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12 avril 2025
Politique
HAUTE COUR DE JUSTICE, HISTOIRE ET ENJEUX D’UNE JURIDICTION DE PRIVILÈGE
Relancée par la nouvelle majorité parlementaire, elle pourrait devenir un outil clé pour juger les responsables accusés de malversations ou de haute trahison, dans un contexte marqué par des promesses de reddition des comptes et de justice.
Instituée par l’article 99 de la Constitution sénégalaise de 2001, la Haute Cour de justice (HCJ) est régie par une loi organique. Placée sous la présidence du premier président de la Cour suprême, elle est composée de huit membres, tous juges titulaires élus par l’Assemblée nationale. Cette juridiction, dotée d’un privilège de compétence, demeure cependant rarement sollicitée depuis 1960.
Hcj, une promesse électorale
« Si Pastef remporte les prochaines législatives, la Haute Cour de justice sera mise en place afin de pouvoir juger les responsables du régime précédent ». Cette annonce a été faite le 8 octobre 2024 par El Malick Ndiaye, devenu président de l’Assemblée nationale. Dans un contexte politique tendu, la proposition de créer cette haute cour, réitérée lors de la campagne législative par Ousmane Sonko, le Premier ministre et leader du parti Pastef, a ravivé le débat autour de la reddition des comptes et de la responsabilité des élites politiques. Pour lui, les précédentes élections du 17 novembre ne sont pas simplement un exercice démocratique, mais un tournant décisif pour asseoir une majorité parlementaire solide, capable de mettre en place la fameuse Haute Cour de justice.
« La mise en place de cette juridiction, selon lui, permettrait de poursuivre toute personne impliquée dans des détournements de fonds publics, une démarche qui vise à satisfaire une revendication populaire de transparence et de justice. »
Aujourd’hui, soit un peu moins d’un mois après l’installation de la nouvelle législature, les nouvelles autorités ont pris une décision de taille allant dans le sens de concrétiser cette promesse électorale.
Organisation et missions
Selon la loi organique l’instituant, les membres de la Haute Cour de justice devront être installés un mois après l’installation de la nouvelle Assemblée nationale. Installés le 2 décembre dernier, les parlementaires membres de ce tribunal sont élus ce samedi 28 décembre au cours d’une séance plénière.
Cette cour, privilège de juridiction, juge le président de la République en cas de haute trahison et les membres du gouvernement coupables de crimes ou délits dans l’exercice de leurs fonctions. Elle est ainsi présidée par le plus haut magistrat de l’ordre judiciaire du Sénégal, à savoir le premier président de la Cour suprême (Mahamadou Mansour Mbaye). Son suppléant est le président de la Chambre pénale de ladite Cour, lit-on dans l’exposé des motifs portant projet de ladite juridiction. Elle compte également huit juges titulaires et leurs suppléants qui sont des députés élus par leurs pairs.
Même si dès leur élection, les juges titulaires et leurs suppléants prêtent serment devant l’Assemblée nationale, ils peuvent, toutefois, être récusés s’ils sont des parents ou alliés d’un accusé jusqu’au sixième degré en ligne collatérale.
Le Ministère public, quant à lui, est assuré par le procureur général de la Cour suprême, dont le suppléant n’est autre que le premier avocat général de la juridiction suprême.
Une commission d’instruction auprès de la Haute Cour de justice est créée et sera présidée par le premier président de la Cour d’appel de Dakar, suppléé par le premier président de la Chambre d’accusation de la même Cour. Le service du greffe est assuré par le greffier en chef de la Cour suprême, suppléé en cas d’empêchement par le greffier de la Chambre pénale de ladite Cour.
Macky Sall, une cible possible ?
Au Sénégal, la Haute Cour de justice, une institution rarement sollicitée depuis l’indépendance, pourrait bientôt se retrouver au cœur d’une affaire sans précédent. Pour la première fois de son histoire, elle pourrait être amenée à juger un ancien président de la République, en la personne de Macky Sall. Cette perspective soulève de nombreuses questions sur le fonctionnement, la légitimité et l’indépendance de cette juridiction. En effet, bien avant l’annonce officielle, des voix autorisées se sont déjà élevées au sein du nouveau gouvernement pour menacer l’ex-chef d’État de poursuites.
Dans un entretien exclusif avec Le Soleil digital, Aminata Touré, Haut représentant du président Bassirou Diomaye Faye, a affirmé que l’ex-chef de l’État devait être traduit devant la Haute Cour de justice pour, dit-elle, répondre de ses actes.
« Il est le principal responsable des événements qui ont coûté la vie à des Sénégalais lorsqu’il a tenté de reporter l’élection présidentielle. Rien que pour cela, il devrait être poursuivi par la Haute Cour de justice », a-t-elle confié.
D’autres responsables du parti au pouvoir ont abondé dans ce sens. Fadilou Keïta, directeur général de la Caisse des dépôts et consignations (CDC), avait lancé une charge virulente: « On a les moyens de lui faire payer ; on va lui faire payer ! Il a fait des choses extrêmement graves, qui sont là.
La documentation est là. Les personnes avec lesquelles il dealait sont là. Les gens qu’il a pu sacrifier sont là ; et ce sont des gens qui vont témoigner contre lui, ce sont des gens qui vont sortir des documents probants contre lui ! »
Mais de telles accusations soulèvent la question cruciale de la définition de la « haute trahison », seul motif pour lequel un président peut être jugé, selon l’article 101 de la Constitution.
Alors, peut-on réellement juger l’ancien chef de l’État ? « On ne peut pas juger Macky Sall pour des actes qu’il aurait commis à l’occasion de l’exercice de ses fonctions », a répondu l’ex-ministre de la Justice Ismaila Madior Fall. « Le président de la République bénéficie d’un principe d’irresponsabilité », a ajouté le constitutionnaliste, invité le 3 novembre dernier à l’émission « Grand Jury » de la RFM. « La responsabilité ne peut être exceptionnellement envisagée qu’en cas de haute trahison », selon le juriste. C’est l’article 100 de la Constitution qui le dit. Cela signifie qu’il faut des faits considérés comme constitutifs de haute trahison. Il faut qu’il y ait une instruction qui confirme que ces faits sont constitutifs de haute trahison », a détaillé le professeur de droit public.
De son côté, l’enseignant-chercheur Mouhamadou Ngouda Mboup, de l’Université Cheikh-Anta-Diop, a tenu à apporter un éclairage, dans un article consacré au sujet par le magazine Jeune Afrique. Selon lui, « ni la Constitution ni la loi organique sur la Haute Cour de justice ne la définissent précisément. Autrement dit, il reviendra aux députés de le faire ». Il ajoute qu’« un mensonge d’État pourrait s’avérer constitutif de la haute trahison ; en l’occurrence, la falsification du taux d’endettement ou du niveau du PIB ».
La composition même de la Haute Cour de justice pose question. Elle sera constituée de huit juges titulaires et huit juges suppléants, élus parmi les membres de la nouvelle Assemblée nationale.
Les cas Mamadou Dia, Idrissa Seck…
L’histoire de la Haute Cour de Justice est marquée par un précédent hautement symbolique et controversé : le procès de Mamadou Dia et de ses compagnons, consécutif à la tentative de coup d’État survenue le 17 décembre 1962.
Le 13 mai 1963, le président Mamadou Dia, pour lequel aucune circonstance atténuante n’avait été retenue, est condamné à perpétuité et déporté dans une enceinte fortifiée à Kédougou. Ses coïnculpés, Ibrahima Sarr, Valdodio N’Diaye, Joseph M’Baye et Alioune Tall, respectivement anciens ministres de l’Intérieur, des Finances, du Commerce et de l’Information, sont condamnés à vingt ans de détention criminelle, et Alioune Tall est frappé de cinq ans d’emprisonnement et de dix ans d’interdiction de séjour. Ce fut le verdict à l’issue d’un procès pour « tentative de coup d’État », dont la défense est assurée par Mes Robert Badinter et Abdoulaye Wade. Dia est emprisonné à Kédougou de 1963 à 1974, date à laquelle il sera gracié par le président Léopold Sédar Senghor, puis amnistié en 1976. L’ancien président du Conseil et ses compagnons ont été traduits devant cette juridiction pour y répondre de leur tentative de coup d’État survenue le 17 décembre 1962.
Rappel des faits : Pour éviter de se soumettre à une motion de censure déposée sur le bureau de l’Assemblée nationale par un député, M. Théophile James, et soutenue par près des deux tiers de ses collègues, qui lui demandaient de se retirer, M. Dia avait fait occuper l’Assemblée par des éléments de la gendarmerie le jour où le vote devait avoir lieu. Il avait ensuite fait arrêter plusieurs députés, occupé la radio, cerclé le palais de M. Senghor, président de la République, et tenté de s’adresser au pays.
La fidélité de l’armée au chef de l’État permit à ce dernier, après quelques heures de flottement, de faire échec à la tentative de coup d’État. Dans l’après-midi du même jour, les députés signataires de la motion de censure se réunissaient au domicile de M. Lamine Gueye, président de l’Assemblée, et votaient la motion à la majorité légalement requise, ainsi qu’une réforme provisoire de la Constitution permettant à M. Senghor, en attendant l’institution d’un régime présidentiel, de cumuler ses pouvoirs de chef de l’État avec ceux de chef du gouvernement. Dès la nuit suivante, les quelques éléments armés fidèles à l’ancien président du Conseil faisaient leur soumission. Le lendemain, celui-ci et ses principaux complices étaient arrêtés.
Mamadou Dia et ses quatre coïnculpés ont été appelés à répondre devant la justice pour leur rôle dans les événements de décembre 1962. Les charges retenues contre eux par la commission d’instruction diffèrent cependant pour chacun d’eux, selon la nature et le degré de leur participation à l’affaire. Principal accusé, l’ancien président du Conseil, Mamadou Dia, est poursuivi pour atteinte à la sûreté intérieure de l’État, arrestations arbitraires et recours à la force armée afin d’entraver l’application de la loi. Son principal collaborateur, Ibrahima Sarr, fait face aux mêmes accusations. En revanche, les charges retenues contre Valdodio Ndiaye, Joseph Mbaye et Alioune Tall, bien qu’importantes, sont jugées moins sévères.
M. Dia ne sera libéré qu’après plusieurs années de prison dans les bagnes du régime socialiste. Il en sortira malade et affaibli, ce qui précipitera quasiment la fin de sa carrière politique.
Idrissa Seck et le rebondissement politico-judiciaire de 2005
En 2005, l’affaire politico-judiciaire qui pourrait déstabiliser le Sénégal et divise jusqu’au parti du président Abdoulaye Wade a connu un nouveau rebondissement le 3 août de cette année, avec le renvoi en justice de l’ancien Premier ministre Idrissa Seck (de novembre 2002 à avril 2004) pour malversations financières.
Dans la soirée, l’Assemblée nationale a adopté, par 69 voix contre 35 sur 120 députés, un acte d’accusation envoyant M. Seck ainsi que le ministre de l’Habitat, Salif Bâ, devant la Haute Cour de justice pour « graves irrégularités dans le processus de conclusion de marchés publics » dans le cadre de travaux à Thiès, ville située à l’est de Dakar, dont M. Seck est maire. Seize députés, qui siégeront dans la juridiction compétente pour juger les membres du gouvernement dans l’exercice de leurs fonctions, n’ont pas pris part au vote.
Emprisonné pendant près de sept mois entre 2005 et 2006, il a finalement été libéré en février 2006 à la faveur d’un non-lieu partiel. M. Seck bénéficiera d’un non-lieu total en mai 2009.
Une juridiction en sommeil
Aussitôt après l’affaire dite des chantiers de Thiès, la Haute Cour de justice est tombée dans l’oubli. Mais elle a été réactivée le 25 avril 2014 par les députés de la 12e législature en séance plénière. Ils ont élu huit des leurs et leurs suppléants, comme le dispose la loi organique n° 2002-10 du 22 février 2002.
« La Haute Cour de justice sera là pour tout le monde ; et ceux qui ont été choisis comme juges prendront en charge les dossiers en ayant comme seul arbitre leur conscience », avait déclaré Modou Diagne Fada.
Et de préciser que « ce n’est pas seulement les ministres libéraux qui seront jugés par cette cour. Même les ministres socialistes, ainsi que ceux de l’Alliance pour la République, peuvent se retrouver sur le banc des accusés ».
Depuis lors, aucun acte concret n’a été posé.
par l'éditorialiste de seneplus, Arona Oumar Kane
SONKO DÉGAINE LE 49.3
EXCLUSIF SENEPLUS - La position de Meïssa Diakhate, qui justifie l'évitement du débat parlementaire sur la loi de finances 2025, semble cautionner une manœuvre politicienne arrangeante pour le gouvernement
Arona Oumar Kane de SenePlus |
Publication 28/12/2024
Un fait majeur, dans l’histoire politique sénégalaise, est en train de se dérouler à la fois sous nos yeux et, d’après les unes de la presse de ce samedi 28 décembre 2024, de manière totalement silencieuse. Le Premier ministre Ousmane Sonko a décidé d’engager la responsabilité de son gouvernement sur le vote de la loi de finances 2025.
Le président de l’Assemblée nationale a en effet publié, dans la foulée de la DPG, une convocation des députés ce samedi, avec l’ordre suivant :
10 h 00 : examen du projet de loi de finances pour l’année 2025, conformément aux dispositions de l’article 86, alinéa 6, de la Constitution
12 h 00 : élection des membres de la Haute Cour de Justice
On peut parier que ce qui aura surtout attiré l’attention, sur cet ordre du jour, c’est le deuxième point, qui n’a pourtant rien d’exceptionnel mais qui porte sur une forte attente de l’opinion. C’est assez pratique, car cela permet de reléguer au second plan ce fait majeur qu’est l’invocation de l’article 86.6 qui n’est rien d’autre qu’un copié/collé du fameux 49.3 français.
Ce dispositif de la Constitution permet de faire passer une loi sans vote et donc sans débat. Son invocation par le Premier ministre peut être suivie du dépôt d’une motion de censure, dans les 24 heures, qui, si elle est votée, provoque la chute de son gouvernement. Si cela vous rappelle quelque chose, alors vous avez certainement suivi les péripéties de l’éphémère gouvernement Barnier en France, dans un contexte totalement différent.
Ce qui ressemble fort à une manœuvre de diversion a si bien fonctionné que dans la presse écrite du jour, il est impossible de trouver un seul titre sur cet événement historique sans précédent dans notre pays.
Même si la députée Aissata Sall avait attiré l’attention sur l’éventualité de l’utilisation de ce dispositif et que la rumeur enflait depuis quelques semaines, Il faut se rabattre sur la presse en ligne de qualité pour voir enfin le sujet traité, qui plus est, par un spécialiste : le Professeur Meissa Diakhaté, Professeur de Droit et fondateur du CERACLE(Centre de Recherche, d’Expertise et de Formation sur les Institutions constitutionnelles, les Administrations publiques, la Gouvernance financière et la Légistique en Afrique).
Dans un article paru tard dans la nuit du vendredi sur SenePlus, intitulé Le Premier ministre et l’Exploit Constitutionnel, le Professeur Diakhaté, qui évoque le caractère historique de cet acte posé par le Premier ministre, en des termes très élogieux, se réjouit fort justement de l'opportunité à lui offerte de pouvoir donner à ses étudiants un cas pratique d’invocation d’un dispositif “dormant” de la Constitution. La satisfaction du professeur est tout à fait compréhensible de ce point de vue et pourrait s’apparenter à celle d’un professeur de médecine, ayant l’opportunité de présenter à ses étudiants un patient souffrant d’une maladie rare qu’ils ont étudiée en classe.
Au-delà de cette légitime satisfaction du praticien, cette contribution du Professeur Diakhaté pose toutefois problème, en ce sens qu’il semble apporter une caution académique à ce qui, de mon point de vue, relève plutôt de la manœuvre politicienne, une de plus de la part d’un stratège incontestable en la matière, dont l’effet immédiat est d’éviter un débat parlementaire de fond sur un projet de loi de finances conçu et adopté dans des conditions, pour le moins, peu orthodoxes.
Tout d’abord, je tiens à préciser modestement que n’étant pas juriste, le CERACLE est ma principale source d’information sur les questions de droit et, de ce point de vue, je considère M. Diakhaté, d’une certaine façon, comme mon professeur. De plus, il m’a fait l’honneur de publier un de mes articles sur le site et les réseaux sociaux de son centre de recherche. C’est dire mon inconfort dans cet exercice contradictoire, mais c’est aussi toute la beauté du débat d’idées dont notre pays peut se targuer.
L’article 86 alinéa 6 dispose que « Le Premier ministre peut, après délibération du Conseil des ministres, engager la responsabilité du gouvernement devant l’Assemblée nationale sur le vote d’un projet de loi de finances. Dans ce cas, ce projet est considéré comme adopté, sauf si une motion de censure, déposée dans les vingt-quatre heures qui suivent, est votée dans les conditions prévues à l’alinéa précédent ».
Sur la constitutionnalité de l’utilisation de ce dispositif, M. Diakhaté indique que l’acte “ne souffre d’aucune zone d’ombre” et assure le Premier ministre qu’il a “la Constitution avec lui”, en précisant, comme pour conjurer une éventuelle contestation de la régularité de la procédure, que “Le texte délibéré en Conseil des ministres porte sur « un projet de loi de finances »”.
Un Conseil des ministres avait bien adopté le projet de loi de finances pour l’année 2025, le 3 décembre 2024, mais il n’y avait pas été explicitement mentionné le recours à l’article 86 alinéa 6. Ce qui rend l’élève quelque peu confus et mérite au moins un débat d’experts pour l’éclairer sur le sujet.
Quant à l’opportunité, sur le fond, d’une telle décision à savoir celle de faire passer une loi en force par un gouvernement qui pourtant dispose d’une large majorité à l’Assemblée nationale, la question de la date butoir du 31 décembre, fin de l’année financière, est évidemment celle qui viendrait à l’esprit. Le projet de loi ayant été adopté en Conseil des ministres le 3 décembre 2024, cela donne très peu de temps en effet pour un marathon budgétaire, surtout quand on a fait traîner la préparation, l’adoption et la transmission à l’Assemblée de la loi de finances concernée.
D’aucuns ont même signalé une violation de la LOLF qui a consisté à adopter le projet de loi de finances en conseil des ministres, après l’ouverture de la session ordinaire du Parlement, alors qu’il devait être transmis à l’Assemblée au plus tard le jour de l’ouverture de la session. D’ailleurs, cet argument de la date butoir est d’autant plus discutable qu’entre l’adoption en conseil des ministres du projet de loi et la fin de l’année, nous disposions d’un mois pour en débattre et le voter sans recourir à l’option nucléaire du 49.3 - pardon, du 86.6 - mais, on l’a vu, la priorité de l’Assemblée nationale au lendemain de son installation était ailleurs que sur le budget.
En tout état de cause, si l’on voulait vraiment prendre le temps d’examiner et de voter cette loi de finances dans le cadre d’un débat budgétaire normal, compte de la situation exceptionnelle issue de la dissolution, cela serait tout à fait possible et c’est prévu par les textes. La France qui est notre référence en la matière, on le rappelle, est exactement dans cette situation aujourd’hui. Tout comme le président français, le président Diomaye Faye dispose d’outils juridiques qui lui permettent de percevoir des ressources budgétaires et d’exécuter des dépenses pour assurer la continuité du fonctionnement régulier de l'État, jusqu’au vote du prochain budget, qui pourrait intervenir après le 31 décembre. Mais cette loi de finances pose beaucoup de problèmes sur lesquels nous reviendrons, et il est bien pratique pour le gouvernement de ne pas trop s’y attarder et de vite passer à autre chose.
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INSTALLATION DES MEMBRES DE LA HAUTE COUR DE JUSTICE
Cette juridiction exceptionnelle, composée de seize magistrats soigneusement sélectionnés, dispose désormais de tous les moyens pour accomplir sa mission de contrôle des plus hautes autorités de l'État. Un nouveau chapitre dans la lutte contre l'impunité
Les membres de la Haute Cour de Justice ont officiellement été installés, ce samedi 28 décembre 2024. Cette institution, chargée de juger les plus hautes autorités de l’État, est désormais pleinement opérationnelle.
La Haute Cour de Justice est constituée de 8 juges titulaires et 8 juges suppléants, qui ont prêté serment devant l’hémicycle après lecture des textes par le Président de l’Assemblée nationale, Malick Ndiaye.
Juges titulaires :
– Alioune Ndao
– Ramatoulaye Bodian
– Youngar Dione
– Amadou Ba numéro 2
– Rokhy Ndiaye
– Ayib Daffé
– Daba Wagnane
– Abdou Mbow
Juges suppléants :
– Samba Dang
– Oulimata Sidibé
– El Hadji Ababacar Tambedou
– Fatou Diop Cissé
– Kaba Diakité
– Mberry Hélène Ndoffene Diouf
– Mayébé Mbaye
– Fatou Sow
Régie par la Constitution sénégalaise et la loi organique n° 2002-10 du 22 février 2002, la Haute Cour de Justice est un pilier de la gouvernance démocratique.
Elle est composée de juges élus par l’Assemblée nationale et présidée par le Premier président de la Cour suprême, assisté par le président de la Chambre pénale de cette même cour. Le ministère public y est représenté par le Procureur général près la Cour suprême, épaulé par le Premier avocat général.
La Haute Cour de Justice a pour mission de juger le président de la République, le Premier ministre, les ministres ainsi que leurs complices en cas de haute trahison ou de complot contre la sûreté de l’État.
Cette institution vise à jouer un rôle dans la responsabilisation des plus hautes autorités de l’État et dans la consolidation de l’État de droit au Sénégal, renforçant ainsi la confiance dans le système judiciaire et dans les institutions publiques.
UNE VISION COLLECTIVE POUR LE DEVELOPPEMENT DU SENEGAL
Dans un contexte de défis globaux et de transformations sociétales, cinq Premiers ministres se sont exprimées, depuis 2012, sur les grandes orientations stratégiques pour le développement du pays
Dans un contexte de défis globaux et de transformations sociétales, cinq Premiers ministres se sont exprimées, depuis 2012, sur les grandes orientations stratégiques pour le développement du pays. Les discours d’Abdoul Mbaye, de Aminata Touré, de Boun Abdallah Dionne, de Amadou Ba et hier celui de Ousmane Sonko, reflètent des visions qui mises, en commun, sont convergentes et complémentaires sur les priorités économiques, sociales et institutionnelles. Ces interventions mettent en lumière des thèmes transversaux centrés sur l'inclusion sociale, la relance économique et la modernisation des infrastructures.
INCLUSION SOCIALE : UNE PRIORITE COMMUNE
Tous les intervenants ont souligné dans leur DPG, l'importance de réduire les inégalités sociales en s'appuyant sur des programmes novateurs. La Bourse de Sécurité Familiale, mise en avant par Aminata Touré, constitue un exemple, apportant un soutien financier aux ménages les plus vulnérables. De son côté, Amadou Ba a promu une Couverture Maladie Universelle étendue à une large partie de la population, accompagnée de la construction d'établissements hospitaliers modernes. Abdoul Mbaye, quant à lui, a insisté sur la justice sociale et l'équité dans l'accès aux ressources publiques, appelant à une gouvernance sobre et transparente. Ousmane Sonko est dans la même gamme. Boun Abdallah Dionne a rappelé les efforts pour renforcer la cohésion sociale à travers l'élargissement de programmes sociaux et le soutien aux femmes et aux jeunes. Ils misent tous, sur l’amélioration de l’éducation, de la santé et des services sociaux et sur la cohésion sociale.
EDUCATION ET EMPLOI : LES PILIERS DE LA TRANSFORMATION
L'éducation et l'emploi occupent une place centrale dans les visions de toutes les cinq personnalités. Tous ont critiqué l’insuffisance du système éducatif et proposé des réformes structurelles pour aligner la formation sur les besoins de l’économie nationale. Boun Abdallah Dionne et Ousmane Sonko ont a mis l'accent sur des investissements massifs dans les infrastructures éducatives pour préparer les jeunes aux besoins du marché. Aminata Touré, dans le cadre du programme « Yoonu Yokkute », a évoqué la construction de centaines d'écoles et l'ouverture de lycées professionnels. Amadou Ba a introduit le programme « Xëyu ndaw ñi », mobilisant 450 milliards FCFA pour favoriser l'emploi des jeunes et l'entrepreneuriat.
GOUVERNANCE ET ETAT DE DROIT
Les cinq discours insistent sur la nécessité de renforcer l’état de droit, la foi en la justice, l’amélioration de la gouvernance. Aminata Touré, Abdoul Mbaye, Ousmane Sonko ont tous plaidé pour une gestion transparente des ressources publiques et une décentralisation accrue. Boun Abdallah Dionne a évoqué la territorialisation des politiques publiques pour réduire les disparités régionales. Amadou Ba et Ousmane Sonko ont mis en avant des réformes fiscales pour accroître les ressources nationales tout en modernisant l’administration publique.
AGRICULTURE ET SECURITE ALIMENTAIRE
L’agriculture, pilier de l’économie sénégalaise, fait l’objet de stratégies ambitieuses. Aminata Touré a présenté le programme des domaines agricoles communautaires, visant à créer 50 000 emplois. Amadou Ba a mis en avant des projets pour doubler la production agricole, notamment de riz, afin d’atteindre l’autosuffisance alimentaire. Ousmane Sonko milite pour une souveraineté alimentaire. Abdoul Mbaye a souligné les faiblesses structurelles du secteur et proposé des solutions pour améliorer la productivité et sécuriser les revenus des agriculteurs.
UNE AMBITION COMMUNE : EMERGENCE ET PROSPERITE
Ces discours, tenus par des personnalités issues de bords différents, témoignent d’une volonté partagée de conduire le Sénégal vers une émergence économique et sociale. En intégrant des politiques inclusives et des réformes structurelles, les cinq leaders se sont engagés, chacun en ce qui le concerne, à répondre aux attentes d’une population en quête de justice, de transparence et de bien-être. Le chemin vers d’un Sénégal émergent ou souverain, reposant sur une vision collaborative, alignée sur les aspirations des citoyens et les exigences d’un développement durable. Sur le papier, les discours ont le pouvoir de transcender, d’inspirer les esprits et de raviver l’espoir. Par des mots choisis avec soin, ils peignent un avenir radieux, où l’unité, la justice et la prospérité règnent en maîtres. Mais, derrière l'éloquence, se cache souvent une réalité bien plus complexe : celle de l'exécution. Transformer des idées nobles en actions concrètes est semé d’embûches. Les ressources peuvent être insuffisantes, les résistances internes nombreuses, et les compromis inévitables. Des intérêts divergents freinent souvent la dynamique collective, tandis que l'imprévisibilité des événements rend difficile le respect des promesses initiales. Ainsi, un beau discours peut se heurter à la lenteur administrative, à des désaccords politiques, ou à une réalité économique défavorable. Ce contraste entre l’idéal et la pratique met en lumière une vérité universelle: si les paroles inspirent, ce sont les actes qui les valident. L'exécution d'une vision demande non seulement de la volonté, mais aussi une stratégie rigoureuse, une adaptation constante, et un effort collectif pour surmonter les obstacles imprévus
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LA GAUCHE EST MORTE, VIVE LA GAUCHE
La gauche a-t-elle survécu à la disparition de ses fondements ? À travers le regard de grands intellectuels contemporains, Le documentaire de Jérémy Forni explore la métamorphose d'une pensée politique confrontée à un monde en mutation
"Après la gauche" (2011) est un documentaire ambitieux qui s'attaque à une question fondamentale de notre époque : que signifie être de gauche au XXIe siècle ? Le réalisateur Jérémy Forni, accompagné de ses co-scénaristes Gaël Bizien et Geoffroy Fauquier, a choisi d'explorer cette interrogation à travers une série d'entretiens avec des intellectuels majeurs de la pensée contemporaine.
Le film embrasse deux décennies cruciales, de la chute de l'URSS à la crise financière de 2008, pour analyser les bouleversements profonds qui ont transformé la gauche. À travers les témoignages recueillis, il dresse un état des lieux sans concession de l'héritage progressiste, tout en examinant les nouvelles formes de luttes sociales qui émergent dans notre monde globalisé.
Le documentaire s'affirme comme un acte de résistance intellectuelle qui refuse la résignation. En donnant la parole à ceux qui continuent de penser l'utopie sociale, il explore les possibilités de réinvention d'une pensée de gauche adaptée aux défis contemporains.
TOUT SAVOIR SUR LA RÉCIPROCITÉ DES VISAS
Dans sa déclaration de politique générale devant l’Assemblée nationale, le Premier ministre Ousmane Sonko a affirmé la volonté de son gouvernement d’instaurer une politique de « réciprocité » envers les pays imposant des visas aux citoyens sénégalais
Dans sa déclaration de politique générale devant l’Assemblée nationale ce vendredi, le Premier ministre Ousmane Sonko a affirmé la volonté de son gouvernement d’instaurer une politique de « réciprocité » envers les pays imposant des visas aux citoyens sénégalais. Retour sur une mesure souverainiste fréquemment évoquée au Sénégal.
Ousmane Sonko a pris position sur une question de plus en plus centrale dans les relations internationales :la réciprocité en matière de visas. S’adressant aux parlementaires ce vendredi, dans le cadre de sa déclaration de politique générale, il a exposé les grands projets nationaux en cours et à venir. Parmi ceux-ci, il a insisté sur la mise en place de mesures de réciprocité envers les pays qui imposent des visas aux Sénégalais.
Il a souligné la nécessité pour le Sénégal de mieux encadrer les flux migratoires tout en garantissant à un traitement équitable des citoyens sénégalais à l’étranger.
Les modalités envisagées
« Nous devons appliquer la réciprocité », a-t-il déclaré, sans nommer de pays précis, tout en indiquant que le gouvernement surveillera désormais de plus près les mouvements de personnes aux frontières.
« La suppression des visas biométriques payants est entrée en vigueur, mais les textes législatifs et réglementaires les régissant n’ont pas été abrogés. Tenant compte de l’expérience passée, il sera essentiel d’en analyser les failles avant toute décision », a-t-il précisé.
Il a également affirmé : « Nous engagerons des discussions avec les pays des catégories A et B pour exiger la gratuité des visas pour leurs ressortissants, dans le cadre de cette réciprocité, et pour traiter les procédures portant préjudice à nos compatriotes (vérifications d’authenticité, tarifications, etc.) ».
Vers une obligation de visa pour certains pays ?
Des pays comme la France, les États-Unis, et plus d’une trentaine d’autres pourraient-ils bientôt être soumis à l’obligation de visa pour entrer au Sénégal ? Pour l’instant, aucune décision officielle n’a été prise. Cependant, cette annonce fait écho aux déclarations récentes de la ministre des Affaires étrangères, Yacine Fall, qui, en septembre dernier, avait évoqué l’étude d’une telle politique de réciprocité.
« Nous examinons actuellement la loi sur la réciprocité des visas avec certains pays », avait assuré la ministre lors de l’examen du projet de loi autorisant le président de la République à ratifier la Convention de l’Union africaine sur la coopération transfrontalière (Convention de Niamey), adoptée à Malabo le 27 juin 2014. L’objectif affiché est d’imposer un visa, ou des frais de visa, aux ressortissants des pays imposant des visas aux Sénégalais.
Pays hors Cedeao exemptés de visas
Cette décision s’inscrit dans un contexte où de nombreux pays, comme la Namibie récemment, cherchent à équilibrer leurs relations diplomatiques en adoptant des mesures similaires.
Le Sénégal accorde actuellement une exemption de visa à des ressortissants de nombreux pays, y compris ceux qui exigent un visa pour les citoyens sénégalais. D’après le site spécialisé visasnews.com, cette exemption concerne notamment tous les pays européens, ainsi que le Brésil, le Canada, la Chine, le Congo, la Corée du Sud, Djibouti, les Émirats arabes unis, les États-Unis, l’Île Maurice, l’Inde et le Japon.
Ces nations pourraient ainsi être directement impactées par une éventuelle réintroduction de l’obligation de visa pour entrer au Sénégal.
Un retour à une mesure déjà envisagée
Ce n’est pas la première fois qu’une telle initiative est évoquée au Sénégal. Un an après son accession au pouvoir, le gouvernement de Macky Sall avait mis en place cette mesure controversée. Cependant, elle avait été abandonnée dès le 1er mai 2013, après une évaluation des pertes économiques et sous la pression du secteur touristique.
À l’époque, cette mesure s’appliquait exclusivement aux ressortissants des pays situés en dehors des zones Cedeao et Uemoa, conformément aux principes de libre circulation établis au sein de ces communautés.
Elle imposait notamment des visas aux citoyens français, belges, américains et d’autres nationalités.
Octobre 2019, les autorités sénégalaises annoncent le retour de la mesure « Pour des raisons de sécurité, nous avons besoin de contrôler qui entre et sort du pays », avait détaillé Aly Ngouille Ndiaye, alors ministre de l’intérieur, qui avait souligné la nécessité pour le Sénégal de mieux protéger ses frontières.
« Nous allons réintroduire le visa pour que toute personne pénétrant sur le territoire puisse être identifiée », avait-il ajouté, évoquant également un « dossier très avancé », qui pourrait être mis en œuvre dès la « fin de l’année 2019 ».
Elle concernerait uniquement les citoyens résidant en dehors de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) et de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (Uemoa), soumises à la libre circulation des biens et des personnes.
Aujourd’hui, le débat est relancé, et le gouvernement semble prêt à réintroduire cette politique, mais avec plus de précaution et une attention particulière à ses impacts économiques et diplomatiques.
LE LONG CHEMIN D'AND-JËF VERS LES GEÔLES DE DAKAR
Retour sur le 5 juillet 1975 lorsque Le Soleil révélait une vaste opération policière ayant conduit à l'arrestation de douze militants du mouvement clandestin, dont Eugénie Rokhaya Aw, Mamadou Diop Decroix, Ibrahima Wane entre autres
Le 5 juillet 1975, le journaliste Papa Amet Diop révèle dans les colonnes du "Soleil" les dessous d'une vaste opération policière ayant conduit à l'arrestation de douze militants du mouvement clandestin And Dieuf. Tout commence sur la route Kaolack-Mbour, où un simple contrôle routier permet l'interpellation d'Ibrahima Wane, porteur de documents compromettants. De fil en aiguille, les enquêteurs remontent jusqu'au cœur de l'organisation, dévoilant une structure sophistiquée dirigée par Landing Savané, un haut fonctionnaire des statistiques.
Au fil des perquisitions, la police découvre dans une baraque de Grand-Dakar le quartier général clandestin du mouvement, équipé de ronéos et de machines à écrire servant à imprimer "Xarébi", le journal du groupe, en français et en wolof. Parmi les personnalités arrêtées figurent une journaliste du "Soleil", Eugénie Rokhaya Aw, des fonctionnaires, un professeur et même un greffier de tribunal. Du 10 au 23 juin, ces douze militants aux profils variés prennent tour à tour le chemin du parquet, marquant ainsi la fin d'un mouvement qui rêvait de "démocratie nouvelle" au Sénégal.
L'article ci-dessous, lève le voile sur les rouages internes de cette organisation née en avril 1975, héritière du mouvement Réni-Rew, et sur son démantèlement progressif par les services de sécurité.
"Arresrations
Papa Amet Diop du « Soleil » le Samedi 5 Juillet 1975
« Plusieurs militants du mouvement clandestin « Xaré bi » ont été arrêtés. Ils appartenaient à un mouvement clandestin
Douze personnes sont sous les verrous pour appartenance à un mouvement subversif. Douze, très exactement. Dès qu'une affaire de cette nature éclate, «cancan» a tôt fait de s'en emparer et d'«il paraît que» et «es-tu au courant de» en «sais-tu que», les faits réels prennent une dimension qui n'est pas la leur.
Ainsi, pour cette affaire, que l'on peut appeler «affaire Xarébi», le bruit a couru sur l'arrestation de plusieurs personnes qui auraient, par la suite, été relaxées. Or, d'après nos informations, en dehors des personnes actuellement en détention, une personne, une seule, a été interpellée, interrogée et rendue aussitôt en liberté. Sa présence dans des locaux de la police n'aurait pas excédé en tout et pour tout, une heure. Il s'agit de Mme Landing Savané. Et l'on comprendra que la police ait éprouvé le besoin de l'entendre si l'on sait que son époux, M. Landing Savané, cadre statisticien actuellement en détention, est impliqué dans une précédente affaire considérée comme fortement liée à celle qui nous intéresse ici, pour ne pas dire qu'elle en est en fait l'origine.
Nous verrons pourquoi. En attendant, venons-en au processus même qui a amené les arrestations successives qui font qu'aujourd'hui douze jeunes sont à l'ombre. Douze jeunes qui sont:
- Ibrahima Wane, employé à l'ONCAD de Kaolack
- Ismaïla Diakhaté, ex-employé à la direction de la Statistique
- Abdourahmane Kounta, chef comptable à la SOSAP, trésorier du mouvement
- Amadou Top, programmeur à l'ONCAD de Dakar, secrétaire à l'organisation
- Mamadou Diop, dit «Decroix» ancien étudiant
- Mamadou Sow, dit Abdou, secrétaire d'administration au ministère de l'Intérieur
- Mme Sow, née Eugénie Rokhaya Aw, journaliste au «Soleil»
- Abdou El Mazid Ndiaye, ingénieur à BUD-Sénégal
- Joseph Diop, dit Jo, professeur au CNEPS de Thiès
- Moussé Guèye Seck, employé de régie des chemins de fer à Thiès
- Boubacar Keïta, assistant à la faculté des sciences
- Sadel Ndiaye, greffier au tribunal de Tambacounda
Le bon bout
C'est l'arrestation du premier nommé Ibrahima Wane, interpellé pendant qu'il était porteur d'un important lot de «Xarébi» qui, de fil en aiguille, ou, plus exactement d'interrogatoires en perquisitions, amènera l'arrestation de ses camarades. Cela s'est passé le 2 juin 1975, sur la route de Kaolack-Mbour. Au cours d'un contrôle de routine, Wane fut trouvé en possession de documents on ne peut plus compromettants.
Le paquet de tracts dont Wane était porteur va être dès lors à l'origine d'une patiente enquête riche en rebondissements. Il apparaîtra ainsi qu'Ibrahima Wane était un agent de liaison. Son interrogatoire débouchera sur l'arrestation de Ismaïla Diakhaté, sous le lit duquel il était allé prendre le paquet de tracts avant son départ de Dakar pour Kaolack.
L'interrogatoire de l'agent de liaison et de la «boîte aux lettres», amènera l'arrestation du secrétaire à l'organisation, Amadou Top. A partir de cet instant, les enquêteurs pouvaient considérer qu'ils tenaient le bon bout. Et il en sera effectivement ainsi. La confrontation des trois premiers est suivie de l'arrestation de Kounta, Trésorier qui va lui-même révéler que l'impression des tracts était le fait de Mamadou Sow et de Mazid Ndiaye. Une perquisition chez Sow dont on saura qu'en fait le domicile servait de siège au mouvement, qui en payait la location, fera découvrir une ronéo et de nombreuses rames de papier. Les précautions par l'organisation pour se servir d'un domicile anonyme comme couverture parfaite de son siège n'auront en définitive pas servi à grand chose. Pas plus celles prises en louant dans le populaire Grand-Dakar, une baraque qui abritait un important matériel de duplication.
Et à Grand-Dakar, ce sera la saisie de trois ronéos, de trois machines à écrire, encore d'importantes quantités de papier, des exemplaires du journal du mouvement «Xarébi», des exemplaires d'un «livre blanc» sur «l'opération Xarébi» intitulé «Nous sommes tous en liberté provisoire», et le procès verbal du congrès constitutif du mouvement dont le nom exact apparaît ainsi comme étant : « Organisation des ouvriers, paysans et intellectuels révolutionnaires de type nouveau.»
Ce procès-verbal, en date du 28 décembre 1974, atteste de la présence de délégués venus de toutes les régions du Sénégal ce qui laisse croire que si le mouvement n'a pas à vrai dire une véritable assise populaire, elle n'a pas manqué de partisans dispersés à travers le territoire national.
Une des caractéristiques essentielles de ce mouvement est le cloisonnement rigoureux qui a toujours été appliqué très strictement. D'ailleurs, chez eux, le secret était statutairement une obligation. Il semble avoir été si bien respecté, que certains membres ne savent qu'aujourd'hui avec nous, que Mamadou Diop, dit «Decroix», était chargé de traduire (avec une étonnante compétence, m'a-t-on dit) les textes destinés à l'édition en ouoloff arabisé (ouoloffal), des deux derniers numéros de «Xarébi»; qu'Eugénie Rokhaya Aw rédigeait des articles, aidait à la correction des épreuves et au tirage à la ronéo; que le trésorier Kounta n'était guère ménagé quant à ses propres deniers pour que fonctionne l'organisation, lui qui n'hésitait pas d'y aller de sa poche à chaque fois par exemple qu'il fallait de l'essence pour les déplacements d'un agent de liaison chargé d'aller, ici ou là, distribuer des paquets de tracts ou des journaux.
La baraque de Grand-Dakar
Cette même règle de secret fera que sur les documents ne figurait aucun nom écrit en entier. Il y avait toutefois des mentions de pseudonymes et des initiales. Ces secrets là furent vite percés par l'instruction. Ainsi, toujours au cours de cette riche perquisition de la baraque de Grand-Dakar, après qu'avec ce qui a déjà été mentionné, plus les statuts de «And Dieuf» (l'Unité dans l'action), des paquets de tracts prêts à l'envoi furent saisis, les initiales qui les distinguaient furent autant d'indices qui amenèrent les arrestations précitées. Et une organisation qui s'était donné beaucoup de mal était amputée de ses éléments les plus actifs.
Il semble que les services de sécurité savaient pas mal de choses; mais il leur manquait l'essentiel, c'est-à-dire les moyens de prouver l'appartenance de tel ou tel suspect à un mouvement subversif. Il serait d'ailleurs plus proche de la réalité de parler de mouvements au pluriel. En effet, c'est bien en face du regroupement de plusieurs petites organisations gauchissantes, se disant «démocratiques» ou «révolutionnaires», que l'on s'est trouvé.
Parmi elles, la seule qui ait été considérée comme suffisamment structurée est «Réni-Rew» dans lequel le rôle de Landing Savané est tenu pour prépondérant - ce qui justifie nos propos du début. Nous croyons savoir que c'est vers le mois d'avril 1975 qu'autour de «Réni-Rew», organisation mère, que vinrent se regrouper plusieurs mouvements contestataires pour créer «And Dieuf». Avant cette période, seul «Réni Rew» diffusait son organe, «Xarébi». Depuis la création de «And Dieuf», on en était arrivé à deux éditions l'une en français, l'autre en «ouoloffall».
Mais ce qui prouve que les services de police avaient bien quelque idée de la situation c'est qu'une première vague d'arrestations a atteint les militants de «And Dieuf», alors même que Landing Savané, qui est considéré comme leur chef de file, était à l'étranger. Lui-même, rentré au Sénégal le 18 mars, sera arrêté dès sa descente d'avion sur mandat délivré le 13 mars par le juge d'instruction de la Cour de Sûreté de l'Etat.
En effet, on avait saisi chez son frère Alassane Savané - jusqu'ici en fuite, les statuts d'un parti qui se dénommerait «Réni Rew». Toutefois, il convient de préciser ici que Landing, lui, a soutenu qu'il s'agissait de l'ébauche de statuts d'un parti qu'il reconnaît avoir eu l'idée de créer. Ce parti, selon lui, devait être socialiste, puisque lui-même ne nie pas ses convictions socialistes. Mais, si ce parti qui devait être un parti d'opposition, se voulait socialiste, il n'était pas question, toujours selon Landing Savané, qu'il soit marxiste-léniniste.
C'est l'ébauche des principes qui devaient guider l'action de ce parti que Landing dira avoir envoyé à son frère. Toujours est-il que pour la première affaire comme pour celle-ci l'on considère Landing Savané comme l'élément moteur. C'est lui qui aurait trouvé les financements nécessaires à l'achat du matériel saisi et c'est lui-même qui aurait acheté ce matériel à l'étranger. On soutient encore que ce serait dans le cadre de ces déplacements hors du Sénégal, (Landing Savané était un haut-fonctionnaire du service national de la Statistique, et à ce titre se déplaçait beaucoup).
Péchés mignons
Ses relations personnelles dans certains milieux auraient même joué un rôle non négligeable dans le financement des activités du mouvement. Ici, il est nécessaire de préciser qu'en ce qui concerne le regroupement connu sous le nom de «And Dieuf», il ne semble pas y avoir eu de collusion entre d'autres groupes et le fameux P.A.I auquel d'aucuns pensent dès qu'il s'agit d'affaires de ce genre.
Au sein de ce P.A.I., qui doit être le plus ancien des mouvements se voulant révolutionnaires il semble même que certains problèmes se sont fait jour. Il s'agirait en gros d'un conflit que l'on pourrait appeler de générations. Les plus jeunes acculent les «vieux» de passivité, d'apathie et de tout un tas de péchés mignons, tandis que les «vieux», à leur tour, reprochent aux jeunes leur fougue désordonnée. Enfin c'est bien entre eux...
Ce qu'il convient pour nous de retenir, c'est que les services de sécurité semblent connaître certains des éléments qui gravitent autour des milieux suspects. Cela cependant ne peut être considéré comme constitutif d'un délit. Il s'agirait d'anciens membres de Mouvements comme le M.E.P.A.I (Mouvement Etudiants du P.A.I.) qui avait des cellules dans chaque faculté, de l'A.G.E.S, ou d'éléments ayant appartenu à d'anciens partis politiques ou encore d'anciens syndicalistes qui, tous idéologiquement, gardent leurs distances vis-à-vis des partis reconnus.
Le mouvement auquel appartiennent l'ensemble des douze personnes arrêtées, a en tout cas, malgré l'obligation de se développer dans la clandestinité, eu ses statuts, son programme, ses structures... Le tout noir sur blanc, ce qui franchement d'ailleurs m'a étonné... L'article 1 de leurs statuts stipule que leur but est (...) «d'élever le niveau de conscience politique des masses populaires (ouvriers et paysans en particulier) afin de les amener à assumer leurs responsabilités historiques». L'article 4 précise que «l'opportunisme, l'individualisme, l'indolence, l'aventurisme, le subjectivisme, l'apathie politique, le suivisme, l'absentéisme et le découragement sont les principaux ennemis du membre». Nous n'épiloguerons guère sur une telle énumération...
Précisons plutôt que «And Dieuf» a voulu son congrès national, ses congrès régionaux et, à sa base, des comités dans les «quartiers, les usines, les villages, les écoles». C'est dans de tels milieux que des efforts devaient être faits pour diffuser le programme qui s'élève en général contre l'emprise - selon eux du néo-colonialisme sur notre pays, sur les plans économique, politique, culturel, et qui s'élève en outre contre les formes actuelles des systèmes d'éducation, de l'appareil répressif policier et de l'appareil militaire etc... «L'organisation révolutionnaire ''And Dieuf'', dit-on, se fixe pour tâche politique immédiate le renversement du régime néo-colonial et son remplacement par un régime de démocratie nouvelle».
En fait «And Dieuf» n'a pas caché qu'il visait au centralisme démocratique, à partir des paysans et des ouvriers surtout. Mais il s'est trouvé confronté au problème de l'analphabétisme de ceux qu'ils voulaient contacter. Ils ne pouvaient le faire que de la façon qui seule pour eux pouvait présenter quelque garantie de sécurité. C'est-à-dire à travers les tracts et leur publication. Or on sait ce qu'il en est. C'est là d'ailleurs qu'il faut voir l'origine de l'édition de «Xarébi» en «ouoloffal». Fait qui a nécessité des efforts qui méritaient vraiment un meilleur usage.
Mais notre rôle ici n'étant pas de commenter, disons pour finir qu'Ibrahima Wane a été déféré au parquet le 10 juin. Il sera suivi le 17 juin par Diakhaté, Kounta et Top tandis que Abou Sow et son épouse les rejoindront le 20 en compagnie de Keïta et de Decroix. Le 21 juin, ce sera le tour des deux Thiessois, Joseph Diop et Moussé Guèye Seck. Le dernier à passer par le parquet sera le greffier de Tambacounda, Sadel Ndiaye, qui va rejoindre ses camarades le 23 juin. L'affaire suit son cours et nous nous efforcerons de tenir nos lecteurs de tout développement éventuel»."
LA COUR DES COMPTES PUBLIERA DANS QUELQUES JOURS SON RAPPORT
Le Premier ministre a fait cette annonce ce vendredi à l'Assemblée nationale. Ce rapport, tant attendu sur l'état des finances publiques, pourrait éclairer la gestion des ressources publiques.
Le Premier ministre Ousmane Sonko a annoncé, ce vendredi à l’Assemblée nationale, que la Cour des comptes s’apprête à publier son rapport sur l’état des finances publiques. Une publication très attendue, qui pourrait faire la lumière sur la gestion des ressources publiques.
Pour rappel, le gouvernement avait fait une conférence de presse en septembre dernier pour annoncer que l’ancien régime avait maquillé les chiffres réels de l’économie sénégalaise.
Lors de son intervention, Ousmane Sonko a précisé qu’il n’a pas encore pris connaissance du contenu de ce rapport. Cependant, il a avancé une hypothèse. « Je ne connais pas les conclusions de l’audit de la Cour des comptes, mais je peux affirmer que si les chiffres qu’il avance ne dépassent pas ceux fournis par le gouvernement, ils ne seront en aucun cas inférieurs », a-t-il déclaré.
Cette affirmation laisse entendre une certaine confiance dans la véracité des données déjà partagées par le gouvernement.
par Mamadou Adje
UNE DÉCONSTRUCTION DE L'HISTOIRE, À QUELLE FIN ?
EXCLUSIF SENEPLUS - Une armée est bâtie sur des traditions et sans la geste des tirailleurs ou irions-nous chercher le levain qui pousse nos Jambars au sacrifice suprême ? Le vent de la déconstruction souffle toujours vers le flambeau du négationnisme
Dans une sortie aussi verbeuse que bancale, et même haineuse par endroit, irrespectueuse envers la "Grande Muette", un proxy du négationnisme s'est plu à piétiner les traditions qui ont fait ce pays, aussi bien au plan politique que militaire et religieux. Et c'était à peine quelques jours après que le président de la République, toute la Nation, et son armée ont élevé, dans une parade impeccable, au rang d'événement national, le sacrifice des Tirailleurs à Thiaroye.
Quelle outrecuidance que de réduire cette tragédie en une vulgaire revendication pécuniaire. Quel pied de nez à une histoire sans laquelle nous sommes des "néants devant l'infini" et des nains au rendez-vous du donner et du recevoir. Ainsi, notre armée, admirée partout, sans socle, serait sortie de nulle part. Une armée est bâtie sur des traditions et sans la geste des tirailleurs ou iriont nous chercher le levain qui pousse nos Jambars au sacrifice suprême ? Bien sûr, nous ne sommes pas dupe, car le vent de la déconstruction souffle toujours vers le flambeau du négationnisme ; mais pourquoi faire, et à quelle fin ?
À Tombouctou, le mousolee "temple impie" des saints a été violé, à Bamya en Afghanistan, ces immenses statues de Bouddha, héritées de l'Histoire, ont été dynamitées, en Syrie Palmyre a subi la même loi, et au Rwanda on déconstruit le Génocide. Tout ceci a un objectif, car quand on déconstruit, on reconstruit aussi ; mais sur quoi ?
En tous cas, dans ce pays d'intellectuels, toute tentative de déconstruction de notre Histoire trouvera sur son chemin des hommes libres, engagés et prêts à remettre les billes à leurs places. Au demeurant, ce prêche, qui n'avait aucune raison d'être, sinon pour un paraître futile, a transpercé le cœur de ceux dont les grands pères ont débarqué en Provence, emprunté le Chemin des Dames, fait le coup de feu à Verdun et sont revenus bardés de médailles de "la traîtrise". Il faut vraiment avoir un grand père défaillant, pour vouloir s'attaquer à ceux qui dorment aujourd'hui du sommeil du juste et qui n'attendent de nous que prières et souvenirs. Vouloir utiliser l'Histoire dans cette indigne entreprise est une grande ignominie que les dignes descendants de ces preux chevaliers ne regarderaient pas sans réagir.
L'histoire des Tirailleurs n'est pas née à Thiaroye. Elle a été écrite dans le sang dans les Vosges, dans les Ardennes, sur le Chemin des Dames, à Douaumont, à Toulon, en Provence avec le débarquement, dans les Thalwegs, les lignes de changement de pente, les tranchées de la drôle de guerre, les lignes d'opération, les lignes de phases des États majors, les bases d'assaut, dans la neige adverse des champs de bataille. L'histoire des Tirailleurs n'est pas une cour de récréation où on joue au tir-pigeon. C'est la geste qui a accompagné les vers de Verlaine : « les sanglots longs des violons de l'automne, blessent mon cœur d'une langueur monotone...», qui retentissent pour donner le signale du Jour le plus long. Thiaroye fut un évènement, un lieu de mémoire, où la France a montré son véritable visage, après le blanchiment des troupes a l'approche de la parade dans Paris libérée. Or, quand on exploite l'Histoire à des fins inavouées, on fini par se tirer une balle dans le pied, à force de vouloir justifier l'injustifiable par excès de polarité qui mène toujours à l'altérité.
En effet, le Général Lee a dirigé les forces confédérées pendant la guerre de sécession (1860/1865). Cette guerre conclue de manière tragique par l'assassinat du président Lincoln n'a pas empêché les vainqueurs de recevoir la reddition de Lee avec les honneurs ; et aujourd'hui sa statue trône au Capitole. Ces hommes qui ont écrit le "code Lieber" et plus tard le "Posse Comitatis" étaient des hommes d'Etat qui savaient que l'enjeu c'était moins la victoire ou le déshonneur dans la "traîtrise" de Lee et des Sudistes, que d'assurer la réconciliation de la Nation américaine. Ce faisant, ils prenaient date avec l'Histoire pour hisser leur pays, moins d'un siècle plus tard au rang de puissance mondiale. Voilà des exemples à citér et non ceux des concubines des Allemands poursuivies par le petit peuple de Paris harassé. Aujourd'hui, nous citons Guderian, l'homme de la "Blitzkrieger" qui était allemand et Nazi de même que Rommel "le Renard du Désert" plus que Montgomery son vainqueur. L'empereur Hiro Hito a été maintenu comme socle de la Nation nipponne pour assurer la reconstruction du pays par le Général Mc Arthur, au grand dam de la Chine qui lui promettait un "Nuremberg asiatique" ainsi qu'à tous les Samouraïs. Mac Arthur et les vainqueurs avaient raison quand on regarde le Japon d'aujourd'hui.
Quid de de Gaulle et Pétain !
Contrairement aux "barbus", toujours dans les guerres totales, perdues d'avance, ces deux icônes se sont voués une admiration réciproque. C'est Pétain qui a fait de Gaulle en le recevant au 33eme Régiment d'infanterie d'Arras, et il le protégera durant toute sa carrière ! De Gaulle a eu au moins la décence de ne l'avoir pas jugé, car pour lui ce fut "un grand homme mort en 1940" et de commuer sa condamnation à mort en détention à perpétuité ! C'est ça l'histoire des grands hommes, faite de confrontation féroces, mais aussi de respect réciproque. On l'apprend dans les écoles où on enseigne "l'Histoire-batailles" et où on n'interprète pas les faits au profit d'une idéologie qui avance masquée.
Qui osera traiter aussi librement de mercenaires la Garde Papale ? Peut-être un jour, quelqu'un au Sénégal, où nous surfons aux limites de la liberté d'opinion pour masquer parfois un mal-être, une étroitesse du costume que l'histoire a taillé pour ceux qui ne sont pas faits pour diriger.
Qui osera relever le rôle des mercenaires dans l'indépendance de l'Uruguay ? En tous cas pas les Uruguayens qui ont fêté le Centenaire de leur indépendance en organisant la première Coupe du monde en 1930, et en la gagnant. C'est ça l'essentiel. Alors ne faisons de notre pays une terre de "traitres". Lat Dior qui a combattu à côté de Maba à Paoskoto serait un "traître", même quand il dort du sommeil du juste à Dekheulé. Senghor, qui a bati ce pays, cette nation, après avoir goûté aux geôles allemandes et chanté la saga des tirailleurs était un "traître".
Serigne Fallou Fall et Habib Sy, dignes fils de grandes familles religieuses, qui auraient pu emprunter le manteau de la défaillance étaient des "traîtres" dans la neige blanche de Salonique. Assane Seck, ministre des Affaires Étrangères, Amadou Makhtar Mbow, ministre de l'Éducation ayant dirigé avec brio l'Unesco seraient des "traîtres". Les Généraux Amadou Fall, Jean Alfred Diallo, Idrissa Fall, Claude Mademba Sy, Tavares, tous ayant combattu sous le drapeau tricolore, et ayant bâti notre outil de défense, qui fait pâlir d'envie nombre de pays, seraient tous des "traîtres". Alors que vivent les "traîtres", bâtisseurs, au détriment des "défaillants" destructeurs de la Nation. Nous sommes preneurs et nous briguerons en foule un si digne sort. On nous tue, on ne nous deshnore pas.
AWA SECK PLAIDE POUR UNE MEILLEURE INCLUSION DES PERSONNES HANDICAPÉES
La députée a demandé au Premier ministre d’assurer leur intégration sans discrimination dans le monde professionnel, tout en soulignant la nécessité de respecter les normes de construction adaptées à leurs besoins.
Dakar, 27 déc (APS) – La députée Awa Seck (Pastef) a plaidé, vendredi, pour une meilleure prise en compte des préoccupations des personnes vivant avec un handicap, dans l’élaboration des politiques publiques.
»Aujourd’hui, je me réjouis de ma présence dans l’hémicycle en ma qualité de députée vivant avec un handicap. Ce qui témoigne de la volonté des nouvelles autorités d’accompagner cette frange marginalisée de la population. N’empêche, je vous demande monsieur le Premier ministre, une meilleure prise en compte de nos préoccupations dans les politiques publiques », a-t-elle déclaré.
Awa Seck s’exprimait ainsi après la Déclaration de politique générale du Premier ministre Ousmane Sonko.
Pour ce faire, dit-elle, »le premier acte du gouvernement doit consister à faire un recensement exhaustif de toutes les personnes vivant avec un handicap au Sénégal ».
»Il faudra ensuite veiller à ce qu’elles puissent être intégrées, sans aucune discrimination, dans le monde professionnel car, dans les secteurs et tous les domaines, nous avons des profils aptes au travail », selon Awa Seck.
Elle a aussi sollicité la mise en place d’un institut de formation dédié aux bacheliers déficients visuels, ainsi que le respect des normes de construction prenant en compte leur handicap, notamment pour les bâtiments et services publics.
»Notre souhait est que chaque personne handicapée au Sénégal puisse mener ses activités personnelles et professionnelles sans assistance humaine », a-t-elle avancé.