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30 novembre 2024
Santé
LE DOCTEUR DES CONTESTATAIRES
Le 16 mars, dans un bref entretien réalisé dans l’enceinte de sa clinique où affluaient les manifestants blessés, Babacar Diop contait Suma Assistance, fondée il y a 36 ans. Portrait !
En 2011-2012, il a été au chevet de Macky Sall, de Cheikh Bamba Dièye, d’autres personnalités comme d’illustres anonymes, à l’instar de Mamadou Diop emporté par le dragon de la police. Le 16 mars, dans un bref entretien réalisé dans l’enceinte de sa clinique où affluaient les manifestants blessés, il nous contait Suma Assistance, fondée il y a 36 ans, qui n’est rien d’autre que ‘’ce qui m’appartient’’. Pas à lui, mais à chaque Sénégalais.
C’est un Babacar Niang très souriant qu’on avait quitté ce jour-là, le 16 mars dernier, dans l’enceinte même de sa clinique Suma Assistance. Il venait juste d’arriver, n’était même pas encore sorti de son véhicule. Accroché, il s’est prêté volontiers aux questions. Sur l’affluence des manifestants dont certains avaient fini de faire de l’établissement un lieu de refuge, il répondait : ‘’D’abord, je pense que c’est dû simplement à un problème de voisinage ; ce qu’on appelle ‘aakhou deukeundo’. Quand on a un bon voisin qui se trouve dans des difficultés, en bon citoyen, en bon être humain, on se doit de l’assister. C’est un devoir.’’
Les impacts, il n’est pas le seul à les ressentir. Même les patients en souffrent dans leur chair. La fumée et l’odeur des grenades lacrymogènes les rejoignaient jusque dans les chambres, se plaignait-il déjà. ‘’J’ai eu à téléphoner au commissaire de Dieuppeul, à chaque manifestation, pour lui dire de penser aux gens qui sont là, d’informer les gens que nous sommes dans un hôpital. Aujourd’hui, j’ai failli mettre deux barrages d’ambulances dans la rue, avec des tenues blanches, pour leur montrer que c’est une zone de soins….’’, avait-il dit à ‘’EnQuête’’, lors de l’entretien qui a eu lieu vers les coups de 19 h.
Son message semble être tombé dans l’oreille d’un sourd. Il faut, en effet, demander aux députés de Yewwi Askan Wi et à certains journalistes qui ont été gazés devant la clinique. Résultat : certains clients fuient son établissement à cause des désagréments. D’autres, qui auraient pu venir, tentent de l’éviter. Tout en s’excusant auprès des pensionnaires, l’urgentiste reste droit dans ses bottes et compte poursuivre le seul combat qui l’intéresse : porter assistance aux gens qui n’en sont pas pourvus. Ce qui date bien avant l’affaire Ousmane Sonko et l’implantation à la cité Keur Gorgui.
En 2011-2012, alors que Suma était sur l’avenue Cheikh Anta Diop de Dakar, il était déjà le préféré de beaucoup de personnalités et des manifestants victimes de la répression policière. Comme par prémonition, lors de l’entretien, il prenait à témoin le président de la République et Cheikh Bamba Dièye. À la question de savoir pourquoi sa proximité avec l’opposition, il répond : ‘’Ce qui se passe aujourd’hui se passait en 2011-2012. L’actuel président lui-même venait à Suma avec des blessés. Vous pouvez aussi appeler l’ancien maire de Saint-Louis, M. Dièye, qui a eu un traumatisme crânien et qui était passé chez nous… C’est en l’accompagnant dans nos locaux, à l’époque, que Macky Sall lui-même avait interpellé le président Wade en lui disant que si ça continue, il va déposer une plainte à la Cour de La Haye… Je me demande parfois si l’homme a une mémoire.’’
Né il y a près de 67 ans, grandi à Ngor, le Dr Niang est rentré au Sénégal au milieu des années 1980 et a fondé ce qui est devenu une référence en matière de couverture médicale de certains grands événements. Suma, comme il le définit, est un mot wolof qui signifie ce qui m’appartient. ‘’Suma appartient aux Sénégalais. C’est pourquoi nous sommes partout où se trouvent les Sénégalais. Pas seulement dans les manifestations politiques. Ça fait 36 ans depuis qu’on a commencé à couvrir le Magal de Touba, pour assister les gens gratuitement pendant cinq à six jours. On fait la même chose à Tivaouane et à Popenguine. On a donc une envergure nationale. Comme je l’ai dit, on est partout où on peut trouver les Sénégalais. Et on reçoit toutes sortes de malades. Aujourd’hui même, on a reçu des conducteurs de moto, un monsieur qui avait son pousse-pousse et qui a été blessé… On est là pour les Sénégalais’’.
Covidgate
En tout cas, pour ce qui est de la couverture des rassemblements politiques de l’opposition, Suma est devenu un leader incontestable et incontesté. À chaque fois, explique son fondateur, il y a un dispositif spécial composé d’un médecin, d’un infirmier, d’un ambulancier et d’une ambulance, ainsi que d’autres qui sont en alerte, prêts à se déployer en cas de nécessité. Pour lui, cela n’est pas propre aux manifestations politiques. ‘’Quand il y a eu les événements du stade Demba Diop, c’est nous qui étions sur place. C’est nous qui avions informé le Samu et SOS Médecins. C’est ce dispositif que nous appelons la couverture médicale chez nous. On a aussi notre système qui est basé sur les abonnements. On pense qu’à chaque fois qu’il y a une population, il y a un abonné parmi eux. Pour ces abonnés, on s’est engagé à être avec eux partout où il peut y avoir des problèmes. Tout ce qui nous intéresse, c’est l’être humain, c’est de le soulager et de le laisser partir’’.
Pour lui, le Suma s’aligne ainsi sur les standards internationaux. En Europe, explique-t-il, partout où il y a des groupements de plus de 50-100 personnes, le préfet doit mettre en place des systèmes de secours pour tout le monde. ‘’Ici, même les gens en tenue, quand ils se blessent, il n’y a personne pour les assister. On voit de beaux camions d’intervention, mais rien pour secourir. Le ministère de l’Intérieur devait mettre quelques véhicules de secours pour tous. Pas seulement pour les hommes de tenue’’, alerte le spécialiste qui n’a pas manqué de s’interroger sur l’absence des pompiers et du Samu dans la couverture des manifestations politiques.
‘’J’ai une fois demandé pourquoi. Il semblerait qu’il y a une législation qui le leur interdit. Avant, on disait que ce sont les manifestations non autorisées qui ne sont pas couvertes. Mais la vérité est qu’il y a des manifestations autorisées et on ne les voit pas’’.
Révélé au grand public par la Covidgate, le docteur Babacar Niang s’est toujours battu contre les injustices, aux côtés des faibles. Aux Législatives de 2022, il a été investi sur la liste nationale de Jammi Gox Yi dirigée par Fadel Barro. Selon les proches de Doudou Sène, agent à la mairie de Médina tué lors des manifestations alors qu’il défendait sa mairie, Suma l’aurait négligé, parce que, dénoncent-ils, c’est une clinique qui donne la priorité aux partisans du Pastef. Ce que le médecin urgentiste réfute catégoriquement.
Revenant sur l’intervention qui l’a le plus marqué, l’urgentiste déclare sans hésiter : ‘’C’est Mamadou Diop écrasé par le dragon. On avait d’ailleurs donné son nom à une ambulance.’’
Mobilisation, depuis son arrestation
Depuis son arrestation, ses collègues médecins semblent se mobiliser pour lui porter assistance. Pour Boubacar Signaté qui ne semble pas toujours en phase avec lui, il faut reconnaitre au médecin ses qualités. Sur sa page Facebook, il déclare : ‘’Si certains me voient défendre le Dr Babacar Niang, ils seront sans doute étonnés et d’autres se diront, c’est parce que ça concerne Sonko (il semble être proche ou membre de Pastef, NDLR). Rien à voir. Je reste sur des principes. Ceux de défendre mon collègue, un confrère et un aîné, celui dont on parle dans mon sermon et dans mon Code de déontologie médicale. C’est un homme difficile, caractériel. J’avais des relations très heurtées avec lui et le personnel de Suma Assistance, y compris sur les réseaux sociaux. Sur le plan humain, il a des qualités, des défauts, il fait de très bonnes choses et de moins bonnes choses. En somme, c’est une personne normale.’’
Sur le plan médical, rappelle M. Signaté, le directeur de Suma est le premier des médecins urgentistes du Sénégal, un entrepreneur médical et un grand professionnel. À en croire le médecin, le Dr Niang peut aussi être un excellent diplomate. Comme fatigué par les critiques de son jeune frère, il le fit appeler un jour dans son bureau. Il lui dit, rapporte Boubacar dans son témoignage élogieux : ‘’Boubacar, on va faire une chose : Tout ce qui concerne Suma Assistance que tu veux dénoncer de bonne foi, que tu veux critiquer de façon objective, fais-le, comme tu le fais avec d’autres, comme tu le fais avec le ministère ou avec notre système de santé en général. Si tu veux m’en parler avant, ce serait bien, mais tu n’es pas obligé. Suma Assistance, ce n’est pas pour moi, c’est pour tout le monde. Donc, tu as aussi un droit de regard sur ce qui s’y fait.’’
Maintenant, pour tout ce qui concerne le docteur Babacar Niang, enchainait-il, ‘’lui c’est ton grand frère, tu viens toquer à ma porte ou tu viens à la maison et tu m’en parles. Parce que si je t’entends encore parler de moi, SOS Médecins ‘laa lay fek’ ou bien je débarque chez toi et tu verras que ‘douma sa morome’. Et on a rigolé, je suis parti. Depuis, si jamais, je passe aux Almadies à côté de chez lui, qu’il me voit passer sans m’arrêter et lui dire bonjour, c’est des histoires. ‘Lolou la sekheu ak grand bi’’’, rapporte le jeune médecin à l’endroit de celui qu’il présente comme son grand.
BABACAR NIANG, L’AGNEAU MEDICAL IDEAL DU SACRIFICE
Honorablement connue sur la place de Dakar, et même dans la sous-région, la clinique « Suma-Assistance » est en passe de subir un mauvais procès
Honorablement connue sur la place de Dakar, et même dans la sous-région, la clinique « Suma-Assistance » est en passe de subir un mauvais procès. Agé de 70 ans, Dr Babacar Niang, médecin-propriétaire de cette résidence hospitalière privée est arrêté pour non « non-assistance à personne en danger ». « Le Témoin » démonte les germes d’une accusation hypocrite et populiste destinée à faire un mauvais procès au Dr Babacar Niang dont les prises de position courageuses et les dénonciations dérangent.
Médecin-propriétaire de la clinique « Suma-Assistance », Dr Babacar Niang a été interpellé par les gendarmes de la brigade de Pété dans son village natal de Aram, commune de Médina Ndiathbé (Podor), où il s’était rendu pour des raisons familiales. Il a été acheminé, hier après-midi, dans les locaux de la Sûreté Urbaine de la police à Dakar. Il est accusé de « non assistance à personne en danger » et entre autres de « tri sélectif » des blessés lors des manifestations et contre-manifestations en marge de la comparution de l’opposant Ousmane Sonko au tribunal de Dakar pour les besoins du procès qui l’oppose au ministre du Tourisme Mame Mbaye Niang. Lequel l’accuse de « diffamation ».
A l’origine, une déclaration à la fois populiste et hypocrite du maire transhumant de la Médina, Bamba Fall, dont un des agents a perdu la vie dans les malheureux événements du jeudi 16 mars dernier. Il s’agit de l’agent municipal Doudou Fall qui a succombé à ses blessures après avoir été lynché par des manifestants. Un acte ignoble et condamnable ! En réagissant à la mort de son agent municipal sur les ondes d’une radio de la place, le maire Benno Bok Yakar (Bby) Bamba Fall a déclaré qu’au cours de son évacuation dans l’ambulance de Suma Assistance, les médecins ont commencé à poser à la victime des questions afin de connaitre s’il est membre du parti Pastef ou non. Pour le maire Bamba Fall, les secouristes de « Suma-Assistance » procédaient également à un « tri sélectif » en donnant une priorité aux blessés du parti Pastef. « Je pense que mon agent a été négligé jusqu’à ce que mort s’en suive. Il devait être rapidement opéré mais ils ne l’ont pas fait. Et pourtant, on a payé ! Pire, l’intervention a été programmée à trois reprises sans suite. Parce que Sonko, admis sur les lieux, était leur priorité. Finalement, il est décédé avant d’arriver à l’hôpital Principal », a expliqué Bamba Fall tout en menaçant de porter plainte contre Suma-Assistance pour « non assistance à personne en danger ».
Une clinique privée et non publique pour les blessés !
D’abord, il est bon de préciser que « Suma-Assistance » est une résidence hospitalière rattachée à une clinique privée. Et comme toute clinique privée, elle est dotée de chambres hospitalières privées voire payantes. Le séjour des malades, les consultations et les soins médicaux internes ou externes sont facturés à la caisse. De même que les interventions chirurgicales qui sont programmées. Parce qu’une équipe pluridisciplinaire composée de cardiologues, d’orthopédistes, de gynécologues, d’ophtalmologues, de pédiatres etc. contribue à offrir aux malades-résidents une prise en charge globale et adaptée à leurs besoins. A cet effet, c’est tout à fait normal et logique que les médecins et infirmiers de Suma-Assistance questionnent les blessés ou les patients sur leur statut professionnel ou leur entreprise pour pouvoir établir les conditions de leur prise en charge. C’est la première chose qu’on demande aux malades dans les structures sanitaires publiques à plus forte raison dans les cliniques privées ! Et cela, « Le Témoin » est bien placé pour en parler. Car à chaque fois qu’un journaliste ou employé du « Témoin » s’y présente, on lui demande s’il a une prise en charge. Quoi de plus normal que les employés de cette structure veuillent s’entourer de toutes les garanties de paiement ?
Dans certaines situations d’urgence médicale, cependant, les accidentés ou les blessés sans statut professionnel, sont assistés et pris en charge avant d’être « poursuivis » pour un éventuel recouvrement financier. Pour ce qui est de Pastef, on nous dit que ce parti dispose d’un comité socio-médical très bien organisé qui prend entièrement en charge tous ses militants blessés qui sont acheminés à Suma Assistance. Un caissier de cette clinique confirme et explique : « Permettez-moi d’abord de préciser que la clinique privée Suma-Assistance est implantée dans le même quartier où habite Ousmane Sonko, c’est-à-dire ici à Sacré-Cœur Cité Keur Gorgui. A chaque fois qu’il y a des manifestations, les blessés sont évacués à la clinique la plus proche du domicile de ce leader de l’opposition qui se trouve être Suma-Assistance. Même au delà de l’évacuation par ambulance, les blessés viennent d’eux-mêmes, à Suma-Assistance. Et s’ils sont d’Ousmane Sonko, on appelle les responsables du Comité socio-médical de Pastef qui viennent aussitôt pour payer les frais médicaux, les radiographies, les médicaments etc. Et s’ils sont de Benno ou d’autres partis, on essaye d’appeler leurs parents ou leurs responsables politiques indiqués pour le paiement des soins médicaux. Parce que nous sommes une clinique privée » nous confie en substance cet employé de Suma Assistance.
A propos de l’admission du leader de Pastef au sein de la clinique Suma-Assistance, « Le Témoin » est en mesure de vous confirmer que c’est Ousmane Sonko , lui-même, qui a choisi de se faire évacuer à la dite clinique, proche de son domicile. Mieux, le leader de Pastef est venu avec son propre médecin, à savoir son spécialiste de confiance. Lequel supervisait donc son traitement en rapport avec ses collègues d’autres spécialités qui suivent Sonko. Eux seuls devaient le suivre, Suma s’étant contentée, en tant que résidence hospitalière, de fournir la chambre et la logistique.
En effet Suma-Assistance, comme toute clinique privée ayant un très bon plateau technique médical, reçoit chaque jour des médecins et médecins-chirurgiciens « extérieurs » ou partenaires qui y orientent et consultent leurs malades contre paiement à la structure. Cela, des centaines de gens qui y sont hospitalisés chaque année par leurs médecins traitants peuvent en témoigner. Dans ces cas, seuls ces derniers peuvent avoir accès à leurs malades. « Vous savez, il y a des médecins-spécialistes que les agents de santé de Suma-Assistance ne connaissent même pas! Ils y viennent uniquement sur rendez-vous médical avec leurs patients avant de repartir après opération ou consultation. Des fois, ils y hospitalisent leurs malades compte tenu du confort des chambres et de la qualité du plateau technique de la clinique » confie notre interlocuteur.
Connu pour son patriotisme, sa droiture, sa légalité et son humanisme, Dr Babacar Niang ne mérite assurément pas de subir un tel mauvais procès pour avoir rendu de bons et loyaux services à la santé publique. Il ne doit quand même pas être victime d’un délit de voisinage avec Ousmane Sonko !
«RIEN N’OBLIGE BABACAR NIANG A SE PRONONCER SUR LE CERTIFICAT MEDICAL DE SONKO»
La clinique «Suma Assistance», structure où a été interné le leader de Pastef, après les événements du 16 mars dernier, est dans la tourmente.
La clinique «Suma Assistance», structure où a été interné le leader de Pastef, après les événements du 16 mars dernier, est dans la tourmente. Les enquêteurs de la Sûreté urbaine de Dakar sont à la recherche des médecins ayant composé l’équipe médicale qui a traité Ousmane Sonko, rappelle Pressafrik. Seulement, les toubibs ont déclaré n’avoir pas eu accès au leader de Pastef, suite aux instructions du Dr Babacar Niang, patron de la structure sanitaire en question. Ce qui a conduit à l’arrestation de celui-ci et du Dr. Ousmane Cissé, médecin de la famille de l’opposant, par le commissaire Bara Sangharé et son équipe d’enquêteurs. Une arrestation décriée par Mamadou Maurice Ndour, secrétaire général du Syndicat autonome des médecins du Sénégal (SAMES) qui, au bout du fil avec PressAfrik, a signifié aux enquêteurs que rien n’oblige à un médecin de violer le secret médical.
«RIEN N’OBLIGE (...) A UN MEDECIN QUI QU’IL SOIT A SE PRONONCER SUR UN DOSSIER MEDICAL»
« Rien, absolument rien n’oblige dans cette étape de la procédure à un médecin qui qu’il soit de se prononcer sur un dossier médical. Au contraire, la loi l’oblige à se taire. Toutes les fois où le médecin va se lier du certificat médical, c’est dans des situations, des circonstances qui sont expressément prévues par la loi», a expliqué le SG du Sames. Et dans ce cas d’espèce, poursuit-il, «c’est au juge d’écrire de manière formelle une réquisition au médecin pour avoir l’avis du sachant». Tel n’est pas le cas pour cette affaire. Alors le problème qui se pose dans cette affaire d’arrestation de l’un des premiers urgentistes au Sénégal à savoir Dr. Babacar Niang, n’est autre que de «l’intimidation», à en croire le SAMES. «Ce qui pose vraiment problème déjà c’est de constater que le fait de consulter un citoyen sénégalais peut ouvrir à des interrogations, arrestations. L’autre état de fait est qu’il faut inscrire cette arrestation dans le cadre d’une série d’intimidation».
Pour preuve avance t-il «jeudi dernier, deux médecins sénégalais inscris régulièrement au tableau de l’ordre des médecins se sont vus refuser l’accès au domicile de leur patient, à savoir Ousmane Sonko par des forces de l’ordre. Alors il a fallu l’intervention de son avocat, de moi-même, secrétaire général pour que cette situation puisse être dépassée.» L’autre aspect à inscrire dans cette logique d’intimidation est que « depuis 48 heures des agents de la santé qui appartiennent à une structure où aurait séjourné un citoyen sénégalais sont en train d’être convoqués à la Sûreté urbaine et font des va-et-vient», se désole-t-il. Le Secrétaire général du syndicat des médecins très remonté de lâcher: «si maintenant prendre en charge un citoyen qui qu’il soit constitue un délit qu’il nous le dise.»
«LE SAMES DEFENDRA SA CORPORATION, QUOIQU’IL ARRIVERA»
Le Sames ne laissera pas cette «forfaiture» contre sa corporation prospérer, avertit le secrétaire général. «On restera sur nos fondamentaux. Et c’est de défendre les confrères et la corporation en tout lieu et en tout moment. Aujourd’hui un des nôtres est dans les liens de la détention. Ce sont ses avocats qui doivent accéder à lui et à son dossier. Ils nous diront les griefs retenus contre lui. Et en fonction de cela, nous allons nous positionner d’une manière ferme et d’une manière décisive.»
CHAQUE 3H, UN DECES ENREGISTRE
Au Sénégal, chaque trois (3) heures, une personne souffrant de tuberculose perd la vie. Selon le Programme national de lutte contre la tuberculose au Sénégal, en 2022, 14.688 cas de tuberculose ont été diagnostiqués dans le pays.
Au Sénégal, chaque trois (3) heures, une personne souffrant de tuberculose perd la vie. Selon le Programme national de lutte contre la tuberculose au Sénégal, en 2022, 14.688 cas de tuberculose ont été diagnostiqués dans le pays. Toutefois, un nombre de 420 décès (soit 3,4%) a été reporté parmi les malades traités en 2021, dans le pays.
Le Sénégal célèbre demain, vendredi 24 mars, la Journée mondiale de lutte contre la tuberculose dans la région de Saint-Louis, à Richard-Toll. En prélude à cette rencontre, la coordinatrice du Programme national de lutte contre la tuberculose au Sénégal, Dr Yacine Nar Diop, a fait face à la presse pour faire le point sur la maladie. Selon cette dernière, en 2022, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a estimé l’incidence à 113/100.000 personnes ; soit 19.463 nouveaux cas attendus. Toutefois, un nombre de 420 décès (soit 3,4%) a été rapporté parmi les malades traités en 2021 dans le pays. «Ces cas étaient notifiés, pour l’essentiel, dans les régions les plus peuplées dont six (6) qui regroupaient les 82%. Il s’agit de Dakar, Thiès, Diourbel, Kaolack, Ziguinchor et Saint-Louis. Le nombre de décès était estimé à 2980 dont 1 personne toutes les 3 heures», a renseigné Dr Yacine Diop.
Selon le Programme national de lutte contre la tuberculose (PNT), en2022, un total14.688 cas de tuberculose, toutes formes confondues, ont été diagnostiqués et mis sous traitement dans tout le pays, dont les 80% étaient des cas contagieux. Les cas incidents notifiés représentaient 14.053 sur 19.463 cas attendus ; soit un taux de notification de 72%, taux en progression par rapport aux 66% de 2021. La prévalence de la tuberculose (TB) chez les personnes vivant avec le VIH est de 3,5%. De l’avis de Dr Diop, «en dépit de ces résultats encourageants, une implication de tous les acteurs de la société est nécessaire pour vaincre la tuberculose».
DES AVANCEES SIGNIFICATIVES
De deux (2) régions couvertes par le GeneXpert, les acteurs de la réponse sont passés à une couverture presque nationale. Le GeneXpert est un outil qui permet de détecter le virus de la tuberculose dans le sang en moins de quelques heures et de renseigner si c’est une forme simple ou résistante. Aujourd’hui, selon Dr Yacine Diop, le succès thérapeutique est de 89,4% pour une cible fixée à 90% en 2035 par l’OMS. «Le plateau technique de diagnostic a été relevé avec la disponibilité de nouveaux outils de diagnostic rapide comme le GeneXpert, avec 53 appareils, qui permettent de détecter rapidement les cas présumés de tuberculose, aussi bien les formes sensibles que celles résistantes aux médicaments antituberculeux», a-t-elle fait savoir. Et de poursuivre : «en juillet 2021, le PNT a initié le test Xpert en première intention dans la région de Dakar ; ce qui a contribué certainement à l’augmentation du nombre de cas de TB dépistés. En sus de cela, l’unité mobile de radiographie numérique du programme sillonne le pays pour mener des vastes campagnes de dépistage actif de la TB, ciblant les groupes à risque et les populations clés. Le soutien aux malades assuré par l’Etat et ses partenaires, à travers l’appui nutritionnel, l’appui au transport et la gratuité du traitement et du dépistage bactériologique sont autant d’atouts qui contribuent à accélérer les performances du pays». Grâce à ces efforts du gouvernement, le Sénégal renouvelle, chaque année, sa détermination à éliminer la tuberculose, d’ici 2030.
SITUATION DE LA TUBERCULOSE DANS LE MONDE
La Tuberculose (TB) est une maladie transmissible qui figure parmi les grandes causes de mauvaise santé. Elle constitue, selon l’OMS, une des premières causes de décès dans le monde, la première cause de décès imputable à un agent infectieux unique, devant le VIH/Sida, avant la COVID-19, avec un total de 1,3 millions de décès dont 1 personne/20 secondes, était attendu en 2022. Les principaux déterminants de la tuberculose sont la pauvreté, la dénutrition (ou malnutrition), l’infection à VIH, la consommation de tabac et le diabète.
Selon la coordinatrice du PNT, l’OMS a indiqué, dans son rapport de 2022, que 10,6 millions de personnes à savoir 1 personne infectée/3 secondes, ont contracté la tuberculose en 2021 ; soit une augmentation de 4,5% par rapport à 2020. Une proportion de 7,7% des cas de TB a été notifiée chez des personnes vivant avec le VIH. Un total cumulé de 167.164 cas de TB pharmaco résistante dont 142.070 cas de TBMR et 25.094 cas de TB pré-UR ont été détectés. Toutefois, 2/3 des cas attendus de TB pharmaco-résistante ne sont pas encore notifiés. Par ailleurs, un tiers des cas incidents n’a pas été retrouvé, constituant des facteurs de transmission et de décès non maitrisés dus à la maladie.
RETOUR INQUIETANT DE LA GRIPPE AVIAIRE
Ces derniers jours, trois foyers de grippe aviaire concernant pour le moment la faune sauvage notamment dans la Langue de Barbarie, au Lac Rose et dans l’île de Yoff sont notés dans notre pays.
Etienne NDIAYE (Correspondant permanent à Mbour) |
Publication 22/03/2023
Ces derniers jours, trois foyers de grippe aviaire concernant pour le moment la faune sauvage notamment dans la Langue de Barbarie, au Lac Rose et dans l’île de Yoff sont notés dans notre pays. La réapparition de la grippe aviaire au Sénégal est une réalité dont a fait état le secrétaire général du ministère de l’Elevage et des productions animales. Ousmane Mbaye intervenait hier (mardi) à Saly lors d’une rencontre regroupant la FAO, l’Etat du Sénégal et le secteur privé afin d’élaborer un plaidoyer pour le financement de la lutte contre les maladies zoonotiques priorisées et la résistance aux antimicrobiens et à valider l’étude sur la cartographie des fermes avicoles des régions de Thiès et Dakar.
La grippe aviaire qui est une pathologie qui affecte le secteur avicole a refait surface au Sénégal. Cependant elle ne se limite pas pour l’instant qu’au secteur sauvage. Toutefois, l’Etat du Sénégal se prépare pour une riposte plus adéquate afin qu’elle n’atteigne pas le secteur avicole.
Ousmane Mbaye, secrétaire général du ministère de l’élevage et des productions animales est formel. « Pour la grippe aviaire, nous avons eu des cas à gérer ces dernières années, ce qui nous pousse à développer toute une approche en termes d’intervention. Ces derniers jours nous avons noté trois foyers qui concernent pour le moment la faune sauvage notamment au niveau de Saint Louis à la Langue de Barbarie, au lac Rose et au niveau de l’île de Yoff » a laissé entendre le Secrétaire Général du Ministère.
Néanmoins, soutient-il, l’espoir est permis car déjà dans le passé le Sénégal a connu cette maladie et l’expérience peut les aider à limiter les dégâts ou de mieux gérer la situation. Pour en convaincre, il a souligné que les décisions prises lors des dernières années leur ont beaucoup aidé à asseoir un dispositif qui est en train de prendre urgemment l’alerte de prélèvement des analyses des laboratoires qui sont impliqués.
Etant donné que cette filière n’est pas gérée par le secteur public, l’implication des privés est devenue une nécessité pour mieux combattre la maladie au cas où elle aura atteint la filière, a indiqué Ousmane Mbaye. Toutefois, insiste-il, la prévention reste la meilleure solution.
Selon M. Mbaye, il a été noté lors des récentes crises sanitaires notamment sur les foyers de grippe aviaire de haute pathogénicité, la fièvre de la vallée du Rift, entre autres, relativement une faible contribution du secteur privé dans la mobilisation des ressources pour la gestion de ces urgences. C’est pourquoi, il a affirmé qu’il urge d’inverser la tendance.
Cet atelier de Saly de quatre jours ambitionne ainsi de faire le plaidoyer nécessaire pour un meilleur engagement du secteur privé dans la gestion de la crise liée aux maladies zoonotiques priorisées et la résistance aux antimicrobiens et à valider l’étude sur la cartographie des fermes avicoles des régions de Thiès et Dakar.
Cet atelier de plaidoyer pour un meilleur engagement du secteur privé dans la gestion des crises liées aux maladies zoonotiques, à la Résistance aux antimicrobiens (RAM) et de validation de l’étude sur la cartographie des fermes avicoles et l’utilisation des antimicrobiens dans les régions de Thiès et Dakar, a été une tribune pour Gouantoueu Robert Gueï, Coordonnateur Sous-régional pour l’Afrique de l’Ouest et Représentant de la FAO au Sénégal pour affirmer que la mobilisation des ressources est importante et que son organisation est prête à accompagner le Sénégal. A titre d’illustration, il souligne l’appui apporté par la FAO à travers le Projet « Soutien au Programme de sécurité sanitaire mondiale (GHS) pour la lutte contre les zoonoses et le renforcement de la santé animale en Afrique » financé par l’Agence des Etats-Unis pour le développement international (USAID) aux Services vétérinaires dans la mise en œuvre des activités de préparation et de réponse à l’influenza aviaire de haute pathogénicité à travers plusieurs initiatives.
Naturellement, le secteur privé qui développe l’activité avicole a été représenté dans cet atelier de plaidoyer. Ainsi, Amadou Makhtar Mbodj, représentant de l’interprofession avicole du Sénégal (IPAS), a fait savoir que la préoccupation des acteurs reste l’indemnisation. « Nous le savons, la grippe aviaire est donc réapparue. Quand les acteurs ont des problèmes il faut en informer les autorités et travailler sur l’indemnisation des fonds » a déclaré M. Mbodj.
La filière avicole dans notre pays est considérée comme l’un des principaux moteurs de la croissance du secteur de l’élevage, car elle fournit 44% des viandes consommées dans le pays. Sa contribution significative dans le secteur de l’élevage mérite sans doute un meilleur accompagnement notamment dans son financement comme quand il s’agit de s’investir contre les épidémies à l’image de la grippe qui sont susceptibles de ralentir son essor.
LE FRONT SOCIAL EN SURCHAUFFE
Le front social est en ébullition depuis maintenant plusieurs jours. La santé, tout comme l’éducation, connaissent des tensions avec des grèves annoncées ou en cours des syndicats des différents secteurs.
Le front social est en ébullition depuis maintenant plusieurs jours. La santé, tout comme l’éducation, connaissent des tensions avec des grèves annoncées ou en cours des syndicats des différents secteurs. Cependant, il faut noter que la source des mouvements d’humeur diffère d’un front à un autre. Si les acteurs de la santé manifestent pour de meilleures conditions de travail et de vie, ceux de l’éducation mènent le combat pour la libération des enseignants arrêtés ces derniers jours, lors des manifestations politiques.
L a Fédération des syndicats de la santé (F2S) a démarré depuis hier, mardi 21 mars 2023, pour 48h, une grève générale sur toute l’étendue du territoire national. Un nouveau plan d’actions qui fait suite au dépôt de préavis de grève du 17 février 2023. Une situation qui a paralysé le système sanitaire surtout au niveau des sphères secondaires comme les centres de santé, les districts. Le mot d’ordre de grève a eu aussi un impact au sein de l’hôpital Général Idrissa Pouye de Grand Yoff où les dirigeants de cette fédération travaillent, ainsi qu’à l’hôpital de Fann. Les membres appartenant à cette entité ont tout simplement respecté le mot d’ordre dont la finalité est d’obtenir une (meilleure) amélioration de leur condition de travail mais aussi de vie.
Selon leur porte-parole, Cheikh Seck, la F2S avait suspendu toute action de grève depuis le mois de novembre, pour que monsieur le Premier ministre nouvellement installé puisse s’imprégner des dossiers et convoquer les ministères concernés par la plateforme revendicative, comme l’avait fait son prédécesseur, l’ancien Premier ministre Mahammed Boun Abdallah Dione. «Mais, force est de constater que le seul vœu de ce gouvernement, c’est la confrontation et non le dialogue. La F2S n’a donc d’autres choix que de faire face», a-t-il fait savoir. Et de poursuivre : «nous ne comptons pas, cette fois-ci, leur donner de répit, jusqu’à la satisfaction totale de nos revendications».
Avec ce nouveau plan d’actions, les camarades de Cheikh Seck renouent avec la grève, comme l’ont fait ceux de Mballo Dia Thiam de l’alliance And Gueussem dont les préoccupations demeurent les mêmes. Aujourd’hui, seuls l’alignement, la généralisation et l’inscription dans les bulletins de salaire des travailleurs des établissements publics de santé ou hôpitaux et des collectivités territoriales intéressent ces syndicalistes qui ont décidé de passer à la rétention de toutes les informations sanitaires, au boycott de toutes les activités de supervision venant du district ou du niveau central, au boycott de toutes formations ou activités exploitant ou recueillant des données sanitaires.
L’on se rappelle, tout récemment, les camarades de Mballo Dia Thiam, dans leur démarche pour se faire entendre, avaient retourné tout le dispositif de vaccination. Aujourd’hui, cette même situation s’installe, sous le silence du gouvernement et de la tutelle, causée par des promesses non «tenues» lors des dernières négociations entre l’Etat du Sénégal et les syndicats de la santé. Ils sont nombreux ceux et celles qui sont exclus de ces protocoles et qui demandent tout simplement leur intégration, car figurant dans les profils retenus pour les bénéficiaires. Comme dans le secteur de l’éducation, l’Etat doit s’y atteler afin de régler des dysfonctionnements, pour une stabilité du secteur de la santé.
L’ECOLE, LETEMPLE DE LA TERREUR
Justement le secteur de l’éducation n’est pas épargné par cette turbulence dans le front social. Des professeures membres du Cusems/A de Dame Mbodj ont décidé de ne pas donner cours. Après un débraillage, avant-hier lundi, ils ont observé une grève totale hier mardi. Une manière de protester contre les arrestations de leurs camarades et la supposée tentative d’assassinat de leur leader suite à ses positions sur le procès de l’affaire Prodac opposant Mame Mbaye Niang à Ousmane Sonko. Dame Mbodji, connue comme un souteneur du leader du Pastef Sonko, a déclenché le mot d’ordre. Au même moment, leurs collègues du Cusems de Abdoulaye Ndoye, qui ont débraillé hier mardi, sont en grève totale ce mercredi.
Aussi, ce qu’on a constaté sur le terrain, ce sont les apprenants qui ont porté le combat. Des élèves sont en grève, délogeant leurs camarades des collèges privés. Au niveau de Ouagou Niayes, au CEM Samba Guèye, les élèves sont allés jusqu’à demander la «démission du Chef de l’Etat». Un risque de politiser l’école et l’éducation, avec des incitations à la violence. De plus en plus, les grèves dans le secteur de l’éducation ne découlent plus de revendications pour de meilleures conditions de travail, comme la disponibilité de matériels didactiques, l’éradication des abris provisions ou encore les avancements, les problèmes d’ordre pécuniaires, mais plutôt pour des soutiens à des enseignants le plus souvent violentés ou arrêtés, non dans l’exercice de leurs fonctions. Les acteurs de l’éducation doivent faire face à ces situations, faire leur auto-évaluation pour protéger les apprenants qui versent dans le vandalisme.
TEXTE COLLECTIF
MACKY INTERPELLÉ
Violation des droits et instrumentalisation de la Justice – Des intellos montent au créneau, Fatou Sow, Cornel West, Boubacar Barry, Anthony Appiah, Boris Diop, Sophie Bessis, Boukari-Yabara, Abdoulaye Kane, Aminata Traoré, Mamadou Diouf, Lamine Sagna…
Nous assistons au Sénégal à une continuelle escalade répressive qui préfigure de lendemains incertains. Il est de la responsabilité des intellectuels et de tous les citoyennes et citoyens de bonne volonté, vigies naturelles des libertés en péril, de prendre la défense des valeurs fondamentales dans un État de droit que sont : la liberté d'expression et de circulation, la liberté de manifester pacifiquement et de se rassembler, la liberté de proclamer son adhésion ou son opposition à des actes de gouvernance politique et sociale.
Sous ce rapport, nous constatons une violation flagrante, répétée et disproportionnée des droits des citoyens mais aussi la perpétuation d’un effort constant d’instrumentalisation politique du système judiciaire par l’administration du président Macky Sall.
Par-delà nos divergences et nos différences idéologiques, politiques ou culturelles, nous signataires de tous les pays, condamnons, fermement, les restrictions apportées à la liberté de mouvement des citoyens et à la continuelle instrumentalisation de la Justice au Sénégal.
Une menace réelle pèse sur la stabilité et la paix sociale du pays. Il est temps de revenir à la raison.
Il est inacceptable :
- que les droits fondamentaux des citoyens soient bafoués sans suite,
- que la démocratie et l’exercice des libertés d’expression et de circulation soient confisqués,
- que les droits constitutionnels dans l’espace politique ne soient pas respectés
- que la Justice soit instrumentalisée à souhait à des fins politiciennes.
Nous signataires, de cette présente déclaration, appelons le chef de l’État sénégalais à prendre des mesures immédiates pour ramener le calme, assurer la paix sociale et s’éloigner de toutes les remises en cause de l’indépendance du pouvoir judiciaire.
RETURN TO REASON
“We note a flagrant, repeated, and disproportionate violation of the rights of citizens. We also see the perpetuation of a constant effort of political instrumentalization of the Judicial system by the administration of President Macky Sall” – Some intellectuals are stepping up: Fatou Sow, Cornel West, Boubacar Barry, Kwame Anthony Appiah, Boubacar Boris Diop, Sophie Bessis, Amzat Boukari-Yabara, Abdoulaye Élimane Kane, Aminata Dramane Traoré, Mamadou Diouf, Mahamadou Lamine Sagna…
We are witnessing, in Senegal, a continuous repressive escalation that foreshadows an uncertain future. It is the responsibility of intellectuals and of all citizens of good will, who are natural lookouts of endangered freedoms, to take up the defense of the fundamental values in a State governed by the rule of law. These rules are freedom of expression and movement, freedom to demonstrate peacefully and to assemble, the freedom to proclaim one's support for, or opposition to, acts of political and social governance.
In this respect, we note a flagrant, repeated, and disproportionate violation of the rights of citizens. We also see the perpetuation of a constant effort of political instrumentalization of the Judicial system by the administration of President Macky Sall.
Beyond our ideological, political, or cultural differences, we signatories from all countries strongly condemn the restrictions placed on the freedom of movement of citizens and the continuous instrumentalization of Justice in Senegal.
A real threat weighs on the stability and social peace of the country. It's time to return to reason.
It is unacceptable:
- that the fundamental rights of citizens are flouted without recourse,
- that democracy and the exercise of freedom of expression and movement be stripped away,
- that constitutional rights in the political space are not respected
- that the Judiciary be exploited at will for political purposes.
We, the signatories of this declaration, call on the Senegalese Head of State to take immediate measures to restore calm, ensure social peace, and move away from all challenges to the independence of the judiciary.
Below is the list of the first 104 signatories in alphabetical order. You can sign this petition adding your name and affiliation in the comments window.
Ci-dessous, la liste des 104 premiers signataires par ordre alphabétique. Vous pouvez signer cette pétition, en rajoutant votre nom et votre affiliation dans la fenêtre des commentaires.
Kwame Anthony Appiah, philosophe, écrivain professeur à NYU, New York
Félix Atchadé, médecin, Paris
Hawa Ba, sociologue et journaliste, Dakar
Leona Ba, enseignante Dpt des Relations internationales, Georgetown University, Washington
Mamadou Ba, universitaire, professeur de littérature, Dakar
Maty Ndiaye Sy, coach en développement organisationnel, Institut des études avancées, Saint-Louis
Mamadou Ndoye, expert en Éducation, ancien ministre de l’Alphabétisation, Dakar
Moussa Ngom, journaliste, coordonnateur de la Maison des Reporters, Dakar
Walner Osna, sociologue, University of Ottawa
Marie Louise Eteki-Otabela, écrivaine, essayiste et politologue, Cameroun
Bah Ould Saleck, journaliste, éditeur de presse, Mauritanie
Adam Ouologuem, journaliste, directrice Africa Society, Washington
Gwénola Possémé-Rageau, journaliste, experte en développement international, Paris
Ada Pouye, expert en développement international et urgence humanitaire
Arthur Powel, chercheur, professeur Rutgers University, New Jersey
Tabia Pricewill, journaliste, Lagos
Mahamadou Lamine Sagna, sociologue, universitaire, Worcester Polytechnic Institute, Massachusetts
Alain Sain-Victor, historien et enseignant, Montréal
Moussa Samb, professeur agrégé de droit, expert médiateur, Dakar
Paap Seen, journaliste, Dakar
Lamine Sène, linguiste, expert en transport maritime et assurances
Marilyn Sephocle, professeur de langues à Howard University, Washington
Mame Lika Sidibé, archiviste, journaliste, experte paix et sécurité, Dakar
Carolyn Somerville, professeur sciences politiques, Hunter College, New York
Fatou Sow, sociologue, CNRS, Dakar
Pape Touti Sow, consultant en politique et gestion d’entreprises
Tidiane Sow, mathématicien et coach en communication politique
Mamadou Jean-Charles Tall, architecte, Dakar
Pierre Thiam, chef et expert en gastronomie, auteur et chef d'entreprises, New York
Alvin Thompson, styliste, couturier, designer, Washington
Mahamet Timera, sociologue, Paris
Alioune Tine, administrateur d’Africajom, ancien directeur régional Amnesty International
Diala Touré, historienne de l'Art, Baltimore
Aminata DramaneTraoré, écrivaine, ancienne ministre de la Culture du Mali
Patrice Vermeren, philosophe, professeur émérite, Université de Paris 8
Almamy Mamadou Wane, écrivain, essayiste et poète, Paris
Mamadou Mao Wane, sociologue, expert des questions de protection de l’enfant
Cornel West, philosophe, écrivain, professeur d’universités, New York
Amadou Tidiane Wone, écrivain, ancien ministre de la Culture
NDLR :
- Ce jeudi 23 mars 2023, le lauréat du prix Nobel de littérature en 1986, premier auteur noir à en être honoré, le Nigérian Wole Soyinka a confirmé son souhait de signer cette déclaration. Étant en voyage, il n’avait pas reçu la demande de signature à temps et ce n’est qu’aujourd’hui qu’il a pu la lire et a immédiatement demandé à être rajouté parmi les signataires de cette tribune. Lire plus ici.
- Ce dimanche 26 mars 2023, l'écrivain kenyan, Ngũgĩ wa Thiong'o, l'un des intellectuels les plus célébrés sur le continent africain et dans le monde a demandé à être rajouté parmi les signataires de cette tribune. Ecrivain de langue kikuyu et anglaise, membre de l'Académie américaine des arts et des sciences aux Etats-Unis, Ngũgĩ wa Thiong'o est actuellement professeur et directeur de l'International Center for Writing et Translation à l'Université de Californie à Irvine. Lire plus ici.
- Ce mercredi 5 avril 2023, le grand penseur Noam Chomsky vient d’exprimer son désir de signer cette tribune. Ce geste met clairement en lumière l’universalité de l’appel à la raison pour le respect des droits et de la dignité humaine, y compris celle de toutes les Sénégalaises et de tous les Sénégalais, au moment où le pays bat des records historiques d’emprisonnement politique. Lire plus ici.
LA REPONSE POUR L’ELIMINATION DU VIH SE FERA AVEC LES FEMMES
En ce mois de mars, nous avons donné la parole à la Secrétaire exécutive du Conseil national de lutte contre le Sida (Cnls), Dr Safiatou Thiam, qui fait le point sur la situation du Vih, chez les femmes. ENTRETIEN
En ce mois de mars, nous avons donné la parole à la Secrétaire exécutive du Conseil national de lutte contre le Sida (Cnls), Dr Safiatou Thiam, qui fait le point sur la situation du Vih, chez les femmes. Dans cet entretien, elle reconnait que les femmes sont plus vulnérables à cette maladie avec un taux de prévalence de 0,4%. Cependant, Mme Thiam est convaincue que l’élimination du Vih au Sénégal et dans le monde passera par les femmes puisqu’étant plus engagées dans la lutte.
Est-ce que vous pouvez nous faire la situation du Vih au Sénégal en particulier chez les femmes ?
De manière générale, le taux de prévalence du Sida est faible au Sénégal. Je peux même dire que le Sida est en déclin dans notre pays. Si nous regardons en termes de prévalence, le taux est faible. Elle est de 0,3 % dans la population générale. Chez les femmes, cette prévalence est de 0,4 %. Ce taux est lié à plusieurs facteurs : les femmes sont naturellement plus vulnérables au Vih. Cette vulnérabilité s’explique par la nature anatomique des femmes mais aussi le Vih, comme les autres infections sexuellement transmissibles (Ist), sont fortement liés aux comportements dus aux problèmes économiques et sociaux. Les femmes ont moins de pouvoir économique. Elles sont aussi moins éduquées. Le manque d’éducation expose à des risques des maladies de manière générale et du Sida et des Ist en particulier. Tous ces facteurs font que les femmes sont plus exposées au Vih/Sida. A cela s’ajoute le manque d’autorité parce qu’une femme va négocier difficilement le préservatif avec son partenaire. Ce sont ces facteurs qui exposent la femme et expliquent en partie que les femmes soient plus vulnérables aux Ist et au Vih.
Des femmes vivant avec le Vih-Sida sont en général sous Arv, mais est-ce qu’elles ont accès à d’autres soins liés à cette maladie ?
Ce qui est positif, chez les femmes, c’est qu’elles utilisent plus les services de santé que les hommes. Cela s’est confirmé dans la prise en charge ou la prévention du Vih parce que nous dépistons plus de femmes. Peut-être, c’est à cause de cela qu’il y a plus de femmes vivant avec le Vih que d’hommes. En plus, nous faisons beaucoup de dépistages à travers les consultations prénatales. Les femmes fréquentent plus des structures de santé que les hommes. Dans nos cohortes de patients, nous avons plus de femmes. Mais aussi bien pour les hommes que les enfants, les médicaments sont gratuits au Sénégal. Toutes les personnes dépistées positives au Vih, au Sénégal, sont mises automatiquement aux Arv. Je veux poser mon doigt sur ce qui est positif chez les femmes. Elles vont plus dans les structures de santé pour se soigner que les hommes.
Après cette description, vous pensez que la réponse à l’élimination du Vih, pourrait venir des femmes ?
Le Vih/Sida s’est féminisé au Sénégal. Cependant, nous avons remarqué que les femmes sont plus engagées dans la lutte contre cette maladie. Elles sont dans la mobilisation communautaire et le leadership. Dans la lutte contre le Sida, les femmes jouent un rôle clé. Je pense que la solution, pour mettre fin à cette pandémie viendra des femmes. D’ailleurs, l’élimination de la transmission de la mère à l’enfant ne peut se faire qu’avec les femmes. Ce sont elles qui viennent en consultation prénatale et qui acceptent de se faire dépister et se soigner pour sauver ou protéger leurs enfants. Les femmes sont au cœur des trois stratégies de lutte contre le Sida. Elles sont facilement mobilisables. Elles sont engagées pour les questions sociales et surtout de santé. Donc, la réponse pour l’élimination du Vih se fera avec les femmes.
Est-ce qu’avec cet engagement, il y a encore des femmes vivant avec le Vih/Sida qui se cachent à cause de la stigmatisation ?
En faites les Sénégalais se cachent. Nous n’avons pas 10 Sénégalais aujourd’hui qui osent se mettre devant les caméras d’une télévision pour dire qu’ils ont le Vih sur plus de 30 000 personnes vivant avec cette maladie. Les femmes comme les hommes se cachent. Ils vont continuer à se cacher parce que la prévalence est faible. Au Sénégal, on ne voit pas beaucoup de personnes vivant avec le Vih/Sida. Ce qui fait que certaines personnes ont toujours cette idée de vous dire ‘’montrez-moi quelqu’un qui vit avec le Vih/Sida’’. En plus, les Pvvih vivent une stigmatisation et une discrimination dans les familles qui font qu’ils préfèrent se taire. Malheureusement, cela pose un problème parce que les femmes vivant avec le Vih n’osent pas révéler à leurs partenaires qu’elles vivent avec le Sida car elles ont peur d’être stigmatisée ou rejetées. Une femme nous raconte qu’après avoir a été testée positif au Vih, elle a informé sa mère. Depuis ce jour-là, cette dernière ne lui adresse pas la parole. Elle ne mange plus ensemble autour d’un même bol avec les autres membres de la famille. Elle avait tellement mal qu’elle est allée au niveau de l’association des femmes vivant avec le Vih où elle a exposé son problème. Les femmes ont trouvé une solution en fabriquant un bulletin négatif et en retournant voir la mère pour lui dire que le laboratoire s’était trompé et que sa fille n’a pas le Vih. C’est ainsi qu’elle a pu intégrer de nouveau la famille. Elle se soigne normalement. Avec le traitement, elle l’accepte en pensant qu’elle n’a pas le Sida. Au Sénégal, la stigmatisation est un frein à la lutte contre le Sida. Si nous avons plus de femmes vivant avec le Vih qui osent se montrer à la télévision en faisant savoir à l’opinion qu’elles vivent positivement avec le Sida, cela nous aidera à avancer dans ce noble combat.
Est-ce que le Conseil national de lutte contre le Sida aide les femmes vivant avec le Vih avoir ce courage de dire aux Sénégalais qu’elles ont le Sida ?
Nous encadrons ces femmes en leur expliquant qu’elles peuvent vivre avec le Vih/ pendant de nombreuses années. En plus, quand elles prennent des traitements correctement, elles ne transmettent plus la maladie. Nous avons fait une campagne ‘’U égale U’’ (Ndlr : Indétectable égal intransmissible) dans ce sens. Mais nous ne pouvons pas forcer une personne à aller devant les caméras d’une télévision pour dire qu’elle a le Vih. Par contre, mon plaidoyer est que tant que l’on continue à cacher le Vih, nous n’allons pas éliminer cette maladie. Il faut que les personnes atteintes de Sida osent dire, comme les insuffisants rénaux, les diabétiques, les personnes souffrant de maladies cardiovasculaires, entre autres, qu’elles vivent avec le Sida. Il faut que nous arrivons à cela. Les personnes vivant avec le Vih le savent mais la stigmatisation fait qu’au Sénégal, les gens sont obligés de se cacher avec la maladie.
Est-ce que les Pvvih ont compris ce message qui qualifie le Sida de maladie chronique et qu’en suivant le traitement, elles peuvent, pendant plus de 20 ans, vivre avec cette maladie ?
Toutes les personnes vivant avec le Vih/Sida qui sont dans nos programmes le savent. Au début, le Sida faisait peur parce qu’il n’y avait pas de traitement. Par conséquent, il y avait eu beaucoup de morts. La communication au début était de dire aux populations faites attention parce que le Sida est une maladie grave. C’était la vérité à l’époque. Mais aujourd’hui, nous avons des traitements. Mieux, cette maladie ne tue plus. Malheureusement, les gens ont toujours peur du Sida. Mais les patients savent qu’ils peuvent longtemps vivre avec cette maladie. Nous avons, aujourd’hui, des personnes âgées qui vivent avec les Vih parce qu’elles ont été contaminées depuis plus de 20 ans. Les premiers traitements au Sénégal ont commencé en 1998. Certains de nos patients sont sous traitement depuis 2000. Mais nous avons perdu des malades qui sont morts d’autre chose. Une Pvvih peut mourir du paludisme, de la tuberculose, de la Covid-19, de l’accident de la circulation entre autres. Mais en prenant le traitement correctement, une Pvvih, peut, comme toute autre personne, avoir des projets de vie puisque n’étant plus condamné à la mort. Toujours est-il que nous devons continuer à travailler pour rendre le Vih/Sida plus visible et lui donner un visage humain.
Qu’est-ce qu’est devenu le préservatif féminin ?
Le préservatif féminin est toujours là. Il a moins de succès que le préservatif masculin. Mais il reste important parce qu’étant un moyen de prévention contre les Infections sexuellement transmissibles (Ist) et le Vih. Les femmes travailleuses de sexes l’utilisent souvent. Dans des contrées où il y a des situations des violences des femmes mettent ces préservatifs. Nous étions au courant qu’il y a des femmes, même pour aller chercher du bois dans brousse et de l’eau, mettent des préservatifs féminins au cas où elles seront abusées. Le préservatif féminin ne peut pas remplacer celui masculin. Il est là seulement pour compléter le dispositif de moyens de prévention et donner aux femmes un moyen de protection.
Vous n’avez pas une histoire de femmes qui ont été divorcées après avoir contractées le Vih ?
Il y a pleines d’histoires. Si vous rencontrez les femmes vivant avec le Vih, elles vous racontent leur vécu. En tant que médecins, nous sommes témoins de quelques histoires. Par exemple, il y avait un homme que nous avons diagnostiqué positif au Vih, non seulement, il n’a pas informé son épouse mais il a continué à épouser d’autres femmes. Il y a aussi des femmes séropositives qui n’ont pas dévoilé leur statut à leurs maris par peur de divorcer. Cependant, nous avons des cas exceptionnels où une femme a informé son mari de son statut. Elle a fait des démarches avec son mari. Ce dernier était venu me rencontrer pour me demander des informations. J’ai répondu à ses questions en lui faisant savoir que sa femme est sous-traitement et ne pourra pas le contaminer. J’ai appris que tous les trois mois, la femme accompagne son mari pour aller faire le dépistage. Le mari est jusque-là négatif et ils vivent heureux.
Qu’est-ce qui explique, aujourd’hui, la présence massive des femmes dans les programmes et institutions de lutte contre le Sida ?
Nous avons effectivement remarqué une forte présence des femmes dans les instances de lutte contre le Sida et des maladies infectieuses de manière générale. Le Sida est une maladie sociale qui touche les couches vulnérables. C’est une maladie difficile à gérer et qui touche toutes les parties de la médecine. Le Sida en plus d’être une maladie difficile à gérer, ne rapporte pas de l’argent par exemple à un médecin privé. Partout dans le monde, nous avons remarqué que les femmes, sur le plan technique, aiment bien s’investir dans la lutte contre le Sida. Au Sénégal, le leadership des femmes dans la lutte contre le Sida n’est plus à démontrer. Il y a de nombreuses institutions comme le Cnls, qui sont dirigées par des femmes. Les femmes sont engagées dans les questions sociales qui touchent les personnes vulnérables. Ce qui me fait dire que la réponse du Vih/Sida passera par l’engagement des femmes. Elles auront un grand rôle à jouer dans l’élimination du Vih.
CES MAUX DE LA MEDECINE PHYSIQUE ET DE READAPTATION FONCTIONNELLE
Déficit en ressources humaines, plateau technique défaillant, manque de structures adéquates pour la prise en charge, Le centre national d’appareillage orthopédique (Cnao) souffre.
Le centre national d’appareillage orthopédique (Cnao) a organisé hier un symposium pour réfléchir sur la problématique de la médecine physique et de réadaptation fonctionnelle. au terme de la réflexion, il a été constaté que ces deux spécialités souffrent de maux qui ont pour noms déficit de ressources humaines, plateau technique défaillant et manque de structures adéquates pour la prise en charge.
Jadis spécialisé dans l’appareillage des blessés de guerre, le Centre National d’Appareillage Orthopédique (Cnao) est devenu au fil du temps un service de médecine physique et de réadaptation. Ce service prend en charge les personnes atteintes d’un handicap ou d’une incapacité physique suite à une maladie ou à un accident afin de réduire au minimum les conséquences de ce déficit sur leur vie quotidienne. Malheureusement, ce service est confronté à quelques problèmes comme le déficit de ressources humaines, un plateau technique défaillant.
Selon la directrice générale des établissements de santé, Dr Fatou Mbaye Sylla, le secteur de la réadaptation de la médecine physique a besoin d’être accompagné. «Nous avons identifié des gaps qui sont extrêmement importants sur les ressources humaines, le plateau technique, les structures qui offrent ces soins. Il y a un gap qu’il va falloir rattraper à tout point de vue. Pour cela, il faut retrousser le Cnao», indique Dr Sylla qui souligne que les accidents sur la voie publique sont devenus de plus en plus importants et constituent les premières causes de morbidité et de mortalité. «Quand on parle d’accident, c’est amputation, prothèse et rééducation».
En dehors des accidents sur la voie publique, la médecine physique s’occupe également des pathologies cardiaques et des maladies chroniques comme le diabète. «Toutes ces maladies ont besoin d’un accompagnement pour une rééducation fonctionnelle. Quand on identifie ces besoins et l’offre existant sur le territoire national, c’est sans commune mesure», souligne Dr Fatou Mbaye Sylla. Elle estime que dans les régions, les centres régionaux croulent sous le poids de l’âge. «Au-delà de l’infrastructure, nous avons aussi les ressources humaines. Que ça soit les médecins, les rééducateurs, les paramédicaux, tout cela est dans un panier et il faut qu’on agisse», renseigne-telle.
DEFICIT DE KINESITHERAPEUTES ET DE READAPTATEURS CARDIAQUES AU SENEGAL
Evidemment, tous ces paramètres seront pris en compte grâce au plan que le Cnao va présenter. «Le Cnao doit être un centre de référence national qui répond aux normes. Par rapport aux ressources humaines, il faut que toutes les spécialités soient disponibles sur le plan technologique ainsi que tout ce qui est équipement. Il faut que le ministère puisse faciliter l’accessibilité financière aux populations. En effet, il ne sert à rien d’avoir une structure de qualité qui n’est pas accessible », indique la directrice générale des établissements de santé. Et d’ajouter : «Nous allons travailler avec les universités, parce qu’on ne peut pas avoir 4 Ufr plus l’université Cheikh Anta Diop et avoir des problèmes dans la disponibilité des ressources humaines. Donc, on fera en sorte que dans 1 à 2 ans, on puisse avoir une structure de référence. Il nous faut un délai assez court dans la formation des paramédicaux pour aller vers la formation de spécialité des médecins qui sont dans la réadaptation fonctionnelle». Pour sa part, le directeur du Cnao, Djibril Bèye, a fait un plaidoyer pour former davantage de kinésithérapeutes. «Il y a un seul kinésithérapeute dans la région de Ziguinchor qui prend en charge toute la population. Sédhiou n’a pas de kinésithérapeute», révèle-t-elle.
Réadaptateur cardiaque au Cnao, Pr Fatou Aw Lèye considère que la prévalence importante et grandissante des affections cardiovasculaires exige la création d’un centre national qui permettra d'augmenter le nombre de patients pris en charge en réadaptation cardiaque. «Il n’y a que 19 médecins réadaptateurs cardiaques sénégalais, c’est très insuffisant», tranche-t-elle.
DES INTERDICTIONS SANS EFFET
Le Sénégal s’est doté d’une loi antitabac afin d’amoindrir les risques de santé publique.
La loi sur le tabac a été adoptée, le 14 mars 2014, par l’Assemblée nationale du Sénégal et elle est entrée en vigueur en juillet 2016. La loi interdit désormais de fumer dans les lieux publics, la vente de tabac aux mineurs tout comme la commercialisation de cigarettes à moins de 200 mètres d’une école ou d’un hôpital ainsi que la publicité ou encore le sponsoring. Cependant, plus de 6 ans après l’entrée en vigueur de cette loi, plusieurs mesures restent encore non exécutées.
Le Sénégal s’est doté d’une loi antitabac afin d’amoindrir les risques de santé publique. Un progrès qui constituait une victoire pour les acteurs de la lutte contre le tabac. Votée à l’Assemblée nationale, le 14 mars 2014, cette loi est entrée en vigueur deux ans après, soit en juillet 2016. Une loi qui régule la fabrication, le conditionnement, l’étiquetage, la vente et l’usage du tabac.
Seulement, plus de 6 ans après l’effectivité de cette législation sur le tabac, nombre d’acteurs restent toujours sur leur fin quant à la traduction en acte de certaines dispositions de la loi. En effet, si le gouvernement est parvenu à interdire la publicité du tabac dans les médias ou la promotion par sponsoring, à imposer des photos (dissuasives) sur le paquetage, à faire reculer les consommateurs, il peine toujours à imposer son diktat dans les lieux publics. Des usagers continuent de fumer au vu et au su de tout le monde dans ces espaces recevant du monde, sans en être inquiétés. En plus des lieux publics, les bureaux, des restaurants, des hôtels, etc. où des espaces fumeurs devraient être aménagés, continuent à faire fi de ses interdictions.
RETOUR PRESQUE… A LA SITUATION D’AVANT LA LOI, PLUS DE 6 ANS APRES SON EFFECTIVITE
C’est le même constat pour la vente de la cigarette dans les boutiques. Les enfants interdit d’aller en acheter, sont toujours envoyés par les fumeurs, sous le regard et la complicité des vendeurs qui ne sont intéressés que par l’argent, les recettes. Il s’y ajoute que les cigarettes sont vendues en détail, contrairement à ce que dit la loi qui dispose désormais qu’elles ne devraient être cédées que par paquet.
Les acteurs de la lutte contre le tabac continuent de porter la sensibilisation. Toutefois, ils se heurtent au contournement de certains gérants de restaurants qui mettent en place le chicha, une cigarette électronique qui n’avait pas été prise en charge dans la loi.
Pis dans les écoles et lycées, les apprenants sont exposés aux nouvelles formes de cigarettes, sous formes de bonbons. Pour lutter contre ce phénomène, le Programme de lutte contre le tabac multiplient les actions de sensibilisation, en mettant en avant les méfaits de ce produit, afin de désintéresser plus de jeunes.
LE CONTENU DE LA LOI
La loi antitabac consacre la mise en place d’une autorité de contrôle pour les tests et analyses de la composition des produits du tabac ; la supervision, avec obligation faite aux fabricants et importateurs de fournir chaque année des informations sur le contenu et les émissions des produits du tabac ; les mises en garde illustrées sur les emballages des produits du tabac occupant au moins 70% des deux côtés du paquet ; l’interdiction de qualificatifs trompeurs tels que «faible teneur en goudron», «légère», «ultra légère», «douce» ; l’interdiction de toutes les formes de publicité sur le tabac, de promotion et de parrainage ; l’interdiction de la vente de produits du tabac à l’intérieur et à moins de 200 mètres à l’extérieur des établissements d’enseignement, de santé, sportifs, culturels et administratifs ; l’interdiction de la vente de produits du tabac aux mineurs et par des mineurs ; l’interdiction de fumer dans tous les lieux publics et de travail fermés, y compris les transports en commun. Toutefois, des fumoirs sans service et avec des contraintes techniques très strictes sont autorisés dans les hôtels, restaurants et aéroports (les jeunes âgés de moins de 18 ans ne sont pas autorisés à utiliser ces installations) ; la fabrication et la vente de produits du tabac sont soumises à une autorisation préalable établie par décret.
LES SANCTIONS
Le non-respect de ces interdictions est passible de sanctions, allant de la verbalisation, à des peines d’emprisonnement, selon la loi.