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27 novembre 2024
Santé
«ON PARLE DE NGAGNE DIAW, MAIS JE SUIS SÛR QU’AILLEURS LA CONTAMINATION EST BEAUCOUP PLUS IMPORTANTE»
Va-ton vers un Ngagne Diaw bis ? Selon le Professeur Mamadou Fall, chef centre antipoison, le Sénégal n’a toujours pas une loi qui régule l’usage du plomb
Va-ton vers un Ngagne Diaw bis ? Le statuquo est de mise. Selon le Professeur Mamadou Fall, chef du Centre Antipoison, le plomb fait partie de la dizaine de produits suivis par l’Organisation mondiale de la santé (Oms) parce que causant un problème de santé majeur. En 2008, du fait d’une intense activité sur la matière, plusieurs enfants malades du saturnisme ont trouvé la mort au quartier Ngagne Diaw de Thiaroye sur Mer. Un problème de santé publique qui risque de se reproduire. Les autorités sanitaires n’ont pas de données pour mesurer l’ampleur des dégâts causés par ce produit. Un chose est clair, selon le chef du Centre Antipoison, le risque est là, à cause de la présence du plomb dans les activités telles que le recyclage des batteries automobiles et l’usage de la peinture dont certaines ne respectent pas la norme. Il est interrogé hier, jeudi 9 juin, lors d’une rencontre d’information et de sensibilisation sur les normes sur la limitation de la teneur du plomb dans les peintures. Le Sénégal n’ayant toujours pas une loi qui régule l’usage du plomb.
Quel est l’ampleur de l’infection à plomb ?
Au Sénégal, on ne peut pas connaître l’ampleur parce qu’il n’y pas de réglementation encore moins de contrôle. Par contre, en 2009 quand-même, les analyses qu’on avait effectuées sur la peinture avaient montré que 76% des échantillons avaient des taux très élevés de plomb. Depuis lors, il n’y a pas eu un nouvelle recherche, même si nous venons de finir un travail pilote. Sur 15 échantillons, il n’y avait qu’un seul avec un taux très élevé ; ce qui veut dire que nous avons encore des peintures à plomb qui circulent dans le pays.
Quels sont les impacts du plomb sur la santé humaine ?
Les impacts sanitaires c’est aussi bien chez l’enfant que chez l’adulte. Mais, comme la conséquence est très grave chez l’enfant, c’est pour ça que le monde entier veut agir. C’est un produit qui affecte le système nerveux de l’enfant, en diminuant son quotient intellectuel c’està-dire, tout ce qui est développement mental, apprentissage et mémorisation. Un enfant qui est né avec des taux de plomb très élevés, il ne sera pas extraordinaire qu’il ait des difficultés à l’école. Plus grave même, ça peut entrainer d’autres pathologies mentales qui vont affecter son développement. Chez l’adulte aussi, la conséquence est la même. C’est un métal qui affecte tous les organes, que ça soit le système nerveux, les reins. Ça peut augmenter la tension cardiaque. On a trouvé que c’est un produit qui peut modifier la fertilité chez les hommes, en modifiant les spermatozoïdes. Pourquoi dit-on que 90% du plomb qui infecte le corps humain se retrouve dans les os ? C’est un métal qui s’accumule dans l’organisme c’est-à-dire, si vous prenez une petite dose aujourd’hui, elle va se répartir dans l’organisme et 90% de celle-ci va aller dans l’os et peut y rester pendant très longtemps. Si l’exposition continue, le taux de plomb va augmenter au cours de la vie. Même si un traitement est fait, il ne peut qu’éliminer le plomb qui est dans le sang et dans les organes. Et une fois que ce traitement est fait, il y a un équilibre. Le plomb qui était dans l’os, va commencer à se redistribuer dans l’organisme et que, une fois exposé, ça sera extrêmement difficile voire même impossible d’enlever tout le plomb de l’organisme ; d’où la nécessité de faire la prévention, tout à ce qu’on ne soit exposé à des dérivés du plomb. On peut le faire en évitant d’utiliser des peintures à plomb.
Le recyclage des batteries automobiles est un facteur de contamination. Vu le développement de l’activité dans le pays, peut-on dire que le risque de contamination est grand ?
Partout où on fait la réparation, une récupération des batteries automobiles, on aura une émission de poussière de plomb. Et là où on essaie de faire la fonderie de plomb, forcément il y a des émanations de fumée. On le retrouve dans certains endroits de Colobane. Une étude nous a montré qu’aussi bien les mécaniciens qui récupèrent ces batteries, mais aussi les femmes qui essayent de fondre le plomb pour le transformer en plomb de pêche, sont très exposés. Et forcément, si on le manipule quelque part, on va polluer tout l’environnement et exposer les populations environnantes.
A part les batteries qui sont recyclés, existe-t-il d’autres matériaux qui favorisent l’infection au plomb ?
De manière générale, quand on travaille sur des métaux lourds, on a toujours des traces de plomb. Que ça soit les ateliers de menuisiers métalliques ou autres. C’est des faibles traces, mais ils peuvent exposer les individus, dans le long terme.
Peut-on retrouver le plomb dans nos aliments ?
C’est possible parce que le plomb a contaminé l’univers. Mais, on doit en trouver de très faible concentration. Si on ingère du plomb, il n’y a que 5 à 10% qui vont rentrer dans le sang. Par contre, par la respiration, on peut faire passer jusqu’à 50% ; raison pour laquelle la pollution atmosphérique et la poussière de plomb sont beaucoup plus dangereuses. Il faut tout faire pour que dans nos aliments la concentration en plomb respecte ce qu’on appelle les concentrations maximales admissibles.
Plus de dix ans après la contamination à plomb, est-ce qu’on peut parler toujours du cas Ngagne Diaw ?
Ngagne Diaw, ça date de plus de 10 ans. Depuis lors, certes, il n’y a pas eu de décès dû à ce plomb-là, mais les enfants qui étaient contaminés nécessitent un suivi. Depuis lors, nous, au niveau du Centre Antipoison, on n’a pas fait le suivi parce qu’on n’a pas les moyens de le faire. Cependant, nous n’avons pas d’alertes qui nous permettent de dire que les enfants sont encore sous risque. Par contre, les taux de plomb qu’on avait sur ces enfants-là, en 2008, c’est sûr qu’actuellement, il en reste encore dans leurs organismes parce que l’élimination est très lente. Si on a du plomb dans l’os, la moitié ne va disparaitre que 10 à 20 ans après. C’est dire qu’un enfant qui avait des taux de plomb très élevé, sans traitement, sera toujours au même niveau d’infection.
Qu’en est-t-il du risque encouru par ceux qui se sont installés sur le site ?
Le site a été nettoyé par les équipes de l’environnement. On y a enlevé des tonnes de produits qu’on a mis ailleurs. Et en principe, le site est beaucoup moins contaminé. Toutefois, un suivi est nécessaire. Même s’il est fait, c’est toujours bon de dire aux populations là où se mettre. On parle de Ngagne Diaw, mais je suis sûr que peut-être il y a ailleurs où la contamination peut être beaucoup plus importante parce que le contrôle n’est pas fait. Ce qui est important est que chacun comprenne qu’il y a diverses sources d’exposition au plomb et que là où chaque Sénégalais se trouve, arrive à discerner le risque. On attend énormément de l’Etat, mais le risque vient des populations. Si chacun s’y met, on peut diminuer le risque d’infection au plomb mais aussi à tous les autres produits chimiques.
Par Mamadou Mansour Diouf
LA SÉCURITÉ INCENDIE À L’HÔPITAL
Le Sénégal demeure le seul pays au monde où l’on retrouve des lits fixes (domestiques) dans des hôpitaux, cliniques et autres postes de santé. Alors que dans les normes, une structure hospitalière doit se doter de lits à roulettes
La sécurité hospitalière de façon générale comporte plusieurs volets :
- Prévention et gestion des risques associés aux soins en unités de soins
- Sûreté : sécurité des biens et des personnes y compris vis-à-vis de la malveillance et de l’agressivité de certains usagers
- Et surtout Sécurité incendie
Nous nous intéressons particulièrement à ce dernier point qui fait l’actualité avec l’incendie du service de néonatalogie de l’hôpital de Tivaouane et son lot de catastrophes.
Au Sénégal, hormis l’hôpital Principal de Dakar, aucun je dis bien aucun hôpital n’est doté d’un service de sécurité incendie en bonne et due forme. La sécurité hospitalière ne saurait se résumer à deux pelés et trois tondus de gardiens habillés en tenue kaki et qui filtrent les entrées au portail.
C’est à ne rien piger à l’obligation de prévention et de gestion des risques dans tout Erp (Établissement Recevant du Public) notamment du risque incendie. Je vous invite à méditer l’exemple de l’hôpital Principal pour vous rendre compte de la gravité de la situation de nos hôpitaux en matière de sécurité et de prévention des risques.
Hôpital Principal de Dakar, un exemple et une référence !
La cellule sécurité incendie mise en place en 2002 est chargée de :
- la prévention et la prévision des risques liés à l’incendie
- l’assistance et le secours des victimes en cas d’incendie.
Placée sous les ordres d’un officier chef de service, elle est dirigée par un sous-officier supérieur de la Brigade Nationale des Sapeurs Pompiers ayant sous ses ordres 06 agents répartis en 03 équipes pour assurer la permanence du service 24h/24.
La cellule est dotée de matériels et d’équipements adaptés :
- 05 bouches d’incendie
- 106 extincteurs répartis dans les services selon le risque
- 220 m de tuyaux
- 03 lances à main
- des équipements d’alarme et d’alerte
- des matériels et outils divers.
Pour maintenir le personnel opérationnel, des exercices de manœuvres d’extinction et de sauvetage sont fréquemment réalisés. Des cours en formation sur l’utilisation de l’extincteur sont dispensés à l’ensemble du personnel tous les ans.
A titre d’exemple au courant de l’année 2020 les interventions et activités suivantes ont été effectuées par la cellule sécurité incendie de l’hôpital principal :
- 24 assistances à victimes
- 28 opérations d’épuisement
- 05 extinctions d’incendie.
Sérieusement, vous avez vu en dehors de l’hôpital Principal un seul hôpital ou structure sanitaire dans tout le Sénégal avec une unité de sécurité incendie aux normes comme celle-ci ?
Bilahi Walahi Talahi… si jamais un incendie se déclarait dans un des grands hôpitaux de Dakar, vous vous rendriez compte qu’aucun de ces hôpitaux n’est à l’abri et vous auriez un aperçu sur la bombe à retardement qui couve sous la cendre.
Par ailleurs, permettez-moi de déplorer que le Sénégal demeure le seul pays au monde où l’on retrouve des lits fixes (domestiques) dans des hôpitaux, cliniques et autres postes de santé. Alors que dans les normes, une structure hospitalière doit se doter de lits à roulettes. Des lits standard liés notamment au confort du patient et du personnel soignant, ainsi qu’aux facilités de transport, à la sécurité etc. Et en cas d’évacuation, lors d’un incendie par exemple, les secouristes peuvent très rapidement sortir ou projeter les malades sur lit à roulettes vers l’extérieur.
Rappels…
Le règlement de sécurité contre les risques d’incendie et de panique dans les établissements recevant du public dispose entre autres :
- Article U 43 : « …la surveillance des bâtiments doit être assurée : par des employés spécialement désignés et entraînés à la mise en œuvre des moyens de secours dans les établissements de deuxième catégorie… ». « …le nombre de ces personnes devra être, en permanence, d’un minimum de trois. L’employé chargé de surveiller le système de sécurité incendie devra être titulaire du diplôme d’agent de sécurité incendie….»
Article U 47 : « tout le personnel de l’établissement doit être mis en garde contre les dangers que présente un incendie dans un hôpital, être formé à l’exécution de consignes très précises en vue de limiter l’action du feu et d’assurer le transfert horizontal ou l’évacuation et doit être entraîné à la manœuvre des moyens d’extinction»
- Article U 48 : « des consignes, affichées bien en évidence, doivent indiquer la conduite à tenir par les occupants en cas d’incendie. » En attendant rendez-vous au prochain drame.
DAOUDA NDIAYE OUVRE LE CIGASS
Le Centre international de recherche et de formation en Génomique Appliquée et de Surveillance Sanitaire (CIGASS) a démarré officiellement ses activités hier, lundi 6 juin
Le Centre international de recherche et de formation en Génomique Appliquée et de Surveillance Sanitaire (CIGASS) a démarré officiellement ses activités hier, lundi 06 juin.
Situé au sein de l’université Cheikh Anta Diop de Dakar, ce temple de recherche mis en place par le professeur Daouda Ndiaye, agrégé en parasitologie et Professeur titulaire des universités, va œuvrer pour une médecine de précision. Le démarrage s’est fait avec un séminaire international qui prendra fin le 09 juin prochain.
Pour le professeur Ndiaye: « il est l’aboutissement de près de dix ans de réflexions, d’investissements et de partenariats dans le monde ». Et de renchérir: « Le Cigass est né de notre pensée citoyenne qui a toujours consisté à participer vivement à bâtir un plateau scientifique moderne et capable de relever des défis sanitaires de notre continent ».
En collaboration entre l’Université Havard de Boston aux États Unis et le service de Parasitologie de la Faculté de Médecine, de Pharmacie et d’Odontologie (FMPO) de l’UCAD), le projet a été concrétisé sur un fond de près d’un milliard de nos francs et va prendre en charge la formation interdisciplinaire sur des disciplines telles que la génomique et la bio-informatique. Il rassemblera en son sein, une plateforme technique innovante et, sera disposé à relever tous les défis en matière de recherche, de diagnostic et de surveillance sanitaire.
Pour le professeur Gallo Diop, directeur de la recherche au ministère de l’Enseignement supérieur et de l’innovation, avec ce nouveau joyau doté de nouvelles technologies de pointe, le Sénégal pourra aller vers une médecine de précision. « Les grands pays au monde ont pu se développer grâce à la recherche. Avec ce centre le Sénégal peut arriver à éradiquer plusieurs pathologies dont le paludisme ainsi que d’autres maladies. Je reste convaincu que c’est possible » a-t-il déclaré.
Au niveau de l’université Havard, le professeur Dyann Wirth a salué pour sa part la capacité et l’expérience de l’équipe managériale pour réussir le pari.
Pour rappel, selon les acteurs le Cigass compte jouer un rôle de premier plan dans la prévention, la surveillance et la riposte contre des maladies infectieuses émergentes et ré-émergentes. Par ailleurs, un tel centre accompagnera le Sénégal dans son agenda de l’élimination du paludisme fixée pour 2030 avec une contribution effective des universitaires.
RECRUDESCENCE DES CAS DE PALUDISME À TOUBA
La ville de Touba reconnait une recrudescence des cas de paludisme, a soutenu, vendredi, le médecin-chef de la région médicale de Diourbel, Mamadou Dieng qui explique cette hausse par plusieurs facteurs dont les inondations.
Diourbel, 3 juin (APS) - La ville de Touba reconnait une recrudescence des cas de paludisme, a soutenu, vendredi, le médecin-chef de la région médicale de Diourbel, Mamadou Dieng qui explique cette hausse par plusieurs facteurs dont les inondations.
’’’Le retour des fortes pluviométries et des autres déterminants expliquent les flambées de paludisme, nous avons constaté qu’à Touba, le palu est revenu parce que les incidences se sont dédoublées de même que la mortalité attribuable au paludisme a un peu progressé’’, a-t-il dit.
M. Dieng s’exprimait au cours d’un Comité régional de développement consacré à la campagne de distribution de masse des moustiquaires imprégnée à longue durée d’action (CDM) financée par l’Etat du Sénégal et Plan international.
Selon lui, le taux de paludisme et le taux de mortalité lié ont doublé entre 2020 et 2021 à Touba où sur 1000 habitants, les 15 ont eu la maladie.
La ville de Touba se trouve dans la zone de contrôle du palu alors que Bambey est une zone de pré-élimination.
’’Dans la région, le fardeau de la morbidité est porté par Touba ensuite Diourbel’’, a déploré le médecin-chef.
Venue représenter le programme national de lutte contre le paludisme (PNLP), Anta Diop Diallo a expliqué cette flambée par plusieurs déterminants relatifs aux données délivrées par les structures privées de santé, les facteurs environnementaux.
’’Il y a une augmentation au niveau de la région de Diourbel. Les districts de Diourbel et Touba portent le grand fardeau (...) Il y a plusieurs facteurs, environnementaux, les données délivrées par les structures privées, qui expliquent la hausse’’, a-t-elle dit.
Mme Diallo également point focal, chargée de faciliter les interactions entre le PNLP et la région de Diourbel, a rappelé la nécessité pour les populations de dormir sous la moustiquaire imprégnée toute l’année.
’’La région de Diourbel aura globalement un million cent mille quatre cent cinquante-cinq (1 100 455) MILDA qui seront réparties entre les quatre districts à savoir Bambey (220 081), Diourbel (197107), Mbacké (129 669) et Touba (553 598)’’, a indiqué Mme Diallo.
’’Nous avons fait de notre maximum pour tenir en compte de la spécificité de Touba. Mais avoir cent pour cent de satisfaction, c’est un peu difficile. L’objectif, c’est que chaque ménage qui a un coupon au moins bénéficiera de son milda’’, a répondu Anta Diop Diallo à ceux qui trouvent insuffisant le nombre de moustiquaires attribué à la ville de Touba.
PLUS DE 550 AGENTS DE SANTÉ MOBILISÉS POUR LE PÈLERINAGE MARIAL DE POPENGUINE
Le ministère de la Santé et de l’Action sociale va mobiliser plus de 550 agents de santé et une enveloppe financière de 11 millions de francs CFA pour l’achat de médicaments et de produits pharmaceutiques, à l’occasion du 134ème pèlerinage marial
Popenguine (Mbour), 4 juin (APS) - Le ministère de la Santé et de l’Action sociale va mobiliser plus de 550 agents de santé et une enveloppe financière de 11 millions de francs CFA pour l’achat de médicaments et de produits pharmaceutiques, à l’occasion du 134ème pèlerinage marial de Popenguine (Mbour, ouest), prévu du 4 au 6 juin, a appris l’APS de source officielle.
Les 550 agents qui seront mobilisés, sont notamment des médecins généralistes, des médecins spécialistes, des urgentistes, des infirmiers d’Etat, des sages-femmes d’Etat, des agents de l’hygiène, des secouristes, des volontaires de la Croix-Rouge sénégalaise, a précisé la ministre de la Santé et de l’Action sociale, Marie Khémesse Ngom Ndiaye.
En visite à Popenguine, elle a signalé que sept points de prestation fixes ou sites de référence sont prévus, notamment à Popenguine, Ndayane, Sindia, Popenguine-Sérère, au centre hospitalier régional et à l’hôpital Saint-Jean de Dieu de Thiès.
Trois postes médicaux avancés (PMA), un camp hôpital militaire, un camion-hôpital, une unité mobile de consultation et un wagon médicalisé basé au camp des marcheurs, font partie du dispositif mis en place par le MSAS.
Trente ambulances seront mobilisées dont six médicalisées.
Le ministère de la Santé mettra à la disposition des organisateurs des masques de protection, du gel hydro-alcoolique et des lave-mains. Il compte aussi mettre en place un système de référence vers les structures fixes de premier niveau, notamment vers Popenguine et vers des structures de référence de deuxième niveau.
Selon Marie Khémesse Ngom Ndiaye, ‘’le pèlerinage de Popenguine est un évènement international qui draine des centaines de milliers de pèlerins’’.
‘’Cette année, il se déroule dans un contexte de baisse des cas de Covdi-19 après deux années de suspension. La couverture s’organise à travers des activités préventives, curatives et promotionnelles depuis la planification, la coordination, la supervision, l’évaluation et la mobilisation des ressources humaines, financières et matérielles.’’
Elle précise que la gestion et la coordination des opérations sont menées selon une approche multisectorielle avec l’implication de tous les partenaires stratégiques. Les structures et les acteurs du niveau central, de la région médicale de Thiès et de l’échelon district sont tous impliqués compte tenu de l’importance de l’évènement.
‘’Au-delà de la COVID-19, nous surveillons naturellement toutes les maladies à potentiel épidémique, notamment le choléra, à travers la prévention et la promotion de la santé (…) pour voir tout ce qu’on peut faire pour protéger et faire beaucoup de prévention’’, a assuré la ministre.
MARIE KHÉMESSE NGOM NDIAYE, L'EX-SYNDICALISTE DEVENUE MINISTRE DE LA SANTÉ
Jusque-là directrice générale de la Santé, elle a été nommée le 26 mai en remplacement d’Abdoulaye Diouf Sarr, limogé après une série de drames survenus dans les hôpitaux du pays
Jeune Afrique |
Mawunyo Hermann Boko |
Publication 04/06/2022
À force de la voir tous les jours sur leur petit écran, les Sénégalais s’étaient habitués à la silhouette de Marie Khémesse Ngom Ndiaye. Au plus fort de la pandémie de Covid-19, qui a fait près de 2 000 morts au Sénégal, c’est elle, qui, en tant que responsable de la riposte, avait la charge de présenter chaque jour la situation sanitaire du pays.
C’est donc un visage bien connu du grand public mais très peu politique qu’a choisi Macky Sall pour remplacer Abdoulaye Diouf Sarr, ministre de la Santé sans discontinuer depuis cinq ans mais finalement emporté par un ultime drame : l’incendie survenu dans le service de néonatologie de l’hôpital de Tivaouane, ville sainte de la confrérie tidiane, dans lequel onze nourrissons ont péri. L’épisode a suscité colère et émotion.
Affaire très médiatisée
Deux mois plus tôt, c’était le décès en couches d’Astou Sokhna, à l’hôpital de Louga, qui avait provoqué l’indignation des populations. Cette femme de 34 ans avait dû attendre une vingtaine d’heures dans l’indifférence du personnel soignant et malgré les souffrances qu’elle endurait. Très médiatisée, l’affaire a donné lieu, en mai, à un procès au terme duquel trois sages-femmes ont été condamnées à six mois de prison avec sursis pour « non-assistance à personne en danger ».
Désormais ministre de la Santé, Marie Khémesse Ngom Ndiaye aura donc fort à faire. Jusqu’à présent directrice générale de la Santé, elle devra redorer l’image ternie du système hospitalier sénégalais. Ses priorités seront axées sur « l’environnement de travail, les équipements et les infrastructures, mais également sur les ressources humaines », a-t-elle fait savoir à la sortie de son audience avec le chef de l’État, le 30 mai.
De quoi ravir Amadou Yéri Camara, secrétaire général du Syndicat autonome des médecins du Sénégal (Sames). « Le système sanitaire sénégalais n’est pas moribond. Chaque jour, nous avons des milliers d’opérations et de consultations qui se font avec beaucoup de satisfaction, affirme celui qui est à la tête de l’une des plus grandes centrales syndicales du secteur de la santé. Mais le déficit d’investissement et le manque de personnel font que les zones les plus périphériques se retrouvent avec des structures qui ne sont pas à la hauteur. »
DES TRAVAILLEURS DE L’HÔPITAL DE KOLDA A BOUT DE SOUFFLE
L’intersyndicale des travailleurs de l’hôpital régional de Kolda (sud) a tenu un sit-in pour réclamer le respect des accords signés avec l’Etat, ainsi que le paiement des salaires
Kolda, 3 juin (APS) - L’intersyndicale des travailleurs de l’hôpital régional de Kolda (sud) a tenu un sit-in pour réclamer le respect des accords signés avec l’Etat, ainsi que le paiement des salaires, a constaté l’APS, vendredi.
‘’Nous sommes en sit-in ce vendredi, et tous avec des foulards rouges et des brassards, pour manifester notre amertume face aux nombreuses injustices que nous subissons dans le système de santé’’, a soutenu Omar Baldé, le chargé des revendications de ladite intersyndicale.
Il ajoute que les travailleurs de l’hôpital régional de Kolda protestent contre ‘’le non-respect des accords signés avec l’Etat’’.
Selon M. Baldé, ils dénoncent notamment le retard du paiement des salaires à l’hôpital de Kolda.
‘’Nous constatons avec regret que la direction est en retard dans le paiement des salaires des travailleurs de l’hôpital. En présence de l’inspection du travail, nous avions négocié beaucoup de choses, mais le constat est que rien n’est respecté même pour honorer à temps les salaires des travailleurs’’, a déploré le syndicaliste.
Il signale que ‘’l’hôpital souffre d’un manque de personnel qualifié dans les services de radiologie et d’ophtalmologie’’, alors que ‘’sur toutes ces questions, le ministre de la Santé sortant, Abdoulaye Diouf Sarr, avait fait des promesses’’.
Selon Omar Baldé, celles-ci sont restées lettre morte, l’hôpital ne disposant pas encore d’un radiologue ni d’un ophtalmologue.
Revenant sur le drame survenu récemment à l’hôpital de Tivaouane (ouest), où 11 bébés ont péri dans un incendie, il a déclaré que les travailleurs de l’hôpital régional de Kolda manifestent leur solidarité à leurs collègues faisant l’objet de poursuites judiciaires à la suite de ce sinistre.
‘’Nous sommes au regret également de constater que les travailleurs (…) sont menacés et souvent mis en cause directement dans des affaires où ils ne sont en réalité que les victimes d’un système malade’’, a ajouté M. Baldé.
L’intersyndicale invite l’Etat à ‘’protéger les travailleurs de la santé et à aller vers des réformes du système de santé’’.
Elle l’exhorte également, selon le responsable des revendications des travailleurs, à ‘’respecter les accords signés dans les plus brefs délais’’.
MARIE KHEMESSE NGOM NDIAYE OFFICIELLEMENT INSTALLÉE
Marie Khemesse Ngom Ndiaye a pris officiellement service, hier, après avoir reçu le témoin des mains de Diouf Sarr. Une cérémonie de passation pleine d’émotions. La nouvelle ministre assume ses responsabilités dans la gestion de son prédécesseur
Marie Khemesse Ngom Ndiaye a pris officiellement service, hier, après avoir reçu le témoin des mains de Diouf Sarr. Une cérémonie de passation pleine d’émotions. La nouvelle ministre assume ses responsabilités dans la gestion de son prédécesseur et compte sur le personnel pour redorer le blason du secteur de la santé.
Abdoulaye Diouf Sarr a passé le témoin à Dr Marie Khemesse Ngom Ndiaye. La cérémonie de passation de service s’est déroulée, hier, sous une forte émotion, dans les locaux du ministère de la Santé et de l’Action sociale. Les larmes aux yeux, Dr Marie Khemesse Ngom Ndiaye dit compter sur tout le personnel pour tenir bon les rênes de ce département. « Il faut travailler, évaluer, réajuster, pour que des conclusions pertinentes puissent ressortir. Je n’ai pas seule, la solution. Tous ensemble, il faudrait que l’on soit davantage soudés. Quelle que soit la hiérarchie qui sera là, nous allons nous baser sur les structures physiques. Si on n’a pas le personnel de santé qualifié, il n’y aura pas de résultats », a déclaré le successeur de Diouf Sarr. Qui ajoute que le secteur de la santé ne peut avoir les résultats escomptés que s’il y a une prévention réussie. « On peut mettre tout le matériel nécessaire, mais si on n’agit pas dans la prévention, quelle que soit la personne qui sera à la tête de ce département, quel que soit le président de la République qui sera élu, nous n’allons pas atteindre l’objectif de santé pour tous, de santé primaire partout et à tout moment », a-t-elle indiqué.
Marie Khemesse Ngom : « Je suis comptable de tout… »
Comme une réponse à ceux qui estiment que la directrice de la Santé est aussi responsable de la gestion de Diouf Sarr, elle dit : « J’ai travaillé avec dix ministres de la République… Je ne suis pas seulement comptable de ce qu’il (Diouf Sarr) a fait, moi je suis comptable de tout… On ne peut avancer dans la vie si on refuse de prendre ses responsabilités. Il a eu confiance en moi, il a eu confiance en mes équipes, il a tellement d’affection pour ma personne et son soutien ne m’a jamais fait défaut. M. le Ministre, je vous remercie ».
Abdoulaye Diouf Sarr, quant à lui, emporté par les 11 bébés morts calcinés à l’hôpital de Tivaouane, dit être fier de son bilan, après 5 années à la tête de ce département. « De 2017 à 2022, sans discontinuité, les performances du système sont indéniables et touchent pratiquement tous les domaines avec des indicateurs qui sont sensiblement améliorés, dans le domaine des infrastructures, des équipements, de la gouvernance sanitaire et de la protection sociale. J’y ai apporté ma modeste contribution, ma pierre à cet édifice qui n’est jamais achevé », a déclaré l’ancien maire de Yoff. « Ici, j’ai rencontré peines et souffrances, mais je ne retiens pas cela. Je retiens les joyeux moments que j’ai passés avec les acteurs du système. Je retiens les belles choses que nous avons faites ensemble. Je retiens l’immense privilège que j’ai eu d’avoir contribué à soulager tant d’individus. C’est le plus beau cadeau dont je ne me glorifie pas car ce n’était que ma mission », a dit le ministre sortant.
MARIE KHÉMESSE NGOM NDIAYE DÉCLINE UN PAN DE SA STRATÉGIE
La nouvelle ministre de la Santé et de l’Action sociale, Marie Khémesse Ngom Ndiaye, a souligné jeudi, l’importance de miser sur la prévention et d’agir sur les déterminants sociaux, et environnementaux afin d’atteindre les objectifs de santé pour tous.
Dakar, 2 juin (APS) - La nouvelle ministre de la Santé et de l’Action sociale, Marie Khémesse Ngom Ndiaye, a souligné jeudi, l’importance de miser sur la prévention et d’agir sur les déterminants sociaux, et environnementaux afin d’atteindre les objectifs de santé pour tous.
"Nous avons beau acheté des équipements mais si nous n’agissons pas dans la prévention, dans les déterminants sociaux, environnementaux de la santé, on ne pourra pas atteindre les objectifs", a-t-elle indiqué lors de la passation de service avec son prédécesseur, Abdoulaye Diouf Sarr.
Prenant l’exemple de la crise sanitaire provoquée par la pandémie de Covid-19, Maire Khémesse Ngom Ndiaye a insisté sur le fait que le pays ne disposait pas toujours des moyens permettant d’assurer une gratuité intégrale de la prise en charge sanitaire, à l’instar des pays davantage développés.
"Il faut que l’action sociale revienne. C’est important d’agir sur les facteurs environnementaux, tels que l’eau, le sol, l’air. Si nous n’agissons pas sur ces éléments quel que soit la personne qui sera à la tête de département, le président à la tête du pays, les objectifs de santé pour tous ne pourraient pas être atteints", a-t-elle expliqué.
L’ancienne directrice de la Santé publique a ainsi souligné la nécessité de continuer le travail, estimant être comptable de l’action de son prédécesseur à la tête du ministère de la Santé.
"Il faut continuer le travail. Je suis comptable de ce que le ministre Abdoulaye Diouf Sarr et tous les anciens ministres de la Santé ont fait. J’ai, depuis le 2 avril dernier, passé 30 ans dans le système de santé. Je me disais que je n’avais plus rien à prouver, mais tout ce que j’ai pu accomplir, l’a été en équipe", a-t-elle fait valoir.
DRAMES DANS LES HÔPITAUX, LA NÉCESSITÉ DE L'OPTIMISATION QUALITATIVE
L’implantation durable d’une culture de qualité et de gestion des risques au sein des établissements est nécessaire pour faire progresser les pratiques et garantir la sécurité des patients. Il s’agit de se saisir d’un contexte dramatique pour un sursaut
Les multiples tragédies qui secouent les structures de santé sénégalaises ont remis sur le devant de la scène la question des évolutions urgentes nécessaires pour sauver le système de santé. Des acteurs locaux et de la diaspora invitent les décideurs à s’emparer des vrais sujets relatifs à la situation de l’hôpital : pertes de chances ; ruptures de prises en charge ; mécontentements des personnels ; difficultés persistantes d’accès aux soins…
Cette tribune constitue une démarche apolitique, sans complaisance et sincère qui vise à poser les bases d’un débat structurant sur la refondation du système de santé, en particulier de l’hôpital public. C’est notre responsabilité collective de participer à la reconstruction de cette œuvre pour les générations présentes et à venir.
Cet appel qui réunit trente (30) signataires a été initié et coordonné par messieurs Momar Fyae (Inspecteur de santé publique en France), Khadim Ngom (Cardiologue en France) et Massamba Diouf (Professeur des universités et spécialiste en santé publique au Sénégal).
Des drames répétitifs qui contraignent l’hôpital sénégalais d’agir en toute urgence pour mettre fin à ce contexte d’insécurité persistant !
Nous nous sommes réveillés le 26 mai 2022 dans la stupeur et la consternation avec cette terrible nouvelle abasourdissante : «Au Sénégal, onze bébés meurent dans un incendie à l’hôpital de Tivaouane».
Parmi ces onze jeunes victimes, se trouvait le bébé M.R.G. âgé à peine de vingt-quatre (24) jours et né prématurément, car sa maman, trente-trois (33) ans, sans antécédent médical et sans aucune comorbidité, est malheureusement décédée pendant la césarienne (alors qu’elle présentait une pré-éclampsie).
Quatre nouveau-nés avaient quant à eux, déjà péri le 25 avril 2021 dans un incendie à Linguère…
Ces faits dramatiques ne sont pas sans rappeler l’affaire «Madame A.S.», une femme enceinte morte après avoir attendu en vain une césarienne ; ce drame demeure encore dans les esprits.
Par ailleurs, à Kaolack, on apprenait qu’un nourrisson déclaré mort le 08 mai dernier par une infirmière, puis déposé à la morgue, avait été retrouvé vivant par son père quelques minutes après, pour finalement décéder plus tard dans la journée.
La récurrence et la fréquence de ces situations sont bien le reflet d’un système de santé perfectible ayant pour conséquence une réelle perte de chance pour l’usager sénégalais.
Devrions-nous toutefois nous résigner face à la mort et aux conséquences somatiques et psychologiques induites par cette insécurité persistante ?
S’il est établi que l’hôpital fait face à des problèmes multifactoriels enkystés depuis de nombreuses années, et qui l’expose malheureusement trop souvent à des risques susceptibles d’affecter la santé et la sécurité des patients, force est de reconnaître que cela n’empêche en rien notre pays de s’engager sérieusement dans une autre voie.
Cet engagement n’est pas un vœu pieux qui doit être évoqué au rythme des tragédies nationales. Cela demande une vision politique forte et une action coordonnée notamment au moyen d’une réorientation sur une politique effective de démarche qualité et de gestion globalisée des risques. Il s’agit là d’un enjeu majeur de santé publique qui requiert de mettre ensemble tous les mécanismes, ressources et compétences permettant la mise en place d’une offre adaptée aux besoins des populations.
Des mesures d’urgence à prendre à la hauteur des enjeux !
Des mesures doivent être prises immédiatement ! Le Président de la République l’a bien spécifié dans son discours de Tivaouane : «Il convient d’auditer de toute urgence les services de néonatologie».
Cependant, cette mesure doit, dans les plus brefs délais, être étendue à l’ensemble de la sphère médico-technico-économico-administrative de nos hôpitaux publics. Cette procédure d’audit a tout à gagner si elle s’accompagne d’une prise de conscience collective que l’hôpital et le matériel qui l’équipe sont un bien commun qui doit bénéficier de toutes nos attentions en matière de maintenance et de maintien en état opérationnel. Ce qui est l’essence même du principe d’assurance qualité ; lequel contribue à la sécurité des patients, des soignants et de leurs visiteurs.
À ce titre, la Diaspora à un rôle essentiel à jouer. En venant, par exemple, participer à cette procédure d’audit transversale de l’écosystème hospitalier à travers des missions ponctuelles, c’est tout le système hospitalier sénégalais qui pourrait bénéficier d’un transfert de culture et de compétence en matière d’assurance qualité qui relève du quotidien et de l’évidence dans la majorité des pays où nos professionnels de santé exercent aujourd’hui.
Concernant la sécurité des personnes et des biens à l’hôpital, il y a urgence à mettre en place une nouvelle architecture organisationnelle incluant de nouveaux référentiels et contrôles effectifs et ce, en accord avec les spécificités du système de santé sénégalais.
Cela doit passer par une mise à jour de la législation liée à la sécurité des Établissements Recevant du Public (ERP), en y incluant notamment un volet spécifique «Sanitaire». Ces normes et référentiels établis devront s’accompagner d’un dispositif de contrôle périodique et aléatoire par des services ad hoc compétents. Ainsi, le principe d’une visite systématique obligatoire de contrôle de la conformité avant chaque ouverture de service et/ou de structures devra être formalisé sur la base d’un dossier de présentation suivi d’une visite physique effective sur site.
Aucune tolérance ne pourra être admise en cas de manquements graves à ces référentiels. Ce qui aboutira dans les faits à ce qu’aucune ouverture ne puisse être autorisée sans une levée des observations engageant la responsabilité des services contrôleurs de l’État. Parallèlement, des fermetures administratives ainsi que des sanctions pénales pourront également être prononcées à l’encontre des personnes morales et/ou physiques qui dérogeraient à ces principes de gestion. La mise en danger de la vie d’autrui avec intention ou non, accompagnée de facteurs aggravants ou non, sera ainsi prévue et punie par la loi.
À terme, l’implantation durable d’une culture de qualité et de gestion des risques au sein des établissements est nécessaire aux fins de faire progresser les pratiques et de garantir la sécurité des patients. Cela passe par la mise en œuvre d’un dispositif opérationnel adapté de recueil, d’analyse et de suivi des incidents importants ou des évènements indésirables graves permettant de protéger la santé et la sécurité des personnes prises en charge.
Tous les signaux sanitaires émanant des usagers devront être recueillis grâce à la mise en place de points focaux disponibles et faire systématiquement l’objet d’un traitement et d’une réponse aux déclarants.
Tous les établissements devront être soumis à une obligation de signalement aux autorités des événements indésirables graves notamment ceux associés aux soins. La culture du signalement doit être une valeur et une norme partagée au sein de l’établissement.
La création d’une haute autorité ad hoc permettra de recevoir ces déclarations, de les analyser et de réaliser un rapport annuel assorti de mesures visant à améliorer la sécurité du patient.
La mise en œuvre d’un tel dispositif facilitera l’identification et le ciblage des établissements les plus à risques et permettra un meilleur calibrage des actions à conduire (inspection, audit, évaluation, certification etc.).
La question du pilotage du système demeure centrale !
En effet, ces mesures et réformes nécessitent un pilotage effectif par les décideurs publics tout en favorisant l’émergence d’approches globales, transversales et intégratives.
Cet ambitieux plan de réformes de la santé devra ainsi s’appuyer sur des transformations systémiques impactant le système de l’offre de soins, de son financement, de sa gouvernance, mais également de son système qualité.
En matière d’offre de soins, le Sénégal est aujourd’hui en capacité de pouvoir se projeter pour offrir une nouvelle vision en ce qui concerne le maillage des offreurs de santé (au niveau de toute la pyramide sanitaire).
La question sous-jacente du financement devra être abordée avec l’ensemble des parties et partenaires, pour envisager des scénarii viables et équilibrés de mise en œuvre effective de ce nouveau système, tant attendu et surtout tant souhaité par nos compatriotes sénégalais.
Cette évolution exige une gouvernance et un leadership qui doivent renvoyer à un engagement fort des autorités concernant le recrutement de top-managers aux niveaux central et territorial.
La sélection de ces profils nécessitera des appels à candidatures en dehors de tout clientélisme politique ou partisan.
Ce nouveau système devra s’appuyer sur des nouveaux modes de gestion basés sur la confiance des acteurs, sur la considération mais également sur les compétences disponibles sur place et celles capitalisées par la Diaspora. La réflexion sur ce dernier point devra associer les acteurs du monde de l’éducation et de la formation pour accompagner ce plan ambitieux stratégique qui intégrera les derniers référentiels en matière de qualité et de gestion des risques.
Les assises de la santé, une impérieuse nécessité pour sauver et réformer le système de santé !
Dans cette perspective, le Sénégal doit s’appuyer sur une vision globale, une planification stratégique et une coordination effective qui admettent et comprennent la logique et la complexité des enjeux de santé (dans toutes ses dimensions) au sein de ses territoires. Cela exige d’impliquer et de réunir au premier chef les professionnels de santé (aux niveaux local et de la Diaspora) pour définir collégialement des stratégies et mettre en œuvre des actions et projets, susceptibles de relever à long terme et dans le cadre d’une approche davantage équilibrée, les défis sanitaires posés. C’est en travaillant étroitement avec sa Diaspora que le Sénégal pourra s’émanciper et s’engager dans une révolution sanitaire qui lui permettra de disposer d’un système de santé plus équitable et plus participatif. Le ministère est destinataire de nombreux rapports et synthèses provenant de diverses sources censées lui apporter une vision plus large des questions de santé et propice aux innovations. Toutefois, les logiques et les temporalités propres à ces différentes sources concourant à la production de données et d’informations réputées fiables et à jour, à même d’éclairer les prises de décisions, aboutissent à des distorsions parfois handicapantes voire contre-productives.
Les assises de la santé (impliquant les acteurs locaux et diasporiques) – si elles regroupent les ressources et les profils adéquats – répondront à des objectifs multiples :
– apporter aux décideurs sénégalais l’opportunité de garder la maitrise du pilotage des situations qui se présentent en ayant à tout instant la possibilité de bénéficier, sans délai, d’une vision et d’une analyse holistiques de premier ordre ;
– recenser, établir sur la base d’un guide opérationnel, les initiatives innovantes existantes dans les pays les plus avancés et préparer les conditions de capitalisation et de réplicabilité sur notre pays ;
– renforcer les ressources humaines du pays dans le domaine de la santé en faisant participer les professionnels de la santé issus de la diaspora sénégalaise et préparer, pour ceux qui sont candidats au retour au Sénégal, les conditions favorables à leur installation ;
– proposer des solutions originales, innovantes et opérationnelles qui se traduiront par des textes et des réalisations de terrain. Dans ce cadre, la création d’une école des hautes études en qualité et sécurité sanitaire prendrait toute sa place pour former les administratifs, les soignants et leurs prestataires à la culture de l’assurance qualité et de la sécurité des soins.
La traduction ainsi de ces objectifs requerra une gouvernance structurée, laquelle devra promouvoir une large concertation multisectorielle, incluant toutes les franges de la population sénégalaise et une coordination à visée effective avec la mise en place de commissions et sous-commissions thématiques (offre ; pilotage-gouvernance ; financement ; qualité etc.).
Il s’agit bien pour notre cher pays le Sénégal de se saisir d’un contexte dramatique pour un sursaut, inviter au changement de comportement et se mettre en ordre de marche pour sortir de cette résignation, qui peut et ne doit en rien nous inciter à considérer ces situations comme une fatalité… sans espoir, et ainsi d’y faire face collectivement.
Cette tribune est signée par :
Professeur Mbayang Ndiaye, ancienne Coordinatrice de la Cellule Télésanté du ministère de la Santé et de l’Action sociale, Spécialiste en Santé publique et en Santé digitale – Sénégal ;
Professeur Massamba Diouf, Professeur des Universités, spécialiste en Santé publique – Sénégal ;
Professeur Lamine Ndiaye, Professeur des Universités, Anthropologue ;
Docteur Khadim Ngom, Cardiologue – France ;
Momar Faye, Inspecteur de Santé publique, Président fondateur du Cercle Santé pour l’Afrique – France ;
Docteur Maguette Ba, Chirurgien cardiaque – France ;
Docteur Thiendella Diagne, Gynécologue obstétricien – USA ;
Professeur Anna Thiam, Cardiologue – Burkina Faso ;
Professeur Moustapha Dramé, Professeur des universités, épidémiologiste, économiste de la Santé – France ;
Docteur Massamba Faye, Généraliste – Sénégal ;
Docteur Kanny Toure Kaïré, Médecin de Santé publique, économiste de la Santé – France ;
Professeure Fatimata Ly, Professeure des universités, dermatologue – Sénégal ;
Karim Amri, Directeur d’hôpital, expert international en gestion hospitalière et système de Santé – France ;
Docteur Adama Ba Faye, Réanimateur médical – France ;
Docteur Jan-Cédric Hansen, Vice-Président du Global Health Security Alliance, Professeur invité de l’Université Léopold Sédar Senghor en Égypte, spécialiste en médecine de catastrophe – France ;
Professeur Sidy Ka, Cancérologue – Sénégal ;
Docteure Angèle Flora Mendy, Sociologue, Takemi Fellow in International Health Harvard – USA ;
Docteur Edouard Sène, Psychiatre – France ;
Docteur Papa El Hadji Thiam, Pharmacien – France ;
Professeur Mbaye Thioub, Professeur des universités, Neurochirurgien – Sénégal ;
Ibrahima Traoré, Financier spécialiste des secteurs de la Santé, du médico-social et de la solidarité internationale – France.