouvelle tentative des pouvoirs publics ravive les difficultés à faire régner l'ordre dans le secteur.
En effet, l'État avait annoncé des mesures en grande pompe, allant dans le sens de l'immatriculation, le port obligatoire de casques et le respect du Code de la route, entre autres. En son temps, un délai de six (6) mois avait été accordé aux propriétaires et conducteurs de deux-roues pour se mettre en règle, notamment en ce qui concerne les titres de transport (permis, visite technique, immatriculation) gratuitement.
Rien n'a changé. Déjà, en 2017, lors d'une conférence de presse tenue le 28 février, le chef du Bureau des relations publiques de la Police nationale, Henry Boumy Ciss, avait fait état de mesures prises pour renforcer la sécurité des citoyens. Il s'agissait de l'immatriculation systématique des deux-roues. L'adjudant Henry Boumy Ciss disait, à l'époque, que d'après la législation, seules les motos de 125 cm³ devaient faire l'objet d'immatriculation. Il était aussi annoncé la généralisation des vidéos de surveillance dans les rues de la capitale.
En novembre 2023, lors du vote du budget de son ministère à l'Assemblée nationale, Mansour Faye, alors ministre des Infrastructures, des Transports terrestres et du Désenclavement, a reconnu les difficultés causées par la circulation des deux-roues, dont le transport de personnes, alors qu'ils n'en ont pas droit. Un texte avait ainsi été annoncé pour encadrer leur circulation. Plusieurs directives ont été édictées par l'ancien régime sans que le résultat escompté ne soit atteint.
Rappelons que lors des derniers événements politiques, la circulation des motos était interdite à plusieurs occasions, pour des raisons de sécurité, disait-on. Justement, pour les mêmes raisons et faute de conformité à la réglementation, des contrôles réguliers sont menés, chaque fois que de besoin, par des agents de la circulation à différents endroits (routes, intersections, ronds-points...) de Dakar et sa banlieue.
Ces contrôles débouchent souvent sur l'arrestation de plusieurs dizaines de motos pour défaut d'immatriculation, de titres et documents de transport (papiers de la moto, permis, assurance, carte grise...). Mais, des minutes plus tard, leurs conducteurs retrouvent tous la circulation, après paiement d'une contravention/amende, sans pour autant qu'ils ne soient en règle. Au grand dam... de la sécurité routière et publique.
Dans les villes et villages sénégalaises, on note de plus en plus la circulation des motocyclistes qui concurrencent partout ou presque les véhicules de transport en commun de voyageurs. Après les villes et localités de l'intérieur du pays, Dakar est actuellement fortement envahi par ces moyens de transport. Leur forte présence ces dernières années n'est pas sans conséquence souvent néfaste sur la sécurité routière et même publique.
Accidents de la route, agressions multiples, vols à l'arrachée, non-respect du Code de la route et de la réglementation, défaut de documents et titres de transport (permis de conduire, assurance, carte grise/visite technique, défaut d'immatriculation...) et mauvais comportements des conducteurs (non-respect du port de casques et des feux tricolores, faire fi des indications des agents régulant la circulation...), sont la marque de ce secteur investi en majorité par des jeunes à peine sortis de l'adolescence.
Reste maintenant à savoir si le bras de fer engagé par les nouvelles autorités contre les deux-roues va déboucher, pour de bon, sur la régularisation et la régulation de ce sous-secteur du transport.
TRUMP, PREMIER PRÉSIDENT AMÉRICAIN CRIMINEL, MAIS ÉPARGNÉ
Le prochain locataire de la Maison Blanche, reconnu coupable de 34 chefs d'accusation de falsification de documents, ne fera pas de prison. Selon le juge, seule la fonction présidentielle le protège des conséquences de ce verdict
(SenePlus) - Selon les informations rapportées par le New York Times, Donald Trump est devenu vendredi le premier président américain élu à être officiellement reconnu comme un criminel, tout en évitant la prison dans une affaire de falsification de documents commerciaux.
Lors d'une audience virtuelle depuis sa résidence de Mar-a-Lago en Floride, l'ancien et futur président des États-Unis a reçu une "décharge inconditionnelle" de sa peine - une alternative clémente à l'emprisonnement ou à la mise à l'épreuve - pour 34 chefs d'accusation de falsification de documents commerciaux.
"Jamais auparavant ce tribunal n'a été confronté à des circonstances aussi uniques et remarquables", a déclaré le juge Juan M. Merchan, cité par le New York Times, avant d'expliquer que seule la fonction présidentielle protégeait l'accusé de la gravité du verdict. "Ce tribunal a déterminé que la seule peine légale permettant l'entrée en vigueur de la condamnation sans empiéter sur la plus haute fonction du pays est une décharge inconditionnelle", a-t-il précisé.
L'affaire remonte à 2016, lorsque Trump avait fait verser de l'argent à l'actrice de films pornographiques Stormy Daniels pour acheter son silence concernant une liaison présumée. Selon le quotidien new-yorkais, un jury de douze New-Yorkais avait conclu en mai que Trump avait remboursé son homme de main Michael D. Cohen pour cet argent, puis ordonné la falsification de documents pour dissimuler le paiement.
"C'est un fait, je suis totalement innocent", a déclaré Trump pendant l'audience, qualifiant cette procédure de "très terrible expérience". Son avocat Todd Blanche a dénoncé une ingérence électorale, évoquant "un jour triste" pour la famille Trump et le pays.
Le procureur Joshua Steinglass a quant à lui fustigé l'attitude de l'ancien président : "Loin d'exprimer un quelconque remords pour sa conduite criminelle, l'accusé a délibérément semé le mépris pour nos institutions et l'État de droit", rapporte le New York Times. Il a ajouté que Trump "a causé des dommages durables à la perception publique du système de justice pénale".
Bien que Trump puisse désormais faire appel de sa condamnation, il ne pourra pas s'accorder un pardon présidentiel, celui-ci ne s'appliquant pas aux accusations au niveau des États. Cette décision intervient après que la Cour suprême a rejeté jeudi sa demande de report de l'audience, dans ce que le New York Times qualifie de "surprenante démonstration d'indépendance".
VIDEO
L'ARMÉE FANTÔME DE MACRON EN AFRIQUE
Derrière ses départs médiatisés du continent africain se cache une réalité plus complexe : dans des aéroports désaffectés, des écoles de cybersécurité et des missions de conseil, l'armée française réinvente sa présence
Du déploiement spectaculaire aux opérations furtives, l'armée française opère une mutation sans précédent sur le continent africain. Exit les bases militaires imposantes et les défilés de Mirage dans le ciel sahélien. Une nouvelle stratégie, plus discrète mais tout aussi stratégique, prend forme dans l'ombre.
Cette métamorphose s'illustre parfaitement au Bénin. Là où jadis les uniformes français s'affichaient ouvertement, des agents opèrent désormais sous couvert d'instructeurs. L'aéroport supposément désaffecté de Tourou s'est transformé en hub secret de surveillance, où drones et avions de reconnaissance scrutent silencieusement les frontières avec le Niger et le Mali.
En Côte d'Ivoire, la transformation est encore plus subtile. Le retrait très médiatisé du 43e BIMA masque une réinvention complète du dispositif militaire. Une école de cybersécurité a pris racine, pendant qu'un réseau discret de renseignement se déploie dans l'ombre des anciennes installations.
Le changement s'étend jusqu'aux méthodes d'influence. Les bataillons d'infanterie cèdent la place aux experts en guerre numérique. Les réseaux sociaux deviennent le nouveau champ de bataille, où des cellules spécialisées mènent des opérations d'influence sophistiquées.
Cette transformation forcée, née des expulsions successives du Mali, du Burkina Faso, du Niger, du Tchad et du Sénégal, dessine les contours d'une nouvelle ère. L'armée française, autrefois symbole de puissance visible, se réinvente en force invisible. Une révolution silencieuse qui marque la fin d'une époque et le début d'une autre, plus discrètement mais non moins présente.
LA MÉTHODE SONKO-DIOMAYE INQUIÈTE
Les agents de l'administration fiscale, sous couvert d'anonymat, dénoncent les failles méthodologiques du budget 2025 et la persistance des mauvaises pratiques qu'ils espéraient voir disparaître
L'élaboration de la loi de finances 2025 à partir des évolutions favorables de celle de 2024 alors qu'ils ont produit un déficit abyssal fait grincer des dents dans les régies financières. Ce procédé rompt, aux yeux de certains agents de l'administration, avec les bonnes pratiques qui devraient objectivement exposer entre autres la méthode d’estimation des recettes potentielles pour 2025 et la méthode de calcul des recettes effectivement perçues en 2024. En conséquence, selon eux, le budget 2025 donne l’image d’une comédie dramatique et pathétique.
Faut-il préférer l’immobilisme en 2025 ? C'est l’interrogation que se posent des agents de l'administration et des régies financières. Dans un long texte, ces agents de l'Etat, tenus par le devoir de réserve, ont fait état de leur désenchantement quant à la rupture tant chantée par le tandem au pouvoir.
Dans le texte intitulé “La mobilisation des ressources budgétaires 2025 face au désenchantement dans les régies financières ou le budget 2025, au-delà des chiffres, la désillusion”, ils remarquent d'emblée que le temps brumeux de cette fin d’année traduit parfaitement le moral dans les chaussettes des ménages et des investisseurs toujours frileux, et goorgoorlu à fond de cale. Sous ce rapport, ils ont salué la déclaration de politique générale du Premier ministre qui, à les en croire, a mis en lumière les grandes lignes du PROJET mettant fin ainsi à une longue “période politique” pour se consacrer exclusivement à la République
Toutefois, ils digèrent mal l'absence de débat parlementaire sur les belles perspectives de 2024 qui ont produit un déficit abyssal. Ce débat aurait permis aux nouveaux élus surtout ceux de la majorité de s'interroger sur les origines de ces contreperformances. La question se pose à la lecture de l’exposé des motifs de la loi de finances de 2025 votée par procédure spéciale ce 28 décembre 2024, ont ils insisté.
“Ceux qui ont préparé le budget 2024, les mêmes pour celui de 2025, ignoraient-ils le caractère fantaisiste des prévisions ? Ne maîtrisaient-ils pas la réalité économique du pays ou bien ont-ils juste exécuté une commande politique en se “départissant” de leur objectivité pour lisser les chiffres du budget d’une année électorale ? Aussi, expliquer aux sénégalais comment les emprunts de tous ordres négociés en bons termes ont pu voir leurs charges d’intérêts augmentées de façon significative ? Quelles sont les causes réelles des contreperformances des services du MFB ? Quelles sont les réformes prévues en 2024 et qui n’ont pas été mises en œuvre ? Qui en sont les acteurs et qui sont les responsables identifiés (services et personnes) de leur réalisation ? s’interrogent ces agents de l'Administration.
Poursuivant, ils ajoutent :“Pour que les prévisions de 2025 soient prises au sérieux, il aurait fallu, comme le recommandent les bonnes pratiques, exposer objectivement la méthode d’estimation des recettes potentielles pour 2025 ; la méthode de calcul des recettes effectivement perçues en 2024 et les méthodes de présentation des écarts constatés. Il ne fait pas de doute que l’année 2025 débutera dans la continuité de 2024, c’est-à-dire la morosité économique”. Selon ces agents de l'Administration, le défaut de justification convaincante de ces manquements donne au budget de 2025 les faisceaux d’un manque de transparence. “L’absence de débat lors du vote du budget 2025 en est la preuve. Ces manquements ont fait bondir les charges financières de la dette en 2025”, ont-ils fait remarquer
“Un budget 2025 à l'image d'une comédie dramatique et pathétique”
Au vu de la gravité des faits, en France, pour moins que ça, l’ancien ministre de l’Économie, des Finances et de la Souveraineté Industrielle et numérique Bruno Le Maire et son premier ministre Gabriel Attal ont été attraits devant la Commission d’enquête parlementaire sur les finances publiques pour s’expliquer relativement aux profonds gaps constatés entre les prévisions de recettes et les réalisations effectives qui ont eu pour conséquences de creuser le déficit public historique avec un endettement jamais atteint, font-ils noter.
“Par contre, au Sénégal, on a fait comme si rien ne s’est passé malgré toutes les diatribes contre le régime de Macky Sall concernant la gestion des finances publiques ces douze dernières années, table rase et silence des nouveaux élus du peuple”, s’indignent ces Agents de l'Administration et des régies financières non sans réjouir: “ Devant l’Assemblée Nationale, le Premier Ministre Ousmane Sonko reconnaît que “la fiscalité est le maillon le plus important de la politique budgétaire. Cependant, le Sénégal peine à mobiliser de manière optimale les recettes fiscales, principal instrument de financement souverain.”
Cependant, ils regrettent des solutions d’amélioration qui ne proposent qu’à taxer davantage sans s’intéresser aux structures opérationnelles chargées de mobiliser les ressources budgétaires. “Et c’est un aspect béant de l’insuffisance de cette fiscalisation à outrance. Ce qui donne au budget 2025 l’image d’une comédie dramatique et pathétique”, ont-ils relevé. Malheureusement, toutes ces prévisions fantaisistes ont été corrigées, par la loi de finances votée, le 24 décembre 2024, sur le plan comptable “avec des éloges dithyrambiques aux auteurs de toute cette gangrène de la dette avec les intérêts onéreux pour les contribuables et les générations futures des travailleurs-consommateurs”. Pire, ajouteront-ils, les arguments servis dans le projet de budget 2025 n’expliquent pas exclusivement le déficit budgétaire abyssal et les contreperformances des services du MFB dans la mobilisation des recettes entraînant par ricochet l'augmentation du niveau préoccupant de la dette publique du Sénégal et des charges du personnel de l’Administration en forte hausse, alors que les services rendus aux populations sont les plus exécrables.
Mais, pour deux raisons au moins, relève-t-on dans la note, la réalité rattrapera très vite le pouvoir en place. Il s'agit de la persistance de la morosité économique durant tout le premier trimestre de 2025 avec un impact élevé sur la productivité des entreprises, l’emploi salarié en stagnation, la consommation des ménages au plus bas avec une inflation toujours en hausse et la confiance des investisseurs. La conséquence immédiate, dira-t-il, est un repli des recettes fiscales. L'autre raison invoquée, c'est l’impact négatif des défaillances dans le management global des services qui ont fini de démoraliser et démobiliser les agents. Ces grands défauts, pointent-ils, sont les conséquences d’une gestion toxique et catastrophique des ressources humaines, et la persistance des mauvaises pratiques administratives.
"Le rêve de voir la politisation a outrance de postes techniques et administratifs s’estomper s’est revele etre un vrai mirage"
Mais, au-delà des chiffres, la gestion des services chargés de la mobilisation des recettes et de l’exécution des dépenses budgétaires souffre, selon eux, de réelles insuffisances managériales. “La gestion des services souffre du management malveillant avec la gangrène du népotisme à travers une gestion affective et relationnelle du personnel jusqu’au foyer familial, du copinage, de l’ostracisme, de la « placardisation» des «talents refusant de se salir les mains » avec le positionnement des proches aux postes stratégiques et la promotion des nouveaux convertis à la "confrérie Pastef", anciens détracteurs acerbes, vindicatifs et dénonciateurs devenus laudateurs, flatteurs et thuriféraires. Ces pratiques inhibant la motivation des agents sont masquées par la mise en œuvre de stratégies de maintien avec l’appui des responsables influents de "Pastef” qui sont les nouveaux «faiseurs de roi ou protecteurs», dénoncent les agents.
En définitive, les agents notent que le rêve de voir la politisation à outrance des postes techniques et administratifs s’estomper s’est révélé être un vrai mirage. Pire, l’année 2025 s’annonce, d'après eux, sous le signe du maintien des hommes et des mauvaises pratiques administratives avec un ministre décrit comme distant et méprisant, maculé par l’ancien système et ayant du mal à se réinventer et à donner une nouvelle impulsion, à réformer en profondeur ses services et les procédures administratives désuètes. À les en croire, une telle absence de perspectives donne le tocsin aux nombreuses promesses, face à l’ampleur inédite du déficit budgétaire et des nombreuses attentes des citoyens. “Les nouvelles autorités ne peuvent pas se permettre de rester placides. La stratégie de non-décisions aura nécessairement un coût social et économique préjudiciable. Après le discours de vœux du Président Diomaye ce 31 décembre 2024, l’espoir d’un changement réel n’est pas encore perdu, seulement il faut prier qu’il ne soit définitivement englouti par les interminables commissions annoncées”, ont-ils conclu.
LA RATIONNALISATION DES PARTIS N'EST PAS AUSSI SIMPLE
Jean Charles Biagui remet en question l'efficacité d'une application stricte de la loi de 1981 sur les partis politiques. Pour lui, la solution passe plutôt par une approche mixte alliant réglementation et concertation
Selon l’Enseignant chercheur en Sciences politiques, Jean Charles Biagui, le débat sur la rationalisation des politiques annoncée par le nouveau régime n'est pas aussi simple à trancher. Interpellé sur la question hier, jeudi 9 janvier, le Maître de Conférences assimilé pointe du doigt la difficulté à modifier par une réglementation certains facteurs à l’origine de l’explosion du nombre de partis politiques au Sénégal.
La rationalisation des politiques voulue par le nouveau régime est-elle finalement plus facile à dire qu’à mettre en œuvre ? Si on en croit l’Enseignant chercheur en Sciences politiques, Jean Charles Biagui, ce débat n'est pas aussi simple à trancher. Interpellé sur la question hier, jeudi 9 janvier, le Maître de Conférences assimilé pointe du doigt la difficulté à modifier par une réglementation certains facteurs à l’origine de l’explosion du nombre de partis politiques au Sénégal. Citant entre autres, la pauvreté du débat politique, la culture politique, le système électoral, l’Enseignant chercheur en Sciences politiques va même plus loin en prenant le contre-pied de ceux qui appellent à l’application stricte de la Loi n° 81-17 du 6 mai 1981 sur les partis politiques pour endiguer ce phénomène de pléthore de partis politiques. En effet, selon lui, une application stricte de cette loi ne va pas nécessairement rationaliser les partis politiques.
Poursuivant son analyse, le spécialiste des Sciences politiques suggère plutôt au Président Diomaye et son régime, en plus de la réglementation, d’allier aussi la carte de la concertation. « Au Sénégal, on évoque souvent le nombre important de partis politiques. Malgré une existence juridique officielle, la plupart de ces partis ne participe pas au débat public, ils ne vont pas à la rencontre des populations dans le cadre d'élections. Dès lors, il s'agirait de les « rationaliser » en faisant probablement le tri ou en mettant un cadre institutionnel qui limiterait leur nombre ou leurs modalités d'action », a-t-il indiqué avant d’insister. « Le débat n'est pas aussi simple de mon point de vue. Les tenants actuels du pouvoir peuvent y contribuer en privilégiant un débat politique sain loin de la politique politicienne, en participant au renouvellement d'une élite administrative et politique qui ferme la porte à tous ces nombreux opportunistes qui créent des partis politiques dans le seul but d'avoir un strapontin et de se servir »
Pour justifier son approche, Jean Charles Biagui souligne que depuis 1981, plusieurs dispositions de la loi sur les partis politiques n'ont jamais été appliquées avant de s’interroger. « En démocratie, est-il de la responsabilité de l'État de le faire ? En tout état de cause, il faudra éviter d'arbitrer à la place du peuple souverain. Il faudra surtout éviter de remettre en cause la liberté d'association ».
SOUKEYNA KONARÉ, UNE PIONNIÈRE DANS L’OMBRE DES GRANDES LUTTES POLITIQUES
Épouse du Bourba Djolof Bouna Alboury Ndiaye et cousine de Me Lamine Guèye, elle a défié les conventions sociales et politiques en militant activement pour la participation des femmes à la vie publique.
Née en 1879 à Saint-Louis, Soukeyna Konaré occupe une place singulière dans l’histoire du Sénégal. Un temps épouse du Bourba Djolof, Bouna Alboury Ndiaye, et cousine de Me Lamine Guèye, elle est aujourd’hui citée comme la première femme politique sénégalaise. À une époque où les femmes sénégalaises étaient exclues des débats politiques, elle n’avait pas hésité à bousculer les mentalités. Aujourd’hui, son nom est régulièrement avancé dans les recherches sur la participation des femmes à la vie politique, en particulier leur droit de vote.
Le Dr Adama Baytir Diop, historien à l’Ucad à la retraite, spécialiste du Sénégal sous la colonisation, ne pense pas elle ait eu comme préoccupation exclusive les droits politiques des femmes. « Parce que dans le contexte historique de l’époque, en France métropolitaine, on n’envisageait pas le droit de vote des femmes », explique le Dr Diop. Il a fallu attendre 1945 pour cela. Mais Soukeyna Konaré s’est engagée bien avant. En 1945, de retour d’une entrevue avec le général De Gaulle en Algérie, Me Lamine Guèye va organiser un meeting à Yaax Jeuf, un des douze Pinthie de Dakar, tout près de l’actuel Sandaga. C’est à cette occasion que le patron de la puissante Sfio locale a annoncé le droit de vote pour les femmes.
En effet, le 6 juin 1945, les femmes des Quatre Communes obtiennent ce droit. Et encore, ce droit ne concernait au Sénégal que les femmes françaises, au prétexte de l’illettrisme des sénégalaises et de l’opposition des marabouts. A force de manifestations, les citoyennes françaises finirent par avoir gain de cause et purent aller voter aux élections de 1945. L’association Soukeyna Konaré, dont elle était la présidente, mobilisa l’électorat féminin en organisant à St-Louis des soirées de mobilisation suivies de séances de thé. Dans son mémoire de DEA intitulé « Contribution à la réflexion sur la participation des femmes sénégalaises à la vie politique de 1945 à 2001 », Seynabou Ndiaye Sylla rapporte une célèbre anecdote : Soukeyna Konaré n’hésitait pas à provoquer son cousin Lamine Guèye pour qu’il s’engage davantage.
Lors d’une réunion en 1930, elle lui lança publiquement : « Si tu es le digne descendant de Bacar Waly Guèye, tu ne devrais pas avoir peur… Si tu recules, donne-moi ta place et tu verras comment une femme se conduit ». Son influence dépassait largement le cadre familial. En présidant l’Association Soukeyna Konaré, elle mobilisait l’électorat féminin de Saint-Louis par des événements sociaux, notamment des soirées dansantes suivies de thés. Ces initiatives, bien qu’inscrites dans un cadre festif, portaient un message politique clair : les femmes devaient participer activement à la vie publique. L’héritage de Soukeyna Konaré demeure vivant à Saint-Louis, notamment à travers l’école qui porte son nom dans le quartier de Balacoss.
Plaidoyer contre une dette sans provision par une piqûre de rappel à Paname !
Remerciements à la France : Plaidoyer contre une dette sans provision par une piqûre de rappel à Paname !
Monsieur le Président, les Africains ne vous ont pas remercié ou pas suffisamment, pour avoir débarrassé le Continent du "terrorisme" ! Je ne sais si j'en ai l'envergure, ce dont je doute fort,mais je voudrais, au nom de tous les "africains libérés" par la France des griffes du terrorisme et offerts en victimes expiatoires à la gueule des "Djiadhistes", vous dire merci d'avoir plié bagages, ou d'être en train de le faire, en vous rappelant toutefois, quelques formules de politesse que vous avez oublié de rendre à l'Afrique ! Vous avez oublié de dire merci aux "tirailleurs" pour avoir participé à sauver la France du "Lieber Straume" que lui promettait un homme à la moustache légendaire !
Vous avez oublié pendant longtemps, de faire amende honorable pour vos grandspères, quand ils ont "blanchi" les combattants à la lisière de Paris, trop noirs à leur goût pour l'ultime parade et massacré leurs frères d'armes a Thiaroye pour une poignée de francs! Vous avez oublié de dire merci à l'Afrique Equatoriale, d'avoir ouvert les bras à la "France libre" à Brazzaville quand, sans domicile fixe, elle écumait les océans à la recherche d'un pied à terre !
Vous avez aussi oublié de dire merci au Niger pour avoir éclairé la France depuis Arlit, elle même plongée dans le noir ! Vous avez oublié de dire merci aux 2400 soldats de "l'opération Fatim" ( Forces Armées Tchadiennes au Mali) quand les combattants Tchadiens, ayant attaqué les Djiadhistes retranchés dans la vallée d'Amatetai, difficile d'accès, à Kidal et Gao, pour reduire les résistances dans la profondeur ont facilité les opérations de ratissage de "Serval" !
C'est une foultitude de remerciements, dont je n'ai cité que les plus flagrants, que vous avez oublié de présenter à l'Afrique qui a tout donné à la France, au prix de sa propre survie et de celle de ses fils , qu'il me plait, si besoin était, de vous rappeler! Au demeurant la nécessité de sécurité, ne peut racheter cette impératif de souveraineté, qui souffle sur votre ancienne chasse gardée ! Celle ci a été à bonne école, pour apprendre de vous, que l'on pouvait éconduire son libérateur au nom de la souveraineté !
En effet n'avez vous pas demandé, dés 1958, aux libérateurs Américains ayant débarqué en Normandie et en Provence, de plier bagages, malgré la nécessité de faire face au spectre de la destruction nucléaire grondant depuis l'Est ? Ainsi paré de votre souveraineté, comme d'une armure d'airain, vous avez su faire face aux risques inhérents à la "guerre froide"!
Ce faisant vous avez su réorganiser votre défense autour de la "suffisance nucléaire" par une "dissuasion" portée par la Triade, Sous Marins Nucléaires Lanceurs d'Engins (S NLE), Force Océanique Stratégique ( Fost) et Forces Aérienne Stratégique ( Fas). Ainsi aujourd'hui, la France est la seule puissance nucléaire de l'Union Européenne, car "ne voulant dépendre de personne dès lors que sa survie pourrait être mise en cause par un adversaire ".
Au nom de cette souveraineté, vous vous êtes aussi retiré du Commandement Allié Intégré de l'OTAN, pour conserver votre liberté d'action et votre indépendance dans le choix de l'emploi de vos capacités militaires! Les Américains vous ont ils exigé des remerciements et des courbettes?
J'en doute fort puisque dès 1961, le Président Kennedy a fait une visite officielle historique en France avec Jacqueline, ayant mis Paris à ses pieds, accueillis en grandes pompes par le "souverainiste" De gaulle, avant même de lancer son fameux "Ich bin ein Berliner" en 1963 dans l'ancienne capitale du 3eme Reich divisée !
Ce fair play américain face à De gaulle, aurait dû vous inspirer face aux Africains ne réclamant que le droit de "dissoudre les liens politiques qui l'ont attaché à un autre, et de prendre parmi les puissances de la terre, la place séparée et égale à laquelle les lois de la nature et du Dieu de la nature lui donnent droit" dixit Thomas Jefferson (La Déclaration d'indépendance)!
Ainsi après ce plaidoyer , j'ose espérer que vous nous accepterez ce droit, sans réclamer outre mesure des remerciements "sans provision", tout en acceptant de faire amende honorable pour tout ce que votre pays a fait subir au Continent!
En définitive vous ne ferez pas moins que l'Amérique, qui a libéré la France, soutenue par le sang des africains, versé aux son des canon, en acceptant de bonne foi, notre
choix de souveraineté clairement exprimé par nos dirigeants. Nous peut être ainsi un jour, dans le respect mutuel, faire le choix souverain, de danser ou pas, ensemble, aux sons des violons!
Colonel (er) Mamadou Adje, makoumba4@yahoo.fr
Expert en Gestion de Situations d'Urgence
Dakar le 09 Janvier 2025
LA PERCEPTION DES SONDAGES VARIE EN FONCTION DES POSITIONS DES ACTEURS
Enseignante chercheuse en Science politique et en journalisme au CESTI, Dr Yacine Diagne souligne que l’interdiction des sondages d’opinion au Sénégal peut être perçue comme une entrave à la liberté d’expression.
Enseignante chercheuse en Science politique et en journalisme au Centre d’Études des Sciences et Techniques de l’Information (Cesti) de l’Ucad, Dr Yacine Diagne souligne que l’interdiction des sondages d’opinion au Sénégal peut être perçue comme une entrave à la liberté d’expression. Dans cet entretien, elle insiste sur la nécessité d’un cadre juridique et d’une régulation indépendante pour garantir une utilisation responsable des sondages.
Selon la chercheuse, l’interdiction des sondages peut être perçue « comme une marque de scepticisme envers la transparence dans le processus démocratique ». Bien que certains sociologues questionnent la légitimité des sondages, « ces derniers peuvent influencer les comportements électoraux en projetant des perspectives, parfois néfastes », explique-t-elle. Ainsi, « leur perception varie en fonction des positions des acteurs dans le champ politique. Les régimes en place peuvent redouter les sondages lorsque leurs résultats révèlent une baisse de leur capital sympathie. Les partis d’opposition, quant à eux, peuvent les suspecter de partialité et les considérer comme un dispositif potentiel de désinformation. Pour les citoyens ordinaires, leur méfiance découle souvent d’un manque d’information sur l’utilité des sondages dans les processus démocratiques ».
Le sondage d’opinion est-il un allié de la démocratie, ou constitue-t-il une menace sur les principes démocratiques ? Pour Yacine Diane, « l’impact des sondages dépend de leur conception, de leur interprétation et de leur usage ». En tant qu’alliés de la démocratie, ils permettent aux décideurs publics d’être mieux informés sur les préoccupations et les attentes des citoyens ordinaires. Cependant, prévient-elle, « lorsque les résultats sont biaisés, manipulés ou mal interprétés, ils risquent de compromettre les principes démocratiques en renforçant la désinformation ou en accentuant la polarisation du champ politique ».
Qui de leur influence sur les politiques publiques et les décisions des gouvernants ? « Ils peuvent guider les pouvoirs publics dans l’élaboration de leur vision stratégique des politiques publiques avec les priorités des citoyens ordinaires lorsqu’ils sont réalisés de manière objective », explique le Dr Yacine Diagne, auteur d’une thèse intitulée « Sociologie politique d’une expérience de démocratie participative. Le cas d’une radio communautaire au Sénégal », en 2014 (Paris 9). Elle souligne aussi qu’une mauvaise interprétation des résultats peut entraîner des effets néfastes et amener les gouvernants à privilégier des mesures inefficaces pour plaire à l’opinion publique, « même si cela met en péril les finances publiques. L’interdiction des sondages d’opinion ne constitue elle pas une entrave à la liberté d’expression ? Selon elle, cela peut être perçu comme « une entrave à la liberté d’expression, un principe fondamental d’un débat éclairé, surtout si elle est généralisée et non motivée ».
En effet, « elle peut empêcher les médias et les citoyens d’accéder à des données et des informations fiables pour enrichir le débat démocratique. Cependant, tout dépend des motifs, du contexte et des implications de cette interdiction ». Se faisant plus précise, elle explique que « l’interdiction peut être légitime si l’objectif est de préserver l’ordre public, surtout dans un contexte de polarisation politique et médiatique. En effet, en période de campagne électorale, les sondages peuvent fausser les résultats en favorisant des effets tels que le « Bandwagon » (suivre le candidat favori) ou le « Underdog effect » (soutenir le candidat perçu comme perdant) » Interrogée sur l’encadrement effectif des sondages d’opinions au Sénégal, elle juge que la mise en place d’un cadre juridique clair, accompagné d’une régulation indépendante et d’une sensibilisation générale, pourrait constituer une alternative viable à l’interdiction des sondages d’opinion au Sénégal.
« La création d’un organe de régulation chargé de superviser les sondages, de vérifier les méthodologies employées et d’auditer les instituts pour garantir le respect des normes, renforcerait la transparence et favoriserait une contribution constructive des sondages au débat public », soutient-elle. Par ailleurs, elle estime que « restreindre la publication des sondages à des périodes précises, notamment en dehors des campagnes électorales, permettrait de limiter les risques de manipulation ou d’influence excessive sur l’opinion publique.
BAROMETRES D’OPINION, UN OUTIL CLÉ POUR UNE GOUVERNANCE PARTICIPATIVE
Des experts politiques plaident pour une réforme du cadre juridique afin de permettre une meilleure intégration des attentes citoyennes dans l'élaboration des politiques publiques.
Des experts politiques soulignent la nécessité de réformer le cadre juridique pour permettre une meilleure intégration des attentes citoyennes dans l’élaboration des politiques publiques. Ils plaident en faveur d’une modernisation de la législation, estimant que la prise en compte effective de l’opinion ne peut que favoriser une gouvernance plus transparente et réactive aux besoins des populations.
Au Sénégal, les sondages sont encadrés par la loi de 1986 et ne sont pas publiés. Les instituts de sondages même s’ils existent ne peuvent porter au public les résultats de leurs enquêtes. Leur action dans ce domaine est limitée et les risques de poursuites sont énormes. Des réformes sont donc nécessaires si l’on souhaite que les sondages d’opinion puissent jouer un rôle important dans la société démocratique. Cela suppose un comportement nouveau de la part de l’administration, notamment la communication des fichiers sur lesquels repose le travail des instituts de sondage et surtout les techniques et méthodes utilisées. En effet, les pratiques de sondages essentiels dans un contexte démocratique ne sont pas autorisées, du moins leur publication comme dans les grandes démocraties.
Selon Moussa Diaw, professeur de sciences politiques à l’Université Gaston Berger (Ugb) de Saint-Louis, un long chemin reste à parcourir si l’on veut que les sondages participent au développement des mœurs démocratiques au Sénégal. « Aujourd’hui, les sondages n’influencent pas les politiques publiques et les décisions gouvernementales, car les citoyens ne sont pas impliqués, simplement parce que ces sondages ne sont pas accessibles au grand public », a-t-il expliqué, estimant que des réformes urgentes sont nécessaires pour prendre en compte l’opinion dans la confection et la mise en œuvre des politiques publiques. « Le sondage d’opinion est donc un outil indispensable pour intégrer les avis des citoyens dans les prises de décision et dans la visibilité des politiques gouvernementales », a-t-il déclaré. À son avis, on se méfie souvent des sondages lorsqu’ils ne sont pas favorables à la politique gouvernementale, dans le but de dissimuler les faiblesses de celle-ci. En outre, poursuit-il, l’État ne s’efforce pas de publier des sondages qui ne lui seraient pas favorables. D’où l’interdiction de la publication des sondages d’opinion. « Il existe également un risque de manipulation de l’opinion. De toute manière, le sondage peut être apprécié sous deux dimensions, mais reste un outil précieux dans une démocratie, car la contradiction est inhérente à l’esprit démocratique », souligne-t-il.
Pour sa part, Momar Thiam, conseiller en communication et responsable du cabinet WellCom’In Communication, affirme que mesurer l’opinion n’est pas une mince affaire pour deux raisons. À son avis, l’opinion est un terme pluriel et complexe. On peut y inclure ce que l’on veut, en fonction de ses objectifs, de son ressenti, du contexte et de la conjoncture du moment, qu’ils soient politiques ou autres. D’après M. Thiam, le sondage représente un instant de l’opinion, qui peut évoluer selon les contextes, les acteurs, les représentations, les actions posées et les résultats attendus. À cet égard, il déclare que « les résultats des mesures d’opinion doivent tenir compte des effets induits par ces éléments, ainsi que des marges d’erreur, surtout dans l’interprétation des résultats ».
Cependant, il souligne que les sondages constituent sans conteste un instrument nécessaire dans la prise en compte des demandes et attentes de l’opinion dans sa globalité. « C’est donc un outil qui peut renforcer la dynamique démocratique dans la gestion des affaires publiques et dans la prise en charge des priorités des populations. Le sondage, dans ce cas, ne doit pas se contenter de mesurer ou de jauger les attentes des électeurs, mais doit également être un outil pour l’exercice du pouvoir », explique-t-il. Selon Momar Thiam, la méthode des sondages d’opinion nécessite une connaissance approfondie des populations sondées et de leurs perceptions des enjeux et politiques publiques. Cela signifie que, pour réaliser un sondage, il est primordial de déterminer d’abord les objectifs prioritaires et secondaires, d’établir un échantillon des populations sondées et de délimiter la période de sondage. « C’est un gros chantier qui mérite une attention particulière et un savoir-faire de spécialistes en la matière », relève-t-il.
Il pense néanmoins que la loi de 1986 mérite d’être modernisée afin d’établir des règles plus affinées et adaptées à la dynamique démocratique et politique actuelle. À son avis, il faudrait que les autorités publiques considèrent les enquêtes d’opinion comme un outil d’orientation et d’organisation des politiques publiques. « Les citoyens, devenus majeurs, ont largement dépassé le stade de simples réceptacles de la chose publique et sont devenus de véritables acteurs dans la gestion des affaires publiques, avec l’avènement des réseaux sociaux et la possibilité d’une rétroactivité permanente. Les associer à la prise de décisions politiques serait un pas en avant vers la prise en charge de leurs demandes et doléances », a-t-il soutenu, ajoutant que cela renforcerait la perception d’une gestion démocratique des affaires publiques tout en facilitant le travail des gouvernants. « Sonder les populations sur des sujets tels que le financement des partis politiques, le nombre de partis politiques, l’emploi des jeunes, la santé publique, la formation professionnelle, etc., permettrait aux acteurs publics de se doter de points de repère précieux pour la conduite de leurs affaires », a-t-il conclu.