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26 novembre 2024
Santé
LE CANCER DES ENFANTS EN NETTE PROGRESSION AU SENEGAL
Chaque année, le Sénégal enregistre entre 800 et 1200 nouveaux cas de cancer chez l’enfant alors que seuls 200 à 250 malades arrivent à l’unique unité d’oncologie et de prise en charge du pays.
Chaque année, le Sénégal enregistre entre 800 et 1200 nouveaux cas de cancer chez l’enfant alors que seuls 200 à 250 malades arrivent à l’unique unité d’oncologie et de prise en charge du pays. Une unité délocalisée à l’hôpital «Dalal Jamm» de Guédiawaye depuis la fermeture de l’hôpital Aristide Le Dantec. A l’occasion de la célébration de la journée internationale dédiée à cette maladie chronique, l’oncopédiatre à l’hôpital «Dalal Jamm», Dr Mame Ndella Diouf, parle d’une prise en charge compliquée avec une seule unité de traitement pour seulement deux oncopédiatres secondés par un pédiatre pour le suivi médical des enfants atteints de cette terrible maladie.
Même s’il ne représente qu’une faible proportion de 1 % de la totalité des cancers, au Sénégal, on observe près de 1000 nouveaux cas de cancers par an chez l’enfant. Plus exactement, la moyenne annuelle tourne entre 800 et 1000 nouveaux cas annuels. « Mais il faut savoir que nous avons une population jeune. Donc, c’est devenu un problème de santé public», a souligné l’oncopédiadre Dr Mame Ndella Diouf de l’hôpital Dalal Jamm de Guédiawaye. Un établissement qui abrite aujourd’hui la seule unité de prise en charge après la fermeture de l’hôpital Aristide Le Dantec. A Dalal Jamm, qui accueille aujourd’hui près de 250 jeunes patients, officient seulement deux oncopédiatres secondés par des pédiatres. « Au Sénégal, nous attendons, chaque année, entre 800 et 1200 nouveaux cas de cancer chez l’enfant. Mais seuls 200 à 250 malades arrivent à l’unité de prise en charge», a-t-elle dit. La seule unité d’oncopédiatrie du pays, redéployée depuis le 16 août 2022 à l’hôpital Dalal Jamm de Guédiawaye, est logée dans le service de pédiatrie de ce dernier établissement avec 10 lits et une salle d’hôpital du jour où sont installés une dizaine de fauteuils de chimiothérapie. «L’activité d’hôpital du jour est assez importante avec environ 60 malades parsemaine. Ces malades viennent le matin faire leur chimiothérapie avant de retourner chez eux le soir. Ils peuvent avoir des cures allant de 1 à 5 jours pour certains protocoles. D’autres, qui prennent des chimiothérapies lourdes avec des perfusions de 6 heures ou encore un traitement de sauvetage quis’administre strictement tous les 6 heures, sont admis en hospitalisation pendant toute la durée de leur cure. L’hôpital Dalal Jamm a accepté de reconduire le forfait annuel de 50 000 francs qui couvre les frais d’hospitalisation et certains bilans biologiques et radiologiques» explique encore Dr Mame Ndella Diouf.
Le cancer de l’enfant, une réalité au Sénégal
En faisant le point de la situation juste quelques mois après la délocalisation de l’unité de Le Dantec à «Dalal Jamm», Dr Diouf déclare que le cancer chez l’enfant est une réalité au Sénégal, un fléau qui touche le sang, les reins, les yeux, les ganglions... A Dalal Jamm, «le premier cancer sur l’unité, c’est la leucémie qui est le cancer du sang. Après, il y a le néphroblastome qui est le cancer du rein suivi de très près par le rétinoblastome qui est le cancer de l’oeil au niveau de la rétine, ensuite il y a le lymphome qui est le cancer des ganglions», a expliqué la spécialiste des cellules cancéreuses chez les tout-petits. Selon elle, la leucémie (pour le sang), le néphroblastome (pour les reins), le rétinoblastome (la rétine de l’oeil), le lymphome sont entre autres destypes de cancer pouvant atteindre les enfants. Maisil y a aussi d’autres cancers qui sont des tumeurs cérébrales, destumeurs germinalessans compter les cancers de l’os, du foie, des muscles...
Si la prise en charge de ces cancers est compliquée au Sénégal c’est dû au fait que notre pays ne compte qu’une seule unité qui était à l’hôpital Le Dantec et qui a été délocalisée à l’hôpital Dalal Jamm. A cela s’ajoute le fait qu’il y a peu d’oncologues pédiatres, un plateau médical pauvre... Dr Mame Ndella Diouf plaide surtout pour le relèvement du plateau technique. « La prise en charge est assez compliquée parce que c’est une seule unité qui prend tous les cancers de l’enfant au Sénégal. Il n’y a pas beaucoup d’oncologues pédiatres au Sénégal. En exercice, nous ne sommes que deux, et on est secondés par une pédiatre dans notre équipe. Il y a également d’autres problèmes de plateau technique, et d’accessibilité des médicaments auxquels nous faisons face » ajoute l’oncopédiatre en service à Dalal Jamm
La seule bonne nouvelle, c’est que le cancer de l’enfant peut guérir. Un diagnostic précoce et un suivi régulier sont les conditions essentielles pour que l’enfant guérisse du cancer. Pour faire face aux décès évitables et complications qui résultent d’une absence de diagnostic précoce et des difficultés d’accès aux soins, l’une des rares oncopédiatres du pays indique que « nous avons formé plus de 200 prestataires, médecins, infirmiers, au diagnostic précoce des cancers de l’enfant. Ce qui a fait que, aujourd’hui, des malades des zones concentrées sont reçues à des stades plus précoces», rassure Dr Mame Ndella Diouf tout en soulignant que son équipe travaille en collaboration avec l’OMS et le ministère de la Santé pour la décentralisation des soins. D’ailleurs, confie-telle, le Sénégal a été choisi comme «modèle» dans la prise en charge dessix principaux cancers de l’enfant. Maigre consolation…
LUTTE CONTRE LE SIDA, LE PALU ET LA TUBERCULOSE, LE FONDS MONDIAL SOULAGE
Face à l’amenuisement des financements dans la lutte contre le Sida, le palu et la tuberculose, le soutien du Fonds mondial à hauteur de 76 milliards F Cfa dans ce combat est une bouffée d’oxygène.
Face à l’amenuisement des financements dans la lutte contre le Sida, le palu et la tuberculose, le soutien du Fonds mondial à hauteur de 76 milliards F Cfa dans ce combat est une bouffée d’oxygène.
La raréfaction des ressources dans la lutte contre le palu et la tuberculose est une préoccupation. Avec l’appui du Fonds mondial, la recherche va être encore boostée grâce aux 76 milliards de F Cfa francs alloués par le Fonds mondial dans le cadre de la lutte contre Vih/Sida, le paludisme et la Tuberculose pour les trois prochaines années, à compter de 2024. Mme Aïssatou Mbaye Ndiaye, responsable du comité de suivi, de veille et d’alerte de la Société civile explique : «A la veille de chaque fin de subvention -la fin de la Nfm 3 est prévue le 31 décembre 2023-, le Fonds mondial t’envoie une lettre d’allocation. Cette lettre d’allocation veut dire voilà la somme qui a été allouée au Sénégal pour les trois ans qui vont venir. Actuellement, il nous a alloué la somme de 76 milliards dans la lettre d’allocation.» Elle ajoute : «Et maintenant cette somme est divisée pas de façon cartésienne évidemment ! Parce que quand ils font la répartition de l’allocation, ils tiennent en compte beaucoup de facteurs en termes de réalisation, en termes de taux d’exécution, mais aussi en termes de performance, des acteurs et des programmes qui ont été mis sur le terrain.»
Avec cet investissement, les efforts seront accentués dans la lutte contre les Mtn. «C’est fort de tous ces aspects que le fonds mondial alloue au Vih tant, à la tuberculose tant et au paludisme tant. C’est comme ça que ça se fait, nous vienne la lettre d’allocation et maintenant une fois au Sénégal, nous nous allons identifier les stratégies qui nous permettent de mettre œuvre, d’utiliser ces fonds. Ces stratégies sont identifiées par les communautés, le secteur public, c’est-à-dire les régions médicales», appuie-t-elle.
Il faut noter que l’une des priorités de ce programme est aussi de «revaloriser» les communautés qui constituent un dispositif essentiel dans la lutte contre ces maladies. Mme Safiétou Thiam, Directrice exécutive du Conseil national de lutte contre le Sida (Cnls), insiste sur cette situation. «Nous voulons aussi en termes de priorité, la valorisation de l’expertise communautaire. Parce qu’aujourd’hui, c’est notre défi. Les acteurs communautaires sont sur le terrain, les acteurs communautaires déroulent les activités. Pratiquement 80% des rapports, par rapport au Vih, à la tuberculose, au Palu, sont apportés par les acteurs communautaires. Mais, les acteurs communautaires ne sont pas motivés pour autant. Je pense que notre challenge aujourd’hui c’est de pouvoir renforcer cette expertise communautaire, renforcer la motivation des acteurs communautaires, qui nous permettent d’aller de l’avant et de mieux entamer peut-être le Gc 7», embraie Mme Aïssatou Mbaye Ndiaye.
Le rétropédalage du Sida au Sénégal
L’épidémie, qui signale qu’«en effet, grâce aux efforts soutenus par le Fonds mondial, le Sénégal est en phase d’atteindre des objectifs prioritaires du triple 95% de l’Onusida. Les personnes atteintes de l’épidémie du Sida ne sont plus nombreuses comme auparavant. L’épidémie est entrée dans une phase de décadence, plus particulièrement au Sénégal. «L’épidémie du Sida est d’ampleur modérée et en déclin dans notre pays. Les dernières estimations du Spectrum 2021 montrent une baisse progressive de la prévalence chez les 15-49 ans depuis 2005, passant de 0,75 % à 0,32 %. Au Sénégal, 0,4 % des femmes et 0,3 % des hommes de 15-49 ans sont positifs au Vih (Spectrum, Onusida 2021) : les nouvelles infections à Vih sont en baisse régulière dans notre pays. Elles sont passées de 5167 en 2005 à 1590 en 2021, soit une baisse de 69, 2%. (Spectrum Onusida, 2021) ? La répartition selon l’âge montre que 60, 5% des nouvelles infections surviennent chez les 25-49 ans, 22,2 % chez les 0-4 ans, 14,3 % chez les 15-24 ans, 3,0% chez les 50 ans et plus», selon un document de presse reçu par les journalistes lors de l’atelier de deux jours ouverts hier sur le dialogue pays avec les organisations de la Société civile autour des priorités à prendre en compte dans la subvention Gc7 2023-2025. «Le Sénégal a fait des progrès énormes dans la lutte contre le Vih/Sida : grâce à l’appui du Fonds mondial et d’autres partenaires qui continuent de soutenir les efforts du gouvernement», se réjouissent les responsables de cette lutte contre la persistance de certaines difficultés que connait la riposte contre le Vih/Sida. «Selon le rapport annuel 2021 du Cnls, le gouvernement du Sénégal, le Fonds mondial et le Pepfar constituaient les premiers bailleurs de la riposte au Vih/Sida au Sénégal. Les données disponibles sur les financements montrent qu’en 2021, près de 73, 5% des ressources consacrées à la lutte contre le Sida au Sénégal proviennent de donateurs étrangers», poursuivent-ils. Par contre, «force est de constater que les ressources pour le Sida sont en constante baisse». «Avec la politique d’éligibilité appliquée par le Fonds mondial (basée sur le poids des maladies et le cofinancement), les financements pour garantir la pérennisation des acquis et la durabilité de la riposte sont régulièrement menacés. D’où l’urgence de mettre en œuvre la transition des financements vers des ressources domestiques durables», font-ils remarquer.
AND GUEUSSEUM FUSTIGE LA NOMINATION D’UN MEDECIN AU SECRÉTARIAT GÉNÉRAL DU MINISTÈRE DE LA SANTÉ
La nomination d’Abibou Ndiaye, médecin-spécialiste en santé publique, au poste de Secrétaire général du ministère de la Santé et de l’Action sociale ne passe pas auprès de l’alliance «And Gueusseum».
Abibou Ndiaye, médecin-spécialiste en Santé publique, précédemment Conseiller technique au ministère de la Santé et de l’Action sociale, est nommé Secrétaire général du ministère de la Santé, en remplacement d’Alassane Mbengue appelé à d’autres fonctions. Une nomination qui n’est pas du goût de l’alliance «And Ngueussem» qui dénonce une «médicalisation» de cette fonction jusque-là réservée à des administrateurs civils de formation.
La nomination d’Abibou Ndiaye, médecin-spécialiste en santé publique, au poste de Secrétaire général du ministère de la Santé et de l’Action sociale ne passe pas auprès de l’alliance «And Gueusseum». Selon les camarades de Mballo Dia Thiam, qui ont sorti un communiqué, l’acte est qualifié comme une «médicalisation de la fonction de Secrétaire général du ministère de la Santé et de l'Action sociale, en nommant un médecin en lieu et place d'un administrateur civil».
Pour les syndicalistes du secteur de la Santé et de l’Action sociale, cette nomination «constitue l'ultime acte inédit de trop qui fait jaser, que le Dr Marie Khémésse Ngom Ndiaye a pris pour parachever l'organigramme médical du ministère de la Santé et de l'Action sociale (MSAS) où les autres acteurs ne sont paradoxalement que des figurants et des étrangers chez eux».
Au demeurant, «And Gueusseum» a magnifié le travail abattu par Alassane Mbengue, Secrétaire général sortant du ministère de la Santé et de l’Action sociale (MSAS), le devoir accompli toujours dans la courtoisie, avec loyauté et ingéniosité. Elle estimé qu’à l'inventaire, la quasi-totalité des Conseillers techniques, des Directeurs généraux, des Directeurs d'établissement public de Santé, des Chefs de programme et de projets, nonobstant les Médecinschefs de district et même des Directeurs régionaux de la Santé et de l'Action sociale sont des médecins. «Alors que dans les fonctions de manager, il faut d'autres profils, qui sont bien présents et compétents mais condamnés à se tourner les pouces au quotidien pour le seul et unique tort de ne pas être médecin».
Et de poursuivre : «pourtant, le Syndicat Unique et unitaire des Travailleurs de la Santé et de l'Action Sociale (SUTSAS), regroupant la majorité des agents, toutes catégories socioprofessionnelles confondues, ne saurait s'insurger contre une quelconque corporation, de surcroît les médecins, éminents cadres du secteur, mais plaide pour l'équité et la justice dans le partage des rôles et missions pour l'avènement d'un système de santé et d'action sociale cohérent, performant, motivant, mobilisateur et résilient pour lequel il s'est toujours battu, sans parti pris» a fait comprendre l’alliance «And Gueusseum».
QUAND L’ETAT SE DESENGAGE !
Prise en charge des malades mentaux errants, le Sénégal compte 15 structures de santé mentale, pour 391 lits dans 8 régions dont sept d’entre elles sont à Dakar.
Au Sénégal, de plus en plus des familles se désengagent tout comme l’Etat de la prise en charge des personnes souffrant de maladie mentale surtout celles qui errent, les laissant au sort de la rue. Ces dernières sans protection, ni prise en charge médicale sont soumises à des dangers permanents. L’accident du Ter en est un exemple patent.
Le Sénégal compte 15 structures de santé mentale, pour 391 lits dans 8 régions dont sept d’entre elles sont à Dakar. Selon le ministère de la Santé et de l’action sociale du Sénégal (Msa), plus de 86.000 malades mentaux ont été recensés dans ses hôpitaux psychiatriques en 2020 pour 3.515 cas d’hospitalisation. Cependant, la tutelle renseigne que la schizophrénie représentait 19,4% de ce chiffre, suivie de la bouffée délirante aiguë (16,4%), tandis que la dépression était à 5,4%.
Il faut signaler qu’à côté de ces malades prises en charge, un bon nombre continue d’errer dans les rues de la capitale et des régions sans protection médicale et sociale. Une situation décriée par l’Association sénégalaise pour le Suivi et l’Assistance aux malades mentaux. Si plusieurs personnes soutiennent qu’au Sénégal, la prise en charge des personnes atteintes de maladies mentales est toujours compliquée, l’Etat peine à mettre en place un cadre approprié pour la prise en charge de ces malades qui devait être sectorielle, tant médicale avec des internats qu’aussi sociale. Le constat que la majorité des malades pris en charge est comptabilisée en consultation externe. Si on prend le cas du centre psychiatrique de l’hôpital Fann avec une quarantaine de lits d’hospitalisation et une fréquentation de 1542 cas par an, les consultations occupent une grande place dans ce dispositif de prise en charge.
Selon Amadou Mbengue, un des accompagnants, il n’est pas donné à tout le monde d’être admis en internat dans cette clinique. « Il faut payer le séjour, le traitement. Les médicaments sont très coûteux. A défaut, votre malade est pris en charge en ambulatoire ». Et de poursuivre : « certes, il y a des malades mentaux (péjorativement fous) dans la clinique, mais ils sont en isolement, le temps de les calmer. Mais, il faut dire que ce sont des malades bien entourés qui bénéficient du soutien de leurs familles ou proches. Mais, voir un malade errant être interné dans ces lieux est très rare ou s’il est là, on le stabilise pour un moment avant de le laisser au sort de la rue ».
Au niveau de l’hôpital psychiatrie de Thiaroye, le lieu est plutôt réservé à l’internement des malades frappés de mesures judico-médicales. En dehors des consultations externes, peu de malades mentaux y sont internés avec une marge quasiment inexistante de malades errants. Là aussi, les hospitalisations sont de courtes durées. Toutefois, pour avoir les malades errants, il faut se rendre au centre de Dalal Xel situé dans la localité de Thiès. Dans tous les cas, le problème de moyens, la disponibilité de médicaments rythme le quotidien de ces structures et ce sont les régions qui en souffrent le plus. Et déjà en mars 2019, la Division Santé Mentale du ministère de la Santé regrettait dans un rapport « l'insuffisance des ressources humaines, de personnels qualifiés dans la prise en charge psychiatrique, de budget alloué à la santé mentale et l’indisponibilité des psychotropes ».
Dans une des sorties du ministère de la Santé, seuls 35 psychiatres sont disponibles sur toute l’étendue du territoire. Des efforts dans ce domaine ont été faits avec la réhabilitation de plusieurs centres de psychiatrie dans les régions dont celui de Kénya dans la région de Ziguinchor, la dotation de tous les centres de psychiatres. Malheureusement ces structures continuent de « refouler »les personnes qui en ont le plus besoin à savoir les malades errants faute de moyens, ce qui les expose à des dangers de toutes sortes (viol, accidents, maltraitance entre autres).
Pour rappel, le rapport d’enquête sur les malades mentaux de l’Association sénégalaise pour le Suivi et l’Assistance aux malades mentaux fait état de près de 4000 malades mentaux errants au Sénégal, aussi bien dans les rues qu’au sein même des familles. Dans la capitale sénégalaise, 375 malades mentaux errants y sont comptabilisés selon toujours ce rapport, malgré la polarisation de la plupart des services de santé mentale et la concentration presque de la totalité du personnel spécialisé.
JOURNEE MONDIALE DU CANCER, UNE MALADIE ENTIÈREMENT À PART
Ce Samedi 4 février 2023 marque la journée mondiale contre le cancer, l’occasion de mieux comprendre cette maladie à part et apprécier les efforts héroïques de l’humanité pour remporter la guerre contre le cancer.
Ce Samedi 4 février 2023 marque la journée mondiale contre le cancer, l’occasion de mieux comprendre cette maladie à part et apprécier les efforts héroïques de l’humanité pour remporter la guerre contre le cancer.
Le schéma habituel pour une maladie est la suivante : un agent extérieur pathogène (virus ou microbe) pénètre l’organisme et déstabilise son équilibre naturel. Le corps ainsi attaqué active son mécanisme de défense qui est le système immunitaire constitué en grande partie de globules blancs. Ces soldats de l’organisme sont programmés pour lutter contre l’envahisseur et peuvent quelques fois avoir besoin de notre aide que nous lui faisons parvenir sous forme de médicaments et de nutriments. Dans la plupart des cas, le système immunitaire parvient, après d’âpres luttes, à prendre le dessus sur notre agresseur et la guérison survient.
Cependant, qu’est ce qui va se passer si l’agresseur vient de l’intérieur et n’est ni un virus, ni un microbe ? Le système immunitaire ne réagit pas parce qu’il n’est normalement pas programmé pour attaquer les cellules de notre corps qu’il pense être toujours utiles et bien intentionnées. C’est de la que vient la relative immunité des cellules cancéreuses qui parviennent à se développer sans être inquiétées. En effet, le cancer se développe à partir d’une cellule saine qui devient maligne à cause d’une combinaison de facteurs génétiques ou environnementaux. Normalement, les cellules naissent et se multiplient pour remplir une fonction bien particulière : les cellules de la peau protègent l’organisme contre le monde extérieur, les cellules du poumon aident à la respiration, les cellules du cerveau l’aident à commander d’autres organes du corps. Les cellules meurent quand elles ne peuvent plus efficacement remplir leur rôle et sont remplacées par d’autres cellules nouvelles qui à leur tour vont un jour céder leur place. Ceci est le cours naturel de la vie d’une cellule normale : naître, travailler, mourir et céder sa place.
Tout le contraire d’une cellule cancéreuse qui, elle, se multiplie indéfiniment, ne remplit aucune fonction utile et ne meurt jamais. À force de se multiplier et de ne jamais mourir, les cellules cancéreuses grandissent en nombre et forment une tumeur qui elle-même continue à grandir. A la longue, il y a une guerre entre les cellules saines et les cellules cancéreuses qui se disputent deux ressources vitales : de l’espace pour s’étendre et de l’énergie pour continuer à vivre et à se multiplier. Une guerre inégale parce que comme indiqué plus haut, les cellules cancéreuses se multiplient sans cesse et ne meurent jamais tandis que les cellules saines sont en nombre limité et sont mortelles. L’espace et l’énergie dont elles ont besoin pour rester en vie et se multiplier sont accaparés par leurs sœurs ennemies. Sans parler du fait que le système immunitaire censé aider le corps à combattre toute agression reste neutre parce qu’il n’est pas programmé pour attaquer des cellules générées par le corps lui-même. A la longue, les cellules saines perdent la bataille, sont dans l’incapacité de remplir des fonctions vitales et la personne meurt.
La Science arrive renfort
L’apparition d’un cancer était donc dans la plupart des cas une condamnation à mort. Puis, la Science s’est jointe à la bataille et les choses ont commencé à changer. La première étape de cette révolution consistait à mieux connaitre et comprendre cette maladie à part. Une fois qu’il a été établi que le cancer ne résulte pas d’une invasion extérieure mais plutôt d’une mutation interne qui a généré une cellule maligne qui va à force de se multiplier devenir une tumeur et empêcher le corps d’assurer des fonctions vitales. Une fois qu’on connait mieux le mal, il devient plus aisé de trouver un remède.
La Science a fait des avancées remarquables avec des techniques médicales telles que la chimiothérapie, la chirurgie et la radiothérapie. La chirurgie est utilisée pour enlever une tumeur située dans une partie du corps qu’on peut opérer sans risque d’abimer des organes vitaux voisins. Quand ce risque existe, comme avec certaines tumeurs localisées au cerveau qui est un organe très complexe d’une importance capitale, la radiothérapie est privilégiée. Les radiations étaient à l’origine connues pour tuer les cellules saines du corps et provoquer maladie et mort. Quand ils ont commencé à réfléchir sur des moyens de tuer les cellules malignes, les scientifiques ont eu l’idée d’utiliser la radiation de façon très ciblée et contrôlée. Avec ces deux techniques, il est possible d’extraire une grande partie des cellules malades mais pas toutes.
C’est ici qu’entre en jeu la chimiothérapie utilisée pour tuer les cellules qui ont échappé à l’extermination de leurs camarades et qui si elles étaient épargnées peuvent à la longue générer de nouvelles tumeurs. La chimiothérapie consiste à inoculer du poison dans le corps pour tuer les cellules malades. Cependant comment le poison saura-t-il distinguer une cellule saine d’une cellule anormale ? Anatomiquement, il y a peu de différences. Toutefois, on sait que les cellules malades se multiplient très rapidement alors le poison est programmé pour tuer toutes les cellules du corps qui ont une croissance rapide en nombre. Malheureusement, certaines cellules saines remplissent aussi ce critère. Ce sont surtout les cellules qui constituent les cheveux, la peau, le sang, etc. Bien qu’utiles, ces cellules ne seront pas épargnées d’où la perte des cheveux, la fatigue, la nausée, etc. qui accompagnent les séances de chimiothérapie. La bonne nouvelle c’est qu’à la fin, une fois que toutes les cellules malades ont été tuées, les cellules saines quoique malmenées survivent et regagnent en vitalité. Le malade entre dans une période de rémission qui s’accompagne de fréquents contrôles médicaux pour s’assurer que le cancer ne revient pas ou que si par malheur, il revient, il est traité très tôt pour augmenter les chances de survie. Au bout d’un certain nombre d’années sans résurgence du cancer, on parlera de guérison à la place de la rémission.
Toutes ces techniques ont donné des résultats mais au prix d’immenses sacrifices et risques pour le corps. Tout en travaillant à améliorer ces techniques, les scientifiques explorent d’autres pistes plus respectueuses du fonctionnement naturel du corps. L’immunothérapie est l’une de ces techniques. Le traitement consiste à stimuler les défenses immunitaires pour qu’elles apprennent à combattre elles-mêmes les cellules cancéreuses. L’immunothérapie qui en est à ses débuts est utilisée en traitement de cancers de la peau et de cancers du sein inopérables ou de cancers ayant atteint un stade métastasique. Bien que cette méthode permette d’éviter le recours à des radiations et poisons chimiques, il y a toujours le risque de voir le système immunitaire entrainé à attaquer des cellules cancéreuses se mettent à attaquer aussi des cellules saines. La recherche se poursuit donc pour rendre cette méthode plus sûre, plus efficace et moins couteuse et donc accessible au plus grand nombre.
Privilégier la prévention
La lutte contre le cancer est une guerre pour la survie que l’humanité livre à une minuscule cellule à la croissance et aux effets dévastateurs. La science s’est avérée un allié de taille jusqu’ici et va poursuivre son avancée avec d’autres recherches et d’autres expérimentations. En attendant, il nous est possible de prendre certaines précautions. La première consiste à réduire notre exposition à des facteurs de risque (les métaux lourds, le tabac, la pollution, l’obésité, le stress, etc.). En outre, on peut recourir à la vaccination contre les virus de l’hépatite pour éviter le cancer du foie et les virus du papillome humain pour réduire les risques de cancers du col de l’utérus. Enfin, une alimentation saine et équilibrée ainsi que la pratique du sport peuvent empêcher l’organisme de générer des cellules cancéreuses et aider ainsi à la prévention étant donné toutes les difficultés liées à la guérison.
par Mohamed Lamine Ly
SURMONTER LA CRISE DE LA MUTUALITÉ PAR LE DIALOGUE
Pour sortir le mouvement mutualiste de l’ornière, des spécialistes de plus en plus nombreux préconisent de rendre aux mutuelles leur autonomie et leur liberté d’action et de tirer les leçons de l’échec de l’adhésion volontaire
À la fin du mois de janvier, une note de service de l’ANACMU destinée à ses chefs de service régionaux avec ampliation aux autorités administratives et aux PCA d’unions régionales et départementales des mutuelles de santé faisait état d’un changement d’orientation dans l’octroi de subventions aux mutuelles de santé. En résumé, il s’agit de la suppression des 3 500F alloués à chaque bénéficiaire enrôlé et qui constituait la pierre angulaire du programme. Ce montant, quoique modique, n’a vraiment jamais pu être régulièrement versé par les finances publiques et était incriminé dans la faible attractivité des paquets de prestations offerts, induisant à son tour, un faible taux de pénétration. Pour ce qui est des bénéficiaires des bourses de sécurité familiale et de la carte d’égalité des chances, leur prise en charge devra désormais se faire par l’intermédiaire de l’ANACMU, par l’achat de prestations directement au niveau des structures de santé. Face à la vigoureuse réaction des organisations mutualistes, les explications laborieuses du directeur de l’ANACMU ne nous permettent pas encore d’y voir tout à fait clair. Toujours est-il que nous nous trouvons en face de l’éclatement d’une crise de la CMU, telle qu’elle a été conceptualisée par l’actuel régime, crise qui couvait depuis plusieurs années, qui trouve ses racines dans le déficit de financement mais surtout le refus conscient ou non, d’octroyer au mouvement mutualiste son autonomie pleine et entière.
Selon un économiste de la Santé réputé, très au fait de l’évolution du mouvement mutualiste sénégalais, la crise actuelle résulte d’une grosse maladresse de l’ANACMU, qui ne devrait pas avoir pour vocation de se substituer aux mutuelles de santé communautaires mais devrait se limiter à son rôle d’accompagnement et d’encadrement.
Il faut rappeler, que ces mutuelles communautaires dites mutuelles au premier franc ont prioritairement pour cibles, les acteurs du secteur informel et du secteur rural. Ces derniers ne sont pas éligibles aux régimes obligatoires d’assurance-maladie, mieux élaborés, destinés aux travailleurs du secteur moderne de l’économie, salariés et donc théoriquement mieux lotis, bénéficiant, soit d’imputations budgétaires pour les fonctionnaires ou de lettres de garantie pour les salariés du secteur privé.
Il est vrai, que dans le cadre de la mise en place de ces mutuelles, les pouvoirs publics de notre pays ont toujours privilégié, depuis le lancement de la CMU en septembre 2013, l’approche top-down, consistant à mettre sur pied des mutuelles de santé, non pas à partir de matrices communautaires, mais en s’appuyant sur les autorités administratives et territoriales.
Il en a résulté le fait que plusieurs étapes ont été brûlées, notamment l’information, la sensibilisation et le diagnostic communautaire sans oublier la mise en place de comités d’initiative et les études de faisabilité,
De plus, les professionnels de santé n’ont pas été suffisamment impliqués, dès l’entame, ce qui a impacté sur le partenariat avec les structures de soins. C’est ainsi que de grandes difficultés sont apparues dans la collaboration entre mutualistes d’un côté et acteurs sanitaires, de l’autre, qu’on pensait pouvoir régler en procédant judicieusement à la séparation entre les fonctions de vendeur de prestations dévolu au ministère de la Santé et de l’action sociale et celle d’acheteur attribué au ministère en charge du Développement communautaire. On pensait, ainsi, améliorer le processus de facturation des prestations, qui avait pâti de la confusion des rôles, dans un contexte où le contrôle médical était embryonnaire voire inexistant et où l’État central, n’ayant pas toujours les moyens financiers de ses ambitions, cherchait des boucs émissaires pour les retards de décaissement des fonds destinés aussi bien aux structures de santé qu’aux organisations mutualistes.
Par ailleurs, dans la mise en œuvre de la couverture sanitaire universelle, les préoccupations clientélistes et politiciennes se manifestant notamment, par des initiatives de gratuité populistes et inconsidérées ont souvent primé sur les nobles objectifs d’humanisme, de solidarité et d’entraide. Elles ont ainsi contribué à plomber l’approche volontariste de promotion des mutuelles de santé́ dans la perspective d’une couverture universelle de l’ensemble de sa population.
Les critères techniques ayant trait à la vérification des conditions préalables à la mise en place ont souvent été relégués à l’arrière-plan. Il s’agit, notamment de l’existence de difficultés réelles de financement des soins par les populations et aussi de liens de solidarité ou de traditions d’entraide entre les futurs membres, de la disponibilité́ d’une offre de soins de qualité́ minimale couplée à la présence d’une capacité́ contributive minimum. C’est l’inexistence de ces facteurs requis qui explique que la grande majorité des mutuelles a fini par se retrouver dans une impasse. Les solutions préconisées, ressemblant à s’y méprendre à un cautère sur une jambe de bois, tournaient autour de la création de bureaux CMU dans les structures de santé et/ou de la départementalisation du mouvement mutualiste.
Quant aux collectivités territoriales, elles se sont certes investies (hébergement, enrôlement de certaines catégories de la population...), mais elles ont failli dans l’initiation d’actions en faveur du développement du mouvement mutualiste dans la plupart de leurs territoires respectifs. De plus, elles ont, souvent réussi à instrumentaliser les organisations mutualistes, en les caporalisant (comme c’est fréquemment le cas avec les comités de développement sanitaire), au lieu de respecter leur autonomie.
De la même façon, le leadership du mouvement mutualiste a pu être parasité par des acteurs issus d’autres milieux (associatif, sportif ou politique), pas toujours imbus des principes de base du mouvement mutualiste (solidarité, participation démocratique, autonomie et liberté…)
Tout cela s’est traduit par une absence d’appropriation par les communautés de base de la dynamique mutualiste, ce qui constitue une sorte de péché originel, dont la crise actuelle semble découler.
Pour sortir le mouvement mutualiste de l’ornière, des spécialistes de plus en plus nombreux préconisent de rendre aux mutuelles leur autonomie et leur liberté d’action et de tirer les leçons de l’échec de l’adhésion volontaire, en la rendant obligatoire, grâce à des financements plus conséquents.
Dr Mohamed Lamine Ly est médecin spécialisé en santé publique, Secrétaire général de la COSAS.
BA Maymouna.
INTERVIEW DU DR FARBA LAMINE SALL PAR MAYMOUNA BÂ, CHERCHEUSE AU CREPOS, DAKAR, 2014
Couverture médicale universelle : « les conditions de succès passent par l’adhésion obligatoire à un régime d’assurance-maladie et le ciblage des bénéficiaires des politiques de gratuité »
Coalition pour la Santé et l’Action sociale (COSAS)
À TRAVERS LES CHEMINS SINUEUX VERS LA COUVERTURE SANITAIRE UNIVERSELLE ; 2 Avril 2018
LY Mohamed Lamine,
QUELS PREALABLES POUR LA COUVERTURE MALADIE UNIVERSELLE AU SENEGAL?; 8 Novembre 2012
LY Mohamed Lamine,
LES INITIATIVES DE GRATUITE RISQUENT DE PLOMBER LA CMU. ; 3 Février 2014
LY Mohamed Lamine,
COUVERTURE MALADIE UNIVERSELLE: MYTHE OU RÉALITÉ ?; 26 Novembre 2016
SUTSAS DE MATAM DETERRE LA HACHE DE GUERRE
L’union régionale du Syndicat unique des travailleurs de la santé et de l’action sociale (SUTSAS) de Matam (nord) a entamé mercredi une grève de soixante-douze heures pour ‘’protester contre les affectations’’ de deux de ses militants
Matam, 1er fév (APS) - L’union régionale du Syndicat unique des travailleurs de la santé et de l’action sociale (SUTSAS) de Matam (nord) a entamé mercredi une grève de soixante-douze heures pour ‘’protester contre les affectations’’ de deux de ses militants, a appris l’APS de son porte-parole, Cheikh Bouya Niang.
‘’Nous avons décidé d’observer une grève de soixante-douze heures à compter de ce mercredi. Nous allons également boycotter l’ensemble des programmes de santé, y compris le Programme élargi de vaccination’’, a dit M. Niang au cours d’une conférence de presse de la section régionale SUTSAS de Matam.
Selon lui, les professionnels de la santé membres dudit syndicat vont suspendre les activités liées au PEV, le Programme élargi de vaccination.
L’union régionale SUTSAS de Matam dénonce les affectations à Dakar de l’auxiliaire d’assainissement Youssoupha Diop, de l’hôpital de Ouorossogui, dans la région de Matam, et du technicien supérieur en biologie Amadou Lamine Sano, chef du service des soins infirmiers du même établissement de santé.
MM. Diop et Sano font partie des leaders du SUTSAS dans la région de Matam.
Ils ont été démis de leurs fonctions avant d’être affectés à Dakar à la suite de divergences avec le directeur de l’hôpital de Ouorossogui, a expliqué à l’APS le secrétaire national chargé de la formation professionnelle et syndicale du Syndicat unique des travailleurs de la santé et de l’action sociale, Ousmane Mbaye.
Le directeur de l'hôpital de Ourossogui, Ousmane Guèye, déclare ne pas être en mesure de se prononcer sur ces affectations qui, selon lui, ont été décidées par le ministère de la Santé.
QUAND LES REGLES ENTACHENT LA SCOLARITE DES FILLES
Dans certaines localités , elle ratent des cours pendant les périodes de menstrues à cause d’une précarité qui les prive d’une hygiène intime adéquate.
Le constat est unanime. Les règles entachent la scolarité des adolescentes. Au Sénégal, comme dans plusieurs pays, les menstrues constituent un frein à l’éducation des filles. Certaines d’entre elles, laissées à leur propre sort, sont emportées hors des salles de cours par le flux sanguin de la précarité.
« Quand j’ai mes règles et que je n’ai pas de serviettes hygiéniques, je suis obligée de rentrer chez moi ». Avec une voix assez timide, elle ajoute : « Cela perturbe mes études, car c’est difficile de se rattraper avec les explications de cours ». Ces propos sont de A. Diallo, élève en classe de 3e au Collège d’enseignement moyen de Kénia (CEM Kénia).
Nous sommes à Ziguinchor, région méridionale du Sénégal. Ici, certaines filles n’ont pas les moyens de se payer des serviettes hygiéniques. Elles sont alors confrontées à une situation des plus désagréables et inconfortables. Au Collège d’Enseignement Moyen (CEM) de Kénia, des jeunes filles le vivent depuis plusieurs années maintenant.
La santé et l’éducation sont des droits pour tous. Là où certains luttent pour la scolarisation des filles, d’autres se démènent pour leur maintien à l’école. A côté, il y a un tout autre phénomène qui prend de l’ampleur ; l’accès des filles à l’éducation est quelquefois limité ou menacé. Dans certaines zones, elles ratent des cours pendant un peu plus de trois jours. Cela est la conséquence d’une précarité dans laquelle elles vivent au point de ne pas pouvoir bénéficier d’une hygiène intime adéquate. Notons que les règles, c’est l’écoulement de sang qui apparait une fois par mois, chez la femme. C’est la définition qui est attribuée aux menstruations, qui d’ailleurs est une autre appellation des règles.
Des morceaux de tissu utilisés en période de menstrues
Elles sont nombreuses les filles qui font face à cette situation. A Saint-Louis du Sénégal, plus précisément à Sor, pour la plupart d’entre elles, l’étoffe est leur kit le plus accessible. Et entre les règles douloureuses et la précarité, la solution est toute trouvée afin de « se protéger ». Pour Salimata, c’est simple. « J’utilise des morceaux de tissu quand je suis en période de menstrues ». La première fois qu’elle est allée chercher de l’aide au niveau de l’administration de l’école, les surveillantes lui ont fait comprendre qu’elles n’ont malheureusement pas de serviettes à lui donner. Depuis ce jour, elle s’est rabattue sur les morceaux de tissu pour ses menstrues. Pour elle, c’est le moyen le plus adéquat pour se protéger. Elle s’y est habituée malgré les nombreux risques qui peuvent en découler.
Dr Seck, gynécologue : « Le tissu synthétique ou en polyester peut créer une réaction inflammatoire, allergique. »
Selon le Docteur Seck, gynécologue-accoucheur, ce n’est pas approprié́ d’utiliser n’importe quelle matière de tissu dans ce genre de situations. « Le tissu synthétique ou en polyester peut créer une réaction inflammatoire, allergique. Si vous avez une réaction due à l’intolérance de fibres synthétiques, ça peut créer des démangeaisons, des réactions inflammatoires avec possibilité de créer des lésions, de petites plaies qui peuvent être le nid de microbes ».
Le 28 mai est la Journée mondiale de l’hygiène menstruelle, mais elle n’est pas connue de tous. Cette date dédiée à cette question semble ne figurer que dans l’agenda de certains particuliers, car nombre des filles interrogées n’ont pas connaissance de cette journée.
L’ONG Action Contre La Faim estime à 500 millions les femmes et filles qui n’auraient pas les moyens de se procurer régulièrement des protections hygiéniques, aujourd’hui dans le monde. Selon Plan International, « 2 adolescentes et femmes sur 5 dans le monde ne vont pas à l’école ou au travail parce qu’elles ont leurs règles ». Pourtant, les stratégies ne manquent pas pour réduire le taux de précarité menstruelle. Ce défi s’annonce à la fois vaste et compliqué en plus des préjugés et des tabous. Pour rappel, en septembre 2019, une jeune fille s’est suicidée au Kenya à la suite de l’humiliation qu’elle a subie de la part d’un enseignant. Elle avait ses règles et sans moyen de se protéger, elle a taché ses vêtements. C’était alors l’occasion pour l’enseignant de la traiter de « sale » avant de la renvoyer de la classe.
Toutefois, les actions menées dans plusieurs pays du monde ont donné naissance à beaucoup d’initiatives allant dans ce sens. Au Cameroun par exemple, KujaEcoPads fabrique des serviettes hygiéniques biodégradables à des prix réduits. Dans plusieurs autres pays, des plaidoyers sont faits afin de faciliter l’accès des kits hygiéniques à toutes les femmes.
Les jeunes filles du CEM de Kénia à Ziguinchor, après avoir vécu cette situation pendant plusieurs années, ont pu bénéficier de l’aide de certaines structures. Il s’agit entre autres, du Village d’enfants SOS de Ziguinchor qui, après une formation, a fourni à plusieurs filles des serviettes hygiéniques lavables. Une aubaine pour ces jeunes qui voient enfin une chance de pouvoir étudier convenablement sans rater des cours. D’ailleurs, l’une d’elles soutient que les serviettes lavables sont plus pratiques et plus sûres même si leur durée d’utilisation ne dépasse pas trois ans.
Ces jeunes filles évoluent toutes dans différents clubs mis en place par le corps professoral de leur collège. Du club Education à la Vie Familiale (EVF), en passant par le club des Jeunes Filles Leaders, elles organisent des causeries, assistent à des formations ou des sensibilisations visant à les conseiller, les guider, leur montrer comment faire face à cette situation. Toutefois, elles ne bénéficient pas d’aides venant de la mairie encore moins des autorités sanitaires ou de l’éducation nationale.
Heureusement pour elles, elles peuvent au moins compter sur Mme Bodian, surveillante au CEM Kénia, encadreuse des filles du club des Jeunes Filles Leaders. Elle est celle vers qui elles se tournent quand elles en ont besoin. Cette femme est celle qui les forme ou encore celle qui les a pris sous son aile afin de leur apporter toute l’aide et tout le soutien dont elles ont besoin. Très touchée par la cause de ces filles qui vivent dans la précarité, elle achète elle-même des serviettes hygiéniques pour elles. Parfois, avec la participation de quelques-uns de ses collègues, ils payent également des médicaments pouvant atténuer les règles douloureuses afin de leur permettre de suivre les cours sans problème.
L’administration de l’école essaie de mettre la main à la pâte. « L’école (le Principal) avait proposé à ce que l’on mette un stock de serviettes hygiéniques à la disposition des filles juste au cas où̀ elles en auraient besoin, mais jusqu’à présent rien n’a été fait ». Ces propos de Mme Bodian traduisent toute la peine qu’elle ressent en voyant la situation qui va de mal en pis sans solution concrète.
La santé de la reproduction constitue un sujet sensible et également un tabou dans certaines zones du pays. Alors, la question des menstrues, qui est parfois liée à la culture, constitue une barrière pour certaines choses. Difficile pour ces filles de s’exprimer librement sur le sujet avec n’importe qui. Aujourd’hui, la situation s’améliore même si elle n’a pas totalement changé. Avec cette condition, une meilleure implication des autorités est souhaitée par les élèves et le corps professoral afin de changer la donne.
Sur le marché, les prix des serviettes hygiéniques varient entre 500 francs CFA et 4.000 francs CFA. Elles sont ainsi un luxe pour certains parents qui préfèrent « s’occuper de choses plus importantes ». C’est ce que Mère Diaité nous fait comprendre. Cette maman de 5 enfants, dont 3 filles, est une ménagère. Le peu qu’elle gagne, elle l’investit dans l’éducation de ses enfants. Pour elle, il est impossible d’ajouter à ses dépenses d’autres frais. « Leur trouver de quoi manger et payer leurs frais de scolarité, c’est ma mission. C’est déjà dur de gérer cela donc si je dois y ajouter l’achat de serviettes hygiéniques, c’est clair qu’ils ne mangeront pas ». Ses filles se voient malheureusement se contenter des vieux t-shirts dont les voisins n’ont plus besoin.
Impact Social 221 à la rescousse des couches vulnérables
Magor Dia est un sociologue de formation, également coach en parentalité. Il a mis en place, avec d’autres collègues, une association nommée Impact Social 221 dont il est le coordinateur. En réalité, Impact social 221 est une organisation à but non lucratif, créée par des travailleurs sociaux, sociologues et psychologues pour promouvoir le développement social à travers des actions qui impactent directement la vie des personnes, des familles et des communautés. L’organisation déroule tous les deux mois une activité sociale pour apporter son soutien à la couche vulnérable. D’ailleurs, « une collecte de serviettes hygiéniques a été lancée en 2022 pour lutter contre la précarité menstruelle. Le choix de cette collecte s'est fait suite au constat que nous avons fait concernant des filles qui sont en situation de précarité menstruelle très avancée ».
Tout comme ces jeunes filles du CEM de Kénia, cette situation est vécue par plusieurs autres femmes, que cela soit à la maison, dans les prisons, mais également dans la rue, c’est partout dans le Sénégal que ce constat est fait. Cette organisation, mise en place par des jeunes à la fois dynamiques et engagés pour la bonne cause, a réussi à collecter un certain lot de serviettes hygiéniques. « Nous avons ajouté à cette collecte (de serviettes hygiéniques) une de vêtements pour toujours permettre à ces filles, en situation de vulnérabilité, de ne pas se sentir seules ».
Œuvrant pour toucher positivement le maximum de personnes vulnérables, Impact Social 221 appelle « tous les Sénégalais à faire un geste pour impacter le social ». Pour eux, « il y a des personnes qui se soucient de leurs (les personnes vulnérables) conditions de vie et qui feront tout pour les accompagner à vivre dans la dignité ».
Plus qu’un plaidoyer, c’est une question d’intérêt général, de santé publique, d’égalité et de dignité, car il s’agit de la vie des jeunes filles qui plus est une question de droit humain fondamental. Et à ce niveau, le cerveau n’a pas de genre.
AMADOU ALPHA SALL CONTREDIT LA COUR DES COMPTES
Le directeur de l’Institut Pasteur de Dakar, a nié les résultats du rapport des auditeurs de la Cour des comptes faisant état de gonflement de résultats Covid au ministère de la Santé et de l’Action sociale
Dr Amadou Alpha Sall, directeur de l’Institut Pasteur de Dakar, a nié les résultats du rapport des auditeurs de la Cour des comptes faisant état de gonflement de résultats Covid au ministère de la Santé et de l’Action sociale. Dr Amadou Alpha Sall, s’exprimait en marge de la visite du directeur de la Banque Islamique de Développement (BID) hier, jeudi, à l’Institut Pasteur.
«Je n’ai jamais vu personnellement de différence entre nous, ce qu’on a déclaré et ce qu’avait déclaré le ministère», a laissé entendre Dr Amadou Alpha Sall, directeur de l’Institut Pasteur de Dakar. Il se prononçait à l’occasion de la visite hier, jeudi, en marge de la visite du directeur de la Banque Islamique de Développement, à l’Institut Pasteur de Dakar.
Selon Docteur Amadou Alpha Sall, «Chaque fois qu’il y a quelqu’un qui a besoin d’un test Covid parce qu’il est suspect de Covid, il doit passer par le ministère de la Santé qui va nous envoyer ce prélèvement qu’on va tester. Et chaque jour, que ce soit les voyageurs, que ce soit les personnes qui viennent à travers ce système-là, lorsqu’ils sont testés, nous envoyons un rapport au niveau du ministre pour dire voilà le nombre de cas qu’on a relevé».
Cependant, le directeur de l’Institut Pasteur précise le fait que l’Institut Pasteur n’était pas le seul laboratoire qui effectuait les tests. «Alors, nous ne sommes pas le seul laboratoire qui teste. En tout cas, nous, les résultats qu’on a transmis, et ce que j’en sais, ils ont été donnés de façon très claire par le ministère, selon les standards que nous, nous avons donné», a rappelé M. Amadou Alpha Sall. «Mais, ça, c’est ce que je peux dire à titre personnel.
Dans la partie qui nous concerne, je n’ai pas vu, moi, de décalage entre ce que le ministère a su déclarer les jours et ce que nous, nous avons donné», a-t-il poursuivi. Avant de conclure : «Maintenant, encore une fois, nous ne sommes pas le seul laboratoire qui teste. Il y a d’autres laboratoires qui ont été désignés et ce qui se passe dans les autres laboratoires, je ne suis pas en mesure de vous le dire.»
Pour rappel, dans son rapport 2020-2021, les auditeurs de la Cour des comptes avaient fait état d’un gonflement des chiffres sur les cas de Covid-19, par le ministère de la Santé et de l’Action sociale.
LE SAMES DENONCE DES TENTATIVES D’INTIMIDATION DU DIRECTEUR DU CENTRE HOSPITALIER DE KAFFRINE
Les membres de la section Sames du Centre Hospitalier Régional Thierno Birahim Ndao de Kaffrine (Chrtbnk) sont dans une colère noire.
Face à la logique d’intimidation du directeur du Centre Hospitalier Régional de Kaffrine, la section Sames régionale ne compte pas se laisser faire. Ses membres accusent le directeur Babacar Sène d’avoir fait vivre des misères à deux médecins de l’hôpital et de viser à présent le chef de service de l’orthopédie traumatologie.
Les membres de la section Sames du Centre Hospitalier Régional Thierno Birahim Ndao de Kaffrine (Chrtbnk) sont dans une colère noire. Dans un communiqué parvenu à notre rédaction, ils dénoncent la gestion solitaire de la direction de l'hôpital qui, depuis le début de l’accident de Sikilo jusqu'à ce jour, n'a pas communiqué avec le corps médical sur la gestion de cette crise. «Suite à l'accident de Sikilo survenu la nuit du 07 au 08 janvier 2023, la section Sames du Chrtbnk condamne avec véhémence l'attitude solitaire de la direction de l'hôpital qui, depuis le début du drame jusqu'à ce jour, n'a pas communiqué avec le corps médical sur la gestion de cette crise», dénonce le secrétaire générale de la section du Sames du Chrtbnk, Dr El hadji Sader Top. Pourtant, souligne-t-il, c'est grâce au courage de tous les acteurs que l’hôpital a reçu ce satisfécit. Dans le même sillage, le Dr Top et ses collègues fustigent l'attitude du directeur, Babacar Sène, «de s'absenter pendant plusieurs jours en de pareilles circonstances tel un commandant qui abandonne son navire au moment où il chavire. En tant que responsable administratif de cet établissement, aucune urgence professionnelle ne devait être au-dessus de ce désastre», s’insurge le secrétaire général du Sames du Chrtbn de Kaffrine.
Toute cette frustration est exacerbée par le manque de respect notoire de la direction et ses tentatives d'intimidation envers le chef du service d'orthopédie-traumatologie et de surcroît le PCME qui était au cœur de la gestion de cette crise. A cet effet, «le Sames condamne fermement le fait d'amener un médecin externe stagiaire pour le suppléer à son insu alors qu'il n'a fait que demander quelques jours de repos après un travail sans relâche. Ce manque de respect et de reconnaissance à l'endroit du coordonnateur de la prise en charge des victimes ne passera pas», tonne-t-il.
De plus, le Sames se désole des conditions inhumaines d'hébergement dans lesquelles la direction voulait mettre le médecin externe. Tout cela, selon ses membres, témoigne à suffisance du mépris à l'égard de la corporation des médecins, pharmaciens et chirurgiens-dentistes. Toujours dans sa dénonciation, le Sames a également tenu à préciser que la référence d'un patient demeure un acte médical. «Seul un médecin est habilité à décider de référer ou pas un patient. La direction de l'hôpital ne doit guère interférer ou interdire une référence d'un patient», souligne M. Top qui condamne le refus du directeur Babacar Sène de contractualiser des Techniciens Supérieurs en anesthésie réanimation, ce qui a comme conséquence la suspension de tous les programmes opératoires réglés, toutes spécialités confondues, hypothéquant la santé des populations de toute la région. «En effet, le Directeur, dans sa logique d'intimider le personnel, a déjà réussi son coup avec l'ancien urologue et avec le chef de service de la chirurgie générale. A présent, il vise le chef de service de l'orthopédie traumatologie qui est en même temps le PCME».
Face à cette situation jugée désastreuse, la section Sames de Kaffrine prendra toutes ses responsabilités pour défendre non seulement son membre «injustement attaqué et intimidé», et met en garde le Directeur.