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27 novembre 2024
Santé
LA TETE DE DIOUF SARR RECLAMEE
Les travailleurs de l’hôpital Amadou Sakhir Mbaye de Louga sont très en colère contre l’interpellation de huit agents des leurs et le limogeage de leur directeur, docteur Amadou Gaye Diouf.
Les travailleurs de l’hôpital Amadou Sakhir Mbaye de Louga sont très en colère contre l’interpellation de huit agents des leurs et le limogeage de leur directeur, docteur Amadou Gaye Diouf. Ce, suite à la plainte déposée par le mari de la dame Astou Sokhna, décédée le 7 avril à la maternité de ladite structure sanitaire pour non assistance médicale. Ils ont tenu un sit-in ce matin dans l’enceinte de l’institution pour dénoncer les maux auxquels leur lieu de travail fait face. « L'hôpital Amadou Sakhir Mbaye de Louga a été toujours négligé par la tutelle il n’y a plus de bloc opératoire fonctionnel à la maternité, ce sont les chirurgiens qui nous ont prêté deux salles non adaptées pour accueillir les femmes enceintes; dès fois nous sommes obligés d’entasser deux à trois malades sur un même lit d’hospitalisation », a laissé entendre docteur Souleyemane Loucar, porte-parole du jour de l’intersyndicale des travailleurs de l’hôpital régional.
Le ministre de la santé et de l’action sociale devait être le premier à être demis de ses fonctions/selon eux.
Le personnel de l’hôpital est très remonté contre le ministre Abdoulaye Diouf Sarr. Selon docteur Loucar, leur ministre de tutelle devait rendre le tablier pour n’avoir pas accompli convenablement ses missions. "Le président de la république devait limoger le ministre Abdoulaye Diouf Sarr et non le directeur docteur Amadou Gaye Diouf qui n’a pas reçu de la tutelle tous les moyens nécessaires pour faire fonctionner correctement l’hôpital", a martelé docteur Loucar.
Les travailleurs de la maternité décident de ne plus exercer tant que les conditions de travail ne sont pas réunies au niveau de ce service pour éviter de tel drame. "Comme le stipule l'article 4 du code de déontologie médicale, tout médecin à qui on ne lui donne pas les moyens de faire son boulot peut suspendre ses activités dans le le service pour éviter d'éventuelles erreurs médicales ", a informé docteur Souleymane Loucar.
Après le sit-in, les travailleurs de l’hôpital se sont rendus au commissariat urbain de Louga pour manifester leur soutien aux huit agents interpelés dans l’affaire Astou Sokhna pour audition.
HOPITAL DE LOUGA, UN NOUVEAU DIRECTEUR PAS SAINT
Le docteur Amadou Guèye Diouf n’est plus le directeur de l’Hôpital de Louga Amadou Sakhir Mbaye de Louga. Le chef de l’Etat a mis fin à ses fonctions, ce mercredi. C’est l’une des mesures prises lors de la traditionnelle réunion du Conseil des ministres
Le docteur Amadou Guèye Diouf n’est plus le directeur de l’Hôpital de Louga Amadou Sakhir Mbaye de Louga. Le chef de l’Etat a mis fin à ses fonctions, ce mercredi. C’est l’une des mesures prises lors de la traditionnelle réunion du Conseil des ministres de ce jour. Mais le nouveau directeur nouvellement nommé sème des doutes car selon des informations ce dernier trainerait des antécédents.
La nomination de Mohamed Abdalah Guèye en remplacement du directeur général de l’hôpital Amadou Sakhir Mbaye de Louga, Amadou Guèye Diouf emporté par la mort d’Astou Sokhna fait jaser. D’après nos confrères de Bés Bi (le jour) qui rapporte l’information, Abdalah Guèye, qui a désormais la charge de redorer l’image de la structure hospitalière, traîne, lui aussi, des casseroles.
Le journal indique que le nouveau Dg avait été limogé pour des faits similaires, en 2017. En effet, Mouhamed Abdalah Guèye était Directeur de l’hôpital de Pikine, au moment où Aïssata Diallo dite Aïcha, âgée de 12 ans, décédait dans des conditions obscures.
La responsabilité de l’hôpital avait été pointée du doigt pour avoir réclamé 200 mille francs avant l’admission de la patiente aux urgences. Abdalah Guèye, qui avait nié toute négligence, avait été limogé suite à cette affaire qui a provoqué le même tollé que le décès d’Astou Sokhna.
IL EST INADMISSIBLE QU’ON METTE TOUT LE MONDE DANS LE MEME SAC
Les agents de santé de l’hôpital Amadou Sakhir Mbaye ont été accusés de négligence, et les Sénégalais ne manquent pas de tirer sur le personnel sanitaire. Mais pour le professeur Alain Ndoye, ce n’est pas une raison de généraliser.
Le décès d’Astou Sokhna s’est invité hier, à la conférence de presse de la Commission médicale d’établissement (Cme) de l’hôpital Aristide Le Dantec. Les agents de santé de l’hôpital Amadou Sakhir Mbaye ont été accusés de négligence, et les Sénégalais ne manquent pas de tirer sur le personnel sanitaire. Mais pour le professeur Alain Ndoye, ce n’est pas une raison de généraliser. « Il est inadmissible qu’on mette tout le monde dans le même sac », a-t-il dit. Avant d’inviter l’Etat à procéder à un audit du personnel de santé.
Interpellé sur le décès d’Astou Sokhna survenu à l’hôpital de Louga, le praticien précise : « Nous ne sommes pas responsables du recrutement des personnels de santé. Il y a des personnes non formées ou mal formées qui sont parfois recrutées dans nos structures. Pourtant de la ressource humaine qualifiée existe. Le ministère devrait impliquer les personnes autorisées à donner des soins à prendre part aux recrutements ».
Pr Ndoye souligne que le personnel médical ne peut être indifférent à un tel drame. « Il y a des professionnels qui ont pleuré quand ils ont appris la nouvelle. On a dit des mots trop durs à l’endroit des praticiens sans réserve alors qu’il est inadmissible qu’on mette tout le monde dans le même sac », a toutefois regretté le médecin. Il ajoute : « Les médecins se donnent à fond, combien de fois on a puisé de nos poches pour prendre en charge des situations que nous n’avons pas à expliquer après. On vit le stress tous les jours au point de le transmettre à notre famille. Il faut comprendre que quelle que soit l’expérience, on ne s’habitue jamais à perdre un patient ».
LEDANTEC EN PHASE TERMINALE
L’hôpital est dans une situation déplorable comme l’a montré mercredi 13 avril, la Commission médicale d’établissement, constituée des sommités scientifiques universitaires. Elle demande sa reconstruction qui devrait coûter 60 milliards
Créé en 1912, l’Hôpital Aristide le Dantec (Hald) est en état de décrépitude, malgré quelques travaux de rafistolage qui masquent de sérieux problèmes. En langage médical, on aurait dit que son pronostic vital est engagé, tant les maux décrits par le personnel de santé montrent un établissement en chute libre dans tous les domaines. Face à la presse hier, la Commission médicale d’établissement (Cme), qui regroupe tous les chefs de service de l’Hald, a fait un diagnotic sans complaisance de la situation alors que le pays est ému par le décès de Astou Sokhna à Louga.
Selon Pr Alain Ndoye, président de la Cme, il est «impossible de réaliser en urgence certaines analyses biologiques de base» dans cet «hôpital de référence» et réputé. Pourquoi ? «Le seul scanner de l’hôpital est en panne depuis deux mois. Certains services menacent de s’écrouler ; le mécontentement des usagers est perceptible et ils se retournent directement contre les praticiens et agents paramédicaux», expose Pr Ndoye. Ce n’est pas tout, évidemment. «Même si on ne peut pas garantir la guérison à tous les patients qui fréquentent l’hôpital, notre responsabilité est de nous assurer que les moyens mis à notre disposition sont suffisants pour la prise en charge d’un patient en situation d’urgence ou non. Nous avons donc le devoir d’avertir lorsque l’absence de moyens met en danger les patients d’abord, et l’équipe médicale ensuite», enchaîne Pr Ndoye.
Dans le même sillage, la Cme de Le Dantec insistait sur «la nécessité d’interrompre très prochainement les activités de soins» à cause de «la dégradation continue des conditions de prise en charge des malades mettant parfois en danger leur vie». «Il faut amener l’hôpital au service d’urgence étatique. Nous venons de perdre nos données de 2020 et 2021», souligne Pr Awa Oumar Touré, cheffe du service d’hématologie de Le Dantec.
«Nous ne sommes plus en mesure de remplir nos missions d’hôpital universitaire»
En écho, Pr Maboury Diao, issu des services de médecine et spécialités, explique une situation presque ubuesque dans une structure d’un tel niveau. «La prise en charge des malades est souvent inadéquate car elle se fait régulièrement au comptant, même pour les urgences et la réanimation. Il y a une rupture fréquente de consommables, de draps et une hospitalisation prolongée liée aux ruptures fréquentes d’explorations biologiques et radiologiques, précise Pr Diao. Il y a des soins prodigués à l’hôpital Aristide Le Dantec comme la dialyse péritonéale en néphrologie, l’oncologie pédiatrique en pédiatrie et l’angioplastie avec comme seul moyen de prise en charge, une imputation budgétaire.» Que faire ? «Il faut à court terme rendre disponibles les consommables et les médicaments d’urgence, terminer en urgence les réfections des services entamées et à moyen terme le projet de reconstruction totale», propose Pr Diao. A Le Dantec, les infrastructures «sont dégradées avec une maintenance inefficace et une mauvaise gestion, ce qui mène à des patients désemparés et un personnel démotivé». «Il y a une mauvaise gestion hospitalière avec la rupture fréquente des intrants et l’arrêt régulier de la prise en charge, l’absence d’un réseau de communication électronique et informatique entre les services, le paiement non permanent au comptant pour le diagnostic et le traitement pour les urgences et la réanimation, le dossier médical non informatisé et non partagé en temps réel», enchaîne Pr Mamadou Diop du service des urgences chirurgicales et de réanimation.
Aujourd’hui, le constat est implacable. «Nous n’avons plus le choix. Nous ne sommes plus en mesure de remplir nos missions d’hôpital universitaire (soins, enseignement, formation, recherche)», assure Pr Alain Ndoye. Alors que l’établissement est extrêmement sollicité. «Des services ont pris feu, des bâtiments menacent de s’écrouler et nous n’avons pas, depuis deux mois, de scanner pour un hôpital qui accueille 3000 étudiants chaque année et quelque 2000 à 2500 patients chaque jour», explique le président de la Cme.
Aujourd’hui, la revendication est claire : il faut reconstruire sans «délai», l’hôpital Aristide Le Dantec à cause de la vétusté de ses infrastructures et d’autres problèmes conjoncturels et structurels comme la «rupture permanente» de ses stocks, le «défaut d’informatisation». Pour Awa Oumar Touré, sa reconstruction sur un site «validé dans un mémorandum depuis 2012, reste la seule solution pour sortir cet établissement de ses difficultés». «Nous demandons de la façon la plus simple pour nous et nos usagers, la mise à disposition d’une infrastructure aux normes avec un équipement de qualité, afin de nous mettre au service des populations en toute sécurité», renchérit Pr Alain Ndoye.
C’est une doléance réactualisée. «Nous l’avons pensée, nous l’avons révisée depuis dix ans. A ce jour, nous n’avons aucune garantie quant à sa réalisation. L’hôpital Le Dantec est indispensable dans la formation des ressources humaines, médicales, pharmaceutiques, dentaires et paramédicales», rappelle le président de la Commission médicale d’établissement de Le Dantec.
IL RESTE DES EFFORTS POUR HUMANISER LES STRUCTURES SANITAIRES
"La prise en charge des patients demeure au cœur des préoccupations car si le client est roi, le patient reste roi une fois [qu’il est admis] dans une structure de santé", a indiqué le ministre Diouf Sarr ce jeudi devant la presse
Les autorités sanitaires sénégalaises sont "bien" conscientes qu’il restait des efforts à faire pour "humaniser" les structures sanitaires du pays, en mettant surtout l’accent sur la prise en charge des patients, a souligné jeudi, Abdoulaye Diouf Sarr.
‘’Nous sommes bien conscients qu’il reste des efforts pour humaniser nos structures sanitaires’’, a déclaré le ministre de la Santé et de l’Action sociale, lors d’une conférence de presse.
Le ministre de la Santé et de l’Action sociale réagissait ainsi à la polémique née du décès le 1er avril à la maternité du centre hospitalier régional Amadou Sakhir Mbaye de Louga d’Astou Sokhna.
Une vive émotion parcourt le pays depuis que des informations sur les circonstances du décès en couches de cette patiente ont été rendues publiques. Des allégations de négligence et de défaut de prise en charge ont été mises en avant par sa famille, poussant même son veuf à saisir la justice d’une plainte contre le personnel hospitalier.
"La prise en charge des patients demeure au cœur des préoccupations car si le +client est roi+, le patient reste +roi+ une fois [qu’il est admis] dans une structure de santé", a dit Diouf Sarr.
Dans cette perspective, le ministre a annoncé qu’un "accent particulier" va être mis sur le renforcement de la formation du personnel de santé surtout en ce qui concerne l’accueil dans les structures sanitaires.
De même, a-t-il ajouté, le plateau technique des structures sanitaires va être renforcé. Dans ce cadre, il est prévu la reconstruction de l’hôpital Aristide le Dantec, conformément aux instructions du Chef de l’Etat, a-t-il fait savoir.
"’C’est un projet de l’Etat du Sénégal qui sera réalisé en accord avec le personnel de l’hôpital", a expliqué le ministre de la Santé et de l’Action sociale".
L'AFFAIRE ASTOU SOKHNA NE REFLÈTE PAS L’ÉTAT GLOBAL DU SYSTÈME SANITAIRE
"Le décès de madame Astou Sokhna est douloureux. Cependant, les circonstances dans lesquelles, il est survenu ne reflètent pas l’état global du système de santé qui, ces dernières années, a connu des progrès significatifs", selon le ministre Diouf Sarr
Le ministre de la Santé et de l’Action sociale, Abdoulaye Diouf Sarr, a estimé jeudi, à Dakar, que les circonstances du décès en couches à l’hôpital de Louga (nord) de la patiente Astou Sokhna ne reflétaient pas l’état global du système de santé sénégalais.
"Le décès de madame Astou Sokhna est douloureux. Cependant, les circonstances dans lesquelles, il est survenu ne reflètent pas l’état global du système de santé qui, ces dernières années, a connu des progrès significatifs et réalisé de grandes performances, grâce à des hommes et des femmes compétents et dévoués’’, a-t-il notamment déclaré lors d’une conférence de presse.
Le ministre de la Santé et de l’Action sociale réagissait ainsi à la polémique née du décès le 1er avril à la maternité du centre hospitalier régional Amadou Sakhir Mbaye de Louga d’Astou Sokhna.
Une vive émotion parcourt le pays depuis que des informations sur les circonstances du décès en couches de cette patiente ont été rendues publiques. Des allégations de négligence et de défaut de prise en charge ont été mises en avant par sa famille, poussant même son veuf à saisir la justice d’une plainte contre le personnel hospitalier.
Evoquant le rapport d’une enquête commanditée par le ministère de la Santé, Abdoulaye Diouf Sarr a soutenu qu’il en est ressorti que, relativement aux antécédents médicaux concernant Madame Astou Sokhna, il n’y avait pas de particularités car la patiente avait, il y a trois ans, subi une césarienne en raison d’un hématome rétro placentaire. Un nouveau-né décédé sept jours après.
Le ministre de la Santé et de l’Action sociale a également insisté sur le fait que durant sa grossesse, Astou Sokhna avait effectué quatre consultations prénatales qui n’avaient décelé aucune anomalie.
Il a ajouté qu’il en a été également ainsi le 28 mars lors d’une visite prénatale au cours de laquelle un bilan préopératoire avait été demandé en vue d’un ‘’césarienne prophylactique de prudence’’.
"Le 31 mars 2022, elle s’est présentée à l’hôpital pour des douleurs abdomino-pelviennes sur une grossesse de 09 mois, ce qui a motivé une hospitalisation. Le 01 avril 2022, à 06h 50 mn, la sage-femme de garde a été appelée au chevet de la malade par la famille pour voir son état. C’est en ce moment qu’elle a constaté le décès qui sera confirmé par la gynécologue d’astreinte à 07h 36 mn’’, a relaté Diouf Sarr.
Partant du fait que le dossier ainsi présenté ne mettait pas en évidence une reconnaissance des signes de danger par la patiente, le ministre de la Santé a, toutefois, admis un déficit dans la qualité des soins reçus, une évaluation non-optimale du risque et une insuffisance dans la surveillance de la patiente.
Ces conclusions ont sans doute guidé les autorités sanitaires à déjà prendre des mesures conservatoires à l’encontre d’agents dont la responsabilité serait engagée dans cette affaire. Ils ont notamment fait l’objet d’une suspension temporaire.
Des mesures dénoncées jeudi par l’intersyndicale des travailleurs de l’hôpital Amadou Sakhir Mbaye lors d’un sit-in organisé dans l’enceinte de l’établissement hospitalier.
Les syndicalistes se sont ainsi élevés contre ces sanctions alors que l’enquête ne fait que commencer. Ils ont estimé que les agents cités devaient bénéficier de la présomption d’innocence jusqu’à la fin complète des enquêtes.
Mercredi, dans la soirée, le directeur de l’hôpital Amadou-Sakhir-Mbaye, Amadou Guèye Diouf, a été relevé de ses fonctions et remplacé par Abdallah Guèye, un administrateur hospitalier. Une décision émanant du Conseil des ministres présidée par le chef de l’Etat, Macky Sall.
LE DÉCÈS D’ASTOU SOKHNA ÉTAIT ÉVITABLE
Le ministre de la Santé, Abdoulaye Diouf Sarr, a indiqué jeudi à Dakar, que le décès en couches d’Astou Sokhna à l’hôpital de Louga pouvait être évité si une bonne évaluation du risque et une surveillance optimale avaient été mises en avant
Le ministre de la Santé et de l’Action sociale, Abdoulaye Diouf Sarr, a indiqué jeudi à Dakar, que le décès en couches d’Astou Sokhna à l’hôpital de Louga pouvait être évité si une bonne évaluation du risque et une surveillance optimale avaient été mises en avant.
"Sur la base des éléments du dossier, le décès de Madame Astou Sokhna est considéré comme un décès maternel qui était évitable à travers une bonne évaluation du risque et une surveillance optimale durant son séjour à la maternité", a-t-il notamment déclaré lors d’une conférence de presse.
Le ministre de la Santé et de l’Action sociale abordait avec des journalistes les conclusions d’une enquête administrative commanditée par la tutelle pour situer les responsabilités dans le décès de cette femme.
Diouf Sarr a ainsi assuré que des mesures conservatoires avaient déjà été prises à l’encontre de certains agents, signalant qu’elles pourraient conduire au licenciement pour négligence ayant entrainé la mort.
L’annonce du décès d’Astou Sokhna et de ses circonstances à la maternité de l’hôpital de Louga a suscité une vague d’indignation à travers le pays. La famille de la défunte pointant du doigt la structure hospitalière pour sa négligence.
Le directeur de l’établissement de santé a été relevé de ses fonctions mercredi dans la soirée. Auparavant, une information judiciaire pour négligence et non-assistance à personne en danger avait déjà été ouverte par le parquet près le tribunal de grande instance de Louga.
La dame était admise dans cet établissement de santé, au terme de sa grossesse. Elle a rendu l’âme plusieurs heures après son arrivée au service de la maternité.
Sa famille met en cause l’hôpital, l’accuse de négligence ayant conduit à son décès et a saisi la justice d’une plainte contre le personnel hospitalier.
PAR Malick Sy
ET SI LE DRAME DE L’HOPITAL DE LOUGA AVAIT RÉVELÉ LE NOUVEAU MACKY SALL
EXCLUSIF SENEPLUS - C’est la deuxième fois en un peu plus d’un mois que le président réplique fort en limogeant quasi instantanément deux hauts fonctionnaires aux positions intenables. Et s'il avait mué pour enfin habiter la fonction présidentielle ?
Le statu quo n’était guère plus tenable après l’immense vague de tristesse et la rage qui ont accompagnées la mort tragique d’une femme enceinte à l’hôpital régional de Louga. Après donc l'émotion et l'indignation, l'action et la réaction. Face au choc et à l’onde de choc qui s’est propagée à travers tout le pays, le chef de l’État a procédé au limogeage express du patron de l’institution sanitaire et à la suspension de l’ensemble du personnel mis en cause dans cette histoire tragique.
Une vie sacrifiée sur l’autel de la négligence imbécile
La colère et surtout l’effet de souffle provoqués par les accusations de dysfonctionnement d’une rare gravité qui ont abouti à la mort dans une atroce agonie de Sokhna Astou ont poussé Macky Sall à réagir avec une célérité qu’on ne lui connaissait pas. Après avoir exigé un rapport d’enquête détaillé dans un délai de 48 heures, le président de la République n’a pas tremblé ni traîné pour limoger en personne, le directeur de l’hôpital dont de nombreux Sénégalais avaient réclamé la démission en clamant haut et fort, « plus jamais ça ! ».
La tentative maladroite du docteur Amadou Gueye Diouf de sauver sa peau et son poste n’y feront rien, face à une opinion publique complètement remontée pour qui, toutes les explications du monde ne pourront justifier qu’on ait pu sacrifier la vie d’une jeune femme de 30 ans et celle de son bébé sur l’autel de la négligence imbécile et la tragique inconscience coupable d’une petite bande de personnes totalement déshumanisée, dont la place n'est décidément pas dans un hôpital public. Parce que Sokhna Astou aurait pu être sauvée si elle avait été correctement prise en charge, leur responsabilité est absolument engagée.
Le message de Macky Sall à la haute administration sénégalaise
À travers ce drame, c’est tout l’hôpital sénégalais qui est aujourd’hui directement pointé du doigt et injustement mis en accusation. Car n’oublions pas que le système sanitaire sénégalais que nous envie de nombreux pays de la sous-région compte en son sein, une majorité de vaillants serviteurs de la santé publique dont nous nous devons de saluer le dévouement et le courage.
Seulement voilà, nos concitoyens n’en peuvent plus d’être négligés, maltraités, humiliés, harcelés, invectivés dans certaines structures sanitaires publiques où la cupidité et l’arrogance de certains personnels ont fini d’obscurcir l’image de tout un secteur. D’où l’urgence, au-delà du drame de l’hôpital régional Amadou Sakhir Mbaye de Louga, de passer au scanner comme l’a ordonné le chef de l’État, l’ensemble du système hospitalier national.
La célérité avec laquelle le président a réagi en relevant de ses fonctions le directeur de l’hôpital est un premier pas qui est à saluer. C’est la deuxième fois en un peu plus d’un mois que le président réplique vite, fort, et ferme en limogeant quasi instantanément deux hauts fonctionnaires dont les positions n’étaient plus tenables.
Le signe que Macky Sall est en train de démontrer qu’il ne transige plus avec sur les écarts avérés dans la haute administration. Une première détonation avait retenti le 9 mars dernier avec le débarquement brutal de Pape Amadou Sarr, tout puissant ex-Délégué Général à l’Entrepreneuriat des Femmes et des Jeunes. En virant sans ménagement et presque coup sur coup deux hauts responsables de l’administration sénégalaise, Macky Sall veut envoyer un message clair. Plus question de protéger ceux qui ont une responsabilité politique et morale dans l’exercice de leur fonction. Comme s’il avait à cœur, à deux ans de la prochaine élection présidentielle, d’effacer cette image partisane, cette perception d’homme d’un parti, d’un clan et d’une clique au-dessus des lois et des exigences d’exemplarité républicaine.
Les habits neufs du président
Alors question. Et si Macky Sall avait mué pour enfin habiter la fonction présidentielle. En intervenant directement dans le scandale tragique de l’hôpital de Louga impliquant une « modeste » femme, épouse d’un « simple » chauffeur de taxi dans une région loin de la capitale, le chef de l’État veut se reconnecter au Sénégal d’en bas, au pays réel. Fini le président autoritaire, psychorigide, vertical, austère. Place au Macky Sall, transgressif pour célébrer les victoires sénégalaises, humain, proche de son peuple et résolument placé au-dessus de la ligne de flottaison partisane. Place au père de la Nation rassembleur, au président du peuple au chevet des Sénégalais, au chef qui fait désormais montre d’une extrême attention sur le sort de la troupe. Cette stratégie de l’émotion, maillon manquant de 10 ans d’une gouvernance tout en muscles, a tout l’air d’un nouveau contrat de confiance que le chef de l’exécutif tente de réécrire avec les Sénégalais.
Le président aura passé un mandat et demi avant d'enfin trouver le chemin qui pourrait le mener dans le cœur des Sénégalais. Un mandat et demi pour comprendre que ses concitoyens ont changé et qu’ils sont de plus en plus exigeants dans la gouvernance de leur pays. Que la donne a surtout changé dans ce que les Sénégalais jugent comme immoral et inacceptable, supportable et tolérable.
Il suffit de voir leurs réactions outrées et indignées à la diffusion sur les réseaux sociaux, d’images de « l’hôtel particulier » de l'ancien ministre Amadou Ba, un « simple fonctionnaire » dont la maison pourrait être classée au rang de patrimoine insolent et historique de luxe dans un pays où beaucoup de nos concitoyens ont du mal à joindre les deux bouts, pour comprendre qu’il y a des choses qui ne passent plus dans l’opinion.
Et ça, le président de la République semble l’avoir enfin compris. Son mode de gouvernance, son rapport aux citoyens, son apparence et sa communication ont incontestablement changé depuis quelque temps. Derrière ce « Macky Sall nouveau » semble se profiler et pardon pour l’outrance, l'allégorie d'un Abdoulaye Wade à l’apogée de son pouvoir et dans son rapport fait de proximité et d’empathie envers le peuple du Sénégal. Alors, à l’attention de tous ceux qui en doutaient encore, Macky Sall a bel et bien changé de costume. Comme s’il s’apprêtait pour un nouveau rendez-vous.
Malick Sy est journaliste
QUAND LES HÔPITAUX INSPIRENT LA PEUR
Du bébé mort asphyxié à l’incendie survenu à l’unité de néonatologie de l’hôpital de Linguère en passant par la récente mort de la parturiente Astou Sokhna à Louga, tant de scandales révèlent l’état désastreux du système de santé sénégalais
Les drames se multiplient dans les hôpitaux au Sénégal. De l’affaire du bébé mort asphyxié à la clinique de la Madeleine à Dakar en passant par l’incendie survenu à l’unité de néonatologie de l’hôpital Maguette Lo de Linguère qui avait tué 4 bébés et blessé 2 autres jusqu’à la mort de la parturiente Astou Sokhna à Louga, pour ne citer que ces cas, les scandales montrent l’état désastreux de notre système de santé. Entre négligences médicales, manque de professionnalisme de certains agents ou de matériels adéquats de prise en charge patients, les dysfonctionnements sont nombreux dans les structures sanitaires qui sont en passe de devenir des mouroirs.
Le système sanitaire sénégalais est indexé de la mauvaise manière. Depuis lundi dernier, le service de la maternité du Centre hospitalier régional Amadou Sakhir Mbaye de Louga est sous le feu de critiques d’une rare virulence, suite à l’affaire du décès de la parturiente Astou Sokhna. Selon sa famille, cette dernière est morte dans «l’indifférence totale après avoir souffert de 9h30 à 5h30 du matin» alors qu’elle devait «subir en urgence une césarienne». L’affaire qui a pris rapidement une ampleur sur les réseaux sociaux, choque plus d’un.
Dans la foulée, le directeur du centre hospitalier en question, Amadou Guèye Diouf a fait face à la presse pour dire qu’un «audit du décès a été fait et à aucun moment, il n’est ressorti qu’une césarienne en urgence avait été indiquée contrairement à ce qui est apparu dans la presse». Un démenti qui a été loin de calmer les ardeurs. La colère s’étend et les témoignages sur les mauvaises conditions de prise en charge dans les structures de santé fusent de partout.
Dans un communiqué rendu public avant-hier, le ministère de la Santé et de l’Action sociale promet toute la lumière sur le décès de Astou Sokhna. Il annonce avoir envoyé trois missions à Louga. «L’objectif de ces missions, au-delà de connaître les circonstances du décès, est de situer toutes les responsabilités et de prendre les mesures appropriées», liton dans l’édit. En effet, le décès de Astou Sokhna étend la liste des drames en série dans les hôpitaux au Sénégal. L’on se rappelle, en octobre dernier, de la mort d’un nouveau-né à la clinique de la Madeleine à Dakar par «négligence médicale». Né avec une jaunisse, le bébé devait subir une photothérapie. L’autopsie avait révélé que le nourrisson est mort d’une « asphyxie doublée de plusieurs brûlures au niveau du corps ». Le responsable et quatre autres agents de la clinique avaient été placés en garde à vue.
L’histoire de l’incendie survenu le samedi 24 avril 2021 à l’unité de néonatologie de l’hôpital Maguette Lo de Linguère qui avait provoqué la mort de 4 bébés et blessé 2 autres, est encore fraîche dans les mémoires. Le tollé était grand que le Chef de l’Etat avait demandé au ministre de la Santé et de l’Action Sociale de veiller à ce que « toute la lumière » soit faite sur cet incendie. Le parquet de Louga, après avoir ouvert une information judiciaire contre les nommés Khady Seck, aide-infirmière chargée de la surveillance de la salle, Fatou Sy, Chef du Service Pédiatrie, et Abdou Sarr, l’ex directeur de l’établissement (limogé dans cette affaire », avait placé ces trois personnes précitées sous contrôle judiciaire.
Les faits « d’homicides et de blessures involontaires » pesaient sur elles. Ces trois épisodes dramatiques précités mettent à nu les dysfonctionnements du secteur de la santé. Est-ce le résultat d’un manque d’agents, d’équipements ou de volonté chez le personnel ? Existe-il un système de sécurité fiable et fonctionnel permettant une bonne prise en charge des urgences sanitaires ? Le budget de la santé est-il utilisé à la santé avec efficience dans le but de l’amélioration du système sanitaire ?
Quoi qu’on puisse dire, il est fréquent de voir de nombreuses images publiées sur les réseaux sociaux comme des moisissures sur les murs, des sanitaires bouchés et des bâtiments délabrés qui jettent une lumière crue sur l’état des hôpitaux publics sénégalais.
Toutefois, les récriminations sont nombreuses à chaque drame et des sanctions sont annoncées. Quelques jours après, l’émotion passe en attendant un autre scandale certain, sans évoquer le problème de fond du système de santé.
STRUCTURES SANITAIRES À KAOLACK, ENTRE INSUFFISANCES ET MANQUE DE PERSONNEL D'ACCUEIL
Les difficultés et impairs dans les structures sanitaires de la région de Kaolack restent encore sans solutions viables.
Les difficultés et impairs dans les structures sanitaires de la région de Kaolack restent encore sans solutions viables.
Si dans les structures les plus fréquentées, comme l'hôpital régional El hadji Ibrahima Niasse, où le district sanitaire de Kasnack, la question de mise à disposition d'un plateau technique se résout de plus en plus, dans les postes et/ou cases de santé, c'est tout à fait le contraire qui se pose. Ces structures qui sont appelées accueillir les malades dans les villages ou les quartiers périphériques, s'il s'agit des centres urbains, n'offrent guère les services attendus d'eux.
Peu équipées d'habitude, ces unités de santé n'ont plus la vocation d'unité de prise en charge où les populations pouvaient venir aisément se faire traiter et rentrer chez elles. Aujourd'hui, à part les tables souvent vétustes, quelques chaises pour accueillir les personnes âgées, les bancs posés le long des couloirs pour offrir la place aux patients inscrits à la consultation, les structures médicales de Kaolack, secondaires comme tertiaires, ne présentent plus le décor qui faisait d'eux les véritables unités de prise en charge des premières symptômes de maladie en apparence dans les quartiers.
Les populations qui s'y affluent tous les jours ne sont pas toujours satisfaites en intégralité et pour la plupart du temps finissent par être référées dans les structures les plus nanties. Avant même notre visite d'hier, le tour effectué par le ministre de la santé et de l'Action sociale dans certains parmi les 19 postes de santé, a même illustré d'autres paramètres cliniques nécessitant une intervention diligente pour venir à bout de ces hôpitaux. C'est plutôt au niveau des structures sanitaires d'envergure que la prise en charge est plus confirmée. Mais difficile aussi à ces niveaux là, compte tenue de la faiblesse de la capacité d'accueil et l'affluence qui ne cesse d'accroitre à leur sein.
L'hôpital régional El Hadji ibrahima Niasse de Kaolack vue sa position géographique ne peut plus répondre à la demande. A moins qu'il soit érigé en une structure supérieure en termes de prise en charge, capacité d'accueil et autre prérogative. Les rares médecins qui s'y activent sont relativement débordés. Non seulement, ils sont à 50, 60 voire 70 consultations par jour, mais il se trouve également que dans leurs calendriers, certains rendez-vous sont fixés dans une période de six (6) mais et même plus. Une aberration pour certains car, avant ces échéances, beaucoup de personnes perdent leurs vies ou voient leur maladie s'aggraver avant de voir leur médecin.
Du côté des populations cette situation pourrait se décanter si l'on parvenait à disposer du maximum de médecins et spécialistes dans les hôpitaux. Mais également de limiter l'arrogance et l'indiscipline au sein de certains pavillons dont la maternité qui fait encore trembler bon nombre de dames.