Diourbel, 14 sept (APS) - Le ministre de la Santé et de l’Action sociale Abdoulaye Diouf Sarr assure que les dispositions nécessaires ont été prises par ses services pour une bonne couverture sanitaire du grand magal de Touba, lors duquel 3500 agents vont être déployés.
"Globalement, nous sommes satisfaits et nous pouvons dire que le magal va se faire dans les meilleures conditions parce que toutes les dispositions au plan sanitaire sont en place", a-t-il dit mardi au terme d’une visite qu’il effectuait à Touba dans le cadre des préparatifs du magal 2021 prévu les 25 et 26 septembre prochains.
Cette visite consistait à faire le point sur le dispositif sanitaire mis en place en perspective de cet évènement religieux annuel qui se tient en commémoration du départ en exil de Cheikh Ahmadou Bamba, fondateur du mouridisme, une des principales confréries musulmanes sénégalaises.
Selon M. Sarr, son département va renforcer les ressources humaines affectées au dispositif sanitaire retenu, avec le déploiement de 3500 agents de santé.
La Pharmacie nationale d’approvisionnement (PNA) par exemple "a pris toutes les dispositions pour que les médicaments ne soient pas une difficulté pour les structures et les postes de santé", s’est réjoui Abdoulaye Diouf Sarr.
Concernant le volet prévention, le service d’hygiène, dont les équipes ont été déjà déployées à Touba, est en train de prendre des dispositions pour assurer ses interventions à l’occasion du magal.
Il en sera de même pour la gestion des urgences médicales par le SAMU national, qui va inaugurer une unité à Touba à l’occasion du magal, a indiqué le ministre.
"Cela permet à cette structure d’urgence de gérer et de se déployer dans le cadre d’une stratégie de proximité", a-t-il relevé.
Pour la deuxième année consécutive, le magal de Touba qui se tient dans un contexte de pandémie, va se dérouler dans le respect strict des mesures barrières.
C’est dans cette optique que le ministère de la Santé et de l’Action sociale "a mis en place 2 millions de masques pour permettre aux pèlerins de disposer de masques nécessaire pour respecter les mesures barrières", a souligné Abdoulaye Diouf Sarr.
COVID-19 : LE DIRECTEUR DU COUS DRESSE LE BILAN DES TROIS VAGUES
Dakar, 13 sept (APS) - Le Directeur du Centre des opérations d’urgences sanitaires (COUS), Alioune Badara Ly a fait, lundi le bilan des trois vagues de Covid-19 survenues depuis la découverte de la maladie au Sénégal, en insistant notamment sur la tendance baissière notée depuis quelques semaines.
"La première vague a duré de mars à novembre 2020, soit neuf mois au cours desquels 16 107 cas de Covid-19 ont été enregistrés et 333 décès répertoriés. Il faut noter que pendant ce temps-là, on n’a pas eu à identifier dans le pays de variants dits préoccupants parmi les quatre reconnus et signalés par l’Organisation mondiale de la santé (OMS)", a-t-il dit.
Le docteur Ly intervenait lors du point quotidien de l’évolution de la pandémie du ministère de la Santé et de l’Action sociale.
Pour la deuxième vague, il rappelle qu’elle a démarré en décembre 2020 pour se terminer au mois de mars 2021, soit six mois. Durant cette période, 25 326 cas de Covid-19 et 807 décès ont été enregistrés, a fait savoir le directeur du COUS, ajoutant que c’est durant cette vague que le variant Alpha a été identifié dans notre pays.
Quant à la troisième vague, elle a débuté en mi-mai et s’est consolidée en juin, selon lui.
"Entre juin et la fin août 2021, nous avons enregistré 31 484 cas de Covid-19 et 634 cas de décès. Par rapport à la première vague, la troisième a entraîné plus de 15 380 cas et plus de 6 161 par rapport à la deuxième vague", a fait savoir Alioune Badara Ly.
Il signale que la troisième vague ne dure que depuis trois mois et "le nombre élevé de patients a fait peser sur le système de santé". Elle a été aussi marquée par la forte présence du variant Delta.
"Depuis six semaines, nous avons constaté une baisse consécutive des cas, passant de 5 639 cas à la semaine du 26 juillet à 273 cas la semaine dernière", a-t-il ajouté.
Les cas graves également sont dans une tendance baissière depuis quatre semaines de suite. Ils sont passés de 61 cas à 22, représentant en termes de diminution 45.5%", a-t-il expliqué.
Les cas de décès également connaissent la même tendance baissière, selon lui, ajoutant qu’entre les deux dernières semaines, on a eu à enregistrer 25 décès la semaine passée alors que celle d’avant 48 décès étaient constatés.
Ceci représente une baisse de plus de deux fois le nombre de décès enregistrés au cours des deux dernières semaines, a souligné Dr Ly.
Lundi, 22 nouvelles contaminations et 02 décès liés à l’épidémie ont été déclarés par le ministère de la Santé et de l’Action sociale.
Depuis le 2 mars 2020, date à laquelle le Sénégal a enregistré son premier cas positif au coronavirus, 73500 cas ont été déclarés positifs dont 67314 guéris, 1833 décès et 4352 sous traitement dans les centres dédiés ou à domicile.
«RESTER CONCENTRÉS SUR LA SURVEILLANCE EPIDÉMIOLOGIQUE»
Après une baisse des cas de Covid 19 dans cette troisième vague au Sénégal, Dr Alioune Badara Ly, directeur du centre des opérations d’urgence sanitaire (Cous) recommande
Après une baisse des cas de Covid 19 dans cette troisième vague au Sénégal, Dr Alioune Badara Ly, directeur du centre des opérations d’urgence sanitaire (Cous) a déclaré : «nous devons rester concentrés sur la surveillance épidémiologique». Il a fait le point de la situation depuis la déclaration de la maladie dans le pays avec une troisième vague qui n’a duré que trois mois. Une communication faite hier, lundi 13 septembre lors du point de presse Covid journalier.
Pour Docteur Alioune Badara Ly, la situation épidémiologique de la pandémie entre le 02 mars 2020 et le 31 août 2021 est marquée par des poussées épidémiques connues sous le nom de vagues. Des vagues qui ont été caractérisées par des niveaux de transmission de plus en plus élevés mais forte heureusement de courte durée. «Ceci traduisait une transmission beaucoup plus intense et probablement l’installation d’une immunité de groupe qui s’est installée plus rapidement entre autres facteurs», a-t-il avancé. Et de poursuivre : «l’analyse de l’évolution mensuelle des différentes vagues que nous avons eu à constater lors de la mutation de la maladie chez nous, montre par rapport à la première vague qui a duré de mars à novembre 2020, soit 9 mois, que 16107 cas de Covid-19 et 333 décès ont été enregistrés. Il faut noter que pendant cette période, on n’a pas eu au niveau du pays à identifier ou à signaler de variants dits préoccupants parmi les quatre reconnus et signalés par l’OMS».
634 DECES POUR CETTE TROISIEME VAGUE
Pour le docteur Ly, 634 décès ont été notés pour 31484 cas de Covid-19 dans cette troisième vague à la date d’hier, lundi 13 septembre. Marqué par le variant Delta, cette vague a démarré selon Dr Ly vers mi-mai mais qui s’est consolidée en juin 2021. « Il faut remarquer que par rapport à la première vague, cette troisième vague a entrainé plus de 15380 cas et par rapport à la deuxième vague, elle a engendré plus de 6161 cas. Et cette troisième vague, à la date d’aujourd’hui, n’a duré que trois mois. Ceci, n’est pas sans expliquer les fortes pressions que le nombre de patients élevé a fait peser sur le système de santé», a fait savoir Dr Ly. Et de poursuivre : «nous constatons fort heureusement que depuis 6 semaines, notamment depuis le 26 juillet, une baisse consécutive du nombre de cas positifs passant de 5639 cas à 273 cas la semaine dernière». En ce qui concerne les cas graves, le directeur du COUS fait constater que la tendance à diminuer depuis quatre semaines consécutives. «Depuis la semaine du 9 août, le nombre de cas graves, en moyenne, dans les centres de traitement épidémiologique (Cte) cumulés sur une semaine, est passé successivement de 61 cas, puis à 52, puis à 42, puis à 32 et la semaine dernière à 22 cas. Soit une diminution de 10 cas. Ce qui représente en termes de taux de diminution 45, 5 % entre les deux dernières semaines écoulées», a-t-il déclaré. Quant à la deuxième vague, le spécialiste de la santé publique a souligné : «elle a duré de décembre 2020 à mars 2021, soit 6 mois au cours desquels, 25326 cas de Covid-19 et 807 décès ont été enregistrés selon les experts du ministère de la santé et de l’action sociale».
SITUATION EPIDEMIOLOGIQUE DANS LES REGIONS
8 régions ont enregistré à la date d’hier, lundi 13 septembre plus de 1000 cas. Selon le Dr Ly, il s’agit de Dakar, qui reste largement l’épicentre de la maladie avec 48511 cas, soit 66 % des cas qui ont été confirmés au niveau du Sénégal suivie de la région de Thiès avec 7798 soit, 11 % des cas identifiés suivies des régions de Diourbel, Saint-Louis, Kaolack qui tournent autour de 3 et 5 %. Les régions de Ziguinchor, Louga, Fatick suivent avec respectivement chacune 2,57 %, 2, 31 % et 1,95 % de l’ensemble des cas qui ont été confirmés au niveau de notre pays. «Ces 8 régions représentent pratiquement 97,5 % de l’ensemble des cas qui ont été confirmés au niveau du Sénégal. Quand on regarde aussi l’évolution récente de la pandémie au niveau de ces régions au cours des dernières semaines, nous constatons que Dakar a aujourd’hui, huit semaines de baisse consécutive», a-t-il attesté. Et de poursuivre : «les régions de Thiès et Ziguinchor sont à 6 semaines de baisse consécutive du nombre de cas. Et les régions de SaintLouis et de Diourbel sont à leur 5ème semaine, Kaolack et Sédhiou sont à leur 2ème baisse consécutive. La région de Fatick comme Kaffrine sont à leur 1ème semaine de baisse consécutive des nouveaux cas».
MALGRE LA BAISSE, KOLDA PREND LA TANGENTE
Malgré la baisse des cas de Covid dans la quasi-totalité du pays, la région de Kolda continue d’enregistrer des cas. Une situation qui inquiète les autorités sanitaires. «Quelques régions restent dans des situations de non baisse avec de légère hausse mais pas significative. Il s’agit de Kolda qui connait depuis quelques semaines une hausse du nombre de cas. C’est une région qu’il nous faut surveiller. A côté, il y a les régions de Louga de Matam, de Kédougou et de Tambacounda qui ne sont pas encore dans une tendance baissière forte. Elles connaissent aussi des hausses qui ne sont pas significatives», a-t-il révélé.
UNE SURVEILLANCE S’IMPOSE
Pour le docteur Alioune Badara Ly, le Sénégal est dans une situation de baisse globale de l’ensemble des indicateurs dont les cas confirmés, les décès et les cas graves. Une observation qui montre que nous sommes dans une tendance baissière solide. Cependant, il a avancé : « nous ne devons pas crier victoire trop tôt car, le virus est encore dans nos murs. Nous devons travailler aussi sur la surveillance virologique qui est extrêmement importante». Sur la surveillance épidémiologique, la blouse blanche a laissé entendre : « nous sommes en train de surveiller ce qui est en train de se passer dans le monde. On parle de nouveaux variants, même s’ils ne sont pas pour le moment classés préoccupants. Nous devons anticiper sur toutes les situations qui peuvent survenir demain. Nous ne sommes pas à l’abri d’une nouvelle poussée épidémique, puisque nous allons vers l’organisation de grands évènements religieux comme le Magal de Touba, le Gamou mais aussi d’autres évènements comme la réouverture des classes». Toutefois, il a appelé au renforcement du respect des mesures barrières notamment le lavage des mains, la distanciation physique et le port de masque, ainsi que la vaccination.
UN HÔPITAL DE NIVEAU 3 INAUGURÉ SAMEDI 18 SEPTEMBRE À TOUBA
Le Khalife Général des Mourides va inaugurer le nouvel hôpital de Touba, construit par l’état du Sénégal, Samedi 18 Septembre 2021 en présence du Président Macky Sall, selon son porte-parole, Serigne Cheikh Bassirou Abdoul Khadre.
L’hôpital de niveau 3 de Touba qui portera le nom du fondateur du mouridisme, Cheikh Ahmadou Bamba Khadim Rassoul, construite par S.E Macky Sall sera inauguré le Samedi 18 Septembre 2021 par le khalife générale des Mourides, Serigne Mountakha Mbacké Bassirou.
A cet effet, poursuit la même source, "le khalife met en garde ceux qui seraient tentés de saboter la visite du chef de l’Etat dans la ville sainte".
Pour les prochaines élections locales, conformément au statut spécial de Touba, Serigne Sidy Abdoul Ahad est chargé de confectionner une liste unique et de choisir le maire, indique le porte-parole de Touba.
Toutefois, précise-t-il, le Khalife général des mourides rappelle qu’il "est interdit toute activité politique et toute forme de manifestation à Touba ".
KAFFRINE : PLUS DE 36.000 PERSONNES VACCINÉES CONTRE LE COVID-19
Kaffrine, 13 sept (APS) - Trente-six mille quatre cents personnes ont reçu au moins une dose de vaccin contre le Covid-19 dans la région de Kaffrine (centre), depuis le début de la campagne nationale de vaccination contre cette pandémie, fin février dernier, a appris l’APS.
"Trente-six mille quatre cents personnes ont été vaccinées dont 18.200 complètement", a précisé lundi le médecin-chef de région, docteur Moustapha Diop, dans un entretien accordé à l’APS.
Il a indiqué que Kaffrine affiche un taux de vaccination de 9 % concernant la cible prioritaire (personnes âgées ou ayant des comorbidités), contre 13 % à l’échelle nationale.
"Nous avons 41 % de taux d’achèvement avec le vaccin Sinopharm et 34 % avec AstraZenaca", a-t-il relevé.
La région de Kaffrine a reçu de nouvelles doses dont 14 mille de la firme chinoise Sinopharm.
"Nous sommes en train de faire la répartition de ces nouvelles doses et la mise en place au niveau des points périphériques", a signalé le médecin-chef de région.
Depuis le début de la pandémie de Covid-19 au Sénégal, la région de Kaffrine a enregistré au total 481 cas de Covid-19 pour 22 décès.
PAR AHMADOU MAKHTAR KANTE
ÉTHIQUE, FIQH ET AVORTEMENT
Avorter volontairement en se faisant aider de surcroît par le corps médical au cas où elle est légalisée, c'est se donner les moyens d'arrêter le développement d'une vie humaine. Toutes les sociétés qui font cette option commettent une faute morale grave
Avorter volontairement en se faisant aider de surcroît par le corps médical au cas où elle est légalisée, c'est se donner les moyens d'arrêter le développement d'une vie humaine. Toutes les sociétés qui font cette option commettent une faute morale grave et ce serait un péché collectif pour un pays à majorité musulmane et chrétienne comme le Sénégal de s'y conformer.
Les sachants savent que la règle de base dans le Droit islamique (Fiqh) c'est qu'il est obligatoire de sauvegarder la vie humaine dans toutes ses étapes de développement. Cette préoccupation est traduite dans la première finalité de la Charia que les Fuqahas principologues (usûliyûn) ont dénommé "hifzun nafs" (la sauvegarde de la vie humaine). Cela implique l'interdiction de l'avortement volontaire tout court, qu'il soit médicalisé (c'est-à-dire réalisé selon des règles définies par le corps médical) ou pas (on peut se demander si le terme "avortement clandestin" est approprié ?)
Il en vient que les Fuqahas (jurisconsultes) vigilants ne vont pas se laisser embarquer par des considérations relatives à la nature et aux conditions dans lesquelles s'est faite la conception de la vie humaine. Ils vont plutôt s’intéresser à l'obligation de respecter la dignité intrinsèque de la vie humaine dans toutes ses étapes de développement où se montrent à voir la toute puissance, la sagesse et l'omniscience du Créateur, Maître de l'Homme et des mondes.
Ce n'est ni par hasard ou par frivolité ni par jeu que ces étapes de développement de l'enfant à naître sont décrites dans le Coran d'une façon à couper le souffle dans une sorte d'esthétique embryologique et fœtale dont un arabe illettré du VIIème siècle ne peut être l'auteur.
On comprend que dans une telle perspective, il soit interdit de faire volontairement, et de surcroît avec l'aide du corps médical dont la vocation authentique est de soigner, quoi que ce soit dans le but d'arrêter le développement de la vie de l'enfant à naître. Rien qui relève de la façon dont la conception de l'enfant à naître s'est faite ne peut justifier la légalisation de l'interruption volontaire de grossesse disent avec juste raison les Fuqahas les plus convaincants à notre sens sur cette question.
Le motif exceptionnel que les Fuqahas admettent pour autoriser l'interruption de grossesse par le corps médical réside dans le raisonnement suivant : si le développement de l'enfant à naître menace gravement la vie de la femme enceinte qui en est le support, la priorité est donnée à la sauvegarde la vie de celle-ci et par conséquent, de procéder à une interruption médicale de grossesse (IMG). Dans ce cadre, c'est au corps médical d'évaluer la situation et d'informer la femme enceinte avant de valider cette option.
A noter que certains Fuqahas considèrent qu'il n'est pas autorisé de le faire même dans ce cas et d'autres disent oui si c'est avant 4 mois de grossesse, d'autres encore disent oui, si c'est avant 40 jours de grossesse.
D'autres difficultés qui pourraient compliquer la grossesse de la femme sans mettre sa vie en danger seront identifiées et évaluées comme il se doit par le corps médical qui saura quoi faire en termes de suivi et de soin, mais jamais l'avortement volontaire ne sera autorisé dans ce cas. Nous ne parlons même pas des soi-disant justificatifs de la poursuite des études, du regard des autres, etc.
La question de la conception de l'enfant à naître et de comment la femme a eu sa grossesse est réglée par la justice si elle en relève comme dans le cas du viol, de l'inceste, de l'adultère, ou de la morale (grossesse hors mariage) mais jamais, elle ne pourra être un motif d'avortement volontaire médicalisé ou "clandestin".
La prise en charge de cet enfant se fera dans le respect de sa dignité et de ses intérêts comme tous les enfants, santé, scolarité, etc., avec ou sans la collaboration de sa mère et des parents de celle-ci.
Afin que nul n'ignore que le Fiqh est sous-tendu par une éthique de compassion et de sauvegarde de la vie humaine dont toutes les étapes de développement méritent respect et considération.
Le Fiqh islamique bien compris dans ses principes directeurs et ses objectifs ne peut cautionner la culture de mort que veulent faire passer les lobbies de la propagande pour l'avortement médicalisé sous des prétextes les plus fallacieux qui soient.
Le Fiqh n'a pas de problème, ses bases sont solides et son mode de raisonnement est d'une rationalité dont on ne peut pas se moquer. Par contre, le Faqih intellectuellement paresseux ou qui a une compréhension erronée ou superficielle des enjeux actuels autour de la famille, du statut de la femme, de la filiation, de la morale sexuelle, du mariage, etc., sera au service d'agendas en porte à faux avec le projet islamique en les matières.
Wa Salam
JOURNAL D’UNE CONFINÉE, PAR ANNIE JOUGA
DAKAR ET LA RAOULTMANIA
EXCLUSIF SENEPLUS #SilenceDuTemps - C’est terrible combien ce satané C. rapproche ! Et il se rapproche aussi, il nous cerne tel un étau qui se resserre autour de nous. Le geste d’amour a changé de sens
#SilenceDuTemps - « Tu sais, ta femme je la connais bien, et même depuis plus longtemps que toi ! », ai-je volé d’une conversation entre la grande sœur et son complice Viou qui ne m’avait jamais vue sous cet angle-là je suis sûre, persuadée que dans notre tête-à-tête qui dure depuis des dizaines d’années, ah lala, il pensait avoir l’exclusivité !
Eh bien non ! Mémé Lolo l’a mouché, jouant à fond comme elle aime et sait bien le faire, la carte de la « grande sœur » ! Eey, si elle n’était pas là…
Me rappelant le fond de leur conversation autour du style, de mon doux entêtement à écrire ces chroniques, ce qui ne la surprend pas contrairement à Viou qui découvre… Quand je disais dans une des dernières chroniques « quand ils pensent que l’on passe à gauche comme ils veulent… »
Charles de Praia me fait remarquer lors de nos échanges « of the record » que Viou est au cœur de mes chroniques, ce qu’il semble apprécier. Il rajoute même, pour qu’il ne soit pas juge et parti : « il devrait être le dernier à te lire, loool ».
Trop de pages à vérifier et donc je vais lui faire confiance.
Surprise par cette observation que je n’ai ni cherchée, ni remarquée, probablement normal dans ce confinement d’amoureux !
Je continue néanmoins comme s’il n’avait rien vu, rien dit … Je me souviens du coup des longues lettres que j’écrivais à Mamina quand j’étais étudiante, à l’époque pas de téléphone à la maison, encore moins de cellulaire, pas de WhatsApp, ni de FaceTime, ni ni …, mais le timbre-poste ! Qui se souvient du plaisir de recevoir une lettre qui ne soit ni celle du banquier ou autre administration mais bien la lettre avec l’adresse écrite d’une main connue et à l’encre !
Je disais tout à l’heure longue lettre, pire encore je racontai tout ce que je voyais et qui je savais devait la rassurer. J’écrivais quand j’étais dans le métro, le bus. Un coup avec un stylo bleu, puis des heures après un stylo rouge, bref … des lettres colorées dans tous les sens et jamais elle n’aura su que par manque de moyens j’ai dîné de Som’bi (riz au lait), j’ai appris à manger du Quaker que je n’aimais pas et appris à aimer par la force des choses. Jamais elle n’aura su que j’ai pleuré toutes les larmes de mon corps le jour de la première fête des mères passée seule au fond de mon lit !
Ces lettres-là, je sais qu’elle les a partagées avec son entourage et qu’elle les a gardées longtemps.
Histoire de Som’bi ? Et si on en parlait ! Tout le monde a, je suis sûre, une petite histoire à raconter autour ce met que l’on sert en temps de dèche ? Bizarre car de l’autre côté de l’océan, c’est un dessert comme un autre agrémenté à la vanille en brin, au chocolat, aux zestes de citron …
Ici c’est dans les jours de difficulté qu’on le sollicite, à l’époque avec du lait concentré sucré. Le fameux ! Celui que vos parents vous imposent des soirs, des années durant sous prétexte qu’ils construisent et que donc … Celui de mon amie Marie, jusqu’à l’en dégoûter aujourd’hui... L’objectif de vie des parents qui nous forge malgré tout.
Les batailles et thèses savantes ou non autour du virus, son origine, son traitement. J’entends beaucoup d’avis, des supputations, des montages incroyables. J’avoue très modestement que je préfère regarder tout cela avec beaucoup de recul parce que si peu armée pour tout apprécier et j’attends le moment où tous ou presque se mettront d’accord, le moment où le (les) traitement (s) seront disponibles pour tous. Il me paraît si hasardeux de se faire « un film » sur le sujet surtout à travers ce que l’on veut ou ne veut pas nous dire.
Jour 26
Ce matin depuis mon canapé anti-C j’entends Odile dans la cuisine venue pour son jour de la semaine, se lancer dans une grande tirade en ouolof. Intriguée, personne ne répondant à son interpellation, je lui demande si tout va bien, persuadée qu’elle parlait seule, qui sait avec ce malin C.
Elle accueillait Angèle, la nounou formidable de Djélika, arrivée dans la maison sans que je ne l’entende pour faire la lessive à la machine ! Elle est ivoirienne, ne pige pas grand-chose au Ouolof de tata Odile comme elle l’appelle gentiment et la regarde un peu éberluée ! Dialogue de sourds ? Non, en fait la mère Odile qui défend son territoire de maître des lieux (cuisine et plus d’ailleurs) lui faisait comprendre que le samedi, difficile d’être deux dans la cuisine, surtout aujourd’hui où elle fait un super « Supp’U kandia » qui va faire saliver quelqu’un qui n’aura hélas pas d’autre choix que de se régaler en lisant … ce passage ! Grand éclat de rire de tout le monde, c’était une vanne en ouolof de Odile …. Dit-elle, je ne la crois qu’à moitié car c’est une manie de « cuisinier » quand ils sont derrière les fourneaux.
Viou ne supporte pas d’avoir quelqu’un dans ses pattes lorsqu’il fait la vaisselle et il la fait depuis tous ces temps de C. Quand je fais la cuisine, pas touche aussi ! Normal d’être jaloux de son territoire et de le défendre. Et toi ?
Cousin Raoult, eh oui ici on se l’est approprié et j’espérai le moment où quelqu’un dirait : « je l’ai croisé, j’étais à la maternelle avec lui, c’était mon voisin … ».
Mbokka Raoult de Djoloff, et bien j’ai trouvé mieux !
Mon amie d’enfance, Maimouna de Paris, grandie à Dakar, me raconte il y a quelques jours lorsque nous prenions de nos nouvelles que Raoult père lui a sauvé la vie. Hospitalisée enfant à Principal, les médecins se désespéraient de son état. Dr Raoult avait une solution : lui faire prendre de l’altitude en avion. Deux à trois vols, lui ont raconté ses grandes sœurs, et en tant que médecin militaire ce fut aisé. Sûr que tous à l’hôpital ont crié au miracle, la famille surtout. Aujourd’hui, impossible de savoir exactement de quel traitement il s’agissait. La mémoire étant sélective, on gardera uniquement qu’elle en est sortie guérie !
Cousin Raoult lui, n’étonne pas vraiment ici avec son traitement si controversé Ah ! quelle ironie du sort cette chloroquine …
Dans mon enfance, mon adolescence, mon souvenir en est meurtri tant elle aura emporté quelques jeunes filles de mon entourage, sœur, amie, voisine … par excès et aujourd’hui, elle sauve des vies. Le monde à l’envers !
Ne plus rendre visite, ne pas serrer la main, s’éloigner d’un mètre, deux, bientôt trois mètres ? … Le geste d’amour a changé de sens.
Restons chez nous !
Jour 27
Je n’avais pas parlé avec mon amie Geneviève de Marseille, celle qui m’a collé le virus de la chronique de C., depuis quelques temps malgré nos regards croisés à travers nos chroniques. Ce matin nous avons longuement échangé bien entendu sur nos quotidiens, comment ils sont attendus, lus, partagés, commentés … Elle propose de « piquer » un morceau d’une mes chroniques dans lequel elle se retrouve et qu’elle souhaite intégrer dans les siennes. Cela me plaît bien ! Lorsque je lui raconte qu’une petite sœur amie, Aicha de Bamako, se réjouit de mieux me découvrir tous les soirs avec mes posts, et à qui j’ai gentiment dit « prends garde à toi, la romance n’est pas loin … Geneviève s’entendait parler.
C’est terrible combien ce satané C. rapproche ! Et il se rapproche aussi, il nous cerne tel un étau qui se resserre autour de nous ; déjà cousins, parents proches d’amis … sont concernés par cette maladie. Que nous réserve-t-il donc ? Et grâce à la recherche, la technique médicale, on en guérit.
Et voilà que ce qui me paraissait plus que nécessaire devient enfin obligatoire, le port du masque. Il était temps, vais-je dire, et il faudra pouvoir en avoir en quantité, qualité …et surtout apprendre à le porter. Mieux, il est également prévu la généralisation des tests ? Je ne sais pas vraiment ce que cela veut dire et comment va-t-on faire, attendons demain pour être édifié mais les cas communautaires font peur à l’autorité qui resserrent les mesures.
Aujourd’hui dimanche, je suis allée avec Djélika et … Viou dans un mini jardin près de la maison, au bord de l’eau. Nous n’avons pas croisé grand monde, quelques gardiens devant les immeubles, dépassé quelques rares joggeurs, marcheurs, bien moins que de coutume, quelques rares voitures, motos et très peu de gens masqués !
Ce chemin, bien connu fait partie de notre parcours de randonnée. Gorée est là bien au large, le temps clair, la mer calme, sur la plage une poignée de lutteurs à l’exercice. La « petite » est heureuse de marcher, de courir sur le gravier qu’elle découvre et qui fait un bruit sous ces baskets, qui la fait sourire. Nous avons comme mission de l’épuiser ! Déjà un peu plus tôt sur la terrasse, nous avons fait des longueurs, elle adore et là elle était curieuse et s’en amuse de son ombre qu’elle découvre dans un sens, la cherchant dans l’autre ! Elle est rieuse notre petite Djélika.
Notre mini jardin est sympathique et surtout bien proche de la maison mais après cent va et vient au rythme des petites baskets de mademoiselle, ça fatigue et n’osant pas nous asseoir sur les bancs …
Et pour couronner le tout, je suis encore rattrapée par cette espèce de rhinite qui ne me quitte pratiquement plus depuis 4/5 mois. Alors courir après un petit bout, porter un masque quand le nez coule… épuisée je le suis et cette chronique victime finit par me torturer
Demain sera un autre jour.
Annie Jouga est architecte, élue à l’île de Gorée et à la ville de Dakar, administrateur et enseignante au collège universitaire d’architecture de Dakar. Annie Jouga a créé en 2008 avec deux collègues architectes, le collège universitaire d’Architecture de Dakar dont elle est administratrice.
Dakar, 10 septembre (APS) - Le ministre de la Santé et de l’Action social, Abdoulaye Diouf Sarr, a annoncé, vendredi, la mise en place d’une stratégie de vaccination ciblant les enseignants, les élèves et les étudiants, en perspective de la rentrée scolaire et universitaire.
’’Nous allons travailler dans une stratégie de ciblage plus affinée, parce que dans la perspective de l’ouverture des classes et la rentrée académique, nous allons faire en sorte que tous les enseignants et les étudiants soient vaccinés avant de rejoindre les classes et les universités’’’, a-t-il dit.
Abdoulaye Diouf Sarr intervenait à la cérémonie de réception des lots de 158.400 doses de vaccins Johnson And Johnson acquis sur fonds de l’Etat (financement Banque mondiale) via VAT et de 38.400 doses de vaccins Astrazeneca du Royaume de Belgique via Covax.
Pour Diouf Sarr, ces nouvelles réceptions vont permettre au Sénégal d’avoir une stratégie de vaccination plus ciblée.
Il a ajouté que son département allait travailler avec les universités et le Centre es Œuvres universitaires de Dakar (COUD) pour mettre à disposition les doses nécessaires à cette stratégie de vaccination ciblant les étudiants.
Pour les enseignants, il sera demandé à tous les Centres régionaux de gestion des épidémies (CRGE) dans leur périmètre de travailler de sorte que chaque enseignant soit vacciné, a t-il indiqué.
’’Mais au-delà des étudiants et des enseignants, il faut faire en sorte que ce message soit entendu par les familles et les parents d’élève. Il faut accélérer la campagne de vaccination, dans une stratégie plus ciblée pour réduire de façon considérable la létalité et remporter le combat contre la maladie’’, a déclaré le ministre.
Abdoulaye Diouf Sarr a rappelé que le vaccin était l’élément ’’le plus important’’ de la riposte contre la pandémie, et que ’’l’essentiel des cas graves sont des patients nos vaccinés de même que ceux qui décèdent de la maladie’’.
Il a ainsi demandé aux Sénégalais d’aller massivement se faire vacciner afin de se mettre à l’abri et permettre aux autorités d’éradiquer cette maladie.
COVID-19 : DAKAR A REÇU 124 800 DOSES D’ASTRAZENECA DE LA BELGIQUE
Dakar, 10 sept (APS) - Le Sénégal a réceptionné, vendredi, 124 800 doses du vaccin AstraZeneca, un don du Royaume de Belgique, dans le cadre de la lutte contre la pandémie de Covid-19, a appris l’APS.
’’Le Sénégal a reçu ce 10 septembre 2021, un lot 124 800 doses du vaccin Covid-19 d’AstraZeneca, don du Royaume de Belgique dans le cadre de l’initiative COVAX’’, indique dans un communiqué le laboratoire pharmaceutique.
Cité dans le document, le ministre de la Santé et de l’action sociale, Abdoulaye Diouf Sarr, a soutenu que ’’le vaccin, à l’état actuel semble être l’élément extrêmement important de la réussite dans la lutte contre la Covid-19’’, appelant les sénégalais à aller se faire vacciner massivement.
’’Je suis ravie de voir l’arrivée aujourd’hui au Sénégal de 124 800 doses supplémentaires du vaccin Covid-19 AstraZeneca, un don du Royaume de Belgique qui permettra d’accélérer le programme de vaccination’’, a dit pour sa part la présidente nationale pour l’Afrique chez AstraZeneca, Barbara Nel.
Selon elle, l’engagement pour l’Afrique de l’entreprise pharmaceutique reste fort et elle va poursuivre ses efforts de collaborations avec leurs partenaires Covax et les pays du monde entier pour aider à répondre au besoin urgent de doses de vaccins sur le continent.
Le communiqué souligne qu’AstraZeneca a été la première société pharmaceutique mondiale à rejoindre Covax en juin 2020 et le troisième plus grand fournisseur de doses de vaccin Covid-19 au monde.
’’A ce jour, plus de 122 millions de doses de vaccin de la société ont été livrées à plus de 129 pays par le biais de Covax, contribuant à prévenir des centaines de milliers d’hospitalisations et à sauver des dizaines de milliers de vies depuis ses premiers lancements internationaux en début 2021’’, selon la source.
par Mariama Samba Baldé
UNE PANDÉMIE QUI CONDUIT AU PÈLERINAGE
EXCLUSIF SENEPLUS #SilenceDuTemps - Les Soleils des indépendances sont encore plus pâles au temps du Corona. Le comportement des grandes puissances doit à jamais servir de leçon. Les miroirs se fissurent et la vérité apparaît dans toute sa cruauté
#SilenceDuTemps - Un vent de pandémie souffle. Dans les pays où il fait gris et froid, dans les pays où le soleil rit tout le temps, ce vent souffle et par milliers des hommes tombent. L’on se confine pour ne pas être touché. Une distance se creuse et le temps ne s’écoule plus dans sa fluidité naturelle, il s’est transformé en goutte-à-goutte. Le monde retient son souffle et chaque minute vaut son pesant d’or. L’heure est grave, enfin ! L’heure est grave, à la bonne heure ! Je ne peux pas croire que ce vent qui tue est complètement mauvais. Il est impossible qu’aucune poussière de lumière ne l’habite. Et s’il infectait pour aussi désinfecter, dégradait pour également réparer ?
Un vent de pandémie souffle. Le couvre-feu a calciné moult plans et les déprogrammations ont accouché d’un désert. Cela saute aux yeux que l’on ne sait pas grand-chose, que l’on n’est pas grand-chose et qu’une invisible petite chose pourrait rayer l’homme de la carte. Face au Covid, ni nom, ni couleur de peau, ni fortune, ni notoriété n’offrent de dispense. Pour s’en tirer, il y a obligation de se soutenir en permettant à celui qui ne vous ressemble pas de s’immuniser. L’homme qui a soif entend mieux l’appel de la quête vers l’oasis qui désaltère l’âme. Son pèlerinage intérieur va pouvoir commencer. Pour avancer, il devra égorger le soleil de la vanité et faire gicler le sang crépusculaire des idoles. Il lui faudra lâcher les illusions et commencer à marcher, pieds et cœur nus, vers tout ce qu’il a oublié. Qui sait ? Peut-être que derrière les dunes de l’espérance attend un soleil sans mirage, le soleil vermeil de la renaissance.
- Une pandémie qui déshabille -
Un vent de pandémie souffle. Les oripeaux s’envolent et le roi est nu. Les Soleils des indépendances sont encore plus pâles au temps du Corona. Face au fléau, le comportement des grandes puissances doit à jamais servir de leçon. Les miroirs se fissurent et la vérité apparaît dans toute sa cruauté. Un virus empêche le monde de tourner en rond et affiche au grand jour l’impuissance des uns et des autres. Un minus dévore le temps et dément les grands. Difficile de stopper la vague de contaminations qui déshabille et questionne. Quelle indépendance pour le Sénégal, quand ses talibés sont bouffés par la gale ? Quelle indépendance pour le continent noir qui importe vaccins et médicaments ? Quelle indépendance pour l’Afrique, quand ses dictateurs vont se faire soigner en Occident ? Fidèle à lui-même, l’Occident augurait du pire pour cette partie du monde. L’hécatombe qu’il prédisait aura bien lieu mais pas là où il l’attendait au départ. Je n’ose imaginer les insultes qu’on aurait spécialement modelées pour les Africains si le Covid avait vu le jour sur leur sol.
Un vent de pandémie souffle. Le silence prend place. Descente dans les profondeurs de son pays natal. Voyage vers le centre de sa terre. Dans cette région-ci, la vérité s’affiche sans fard. La voici l’incapacité qui met à mal la fierté. La voici l’insensibilité qui réduit à néant la religiosité. La voici la mauvaise foi qui sème l’ignorance pour mieux régner. La voici la tyrannie qui exile la raison. La voici la terreur qui venge les médiocres. La voici la tromperie qui entretient la misère. Ce ne sont pas les hôtels cinq étoiles, les routes, les voitures et villas de luxe qui donneront une belle image de l’Afrique. Ce ne sont pas les parfums de marque et les grandes toilettes qui décrasseront le regard de mépris que beaucoup posent sur les Africains. Tant que ce continent n’arrivera pas à se nourrir, se vêtir, se soigner et s’éduquer lui-même, le respect s’évaporera aux abords de ses rivages. Tant que ses propres enfants préfèreront échouer sur les plages européennes, plutôt que de vivre dans leurs propres pays, l’Afrique ne relèvera pas la tête. Tant que des hordes d’enfants affamés et enguenillés hanteront ses artères, ce continent ne jouira que d’un semblant de dignité. Tant que ce continent ne fera pas de l’enfant le centre de son attention, toute acquisition ne sera qu’infatuation.
- Une pandémie qui instruit -
Un vent de pandémie souffle. L’heure de vérité a sonné. La base est fragile, l’édifice ne tient pas. La base, c’est l’éducation. De là tout commence, croît et se déploie. Là est la véritable voie d’affranchissement. « Formez-vous, armez-vous de sciences jusqu'aux dents », tel est le viatique que Cheikh Anta Diop a laissé aux Africains. Qu’en est-il aujourd’hui ? Que vaut l’école sénégalaise ? Où en est la recherche africaine ? Que servent les télévisions africaines ? Pourquoi des soi-disant faiseurs de miracles pullulent dans les médias et polluent les esprits ? De quel statut jouit l’enseignant dans nos sociétés ? Qui sert de modèle aux jeunes africains ? Quelle est la place du livre dans nos familles ? Quelle est la place du silence dans nos espaces de vie ? Oser le silence et l’odyssée dans l’univers des livres ne transforme pas en Toubab. Faut-il attendre des Instituts Français qu’ils offrent aux populations africaines des espaces d’études, de réflexions et d’expressions artistiques ? Désirer des bibliothèques et des lieux d’études dans nos quartiers ne fait de quiconque un Toubab. La richesse de l’Afrique ne se limite pas aux matières premières. Sa matière grise, la première des richesses, doit faire l’objet d’une meilleure protection et d’un plus grand investissement car c’est de là que jaillira l’or noir et autres catégories d’or. Afin d’aider les enfants à cultiver leur corps et leur esprit, une organisation des parents, en fonction de leurs moyens, est absolument nécessaire. La limitation des naissances n’est pas affaire de Toubab. Il est indéniable que la vie a ses mystères et qu’il est impossible de tout prévoir, tout maîtriser. Des génies, des hommes et des femmes d’exception sont nés de familles nombreuses et loin d’être aisées. Cependant, compter sur la chance, miser sur le miracle, c’est risquer de faire pencher le navire et de sombrer dans le malheur. Les hordes d’enfants affamés et enguenillés qui sillonnent les villes africaines prolongent la sombre fresque des damnés de la terre, cette terre qui a soif du silence de l’instruction et qui a hâte de porter des fruits de lumière.
Un vent de pandémie souffle. L’heure est au bilan. De vieilles peurs ont refait surface. Traitements et vaccins en provenance d’Occident suscitent méfiance et peur chez beaucoup de Noirs. Jean-Paul Mira, chef de la réanimation à l'hôpital Cochin, échangeant sur LCI avec Camille Locht, un directeur de recherche à l'Inserm, soutenait tranquillement que les traitements contre le Covid devaient être testés en Afrique, « comme c'est fait d'ailleurs sur certaines études avec le sida, où chez les prostituées ». Ce genre de propos ajoutent à une paranoïa déjà alimentée par des faits historiques mais aussi par des affabulations. Que faire maintenant que l’Afrique reçoit des lots de vaccins de pays qui n’ont aucun scrupule à piller ses mers et s’arranger pour s’emparer de ses richesses, avant d’y envoyer leurs déchets ? N’est-ce pas l’occasion de réaliser le vieux rêve d’une Afrique sans les Africains ? Plus que jamais, il est clair que même si l’Afrique a ses remèdes, elle compte beaucoup sur l’Occident pour se soigner. Ce constat est-il une fatalité ou une opportunité ?
- Une pandémie qui invente des remèdes -
Un vent de pandémie souffle. L’heure est à la réorganisation. Si l’Afrique paraît ridicule dans son morcellement sans queue ni tête, grotesque avec ses autocrates jamais rassasiés, pitoyable avec son corps gangrené par la corruption et misérable sous le feu d’artifices de ses horreurs, elle a encore de la noblesse, de la force, de la beauté, une élégance racée, d’infinies potentialités. La pandémie a jeté une vive lumière sur ses fragilités et mis en exergue les dangers qui la guettent. Elle a montré l’urgence, pour le continent noir, à être son propre laboratoire, son propre médecin, son propre pharmacien. Elle a montré l’urgence de se pencher sérieusement sur nos plaies pour trouver les remèdes adéquats. Attendre des autres qu’ils vous soignent, c’est risquer de périr. Même si c’est une leçon amère comme la quinine que l’Afrique tire de cette situation, la pandémie laisse toutefois entrevoir une voie de guérison. Ce continent, qui a su élaborer des processus de réparations sur la terre de ses traumas, saura se servir de ses trésors pour bâtir le socle de sa réunification et travailler à sa renaissance.
Un vent de pandémie souffle. Tout n’est pas perdu. L’Afrique souffre mais ne s’étiole pas comme prévu. Son sourire n’a pas disparu. Ses élans de vie sont à protéger, sa réserve d’humanité à préserver et ses richesses tant convoitées à sauvegarder. Certes il lui faut des masques, des gels, des traitements et des vaccins pour lutter contre le Covid. La pire contamination qu’elle a à éviter reste cependant celle qui sape sa confiance, dégrade son image, exile son imaginaire, confisque sa parole, lui transmet des représentations aliénantes et lui fait croire que son salut est en dehors d’elle-même. Puisse le temps de cette pandémie être pour l’Afrique celui d’un silence fécond qui l’amène à faire face à ses démons, à terrasser ses monstres, à purifier son esprit et à renouer avec sa propre parole, celle-là qui lui permettra de recouvrer la santé et de gagner enfin son indépendance.
Docteure en littératures francophones, Mariama Samba Baldé est l'administratrice de Paroles Tissées Éditions et la fondatrice de Vibramonde, une plateforme de réflexion sur la rencontre, les identités plurielles et la paix. Elle est l'auteure du documentaire Qui suis-je sans mari ? et des ouvrages Boubou (Hors Clichés) et Cheikh Hamidou Kane - L'inoubliable étincelle de l'être.