La lèpre est toujours présente au Sénégal. Au total, 150 cas ont été détectés l’année dernière dans le pays. Et la région de Dakar reste celle la plus affectée par la maladie, avec 47 cas. Malgré le plaidoyer de plusieurs acteurs de lutte et des défenseurs des droits humains, les villages de recasement continuent toujours de jouer leur rôle. Certains lépreux ont été soustraits de leur famille, pour vivre leur maladie dans des zones réservées à la prise en charge, pour ne pas exposer plus la communauté.
Le ministère de la Santé et de l’Action sociale (Msas) a organisé hier, jeudi 2 mars 2023, une séance d’information sur la situation de la lèpre au Sénégal. La rencontre qui s’est tenue à Dakar, a permis de faire la cartographie des cas de lèpre sur le territoire national. Le coordinateur du Programme national d’élimination de la lèpre, le Dr Louis Hyancinthe Zoubi, a avancé qu’au cours des trois trimestres de l’année 2022, il a été enregistré 150 cas de lèpre sur le territoire national ; il ressort aussi de ces cas que 47 ont été dépistés dans la région de Dakar, 38 à Diourbel, 12 à Thiès et 11 à Kaolack, qui forment les foyers les plus affectés.
Se basant sur les données de 2019 à 2021, Dr Zoubi a fait savoir que quatre (4) régions ont un fardeau élevé, avec plus de 20 cas par an. Il s’agit de Dakar, Diourbel, Thiès et Kaolack. Deux (2) autres ont un fardeau moyen, entre 10 et 20 cas par an, notamment Saint-Louis et Louga. Cependant, huit (8) régions gardent un fardeau faible de moins de 10 cas de lèpre ; ce sont les régions de Fatick, Kolda, Sédhiou, Matam, Kaffrine, Tambacounda, Kédougou et Ziguinchor. « En 2023, la situation est toujours stable, c’est en 2016 que nous avons eu un pic par rapport au nombre de nouveaux cas enregistrés. Aujourd’hui, nous œuvrons toujours à la lutte contre la lèpre, en mettant en place plusieurs stratégies», a fait savoir Dr Louis Hyacinthe Zoubi, médecin épidémiologiste et coordonnateur du Programme national de la lèpre au ministère de la santé et de l’action sociale.
DAKAR, FOYER DE FORTE CONTAMINATION
Dans l’optique de rompre la chaine de contamination, Dr Zoubi a renseigné : «nous avons eu à mener une étude sur le dépistage actif, associé à la chimio prophylaxie. Dans un 1er temps, nous avons ciblé les villages de reclassements qui étaient les anciens foyers de la lèpre. Autour de cette étude, nous avons dépisté des nouveaux cas. La stratégie est de dépister précocement pour pouvoir rompre la chaine de contamination et réduire aussi davantage le nombre de mutilés». Et de poursuivre : «nous avons eu l’expérience que la plupart des malades qui venaient pour la prise en charge étaient déjà mutilés c’est-à-dire qu’il y a des dépistages tardifs, avec des mutilations, alors que la lèpre peut être guéri sans ce procédé». Les cas de lèpre sont plus détectés dans la région de Dakar. Selon Dr Zoubi, la capitale sénégalaise, compte tenu de la présence du Centre de l’ordre de Malte qui est un hôpital de référence pour la prise en charge de la lèpre, beaucoup de références y sont faites. «Il faut noter que parmi ces cas qui sont notifiés à Dakar, il y a ceux qui viennent de la banlieue, comme Guédiawaye, Pikine et Yeumbeul, et même des régions. La lèpre est une Maladie tropicale négligée (Mtn) car elle date de longtemps. Non seulement, elle ré-émerge, mais il n’y a pas de financement. Il n’y a pas un intérêt réel par rapport aux Etats et aux partenaires.»
DES VILLAGES DE RECASEMENTS TOUJOURS EXISTANTS
Des villages de recasements pour les lépreux continuent toujours à exister au Sénégal, malgré le recul de la maladie. Si certains ont été transformé en village communiqué, d’autres continuent de servir de retraite à certains malades. «Nous avons des cas et nous étions obligé de les placer sous des foyers à cause du taux élevé de contamination. Aujourd’hui, il est possible d’éliminer la lèpre au Sénégal, car nous avons un plan mondial qui est élaboré par l’Organisation mondiale de la santé (Oms). Donc, nous avons une feuille de route pour tous les pays endémiques à cette maladie. Et nous travaillons pour un dépistage précoce, car la lèpre peut se guérir sans que le malade ne garde des séquelles qui sont souvent stigmatisantes», a assuré Dr Zoubi.
Pour rappel, le Sénégal compte 9 villages de reclassements dont Njambo à Saint-louis, Mbaling et Toubapico à Thiès, Teubie et Djibélor à Ziguinchor, Médina Chérif à Kolda, Fadiga à Kédougou, Souane à Fatick et enfin Koutal à Kaolack. Suffisant pour que Pape Mamadou Diagne, président de l’Association sénégalaise de lutte contre la lèpre et les Mtn, s’attaque à la loi 03-76 du 25 mars 1976 qui a régi les villages de reclassements sociaux. Pour lui, quand on vous dit qu’en 2023, il y a des villages qui n’existent pas, administrativement parlant, dans la cartographie du Sénégal, c’est autre chose. «Nous sommes en train de mener des combats pour l’élimination de cette loi qui est stigmatisant et discriminatoire. C’est une loi obsolète et nous interpellons le président de la République à revoir cette loi pour permettre à ces populations de retrouver leur dignité. On ne peut pas concevoir, à l’heure où nous sommes, qu’on nous parle de villages de reclassement social ; c’est inadmissible.»
UN PLAIDOYER POUR L’ACCOMPAGNEMENT DES MALADES
Il y a plusieurs perspectives pour accompagner les malades, du point de vue social et de la réinsertion. Pour Pape Mamadou Diagne, président de l’Association sénégalaise de lutte contre la lèpre et les Mtn, il faut une prise en charge pour ceux qui vivent les séquelles de la maladie. «Nous voulons qu’il y ait un accompagnement psycho-social et des programmes de réinsertion.»
150 NOUVEAUX CAS LÈPRE ENREGISTRÉS EN 2022
Le Sénégal a enregistré 150 nouveaux cas de lèpre en 2022, principalement dans les régions de Diourbel, Kaolack, Dakar et Thiès, a révélé, jeudi, le coordonnateur du Programme national d'élimination de la lèpre au ministère de la Santé
Dakar, 2 mars (APS) - Le Sénégal a enregistré 150 nouveaux cas de lèpre en 2022, principalement dans les régions de Diourbel, Kaolack, Dakar et Thiès, a révélé, jeudi, le coordonnateur du Programme national d'élimination de la lèpre au ministère de la Santé et de l'Action sociale, Dr Louis Hyacinthe Zoubi.
‘’Ce sont des données préliminaires que j'ai présentées. Pour l'instant, sans avoir consolidé ces données avec celles du quatrième trimestre de l'année 2022, nous sommes à 150 nouveaux cas de lèpre au Sénégal’’, a-t-il dit au cours d’un point de presse, à l’occasion de la journée mondiale de la lèpre.
Cette rencontre s’est tenue en présence de Alioune Bara Guèye, directeur général du Service national de l'éducation et de l'information pour la santé (SNEIPS), et d’Emmanuel de Condé, directeur du centre hospitalier de l’Ordre de Malte. Des représentants d’ONG et d’associations de lutte contre la lèpre ont également pris part à la rencontre.
Selon le médecin épidémiologiste, Dakar a enregistré un grand nombre de patients, en raison de la ‘’présence du centre hospitalier de l'ordre de Malte’’. Il a expliqué que cette structure sanitaire ‘’est un hôpital de référence par rapport à la prise en charge de la lèpre’’. Il a toutefois précisé que parmi les cas identifiés à Dakar, certains ‘viennent de la banlieue’’, de Guédiawaye, Pikine, Yeumbeul’’, notamment.
Dr Zoubi a rappelé que ‘’la lèpre est encore répertoriée’’ au Sénégal, même si ‘’la tendance est encourageante’’. ‘’En 2023, la situation de la lèpre est toujours stable. C'est en 2016 que nous avons eu un pic par rapport au nombre de nouveaux cas enregistrés depuis l'élimination de la lèpre en tant que problème de santé publique en 1995’’, a-t-il indiqué. Il invite les patients à recourir à un dépistage précoce pour éviter encore plus de mutilations.
‘’C'est une maladie qui évolue de façon rampante. Elle est encore là et les chiffres sont assez parlants’’, a pour son part expliqué Professeur Madoky Magatte Diop, médecin interniste et léprologue, qui a fait également une présentation. Il estime que le Sénégal s’achemine vers l’éradication de la lèpre, ce qui devrait passer par une immunisation des patients contre cette maladie tropicale négligée.
‘’La lèpre n'est pas une fiction et si elle est soignée, le malade peut ne pas être amputé. Dans les villages de reclassement, on trouve encore des cas de lèpre, avec prédilection chez les enfants’’, a déploré M. Diop, qui appuie le programme dans la recherche.
Le directeur général du SNEIPS a réitéré la disponibilité de sa structure à accompagner le programme ‘’pour organiser un forum sur la lèpre''.
AU COEUR DU CENTRE CUOMO
Créé en 2017 par la fondation Cuomo, ce centre a opéré des patients sénégalais et ceux venus de la sous-région africaine. A l’heure actuelle, 400 enfants sénégalais attendent d’être opérés.
Le centre de cardio-pédiatrie cuomo (ccpc) de l’hôpital Fann a atteint hier la barre des 1 148 patients qu’il a opérés. Créé en 2017 par la fondation Cuomo, ce centre a opéré des patients sénégalais et ceux venus de la sous-région africaine. A l’heure actuelle, 400 enfants sénégalais attendent d’être opérés.
La consanguinité, les infections durant la grossesse comme la rubéole, sont les facteurs de risque de la malformation cardiaque qui touche les enfants. En effet, les cardiopathies congénitales ou acquises de l'enfant constituent un problème majeur de santé publique en Afrique subsaharienne. Outre une morbidité et une mortalité très lourdes, elles entraînent des coûts financiers et sociaux considérables du fait de l'absence de structures spécialisées dans la prise en charge de cette pathologie. Pour venir en aide aux enfants atteints de cardiopathie congénitale et qui sont issus de familles démunies, la fondation Cuomo et ses partenaires ont construit le Centre de cardio-pédiatrie Cuomo (Ccpc) en 2017, dans l’enceinte de l’hôpital Fann.
En six ans d’existence, le Centre a opéré plus de 1 000 patients. Ce que confirme le chef de service de la chirurgie thoracique et cardiovasculaire, le Professeur Amadou Gabriel Ciss, qui précise que le millième patient a été attient depuis le mois d’octobre 2022. Il s’agit en détails de 855 enfants sénégalais, de 293 adultes et de 68 enfants étrangers. Toujours est-il que Pr Ciss déplore le fait que certains patients n’aient pas encore accès à la chirurgie cardiaque. Une situation due à plusieurs facteurs. «La chaîne d'approvisionnement des consommables médicaux n'est pas encore sécurisée. Il y a un déficit en ressources humaines médicales et paramédicales. La maintenance et le renouvellement des équipements devront être sécurisés», souligne le spécialiste.
PLUS DE 400 ENFANTS ATTENDENT D’ETRE OPERES
L’objectif du Pr Ciss et de son equipe est d'augmenter de façon significative le nombre de patients à opérer. «Mais pour cela, nous avons besoin de ressources humaines, de consommables médicaux et surtout que le personnel du centre Cuomo soit motivé de façon spécifique, parce qu’il fait un travail très spécifique», indique le chef de service de la chirurgie thoracique et cardiovasculaire. Et ce dernier d’ajouter : «Opérer 1 000 patients, c’est bien, mais nous aimerions opérer 4 000 enfants. Au Sénégal ainsi que dans la sous-région ouest-africaine, des enfants comptent sur nous pour les soigner et les aider à se rétablir. A l’heure actuelle, 400 enfants sénégalais sont sur la liste d’attente. A cela s’ajoutent les enfants de la sous-région», s’émeut-il.
UN TAUX DE DECES DE 3,8% ENREGISTRE LORS DES INTERVENTIONS
En dépit de résultats particulièrement encourageants, les interventions chirurgicales cardiaques ne sont pas sans risque. En effet, des décès sont enregistrés au cours de certaines opérations. «Malheureusement, quelques cas de décès sont enregistrés, parce que c’est une chirurgie très compliquée que nous faisons. C’est une chirurgie où il faut arrêter le cœur, le réparer et le faire repartir. Ce sont des interventions qui durent entre 6 et 8 heures», renseigne Pr Amadou Gabriel Ciss qui souligne que le taux de décès tourne autour de 3,8%. «En Europe dans les centres, le taux de décès doit être inférieur à 5%. Nous sommes en dessous du taux de décès admis», indique le chef de service de la chirurgie thoracique et cardiovasculaire.
7 MILLIONS POUR REPARER UN CŒUR, MAIS…
Une intervention chirurgicale cardiaque coûte excessivement cher. D’autant que pour une intervention complète, il faut débourser la rondelette somme de 7 millions de FCFA. «Pour ces interventions, nous faisons un forfait de 3,5 millions Fcfa, car nous avons une population très démunie. Les parents donnent ce qu’ils ont et le reste est compensé par la fondation Cuomo. Le coût réel de l’intervention dépasse les 7 millions», explique le spécialiste. Il ajoute en effet que les partenaires ainsi que l’Etat interviennent. «C’est l’Etat qui nous emploie, qui paie le personnel, les factures d’eau, d’électricité et une partie des consommables médicaux. Mais nous souhaitons plus pour faire plus. Il faut que l’Etat du Sénégal nous donne beaucoup plus de moyens. Ce sont des enfants sénégalais, l’Etat du Sénégal a le devoir de les soigner», déclare Pr Amadou Gabriel Ciss. Pour sa part, la présidente de la fondation, Héléna Cuomo, explique que dans leurs activités, il n’était pas prévu de bâtir un hôpital. «Nous avons été convaincus de construire ce centre pour venir en aide aux enfants démunis. L’hôpital a été construit et équipé. Nous avons pensé que c’était terminé avec la construction de l’hôpital, mais ils ont besoin de consommables, de ressources humaines, de formation et nous sommes prêts à les aider davantage dans ce sens», assure Héléna Cuomo.
PR CHEIKH TACKO DIOP, DIRECTEUR DE L’HOPITAL DE FANN : «LE NOMBRE D'INTERVENTIONS CHIRURGICALES EST PASSE DE 185 EN 2018 A 1 148 CE 28 FEVRIER 2023»
«Ce centre permet de faire bénéficier aux enfants sénégalais, à ceux de la sous-région mais aussi aux adultes des interventions chirurgicales de qualité et d'éviter des évacuations vers l'Europe ou le Maghreb», affirme Pr Tacko Diop, directeur de l’hôpital de Fann. Il estime que depuis 2017, le Ccpc dispose donc d'un plateau médical et d'une expertise locale formée après des études très poussées au Sénégal et à l'étranger, et capables de prendre en charge correctement les cardiopathies les plus courantes et les plus graves. «C'est donc une équipe rompue à la tâche qui a fait passer le nombre d'interventions chirurgicales de 185 en 2018 à 1148 ce 28 février 2023». Malgré les progrès, indique le directeur de l’hôpital de Fann, il reste beaucoup de défis à relever. Il s’agit de l'augmentation de la capacité d'hospitalisation, de la recherche de stratégies de financements innovants et de l'apurement de la liste d'attente longue de 400 patients démunis qui n'ont comme seul espoir que le Centre Cuomo.
LE PERSONNEL QUALIFIE TOUJOURS INSUFFISANT
Sédhiou est doté d’un nouvel hôpital (régional) qui sera inauguré demain, mercredi 1er mars 2023, par le chef de l’Etat, Macky Sall.
Sédhiou est doté d’un nouvel hôpital (régional) qui sera inauguré demain, mercredi 1er mars 2023, par le chef de l’Etat, Macky Sall. Avec ce joyau, les évacuations se feront de moins en moins dans les autres régions, surtout celles de Ziguinchor et de Kolda. Cependant, comme dans la plupart des structures secondaires de santé, la dotation en personnel qualifié pose problème, malgré la disponibilité d’un plateau technique souvent de pointe, qui croupit et moisit sous le poids de la poussière.
Comme dans les autres régions du Sénégal, Sédhiou n’a pas échappé au manque de personnel qualifié dans le domaine de la santé. Avec des acquisitions en plateau médical moderne, certains services des centres de santé secondaires restent sans personnels qualifiés. Et, le plus souvent, ce sont ceux de la génécologie obstétricale, des cabinets de dentistes ou encore les laboratoires, entre autres services, qui en souffrent le plus. Des situations qui ne jouent pas en faveur des malades, qui sont évacués, non pas par faute de plateau moderne, mais de personnel qualifié au sein du district ou dans l’hôpital régional. Ces matériels croupissent souvent sous le poids de la poussière qui contribue à leur détérioration rapide, alors qu’ils pouvaient être redéployés dans d’autres centres dotés de personnel qualifié ou encore jouer sur l’efficience en faisant déplacer le spécialiste, au moins un jour dans la semaine, pour prendre en charge des patients. Néanmoins, dans plusieurs régions, les médecins de districts s’appuient sur les programmes pour former un des leurs pour la prise en charge de ces services.
A Sédhiou, l’international sénégalais, Sadio Mané, a offert à sa localité, Bambaly, un centre de santé. Avec toutes les commodités pour une bonne prise en charge, la structure sanitaire manque de personnels qualifiés. Certains services, bien équipés, attendent toujours la présence de preneurs qualifiés, comme le cabinet dentiste. Le service de gynécologie reçoit la visite d’un gynécologue tous les quinze jours, pour prendre en charge les patients. Cette situation est tout aussi remarquable à l’intérieur de la région et ce sont les sages-femmes qui gèrent les cas urgents où font des références dans la région de Ziguinchor pour la survie des femmes.
UNE LUMIERE QUI S’ANNONCE DANS LE NOIR DE LA SANTE
Un constat qui avait amené la représentante de l’UNFPA, lors de la dernière Journée mondiale de la population qui s’est tenue dans cette région, à avancer : «il est donc urgent de poursuivre les investissements pour la formation du personnel et l’équipement des structures sanitaires, tout en poursuivant les efforts pour la satisfaction totale des besoins en planification familiale».
Dans cette région, les statistiques officielles de l’Agence nationale de la Statistique et de la Démographie (ANSD) reflétaient qu’en 2013, «on dénombre 549 décès pour 100.000 naissances vivantes». Aujourd’hui, il est plus qu’urgent de doter cette région de personnels qualifiés suffisants mais aussi de moyens mobiles pour les campagnes. Et c’est dans ce sens que le nouvel hôpital régional, qui sera inauguré demain, mardi 28 février 2023, gardera tout son sens et va permettre de faire baisser la mortalité maternelle et infantile et augmenter les chances de survie des populations. Avec la visite économique du Chef de l’Etat dans cette région, depuis hier mardi, c’est une lumière qui s’annonce dans le noir dans la santé.
Désormais, le nouvel hôpital régional devrait prendre en charge toutes les spécialités de la médecine, allant de la chirurgie conventionnelle à la radiographie, en passant par la gynécologie, l’orthopédie, entre autres, avec la présence de personnel qualifié. Conséquence, les références devraient aussi connaitre une baisse et les régions d’accueils, comme Ziguinchor et Kolda, pourront ainsi souffler, mais s’appuyer aussi sur ce nouveau joyau pour la prise en charge des malades de la sous- région. Toutefois, il faut relever que dans les autres structures de santé de la région, notamment les centres de santé de Goudomp, Samine, Bounkiling, le manque de personnel reste toujours une réalité et des demandes sont émises pour l’affectation de personnels qualifiés.
RAPPEL DE TOUS LES LOTS DES SPÉCIALITÉS CARBOTOUX
L’Agence sénégalaise de réglementation pharmaceutique (Arp) a ordonné la mise en quarantaine des lots en stock et du rappel de tous les lots des spécialités Carbotoux Sirop adulte et enfant. Le pharmacien responsable de Laborex a été saisi dans ce sens.
L’Agence sénégalaise de réglementation pharmaceutique (Arp) a ordonné la mise en quarantaine des lots en stock et du rappel de tous les lots des spécialités Carbotoux Sirop adulte et enfant. Le pharmacien responsable de Laborex a été saisi dans ce sens.
Selon un communiqué, « l’Arp a été alertée par l’Agence de contrôle des médicaments de la Gambie dans le cadre de ses activités de surveillance du marché, des analyses de laboratoire indiquant la présence de taux inacceptables de diethylène glycol (Deg), produit toxique et nocif, dans le produit Carbotoux (Carbocistéine) 250 mg/5 ml adulte lot n°21P1217. »
En guise de mesure conservatoire, la Directrice générale de l’Arp, Dr Oumy Kalsoum Ndiaye Ndao, demande, « en attendant les résultats des investigations entreprises, aux grossistes répartiteurs de procéder à la mise en quarantaine des lots en stock et au rappel de tous les lots des spécialités Carbotoux. » Ce, « dans un délai maximum de sept jours, à partir de la date de la signature de la présente », précise le document dont le ministère de la Santé et de l’Action sociale a reçu une copie.
26.000 CAS DE CHOLÉRA ET 660 DECES RECENSÉS EN UN MOIS
L’Afrique connaît une augmentation exponentielle du nombre de cas de choléra dans un contexte de forte hausse des cas au niveau mondial
L’Afrique connaît une augmentation exponentielle du nombre de cas de choléra dans un contexte de forte hausse des cas au niveau mondial. Le nombre de cas de choléra notifiés sur le continent au cours du premier mois de 2023 uniquement a atteint plus de 30% du nombre total de cas enregistrés sur l’ensemble de l’année 2022.
Infection aiguë extrêmement virulente, le cholera se propage rapidement et provoque une déshydratation, entraînant une morbidité et une mortalité élevées. Cependant, la maladie peut être facilement traitée. La plupart des personnes peuvent être traitées avec succès par l’administration rapide de sels de réhydratation orale ou de liquides intraveineux. D’après les estimations de l’Organisation Mondiale de la Santé (Oms), 26.000 cas et 660 décès avaient été recensés au 29 janvier 2023 dans dix pays africains affectés par des épidémies depuis le début de l’année. En 2022, environ 80.000 cas et 1.863 décès avaient été enregistrés dans quinze pays touchés par le choléra. Si la tendance actuelle à la hausse rapide se poursuit, le nombre de cas pourrait dépasser celui enregistré en 2021, qui était la pire année pour le choléra en Afrique en près d’une décennie. Le taux de létalité moyen, qui s’élève actuellement à près de 3%, est supérieur aux 2,3% atteints en 2022 et largement supérieur au seuil acceptable fixé à moins de 1%.
Selon la directrice de l’Oms pour l’Afrique, Dr Matshidiso Moeti, chaque décès dû au choléra est évitable. «Cette maladie est autant un problème de santé qu’un problème de développement. À ce titre, les investissements dans l’amélioration de l’assainissement et dans l’élargissement de l’accès à l’eau potable complètent remarquablement bien les initiatives de santé publique qui visent à lutter durablement contre le choléra et à y mettre fin», a déclaré Dr Moeti lors d’une conférence de presse. Pour être efficace, souligne-t-elle, la lutte contre le choléra doit s’appuyer sur la mise en œuvre de mesures complètes. Il s’agit d’abord d’une surveillance épidémiologique et de laboratoire renforcée pour détecter les épidémies, les confirmer et y riposter rapidement. Ensuite de l’élargissement de l’accès au traitement, aux vaccins, à l’eau potable et aux services d’assainissement de base. Et enfin des changements de comportement et l’amélioration des pratiques d’hygiène au sein des communautés.
A en croire Dr Matshidiso Moeti, les épidémies de choléra en Afrique surviennent dans un contexte marqué non seulement par des phénomènes climatiques extrêmes, des conflits, des épidémies d’autres maladies telles que la poliomyélite causée par le poliovirus sauvage, mais aussi par des ressources financières limitées et un personnel de santé sous pression du fait de la riposte à la pandémie de COVID-19.
LA SANTE EN GREVE A KAOLACK
Des agents de santé de Kaolack (centre), membres d’organisations syndicales regroupées au sein de la coalition ‘’And Gueusseum’’, ont déclenché mardi un mouvement de grève pour demander l'octroi des indemnités de risque et de l’habitat.
Kaolack, 21 fév (APS) – Des agents de santé de Kaolack (centre), membres d’organisations syndicales regroupées au sein de la coalition ‘’And Gueusseum’’, ont déclenché mardi un mouvement de grève pour demander l'octroi des indemnités de risque et de l’habitat, en attendant une marche nationale prévue vendredi prochain à Kaffrine, a constaté l’APS.
‘’Le mot d’ordre a été bien suivi à Kaolack, même si nous respectons le service minimum. Mais si rien n’est fait pour satisfaire nos revendications, nous allons corser la grève’’, a averti le secrétaire général du Syndicat unique des travailleurs de la santé et de l’action sociale (SUTSAS) de Kaolack, Moustapha Diakhaté, dans un entretien accordé à l'APS.
Il a rappelé qu’ils avaient un protocole d’accord avec l’Etat depuis le 10 mai 2022 portant sur les indemnités de risque et de l’habitat.
Selon lui, ces indemnités de devaient être versées à tous les agents de la santé. ‘’Malheureusement, nous nous sommes rendus compte qu’il y a certains agents qui n’ont pas été pris en compte dans le paiement de ces indemnités'', a-t-il dit.
‘’On a omis volontairement des infirmiers-assistants, des aides-infirmiers, des infirmiers de blocs, entre autres. Surtout pour les infirmiers-assistants, on nous dit que tous ceux qui n’ont pas de diplômes d’Etat ne vont pas en bénéficier, alors que ce sont des agents diplômés des écoles de formation autorisées par l’Etat’’, a précisé Dr Diakhaté.
‘’Ils ont été recrutés sur la base de ces diplômes-là, on leur confie des malades sur la base de leurs compétences et ils soignent des patients comme tout le monde. C’est contradictoire que de vouloir faire la différence entre les agents. Cela n’est basé sur aucune logique’’, a estimé le SG de la section locale du SUTSAS.
‘’Aujourd’hui, il n’y a plus d’activités de vaccination, puisque nous avons retourné toute la logistique de vaccination au niveau de la Région médicale. Nous allons poursuivre notre grève et si on n’y prend garde, ça va se corser davantage et il n’y aura plus de service minimum encore moins de prise en charge des urgences’’, a-t-il prévenu.
Après la marche de vendredi, une évaluation sera faite pour ensuite voir quelle suite donner à leur plan d’action, a indiqué Dr Moustapha Diakhaté, qui a porté la parole des organisations syndicales membres de ‘’And Gueusseum’’.
Du côté de la direction du Centre hospitalier régional El Hadji Ibrahima Niass de Kaolack, même si on reconnait que le droit de grève est consacré par les lois en vigueur au Sénégal, on assure que ce mouvement d’humeur n’a pas beaucoup affecté le bon fonctionnement des services de soins.
‘’Sur un total de cinq-cent-cinquante-un agents, deux-cent-trente-quatre sont syndiqués, mais il n’y a que cent-trente-trois d’entre eux qui suivent le mot d’ordre de grève, soit 56,84%’’, a précisé le chef du service des ressources humaines de ladite structure, Baye Omar Thiam.
Toutefois, il soutient que la pédiatrie, la radiologie, la cardiologie, la dermatologie, la médecine interne, l’ORL, la chirurgie, la maternité et le service social sont au ralenti, parce qu’’’au lieu d’avoir cent pour cent, ce sont des services qui fonctionnent, peut-être, à trente à trente-cinq pour cent’’.
‘’Puisqu’il s’agit d’un plan d’action national, les agents ayant le droit d’aller en grève, nous ne faisons que constater et faire des rapports détaillés qu’on transmet à l’autorité qui va apprécier. Nous faisons un travail de coordination tous les matins et de voir tous les services qui peuvent être impactés et d’y mettre du personnel supplémentaire pour essayer de combler le vide’’, a rassuré Baye Omar Thiam.
Il a encore précisé que les médecins ne sont pas en grève, parce qu’ils ne sont pas concernés par ce mouvement. ‘’Tous les services gérés par des médecins fonctionnent et les patients qu’on devait opérer l’ont été et les urgences sont prises en charge correctement’’, s’est réjoui M. Thiam
NEUF MILLIONS DE CAS DE COVID RENCENSÉS EN AFRIQUE
La pandémie de la Covid-19 a fait beaucoup de ravages dans le continent africain où elle a causé la mort de centaine de milliers de personnes
Le réseau des médias africains pour la promotion de la santé et de l’environnement (rempasen) a organisé un webinaire avec l’organisation mondiale de la santé (oms) pour faire le bilan de la pandémie de Covid-19 trois années après. Selon le responsable des opérations de riposte à la Covid-19 au bureau régional de l’oms pour l’Afrique, dr Thierno Baldé, environ 9 millions de cas et 175.000 décès liés à la maladie ont été recensés.
La pandémie de la Covid-19 a fait beaucoup de ravages dans le continent africain où elle a causé la mort de centaine de milliers de personnes. Devant un tel fléau, - le Réseau des médias africains pour la promotion de la santé et de l’environnement (Remapsen) qui est un regroupement de 26 pays africains a initié un webinaire pour faire le bilan de la Covid-19. Selon Dr Thierno Baldé, il a été répertorié dans 47 pays africains environ 9 millions de cas au cours des trois dernières années. Et sur la même période, 175.000 cas de décès ont été recensés. «Ce qui fait un ratio de 1,9% de personnes qui sont tombées malades et qui sont décédées. C’est un bon ratio. Comparé à d’autres régions, nous sommes en deçà des chiffres», souligne Dr Thierno Baldé.
Et ce dernier de rappeler que beaucoup de variants du virus ont été détectés. «Nous avons commencé avec la Sars Cov-2. Par la suite, il y a eu le variant Alpha, Beta, Delta. Actuellement, on a le variant Omicron qui a aussi plusieurs lignées qui existent comme les BA 4, BA 5 et des sous-lignées», explique Dr Baldé qui estime que le virus continue à muter. «Il faut que l’on adapte continuellement tous nos mécanismes et nos moyens de réponse par rapport à ce virus. Mais il y a une satisfaction, car les variants qui arrivent sont moins virulents par rapport aux précédents. Mais est-ce que cela va continuer comme cela ? C’est cette inconnue-là qui nous anime par rapport aux nouveaux variants qui arrivent. On ne sait pas s’ils vont entraîner plus de cas sévères ou pas. Il nous faut garder une certaine vigilance. Ainsi, quand il y aura des cas, on pourra faire des séquençages», propose Dr Baldé.
Interpellé sur les actions de l’Oms, Dr Baldé indique que l’agence onusienne en charge de la santé mobilise énormément d’efforts pour faire des formations, «capaciter les gens comme il faut, mais aussi acheter des équipements pour les envoyer dans les pays». En plus de cela, Dr Balde préconise la vaccination pour éviter les cas graves. «Si on veut sauver plusieurs personnes, éviter l’échappement de ce virus par rapport aux différents vaccins qui existent, il faut accepter de se faire vacciner. Si on ne le fait pas pour soi, qu’on le fasse pour ses proches», recommande-t-il.
Pour sa part, le président de Rempasen, Youssouf Bamba, souligne que les journalistes membres du Réseau travaillent à éclairer davantage les populations africaines sur la nécessité d’adopter les bons comportements et aider à lutter contre certaines pratiques néfastes à la riposte.
LES ORGANISATIONS DE DEFENSE DES DROITS DES FEMMES DEMANDENT LE RENFORCEMENT DE L'ARSENAL JURIDIQUE
La mutilation génitale est pratiquée sur des femmes d’âges divers, le plus souvent jusqu’à l’âge de 15 ans et parfois même sur des femmes adultes, selon la communauté ou le groupe ethnique
La mutilation des parties génitales chez la femme est une pratique culturelle et sociologique au Sénégal. Malgré son interdiction, l’excision est toujours pratiquée par une partie importante de la population. Afin de corser les sanctions et accentuer la sensibilisation, il s’est tenu, à Saly, un atelier sous régional de trois jours, pour l’évaluation des engagements politiques et stratégiques du Sénégal pour l’abandon des mutilations génitales féminines (MGF).
La mutilation génitale est pratiquée sur des femmes d’âges divers, le plus souvent jusqu’à l’âge de 15 ans et parfois même sur des femmes adultes, selon la communauté ou le groupe ethnique. Ces pratiques sont considérées comme une violation des droits des femmes et des filles, comme l’indiquent beaucoup d'instruments internationaux et régionaux relatifs aux droits de l’Homme. C’est ainsi qu’il y a eu un engagement mondial pour l’abandon de la pratique des MGF ;
Depuis 2005, le Sénégal a mis en place un cadre juridique et réglementaire contre la pratique. A la suite de cela, il a été fortement recommandé de mettre en place une stratégie nationale pour l’abandon de la mutilation génitale féminine. Selon Zakaria Sambakhé, directeur de l'Ong Action Aid, des efforts ont été notés ces dernières années sur le plan législatif et opérationnel au Sénégal. «La législation autour des questions d’excision ne déroge pas à cet engagement de l’Etat. Depuis plus de 20 ans, le Sénégal dispose d’une loi (loi 99 -05) interdisant les mutilations génitales féminines. Malgré cela, plus d’une fillette sur 10 subit cette violence au Sénégal. Près du tiers des femmes sont excisées au Sénégal», renseigne-t-il.
Relevant des disparités en fonction des zones géographiques, M Sambakhé indique que les parties Est, Sud-Est et Sud sont les zones où l’excision est la plus pratiquée. «Dans certaines régions du sud, elles le sont quasiment toutes. En milieu rural, les parents continuent cette pratique en cachette et les associations peinent à changer les mentalités. Si l’on peut se réjouir de voir la pratique reculer, il est cependant inquiétant de noter la stabilité du taux de pratique de l’excision au Sénégal.
En effet, le taux national stagne autour de 25% depuis presque une décennie ; 34% dans le milieu rural, 22% dans le milieu urbain. En tant que norme sociale, il est acquis que son abandon ne sera pas chose aisée parce qu’elle comporte des questions identitaires, culturelles voire métaphysiques qu’il est difficile de résoudre par des analyses et des approches cartésiennes», a soutenu le directeur de Action Aid.
Selon le directeur de cabinet du ministre de la Femme, Mouhamed Ndiaye, les mutilations génitales féminines sont une pratique traditionnelle profondément ancrée qui a de graves répercussions sur la santé des jeunes filles et des femmes, ainsi que sur la dignité humaine. «C’est pourquoi, le gouvernement du Sénégal s’est engagé depuis des décennies à protéger les femmes et les filles de cette pratique. Cette volonté politique s’est manifestée à travers l’adoption en 1999 de la loi N° 99-05 du 29 janvier 1999, qui interdit l’excision, la mise en œuvre de trois plans d’action nationaux 2000-2005 et 2010–2015 et d’une stratégie nationale 2022-2030», indique Mouhamed Ndiaye.
RADIOSCOPIE DE LA DEPRESSION DES FEMMES APRES L’ENFANTEMENT
Derrière le bonheur de l’enfantement se cachent des pathologies qui portent atteinte à la santé de la femme. des complications durant et après la grossesse pouvant aller jusqu’à la dépression.
Derrière le bonheur de l’enfantement se cachent des pathologies qui portent atteinte à la santé de la femme. des complications durant et après la grossesse pouvant aller jusqu’à la dépression. Beaucoup de femmes en souffrent sans le savoir. la dépression post-partum est un fléau méconnu au Sénégal. Pourtant, beaucoup de femmes sont touchées par cette maladie. il s’agit d’un trouble de l’humeur marqué par une tristesse intense permanente, évoluant au moins deux semaines après un accouchement.
Une grossesse programmée ou attendue est souvent synonyme d’allégresse. Elle apporte de l’espoir dans la famille qui va s’agrandir, mais surtout chez la femme. Celle-ci porte pendant neuf mois une grossesse, endure les difficultés, animée par la force de tenir son enfant après neuf mois de peine. Hélas ! L’accouchement ne rime pas toujours avec le bonheur. Il s’agit de complications nommées dépression post-partum. Beaucoup de femmes en souffrent sans le savoir. Dès que l’enfant est né, certaines femmes tombent dans la dépression. Cette situation entraîne parfois des tentatives de suicide. Cette maladie est beaucoup plus fréquente dans les pays développés. Au Sénégal, les femmes qui en souffrent ne font pas le link de leur pathologie avec la grossesse. Elles pensent plutôt à la sorcellerie et autres effets surnaturels. Psychiatre à l’hôpital de Fann, Dr Sokhna Seck se rappelle l’histoire d’une dame de 30 ans, qui aussitôt après l’accouchement, ne supportait pas les cris de son nouveauné. «Les cris du bébé l’agaçaient au point qu’elle a tenté de s’en débarrasser. D’ailleurs, c’est sa famille qui s’occupait de l’enfant», raconte la psychiatre.
«J’AVAIS L’IMPRESSION D’ETRE DANS UN AUTRE MONDE ET JE NE VOULAIS PAS TOUCHER A MON BEBE»
Amina Guèye, 48 ans, se souvient de la dépression post-partum qu’elle a vécue, il y a 12 ans. «En 2010, j’ai accouché, mais ma fille ne voulait pas téter. C’est ainsi qu’on lui a mis une sonde au niveau des narines. Je pleurais tout le temps. Pour un rien, je fondais en larmes. Je ne parvenais pas à répondre aux questions de mon mari. Comme un enfant, je ne voulais regarder que les dessins animés à la télévision», raconte Amina Guèye qui ne voulait plus habiter chez elle. «J’avais l’impression d’être dans un autre monde. Je ne pensais qu’à la mort. J’avais peur de donner à ma fille son bain. A notre sortie de l’hôpital, elle a commencé à téter et prenait du poids. En revanche, moi je souffrais mentalement. Ma dépression a duré trois semaines. Au début, ma mère pensait que je faisais des caprices en tant que nouvelle maman. Mais lorsqu’elle a vu que cela durait et que je n’arrêtais pas de pleurer, elle a commencé à s’inquiéter. Moi-même, je ne savais pas que je souffrais de dépression post-partum. C’est après que je l’ai su. Ma grossesse s’est bien déroulée, mais la césarienne n’était pas programmée. J’étais dans une clinique de la place, c’est par la suite que l’on m’a transférée dans un hôpital», indique Amina Guèye.
«MA SŒUR A FINI PAR SUCCOMBER AA LA DEPRESSION POST-PARTUM»
Si nos deux premières interlocutrices ont fini par vaincre la dépression post-partum, ce n’est malheureusement pas le cas d’Adama Faye qui est décédée après son accouchement. Sa sœur, qui travaille dans la santé, raconte comment elle a été emportée par la dépression post-partum. «Elle souffrait d’une terrible dépression post-partum. Elle ne voulait pas du tout voir son enfant, alors qu’elle était très impatiente de l’avoir. Elle avait acheté des habits et des chaussures pour son fils. A sa naissance, le bébé présentait une malformation. C’est ce choc qui lui a causé la dépression. Elle a vécu des moments difficiles et a fini par succomber à la dépression un mois après son accouchement», révèle la sœur d’Adama Faye.
DR SOKHNA SECK, PSYCHIATRE AU SERVICE DE PSYCHIATRIE DE L’HOPITAL DE FANN «25% DES FEMMES SOUFFRENT DE DEPRESSION POST-PARTUM AU SENEGAL»
Psychiatre de son état, Dr Sokhna Seck fait la radioscopie d’un phénomène particulièrement méconnu qui, pourtant, touche beaucoup de femmes après l’accouchement. Dans cet entretien, la spécialiste renseigne que 25%des femmes souffrent de cette maladie au Sénégal.
C'EST QUOI LA DEPRESSION POST-PARTUM ?
La dépression du post-partum se définit comme un trouble de l’humeur marqué par une tristesse intense permanente, évoluant depuis au moins deux semaines, survenant à la suite d’un accouchement. C’est une maladie qui entraîne une rupture avec l’état antérieur de l’individu. Elle survient généralement deux à six semaines après l’accouchement, mais elle peut apparaître jusqu’à une année après la naissance.
QUELLES SONT LES CAUSES DE CETTE MALADIE ?
Les causes sont multifactorielles comme toutes les maladies psychiatriques. C'est l'intégration de plusieurs facteurs qui va expliquer la survenue de la maladie. Parmi ces facteurs, il y a ceux qui sont biologiques. Pendantla grossesse ou après l'accouchement, on assiste à des remaniements sur le plan biologique, notamment un bouleversement des hormones. Il y a aussi des facteurs psychologiques, parce que la grossesse et l'accouchement s'accompagnent d'un remaniement sur le plan psychologique. C’est le cas des conflits inconscients antérieurs comme par exemple des traumatismes vécus durant l’enfance. C'est un processus normal qui peut aboutir à certaines perturbations. Pendant la grossesse ou après l'accouchement, des conflits antérieurs peuvent refaire surface. Par exemple quand vous avez subi un traumatisme durant l'enfance, des conflits avec des parents, ceux-ci peuvent refaire surface. Pendant la grossesse, la femme imagine son enfant ; c'est ce qu'on appelle l'enfant imaginaire et elle va fantasmer. Elle va penser que son enfant sera beau, de teint clair, de sexe masculin. Et ceci peut avoir un fort décalage avec la réalité après la naissance. Lorsqu’il y a ce fort décalage entre l'enfant imaginé et l'enfant de la réalité, cela peut être source de perturbation sur le plan psychologique qui peut aboutir à une dépression post-partum. Il y a aussi les facteurs socio-environnementaux qui sont plus faciles à détecter. On peut avoir la primiparité, c'est-à-dire : quand il s'agit d'un premier accouchement, cela peut être quelque chose d'assez angoissant et stressant pour la femme. Les antécédents psychiatriques constituent aussi un facteur de risque. Autre facteur également, c’estlorsque la femme est confrontée à des conflits conjugaux persistants. Quand la femme est confrontée à une certaine précarité, c'est une source de stress. Idem lorsque la grossesse est compliquée ou que la femme est porteuse d'un enfant malformé. Il y a aussi tout ce qui tourne autour de l'organisation de cérémonie, notamment le baptême qui peut être un facteur de stress, car pendant la grossesse la femme nourrit le devoir de faire des cadeaux à sa belle-famille. Malheureusement, lorsque les moyens financiers ne suivent pas, cela peut aboutir à une dépression post-partum.
COMMENT SE MANIFESTE LA MALADIE ?
Elle se manifeste comme toute dépression classique. C'est la tristesse permanente. Le sujet ne ressent plus du plaisir pour les activités qui lui procuraient du bonheur auparavant. Ceci va s'accompagner d’idées négatives qui vont tourner autour de la relation avec son enfant. La femme va penser qu'elle n'est pas une bonne mère. Il y a la fatigue. Au moindre effort, elle se sent très fatiguée et n'arrive pas à l'expliquer. Il y a de l'épuisement sur le plan physique et psychique. Elle ne va pas dormir la nuit, car elle rumine en se demandant pourquoi elle est dans cet état. Sur le plan alimentaire, il y a une perte d'appétit, mais aussi une prise de poids. La maladie se manifeste aussi par la baisse de la libido. L’envie sexuelle n'est plus là. Jusqu'à six (6) mois après l'accouchement, la femme n'aura pas envie d'avoir des relations sexuelles avec son conjoint.
COMMENT SE DEROULE LA PRISE EN CHARGE ?
La prise en charge passe par la psychothérapie. On écoute la femme parler de son ressenti. Si cela ne suffit pas, on peut avoir recours à des médicaments. On leur donne des anti-dépresseurs qui peuvent aider les femmes à sortir de cette dépression. Nous les aidons à ne pas sentir cette tristesse pour qu'elles puissent s'occuper de leur enfant. Toute dépression doit être prise au sérieux pour éviter qu'il y ait des complications comme le suicide. Chez les femmes souffrant de dépression post-partum, c'est l'infanticide.
QU’EN EST-IL DES CONSEQUENCES ?
Tout médecin psychiatre qui fait face à une personne souffrant de dépression, a cette hantise par rapport au suicide. Durant tout le traitement, on guette ce suicide pour que le sujet ne passe pas à l'acte. Quand une mère ne va pas bien psychiquement, elle ne s'occupe pas de son enfant et la relation ne va pas se porter au mieux. En cas d’altération de la relation, il peut y avoir le risque sur le développement de l'enfant tant sur le plan psycho-affectif que sur le plan cognitif mais aussi des troubles de langage ou de la marche. Il peut y voir aussi des conséquences sur la vie de couple parce que l'entourage ne comprend pas comment une maman ne peut pas être heureuse avec son enfant. Quand l'entourage ou le conjoint ne comprend pas, il y a des tensions.
QUEL EST L'ETAT DES LIEUX DE LA MALADIE AU SENEGAL ?
Au Sénégal, nous n'avons malheureusement pas encore de données. Une étudiante a fait sa thèse sur cette maladie. Elle a parcouru les structures sanitaires et la prévalence que nous avons tourne autour de 25% au Sénégal. Au niveau mondial, les chiffres tournent autour de 10 à 15%. C'est un problème de santé publique. Parfois, nous les hospitalisons et les prenons en charge ici dans le service. Il faut les détecter de façon beaucoup plus précoce, les prendre en charge avant qu'il n'y ait toutes ces conséquences. Quand les femmes éprouvent ces signes de tristesse, elles n'en parlent pas, parce qu'il y a la honte, car elles vont se dire comment les gens vont les regarder lorsqu’elles disent qu’elles ne sont pas heureuses. Elles taisent tout leur ressenti. Maintenant dans les médias, les femmes osent dire qu'elles en souffrent.
QUELS CONSEILS AUX FEMMES POUR PREVENIR CETTE MALADIE ?
En tant que personnel de santé, nous préconisons que l'on puisse détecter les facteurs de risques notamment les facteurs socio-environnementaux. On devrait plus être regardant envers ces femmes-là pour qu'elles ne tombent pas dans la dépression. Nous espérons qu'un jour, cela va être intégré dans la consultation prénatale. Il faut sensibiliser la population sur le fait que cela existe. Il faut aussi faire des enquêtes pour voir cette pathologie dans notre contexte de travail. Il n'y a pas que la dépression post-partum après l'accouchement, il y a d'autres troubles psychiques tels que la psychose puerpérale. Quand on parle de psychose, la personne n'est pas toujours dans la réalité. Elle va tenir des propos délirants. Elle va être persuadée que l'on est en train de la persécuter, qu'on lui en veut et que l'on veut la tuer. Ce sont ces facteurs que la personne va développer après l'accouchement. Ce sont ces cas que nous voyons plus en hospitalisation.